« s i . v e r s a i l l e s » Côté Coeur: Tant qu'il bat encore, il battra fort pour son italien, le seul. Côté Lit: Un certain florentin le partage la plupart du temps. D'autres aussi, moins souvent ... Discours royal:
CASSE-COU 1000 vies, un corps
► Âge : 27 ans
► Titre : Prince di Paliano (de la Palissade), membre de la famille Colonna
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Sujet: Re: INTRIGUE : Nouvel An 1667 03.11.12 16:46
Quelques heures plus tôt …
« Bon, chevalier, il nous a encore échappé. Quelle rapidité le bougre ! Mais ce pourri ne sera pas bien tranquille longtemps. » lâcha Colonna, essoufflé.
Ce soir, le romain faisait mission sans son acolyte Ferdinand, qui ne devait même pas être au courant que lui et le chevalier de Langlay faisaient équipe derrière son dos, et il ne valait mieux pas qu'il sache ! Ces deux là étaient deux sales gosses, impossibles à freiner tant ils étaient casses-cou ! Luigi ne se doutait pas un instant que cet espion était en réalité une espionne ! Elle avait une silhouette longiligne et Luigi étant maigre comme un coucou, difficile de faire la différence entre les deux. Langlay lui parla du nouvel an royal où il comptait se montrer et Luigi acquiesça ne sachant s'il allait si rendre. Le froid et faire trop d'efforts étaient une mauvaise équation. Ils se saluèrent et Luigi entra chez lui comme toujours par des passages secrets pour ne pas être vus. Et comme après chaque mission, il se laissa tomber sur son lit pour se reposer et s'endormit comme une masse.
Ce fut son valet Leone qui le réveilla doucement en lui rappelant qu'il y avait la fête du Nouvel An et qu'il serait préférable qu'un prince Colonna se montre. Luigi refusa puis se rappela que non, il n'était pas tout permis et que sa santé déclinante n'était pas une excuse auprès de sa majesté ! Cela lui fit l'effet d'un coup de fouet … enfin petit coup de fouet car il vacillait encore en se levant. Habillé d'un beau costume bordeaux et argent, et après avoir ingurgité une espèce de remontant, Colonna sortit enfin.
Galerie des Glaces
Il espérait que personne ne remarquerait son absence et entra le plus discrètement possible avant de se fondre dans la masse passant dans les différents salons pour se rendre jusqu'à la Galerie. Mais dans le salon de la guerre, un visage ressortit parmi d'autres : l'homme de tout à l'heure. Incapable de mettre un nom sur le visage mais Luigi savait bien qu'il l'avait vu quelque part ! Qu'est ce qu'un homme qui trafique dans les imprimeries faisait à la Cour ? La question pouvait être inversée. Le romain l'observa l'air de rien et se mit à le suivre à distance. Il passa devant son ami Ferdinand avec un petit sourire un brin innocent mais ne s'arrêta pas, puis cherchait Langlay du regard. Introuvable. Tant pis, il agirait seul. L'homme parla à plusieurs personnes assez discrètement avant de partir. Luigi soupira : c'était bien la peine d'avoir traversé ces salons pleins de monde si c'était pour les retraverser de la sorte ! Il prenait son manteau, Colonna comprit qu'il devrait sortir et sans réfléchir, il prit le premier manteau qu'il tomba à portée de main tout en le suivant jusque dans les jardins. Dans la poudreuse avec un grand manteau blanc, Luigi se fondait dans le décor. Mais alors qu'il espionnait l'homme qui semblait attendre quelqu'un, l'espion entendit des pas derrière lui et n'hésiterait pas à sortir son arme ! Il allait être bien surpris !
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Sujet: Re: INTRIGUE : Nouvel An 1667 03.11.12 22:51
Galerie des Glaces.
Au ton qu'employait Édouard, elle se doutait qu'il n'approuvait qu'à moitié tous ces cadeaux qu'elle offrait sans compter à son neveu. Elle ne lui répondit pas mais soupira en levant les yeux au ciel signe que soit, après le nouvel an elle mettrait un frein aux dépenses en présents. En parlant famille et cadeaux, son frère ne tarda d'ailleurs pas à la questionner, non sans une pointe d'humour, à propos du fait qu'elle ait ou non prévu sur sa liste le roi du Danemark. Ce à quoi elle répondit d'un air faussement désolé.
- Aurais-je encore oublié ? Sotte que je suis. Je me rattraperai... à pâques disons, ajouta-t-elle en riant.
Frédéric avait oublié qu'elle ne voulait pas se marier, elle pouvait bien oublier de lui envoyer ses vœux de bonheur à l'occasion des fêtes de fin d'année. Finalement, noël pouvait être tout aussi bien l'occasion de faire part de son amour que de son animosité. Passons. Car Édouard n'épilogua pas sur le sujet et au final en embraya sur un qui était autrement moins amusant. A l'évocation du mot guerre, Bianca perdit quelque peu son sourire et se tu un instant. Elle n'avait que moyennement envie de parler politique, alliance et stratégie. Quoiqu'il le faudrait sûrement, au moins pour connaître avec certitude la position du Danemark dans les hostilités. Elle attendit que la danse se termine et plutôt que de rester sur la piste, préféra s'éloigner de quelques pas aux côtés de son frère. Une fois que tous deux furent un peu à l'écart, elle prit finalement la parole.
- Bien sûr que j'ai entendu parler de la guerre. Comme tout le monde d'ailleurs, maugréa-t-elle en haussant les épaules. Lorsqu'elle disait ces mots, les tintements des verres et les éclats de rires lui paraissaient bien lointains et sa bonne humeur venait d'en prendre un coup. Pourquoi fallait-il parler de sujets si peu réjouissants, pour ne pas dire morbides alors que l'on s’efforçait de se convaincre, au moins l'espace d'une soirée, qu'il n'y avait rien dans ce monde sinon la splendeur de Versailles... Car la dernière chose qu'elle souhaitait était qu'ils soient séparés de nouveau, encore une fois par des événements qu'ils semblaient ne pas maîtriser. Si l'un ou l'autre devait partir, nul ne douterait plus que le sort s'acharnait contre eux. Mais intérieurement, elle était tout de même persuadée que quoi qu'il arrive, rien ni personne ne viendrait jamais défaire ce lien qui les unissait. Heureusement, Bianca n'eut pas le temps de se noyer dans le courant de la nostalgie, car venait d'arriver Gisela, ce qui coupa court à sa réflexion. Elle ne l'avait pas vu arriver et c'est sa voix douce et posée qui l'avait fait se retourner. Dès qu'elle vu sa belle-sœur, un large sourire se dessina de nouveau sur ses lèvres.
- Gisela, s'exclama-t-elle en lui prenant les mains. Comme je suis heureuse de vous voir. J'espère que vous n'êtes pas trop fatiguée et que vous pourrez profiter au mieux de cette toute fin d'année. Une chose est sûre : vous êtes splendide. Elle lâcha les mains de Gisela et se tourna vers Édouard qui lui semblait assez distrait. Bianca n'y prêta pas grande attention et tendit le bras afin d'attraper un verre de vin qu'elle commença à siroter. Alors qu'elle s'apprêtait à ouvrir la bouche afin de dire quelque chose à son frère, celui-ci la devança pour indiquer aux deux femmes, sous prétexte que les macarons avaient plus d'intérêt qu'elles, qu'il devait les laisser, conseillant au passage à Bianca de faire part à sa belle sœur des idées de cadeaux qu'il lui restait à faire. La jeune femme le regarda s'éloigner afin de s'assurer que c'était bien vers le buffet qu'il se dirigeait, mais au milieu de cette foule, elle eut vite fait de la perdre de vue. A vrai dire, ayant aperçut la charmante Sofia tout à l'heure, elle se demandait si ce n'était pas vers elle plutôt que vers les sucrerie qu'il courait. Elle se garda bien de partager sa pensée et se retourna vers Gisela, parée de son plus beau sourire.
- Si je vous disais ce que j'ai prévu d'offrir à mon neveu, je gâcherais la surprise, lui dit-elle à voix basse, comme s'il s'agit là d'un secret d’État. Mais passons, je suis certaine que vous avez mille et une choses à me dire ! Comment s'est passé votre voyage ? Vous devez être soulagée d'être enfin rentrée. Loin d’Édouard et de votre fils, le temps a dû vous paraître long.
Sans laisser le temps de souffler à son interlocutrice, elle la prit par le bras pour l'entraîner dans un coin un peu plus tranquille de la pièce, là où elles ne seraient pas bousculées par ces courtisans qui allaient et venaient sans trop se soucier de qui les entouraient.
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Sujet: Re: INTRIGUE : Nouvel An 1667 04.11.12 0:14
Puisqu'il fallait se résigner à laisser approcher Édouard du Danemark, Éléonore adopta un sourire charmant – bien qu'un peu forcé - et se tourna vers le buffet qui proposait des macarons entre autres délices pour le palais. Elle en choisit un au hasard et le glissa dans sa bouche au moment où il la rejoignait. Il ne la salua que du menton et fit mine de s'intéresser aux plats mais il était évident qu'il n'était venu là que pour s'adresser à elle – en toute modestie. Et pour lui poser des questions bien précises. On n'abandonnait pas deux femmes aussi jolies et aussi titrées que la duchesse de Brabant et la princesse du Danemark, respectivement sa sœur et son épouse, pour venir bavarder de la pluie et du beau temps avec quelqu'un comme elle. Depuis le moment où ils étaient parvenus à rentrer sans encombre au château, après s'être fait tirés dessus comme des lapins par un individu masqué, Édouard avait dû se renseigner sur la jeune Polonaise, savoir qu'elle n'était qu'une bâtarde et qu'elle avait été exilée pour complot contre son roi. Elle n'était pas la plus fréquentable des personnes pour un prince du Danemark. Au moment où il lui adressa la parole, elle ne put s'empêcher de jeter un regard autour d'elle mais personne ne semblait leur prêter vraiment attention, la foule était bien trop dense pour cela. Du coin de l’œil, elle vit néanmoins Helle de Sola faire faire demi-tour à son compagnon du soir et fut surprise de sa mine circonspecte. Enfin surprise... Helle ne portait pas les Danois dans son cœur mais c'était là une chose qu'elle partageait avec elle. Si elle avait pu refuser de jouer les gardes du corps pour Édouard, aussi sympathique soit-il, elle l'aurait fait avec soulagement pour continuer à cracher sur eux avec Helle. Seulement voilà, il y avait certaines choses qu'on ne décidait pas. Les chantages cruels d'un roi en faisaient partie. Éléonore espérait qu'Edouard n'ait rien dit à son demi-frère sur son absence de discrétion sinon elle allait se faire taper sur les doigts.
- Vous ici... Je ne l'aurais pas cru. - Suis-je donc si déplacée en ces lieux... ? Marmonna Éléonore, de mauvais poil, tout en goûtant à un autre macaron dont elle ne reconnut pas la saveur. - Le hasard fait bien les choses ! J'espère que vous passez une soirée agréable... à moins que vous ne soyez encore en mission pour me protéger d'une menace ? Dois-je m'attendre à une attaque ? Je n'ai pourtant rien remarqué de douteux ce soir... Éléonore eut un soupir discret. Elle avait oublié que s'il était gentil et charmant, il était aussi incroyablement agaçant avec toutes ses questions. Bon, on pouvait lui pardonner étant donné qu'il était la cible d'attaques étranges, il avait le droit de s'interroger mais Éléonore n'était pas d'humeur à la générosité et à lui accorder cela. Et à vrai dire, la raison pour laquelle cela la touchait était bien qu'elle non plus n'avait pas prêté attention à une possible attaque sur Édouard. Elle s'était laissée emporter par la frivolité de la soirée, avait profité de la compagnie d'Aymeric de Froulay sans arrières-pensées et sans songer un seul instant que le prince du Danemark pouvait être surveillé ou menacé. Comment pouvait-elle donc le lui reprocher ? Aucun des deux n'en avaient conscience mais de toute façon, le mal était fait. A cette heure-là, Ulrich de Sola les savait liés et ne manquerait pas de se méfier de la jeune femme ce qui allait la desservir aux pires moments... Mais là n'était pas encore la question. - Je ne suis pas en mission ce soir, répliqua-t-elle d'un ton peu cassant, j'ai mes obligations de dame de la reine et je ne serais pas toujours... Elle releva la tête vers lui et vit l'expression franche et amicale qu'il arborait et qui lui fit regretter de le traiter avec si peu d'égards. Non seulement, il était prince, elle devait rester à sa place mais en plus, il n'était pour rien dans sa situation actuelle. Elle baissa alors les armes et se rapprocha légèrement de lui pour éviter que des paires d'oreilles indiscrètes ne surprennent leur conversation : - De toute façon, on n'osera rien contre vous dans une galerie aussi bondée de témoins potentiels. Restez-y et n'allez pas vagabonder dans les bosquets sombres, sait-on jamais... J'espère que nous n'aviez pas prévu de vous y rendre, plaisanta-t-elle en adoptant un ton badin qui tranchait avec sa mise en garde précédente. Elle se retourna vers la salle et aperçut Aymeric retourné en compagnie de Monsieur, du fou et d'une dame qu'elle ne connaissait pas, lequel paraissait fort déplacé au sein de cette étrange compagnie : - J'ai cru comprendre que le Danemark allait participer à la guerre et se battrait contre la France. Vous allez donc nous quitter et si mon instinct dit vrai, vos agresseurs ne quitteront pas Paris tout comme moi. Je vous promets de continuer à mener l'enquête. Mais je vous en prie, faites attention si vous êtes amené à aller sur un champ de bataille. Je sais qu'il est idiot de demander cela à un prince qui doit mener ses troupes mais faites attention à vous... Éléonore hésita quelques secondes avant de poser sa dernière question mais n'y tint plus : - Vous rentrerez à Copenhague ? Peut-être pourrez-vous y voir mon fils et avoir de ses nouvelles... Il est le filleul de votre roi.
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Sujet: Re: INTRIGUE : Nouvel An 1667 05.11.12 0:00
Elodie savait pertinemment à quoi elle s’exposait en feignant ne pas connaître la duchesse de Longueville, mais ces Précieuses aux langues de vipère trop acérées ne lui plaisaient définitivement pas et elle n’avait pu résister à l’idée de lui rabattre le caquet, ne serait-ce que pour quelques secondes. Seulement, jouer avec ces femmes-là avec un inconvénient : lorsqu’elles commençaient, vexée, à distiller leur venin, elles n’en finissaient jamais. « Oh, monsieur d'Artagnan ne m'a pas présentée, quel chaperon épouvantable, vous devrez absolument être mon amie pour réparer cette erreur. Je suis Gabrielle de Longueville... Vous connaissez peut-être ma famille même si vous n'avez pas grandi parmi nous, mon père était gouverneur de Normandie et mon oncle est monsieur de Condé, pour avoir voyagé en province, il me semble que le nom de ce dernier est plutôt connu, dites-moi si je me trompe. » Si la jeune femme fut piquée, elle n’en montra rien et son sourire ne lui fit pas un instant défaut. Elle avait lancé cet assaut, hors de question de rendre les armes. Aussi continua-t-elle à répondre, le plus naturellement du monde. « Voilà un point commun entre nous deux, mademoiselle, s'exclama la duchesse alors qu’Elodie avait avoué préférer Paris à Versailles, je préfère aussi bien souvent me trouver à Paris, c'est l'endroit où j'aime me délasser, la cour peut être si épuisante même pour quelqu'un qui en connaît tous les rouages, aussi je vous comprends. Mais je vous avoue que ce qui me plaît à Paris, ce sont plutôt ses salons et ses cercles lettrés, cela explique pourquoi nous ne nous sommes jamais rencontrées. Mais qui peut savoir ? Un beau mariage avec quelqu'un d'aussi titré que monsieur d'Artagnan vous donnera peut-être une place parmi nous, la vie offre parfois ce genre de chance ! » Et là-dessus, Gabrielle de Longueville salua le couple qui se défendait ce soir d’en être un et tourna les talons sans avoir obtenu la moindre réponse. Elodie la suivit un instant des yeux, perplexe.
« Comment peut-on être aussi infect ? lança Philippe après un court silence. J'avais presque oublié pourquoi j'avais évité Versailles depuis mon retour, mademoiselle de Longueville m'a donnée la réponse. » La jeune Froulay, qui ne se sentait pas humiliée outre-mesure par le venin de la duchesse mais ne manqua pas de se promettre à elle-même une petite revanche, laissa une moue circonspecte tordre ses lèvres. « Cette pauvre femme a dû terriblement s’ennuyer en province pour s’abaisser à de si pauvres insultes, soupira-t-elle non sans mépris, en levant les yeux au ciel. Qu'il doit être difficile pour ces pauvres courtisans de respirer loin de la cour... - Nous ne nous sommes pas fait une amie ce soir, il faudra faire attention les prochaines fois. Enfin surtout toi, moi je n'écoute jamais ce genre de remarques, j'en ai assez entendus ! - Si tu savais comme ce genre de ragots m’indiffèrent. La seule chose que je crains, c’est qu’à la fin de la soirée, plus personne ne veuille nous croire amis. Un sourire mutin étira ses lèvres, alors qu’elle se tournait vers lui. - Mais ce nouvel an était fait pour nous amuser, essayons d'oublier cette mégère. » Elodie approuva, songeant que l’ignorance restait le meilleur des mépris, et se laissa entraîner dans les salons suivants.
Elle attrapa au passage un macarons qui passait sur un plateau, et laissa ses prunelles errer sur la foule, soutenant de temps en temps un regard curieux. « As tu vu comme on nous regarde ? Je suis sûr que nous faisons des jaloux car j'ai la plus jolie fille à mon bras. Il n'y a qu'à voir les rombières alentours ! - Et moi j’ai un cavalier parfait, répondit-elle en s’empêchant un geste trop familier (qui aurait définitivement fais tomber à l’eau leur apparente simple amitié) Quel couple admirable nous formons ! » Elle eut un discret éclat de rire puis lui tendit une coupe de champagne pour trinquer. C’est à l’instant où elle portait la sienne à ses lèvres que son regard rencontra une silhouette bien connue. Aussitôt, elle grimaça furtivement. « Je crois que nous ne serons pas tranquilles ce soir, glissa-t-elle à Philippe avant d’accueillir d’un sourire le grand musicien de la cour. Oh, monsieur Lully ! Quel plaisir de vous croiser ici ! » Elle le dévisagea un instant puis se tourna vers le duc, avant de revenir au compositeur. « Je suppose que je n’ai pas besoin de faire les présentations, reprit-elle, tout le monde vous connaît, monsieur, et vous devez déjà avoir croisé monsieur d’Artagnan. » Eut-elle fait cela toute sa vie qu’elle n’aurait pas été plus à l’aise. A force d’observer cette cour, d’y participer en tant que mousquetaire, Elodie avait appris à l’apprivoiser. Elle esquissa un sourire puis avant que Lully ne pose la moindre question, entama la conversation. « Eh bien, n’êtes-vous pas retenus par vos devoir de musiciens en cette soirée ? Je vous aurais pensé fort occupé ! »
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Sujet: Re: INTRIGUE : Nouvel An 1667 05.11.12 19:38
Il y avait dans ces fêtes quelques détails dont tout habitué de la cour ne pouvait que se délecter. Le premier d’entre eux consistait sans aucun doute à observer les étranges association qui se formaient, rassemblant en une seule et même conversation des personnages que l’on n’aurait jamais imaginés ensemble. Ainsi, si Froulay pouvait s’étonner d’avoir aperçu Eléonore auprès du baron de Sola et de celle que l’on disait sa femme, sa propre compagnie n’était pas moins étonnante - sinon plus ! - que celle de la Polonaise. D’abord un moment accaparé par la baronne de Savigny et sa roseraie au grand complet, il laissa Agnès entre leurs mains, sachant pertinemment qu’elle ne dépareillerait pas en leur compagnie et que ces dames se feraient un plaisir de l’initier aux subtilités de la soirée. Il n’y avait jusque là rien d’étonnant, mais ce fut lorsqu’il revint auprès de Ferdinand, rejoint entre temps par le frère du roi devant lequel il s’inclina courtoisement, que les choses prirent un cours pour le moins surprenant.
« Dites-moi Monsieur, disait le Fou, à votre avis quelles surprises nous réserve la nouvelle année ? Regardez-moi tout ça : une assemblée réunie rien que pour le plaisir de nos yeux, prête à se livrer à tous les travers sous notre regard acéré et à en subir les conséquences… - Avouez que sans eux, nous nous ennuierions. Parler de la guerre serait pénible, nous deviendrons tous comme Colbert ! - Diable ! Voilà qui serait bien triste, lança le comte en jetant un regard éloquent au contrôleur général des finances qui semblait profondément perdu au milieu de cette foule et d’un luxe dont il devait mentalement compter le coût. - Oh tenez, je vois la marquise de Montespan comploter avec son frère et le duc de Richmond… Diable, je plains mademoiselle de Listenois. Elle n’est pas tombée en de bonnes mains. » Aymeric, imitant ses compagnons, observa un instant le petit rassemblement et fronça vaguement les sourcils, se demandant ce que Vivonne et Richmond pouvaient bien comploter - il les connaissait ! - auprès de la marquise. Lui qui avait songé les rejoindre dans la soirée se demandant (non sans raison, la suite de évènements le prouverait) s’il ne valait finalement pas mieux attendre qu’ils en aient terminé avec ce qu’ils avaient derrière la tête. C’était sans savoir ce qui l’attendait dans les minutes à venir.
« Oh elle est adorable dans cette robe ! » La voix de Monsieur tira Froulay de ses pensées, qui, avant d’avoir réellement réalisé la chose, se trouva entouré du Fou du roi, de son frère et de la comtesse des Barres... qu'il connaissait mieux sous le nom d’abbé de Choisy. Un abbé qui se vanta le plus naturellement du monde de sa... robe et révéla aux yeux du Prince une toile fort originale et pour le moins inattendu. Révélation sur laquelle le baron d’Anglerays entama une tirade digne des plus grands tragédiens sur le manque de reconnaissance du roi à son égard. Et c’est à instant, à cet instant précis qu’Aymeric, qui en avait momentanément oublié sa coupe de champagne arrêté à quelques centimètres de sa bouche, se demanda dans quel monde il avait soudain basculé. La scène avait, en effet, quelque chose de surréaliste. Ce fut l’intervention d’un mignon, sèchement rabroué par Monsieur qui le tira de cet instant de flottement. L’air de rien, il termina son champagne et chercha machinalement Eléonore Sobieska des yeux, laquelle semblait en grande conversation avec le prince du Danemark. Il haussa à nouveau sourcil, puis revint au malheureux Bouillon qui, débordé, cherchait en vain Longueville. « Pauvre homme, s’il n’a pas encore trouvé le jeune prince, je doute qu’il le puisse jamais, lança-t-il, amusé. - Si mon propre frère ne trouve pas de personnel compétent, imaginez alors ce que j'endure avec ces choses derrière moi… - Hélas, le service n’est plus ce qu’il était, plaisanta Aymeric en jetant un regard neutre aux mignons qui avaient soudain baissé la tête, avant de s’attarder à nouveau sur L’Accident. Mais pour en revenir à votre toile, comtesse, permettez-moi de vous assurer qu’elle est d’aussi bon goût que votre robe. Il est bon de savoir qu’il se cache encore un peu d’originalité en cette cour ! » Il lui adressa un sourire, promena un nouveau regard autour de lui. Drôle de soirée.
Spoiler:
Froulay’s baaaaack Même si dans sa tête ça fait plutôt
Isabelle de Saint-Amand
« s i . v e r s a i l l e s » Côté Coeur: Fermé à double tour depuis qu'un ex-mousquetaire l'a brisé Côté Lit: Amants de passages aussi rapidement oubliés Discours royal:
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Sujet: Re: INTRIGUE : Nouvel An 1667 08.11.12 3:29
S’il avait fallut que cette soirée soit la plus désagréable possible, il suffisait d’y ajouter un imbécile venu rien que pour mettre son grain de sel dans l’équilibre précaire qui était revenu entre Derek et moi. La touche finale à une soirée qui se voulait sans doute explosive depuis que le Prince de Saxe avait passé la porte de mon appartement quelques heures plus tôt. Enfin, relativisons un peu et espérons que Derek savait assez se tenir pour ne pas risquer de se ridiculiser en public en faisant une de ces scènes dont il avait l’habitude. Je ne pouvais hélas pas vraiment ignorer le compositeur qui s’avançait vers moi bien qu’il ne soit pas vraiment de mes intimes – sans mauvaise connotation de ce mot, il était après tout de notoriété publique qu’il avait des « gouts italiens », comme la bienséance voulait qu’on appelle cette attirance que certains hommes ont pour d’autres hommes. Aussi je me parais du sourire le plus ironique qui soit, et du ton le plus détaché qui puisse exister juste pour essayer de passer un moment supportable. Tel que je le connaissais, il ne passerait pas beaucoup de temps dans mes jambes, préférant aller dispenser son poison ailleurs. J’aurais juste préféré qu’il ne passe pas par là…
- Madame de St-Amand, c’est toujours un plaisir de vous voir à chaque fois que nous nous croisons. Nouvelle année, nouvelles résolutions, comme on dit. Je pensais vous trouver en compagnie de Monsieur de Froulay, comme vous êtes assez… complices.
Je ne rectifiais pas le « madame » en « mademoiselle », me doutant qu’il n’attendait que cela, et il était hors de question que je lui fasse ce plaisir, me contentant d’un sourire carnassier un peu crispé. J’aurais pus sortir une réponse plutôt piquante, je l’avais d’ailleurs au bout des lèvres, mais Derek était assez instable sans en rajouter, ce soir. Au lieu de cela, elle se contenta de :
-Connaissez-vous mon cavalier ? sur un ton détaché, qui pourtant en disait long. Quelque chose du genre « j’ai trouvé mieux que ce petit mousquetaire ». Si Lully savait…
- Veuillez me pardonner cette impolitesse Monsieur ! Je me présente : Jean-Baptiste Lully, Compositeur royal et Surintendant de la musique. A qui ai-je l’honneur ? Votre cavalière a tellement d’amis qu’il est difficile de s’y retrouver…
Cette fois-ci, je ne pus me retenir de serrer le poing, enfonçant mes ongles manucurés dans la peau de ma main. Ca, il allait me le payer. Il disait la vérité, certes, mais de là à provoquer Derek délibérément il y avait un pas !
-Monsieur est le prince de Saxe, répondis-je assez froidement pour faire comprendre à Lully qu’il pouvait maintenant passer son chemin, mais que s’il remportait la bataille, la guerre était loin d’être finie.
Une lueur de malice s’alluma dans les yeux du compositeur qui semblait parfaitement ravi de son petit effet.
- C’était un véritable rafraîchissement de tomber sur vous deux. Profitez-bien de la soirée Monsieur de Saxe, vous êtes tellement bien accompagné ce soir. Je vous laisse en paix, vous avez sûrement du monde à saluer. Au plaisir Madame de St-Amand !
-A bientôt, j’espère, je souhaite que cela soit votre musique qu’on écoute à la prochaine soirée digne de ce nom, il est dommage de vous voir ainsi remplacé…
Et comme il était venu, Lully disparut dans la foule. J’aurais presque juré qu’il sautillait. Le fourbe ! Je coulais un regard méfiant à Derek. Quelle serait sa réaction ? Il savait bien que je ne lui étais pas exclusive, du moment qu’on n’en parlait pas devant lui, cela ne lui posait aucun problème. Restait à voir si son taux de résistance avait été atteint.
-Allons déridez-vous, Derek, n’écoutez pas ce petit troublions. Il n’avait rien de mieux à faire pour passer sa frustration d’avoir été remplacé par un autre compositeur plus talentueux. La charge a été inventée pour son égo et mourra sans doute avec lui. Du moment que sa musique le suit dans la tombe...
J’essayais un ton chaleureux, un rien enjôleur, mais j’avais l’impression qu’hélas, c’était peine perdue…
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Sujet: Re: INTRIGUE : Nouvel An 1667 13.11.12 19:05
Salon de Vénus, PV Marianne
On ne change pas les bonnes vieilles habitudes. Marianne et Angélique arrivèrent ensembles dans le Salon de Vénus. Ce soir, Marianne était une des cousines éloignées de la jeune Comtesse. Elle la regarda le regard friand de nouvelles aventures. A elles deux, elles allaient à nouveau berner la Grande Cour de France. Elle offrait le luxe à Marianne pendant une courte soirée et celle-ci lui rendait la pareille lors de leurs escapades à Paris : lui offrant quelques moments de liberté. Les deux jeunes femmes se plaisaient à ces étranges jeux. Elles avaient passé leur après-midi dans les appartements d’Angélique essayant des robes, des bijoux et des accessoires à n’en plus finir. Finalement, Angélique avait jeté son dévolu sur une robe de cour à corsage baleiné faîte d’un manteau en lainage raisin se prolongeant sur quatre aunes. Sa jupe quant à elle, était tout en soie shantung bourgogne; le tout rehaussé par des dentelles argentées. Ses cheveux avaient été soigneusement agrémentés par les douces mains de Marianne, dont, elle seule avait le secret. Pour tout dire, Angélique ressemblait enfin à une véritable fille de comte. Elle avait l’impression d’avoir les habits d’une femme qui n’était pas elle. Une étrangère. Elle regarda Marianne pour se donner du courage, c’était bien la seule raison réelle pour laquelle participer au bal de la nouvelle année l’enchantait. Son amie était si jolie dans sa robe, toutes deux étaient totalement transformées. Angélique lui adressa un clin d’œil et laissa échapper un rire d’impatience. La réception battait déjà son plein, et un vague tournis s’empara d’elle. Elle ne pouvait pas croire qu’elle faisait partie de ce monde si fastueux, si inconscient. Ici, la guerre semblait loin : oubliée. Les nobles avaient cette étonnante facilité à tout mettre aux oubliettes pour quelques instants. La vie des nobles était une scène et ce soir, la scène était de taille.
« Prête ? » Chuchota-t-elle à Marianne.
Aux quatre coins de la salle étaient dressés des buffets où mille et une couleurs chatoyées. Des pyramides de fruits confis, des gâteaux au miel, du vin coulant à flot. Tant de belles et luxueuses choses ... Les odeurs enflammèrent les sens d'Angélique qui attira son amie, par la main, vers un des buffets. Il était certain que sa jeune amie n'avait pas l'occasion de voir de tels festins tous les jours. D'ailleurs, avec autant de faste, Angélique non plus. Elle avait envie de tout goûter. Elle sourit avec malice en servant Marianne de fruits confis à l’orange :
« Oh moins ne serons-nous pas venues ici en vain ma douce Marianne. Goûtez ces fruits, ils m'ont l'air des plus exquis. »
Tout d’un coup elle avait retrouvé tout son enthousiasme : Angélique avait toujours été gourmande. Gourmande de tout, de ses sens, de la vie : tout ce qui se trouvait sous ses yeux ou ses mains. Ce soir, elle regardait Marianne avec le même regard. Elle était bien décidée à faire profiter Marianne de cette belle soirée. Et de faire tout ce que la jeune femme souhaitait. Après tout, aussi étrange que cela puisse être c'était peut-être un moment de liberté pour Marianne.
Faisant tinter son verre à celui de Marianne elle ajouta ;
« Eh bien ma chère cousine, je crois que nous allons passer une soirée des plus enivrante. »
Et elle sourit comme on sourit à une amie avec qui on partage un secret malicieux.
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Sujet: Re: INTRIGUE : Nouvel An 1667 14.11.12 15:12
♥ Dancing through life ♥
Salon de Vénus
Nerveuse. Voilà le seul mot qu'on pouvait trouver pour définir Marianne à cet instant précis. Enfin non, pire, elle était la nervosité même. Car si la belle Angélique de Sancerre ne risquait rien dans ce petit jeu, cette falsification d'identité était toujours un risque pour Marianne. Heureusement qu'elle avait reçu une éducation bourgeoise et connaissait donc les codes, sinon ces petites soirées parmi les nobles tourneraient à des farces particulièrement folkloriques ! La jolie blonde regarda sa maîtresse et amie avec un léger sourire trahissant son angoisse plus que visible. Elle était par contre tout à fait satisfaite sur son travail sur les cheveux et le visage de la demoiselle. Elle s'était particulièrement appliquée. Ses propres cheveux translucides retombaient seulement sur ses épaules et une partie de la masse seulement était retenue par deux petites tresses presque invisibles qui ramenaient une partie en arrière. Sa robe - ou plutôt celle qu'Angélique avait accepté de lui prêter le temps d'une soirée - était rose pâle et mettait très joliment son teint de porcelaine en valeur. Les petits chaussons d'un rose plus profond étaient aussi confortables que pouvaient l'être des chaussons avec de tels talons. Ceinturée plus que de coutume par le corset dont elle avait perdu l'habitude, tout semblait se mettre ensemble pour la rendre encore plus rigide qu'elle ne l'était déjà à cause de sa nervosité.
« Prête ? » lui chuchota Angélique.
Marianne eut un léger petit rire avant de tourner la tête vers la jeune femme.
« On ne saurait l'être moins... » avoua la servante.
Avant qu'elle ne puisse expliquer son ressenti, son amie l'attirait déjà vers le buffet qui, vraiment, était époustouflant. Les odeurs, la musique, le brouhaha général faisait un mélange des plus enivrant qui semblait vous entraîner dans une ronde interminable.
« Oh moins ne serons-nous pas venues ici en vain ma douce Marianne. Goûtez ces fruits, ils m'ont l'air des plus exquis. »
La jeune femme hocha la tête et leva son verre de vin de champagne.
« A votre santé Mademoiselle de Sancerre » dit-elle, gardant cette humilité qu'une servante devait malgré tout à sa maîtresse.
Suivant le conseil d'Angélique, elle goûta une cerise confite qui laissa une légère trace rouge sur sa lèvre inférieure, comme du maquillage. Elle regarda ensuite les convives d'un air rêveur. Tant de gens d'argent et de noblesse. Cela faisait rêver la jeune femme. Pas qu'elle dénigre sa condition de servante. Elle savait très bien la chance qu'avait d'être là mais néanmoins... cela faisait rêver !
« Eh bien ma chère cousine, je crois que nous allons passer une soirée des plus enivrante. »
« Je le crois aussi made... ma cousine. Je ne saurais vous remercier assez de m'avoir conviée. Je vous dois beaucoup. » dit-elle, baissant les yeux avec un sourire. Enfin, se tournant vers le reste des convives, elle dit, malicieuse, en se penchant vers son amie : « Alors, qui, Mademoiselle, tombera sous votre charme ce soir ? »
Ou peut être sous le sien qui sait ? C'est vrai... que se passerait-il si un de ces nobles tombait vraiment amoureux de la petite bourgeoise et servante. N'y pensons pas, c'était une idée ridicule ! Alors qu'un serviteur venait pour reproposer du vin de champagne, Marianne rougit et tourna le dos au jeune homme de peur qu'il la reconnaisse comme une de ses confrères.
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Sujet: Re: INTRIGUE : Nouvel An 1667 16.11.12 14:06
SALON D’APOLLON Alors qu’elle s’entendait parler et les mots interdits s’échapper de sa bouche, Evangéline se sentir frémir. Pour toute la Cour elle était une précieuse, une intrigante certes, toujours à l’affût du moindre faux pas, du moindre ragot, mais qui pouvait croire que derrière cette extravagance se dissimulait un tel secret ? C’était bien d’ailleurs ce qui avait séduit, professionnellement parlant, le souverain : la vicomtesse de Comborn était bien trop peu discrète pour qu’on ne la soupçonne de cacher quoique ce fût. Dire la vérité à Amy, c’était briser ce serment, c’était également s’exposer à davantage d’incompréhension sa part. Néanmoins, Evangéline s’était engagée à protéger le souverain et ses intérêts quel qu’en soit le prix et les conséquences. Aujourd’hui, Amy ou le roi, c’était tout un.
La surprise agrandit les yeux de la favorite, c’était de toute évidence une confidence à laquelle elle ne s’attendait point, autant que lorsqu’Evangéline avait appris l’existence d’une deuxième fille. Quoiqu’il en soit, si on pouvait lui reprocher son imprudence, son annonce avait eu l’effet escompté : elle voyait renaitre dans les yeux de son amie la flamme éteinte de l’espoir et de la vie et le cœur de l’espionne s’en trouva allégé. Elle ne douta plus dès lors de sa mission. Le roi dans sa fureur lui avait ôté toute responsabilité dans cette affaire, dans aucune autre d’ailleurs ce qui lui était déjà un affront insupportable, mais qu’importe, elle saurait le convaincre, il le fallait.
Amy se redressa tout d’un coup, comme la grande dame qu’elle était. Son instant de faiblesse passé, la foi revenue, elle se devait de reparaitre aux yeux du monde sans rien laisser voir de la scène tragique qui venait de se jouer dans le secret du salon d’Apollon. Amy ne se doutait guère que la nouvelle requête qu’elle venait de confier à Evangéline meurtrissait l’orgueil de cette dernière au plus haut point. Voilà des semaines qu’elle assistait à l’ascension en grâce de cette obscure princesse aux côtés de la duchesse de Guyenne, alors qu’auparavant il lui semblait être la seule à pouvoir bénéficier d’une telle faveur et d’une telle amitié. La vicomtesse se contenta d’hocher la tête et de ravaler sa fierté qui demeura pourtant coincée au beau milieu de sa gorge. De l’aumônière qu’elle tenait au poignet, Evangéline sortit un petit poudrier et entreprit d’effacer avec ce talent commun aux femmes de Cour toute trace de fatigue et de tristesse du visage d’Amy. Elle arrangea savamment les quelques boucles farouches qui s’étaient échappées de la coiffure d’Amy. La sienne avait été totalement ruinée sous les excès de fureur de la favorite, elle entreprit donc d’improviser tout autre chose, quelque chose de totalement inédit et qui ne manquerait pas de faire parler…
Après avoir déposé un baiser sur la joue fardé de son amie, Evangéline s’extirpa du salon et la lumière aveuglante de la galerie lui fit battre des cils comme elle cherchait du regard la princesse rivale. La voilà, atablée aux cartes avec un groupe d'hommes. Sa beauté rayonnante et son aisance frappa la vicomtesse comme une nouvelle gifle sur son ego déjà à vif. Un instant le regard des deux femmes se croisèrent et l’espionne n’aima pas ce qu’elle y vit. Evangéline s’interrogea : comment se faisait-il que son instinct lui dicte plus encore que la jalousie, la méfiance à son endroit ? La vicomtesse s’avança, son instinct, elle ne lui faisait plus si confiance que jadis… Et si Amy l’avait choisi pour amie alors… Néanmoins en s’adressant à la princesse Marie de Schwarzenberg, la Comborn se raidit et tout le miel qu'elle mit dans sa voix ne dissipa pas son malaise:
Altesse, puis-je priver ces gentilshommes du délice de votre compagnie ? La duchesse de Guyenne vous fait mander.
Or de question de mentionner son prénom. Non. On ne pouvait prendre ainsi sa place, princesse ou même impératrice, Evangéline ne lui céderait point le pas. Chacun de ces mots écorchait la langue de la vicomtesse et faisait saigner son orgueil déjà bien trop meurtri. Elle escorta Marie jusqu'à la porte du salon d'Apollon avec un sourire de rigueur mais empli d'amertume. Là, elle s'arrêta, jugeant qu'il ne lui faudrait en supporter davantage, or de question de s'infliger cette mascarade entre Amy et sa rivale. Sans un mot, mais avec déférence la jeune femme s'inclina pour prendre congé de la princesse. L'Allemande pouvait bien s'étrangler avec tous les joyaux dont Amy lui ferait la faveur, pour ce soir, la vicomtesse s'était vu rendre le bien le plus précieux qu'elle eut jamais perdu.
code by biscotte
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Sujet: Re: INTRIGUE : Nouvel An 1667 18.11.12 20:54
« C’est moi qui devrais vous féliciter d’avoir suivi mon improvisation, monsieur, répondit Helle, tirant un rictus amusé à Ulrich qui était sans doute bien plus familier des fausses identités que ne le songeait son épouse. Quant à cette femme, il s’agit d’Eléonore Sobieska, la sœur de l’Hetman Jan Sobieski qui, comme vous le savez peut-être, se bat pour le trône de Pologne. C’est une intrigante patentée, et sa réputation de renarde et veuve noire n’est plus à faire en Europe. En temps normal je n’aurais pas prêté attention à ces rumeurs, mais en apprenant qu’elle était plus ou moins liée à votre chère famille, j’ai changé d’avis. » Et ça n’était pas là une mauvaise chose, songea le Danois en voyant réapparaître l’intrigante rousse auprès de Kiel. Le hasard pouvait, certes, faire bien des choses mais qu’une femme avec une telle réputation eut un quelconque lien avec le reste de sa famille ressemblait bien trop aux yeux d’Ulrich à une coïncidence. Or ce dernier ne croyait que moyennement aux coïncidences. « Je suis ravie de voir que vous êtes de mon avis. Et comme vous m’avez dit vouloir garder votre présence à Versailles discrète aux yeux de votre famille, vous comprenez maintenant le pourquoi de mon petit mensonge. Et puis Viktor de Vejle, ça ne vous va pas si mal. »
Ulrich laissa Eléonore Sobieska à sa conversation et dévisagea un instant la jeune femme à ses côtés, sans répondre. Plus les jours passaient, plus il se prenait à vouloir faire confiance à Helle, dont l’histoire lui donnait pourtant encore matière à réfléchir - et ce malgré la preuve de bonne foi que semblait incarner Ellen dont il ne pouvait douter un seul instant être, en effet, le père. Sans plus s’attarder sur les questions confuses que lui arrachaient ces derniers évènements - somme toute plus perturbants qu’il ne l’aurait voulu - l’imposant Danois se laissa entraîner par sa femme, tout en balayant la foule du regard. Il aperçut encore Richmond, et plus loin, le Fou du roi en grande conversation avec Monsieur. Une galerie de portraits décidément peu appréciable.. Il en était à se demander si quelques uns des partisans de Valois avaient décidé de se montrer ce soir, quand on regard d’acier s’arrêta sur la duchesse de Longueville vers laquelle, à son grand étonnement, Helle se dirigeait résolument, avant de la saluer jovialement. A nouveau, un rictus ironique étira les lèvres du baron. « Bonsoir, je suis ravie de vous voir... Ensemble, répondit la duchesse. J'ai eu l'occasion de vous rencontrer tous deux et de sympathiser mais je n'avais pas eu la chance de vous voir en couple. - C’est un plaisir de vous voir à nouveau à la cour, duchesse, répondit simplement Ulrich sans s’attarder sur le mot «couple» qui résonnait toujours étrangement à ses oreilles. - Je n'aurais évidemment manqué cet Nouvel An pour rien au monde même si j'ai été en province pendant ces derniers mois. J'ai vivement regretté nos conversations, madame, soyez-en certaine. Mais Versailles me réclamait à nouveau, une Longueville ne peut rester loin de la cour longtemps sous peine de déchoir même si elle a des obligations en province. »
Les deux comploteurs échangèrent à peine un regard à ces dernières paroles, dont ils connaissaient tous deux la signification et Ulrich jeta machinalement un regard autour d’eux pour y voir la favorite, mais celle-ci semblait avoir disparu. Il termina sa coupe de champagne, écoutant froidement la tirade profondément dissidente de Gabrielle. « On serait bien en peine d’essayer de vous éblouir de la sorte, mademoiselle, lança-t-il d’un air songeur, en faisant tourner son verre entre ses doigts. » Il se moquait bien, quant à lui, de la façon dont Louis XIV essayait ou non de tourner la tête à ses courtisans - il n’était pas de ceux à qui il importait réellement que le trône soit occupé par un Valois ou un Bourbon. Mais il y avait du vrai dans les paroles de la duchesse, on ne pouvait le nier.
Spoiler:
Je saaaais... j'ai PAS avancé. La socio m'a tué mes neurones Helle, l'art de la conversation repose sur toi 8D
Sujet: Re: INTRIGUE : Nouvel An 1667 20.11.12 11:16
Jean s’était pris à ces jeux de cours petit à petit. Il gardait ses idées populaires, ne pouvant renier ses origines et son éducation parfois très simple par rapport à celle dispensées à tous ces courtisans, mais la culture qu’il s’était forgé à St Etienne lui avait permis de voir au-delà de son milieu social, d’apprécier ces moments où s’étalaient faste et luxe, faisant oublier toute la misère des populations rurales.
En observant les jeunes femmes des maisons de la favorite ou de Madame, il était soulagé d’accompagner la reine, malgré les esprits forts et ô combien turbulents des demoiselles, détonant avec les mines sombres et détestables des duègnes espagnoles. Entre la Parma, la Sobieska, la St-Amand et cette petite fraîcheur qu’était l’autre Habsbourg, la maison piaillait, chantonnait ou risquait à tout moment de s’enflammer et il avait parfois l’impression de faire figure de berger de toutes ce troupeau de brebis indisciplinées. Il ne pouvait actuellement que plaindre la pauvre reine, dont le ventre menaçait d’exploser et qui en plus voyait dans sa maison une silencieuse bataille entre ces jeunes filles et les femmes austères de l’Escurial!
Il avait rejoint la reine après le passage du couple royal et debout à ses côtés, balayait un oeil amusé sur toute ces foule, près à relever les moindres incartades des courtisans lâchés pour une soirée. -Rendez-moi cette soirée un peu plus supportable, mon père, vous me serez d’une grande aide. -Avec plaisir, majesté, répondit-il dans un sourire.
Il guetta quelques visages. Là, non loin, n’était-ce pas la duchesse de Leeds - par respect pour la reine, il omettait son titre français - avec cette âme fidèle de Comborn? Toujours ensemble, et la messe basse qu’elles semblaient entretenir fit naître un sourire sur les lèvres de Jean. -Mademoiselle de Leeds semble bien contrariée. L’on parle d’enlèvement, mais qui sait ce qu’il en est exactement? Comborn n’est-elle pas son âme dévouée? Il leva un sourcil inquisiteur vers la reine. Par ailleurs, majesté, j’aperçois le jeune duc de Gascogne...serait-ce sa fiancée à son bras? Son visage est encore inconnu, il me semble. Souhaitez-vous que je m’en informe?
Ces petits étalages de curiosité pouvaient paraître bien idiots et pis, digne d’une commère de cour. Mais Jean s’efforçait de voir plus loin que les simples apparences, et il obéissait ainsi parfois à la reine qui connaissait son talent pour voir au-delà d’un simple visage. Leeds pouvait intriguer avec Comborn, sur l’évincement de la reine. Qui pouvait savoir de quoi celle-ci était capable? Gascogne avait-il parlé à qui de droit pour une union? Il était duc et d’Artagnan, un tel impair pouvait déplaire!
Il se tut un moment pour laisser la reine saluer les proches du roi qui recevaient leurs présents. -Ah, Vivonne, lâcha-t-il. Il mérite ce titre, mais je préfère ne pas connaître la façon dont il le fêtera, cette fois, s’amusa-t-il! Mais n’est-ce pas le duc de Valois, que j’aperçois? Un homme charmant, dit-on, que votre majesté a, je crois, eu l’occasion de rencontrer.
Le ton, si innocent, ne pouvait évidemment contenir cette fois une once de méchanceté!
Rose Beauregard
« s i . v e r s a i l l e s » Côté Coeur: Pas de coeur, cela ne cause des troubles de l'humeur et c'est trop fragile. Car quand on le brise, ça fait si mal, un coeur. Côté Lit: Je ne compte plus les hommes, seulement les pièces qu'il laisse une fois qu'ils ont fait leur affaire. Discours royal:
Ô la belleÉPINE pleine de rose
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Sujet: Re: INTRIGUE : Nouvel An 1667 23.11.12 16:56
SALON DE VENUS
Et encore gagné ! Messieurs, le faites vous exprès ? se moqua la princesse.
Ayant laissé la favorite avec Evangeline de Comborn, Rose/Marie s'était assise à une table de jeux où elle avait décidé de plumer ces messieurs. Il était évident que lors des deux premières parties, les hommes l'avaient laissée gagner pour la beauté du geste, et il n'y avait pas grand chose aux jeux. Mais à présent, ils avaient vite déchanté en voyant la princesse plus habile aux cartes qu'eux. Il faut dire qu'elle trichait aussi très bien quand la jeune femme sentait la chance lui tourner. Bien sûr, pour leur faire plaisir, Rose avait perdu à son tour pour leur faire espérer que la chance tournait et que ces hommes miseraient plus gros. Mais à l'heure actuelle, le plus gros tas était en face de la fausse princesse qui avait gagné de nombreuses pièces, plusieurs bourses et même quelques bijoux quand ces messieurs n'avaient plus assez de liquide à mettre sur la table.
En cet instant, Rose s'amusait, adorait ce monde autant qu'il la révulsait. Elle adorait tout ce luxe et gagner toute cette fortune, mais son côté fille du peuple avait envie de vomir de voir tout cet argent jeté par les fenêtres pour le plaisir du jeu alors que certains mendiants peinaient pour gagner de quoi se nourrir. Pourtant, elle n'en montrait rien et tourna la tête pour voir arriver un visage plus que familier : mademoiselle de Comborn. Elles s'échangèrent à peine un regard alors que Rose amenait son surplus de fortune vers elle.
Altesse, puis-je priver ces gentilshommes du délice de votre compagnie ? La duchesse de Guyenne vous fait mander. Je ne puis la faire attendre dans ce cas. Messieurs, j'espère que vous aurez retrouvé fortune dans d'autres jeux à mon retour. Le reversi ne vous va guère. lâcha t'elle amusée et moqueuse avant d'appeler un petit page qui se trouvait non loin et désigna le tas de gain. Mets tout cela de côté, je te prie.
Il était hors de question de maltraiter un domestique, et un peu de politesse ne faisait jamais de mal. Elle passerait pour avoir un peu d'humanité à la Cour et laissa la table pour suivre Evangeline qui la conduisait à la duchesse de Guyenne, tout en l'observant, en particulier cette nouvelle coupe de cheveux qu'elle n'avait pas à leur arrivée.
Mademoiselle, vous avez la fabuleuse dextérité de changer de coiffure en cours de soirée. J'apprécie grandement celle-ci, un peu sauvage et très audacieuse. De quoi faire jaser ceux qui nous entourent.
Il n'y avait pas la moindre critique là-dessous, juste une constatation de la chevelure et des regards autour d'eux. Rose savait suffisamment observer son monde pour savoir ce qu'il se passait, surtout que cette nouvelle coiffure n'était pas anodine.
SALON D'APOLLON
A l'abri de la fête se tenait la favorite. Après une révérence dans les formes (Rose s'était appliquée dans la grâce), la fausse princesse ne put remarquer qu'Amy avait elle aussi changé de coiffure. Sans nul doute ici eut lieu un crêpage de chignons entre dames. Elle aurait payé cher pour voir cela mais tant pis. Elle s'avança de quelques pas.
Madame m'a fait mander, me voici donc. Avez vous besoin de moi ?
Derek de Saxe
« s i . v e r s a i l l e s » Côté Coeur: pas encore de problèmes cardiaques, merci de vous en préoccuper Côté Lit: Surprise, ça bouge! Discours royal:
En toute modestie deutsche Qualität
► Âge : 26 ans
► Titre : Prince-héritier de Saxe, Duc de Saxe-Weissenfels
► Missives : 883
► Date d'inscription : 07/02/2012
Sujet: Re: INTRIGUE : Nouvel An 1667 27.11.12 1:45
Tiens , quelqu’un venait à leur rencontre ! Après un bref coup d’œil, Derek put affirmer être certain de ne pas le connaitre, se tournant vers Isabelle il constata qu’elle, au contraire, semblait très bien savoir de qui il s’agissait ! Elle le fixait avec une attention non dissimulée – le terme fusiller du regard aurait été plus juste- et ce petit air pincé qu’elle affichait indiquait que cet étranger n’allait pas être accueilli à bras ouvert. Une impression que confirmèrent bien vite les paroles qu’elle lança à l’encontre de l’importun. Ce dernier se révéla en fin de compte être le compositeur en titre de la cour, au grand étonnement du germanique qui l’aurait imaginé plus vieux. Les habitants de la botte étaient décidément partout à Versailles.
Derek,avait, en tant que mélomane la plus grande admiration pour les êtres doués de talents artistiques. La musique était selon lui un art fascinant à tout point de vue.Il s'était forgé cette opinion il y a bien longtemps, quand à 13 ans, il avait eu le privilège d’assister à la fameuse joute musicale organisée par son père, l’électeur de Saxe, entre le claveciniste de renom Froberger et l’organiste officiel de la cour de Dresde, Weckmann. Cet évènement l'avait d'autant plus marqué que cela avait été un des premiers divertissements officiels. Tout avant cela n'avait été qu'austérité et deuil, une chose bien normale puisque le pays se remettait tout juste de cette longue et triste période où il avait été mis à feu et à sang. Le souvenir de cette joute était depuis lors gravé dans son esprit. C'était d'ailleurs à la suite de celle ci qu'il avait imposé à ses parents l'emploi d'un violoniste pour lui donner des cours. Une demande qui avait eu pour seul effet de faire soupirer le pauvre Jean Georges II qui se demandait quand, enfin, son héritier s'intéresserait aux choses sérieuses de ce monde!
Rencontrer un compositeur dont la rumeur disait qu’il était un véritable prodige du violon était donc à ses yeux un véritable honneur, d’autant plus qu’il avait auparavant déjà eu l’occasion de goûter aux plaisirs des savantes mélodies des ballets de l’Italien et s’en était littéralement délecté. Mais il semblait que chez ce génie, le côté méridional (dans le langage Derekien équivaut à: crâneur, m'as tu vu, bruyant etc.. bref du négatif ) l’emportait sur l’homme de mérite, le virtuose, car à peine eut il ouvert la bouche, que le duc de Saxe Weissenfels le trouva détestable.
« - Madame de St-Amand, c’est toujours un plaisir de vous voir à chaque fois que nous nous croisons. Nouvelle année, nouvelles résolutions, comme on dit. Je pensais vous trouver en compagnie de Monsieur de Froulay, comme vous êtes assez… complices.»
Une phrase seulement et déjà toute l’hypocrisie du monde ! Un plaisir de se revoir comme deux connaissances qui s’apprécient ? Il n’était pas né de la dernière pluie, et à voir la mine de ces deux là, le plaisir se trouvait surtout dans la provocation de l’autre. Quel cloporte! Et avec quel air plein de superbe il s’exhibait ! Le germanique retint tout juste une grimace méprisante. Il abhorrait les hommes qui jouant les paons, se complaisaient à faire la roue pour montrer fièrement leurs beau plumage. C’était quelque chose de très… Contarini. De très.. « italien » !
Evidemment le fait qu’il en rajoute une couche en parlant des mœurs débridés d’Isabelle ,juste devant lui, et à dessein manifestement, n’aidait pas l’homme d’art à redorer son blason déjà bien terni . Bien sûr, Derek n’était pas dupe, il savait déjà tout cela, mais qu’on vienne le dire devant lui , là ce n'était plus acceptable, cela relevait de la provocation pure et dure. Jaloux, lui ? Oh mais non pas du tout, il n’aimait simplement pas que l’on s’immisce dans ses affaires intimes ou qu’on l’humilie indirectement. Et c’était exactement ce qu’était en train de faire cet emplumé .
Intéressé tout de même par ce qui venait d’être dit, il tenta de visualiser qui était ce Froulay.. un vague instant il entrevit de qui il s’agissait. C’était si il se rappelait bien, un homme à la mine plutôt solennelle, le teint pâle et des yeux bleus pénétrants. Isabelle avait donc sûrement un faible pour les yeux bleus ?(bon ça y est je pense à Isabelle a les yeux bleus, c’est pas grave)…. Pas étonnant qu’il n’ait jamais été réellement son type dans ce cas. Ses prunelles à lui étaient aussi sombres qu'une nuit sans lune.
Il n’avait pourtant jamais vu la belle en compagnie de ce Français. Mais après tout, il ne passait pas son temps à l’espionner… elle faisait bien ce qu’elle voulait et bien qu’il ait à l’occasion piquer quelques crises en entendant parler des aventures de son amante, il s’était assagi de ce côté ci, consentant à ce que la non exclusivité joue aussi pour elle. Chose qu’il trouvait tout de même, traditionnel qu’il était, un peu choquante. En tout cas sa partenaire semblait ne pas savoir sur quel pied danser face à ce ramassis d’égo surdimensionné qui leur faisait face.Elle le fixait, lui, avec anxiété, comme si elle s'attendait à ce que d'une minute à l'autre, un scandale éclate.
-Connaissez-vous mon cavalier ?
Etait ce lui ou bien Isabelle était en train de le désigner comme si il était un objet de parade, un trophée, un faire valoir ? C’était profondément dégradant, mais après tout, si pour une fois elle le mettait en valeur au lieu de le dénigrer, il n’allait pas s’en plaindre. Et puis il le valait bien,tout le monde n’avait effectivement pas la chance d’avoir un cavalier tel que lui. Le compositeur royal lui accorda à ces mots un nouveau coup d’œil, avec un de ces sourires dont on sentait à dix kilomètres qu'ils respiraient la fausseté à plein nez. Un sourire que l’héritier de l’électorat s’abstint de rendre, adoptant une expression plus proche de celle d'un ours mal léché que d'un courtisan affectionnant les mondanités.
« - Veuillez me pardonner cette impolitesse Monsieur ! Je me présente : Jean-Baptiste Lully, Compositeur royal et Surintendant de la musique. A qui ai-je l’honneur ? Votre cavalière a tellement d’amis qu’il est difficile de s’y retrouver… »
- Les présentations n’étaient pas nécessaires, car j’ai déjà eu Monsieur Lully, le privilège d’assister à une représentation de votre ballet de l’Art. Laissez moi vous dire que c’était à tout point de vue admirable !
Il était sincère. Si le personnage ne lui inspirait pas confiance, il n'empêchait qu'"à tout seigneur, tout honneur"! Une fois le stade des compliments passés, le saxon glissa un regard faussement langoureux vers Isabelle et rajouta:
- Je vous l'accorde aisément, ma partenaire sait s'entourer, c'est un fait certain. Mais cela n'a rien d'étonnant, car vous en conviendrez avec moi , elle est si délicieuse qu'elle n'aurait aucun mal à faire pâlir toutes les Vénus callipyge de ce monde. Mais je crois comprendre que la longue liste de ces amis qui gravitent en véritable cohorte autour d'elle semble vous faire perdre tous vos repères, c'est tout à fait fâcheux!Laissez moi donc vous aider en vous confiant , qu'entre tous, c’est assurément moi le plus cher à son cœur, et par conséquent, le seul qui entre en ligne de compte et dont vous devrez vous souvenir à l’avenir.
Dans le processus , il n’avait absolument pas pris la peine de défendre à corps et à cris la réputation d’Isabelle, c’aurait été là une perte de temps, autant tenter de faire parler un muet ! Il gageait qu’à présent, il était bon pour subir des représailles à n’en plus finir…
-Monsieur est le prince de Saxe
Un comble quand on savait que c’était une chose qu’elle paraissait oublier la plupart du temps, elle ne s’en rappelait décidément que lorsque cela l’arrangeait. Le ton mortifère avec lequel elle avait prononcé cette réplique avait en tout cas fait son office car le musicien décida de se retirer. A la bonne heure !
« - C’était un véritable rafraîchissement de tomber sur vous deux. Profitez-bien de la soirée Monsieur de Saxe, vous êtes tellement bien accompagné ce soir. Je vous laisse en paix, vous avez sûrement du monde à saluer. Au plaisir Madame de St-Amand » ! »
Un rafraichissement ? Un supplice surtout. Bon débarras.
- Vous avez parfaitement raison Monsieur Lully, c’est une vraie perle, et je mesure d’autant plus la chance que j’aie d’avoir le plaisir qu’elle m’accorde ainsi son bras quand je vous vois ainsi esseulé. Vous faites peine à voir.
.-A bientôt, j’espère, je souhaite que cela soit votre musique qu’on écoute à la prochaine soirée digne de ce nom, il est dommage de de vous voir ainsi remplacé…
Il n’en rajouta pas. Après tout, c’était là une histoire qui ne le concernait pas. Que ceux deux là règlent leurs malentendus de leur côté, il préférait ne pas se mêler à cette querelle de village. Bientôt, le sémillant violoniste parti, il ne resta plus que lui en tête à tête avec Isabelle. Il faut croire que sa mine exprimait tout le déplaisir qu’il avait eu à supporter la compagnie de Lully et le petit manège qui se tramait entre lui et Isabelle car cette dernière, à qui rien décidément n’échappait, le croyant visiblement au bord de l’explosion tenta inutilement de le raisonner : -Allons déridez-vous, Derek, n’écoutez pas ce petit troublions. Il n’avait rien de mieux à faire pour passer sa frustration d’avoir été remplacé par un autre compositeur plus talentueux. La charge a été inventée pour son égo et mourra sans doute avec lui.
En réalité, elle avait pour une fois tout faux. Bien sûr ce bouffon faussement complaisant n’avait pas fait grand-chose pour lui donner le sourire, mais les propos de cet imbécile n’avaient pas eu l’effet d’un boulet de canon. Il n’aimait toujours pas savoir qui passait, tout comme lui, par le lit de cette femme ( chose naturelle), il préférait s’imaginer qu’il était le seul, l'unique, l'incontesté, il détestait tous ceux qui avaient le malheur de se partager les faveurs de son amante avec lui , il avait parfois du mal à canaliser sa rage de ce côté-là , mais tout ceci se passait après quelques parties de jambe en l’air,dans l’intimité, un contexte, un environnement ou la « passion » l’emportait sur la raison. En société, en public, c’était différent, il savait se tenir . Et ce qu’elle prenait là pour les signes d’une monstrueuse possessivité n’étaient en réalité ici que les traces d’un agacement passager voué à s'évanouir
- Si vous croyez que cela me tracasse ! Tant que vous faites attention à ne pas attraper n’importe quoi avec n’importe qui, vous pouvez aller voir qui vous voulez. Vous pouvez même aller vous faire voir chez les Grecs si vous êtes philhéllène.
Pourquoi être aussi sec ? Il n’aimait tout simplement pas qu’Isabelle le rabroue comme un petit enfant à qui on fait la morale parce qu’il ne sait pas se comporter correctement. Quand comprendrait elle donc qu’il n’était pas aussi émotif et inadapté socialement qu’elle voulait bien le penser . C'était une véritable maniaque du contrôle! Très franchement l’Italien et la Française s’étaient bien trouvés. Il n’y en avait pas un pour rattraper l’autre ce soir là .
- Du moment que sa musique le suit dans la tombe...
- Vous semblez avoir bien peu d’égard pour la musique Isabelle. Elle élève pourtant l’âme !Mais une telle réflexion, sortant de la bouche d’une personne aussi vénale que vous, je dois dire que ça ne m’étonne qu’à moitié. Vous préférez tout ce qui est matériel et palpable et au fond, qui suis-je pour vous le reprocher, il n’y a rien de mal après tout à être terre à terre et mercantile…
Pris dans ses petites histoires avec la Française, il ne vit même pas la jeune comtesse de Sancerre se frayer un chemin dans la foule des courtisans, accompagnée d'une demoiselle à la chevelure d'un blond peu commun, qu'il aurait sans cela eut vite fait de reconnaitre. La chance était manifestement du côté de cette intruse!
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Sujet: Re: INTRIGUE : Nouvel An 1667 01.12.12 13:49
Salon de Vénus
A travers sa coupe, Angélique sourit quand Marianne l’appela « Mademoiselle ». Elle ne pourrait peut-être jamais s’habituer à l’appeler Angélique. Comment aurais réagit Angélique, à sa place ? Elle se le demanda. En tout cas s’il y avait bien une chose de sûr c’est qu’elle n’aurait pas pu faire mieux que Marianne : c’était certain. Après quelques instants, Marianne retrouva tout son malice habituel ce qui soulagea Angélique. Elle se laissa à rire à ses paroles.
« Eh bien, ma chère Marianne j’espère que ce ne sera pas un nouveau Derek de Saxe car si tel était le cas, je n’aurais pas la force de contenir mes amères paroles. Elle regarda les bulles de son champagne, peut-être verrait-elle au détour d’un couloir son beau sauveur : Marc de Beauharnais. Après un frisson, elle ajouta avec une petite grimace joyeuse, Voyez-vous Marianne je ne suis pas assez bien pour cette assemblée d’homme … Car je n’aurais jamais assez d’humilité pour me laisser enfermer dans une cage dorée. »
Elle sourit avec franchise. Peut-être aussi que quelque par Angélique se pensait supérieure à ces Hommes qui ne pensaient qu’à savoir quelle serait la prochaine réception de demain soir. Une caricature bien évidemment. Elle regarda Marianne dans sa robe rose, elle ressemblait à une rose fraîche. Et il était certain qu’il y avait plus d’un amateur dans cette salle qui voudrait s’en emparer. A son tour elle se pencha vers elle pour lui glisser,
« Je crois qu’au contraire, je vais devoir faire attention à vous Marianne… Que se passerait-il si un de ces beaux jouvenceaux me demandait demain où se trouve ma délicieuse cousine ? »
Angélique, n’avait pas dit ces mots avec méchanceté mais avec une légèreté déconcertante. Angélique croyait à la passion de l’Amour mais elle se demandait si vraiment il pouvait être partagé entre une fille du peuple et un noble. Marianne était belle et avait des manières tout à fait correctes, elle évoluait dans cette pièce comme n’importe qu’elle jeune fille noble. Mais elle ne l’était pas. Elle faisait partie de l’ombre de Versailles, celle qu’on oublie, la partie qui n’existe pas aux yeux de la Noblesse. Elle se demanda un instant si Marianne y avait pensé. Non, Angélique se refusait à croire que Marianne aurait rêvé d’abandonner sa liberté pour s’enticher d’un noble à rubans. D’ailleurs, Marianne s’absentait un peu trop ces derniers temps… Elle se souvient du jour où elle lui avait demandé de lui laisser son après-midi. Marianne était libre, la comtesse n’avait rien à y redire mais elle devait bien avoir un amant secrètement. Aussi sans plus tarder, elle lui demada franchement « Alors me direz-vous un jour la véritable raison de vos escapades journalières ? » Angélique n'était pas du genre à garder ses pensées pour elle, à tord ou à raison, elle parlait avec une franchise déconcertante.
Un serviteur s’approcha d’elle et Marianne détourna le regard, elle s’arrêta de parler. Angélique secoua la tête, amusée. Comment aurait-t-on pu la reconnaître ? Sous cette robe et cette coiffure personne ne l’aurait pu ! L’idée même qu’une jeune bourgeoise soit dans un bal donné par le Roi était impensable. Elle rit à nouveau et crocha le bras droit de Marianne pour s’éloigner dans un coin où elle serait plus à l’aise.
Malgré ce contre-temps, Angélique ne démordrait pas de l’hameçon. Décidément un peu trop curieuse : elle voulait savoir ce qui empêchait Marianne d'entrer à son service ...
Spoiler:
Je suis vraiment désolée de t'avoir fait attendre pour une réponse aussi médiocre !
Marie-Thérèse d'Autriche
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Sujet: Re: INTRIGUE : Nouvel An 1667 04.12.12 6:26
A peine arrivée, Marie-Thérèse était déjà lasse. Elle n'avait jamais prisé ces soirées où elle n'avait pas l'impression d'avoir sa place. Contrairement à ce que les courtisans pensaient sûrement, elle était parfaitement conscience des railleries dont elle était l'objet, et cela la blessait, bien que la première règle d'une reine de France était de ne surtout pas montrer ce qu'elle ressentait. Alors elle se réfugiait un peu plus dans la prière, ce domaine qu'elle connaissait bien et où elle s'était toujours sentie à l'aise depuis son enfance. Son gros ventre lui pesait de plus en plus, et elle se sentait deux fois plus fatiguée que la veille, alors qu'elle n'avait rien fait de plus qu'à l'accoutumée. Elle avait mit ça sur le compte de la pression mise par la soirée à venir et toutes les préparations que cela impliquait. A vrai dire, depuis le début de la soirée, elle pensait surtout à la meilleure excuse pour s'échapper, mais cela ne semblait pas une possibilité adéquate.
Alors assise tranquillement comme la sage petite fille qu'on lui avait toujours appris à être, elle attendait bien sagement que la soirée se passe. Comme prévue, du moins l'espérait-elle, le roi n'était pas vraiment du genre à aimer les surprises qu'il n'avait pas préparées au préalable. La totalité des dames de sa suite semblaient avoir du bon temps, et cela la fit sourire. Il y en avaient au moins certaines qui s'amusaient. Ce n'était hélas pas le cas de tout le monde. La reine chercha son fidèle aumônier du regard et lui fit signe d'approcher à nouveau. Elle n'avait jamais vraiment aimé les ragots, mais se devait d'être au courant des histoires de cour, si elle ne voulait pas avoir l'air totalement idiote lorsque de nouvelles choses arrivaient à la cour et que tout le monde semblait au courant, sauf elle. Elle était la reine après tout, cela faisait parti du métier de reine, hélas. Elle était assez ridicule devant la cour pour qui elle n'était au final qu'une poule pondeuse. Il valait mieux être dans les petits papiers de la favorite que dans les siens. Ce qui était bête, c'est que ses enfants à elle ne monteraient jamais sur le trône. Maigre consolation en fait, mais c'était bien la seule qu'elle avait. Heureusement, de Bagnes se pencha à son oreille pour lui changer les idées, après qu'elle le lui ait demandé :
-Avec plaisir, majesté.
Il garda le silence un instant alors que Marie-Thérèse s'éventait lourdement. La chaleur était étouffante dans cette salle bondée, malgré le froid hiver. Il fallait dire que sa robe ne l'aidait pas vraiment.
-Mademoiselle de Leeds semble bien contrariée. L’on parle d’enlèvement, mais qui sait ce qu’il en est exactement? Comborn n’est-elle pas son âme dévouée? Par ailleurs, majesté, j’aperçois le jeune duc de Gascogne...serait-ce sa fiancée à son bras? Son visage est encore inconnu, il me semble. Souhaitez-vous que je m’en informe?
Marie-Thérèse suivit le regard de Bagnes pour voir où étaient les personnes en question. Elle eut une moue crispée en voyant Leeds, même si elle semblait effectivement passablement énervée. Voulant penser à autre chose, ses yeux glissèrent au couple mentionné et elle eut un regard attendrit. Ils allaient effectivement très bien ensemble. La reine dut se concentrer sur les gens qui venaient la saluer, elle leur sourit, hocha la tête, et répondit distraitement à une ou deux interrogations, avant de prêter de nouveau attention au prêtre.
-Ah, Vivonne. Il mérite ce titre, mais je préfère ne pas connaître la façon dont il le fêtera, cette fois!
La reine eut un petit rire. Vivonne était parmi les plus fidèles du roi, mais il avait parfois un comportement bien loin de sa condition. Qu'à cela ne tienne, c'était toujours amusant de connaître ses dernières frasques. Elle se demandait quelle serait la prochaine.
-Mais n’est-ce pas le duc de Valois, que j’aperçois? Un homme charmant, dit-on, que votre majesté a, je crois, eu l’occasion de rencontrer.
D'un coup, la jeune femme se crispa en tournant vivement la tête vers Hector, déglutissant avec difficulté. A le voir, il avait l'air de bien s'amuser. Elle sentit ses mains se glacer, elle qui mourrait de chaud quelques instants auparavant. L'enfant dans son ventre décida que ce moment serait parfait pour se faire remarquer. Elle sursauta et passa une main sur le tissus de sa robe, comme pour le calmer, mais sachant parfaitement que cela serait inutile.
-Oui, nous avons effectivement passé quelque temps ensemble...
Et c'était peu de le dire, mais cela, personne ne devait le savoir, jamais. Pas même son confesseur. C'était entre elle et Dieu, et pour une fois, personne d'autre n'en entendrait parler. D'un air qu'elle espérait dégager, elle tourna la tête précisément du côté opposé à Hector, essayant de ne plus penser à lui et à tous les regrets qu'elle avait.
-Informez-moi plutôt de ce que je me dois de savoir sur les dames de ma suite. Cela est bien plus intéressant, et c'est ce que je me dois de savoir après tout. Les frasques des ducs ne m'intéressent qu'en second point.
C'était faux, mais parler d'Hector lui donnait l'impression d'avoir un couteau dans le cœur qu'une main invisible s'amusait à remuer. Et encore, heureusement que le roi était occupé plus loin, où elle aurait eut l'impression d'avoir deux fois plus mal.
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Sujet: Re: INTRIGUE : Nouvel An 1667 04.12.12 16:29
-Je vous laisse nous introduire, vous êtes le plus diplomate de nous trois après tout ! Le bras glissé sous celui de sa soeur, Louis lança un sourire fanfaron à Morgan. -Diplomate non, mais elles savent toutes quel amant formidable je peux faire! Usons de ce privilège, sus-sus!
En plein - étrange! - entretien avec le chevalier de Lorraine, la jeune marquise les fit attendre quelques secondes, desquelles Louis profita pour l’observer silencieusement. Un visage gracieux, un regard délicatement troublé, une peau diaphane... La demoiselle pouvait être l’une de ces douces déesses versaillaises, si elle ne s’était lancé dans cette cage aux fauves qu’était la cour! Oser prétendre être la maîtresse royale? Supplanter la douce Amy, la discrète Marie-Thérèse, ou même, sa vicieuse soeur cadette? Une petite plaisanterie ne serait pas bien méchante...ne fallait-il pas faire goûter parfois à cette douce cruauté courtisane? Et n’était-il pas l’un de ces courtisans qui pouvaient se le permettre sans fâcher quiconque?
-Ah, mademoiselle, monsieur, c’est à nous, leur lança-t-il bas lorsque le chevalier s’éloigna enfin.
Arborant sa mine la plus franche, son sourire le plus délicieux, tel qu’il l’affichait pour annoncer au roi une dernière facétie, Louis salua la jeune femme laissée seule. Se courbant, il présenta Athénaïs, puis Richmond. -Marquise, j’espère ne pas être importun. Permettez-moi de vous présenter ma soeur, madame de Montespan et monsieur le duc de Richmond.
Il s’effaça discrètement pour laisser la place libre à ses deux comparses.
-Mademoiselle, j'ai entendu tellement de bien à votre égard, j'aurais été peiné de ne pas pouvoir saluer une dame telle que vous, lança Richmond dans un français et un sourire des plus courtois. -Vous me flattez, monsieur, répondit-elle après s’être légèrement inclinée, j’ignorais que l’on parlait de moi à la cour. On ne pouvait savoir si la jeune femme jouait ou restait sincère, mais dans l’esprit de Vivonne, l’appât fonctionnait et la marquise n’y voyait que du feu. Et après tout, qu’elle joue ou non ne l’empêcherai jamais de passer une soirée parfaite! N’avait-il pas une excellente nouvelle à fêter?! Que me vaut l’honneur de vous avoir tous trois face à moi ? Je ne m’attendais pas à me trouver en une si éminente compagnie ce soir, demanda-t-elle en finissant sa coupe de champagne.
Louis en attrapa une nouvelle au vol, qu’il lui posa presque dans les mains, avant de se servir lui-même d’un vin blanc de Bordeaux. -Je ne suis pas sans savoir les engagements récents entre vous et le chevalier de Lorraine....aussi, j’ai souhaité vous adresser mes félicitations de vive voix, avant que le flot de courtisans ne viennent mêler leurs hypocrites saluts. Il bu sa coupe en levant les yeux au ciel d’un air faussement tragique. La cour est bien pire que ces forêts hostiles que j’ai traversé dans mes voyages!
A peine deux coupes et la langue de Vivonne se déliait bien plus qu’elle ne l’était déjà d’ordinaire! -Vous nous sembliez également esseulée dans cette cour impitoyable et dans ce bal où grondera bientôt l’ennui.lui glissa-t-il à l’oreille d’un ton de conspirateur - mais assez fort pour être entendu de tous - en s’approchant d’elle!
Il bu à nouveau une gorgée d’alcool et porta un toast discret. -Que diriez-vous de nous trouver une occupation digne de cette nouvelle année qui s’ouvre, lança-t-il d’une voix gaie en se redressant! Il faut que ce dernier jour puisse resté gravé en nos mémoires, que nous puissions entrer dans une légende cocasse si hélas nous devions tous nous quitter dans les mois à venir! Des idées?
Spoiler:
Athé, j'ai volontairement squizzé ton tour, ne m'en veux pas ^^ Comme ça on avance plus vite et au pire, tu nous rattrape là on où va après
Amy of Leeds
« s i . v e r s a i l l e s » Côté Coeur: Mère enfin apaisée et femme comblée mais pour combien de temps encore ? Côté Lit: Le Soleil s'y couche à ses côtés. Discours royal:
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Sujet: Re: INTRIGUE : Nouvel An 1667 05.12.12 23:13
Tandis qu’Evangéline épinglait à nouveau ses cheveux et arrangeait de la sorte ses boucles rebelles, Amy eut presque le sursaut de se confondre en excuses pour le désagrément porté à la coiffure de la vicomtesse. Elle n’en fit rien pour autant, car malgré l’apaisement apporté à sa grande colère, l’amertume demeurait … La favorite ne désirait pas que cela paraisse si aisé d’obtenir son pardon et de retrouver son amitié aussi intacte qu’auparavant. Amy lui accorda donc un maigre sourire et lorsque l’espionne eut tourné les talons, la duchesse of Leeds sortit de sa manche de dentelle, un mouchoir de soie, afin d’effacer toute trace de larmes. Enfin, elle se pinça les joues afin de leur redonner davantage un teint rosi et ainsi arborer une meilleure mine. La princesse ne devait guère la trouver en piteux état, sa nouvelle confidente ne savait guère tout de son calvaire … Sans doute un jour prochain le saurait-elle, cependant elle ne désirait pas par ses malheurs ruiner la fête de nouvel an de son amie.
Tandis qu’elle l’attendait dans ce salon, Amy resongea à leur toute première rencontre. Tout de suite, le caractère bien affirmé de la princesse lui avait plu et elles avaient alors entamé une très longue conversation. La favorite avait toujours apprécié que les femmes ne soient pas que des petites dindes et Dieu sait qu’à la cour, hélas il y en avait un très grand nombre. Si c’était facile de régner sur ces stupides créatures, la duchesse n’en prenait véritablement aucun plaisir. Elle avait toujours cherché dans ses connaissances, un brin de culture mais surtout beaucoup d’esprit et les culottées que parfois la princesse mettait à la table de jeu, lui provoquait un rire franc. Les invitations dans ses appartements n’avaient donc de cesse de se multiplier et le temps passé en sa compagnie se faisait de plus en plus agréable. Cela faisait plusieurs semaines, qu’elle désirait sceller leur relation amicale en lui offrant un présent de choix. Ce cadeau d’ailleurs s’apparentait plus à une véritable consécration pour la dame si elle acceptait.
Cette dernière approchait d’ailleurs, Evangéline l’accompagnait puis avant que la princesse ne parvienne au salon d’Apollon, la vicomtesse repartit à ses affaires … La princesse s’était avancée et venait de la saluer dans les formes, à ce geste Amy fit quelques pas rapides et attrapant ses bras, la fit relever.
" Madame m'a fait mander, me voici donc. Avez-vous besoin de moi ? " - Oui, je tenais avant de me retirer à vous souhaiter la bonne année et à vous offrir ceci…
C’est alors qu’Amy passa la tête dans le salon attenant et fit approcher une de ses dames qu’elle avait chargé d’apporter cassette et parchemin scellé à cette soirée. Lorsqu’elle eut fait son office, la favorite la congédia poliment afin de rester seule avec la prétendue Marie de Schwarzenberg. Elle lui tendit la cassette qui refermait une clef imposante et ne lui donna pas encore le parchemin.
- Cette clef n’est pas commune ma très chère amie, elle vous fournirait une des places les plus enviables à la cour.
Un sourire trop rarement éclatant venait de s'afficher sur ses lèvres et elle en vint à formuler concrètement sa demande.
- Vous êtes une princesse et de la plus belle race mademoiselle, je souhaiterais de tout cœur que vous deveniez la Surintendante de ma Maison.
Une telle proposition valait bien des écus et bien des bijoux qu’elle avait penser tout d’abord lui donner. La demande d’Amy pouvait se heurter bien entendu à la double vie bien dissolue de son amie, mais comment aurait-elle pu l’envisager un seul instant ? Le rang de Marie à la cour pouvait tout à fait lui permettre d’accéder à ce rang si élevé …
- Acceptez-vous ma bonne amie ?
Spoiler:
Vraiment si ça va pas, hésite pas à lui dire non hein, c'est juste que dans la logique d'Amy je pense que c'est une demande qu'elle lui aurait faite puisque c'est sa nouvelle chouchou et que Marie a officiellement une place de poids déjà par son titre.
Morgan Stuart
« s i . v e r s a i l l e s » Côté Coeur: Cela peut vous paraître étrange mais j'en ai un. Il est bien caché, je le réserve à qui m'aimera vraiment. Et pour mes enfants. Côté Lit: Vous voulez une liste ? Ce sera même un recueil ! Discours royal:
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Sujet: Re: INTRIGUE : Nouvel An 1667 09.12.12 19:45
« Vous me flattez, monsieur, j’ignorais que l’on parlait de moi à la cour. »
Et voici comment commença ce qui allait être le grand moment du Nouvel An. Après quelques présentations polies mais superficielles, il fallait faire avancer leurs plans. La marquise de Montespan, Vivonne et Morgan semblaient bien trop sympathiques pour être vrais, se lançaient dans un plan où ils n'avaient rien prévu mais se faisaient confiance sur leur capital de courtisan.
« Que me vaut l’honneur de vous avoir tous trois face à moi ? Je ne m’attendais pas à me trouver en une si éminente compagnie ce soir. »
Et alors que Vivonne servait à nouveau Christine, Morgan tendit une autre coupe à Athénaïs, buvant un peu pour patienter avant de se lancer dans l'histoire … enfin, après que Louis ait fini de parler !
« Je ne suis pas sans savoir les engagements récents entre vous et le chevalier de Lorraine....aussi, j’ai souhaité vous adresser mes félicitations de vive voix, avant que le flot de courtisans ne viennent mêler leurs hypocrites saluts. La cour est bien pire que ces forêts hostiles que j’ai traversé dans mes voyages ! Vous nous sembliez également esseulée dans cette cour impitoyable et dans ce bal où grondera bientôt l’ennui. Nous sommes tous passés par cette étape maritale, nous vous apportons notre soutien et notre amitié. Et mademoiselle, nous nous retrouverons bientôt à Nancy, il y est toujours bon d'y avoir des amis. » répliqua Morgan, tout sourire.
C'est fou comme on pouvait boire lors d'une conversation. Morgan s'était resservi et avait à nouveau tendu un verre à la marquise de Montespan. Personne n'allait être frais !
« Que diriez-vous de nous trouver une occupation digne de cette nouvelle année qui s’ouvre ? lança Vivonne. Il faut que ce dernier jour puisse resté gravé en nos mémoires, que nous puissions entrer dans une légende cocasse si hélas nous devions tous nous quitter dans les mois à venir! Des idées? Par ce temps et ce froid, il me vient une idée d'une activité que je pratiquais avec amusement : du patin. Si nous en faisions ? Je suis certain Vivonne que vous êtes bon patineur ! »
L'idée semblait plaire à tout le monde, l'alcool aidant sans doute ! Reposant son verre, Morgan prit un air malicieux et fit un regard complice à son ami :
« Je vais demander à Froulay ! il fit quelques pas et se tourna. Rendez vous à l'extérieur, nous vous rejoindrons dans quelques instants ! »
Et d'un pas décidé, l'anglais traversa la Galerie pour se rendre devant Aymeric, l'air toujours joyeux et certain qu'il lui dirait oui :
« Froulay, vous avez l'air de vous ennuyer, pourquoi ne pas nous rejoindre ! Cela ne vous dit pas d'aller faire du patin ? »
Spoiler:
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Sujet: Re: INTRIGUE : Nouvel An 1667 09.12.12 22:33
Hector : 2 ; la comtesse des Barres : 0, le duc de Valois marquait un point supplémentaire. Un mâle sait quand il touche avec brio le cœur d’une femme mieux qu’un archer au centre de sa cible. S’il pouvait arriver à la rendre folle de lui pendant la soirée, il lui poserait ses questions presto et subito et s’en irait en maestro. Le jeu de la séduction était à mourir d’ennui avec elle. L’enrubannée ressemblait à un paquet de Noël avec ses couleurs chaudes mises sur le dos. L’acte de caresser la précieuse ridicule dans le sens du poil ne lui arrangeait pas la fête. Il eut la vision de sa personne assise sur un fauteuil de l’hôtel de Valois mais la réalité revint au galop. - Quel vil charmeur vous faites, Monsieur ! Heureusement que mon fard peut dissimuler le feu de mes joues ! Vous me mettriez dans un de ces embarras. Hector constata qu’un dindon de basse-cour aurait moins gloussé qu’elle. Le prix à débourser pour être mis en contact avec Choisy était plus élevé qu’il ne croyait. Il prit sur lui parce que le risque de lâcher la prise alors que la courtisane mordait à l’hameçon aurait fait de lui un crétin. Il ne répondait pas à cet adjectif qualificatif. - Je ne rêve que de vous embarrasser, lui murmura-t-il à l’oreille en soufflant un air chaud à l’encolure de son cou. Un rêve aux images de cauchemars bien que d’autres lui venaient en tête et étaient pires : le baiser et la nuit d’amour. Dieu ou le diable ne permettrait pas qu’il en arrive là. Les fardées coquines n’étaient pas sa tasse de thé, sa santé excellente ne serait pas sûre de s’en remettre. - En tout cas, Monsieur, sachez que j’ai en ma possession le meilleur remède pour votre cœur si palpitant. Le clin d’œil complice qui accompagna la phrase lui donna pratiquement la nausée. Le reproche fait à son audace, il vaut mieux ne pas en parler. La libertine qui se faisait biche effarouchée aurait pu faire rire les chiens dans les rues. Sa tête venait de lui rendre service en s’affaissant sur le malheur d’être veuf, au fond les deux jouaient un rôle qui leur allait très mal. -Han ! Monsieur ! Point de tristesse et de longs soupirs en ma compagnie !. Les doigts bagués d’Olympe relevaient son menton et Hector la regarda avec tendresse et gêne qui lui provoquèrent un remous dans l’estomac. - Pardonnez-moi s’il vous plait, geignit-il. - Qu’avez-vous donc en ce jour de fête ? - C’est qu’elle n’est pas là et sa cousine qui me la rappelait non plus. Toutes les deux mortes. La larme qui osa couler le long de son visage, il fallut la chercher très loin. Le remords d’avoir été la cause indirecte du décès d’une femme enceinte l’aida beaucoup. - Non, non séchez donc ses larmes, mon ami ! Il obéit sans se faire prier, ce faiblard émotif ce n’était pas lui pour tout l’or du monde. Quand la courtisane lui conseilla d’aller parler à Thimoléon de Choisy pour chasser sa déprime, le duc n’en crut pas ses oreilles. Que demande le peuple ? Son objectif était atteint et l’abbé servi sur un plateau d’argent, de lui il en faisait son affaire. Il ignorerait jusqu’au bout que Choisy était Barres en réalité. Il sourit jusqu’aux oreilles à l’annonce de sa réussite sans avoir l'obligation d’échanger des bécots avec elle et ça ravit Olympe. - Aaah ! J’aime mieux ce sourire, Monsieur ! Tenez. Il prit la coupe de champagne entre son pouce et son index en sa qualité d'élégant aristocrate. - Je vous l’offre, profitez de la fête, étourdissez-vous un peu ! Vous le méritez bien ! Ce soir mon ami, j’ai très envie de danser. Si le cœur vous en dit… Vous savez où me trouver. Il se sentait d’humeur à faire une danse de Saint Gui en pleine galerie des glaces, l’inviter pourrait se faire. Il avait d’abord quand même des choses à régler en rapport avec son prochain coup. Il fit un rapide signe à Victor d'Amboise qui rejoint en une seconde Petra. Limbourg elle-même envoyée à la recrue sur place. Il surveillerait le déroulement de la mission d’un œil de félin, la femme Richmond n’avait pas intérêt à faillir à la tâche donnée. A l’instant clef où il cherchait à la deviner dans cette foule, son regard croisa celui de la reine son amante oie blanche. C’était l’autre proie prise dans son piège. Il la salua avec respect et en cachette de tous les courtisans prononça silencieusement : Te quiero. Elle seule pourrait lire ça sur ses lèvres. Avec un peu de chance ils parleraient ce soir parce ça faisait des semaines qu’ils ne s’étaient pas dit un pauvre mot.
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Sujet: Re: INTRIGUE : Nouvel An 1667 10.12.12 0:25
Finalement après ce moment de flottement peu agréable qui avait duré le temps de leur courte conversation avec Eléonore Sobieska et l’instant où ils avaient réalisé la présence d’Edouard du Danemark, la soirée avait pris de bien meilleurs auspices aux yeux de Helle. Non seulement le contact avec Ulrich était beaucoup plus facile que prévu malgré son côté peu bavard –peu importait, elle pouvait parler pour deux ou supporter un silence qui ne la dérangeait pas- et elle avait finalement retrouvé son amie Gabrielle de Longueville, de compagnie bien plus appréciée que la polonaise à double-facette. Ne serait-ce que parce que la duchesse ne fricotait pas avec les danois que Helle détestait le plus au monde et aurait volontiers noyés dans le Grand Canal.
- Je n'aurais évidemment manqué ce Nouvel An pour rien au monde même si j'ai été en province pendant ces derniers mois. J'ai vivement regretté nos conversations, madame, soyez-en certaine. Mais Versailles me réclamait à nouveau, une Longueville ne peut rester loin de la cour longtemps sous peine de déchoir même si elle a des obligations en province.
Helle ne surprit pas le regard qu’échangèrent son amie et son mari, et l’eut-elle surprit qu’elle n’en aurait pas saisi la signification… Heureusement pour elle d’ailleurs. C’est pourquoi elle sourit en toute innocence et répondit :
« La cour ne saurait de toute façon se passer de vous, duchesse. Elle vous aurait réclamée à cors et à cris jusqu’à ce que vous reveniez, employant même les moyens les moins honnêtes pour y arriver. Je me souviens en Suède d’une femme qui avait choisi de retourner vivre dans ses terres contre l’avis de tous, et sachant qu’elle attachait grande importance à sa réputation, la cour s’est mise à lancer toutes sortes de rumeurs affreuses sur elle… Autant vous dire qu’elle est revenue immédiatement pour rétablir la vérité et n’est plus jamais repartie. »
Reposant son verre vide sur un plateau, Helle jeta un bref regard à la foule alentours et surprit alors une scène surprenante. Sofia et l’ambassadeur de Venise ensemble ? Elle ne put se retenir de hausser un sourcil perplexe face à cette vision pratiquement surréaliste. Ils ne semblaient même pas se hurler dessus, pas de coups, pas de griffes sorties… Décidément quelque chose clochait. Quelque chose clochait très fort même. Elle vit Sofia esquisser un mouvement qu’elle ne put distinguer puis croisa enfin son regard… Et s’étonna de plus belle en voyant le clin d’œil qu’elle lui avait dédié. Que diable se tramait-il encore ? Décidément à en avoir le cœur net, elle se tourna de nouveau vers Ulrich et Gabrielle :
« M’en voudriez-vous si je vous abandonnais une minute ? Je viens de voir une de mes amies et je crois qu’elle a quelque chose à me dire, je serai de retour dans un instant ! »
Optimiste Helle, si elle savait. Toujours est-il que la jeune femme après avoir obtenu l’accord de son amie et son Viking de mari s’éloigna en fendant la foule en direction de Sofia qui affichait toujours un sourire qu’Helle ne connaissait que trop bien : ce petit sourire en coin délicieusement diabolique qui ne présageait rien de bon. Surtout quand l’ambassadeur de Venise était dans les parages. Elle arriva à son niveau et glissa son bras sous celui de sa meilleure amie avant de lui souffler :
« Allez ma chère Sofia, je vous vois en compagnie du prince que vous détestez tant, et vous souriez, cela veut dire qu’il se passe quelque chose de louche qu’il va falloir que vous me confessiez tout de suite. » La situation était potentiellement grave connaissant Sofia, mais Helle ne pouvait s’empêcher de sourire à la pensée qu’il allait se passer quelque chose. « Dites-moi tout, que je puisse me réjouir autant que vous ou vous réprimander comme il se doit ! »
Rebecca Stuart
« s i . v e r s a i l l e s » Côté Coeur: Quelle question ? Au plus offrant bien sûr ! Côté Lit: On n'y fait pas comme chez soi et certainement pas son mari ! Discours royal:
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Sujet: Re: INTRIGUE : Nouvel An 1667 11.12.12 17:46
GALERIE DES GLACES
Cela faisait maintenant plus de deux heures que Rebecca faisait tapisserie dans cette immense galerie des glaces. Plusieurs fois elle en soupira tandis qu'elle restait adossée à ce pilier de marbre glacial. Cependant, l'unique avantage était sans contexte le fait qu'au cœur de cette dense foule, on ne la remarquait pas le moins du monde et en particulier son mari avec lequel elle voulait éviter une énième confrontation. D'ailleurs il faut bien admettre que pour sa mission même, on avait pas eu besoin de lui recommander expressément de se rendre assez méconnaissable, elle l'avait fait tout naturellement et pour cause. Elle ne devait pas être reconnue et ce jamais par sa future victime. L'homme visé n'allait pas mourir en soi, tout au moins pas aujourd'hui mais elle allait l'anéantir sans doute bien plus sentimentalement parlant. Pourtant, Rebecca n'en retirait aucune gloire, on voulait la mettre à l'épreuve et par gratitude envers la Main de l'Ombre, elle se tenait à ses engagements.
Tandis qu'elle fixait depuis plusieurs minutes Richard d'Artois qu'elle pensait être le chef du complot, comme le lui avait suggéré si bien Joigny, elle remonta le fil de ses souvenirs. Tout était survenu quelques semaines auparavant au cours de la réunion de la Main de l'Ombre. Elle avait voulu s'imposer et qu'on lui fasse plus ample confiance en lui accordant une mission de poids, cette fois. On l'avait prise au mot et le maître de la Main de l'Ombre lui avait donné ses directives, l'avait mise donc au défi pour juger de sa valeur. Il faudrait faire grandement pression sur un certain alchimiste arrivé depuis quelques mois à la cour de France et venu d'un de ces pays nordiques. Pour quelle raison ? La duchesse ne le savait pas encore et l'apprendrait bien plus tard, ce n'était pas son rôle de questionner mais bien d'exécuter. L'illustre inconnu lui avait donné quelques jours seulement pour une quelconque filature et songer à un chantage conséquent pour amener le scientifique à lui obéir et par extension à leur obéir à tous. On lui donnerait plus tard l'adresse où elle le retiendrait captif durant quelques temps, le temps parait-il de tout préparer comme il se doit.
Ainsi donc, elle s'était mise à l'ouvrage sans plus tarder comme exigé. Puisque les journées étaient consacrées à interpréter ses différents rôles pour le compte de la Reynie, elle profita donc de ses soirées et nuits pour suivre l'individu depuis son hôtel de Versailles. L'endroit possédait une architecture bien étrange depuis le dehors, mais à vrai dire pour ne pas se faire repérer et n'ayant pas pris le risque de solliciter son identité à un domestique pour éveiller les soupçons du locataire, il demeura juste " sa cible bien fantasque. " Au cours d'une de ses surveillances, elle assista à une scène touchante et tendre entre le blond propriétaire et une vieille dame. Celle-ci lui sembla être très appréciée voire très aimée de lui, sans doute ferait-elle un moyen de pression suffisant. D'autres moments complices sur le perron lorsque ce dernier rentrait ou sortait, le lui confirmèrent volontiers. Sa décision était prise, elle kidnapperait la dame pour que son ami ou son fils - elle n'avait appris que depuis qui elle était pour lui - le suive le moment venu bien gentiment. Après avoir convenu d'un plan, elle avait prétexté une affaire très urgente touchant la famille, à l'hôtel de Bourgogne où elle incarnait Aurélia Dantès la couturière et avait pu tout mettre en œuvre. La septuagénaire était désormais entre ses mains, retenue dans une des possessions discrètes de la Main de l'Ombre.
Et l'homme était là à quelques mètres d'elle en ce soir du nouvel an, il paraissait d'ailleurs inquiet bien que souriant. Sans doute, elle seule pouvait savoir pour quel motif, il ne semblait pas très à l'aise. Elle allait mettre fin à son tourment d'incertitude - sans doute pour en créer un plus important - dès qu'on lui donnerait le feu vert. A quoi rimait d'ailleurs ce feu vert ? A pas grand chose sans doute, si ce n'est à juger sa prouesse ou plus volontiers à la surveiller. Néanmoins, on ne paraissait pas vouloir se presser et aucun de ses complices ne venait la rejoindre. Elle décida donc de s'éloigner un instant pour faire discrètement face à l'un des miroirs. Avec ce fard outrancier lui donnant un teint de porcelaine et des lèvres d'un rouge fraise, cette perruque blonde, il serait ardu de la reconnaître si sa victime la revoyait un jour dans d'autres circonstances. Elle réajusta d'ailleurs ces faux cheveux sur son front en des mèches plus folles. C'est alors qu'elle vit le reflet de Petra de Limbourg à l'intérieur dans la glace, Rebecca s'en retourna vivement.
- C'est l'heure, de la discrétion n'oubliez pas ! - Cela va de soi ...
Décidément seules Gabrielle de Longueville et peut-être Marie Fouquet semblaient lui faire confiance au sein de la conspiration. Le malaise demeurerait-il jusqu'à quand ? Mais de la discrétion, elle leur en donnerait clairement car son dernier atout restait son châle de dentelle qu'elle positionna sur sa tête et autour de son cou, il lui dissimulerait la moitié du visage sans doute au moment crucial. Là aussi, avec ce temps glacial de janvier une femme se protégeant d'un châle ne provoquerait l'attention de personne. Quoi de plus normal ! Elle se dirigea donc furtivement vers sa proie et attendit un instant. Un valet approchait de lui et ce dernier se vit servir une coupe de champagne. N'écoutant que les anciennes leçons du voleur écossais qui avait été son maître en matière de vols, elle pressa le pas et le bouscula à en faire tomber la coupe.
- Oh pardonnez moi Sir.
Elle avait pris un accent prononcé et très anglais, qu'elle n'avait absolument pas au quotidien pour brouiller les pistes. Cela modifiait sa voix clairement, qu'avait-elle à craindre, la duchesse de Richmond officiellement n'était plus au pays, seules Blaingirey, Dantès et Brévailles restaient. Elle sortit à la hâte son mouchoir en dentelles et fit mine d'éponger son pourpoint, avant de glisser avec grand art à l'intérieur la missive qui le hanterait sans doute pour quelques semaines.
- J'ai glissé, I am confused.
Et ne pouvant rester trop longtemps donc, elle prit les jambes à son cou en lui laissant son mouchoir en dédommagement. Evidemment ce dernier était quelconque. Quant à la lettre, Dieu sait quand il la trouverait mais voici ce qui y était dit :
" On tient votre gouvernante, si vous voulez la revoir vivante et surtout en bonne santé car la mort n'est pas la pire chose qui pourrait lui arriver, vous attendrez très sagement les prochaines instructions que l'on vous donnera et que vous devrez suivre à la lettre. Toute confidence faite à la Reynie ou à quiconque sera suivie d'une exécution immédiate de la dame, on vous surveille, obéissez et tout ira pour le mieux. "
Spoiler:
Pardon c'est long mais comme c'est la seule intervention de Becky dans l'intrigue du Nouvel an, je ne voulais pas bâcler non plus
Isabelle de Saint-Amand
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Sujet: Re: INTRIGUE : Nouvel An 1667 14.12.12 20:35
En temps normal, j'adorais ce genre de célébration, qui donnait toujours lieu à beaucoup de commérages, ce soir, cela me pesait. Comme la présence de Derek à vrai dire. Qu'il ne m'aime pas passait, je ne l'aimais pas non plus, et j'avais horreur des amants transis d'amour qui ne pensaient qu'à me conter fleurette et me faisaient des crises de jalousies en permanence. Mais que ma présence l'insupporte le rendait tout simplement détestable. Certes, il était riche, mais la richesse n'achète pas tout, et je commençais à être fatiguée de ces perpétuelles joutes orales qui nous opposaient en permanence. Les caprices de l'héritier allaient bientôt trouver la fin de ma patience. Heureusement, l'époque où je devais tout accepter sans rien dire était depuis longtemps derrière moi, et il allait hélas pour lui s'en rendre compte assez vite. Tout m'agaçait d'ailleurs ce soir, mais il fallait bien avouer que le principal responsable de cet état de fait était le germanique. Rien ne pouvais plus me rendre hors de moi que sa manière de jouer avec mes nerfs, mais il était hors de question que je le lui montre. Il n'attendait d'ailleurs que cela, c'était un de ses petits jeux préférés. Enfant gâté...
Et l'arrivée de Lully venait en rajouter une couche. Vraiment, ce n'était pas ma soirée. Au moins avais-je fais acte de présence, et m'étais-je montrée, pour prouver à tous que les ragots ne m'atteignaient pas. La moitié de la maison de la reine n'avait d'ailleurs pas manqué l'événement. Qui l'aurait osé ? Ah oui, le grand absent était sans nul doute Longueville. A la pensée de notre dernière rencontre, j'aurais pu presque sourire, si cet italien exécrable n'était pas venu interrompre notre discussion qui avait pourtant l'air de s'avancer sur des terrains moins glissants la minute d'avant. La chance avait vraiment décidé de passer son chemin ce soir. Dommage que le violoneux n'ait pas décidé d'en faire autant, à mon grand regret. La manière dont Derek lui parlait ne me laissait présager rien de bon, il était trop aimable, ce n'était pas dans sa nature. Je n'avais qu'une hâte, que Lully aille empoisonner l'air de quelqu'un d'autre, ce qu'il finit heureusement par faire à mon grand soulagement, mais hélas, il avait fait quelques dégâts, et quand j'essayais de ranimer la conversation avec mon cavalier, celui-ci se montra, selon son habitude, parfaitement désagréable et horriblement horripilant. Heureusement que je savais encore me tenir, contrairement à lui...
-Si vous croyez que cela me tracasse ! Tant que vous faites attention à ne pas attraper n’importe quoi avec n’importe qui, vous pouvez aller voir qui vous voulez. Vous pouvez même aller vous faire voir chez les Grecs si vous êtes philhéllène.
Bien loin de m'énerver, je lui jetais un regard en coin, avant de soupirer :
-Je pourrais vous en dire autant, certaines de vos... « amies » n'ont pas de relations très saines. Qui sait, c'est peut être l'une d'entre elle qui vous a donné cette capacité à être désagréable... Ca serait au presque une excuse à votre comportement.
Mais je n'étais pas là pour refaire son éducation de prince prétentieux. Suivant Lully du regard, je marmonnais quelque chose à propos de sa musique que je ne gouttais guère, mais chacun ses goûts et ses références, pourtant cela n'échappa pas à Derek :
-Vous semblez avoir bien peu d’égard pour la musique Isabelle. Elle élève pourtant l’âme ! Mais une telle réflexion, sortant de la bouche d’une personne aussi vénale que vous, je dois dire que ça ne m’étonne qu’à moitié. Vous préférez tout ce qui est matériel et palpable et au fond, qui suis-je pour vous le reprocher, il n’y a rien de mal après tout à être terre à terre et mercantile…
-Vous me voyez ravie de vous voir le remarquer, raillai-je, mais je ne savais pas que vous vous y connaissiez en âme, et surtout celles des autres. Quand on sait qu'il n'y a que votre petite personne qui vous intéresse, on se demande comment quelque chose peut élever la vôtre.
Il l'avait un peu cherché. Et ma patience était à bout pour ce soir.
-Vous m'excuserez, mais ma vanité est lasse, je m'en retourne à mes appartements. Faites ce que bon vous semble.
Et quelle que soit sa décision, elle m'était bien égale.
Spoiler:
je sais qu'on a prévu la porte dans la figure mais si Derek veut pas venir tout de suite c'est possible aussi ^^
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Sujet: Re: INTRIGUE : Nouvel An 1667 14.12.12 22:26
Si Aymeric pensait avoir atteint dans la soirée un point que l’on ne pourrait dépasser en étrangeté et en surréalisme, il fut rapidement détrompé. A la cour, les évènements semblaient à l’image des courtisans : ils se surpassaient les uns les autres, et ce dans tous les domaines. Ce fut Richmond qui se chargea d’illustrer aux yeux du comte cette terrible vérité. Alors qu’il envisageait de trouver un moyen courtois mais efficace de s’extraire de cette charmante - c’était le cas de le dire ! - mais trop remuante compagnie, le regard de Froulay s’arrêta sur l’anglais, qui venait de quitter les deux Mortemart et la Listenois, se dirigeant visiblement vers lui. Prenant acte de son sourire trop intriguant pour être honnête et de la coup de champagne pleine qu’il avait à la main, Aymeric haussa un sourcil. Qu’avaient-ils donc en tête ?
« Eh bien Richmond, vous complotiez à ce que je vois ? lança-t-il lorsque l’Anglais fut en mesure de l’entendre. - Froulay, vous avez l’air de vous ennuyer, répondit celui-ci avec un ton joyeux qui ne trompait personne - et surtout pas Aymeric, pourquoi ne pas nous rejoindre ! - Ma foi, tout dépend de... - Cela ne vous dit pas d’aller faire du patin ? » Il y eut un court instant de silence, durant lequel le comte dévisagea son ami en se demandant s’il devait rire ou non. Mais devant l’air décidé et très heureux de Richmond...il dut se rendre à l’évidence et considérer cette idée saugrenue comme une véritable proposition, et non une plaisanterie. « ... non, répondit-il sobrement sous le coup de la surprise. Morbleu, Richmond, vous... » Mais déjà le cousin du roi d’Angleterre tournait les talons, non sans avoir raillé une dernière fois, et se dirigea très décidé vers les grandes fenêtres ouvertes sur les jardins. Aymeric l’observa un moment, profondément perplexe. Où diable allaient-ils donc faire du... Finalement, préférant ne pas réfléchir plus avant à la question, il termina sa coupe de champagne et se tourna vers Monsieur, Choisy et d’Anglerays.
Il resta un instant silencieux puis se décida à saluer ses compagnons en leur adressant les voeux de circonstances pour la nouvelle année, adressa un regard éloquent à Ferdinand et s’éloigna. Constatant qu’Agnès s’entendait à merveille avec ses nouvelles compagnes, il chercha Eléonore du regard pour la trouver toujours en grande conversation avec le Prince Danois. Un sourire étira ses lèvres et rapidement, il alla retrouver la polonaise, non sans avoir salué Edouard du Danemark au passage. « J’espère que vous me pardonnerez, monsieur, de vous priver d’une telle compagnie mais je me dois de tenir mes promesses, et je lui ai promis une danse ! » Là-dessus, il proposa avec un sourire son bras à Eléonore et l’entraîna avec lui dans la galerie, où d’autres couples évoluaient. « Je ne vous savais pas grande amie du Danemark ! plaisanta-t-il entre deux pas. Et je suis navré d’avoir tardé : je ne sais ce que vous savez de ces messieurs, mais on ne quitte pas le Fou du roi, son frère, et la comtesse...ou l’abbé de Choisy comme cela, ajouta-t-il avec un rictus à la fois perplexe et amusé. » Le menuet se termina, peut-être un peu vite au goût du comte qui qui s’était volontiers perdu dans l’observation de la jeune femme. Aussitôt, un sourire vague étira ses lèvres et d’un geste, un valet à qui il avait demandé de se tenir là non loin. Celui-ci ne se fit pas attendre, et remit au comte un coffret avant de tourner les talons. « Il me reste à vous offrir ceci, reprit-il dans un sourire indéfinissable. Voulez-vous que nous sortions ? Ce qu’il y a dans ce coffret pourrait surprendre ces courtisans trop curieux. » A vrai dire, il souhaitait surtout qu’on ne les dérange pas à nouveau.
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Sujet: Re: INTRIGUE : Nouvel An 1667 16.12.12 3:03
D'un œil intéressé, tout en écoutant les réponses que voulaient bien lui fournir le prince du Danemark, Éléonore Sobieska observait les convives de cette soirée de nouvel an. Elle s'était retournée, dos au buffet, légèrement appuyée contre lui, ignorant qu'elle venait de sceller son destin en rencontrant Ulrich de Sola, espérant simplement quelques nouvelles du Danemark et surtout de son enfant. Mais son regard fut perturbé par la vision de Morgan of Richmond qui s'approchait du petit groupe qu'elle avait repéré quelques instants auparavant : son ami anglais qu'elle n'avait pas eu l'occasion de saluer était allé adresser quelques mots à Aymeric de Froulay, un verre à la main et peut-être un peu éméché. De leur côté, d'Anglerays, Monsieur et cette dame inconnue continuaient à bavarder joyeusement. Immédiatement, faisant fi de sa conversation, Éléonore eut une irrépressible envie d'aller voir ce qu'ils se disaient mais Morgan tourna les talons et Aymeric devança ses désirs en quittant ses improbables compagnons pour la chercher du regard puis la rejoindre à grands pas, en fendant la foule. Elle vit distinctement un sourire en coin étirer les lèvres du comte de Froulay et ne put s'empêcher de faire une petite moue amusée, retrouvant de manière instantanée sa bonne humeur qui avait simplement fait grise mine quelques minutes. Quelque part, il faisait presque figure de sauveur. Celui de la soirée du moins. Il lui permettait de s'échapper des questions sans fin d’Édouard du Danemark, des regards inquisiteurs – et toujours emplis de cette même flamme malgré les années – de Ferdinand d'Anglerays et surtout de cette mélancolie qui la menaçait à tout moment quand elle se remettait à songer à ce qu'elle faisait ici. C'était Aymeric qui avait rendu possible son installation à Versailles mais c'était aussi lui qui lui permettait de s'en échapper. - J’espère que vous me pardonnerez, monsieur, de vous priver d’une telle compagnie mais je me dois de tenir mes promesses, et je lui ai promis une danse ! Il n'avait pas oublié ! Le visage d’Éléonore s'éclaira lorsqu'elle se saisit de la main tendue du comte sans une once d'hésitation et juste avant de s'éloigner, elle se retourna vers Édouard pour lui adresser un regard mi-complice mi-sévère. Sans doute aurait-elle l'occasion de le croiser avant son départ pour la Lorraine. Mais très vite, ces considérations furent très loin de son esprit. Il suffit d'ailleurs qu'Aymeric l'ait conduite au centre de la piste de danse et que la musique, impétueuse et virevoltante se mette à donner la mesure des pas pour qu'Eléonore oublie tout. - Je ne vous savais pas grande amie du Danemark !... - Moi non plus, murmura ironiquement Éléonore. - Et je suis navré d’avoir tardé : je ne sais ce que vous savez de ces messieurs, mais on ne quitte pas le Fou du roi, son frère, et la comtesse...ou l’abbé de Choisy comme cela, lui glissa Aymeric à la faveur d'un rapprochement. Les joues rouges, Éléonore lui adressa un rire avant de répondre quelques instants plus tard, dès que la danse le lui permit : - En voilà une bien mauvaise excuse... Ne vous a-t-on jamais dit qu'on ne fait pas attendre une dame à qui l'on a fait miroiter un menuet surtout pour une raison aussi basse que la conversation d'un frère de roi ?... Je ne sais pas si je peux vous accorder mon pardon, je vais y songer. Dans un éclat de rire, elle s'éloigna de lui à nouveau à la faveur d'un mouvement puis la musique finit par s'achever, laissant vibrer quelques notes encore dans l'atmosphère. Et Éléonore pleine d'enthousiasme, le souffle un peu court ne put s'empêcher de regretter que cela se termine aussi rapidement, comme toute bonne chose passée en agréable compagnie. Fort heureusement, le comte ne semblait pas se lasser d'elle et reprit son bras très vite. Pour la première fois depuis longtemps, elle se sentit vraiment bien et ferma un instant les yeux, se laissant guider. Mais ce ne dura que quelques secondes, le temps pour elle de voir Morgan s'éloigner dans la foule : - Au fait, que vous voulait le duc de Richmond ? Et où part-il ainsi ? Que... ? Elle s'interrompit en voyant le coffret que le valet d'Aymeric venait de lui donner et sa curiosité prit le dessus. De quoi s'agissait-il ? La forme allongée ne lui indiquait rien. Et cela paraissait un peu lourd... Ce qui écartait les hypothèses bien trop classiques du bijou ou du poème que les hommes aimaient offrir aux dames mais qui ne plaisaient guère à Éléonore. - Il me reste à vous offrir ceci. Voulez-vous que nous sortions ? Ce qu’il y a dans ce coffret pourrait surprendre ces courtisans trop curieux. C'était donc bien un cadeau. Aussitôt la jeune femme se sentit redevenir une enfant qui reçoit un présent pour son anniversaire et qui meurt d'envie de savoir ce dont il s'agit. - Sortons ? Je meurs de chaud depuis la fin de la danse et j'imagine que nous ne serons pas suivis dans le froid de l'hiver. Lorsqu'il accepta, elle eut un sourire ravi et avec quelques pas chassés, elle se dirigea vers les sorties. Elle se saisit de quelques plumes assemblées en collier trouvées par terre et avisant un homme tout de noir vêtu qui arborait une mine bien triste, elle lui passa les plumes autour du cou en s'exclamant : - Allons, mon ami, ce n'est pas la peine de faire cette tête ! Ce soir, vous devez vous amuser ! Elle le gratifia d'une petite pichenette et repartit aussi sec, manquant de faire tomber une dame blonde, dont la tête était couverte d'un voile mais maquillée assez outrageusement qui prenait la même direction qu'eux, le visage crispé. Sans reconnaître Rebecca et sans s'offusquer, elle la saisit par l'épaule pour l'envoyer vers l'homme précédent : - Madame, pourquoi cette mine triste ? Allez donc danser avec le monsieur là, il est seul lui aussi. Et vous avez le goût commun du noir, voilà qui devrait vous aider à vous lier ! Enfin, après ces péripéties, Éléonore et Aymeric quittèrent la galerie des glaces et, après une enfilade de pièces plus ou moins bien éclairées, sortirent dans les jardins. Le froid mordant saisit Éléonore mais elle n'en montra rien et ce fut même un soulagement. Elle se laissa guider par le comte – après leur dernière expérience, elle avait appris qu'il valait mieux le suivre – jusqu'à des bosquets qui formaient un labyrinthe. Là, il se tourna vers elle et lui tendit la poignée du coffret pour qu'elle l'ouvre elle-même. Éléonore, le cœur un peu battant, s'exécuta et resta saisie. Comment avait-il su ? Comment avait-il réussi à faire le meilleur choix pour elle alors qu'il la connaissait si mal ? - Un pistolet ! S'écria-t-elle, ravie. Elle n'en avait plus depuis que le sien avait explosé. Mais ce modèle là était bien plus moderne et plus beau, permettant sans doute des tirs d'une précision remarquable. Elle s'en saisit avec délicatesse puis après l'avoir examiné sous toutes les coutures, comme un petit enfant découvre un nouveau jouet, elle leva de nouveau le visage vers Aymeric. Ses yeux brillaient mais son sourire était devenu plus fin et calculateur : - J'avoue que vous avez fait fort... Comment pourrais-je continuer à vous en vouloir ? Comment avez-vous su ? Et surtout... Comment vous remercier ? Je n'ai malheureusement aucun cadeau pour vous. Doucement, elle s'approcha de lui, se mit sur la pointe des pieds et comme cela ne suffisait pas, lui saisit le col pour l'obliger à se baisser avant de déposer ses lèves au coin de la bouche d'Aymeric, comme un souffle avant de le relâcher et de se pencher de nouveau sur sa nouvelle arme. Avec cela... Elle serait plus dangereuse que jamais pour les pauvres proies qui se mettraient sur son chemin !
Rose Beauregard
« s i . v e r s a i l l e s » Côté Coeur: Pas de coeur, cela ne cause des troubles de l'humeur et c'est trop fragile. Car quand on le brise, ça fait si mal, un coeur. Côté Lit: Je ne compte plus les hommes, seulement les pièces qu'il laisse une fois qu'ils ont fait leur affaire. Discours royal:
Ô la belleÉPINE pleine de rose
► Âge : 24 ans
► Titre : Prostituée ; Princesse de Schwarzenberg (faux titre)
► Missives : 351
► Date d'inscription : 04/11/2011
Sujet: Re: INTRIGUE : Nouvel An 1667 16.12.12 14:52
La Maison de la favorite était un endroit idéal où se faire une place et s'installer à la Cour de la manière la plus naturelle du monde. Rose avait rapidement compris comment marchait les nobles et qu'il fallait se plier aux règles pour se fondre dans la masse sans que personne ne sache qui elle était réellement. Sans vouloir être trop dans la lumière, Rose avait besoin d'une place où s'installer et Amy le lui avait proposé, ce qui aurait été difficile de refuser. Mais en cette pièce à l'abri des regards, la fausse princesse allemande se demandait bien pourquoi la duchesse de Guyenne avait besoin d'elle.
Oui, je tenais avant de me retirer à vous souhaiter la bonne année et à vous offrir ceci…
Une dame de compagnie apporta une cassette et un parchemin, Rose attendit patiemment avant de pouvoir découvrir ce fameux cadeau. A dire vrai, elle n'attendait pas grand chose mais c'était surtout la curiosité de savoir ce que cela contenait. Lorsqu'elle put ouvrir, découvrant une clé, elle ne comprit pas de suite.
Cette clef n’est pas commune ma très chère amie, elle vous fournirait une des places les plus enviables à la cour. Pardonnez moi mais je ne comprends pas …
Une clé pareille n'ouvrait pas des appartements, cela était certain ! Cela devait être une métaphore que la fausse princesse ne saisissait pas encore toujours très bien. Elle observait la duchesse qui lui vit un joyeux sourire, donc cela ne devait être qu'une bonne nouvelle.
Vous êtes une princesse et de la plus belle race mademoiselle, je souhaiterais de tout cœur que vous deveniez la Surintendante de ma Maison. Oh madame, vous me faites trop d'honneur. répondit la jeune femme, plus touchée qu'elle ne le montrait. Acceptez-vous ma bonne amie ?
Un court instant, Rose se demanda si cela n'était pas trop risqué d'avoir un rang si haut placé, d'avoir autant de responsabilités quand on venait de sa maigre condition. Et surtout, comment conjuguer la vie de Marie et celle de Rose ? Mais tout cela ne dura qu'un instant, l'occasion était trop belle. Un sourire naquit sur les lèvres de la fausse princesse et elle posa une main sur son cœur.
Avec grand plaisir, madame. Et j'espère être digne de ce rang.
Déjà en apprenant exactement ce qu'une surintendante devait faire. Elle en avait une vague idée mais irait poser la question à Olympe Mancini qui connaissait mieux cette fonction. Elle qui voulait avoir une bonne place ne pouvait pas rêver mieux à son échelle. Ne pouvant s'arrêter de sourire, Rose remercia une nouvelle fois Amy.
Je vous remercie sincèrement de la confiance que vous me portez. Mais … vous disiez vous retirer, ne restez vous pas pour la fête ?