Sujet: Re: INTRIGUE : Nouvel An 1667 05.09.12 0:01
Un sourire entendu étira les lèvres d’Aymeric lorsqu’il dut laisser ses deux cavalières s’éloigner quelques instants. Il n’entendit pas ce que chuchota Eléonore à sa jeune soeur, mais à la façon dont celle-ci rosit, en devina la teneur. « Allons mesdemoiselles, comploteriez-vous déjà ? lança-t-il en leur offrant chacune une coupe de champagne. Je demande grâce pour ce soir. » Faveur qu’il n’était pas certain d’obtenir, de la part d’Agnès comme de celle de sa cavalière. La plus jeune des Froulay lui adressa une moue espiègle, et tous trois trinquèrent à la nouvelle année. En son for intérieur, Aymeric ne pouvait s’empêcher quelques questions sur les mois à venir. Il n’y avait rien de plus incertain que les temps de guerre, quelle que fut sa confiance dans les armées de Louis XIV. Il ne pouvait non plus oublier que les batailles le mettraient face à quelques amis, sur lesquels il regretterait fort d’avoir à faire tirer.
Mais alors qu’il portait sa coupe à ses lèvre, la voix d’Eléonore l’arracha à ses pensées guerrières, et le comte ne manqua pas de lui promettre une danse, sans toutefois souhaiter abandonner Agnès. Souhait qui ne tomba pas dans l’oreille d’une sourde. La tornade rousse eut tôt fait de trouver un quatrième larron à leur trio. « Oh voici le fou du roi ! Monsieur d'Anglerays, venez donc échanger deux mots et nous dire quels présents le fou a prévu d'offrir à ses victimes pour cette nouvelle année. - Des bons mots, des jeux d’esprits, et des plaisanteries un peu trop acides pour leurs délicats palais, j’en ai bien peur madame Sobieska, répondit joyeusement l’intéressé, chaleureusement salué par le comte. Tiens, mon cher Froulay, je vous trouve en bien charmante compagnie, pour quelqu’un que je croyais assagi depuis nos dernières aventures de jeunesse. - Peut-être bien, mon cher... Mais vous-même étiez fort bien accompagné, répondit en riant Aymeric, dont le regard désignait ce rat des comptes de Colbert. - Mais ne serait-ce pas la charmante Agnès que je reconnais là ? Ne faites pas cette tête, je connais suffisamment votre frère pour reconnaître une jeune femme d’après le portrait qu’il m’en fait dans ses courriers. »
Agnès remerciait gracieusement et avec esprit le Fou, quand Bouillon s’excusa de les interrompre avant d’annoncer à Aymeric que le roi souhaitait l’entretenir un moment. « Je vous laisse entre de bonnes mains, mesdemoiselles. Ne vous échappez pas tout de suite, ajouta-t-il en se tournant vers Eléonore, je vous ai promis une danse. » Et sur un sourire, il s’éloigna pour aller s’incliner face au plus grand des monarques. « Ah, Froulay, je vois que vous étiez en excellente compagnie, je ne vous retiendrais pas longtemps, je tenais à vous souhaiter tous mes vœux pour cette nouvelle année. En espérant que durant cette guerre, vous n'aurez pas à me sauver la vie. - Que cette année vous soit belle et prospère, Sire. Elle commencera, je n’en doute pas, sur une heureuse nouvelle, fit le comte à l’intention de la Reine. Quant à votre vie, permettez-moi, Sire, d’y veiller tout de même. Sait-on jamais... ajouta-t-il avec humour, tout en surprenant du coin de l’oeil la silhouette d’Eléonore qui s’éloigna du Fou. - Nous en reparlerons mais en temps voulu, il vous faudra partir avant nos troupes pour organiser l’arrivée des soldats. Il y a bien longtemps que je n'ai voyagé, il faut bien que votre charge de Maréchal des Logis serve ! - Je n'y manquerai pas, Sire. - N’oubliez pas votre présent, et profitez de notre fête, conclut le roi. »
Aymeric récupéra des mains de Bouillon le présent en question, s’inclina, et laissa le roi à son oeuvre. Il attendit de s’être éloigner pour chercher sa cavalier, qui s’était approchée du baron de Sola. Il haussa un sourcil, puis appela un valet à qui il confia la lourde tâche de ramener le royal cadeau dans ses appartements, puis rejoint Ferdinand et sa soeur. « Diable, parier sur ces présents en rendrait plus d’un riche, marmonna-t-il, amusé. Mais je vous voyais rire, tous les deux. Que racontiez-vous donc, baron ? » Agnès arborant déjà le collier qu’il avait souhaité lui offrir et Eléonore ayant décidé de s’éloigner, Aymeric en avait pour l’heure terminé avec ce genre de devoirs.
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Sujet: Re: INTRIGUE : Nouvel An 1667 05.09.12 10:38
SALON DE LA PAIX.
L’on pourrait s’étonner, sinon de l’amabilité, du moins de la bonne volonté (relative) dont Ulrich semblait faire preuve avec une femme dont il n’avait pourtant jamais souhaité la présence. D’aucun auraient aisément pu l’imaginer renvoyer Helle d’où elle venait, ou simplement l’ignorer froidement comme il le faisait généralement, et personne ne saurait les en blâmer. Pourtant, contrairement aux apparences, Ulrich n’aimait pas plus l’animosité gratuite que les effusions de sentiments. De la méfiance, il n’en manquait pas, mais l’histoire que lui avait conté Helle avait fini par lui sembler sincère. Si elle vouait a sa royale famille la même rancoeur que lui, il n’aurait pas été brillant de se priver d’une potentielle alliée - et une alliée peut-être moins maigre qu’il n’y paraissait. Tout cela n’était pas encore si clairement établi dans l’esprit du baron, mais tout dans son attitude semblait montrer qu’il n’avait pas l’intention d’exhumer la hache de guerre. Et enfin, il lui fallait admettre qu’avoir découvert l’existence d’Ellen le laissait moins indifférent qu’il ne l’avait d’abord pensé.
C’est donc sciemment qu’il proposa son bras à sa femme, et sans (trop) se forcer qu’il lança une conversation bien moins innocente qu’on pourrait le penser. « La princesse était de passage en Suède, à la recherche d’un bon parti, lorsque nous nous sommes rencontrées, répondit Helle. Son séjour a été assez long et j’ai eu le plaisir de lui tenir compagnie. Elle est repartie après avoir repoussé tous les prétendants qui s’offraient à elle, mais non sans mon amitié. Nous sommes restées en contact depuis et nous sommes rencontrées quelques fois à Stockholm ou à Parme. Ulrich hocha la tête, et songea avec une ironie parfaitement dissimulée qu’il y avait du cynisme dans cette histoire. Mais vous-même ? Si j’en crois le contenu de sa lettre et votre propre manière d’en parler, vous vous connaissez bien je crois. - Nous nous sommes rencontrés à Rome, il y a quelques années. J’étais en... affaires avec son frère. » Laconique, comme toujours, et avare de détails. Mais la jeune baronne n’avait pas besoin d’en savoir plus - et il doutait d’ailleurs que les détails fussent à son goût.
« Elle devrait être là ce soir, d’ailleurs… Partons à sa recherche, voulez-vous ? reprit Helle, proposition à laquelle Ulrich se contenta d'acquiescer, avant de suivre son regard soudain bien moins avenant. Pour ce faire, je vous propose d’opérer un changement de direction. Votre frère est là ce soir et j’ai développé une curieuse allergie à tout ce qui porte un titre de la famille royale du Danemark. » Sola dévisagea un court instant le Prince danois et sa soeur. Les deux proies réunies, ne manquait plus que la Suédoise pour que le trio soit complet. « Une allergie que je partage, madame, lâcha-t-il entre ses dents, sans dissimuler l’éclat mauvais qui passa dans ses yeux. Allons plutôt chercher la princesse dans les salons, nous nous en porterons mieux. » Le couple se détourna donc des deux Kiel, et s’enfonça à nouveau dans la Galerie qui ne désemplissait pas.
GALERIE DES GLACES.
Ils n’eurent pas même à aller jusqu'au salon de la guerre pour trouver Sofia, qui pouvait se targuer d’être en bonne compagnie. A ses côtés, Ulrich reconnut Racine et l’une de ses comédiennes, et, plus étonnant, Contarini. Au souvenir de la... charmante conversation qu’il avait eu avec la princesse à propos de ce dernier, un rictus ironique étira ses lèvres. « La voilà, mais fort occupée. Voulez-vous que nous la laissions régler ses comptes avec l’ambassadeur ? » Car comptes il y avait, nul doute là-dessus.
(Je ne sais pas ce que vous avez prévu exactement, Sofia, Francesco, toussa toussa, dooonc je ne m’avance pas plus )
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Sujet: Re: INTRIGUE : Nouvel An 1667 05.09.12 16:43
A la grande satisfaction d'Eléonore, son stratagème – digne des plus grands chefs militaires, il fallait l'avouer – parut fonctionner. Le fou du roi se retourna vers eux avec un large sourire et ne sembla pas plus surpris que cela de se faire appeler par une inconnue. Il devait bien en avoir l'habitude en raison de sa charge. Et il serait parfait pour laisser Agnès en bonne compagnie le temps d'une petite danse, la rousse en trépignait d'avance. Comme nous le disions plus haut, Éléonore ne connaissait pas cet homme personnellement mais elle avait assez entendu parler de lui pour qu'il puisse déjà l'amuser. Dans un monde où l'ennui était roi, pour la Polonaise, un bouffon inventif et moqueur était un dieu. Malheureusement pour la jeune femme, deux événements consécutifs vinrent gâcher ses plans pourtant calculés à la minute près (on était intrigante ou on ne l'était pas !). Ce fut d'abord le sourire de Ferdinand d'Anglerays qui la troubla profondément et lui fit froncer un peu les sourcils.
- Des bons mots, des jeux d’esprits, et des plaisanteries un peu trop acides pour leurs délicats palais, j’en ai bien peur madame Sobieska, répliquait le fou d'un ton allègre, sans remarquer la confusion d’Éléonore, tiens, mon cher Froulay, je vous trouve en bien charmante compagnie, pour quelqu’un que je croyais assagi depuis nos dernières aventures de jeunesse. - Des aventures de jeunesse ? S'exclama-t-elle sans laisser paraître ses pensées, il faudra absolument que vous nous racontiez cela ! Monsieur de Froulay aurait-il donc été plongé dans les turpitudes malgré l'air bien sérieux qu'il se donne aujourd'hui ?
Elle fut néanmoins soulagée de voir que Ferdinand se tournait vers la petite Agnès. Son visage lui avait immédiatement rappelé celui de son ami et sauveur et elle put examiner plus en détail sa silhouette puisqu'il ne prêtait plus attention à elle. Oui, ces traits... Et surtout, ce sourire, c'était bien lui. Il avait bien changé depuis quinze ans, il avait vieilli tout comme elle mais était resté toujours aussi maigre et sa joie de vivre paraissait égale à celle de l'époque. Elle n'avait jamais su son nom à l'époque mais cet inconnu aux multiples identités était bien celui qui lui avait sauvé la vie à un moment où les malheurs semblaient s'enchaîner pour elle. Et accessoirement, il avait été son compagnon d'aventures à Saint-Germain. Celui qu'elle avait quitté en laissant à peine un mot de remerciement et sans lui dire au revoir. Il était normal qu'il ne la reconnaisse pas, elle était une sauvageonne alors. Et elle ne tenait pas à ce qu'il le fasse maintenant, elle n'était pas prête à s'expliquer devant un fantôme du passé. Éléonore se tourna vers Aymeric, toujours aussi radieuse, comme si rien de ce qu'elle venait de penser ne lui avait traversé l'esprit et lui tira le bras pour l'entraîner vers la piste de danse. Ce fut à ce moment-là que le deuxième grain de simple se glissa dans son plan bien huilé. Le chambellan de Louis XIV venait d'arriver pour inviter le comte de Froulay à saluer le roi. Éléonore ne put s'empêcher de lever les yeux au ciel devant un cérémonial aussi stupide. En Pologne, si le roi s'était seulement amusé à distribuer des tabatières avec des portraits de lui, sans doute serait-il parvenu à déclencher une nouvelle révolte de la Diète. Éléonore, pourtant habituée aux mœurs étranges après tous ses voyages, était d'autant plus portée à critiquer les coutumes françaises que cela la contrariait réellement.
- Ce que notre roi veut dire par là, c’est que le bon Colbert se plaint encore de l’état des finances du royaume, et je le soupçonne de vouloir supprimer quelques charges aussi coûteuses qu’inutiles. Heureusement que le roi est un ami fidèle : voyez comme il prévient son ami Froulay de la précarité de sa charge ! Allons Froulay, obéissez et rendez-vous donc utile, allez nous planter une tente dans les jardins ! Ce soir, le roi veut camper !
Éléonore ne put s'empêcher d'éclater de rire devant la boutade de Ferdinand. Son humour était toujours aussi ravageur !
- Monsieur Colbert devrait d'abord supprimer les charges les plus inutiles de cette cour, ne le répétez pas mais il y a un grand nombre d'ennuyeuses dans la maison de la reine et elles sont tellement incapables qu'elles ne pourront même pas aider à monter une tente. Dommage pour elles car ce n'est ni leur absence de beauté ou d'esprit qui font leur charme, répliqua Éléonore avec un sourire moqueur et qui poursuivit en apercevant un échappatoire à cette situation grotesque de face à face avec d'Anglerays : Oh mais je vois une connaissance que je dois absolument aller saluer, pardonnez moi, je reviens au plus vite.
Et faisant fi des recommandations d'Aymeric qui lui avait promis un menuet, elle s'éloigna dans la foule, toujours plus dense, en jouant des coudes et saisit une coupe au passage pour faire face à une Helle de Sola splendide au bras d'un grand blond plutôt séduisant. En voilà un qu'elle devrait garder sous la main plutôt que de rechercher un époux invisible – et à tuer :
- Madame de Sola, c'est un plaisir ! S'écria-t-elle, je me suis fort ennuyée depuis notre dernier entretien ! Je sais que vous vous complaisez dans l'écriture épistolaire mais j'ai besoin de bouger quant à moi et l'arrêt de la chasse est la chose la plus triste de l'hiver.
Éléonore adressa un sourire charmant au couple avant de boire une gorgée de sa boisson. Hum... Peut-être arriverait-elle à se tirer de cette soirée sans trop de dommages. Et même en ayant entièrement endormi la méfiance d'Helle de Sola... Si elle savait !
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Sujet: Re: INTRIGUE : Nouvel An 1667 06.09.12 4:57
Athénaïs, dans sa gloire de feu, restait à l'écart, surélevée, observant la salle avec son air condescendant habituel. Elle regardait les jeunes hommes. Étaient-ils beaux? Avaient-ils de l'allure, de l'élégance, une belle tournure dans leurs mouvements? Étaient-ils dignes d'elle? Elle jugeait les jeunes femmes. Athénaïs n'eut pas à se poser de questions longtemps sur leur cas. La marquise était sans aucun doute meilleure que toutes. C'est pourquoi elle continua à regarder la foule avec condescendance.
Elle voyait Monsieur au loin. Elle fut évidemment tentée par l'idée d'aller le saluer. Mais aussitôt qu'elle se joindrait à ces frivolités, elle ne vaudrait pas mieux que toutes les autres. C'est pour cette raison que la jeune femme restait dans son coin, notant mentalement des remarques sur les robes. Elle aurait tout le temps pour dire à son meilleur ami que la comtesse de Saint-Hilaire avait un décolleté beaucoup trop gros pour son âge et qu'on voyait ses vergetures même sous la tonne de poudre dont elle s'était recouverte. Elle pourrait ensuite rigoler sur la petite de Neuville qui avait eu l'audace de porter du rose beaucoup trop foncé, menant vers l'orange, avec son teint olivâtre. Athénaïs était certaine qu'ils auraient beaucoup de plaisir, car son ami avait certainement aussi remarqué la perruque du baron de Bonrepos avait pris feu dans les chandeliers et qu'il se promenait maintenant nu tête.
Mais elle n'eut plus le temps de penser à tout cela quand son frère vient dans sa direction, accompagné d'un homme qu'elle avait aperçut auparavant, dont elle avait entendu la réputation sulfureuse, sans jamais en avoir fait la connaissance. Athénaïs sourit à son frère, sincèrement, ce qui était rare, avant de se tourner vers le nouveau venu. Il était séduisant, excepté une coupe de cheveux extravagante, ce pourquoi elle battit doucement des cils pour lui.
Elle sourit gracieusement en entendant la plaisanterie envers son frère, sur l'épaule duquel elle posa une main protectrice.
-Heureusement ce que nous partageons est caché pour ma part dans un délicieux emballage, répliqua-t-elle, avec un petit rire cristallin.
Athénaïs n'avait aucune difficulté à répliquer au quart de tour, c'était une de ses principales qualités. Elle y comptait pour dominer les femmes jolies et sans esprit.
-Une femme belle est mieux seule qu'entourée de gens qui pourraient gâcher sa beauté, monsieur, lança-t-elle, avant de jouer de l'éventail, continuant de battre des cils, sa voix taquine. Vous êtes heureusement digne d'être à mes côtés, monsieur de Richmond, mais il s'en est fallût de peu.
Alors qu'elle posait sa main gantée sur la sienne, comme pour se faire pardonner, Athénaïs savait que rien n'échappait à son frère et qu'elle aurait probablement droit à des reproches plus tard. Mais pour l'instant, ils n'étaient pas seuls. Ainsi, elle échappait aux réprimandes. Elle écoutait plutôt, d'une oreille extrêmement attentive, les commérages que le duc de Richmond lui amenait. Continuant de battre de l'éventail, étirant son cou fin, elle jugea son adversaire, avant de rouler des yeux pour claquer son féminin accessoire de nacre.
-Elle ment. Elle n'est certainement pas assez belle pour attacher le roi, je crois que c'est évident. Nous pourrions aller lui demander, cependant. Poussée dans ses retranchements, elle pourrait avouer qu'elle a tout inventé pour se rendre intéressante, vous ne pensez pas?
Passant son bras sous celui de son frère, elle fit signe à Richmond.
-Vous, qui semblez bien la connaître, partez devant, nous vous suivons!
Intrigues et complots au goût de champagne sous les flammes des chandelles.
Philippe d'Orléans
« s i . v e r s a i l l e s » Côté Coeur: Il a été brisé, piétiné et maintenant celui qui était à mes côtés est devenu mon ennemi. Quelle cruelle destinée ! Côté Lit: Le lit de mon palais est si confortable et accueillant ! Discours royal:
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Sujet: Re: INTRIGUE : Nouvel An 1667 07.09.12 15:55
Soyez certain que pour rien au monde je ne manquerais l’occasion ! Allons Colbert, ayez au moins la politesse de l’enthousiasme, on dirait qu’on vient de vous annoncer votre propre enterrement. Les gens manquent de politesse parfois, c’est fou tout de même… Vous voyez, c'est ce qu'on obtient à être charitable avec les gueux, mon cher ami.
Colbert eut bien des difficultés à exécuter sa révérence, cela se sentait à des kilomètres qu'il le faisait à contre cœur ! Et cela n'en était que plus amusant pour un Philippe qui se mit à sourire de façon presque sadique tant il était satisfait. Et les fêtes étaient un véritable vivier à rencontres puisque l'un des grands amis de son frère le roi arrivait bien accompagné et la jeune femme rousse salua Ferdinand avec un enthousiasme qui faisait plaisir à voir. Le prince balaya du regard la foule et vit une autre rousse incendiaire, sa belle et grande amie Athénaïs, elle aussi en grande conversation. Il ne manquait que Thimoléon à la fête, celui-ci avait promis de venir. Mais ce soir, serait il l'abbé ou la comtesse ? La surprise était de taille, tout comme le cadeau que Philippe lui avait prévu. Il y en avait un pour Athénaïs aussi mais il aura l'occasion d'aller la voir à un autre instant. Pendant ce temps là, Froulay revenait avec un présent royal. Et suivit de près par Bouillon qui salua le Prince. Il était temps qu'il ait son cadeau, même Colbert avait eu le sien avant !
En cette période de fin d'année, doublée de guerre qui s'annonçait, Philippe attendait plus qu'une assiette ou un coffret, mais bel et bien une rente et un commandement. Ce qu'il obtint, son frère lui donnait enfin des responsabilités dans la guerre alors que cela faisait depuis la déclaration que Philippe lui demandait, le suppliait même et récoltait toujours d'un « je verrais » bien évasif de la part de son frère qui n'avait pas l'air de lui faire confiance. C'était chose faite, tout comme sa rente. Et en cadeau bonus, un magnifique plateau à l'effigie de son frère, magnifique. Lorsqu'il retourna vers Ferdinand, il donna le présent à ses mignons en levant les yeux au ciel.
Après les assiettes gracieusement offertes les années passées, voici le plateau. Je vais avoir un service entier à l'effigie du roi mon frère d'ici quelques années !
Reprenant un verre, il continua d'observer tout ce beau monde et rit tout seul avant de se pencher vers son ami Fou pour lui faire part d'un commentaire :
Avez vous le baron de Bonrepos qui est passé devant nous ? Tout à l'heure, il arborait une sculpturale perruque et à présent, il n'en a plus et traîne une odeur de brûlée. Croyez vous ce que je pense ? Oh quel imbécile tout de même ! J'aime ce genre d'événements rien que pour ces petits plaisirs !
Il n'en fallait pas beaucoup pour amuser le prince qui était bon public et grand moqueur !
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Sujet: Re: INTRIGUE : Nouvel An 1667 07.09.12 16:34
Manoir Lully
« - Monsieur, vous allez vous mettre en retard. Vous vous devez de paraître à ce bal ! C’est ce que votre charge incombe. Arrêtez de faire l’enfant et ouvrez-moi Monsieur !»
Voilà bien une heure et demie, si ce n’est plus, qu’André tentait de convaincre le maître des lieux d’ouvrir la porte de son bureau. Mais rien à faire, l’italien n’en faisait qu’à sa tête et restait obstinément cloîtré dans cette pièce. Il savait pertinemment qu’il devait se rendre à la soirée que Monsieur avait organisée pour fêter la Nouvelle Année, que sa position à la Cour l’obligeait à y paraître, mais depuis ce dîner chez ces marchands italiens pendant lequel il était tombé nez à nez avec Luigi et son horripilante fiancée, il ruminait son amertume jour après jour. Une pluie de coups s’abattit sur le panneau de bois qui servait de porte d’entrée et une flopée de remontrances lui tomba sur la tête.
« - Ascoltatemi bene Signore la testa di mula! Che cosa andate a dire a Signore ed al Re? Contano su voi, i vostri musicisti anche e voi date ragione a Luigi. Mostrategli che un fiorentino può molto bene estrarre ne senza un romano per trovate scarpa al suo piede. - E perché fare? Questo Colonna di disgrazia si pavoneggerà con la sua pessima donzella, fidarsi come un pavone! Non posso soffrire un altro colpo basso di questo genere. Lasciatemi in pace, non andrei. - Non mi obliga a fare esso... Signore, conto a tre... Uno, due...»
Soupirant de résignation, Lully finit par se lever et ouvrit la porte à André et sa femme qui était la seule à pouvoir lui faire entendre raison. Un sourire étira les lèvres du trio pendant que les deux hommes se dirigeaient vers les appartements du musicien et que la cuisinière marmonnait quelque chose en rejoignant ses fourneaux.
Galerie des Glaces
Vêtu d’un pourpoint blanc aux coutures et pierreries rouges pour porter fièrement les couleurs de sa ville natale, Jean-Baptiste fit son apparition dans la salle de bal. Relevant le menton d’un air fier, son premier réflexe fut de chercher son ancien amant comme il en avait l’habitude mais il n’aperçut que Bianca de Brabant à quelques mètres de la jeune sœur d’Eric de Froulay en compagnie du cadet des d’Artagnan qu’il salua d’un signe de tête. Avançant de son mieux au milieu de la foule, il finit par tomber sur Monsieur et Colbert qui venait de recevoir un cadeau. Le Surintendant ne put s’empêcher de sourire en voyant la scène qui se jouait sous ses yeux. Avançant encore d’un pas afin d’être dans leur champ de vision, il pencha son torse en avant afin de les saluer.
« - Je vois que cette nouvelle année semble apporter quelques bonnes résolutions à quelques-uns d’entre nous… Pardonnez-moi de vous arracher cette agréable compagnie qu’est Monsieur, vous m’en voyez sincèrement désolé Monsieur Colbert, mais j’ai moi-même un présent pour son Altesse, le florentin se tourna vers le jeune frère du Roi et lui adressa son plus beau sourire, Me feriez-vous l’honneur de m’accompagner Monsieur ? »
Thimoléon de Choisy
« s i . v e r s a i l l e s » Côté Coeur: Libre comme les cieux : il brûle comme l'enfer ! Côté Lit: Tous les anges et les démons de cette terre s'y étendent pour mon plus grand plaisir... Discours royal:
ANDROGYNE l'Allure stupéfiante.
► Âge : 23 ans
► Titre : Abbé de Saint-Seine - Comtesse des Barres - les yeux et les oreilles de la Cour...
► Missives : 382
► Date d'inscription : 02/08/2011
Sujet: Re: INTRIGUE : Nouvel An 1667 07.09.12 18:39
« Femme facile : femme dont le numéro commence par 3615. »
Temple du Goût
« Aaaah Lazarre ! râlait l’abbé de Choisy en s’agitant dans sa chasuble. Retire moi ça avant que les feux du ciel ne s’abattent sur ma tête ! ajouta-t-il d’un air presque dégouté.
En effet, il n’appréciait pas particulièrement de porter ses tenues ecclésiastiques, d’autant plus que ce soir était un grand soir ! Le Nouvel An ! Un soir de festivités débridés, de paillettes et de rires. Il n’était pas question qu’une personne telle que lui s’y rends…Heureusement qu’il y avait quelqu’un pour remédier à se fâcheux problème…
Prenant place devant son psyché, le bourgeois claqua nerveusement des doigts à l’intention de son valet nègre qui courait en tous sens pour sortir tout un tas de tenues du placard. Il en présenta à peine cinq sur le lit à baldaquin… Oui, juste cinq, rien que ce simple chiffre fit frémir l’homme de Dieu. C’était la crise dans les finances du jeune abbé. Joueur irrécupérable, il avait, pour la énième fois, presque tout perdu aux jeux de cartes. Il y excellait pourtant ! Mais le destin en avait décidé autrement… Et voilà notre précieux obligé de vendre un florilège de ses tenues favorites, des meubles, perruques et autres bijoux clinquants. Le cœur de Thimoléon agonisait rien qu’à la pensée de tout ce « vide » dans son hôtel particulier, et surtout sa garde-robe… A présent, il priait le Seigneur (oui, oui vous avez bien lu !) pour que tout rentre dans l’ordre. Après avoir choisi avec une conviction bancale une robe de taffetas prune que son amie Athénaïs lui avait offert pour son anniversaire, il se para d’une « simple » parrure de perles avant de compléter l’ensemble avec une perruque aux longues boucles auburn agrémentée de plumes blanches et mauves et du maquillage... Une fois, ses désirs à peu près satisfait : Olympe sourit enfin avec malice à son reflet. Qu’importe la disette, elle restait splendide !
« A nous de jouer, mon cher Lazarre », dit-elle en se levant de son siège avec énergie pour se rendre aux festivités.
Galerie des Glaces
Faisant son entrée sur les lieux de la fête, les yeux de la Comtesse des Barres s’illuminèrent d’étoiles en voyant apparaitre le Duc de Valois qui vint à sa rencontre, tout sourire, charmeur comme à son habitude.
« Bonsoir madame, ces lieux n’ont guère besoin du soleil que représente le roi, votre seule présence pourvoirait, à nous irradier tous. »
A ses mots, la jeune « femme » gloussait déjà comme un rossignol, en lui lançant des yeux de biche. Ces flatteries n’étaient guère discrètes mais Olympe ne pouvait s’en empêcher lorsqu’elle était en compagnie d’un si bel Adonis. Avec le Comte du Perche, elle parvenait à se contrôler…Mais avec Valois, c’était tout autre chose !
« Ooooh Monsieur ! s’exclama Olympe en sortant d’un coup de main habile son éventail pour calmer le feu de ses pommettes. N’en faites donc pas autant, voulez-vous donc me gâcher la surprise de mon cadeau de Noël ? »
Devant le regard interloqué de l’homme, elle gloussa de nouveau, mais d’amusement cette fois…Bien qu’il fallait admettre que Valois était tout à fait adorable… Si seulement il avait un peu moins de vêtements…
« Allons, allons, mon ami ! Pas de panique : je vous taquine ! » rit la Comtesse avec un sourire radieux.
Ce qui était certain c’est qu’Olympe avait le sens de la sociabilité et l’art de mettre tout le monde à l’aise… Elle espérait bien atteindre le cœur de ce bel homme ce soir, elle qui manquait cruellement d’amants ces temps-ci... Du coin de l’œil elle aperçut ses amis, Monsieur et Athénaïs, à qui elle réservait de précieux cadeaux… Mais elle allait d’abords profiter des gestes sensuels et des sourires mélodieux de Monsieur de Valois. La soirée venait à peine de commencer que la Comtesse s’amusait déjà à merveille !
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Sujet: Re: INTRIGUE : Nouvel An 1667 08.09.12 13:01
« Que les apparences soient belles car on ne juge que par elles. » Roger Bussy-Rabutin
...♠...
Personne n'avait eu vent du retour de Gisela à Versailles. Elle avait quitté la Suède dans la nuit et avait voyagé avec son fils durant toute la journée avant d'arriver enfin à destination, complètement épuisée. Christian s'était endormi sur ses genoux et lorsqu'on vint à sa rencontre, elle n'osa pas répondre de peur de le réveiller. L'enfant était si jeune, si petit et si fragile qu'elle comprit qu'il ne viendrait pas à la soirée avec elle. Elle laissa quelques domestiques prendre le jeune garçon pour l'emmener à sa chambre sans le réveiller tandis que d'autres emportait avec eux le présent qu'elle ramenait de Suède, de la part de son cousin couronné pour le roi Soleil. Il 'agissait d'une toile de dimensions assez impressionnantes que le roi Charles avait commandé auprès d'un artiste suédois et représentant un congrès de dieux grecs ou un quelconque autre rassemblement de personnes dénudées que Gisela n'appréciait guère. En emportant cette œuvre, elle s'était davantage demandée si le roi français ne prendrait pas ce présent comme une insulte tant la toile lui paraissait vilaine. Mais elle n'était pas une très grande amatrice d'art, alors elle s'était contentée de prendre avec elle le tableau et de rentrer. On la conduisit à ses appartements où sa robe avait été déjà préparée. Mais la princesse n'avait plus aucune envie de se rendre à la soirée, et encore moins dans cette robe. Avant, elle la pensait si originale et élégamment raffinée qu'elle ne se voyait pas participer à la soirée du Nouvel An sans elle. Mais à présent, elle ne voyait plus qu'une robe trop voyante et prétentieuse dont elle ne voulait plus … Elle s'installa devant sa coiffeuse et ne vit dans son miroir que le reflet d'une femme fatiguée au visage plus pâle que celui d'un cadavre. De toute évidence, elle ne pouvait pas se rendre à la Galerie avec un tel visage. Elle songea même qu'elle ne pouvait pas aller à la Galerie. Après tout, Édouard ne devait plus s'attendre à la voir entrer à présent que la soirée battait son plein. Peut-être songeait-il qu'elle ne viendrait pas, qu'elle était encore bloquée sur le chemin du retour ou qu'elle n'était même pas encore partie.
« Madame ? »
Gisela se retourna immédiatement pour voir qu'une domestique demeurait encore présente dans la pièce.
« Désirez-vous que je vous aide à vous préparer ? »
Hésitation. Se préparer impliquait de se rendre à la soirée et la princesse n'était pas sure de demeurer éveillée aussi longtemps. Pourtant, il lui semblait que manquer la soirée du Nouvel An serait, dés le lendemain, une source de regrets. Et quelques temps après, Gisela entrait dans la Galerie des Glaces, le visage poudré et vêtue d'une robe à corsage cintré de couleur rose pâle. Une parure discrète qui lui permettrait de se fondre dans la foule plutôt que de se faire remarquer comme à son habitude. Tout d'abord, elle chercha des yeux quelques visages familiers. Et Dieu sait qu'il y en avait ! Elle remarqua quelques unes de ses connaissances mais renonça finalement à venir à leur rencontre lorsqu'enfin, elle retrouva son époux parmi les autres invités. Ce ne fut qu'une question de temps avant de le rejoindre, lui qui était en pleine discussion avec une autre femme : Bianca, sa belle-sœur. Arrivée à leur niveau, elle les salua.
« Bonsoir Édouard … » puis à Bianca, elle adressa un sourire. « Bonsoir Bianca. Je vous prie de pardonner mon retard. »
...♠...
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Sujet: Re: INTRIGUE : Nouvel An 1667 09.09.12 21:33
Réalisant que gigoter des bras comme je venais de le faire n’était pas de convenance à la cour du Roi Soleil, je me sentis rougir de honte. En se dirigeant vers moi, Anne me fit à son tour de grands signes de la main, tout en arborant un sourire radieux. Arrivée près de moi, elle dit d’une voix haute « Ma chère Tala ! J’apprécie vraiment cette manière de dire bonjour ! Cela est si exotique ! Mais je vois que vous-même vous habituez aux habitudes françaises ! Le champagne est-il à votre goût ? »Je regardais mon verre, et acquiesçais. Sans prendre le temps d’écouter ma réponse, Anne interpella un valet qui vint sur-le-champ lui apporter une coupe de champagne. Je la contemplais sans dire un mot, la duchesse de Gallerande était vraiment une très belle femme. Sa grâce et sa prestance m’impressionnaient, elle représentait le genre de femme dont il eut fallut que je m’inspire. Mais je ne ressemblais en rien à une dame de cour, engoncée dans ma robe, prisonnière de mon corsage et de mes chaussures à talons. Je me sentais un peu mal à l’aise, surtout sous l’œil de vicieux des deux courtisanes postées derrière moi. Je ne savais comment me comporter ? Rester moi-même, « une indienne », ou tenter coûte que coûte de ressembler aux autres dames de la cour. Pour ce qui est du dernier choix, le chemin semblait encore long et semé d’embûche.
Tout en buvant notre champagne, nous échangeâmes quelques banalités, parlant tantôt du climat, tantôt des festivités qui avaient lieu en ce moment à Versailles. Puis après quelques minutes, je décidais de me lancer. Le moment d’offrir mon cadeau avait sonné. Je l’avais fabriqué moi-même, car dans ma tribu on offrait toujours nos propres créations. Mon présent n’aurait peut-être pas été du goût de tous, mais je savais que Anne l’apprécierait ; elle qui s’intéressait tant à ma culture. Je sortis donc de ma manche un petit sac de velours ou j’avais placé quelques feuilles de chêne et du sable ainsi qu’un peu de camomille, et le tend à mon amie. « J’ai pensé que vous aimeriez un cadeau utile et original à la fois, voici donc un présent qui le sera sans aucun doute ! C’est un petit sac ou j’ai placé quelques plantes qui selon la culture abénaquise ont pour but d’éloigner le mauvais sort et d’apporter paix et sérénité à celui qui le porte. » Sur ces mots je vis le visage de la marquise s’illuminer, elle semblait heureuse de mon cadeau. Quant à moi, j’étais soulagée qu’il lui ait plu. Elle me remerciât chaleureusement, et s’empressa d’ouvrir le sac pour en sentir le contenu. « Je suis ravie que le cadeau vous plaise, marquise. J’ai bien hésité avant de vous l’offrir, de peur que cela ne comble vos attentes… Je sais bien qu’il n’est pas coutume en France d’offrir ce genre de présent, mais sachez que dans ma culture il est symbole d’amitié et... » Sans même me laisser le temps de finir ma phrase, elle me prit par la main et m’emmena dans un coin plus tranquil de la pièce. Je la suivais sans rien dire…
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Sujet: Re: INTRIGUE : Nouvel An 1667 14.09.12 15:39
Enola of Dorset
Auld Lang Syne
CRÉDIT - CSS
Premier pas. Puis un autre. Puis un autre. Et encore un autre. Et peu à peu, on y parvient. Il suffit d’un peu de volonté. Le chemin peut être pénible, caillouteux, même traversé par les ronces et les épines, et parfois, on y est contraint d’y marcher pieds nus, s’égratignant, se blessant, mais tout en étant forcé d’ignorer la douleur. Au bout de ce sentier si pénible, il y avait cette lumière, si attirante, qui nous faisait venir à elle et qui atténuait la douleur. Mais le mal restait toujours aussi mordant, aussi dur, nous ôtait parfois ce que l’on avait de plus cher. Mais certaines personnes sont nées plus malchanceuses que d’autres. Car cette douce lumière, parfois, pouvait s’avérer être une mauvaise étoile. Et cette mauvaise étoile, à la lueur trompeuse, vous entraînait vers un tunnel sombre, plus noir que la noirceur la plus profonde, et qui vous engloutissait. À tout jamais. Mais la brillance qui faisait avancer Enola of Dorset ne pouvait être une mauvaise étoile. Impossible… pour elle en tout cas.
Il suffisait d'aller de l'avant.
Ce soir-là, la petite reine sans trône était bien déterminée à inaugurer l’année 1667 en beauté. Clara étant introuvable, elle était bien décidée à se passer de ses conseils, du moins pour un temps, le flirt avec Thibault tournant assez mal, étant donné que des fiançailles prochaines n’étaient pas du tout dans ses plans. Revêtue d’une robe en soie violette, à la longue traîne, les cheveux coiffés en une Sévigné assez simple, elle était tout simplement charmante, avec les petites boucles qui lui donnaient un air encore plus enfantin, voire même un peu mutin. Sachant que le Roi et d’autres personnalités haut placées y seraient, c’était le moment idéal pour passer à l’action… bien qu’elle n’avait absolument aucune idée pour s’y prendre. Entrant dans la Galerie des Glaces, toute illuminée pour l’occasion, elle regardait autour d’elle, tentant de voir des visages connus. Elle eut un léger froncement de sourcils en reconnaissant Christine, puis préféra l’éviter. Elle n’avait pas le cœur à l’amertume, ce soir-ci.
Elle parcourut à nouveau la salle du regard, un léger sourire aux lèvres. La soirée lui appartenait. C'était l'heure pour elle de briller. De laisser voir qui elle était vraiment. Elle était jeune. Elle avait tout son temps pour réaliser ses rêves. Ou ses obsessions? N'est-ce pas si représentatif des jeunes de toutes les époques, ambitieux, optimistes, rêveurs, utopistes, qui étaient ensuite brisés par la massue de la vieillesse.
Life is short. Don't waste it.
Cette phrase est omniprésente. Toujours. Que ce soit pour l'enfant qui n'a vécu quelques 7 secondes, jusqu'au patriarche qui a vécu 119 ans, 12 mois et 364 jours... Il fallait passer à l'action. Pas demain. Pas dans une minute. Maintenant.
D'un pas ferme, la tête haute, Enola of Dorset s'enfonça dans la foule.
Isabelle de Saint-Amand
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Sujet: Re: INTRIGUE : Nouvel An 1667 18.09.12 2:55
Trianon
Il fallait bien l’avouer, j’avais mis une éternité à choisir ma robe. Coquetterie féminine ? Ou tout simplement envie de faire enrager mon interlocuteur ? Allez savoir… Mais savoir Derek perdant patience dans le salon dont seulement une porte le séparait de moi m’amusait au plus haut point. On prend l’amusement ou on le trouve, ça n’a pas toujours besoin d’être intelligent. Et je devais bien avouer que ces derniers temps je n’avais pas vraiment eut du temps pour rire, bien au contraire. Pas plus que je n’avais de temps pour les petites crises de propriétés de celui qui était mon richissime amant du moment. Et encore, s’il avait été à peu près aimable, ça aurait pu être plus intéressant et plus agréable. Mais l’héritier du duché et futur électeur de Saxe ne me faisait hélas pas ce plaisir, hélas. Au contraire, monsieur se croyait tout permis. Ce qui en retour faisait que je me permettais de lui demander des « cadeaux » de plus en plus importants, ce qui déclenchait des réactions de propriétaires… Et cela continuait comme un cercle infernal. Un cercle très vicieux qui semblait bien nous plaire, pour le moment. Mais plus le temps passait et plus je commençais à me dire que Derek et moi, c’était de moins en moins supportable. J’avais besoin d’air.
Mais cela ne m’empêchait pas de mettre la plus belle robe possible, et ce n’était pas autant pour lui que pour moi. J’adorais en mettre plein la vue. Celle que j’avais choisie ce soir était d’un magnifique dégradé d’orange et de rouge. Flamboyante. D’autant plus visible que l’opposé total d’avec la couleur de mes yeux les rendait encore plus visibles. Pour mes cheveux, j’avais laissé les doigts experts d’Antoinette faire ce qu’ils avaient à faire, et de même pour le maquillage. Pour les bijoux, j’avais choisis un collier offert par Derek, autant lui montrer que je savais en faire bon usage, et dont le rubis centrale était presque de la même teinte que ma robe. Il fallait bien que tout soit parfait. Mais en regardant l’heure tourner, je me doutais bien que monseigneur commençait à s’impatienter de l’autre côté de la porte. Aussi m’amusai-je à réellement prendre mon temps. La soirée allait de toute façon être plutôt désagréable. Alors pourquoi s’y précipiter ? Je n’étais pas du genre à poser la tête moi-même sur le gibet. Hélas il allait bien falloir entrer dans la fausse aux lions…
- Il m’est bien égal , Isabelle, que vous soyez aux bras d’un autre de vos amants, mais pour l’amour de Dieu, mettez le dans un placard et sortez de là – habillée de préférence- ou bien vous pourrez dire adieu à ce cadeau qui m’a coûté les yeux de la tête ! Vous savez pertinemment que je déteste attendre !
Devant mon mutisme, Antoinette se crut obligée d’insister :
-Madame…
-Je sais, Antoinette, je l’ai entendue. Laisse-le s’égosiller, cela ne le rendra pas plus aimable hélas.
Bien sûr que je savais qu’il détestait attendre. Et j’adorais le faire enrager. Pourtant, je finis par me lever, et enfilais la capeline que ma femme de chambre me tendait, avant d’entrer dans le petit salon. Derek, sur la causeuse, semblait au bord de l’explosion.
-C’est à croire que vous vous êtes mise en devoir de rivaliser avec Monsieur dans votre toilette ! Je préfère de loin quand vous vous mettez à nu devant moi, l’attente est moins longue.
-Cela a au moins l’avantage de vous faire taire, rétorquai-je en enfilant mes gants, avant de rabattre la capuche sur ma tête.
Sans vraiment l’attendre, je me dirigeais vers la porte d’entrée de l’appartement et l’ouvris moi-même.
-Eh bien, vous venez ? Cela fait au moins une demi heure que vous me rabattez les oreilles avec mon retard, et c’est vous qui restez là. Le roi n’attend pas…
Et il y aurait du beau monde ce soir, c’était certains.
Galerie des Glaces
Evidement, tout le monde était là… Après avoir laissé ma cape à l’entrée, je pris le bras de Derek, offrant un sourire de circonstance aux gens que je connaissais, jouant de mon éventail.
-Etes-vous satisfait ? Nous ne sommes pas si en retard que ça…
Marie-Thérèse d'Autriche
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Sujet: Re: INTRIGUE : Nouvel An 1667 18.09.12 3:31
Marie-Thérèse se sentait épuisée. La fin de sa grossesse la mettait à rude épreuve. Ce n’était pas la première fois – et elle espérait que ce n’était pas la dernière – qu’elle tombait enceinte, et elle avait déjà eut ce sentiment. L’accouchement était proche, très proche. Aussi aurait-elle voulut garder la chambre pour les jours à venir mais hélas, c’était impossible. Ce soir était la soirée de Nouvel An du roi, et elle ne pouvait pas se permettre d’être absente, quel que soit son état. Aussi avait-elle fait un effort surhumain, dans une jolie robe d’un bleu pâle, rappelant celui de ses yeux, ses cheveux coiffés à la dernière mode mais avec la modestie qui la caractérisait. Le fard disposé sur ses joues visait à dissimuler sa fatigue autant qu’à l’embellir. Si cela n’avait tenu qu’à elle… Mais cela ne pouvait pas tenir qu’à elle. Elle était reine de France, et ce rôle, elle y avait été préparée toute sa vie. Faisant un signe de croix à l’intention du petit crucifix qui surplombait sa coiffeuse, elle pria Dieu de lui donner la force de supporter cette soirée, et surtout, surtout, de ne pas accoucher ce soir. Ca serait du plus mauvais effet !
Une autre raison pour laquelle Marie-Thérèse n’avait pas envie de se montrer ce soir, alors que cela aurait dut lui donner un peu plus de mordant, était le retour de la maîtresse royale. La souveraine ne s’était pas vraiment intéressée au sort de cette femme qu’elle n’estimait guère, mais avec qui elle restait polie. Jalouse ? Sans aucun doute. Après tout, c’était avec son mari que Madame de Leeds passait ses nuits et cela ne l’enchantait pas vraiment, même si Louis finissait toujours la nuit dans son lit, au final. Un instant, Marie-Thérèse faillit renoncer, avant de se reprendre. Leeds était ce qu’elle était, mais elle, était reine de France, fille du roi d’Espagne. Elle se mordit la lèvre pour s’en persuader, avant de réussir à se lever, chose plutôt difficile vu la taille de son ventre. Elle aurait aimé embrasser le petit Louis, le Dauphin, avant de se rendre auprès de son époux, mais l’enfant devait déjà dormir surement. Elle baissa les yeux. Demain… Sa femme de chambre finit d’attacher la rivière de diamant autour de son cou, ainsi que les boucles d’oreilles assorties, et Marie-Thérèse s’examina d’un œil critique dans le miroir. Pas si mal, pour une reine enceinte jusqu’aux yeux. Elle n’avait qu’une hâte, récupérer sa taille de guêpe. De Bagnes la tira de ses tristes pensées en passant la tête par la porte entrebâillée :
-Pardonnez-moi, votre altesse, mais il est temps d’y aller! Votre majesté ne peut faire attendre le roi et l’heure tourne!
-Je suis prête, répondis la jeune reine avec son accent espagnol dont décidément, contrairement à sa tante avant elle, elle n’arrivait pas à se débarrasser.
Mais le ton ne semblait pas convainquant, ce qui poussa le prêtre à venir plus avant :
-Votre majesté se doit de paraître à ces festivités. Le peuple vous aime et serait inquiet de ne pas vous savoir présente. Et votre majesté sait que je connais assez le peuple pour que ces paroles ne soient pas vaines.
Mais avant que la souveraine ait eut le temps de répondre, une de ses dames de compagnie intervint :
-Mon père, vous ne voyez pas que sa majesté souffre de fatigue? Il y a bien plus important que ces fanfreluches de la nouvelle année…
-Le devoir royal, madame. Allons majesté, je vous assure que je resterai à vos côtés pour qu’aucune force maléfique ne vienne troubler cet enfant. La duchesse de Leeds ne viendra pas étaler son retour devant vous…
Marie-Thérèse grimaça légèrement à l’entente de ce nom. Puisqu’il le fallait… Jean de Bagnes avait raison, hélas. Et chacun dans la maison de la reine pouvait constater avec facilité qu’il avait de plus en plus d’influence sur la fragile infante d’Espagne.
-Puisqu’il le faut, fut la simple réponse de la souveraine, avant de se mettre en marche vers sa corvée du soir.
-Il ne s’agira que de l’affaire d’une petite heure, votre majesté. Mais dites-moi le père confesseur est-il donc bien malade? Je suis inquiet pour sa santé....c’est bien sûr un grand honneur pour moi de vous accompagner, mais s’il s’avérait que sa santé doive décliner, des mesures seraient à prendre, vous ne pouvez rester sans un tel soutien à Versailles... Le père de Joigny et moi restons bien sûr à disposition de votre majesté pour tout conseil en ce sens. Vous connaissez nos positions.
Marie-Thérèse haussa les yeux au ciel. Toujours les mêmes rengaines… Cela commençait à la fatiguer. Elle n’avait jamais été fine tacticienne politique mais n’était pas sotte au point de ne pas savoir où ces messieurs voulaient en venir, hélas. Aussi répondit-elle simplement par une pirouette :
-Plus tard, monsieur, plus tard. Ce n’est vraiment pas le moment d’aborder le sujet. Après la naissance du prince, peut être…
Etre évasive était le meilleur moyen de gagner du temps. A la vérité, elle aurait donné beaucoup pour avoir un autre homme à la place de confesseur que celui qu’elle avait en ce moment et qui la terrifiait, lui rappelant par trop les prêtres espagnols de son enfance. Mais la vérité était tout simplement qu’elle n’avait pas la tête à ces histoires. Enfin, ils parvinrent à la galerie des glaces :
-Je serais présent si sa majesté le souhaite.
-Ne vous éloignez pas, souffla la jeune femme, avant de s’avancer vers son royal époux.
La révérence qu’elle lui fit fut très approximative, vu son état, mais elle doutait qu’il lui en tienne rigueur.
- Madame, vous voilà bien en beauté pour cette nouvelle année que nous souhaitons des plus fastueuses.
-Je remercie votre Majesté pour son compliment.
Et ce fut tout. A vrai dire ils échangeaient rarement plus de mots. Ils entrèrent dans la Galerie des Glaces et Marie-Thérèse offrit un sourire de circonstance à l’assemblé. Que faire d’autre ? A peine assise, elle fit signe à De Bagnes de se rapprocher.
-Rendez-moi cette soirée un peu plus supportable, mon père, vous me serez d’une grande aide.
Un frisson la parcourus. Cette galerie était peut être magnifique, mais elle ne l’empêchait pas de mourir de froid en ce premier janvier.
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Sujet: Re: INTRIGUE : Nouvel An 1667 18.09.12 12:24
HÔTEL DE BOURGOGNE
- Je vous en prie, monsieur, permettez-moi de vous accompagner, suppliait Éris en s'accrochant aux fanfreluches que Racine avait revêtues pour l'occasion et dans lesquelles il se sentait si peu à l'aise. Ce qui ne l'empêchait pas de bomber le torse et de lever le menton, fier d'avoir l'air d'un vrai homme de cour. Le dramaturge eut le malheur de ne pas répondre « non » tout de suite. A vrai dire, Jean Racine n'avait aucune envie que sa petite protégée l'accompagne lors de la fête du nouvel an, surtout au vu de ce qui s'était passé lors de la dernière sortie de la jeune fille à Versailles – journée maudite par excellence. Mais Jean Racine était faible et il n'eut qu'à croiser le regard plein d'espoir d’Éris pour céder. - Très bien, très bien, lâcha-t-il à contrecœur, même si une part de lui-même se réjouissait à l'idée qu'elle veuille passer la soirée avec lui. Grand naïf ! La demoiselle poussa un glapissement de joie et disparut à toute allure afin d'aller se préparer, arrachant un soupir à Racine qui ne put s'empêcher de lever les yeux au ciel. Et voilà, lui qui espérait ne pas se faire remarquer... Ils allaient commencer par arriver en retard.
GALERIE DES GLACES, VERSAILLES
La galerie était bondée au moment où arrivèrent Racine et la jeune fille, d'une beauté à couper le souffle dans cette robe pourtant fort simple par rapport à celles que portaient ces riches comtesses ou marquises – le dramaturge n'avait jamais été très objectif la concernant de toute façon. Tout ce beau monde s'amusait déjà, le roi distribuait ses cadeaux et Racine se prit à espérer qu'il l'oublie, sachant fort bien, le genre d'objets qu'offrait Louis XIV à ses invités. Étrangement, voir des personnes aller à droite et à gauche en discutant gaiement le rendit morose. Il n'attendait rien de cette soirée. Le roi avait choisi de ne pas lui renouveler sa confiance en lui demandant la représentation d'une de ses pièces, ce que l'on pouvait comprendre mais il en fallait peu pour vexer le jeune homme. Il aurait préféré se trouver à des kilomètres, poursuivre l'écriture de sa pièce Andromaque qu'il espérait monter assez vite – les vers avaient recommencé à chanter dans son esprit – et ne pas se retrouver ici comme une simple pièce rapportée. Ses connaissances vinrent le saluer, Colbert l'un de ses protecteurs en premier lieu, lequel l'amena devant une Madame toujours aussi furieuse contre son dramaturge mais qui n'en laissa rien paraître. Racine dut ensuite saluer le toujours si sérieux Boileau, son camarade au collège d'Harcourt puis son rival détesté, Corneille, dont les amis aimaient à se moquer de ses pièces. Il entraperçut également Molière quelques pas plus loin, plongé en une discussion animée et Racine, pensant que l'on avait demandé à ce théâtreux de pacotille de faire l'animation pour la soirée, prit à cœur de l'éviter soigneusement. Pas question de supporter les fanfaronnades de ce raté.
Toutefois, lorsque lui et Éris finirent par tomber sur la représentation de la fête, il s'aperçut qu'elle n'avait strictement rien à voir avec une bouffonnerie de Molière. - Qu'est-ce donc que cela ? Demanda Racine sans cacher sa perplexité devant des ombres projetées sur une toile blanche qui semblaient amuser les quelques personnes – sans nul doute déjà bien éméchées, il n'y avait pas d'autre explication – qui les observaient bouger. - Des ombres chinoises, répondit une voix laconique (et bien connue) à ses côtés. Maryse d'Armentières et Racine échangèrent un regard qui en disait long. Il avait fallu attendre ces fameuses ombres chinoises pour que ces deux-là soient d'accord, un jour à marquer d'une croix blanche ! - Mais c'est absolument..., souffla le dramaturge, ébahi. - Ridicule ? Compléta la princesse. Voilà qui avait parfaitement résumé les pensées du dramaturge. Il salua le couple Calenberg (Matthias cachait mal sa satisfaction de voir son épouse et son ami se parler sans se battre) puis s'éloigna toujours en compagnie d’Éris. Dire qu'on avait décidé de le remplacer par... ça ! Il lui faudrait en toucher deux mots à Colbert, ce n'était pas avec deux marionnettes que la renommée de la cour de France allait franchir les frontières ! Toujours plongé dans ses reproches intérieurs, il vit à peine arriver la jolie Sofia di Parma.
- Oh vous avez amené notre Eris, que vous êtes jolie mademoiselle ! Et vous monsieur, élégant mais l'air peu inspiré par cette soirée. Ce fut cette voix qui le tira de ses pensées et pour la première fois depuis le début de la soirée, Racine eut un sourire sincère pour son amie à laquelle il portait une affection de grand frère. - C'est que, jusqu'à votre vue, nous nous ennuyions à mourir, n'est-ce pas Éris ? Répliqua le dramaturge d'un ton brusquement léger puis redevenant sérieux, il poursuivit : avez-vous ces nouvelles ombres... Il allait cracher sur ce qu'il venait de voir mais une toute autre voix, bien plus charmeuse et teintée d'accent italien l'interrompit : - Bonsoir signora. Il me semble que nous nous sommes déjà croisés… Je me trompe ? Vous êtes ravissante : j’espère que vous accepterez de m’accorder une danse…ou plus… en votre compagnie… Racine faillit s'étouffer devant tant d'impolitesse et Sofia, à ses côtés, parut tendue. Qui était cet homme qui n'avait que faire du chaperon d'une jeune fille ? Mais ce qui faisait le plus mal à Racine, c'était le regard qu'Eris accordait à son interlocuteur. Elle semblait avoir oublié tout ce qui l'entourait... Et lui par la même occasion. - Monsieur, intervint Racine d'un ton furieux, où sont donc vos bonnes manières ? Ne vous a-t-on jamais appris que... Ce fut Bouillon qui interrompit la scène surréaliste d'un gueux cherchant à apprendre le respect à un prince vénitien. Il venait chercher le dramaturge que le roi réclamait à ses côtés. Contraint de s'éloigner, Racine lança un regard furibond à Francesco puis se tourna vers Sofia pour lui réclamer de défendre bec et ongles la petite Éris, bien incapable de résister au charme du Vénitien avant de partir à grands pas – le roi n'attendait pas.
Spoiler:
Post nul mais au moins, c'est fait
Philippe d'Artagnan
« s i . v e r s a i l l e s » Côté Coeur: Après avoir souffert ces dernières années, ma belle Elodie le remet en marche ♥ Côté Lit: Je suis fidèle à l'amour et à un seul être. Et je l'attendrais. Discours royal:
Ҩ PRINCE CHARMANT Ҩ Je te promets la clé des secrets de mon âme
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► Titre : Duc de Gascogne
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Sujet: Re: INTRIGUE : Nouvel An 1667 22.09.12 11:09
GALERIE DES GLACES
« Et ce sans que personne ne me connaisse... Cela dit, ce n’est pas bien difficile. Mets-toi en faction à n’importe quelle porte de ce château et tu en apprendras plus en une journée qu’en dix ans. Certains devraient apprendre à ne pas considérer les gardes comme des meubles. » « Tu serais une bonne espionne avec une technique aussi imparable. » répondit-il, mi-amusé mi-sérieux.
Après tout, Élodie n'avait pas tort, les gens ne faisaient pas attention aux domestiques ni au petit personnel, à croire que les nobles les croyaient trop stupides ou tous muets. A moins d'embaucher une aveugle et un muet, comme l'avait fait son père ! Enfin, il ne fallait pas qu'il pense à ses affaires familiales ce soir et se concentre sur la fête, en commençant par proposer à sa cavalière du soir à danser. Qu'elle était belle quand ses joues rougissaient de la sorte. Mais avant de danser, il fallait fuir quelques personnes.
« Pas ici ! Je vois mon cousin là-bas, et s’il nous voyait, il serait capable de venir poser des questions ! »
Philippe tourna la tête pour voir ledit cousin et la suivit dans le salon d'à côté où ils seraient plus tranquilles, du moins il l'espérait, tout en écoutant Élodie d'une oreille attentive, et rire franchement quand elle raconta sa rencontre avec le plus grand ami du roi dans une taverne.
SALON DE LA GUERRE
« Mais pour te répondre, je crois ne pas être totalement incapable de danser... Alors oui, cher duc, je vous accorde cette danse ! » « Quel honneur, mademoiselle ! »
Elle réussissait à lui arracher un large sourire, chose qui n'arrivait plus si souvent ces derniers temps, cela faisait du bien de lâcher prise. Et quel plaisir d'emmener Élodie à la Cour, Philippe savait que cela n'arriverait pas tout le temps alors il fallait en profiter, comme personne ne semblait se soucier de leur présence. Enfin, cela était mal jugé la Cour car à peine la danse terminée, le duc de Gascogne se trouva face à la duchesse de Longueville, personnalité connue de la Cour mais dont il n'avait pas le plaisir de faire la conversation. Cela ne sentait pas bon avec ce ton trop enjoué.
« Mademoiselle la duchesse. » salua poliment la jeune femme.
Mais déjà Gabrielle s'était tournée vers Élodie qui semblait attiser sa curiosité. Trop de questions n'étaient jamais bon signe et si d'Artagnan avait une sainte horreur du mensonge, il devait bien faire quelque chose, surtout en voyant hésiter la jeune femme à ses côtés un instant de trop. Tant pis, il prit la parole.
« Je suis bien impoli de ne pas vous présenter mademoiselle de Froulay, la cousine du comte de Froulay et sœur d'un bon ami à moi. Les deux ayant des obligations, je me suis proposé pour être le chaperon de mademoiselle qui ne vient que très rarement à la Cour. Il sourit doucement à la duchesse avant de reprendre. Je suis désolé de ne point cacher de fiancée sur mes terres mais je garderais ce petit trait, il plaira sans doute à quelques uns ici. »
Pour un homme qui n'aimait pas mentir, il se sentait presque à l'aise. Il espérait qu'Elodie s'en sortirait aussi bien. Après tout, en tant que mousquetaire, elle devait savoir retomber sur ses pattes.
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Sujet: Re: INTRIGUE : Nouvel An 1667 22.09.12 19:54
Nouvel An le roi et la Cour - plus particulièrement, Charles et Elisabeth
« Calmez votre hâte, madame » répondit Charles en lui souriant. « Ne pensez-vous pas aussi que l’impuissance de l’épouse de Monsieur entre en jeu dans cette partie d’échec ? Monsieur ne fait que chercher d’agréables plaisirs loin de ce lit conjugal qui doit lui faire horreur. » Charles esquissa un demi-sourire. Combien ce qu’il venait de dire s’appliquait à lui-même… Son épouse passait la plupart de ses nuits dans les bras d’un marquis et lui-même vaquait à ses occupations, toujours en charmante compagnie. Et Charles ne s’en cachait pas, il aimait autant les femmes que les hommes. Aussi répréhensible par l’Eglise que fût un tel sentiment, il n’en avait jamais eu honte. Et contredire ses règles de vie pour se bien faire voir de la duchesse d’Alençon n’était pas dans ses intentions. Le prince s’ennuyait sûrement sous les draps, pour aller voir ailleurs, sous ceux d’un autre. Et Charles ne pouvait l’en blâmer. C’était Lorraine, qu’il haïssait. Et rien que cette profonde haine pouvait l’unir à cette ennemie bigote et sotte qu’était l’abbesse de Remiremont. Quel gâchis… Elle était bien jeune et bien trop belle pour se laisser faner de la sorte !
« En ce qui concerne monsieur de Lorraine, je crois comprendre que mon avis rejoins le votre sur tous les points. J’exècre cet homme et je pense avoir bien vu qu’il en était de même pour vous, duchesse. » Charles manqua éclater d’un rire moqueur lorsqu’elle fit remarquer le manque de sang moral et religieux de la célébration du Nouvel An. Il hésita à lui faire remarquer que c’était le moyen pour le roi et tous les courtisans parfumés, amidonnés et emplumés de faire montre de leur puissance et de leur richesse. Lui-même, vêtu de brocart et de fin tissus cachait difficilement l’infériorité de son rang quant à la plupart des invités présents. Chevalier… Charles était tout en bas de l’échelle nobiliaire. Mais sa fortune – enfin, celle de Gabrielle pour être exact – lui permettait de se hisser au niveau des grands ducs de la Cour.
« Vous piquez mon intérêt, madame » répondit Charles à la question de la duchesse. Un sourire sadique se dessina sur sa bouche et il continua. « Vous avez toute mon attention, s’il s’agit d’ourdir un complot contre cet homme » fit-il en se penchant vers elle pour ne pas attirer les oreilles indiscrètes. Et Dieu seul savait combien d’oreilles comptaient les murs et vastes salles de Versailles !
Dernière édition par Charles C. de Terrollet le 30.09.12 16:50, édité 1 fois
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Sujet: Re: INTRIGUE : Nouvel An 1667 23.09.12 16:45
Bonté divine ! S’affubler d’une épouse était déjà pénible en soit quand les penchants du chevalier se tournaient vers les hommes. Mais avec cette fiancée, Philippe était loin de se sentir gâté. On lui avait dépeint une femme aux humeurs changeantes, vivre avec elle ne serait pas une sinécure de chaque instant. Malheureusement ce n’était pas tout, parce comme l'affirme le proverbe, un malheur ne vient jamais seul. Le ciel aurait pu lui faire la charité de lui donner une marquise docile, mais c'était trop demandé. Insolente, dérangeante et dérangée leur couple ferait rire derrière les éventails. Dire que maintenant il devait se pavaner avec elle, Lorraine galant jusqu’à la racine des cheveux se transformait en un profond goujat au contact de la Christine. L’agacement de l’attente faite exprès et ce titillement d’excuses plates le sauvegardaient de sa conscience.
- Je fais peut-être erreur, mais il me revient en mémoire que l’horloge que j’aie vue chez vous fonctionnait pourtant très bien. Vile pendule, le froid en aura gelé les rouages !
Le pensait-elle aussi stupide ? Un sourire constipé de sa part dut lui prouver le contraire. Prodigieusement excédé, il prit sa main pour la faire avancer dans la galerie des glaces. Quand le rideau de fin tomberait sur cette plaisanterie, il serait le plus heureux des hommes. Il voulait encore se sentir libre avant que son père ne lui passe la corde au cou. 1667 serait l’année de son mariage, c’était convenu, mais même le Seigneur tout puissant ne lui dicterait pas ces faits et gestes pour le jour de l’an. Ce n’était qu’une question de minutes avant qu’il ne se débarrasse de Christine et qu’ils s’en portent le mieux du monde l’un comme l’autre.
« N’ayez crainte, monsieur, je serai bien la dernière à vous retenir. Vos... compagnons m’en voudraient trop pour que je prenne ce risque. »
Le regard appuyé de Listenois fut foudroyé par celui devenu noir de Lorraine. Quelle mauvaise idée que celle de lui rappeler si peu élégamment que sa sexualité typique ne lui avait pas échappé.
« Bien, alors soyons brefs, monsieur. Que voulez-vous ? Que nous paradions dix minutes en jouant aux fiancés avant de pouvoir profiter de la soirée chacun de notre côté ? »
Dès que ça concernait leur éloignement, Lorraine constata qu’ils accordaient très bien leurs violons. Leur franchise réciproque les sauverait qui sait, d’un assassinat conjugal un jour.
- Votre vivacité d’esprit m’enchante mademoiselle. Vous lisez en moi comme dans un livre ouvert, mon père sera ravi de cette complicité naissante entre nous, je ne manquerai pas de le lui faire savoir.
Le chevalier n’était pas impatient à l’idée de lui passer l’alliance au doigt mais pour Christine c’était un euphémisme. L’allusion au père et ce rappel de leurs noces n’étaient pas innocents.
- Voilà votre présent, ouvrez le dès maintenant avant notre petite parade.
Il lui avait lancé le paquet comme les enfants des rues échangent une balle. A l’intérieur, il y avait le cadeau le plus cynique qu’on puisse imaginer. Un baume à appliquer sur les tempes et qui calmait les humeurs féminines lors de leur période menstruelle.
- Je voulais vous prouver à quel point votre santé m’est chère. Ah et bonne année bien sûr.
La pomme d’Adam du malheureux s’écorchait déjà mais c’était bientôt fini, il fallait tenir bon jusqu’au bout.
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Sujet: Re: INTRIGUE : Nouvel An 1667 23.09.12 17:26
Si Helle était soulagée de l’absence d’animosité d’Ulrich à son égard ? Bien entendu. Il commençait à s’éloigner, le temps où elle redoutait ses colères aussi rares que terrifiantes, et elle commençait à croire que finalement une véritable entente était possible. Ils ne s’étaient retrouvés que depuis quelques jours et pourtant ne faisaient pas partie de ces couples qui s’ignorent royalement ou font montre à l’égard l’un de l’autre d’une terrible froideur. C’aurait pu être le cas ; mais fut-ce par affinité ou même uniquement pour Ellen, il ne faisait aucun doute que les Sola communiquaient, et même, curieusement, qu’ils commençaient à s’entendre. Jamais Helle n’aurait accepté le bras d’un homme qu’elle aurait abhorré, quand à Ulrich, il était aisé de comprendre que s’il détestait quelqu’un, il ne serait pas difficile pour lui de le lui faire sentir. Ils étaient loin d’être cordiaux et encore moins affectueux mais au moins… Ils semblaient s’entendre. Et c’était bien plus que tout ce que Helle avait espéré en venant à Versailles. Peut-être qu’un divorce ne serait pas nécessaire, finalement.
« Une allergie que je partage, madame. Allons plutôt chercher la princesse dans les salons, nous nous en porterons mieux. »
Certes, leur entente relative se basait surtout pour le moment sur une détestation commune des membres de la famille d’Ulrich, mais c’était un début comme un autre. Helle acquiesça et le laissa l’entraîner dans le salon suivant, sans même jeter un dernier regard au duo qui était maintenant dans leur dos. Plus loin ils se trouveraient, mieux elle se porterait. Le prince Edouard l’avait déçue, elle n’avait aucune envie de se retrouver face à lui de sitôt.
GALERIE DES GLACES.
Aussitôt qu’ils ne furent plus dans la même que les danois honnis, Helle se sentit mieux respirer. Décidément, aurait-elle développé une réelle aversion physique pour ces êtres-là ? Le sujet méritait d’être étudié. Elle demanderait son avis au duc de Sudermanie, lui que toutes les bizarreries intéressaient… Le couple danois louvoya dans la foule qui s’était empressée de venir assister aux festivités, quand Ulrich lui désigna une silhouette devant eux.
« La voilà, mais fort occupée. Voulez-vous que nous la laissions régler ses comptes avec l’ambassadeur ? »
Helle ne put retenir un sourire franchement amusé à la vue de Sofia avec Contarini. Elle se souvenait fort bien de sa propre rencontre avec le personnage à cette drôle de fête chez le duc de Longueville, souvenir mémorable s’il en était… Sans compter les nombreux récits que Sofia lui en avait fait. Elle ne ut donc qu’opiner :
« Si nous ne voulons pas nous retrouver malgré nous entre feux croisés, retournons la voir plus tard en effet. » se contenta-t-elle de commenter juste avant de voir une tornade rousse d’avancer vers eux. - Madame de Sola, c'est un plaisir ! s’exclama Eléonore Sobieska qu’Helle ne s’attendait pas à voir ici, je me suis fort ennuyée depuis notre dernier entretien ! Je sais que vous vous complaisez dans l'écriture épistolaire mais j'ai besoin de bouger quant à moi et l'arrêt de la chasse est la chose la plus triste de l'hiver. « Je suis terriblement navrée de l’apprendre, Frau Sobieska. Vous auriez dû venir me rendre visite, nous aurions fait seller les chevaux pour aller faire de longues promenades, la campagne est si belle en cette saison ! A condition que le froid et la neige ne vous incommodent pas bien entendu. » répondit Helle avec un sourire non moins aimable. Mais malgré la bonne humeur dont elle faisait preuve face à la polonaise, elle n’oubliait pas la méfiance qu’instinctivement elle lui inspirait. Cette « veuve noire » qui avait parcouru l’Europe et avait été mêlée à toutes les affaires louches possibles lui paraissait trop enthousiaste et sympathique pour être honnête, surtout depuis qu’elle l’avait vue en train de parler avec le princesse du Danemark…
« Oh, mais je manque à tous mes devoirs. Frau Sobieska permettez-moi de vous présenter Herr Viktor, comte de Vejle. Il vient lui aussi du Danemark, c’est un vieil ami de la famille. » enchaîna-t-elle en désignant Ulrich. Le choix de le présenter sous un autre nom et surtout un autre « titre » n’avait rien d’innocent : il lui avait spécifié lui-même qu’il désirait rester le plus discret possible, et puis… Si Eléonore fricotait avec les danois, il valait mieux qu’elle ne sache pas son identité. « C’est un amateur de chasse, comme vous. Vous devriez pouvoir échanger bien des anecdotes à ce sujet, n’est-ce pas Viktor ? »
Sofia Farnèse
« s i . v e r s a i l l e s » Côté Coeur: Je l'ai fermé par sa faute. Seul lui pourrait le rouvrir un jour ... Côté Lit: Je ne suis pas de celles qui se couchent pour un sourire. A peine pour un diamant, mais souvent pour la passion. Discours royal:
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Sujet: Re: INTRIGUE : Nouvel An 1667 23.09.12 19:30
GALERIE DES GLACES
Tout ce beau monde qui étincelait de beauté, seul Versailles savait le faire ! Et certaines cours italiennes, Sofia ne pouvait qu'approuver mais la Cour de France avait quelque chose de plus, un je-ne-sais-quoi qui en donnait plein la vue. Enfin, si on enlevait le spectacle du soir avec ces affreuses ombres chinoises. Mais quelle idée de mettre ce genre de divertissement, là était le seul point décevant, il fallait en parler à un homme de goût. Et justement voici Racine, accompagné d'Eris dans une jolie robe, qui se trouvait non loin de là. Sûr qu'il aurait de quoi dire sur ces choses qui n'avait pas grand chose à voir avec la fête !
C'est que, jusqu'à votre vue, nous nous ennuyions à mourir, n'est-ce pas Éris ? « Que vous êtes flatteur ! » « Avez-vous ces nouvelles ombres... »
L'italienne allait pouvoir donc cracher sur ces stupides ombres que le dramaturge avait lui aussi remarqué cela mais il fut coupé par une personne que Sofia n'avait, pour une fois, pas vu arriver mais dont la voix était semblable entre mille.
« Bonsoir signora. Il me semble que nous nous sommes déjà croisés… Je me trompe ? Vous êtes ravissante : j’espère que vous accepterez de m’accorder une danse…ou plus… en votre compagnie… »
Sofia se raidit et fut outrée du manque de politesse de la part de l'ambassadeur italien. Non seulement il coupait la conversation nette mais en plus il se permettait de faire du charme à Éris devant ses chaperons, sans d'ailleurs les saluer. Racine voulut remettre à sa place mais n'eut pas le temps, c'est exactement à ce moment-ci que le duc de Bouillon, grand Chambellan du roi, vint demander à Racine de le suivre car le roi le demandait. C'était bien le moment de donner des cadeaux, tiens ! Et Éris qui regardait le vénitien comme s'il était un dieu vivant, c'était intolérable.
« La politesse, monsieur, serait de saluer tout le monde, on ne sélectionne pas les saluts, nous ne sommes pas des animaux. Elle tentait d'être polie mais son ton restait sec et il lui était pas possible de sourire sans moquerie. Mademoiselle n'est pas là pour danser avec des individus de votre espèce. »
Il était difficile de se contenir face à Francesco mais la princesse ne devait pas s'en débarrasser de suite, il fallait le retenir encore quelques instants, le temps de lui trouver un verre et mettre le poison en toute discrétion. Mais apparemment, il n'allait pas s'en aller de suite alors elle aurait largement le temps de mener à bien sa petite vengeance. Elle chercha Helle dans la foule, besoin d'une complice mais elle n'était pas là, tant pis, elle devra faire la conversation avec Francesco.
« Vous n'avez pas trouvé de greluches à mettre à votre bras ? Regardez, mademoiselle de Listenois préfère être au bras du favori de Monsieur, au risque de sa vie, cela veut tout dire. »
Elle eut un petit sourire tout en le regardant et croqua dans un délicieux macaron. Vite, que Racine revienne et qu'elle se débarrasse de ce gêneur !
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Sujet: Re: INTRIGUE : Nouvel An 1667 23.09.12 20:31
Galerie des Glaces
Louis n’était en rien vaniteux, mais il avait ses petites fiertés et outre sa femme, ses enfants et Bianca, Athénaïs en faisait partie. Quelles que pouvaient être leurs disputes, il se plaisait toujours à la voir, elle et son humeur aussi flamboyante que sa chevelure. La jeune femme qu’était devenue la petite Françoise semblait parfois venue d’une de ces lointaines contrées qu’il n’avait encore visité ! -Une présentation dans les formes, Richmond ? N’allons pas aussi loin, plaisanta Louis, ravi de son mauvais jeu de mot. Ma chère soeur, l’appela-t-il poliment, permettez-moi de vous présenter un ami, anglais, certes, mais dont la compagnie ne saurait vous déplaire. Monsieur le duc de Richmond, voici ma sœur cadette, madame de Montespan. - Madame, connaissant votre frère, je ne savais pas que la famille Mortemart pouvait avoir des joyaux tels que vous, commença Richmond. -Heureusement ce que nous partageons est caché pour ma part dans un délicieux emballage, répliqua-t-elle. Louis détourna le regard de Richmond pour approuver la réplique de sa sœur. Trait familial dont ils faisaient leur marque, mais il s’étonnait presque toujours de la vivacité d’esprit de sa cadette. -J'ose espérer que notre compagnie comblera votre solitude. Les belles dames ne devraient jamais être seules. -Une femme belle est mieux seule qu'entourée de gens qui pourraient gâcher sa beauté, monsieur, répliqua Athénaïs dans un mouvement d’éventail. Vous êtes heureusement digne d'être à mes côtés, monsieur de Richmond, mais il s'en est fallût de peu. -De grâce Richmond, ne croyez pas que je choisis mes amis selon les goûts de ma sœur, se défendit Louis d’un voix amusée. N’oubliez pas Madame, qu’une fade silhouette fait rejaillir la beauté d’une femme et la fait paraître plus lumineuse. Aussi, si vous craignez que nous ternissions votre teint, nous pouvons prendre congé de vous.
Mais avant qu’il ne lance un regard moqueur à sa cadette, un valet leur présenta un plateau sur lequel il attrapa trois coupes de vin qu’il leur tendit. Il détourna ainsi momentanément le regard d’Athénaïs qui visiblement n’avait perdu aucune seconde pour se lancer dans son jeu de minauderies auprès de l’anglais…et inversement. Il retint un léger soupir. Face à l’alcool que Richmond pourrait boire ce soir, Athénaïs n’avait peut-être aucune chance, il parlait en connaissance de cause ! Et il ne tenait particulièrement pas à devenir l’oncle de quelques Stuart perdus dans la nature ! -Saviez vous qu'elle se dit la nouvelle favorite de votre roi ? Je ne sais si cela est vrai, la voyant parader au bras du chevalier mais quand une histoire est dite et redite, on peut la prendre pour vérité. -La marquise de Listenois, s’étonna Louis ? Pardieu ! Je rate toujours les derniers commérages de la cour ! -Elle n'est certainement pas assez belle pour attacher le roi, je crois que c'est évident. -Si vous saviez de quoi pouvait se contenter le roi, il y a de cela quelques années, s’amusa Louis pour la taquiner. -Nous pourrions aller lui demander, cependant. Poussée dans ses retranchements, elle pourrait avouer qu'elle a tout inventé pour se rendre intéressante, vous ne pensez pas? -Oh, Athénaïs, murmura Louis en buvant son verre. Je ne crois pas que ce soit là une excel…
Mais la jeune femme glissa son bras sous le sien avant de se tourner vers Richmond pour le pousser à les mener vers la marquise. Il leva les yeux au ciel, terminant de sa main libre son verre avant de le reposer. -Eh bien soit, alea jacta est, soyons ce soir vainqueurs ! Venez donc, allons découvrir qui tente de me voler ce cher ami. Notre roi semble si innocent des griffes cachés par un gant de soie… Il lança un regard à Athénaïs, sachant pertinemment qu’elle prendrait ces paroles pour elle. Mais au lieu de l’en tancer, il préférait s’amuser de ses espoirs, tant que ceux-ci ne passaient le cap de la réalité. Il lui tapota affectueusement la main, devinant que ce petit geste pouvait aussi bien l’agacer que la laisser indifférente. Le petit trio s’avança ainsi vers la pauvre victime désignée par le vice de la Montespan.
-Mes chers Belzébuth et Astaroth, fit-il avant qu’ils ne soient à portée de voix de Listenois, qui se lancera ? Vous, Richmond, la connaissez-vous ? J’ai fais sa connaissance il y a de cela quelques jours, je peux également vous introduire si vous le souhaitez.
Il attrapa au vol un nouveau verre de vin, plus par habitude que par réelle envie. Point trop n’en fallait, mais ce soir, n’était-ce pas une nouvelle année ?
Paris de Longueville
« s i . v e r s a i l l e s » Côté Coeur: Une servante de ma connaissance... Côté Lit: la servante sus-citée l'a déserté, profitez-en! Discours royal:
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Sujet: Re: INTRIGUE : Nouvel An 1667 23.09.12 22:27
Ce qu’il se passait à l’hôtel de Longueville le soir du 31 décembre 1666.
-Je vous avais dis le vert ! LE VERT, et non le bleu ! Me voyez-vous dans cette tenue de deuil ? Oui ? Alors déguerpissez, descendez aux cuisines où vous serez peut-être bon à quelque chose ! Peste soit les valets aveugles ! Lastours ! Lastours, où vous cachez-vous, il n’y a que votre jugement qui soit fiable dans cette maison !
Le valet de chambre du jeune prince accouru, le rouge aux joues, portant la veste d’un vert pâle, rehaussé de fines broderies d’or et aux revers pourpre. -Voilà voilà, monseigneur ! Ah ! cet idiot de Gabin se trompera toujours. Je m’occupe de lui, monseigneur !
Paris répondit par un haussement de sourcils et tendit les bras pour que son valet lui passe la veste. En réalité, il pensait bien à tout autre chose qu’à ses vêtements. Bien qu’il se soit réconcilié avec Gabrielle – et cette réconciliation valait tous les cadeaux de Noël royaux ! – il gardait une lourde rancœur envers Perrine et sa mauvaise foi. Il ne l’avait revu depuis le retour des deux jeunes femmes. Leur dispute avait été bien pis que ce qu’il avait pu imaginer, ne s’attendant à autant de mauvaise foi de la part de la camériste ! C’était lui, le dupé, et c’était elle qui lui renvoyait à la face toute sa colère ! Il n’aurait pas fait cette soirée si elle n’avait brutalement disparue ! Elle l’avait trompé, presque trahie, et c’était lui le fautif ?!
-Monseigneur, restez en place, demanda poliment Lastours en ôtant un dernier pli. Il s’éloigna de son œuvre, laissant le jeune homme arranger sa cravate dans le miroir en pieds. -C’est parfait, nous pouvons y aller, je crois que ma sœur m’attend. -Elle s’impatiente, monseigneur, osa Lastours. -Parfait.
La mine sombre, il descendit du deuxième étage, rejoignant le hall d’entrée où on lui tendit son chapeau à plume d’or balayant le sol. Passant une cape chaude, il quitta enfin l’hôtel, distinguant la silhouette de Gabrielle dans le carrosse. Mais à l’instant où le marchepied se dépliait pour lui, une seconde silhouette passa devant les fenêtres éclairées du premier étage. Une silhouette féminine, bien connue, qui s’arrêta devant les vitres, observant le carrosse. Paris sentit son estomac se nouer et s’arrêtant une courte seconde, considéra la silhouette.
Perrine. Elle était là, comme cloîtrée derrière cette vitre. Il se doutait qu’elle devait l’éviter autant qu’il essayait de le faire, mais ce soir, il la perçu comme Cendrillon, pauvre princesse abandonnée le soir de bal. N’attendait-elle pas son prince charmant, ou du moins ne cherchait-elle pas à le faire venir ? Il tourna la tête vers Gabrielle qui ne pouvait voir Perrine, cachée par le rideau du carrosse. -Gabrielle je… Il jeta un œil rapide vers la porte d’entrée et en une courte seconde, pris une décision. Je te rejoindrai plus tard. J’avais un important courrier à terminer pour Neuchâtel, il doit partir dès ce soir…. Tu sais comme je déteste que ces affaires soient retardées. Il jeta à Gabrielle un regard presque suppliant, mais sans attendre sa réponse, descendit du marchepied et referma la porte. -Je te rejoins !
Il couru plus qu’il ne marcha vers la porte d’entrée, et lâchant cape et chapeau au valet, grimpa quatre à quatre les escaliers. Pourvu qu’elle soit encore là, dans le petit salon de Gabie ! Il sentit son cœur battre un peu plus vite à l’idée d’une éminente et énième dispute ou colère de Perrine mais baste ! Il fallait parler et ce soir, Gabrielle n’était pas là. -Perrine, l’appela-t-il en ouvrant la porte du salon ! Gabrielle nous fiche la paix ce soir…et même le tout Paris, alors parlons, même si tu ne le veux pas. Il claqua la porte derrière lui, le regard n’attendant aucune réplique de mauvaise foi de la part de la jeune femme.
Ce soir, un prince n’aurait pas son cadeau royal !
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Sujet: Re: INTRIGUE : Nouvel An 1667 23.09.12 23:26
Éclipsé. Lully venait tout bonnement d'être éclipsé aux yeux de Monsieur et la scène n'était évidemment pas passée inaperçue pour certaines personnes. Bientôt, toute la salle de réception saurait que la tentative d'approche du compositeur était tombée à l'eau. Déjà lassé de ces festivités, le musicien se rendit en quelques enjambées devant les tables sur lesquelles trônaient une multitude de verres. D'un signe de la main il demanda un remontant et bien vite il porte une coupe de vin à ses lèvres pour en descendre la moitié d'une traite.
Dieu que ces réceptions devenaient de plus en plus insupportables. Tout en sirotant son verre, le florentin se demanda s'il ne ferait pas mieux de se rendre à Florence. De toutes façons, entre Monsieur qui était plus occupé par la "guerre" qui se jouait entre trois hommes pour ses faveurs, Louis qui se préparait pour celle qu'il mènerait dans quelques temps, Luigi qui devait sûrement être en train de roucouler avec son irlandaise, personne n'aurait besoin de sa musique ou même de sa présence. Depuis son petit coin, l’italien se mit à observer les convives. D’un côté il y avait le jeune d’Artagnan accompagné de la jeune Froulay dont les frères n’étaient pas très loin, de l’autre se tenait Bianca avec son frère et son épouse, Isabelle de St-Amand avait trouvé un cavalier en la personne de Derek de Saxe sur qui Lully n’avait aucune information… A cette pensée, il se dit qu’il pourrait bien sauver quelques personnes des piques du fou du Roi en le questionnant sur le noble germanique. Au moins ça l’occuperait et il pourrait en profiter pour en apprendre un peu plus sur les rumeurs qui parcouraient le château. Dès qu’il en aurait l’occasion, il s’entretiendrait avec le baron d’Anglerays.
Des nouvelles têtes firent leur apparition et la décision qu’il venait de prendre se renforça dans son esprit. Il avait eu vent de la présence d’une princesse venant du Nouveau Monde mais il n’avait pas eu l’occasion de la voir de ses propres yeux. Vidant cul sec son verre, il le tendit pour qu’il soit remplit à nouveau. Une fois la chose faite, il aperçut l’ambassadeur vénitien encore dans les jupes de la Princesse Farnèse. Il fallait l’avouer : Francesco était tenace et n’en faisait qu’à sa tête au grand dam de la jeune noble. De loin, il vit que Racine était lui aussi présent. Depuis le fiasco de sa dernière pièce, comment osait-il se montrait à la Cour ? A sa place, Lully aurait été tellement mort de honte qu’il aurait plié bagage et fuit Versailles. Quoique, à cet instant c’était presque le cas mais le florentin n’avait cure des « on-dit » et conscient de ne pas arborer le masque adéquat, il sortit de la salle pour aller se rafraîchir les idées.
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Sujet: Re: INTRIGUE : Nouvel An 1667 25.09.12 23:05
« Quel honneur, mademoiselle ! » A ces mots, Elodie s’inclina élégamment face au jeune duc, un immense et sincère sourire aux lèvres. Un salut presque cavalier, comme Eric en avait l’habitude, mais elle se reprit au dernier moment - et il n’y avait de toute façon personne pour leur prêter la moindre attention. Là dessus, le couple qui n’était pas censé en être un ce soir put rattraper la musique et se lancer avec d’autres dans un joyeux menuet durant lequel Elodie ne se déshonora pas. Après tout, avant de courir la ville sous les traits d’un mousquetaire, sa mère avait tout de même tenté d’en faire une demoiselle accompli, et ce avec quelques succès. La danse en faisait partie, sans doute dans la mesure où il ne s’agissait pas de rester sagement immobile à broder ou faire quelques gammes. Et puis elle avait déjà eu bien d’autres occasions de danser à la cour. La seule différence notable avec ce soir de Nouvel An c’était que jusque là, elle se trouvait à la place de Philippe.
L’air n’était pas long, aussi la danse prit-elle rapidement fin. Les danseurs se saluèrent, et Elodie songeait à proposer de gagner les jardins superbement illuminés, malgré l’épaisse couche de neige qui les recouvrait, quand une silhouette se dessina soudain à leurs côtés. « Bonsoir monsieur le duc, lança qu’elle ne reconnut pas de prime abord, vous voir à la cour est toujours un plaisir... » La demoiselle redressa la tête à ces mots, dévisageant un instant la nouvelle venue. Si elle n’avait pas reconnu sa voix, ses traits ne pouvaient échapper à personne : Gabrielle de Longueville, duchesse de son état, et vipère de haute renommée. Que diable pouvait-elle leur vouloir ? « Madame la duchesse, la salua sobrement Philippe. » Elodie fit de même, mais n’eut guère le temps d’ajouter quoi que ce soit. Déjà, la duchesse fraîchement revenue d’un long voyage en province se tournait vers elle, un sourire carnassier aux lèvres. Merveilleux.
« Mademoiselle... J'ignorais que monsieur d'Artagnan avait une fiancée, l'aurait-il cachée sur ses terres ? Je n'ai pas le souvenir de vous avoir vue à la cour... A quelle maison appartenez-vous ? J'aurais été ravie de devenir votre amie. » Elodie hésita un court instant devant cette longue liste de questions, auxquelles elle n’avait pas préparé de réponses. Mais contre toute attente, ce fut Philippe qui reprit la parole. « Je suis bien impoli de ne pas vous présenter mademoiselle de Froulay, la cousine du comte de Froulay et sœur d'un bon ami à moi. Les deux ayant des obligations, je me suis proposé pour être le chaperon de mademoiselle qui ne vient que très rarement à la Cour. Je suis désolé de ne point cacher de fiancée sur mes terres mais je garderais ce petit trait, il plaira sans doute à quelques uns ici. - Prenez garde qu’on ne vous soupçonne pas de l’y tenir enfermée, lança Elodie en riant, on vous inventerait vite une fiancée absolument monstrueuse ! Elle sourit, puis revint à la duchesse. Je suis ravie de faire votre connaissance, madame de... ? »
Elle retint une moue aussi mielleusement effrayante que celle de la duchesse, dont elle connaissait évidemment le nom. Mais il fallait bien camper le rôle de la nouvelle venue à la cour, et de plus, elle n’appréciait que moyennement cette Précieuse - et ce d’autant plus depuis qu’elle était venue mettre son nez entre Philippe et elle. « Pour vous répondre, je n’appartiens à aucune maison, je passe trop peu de temps à Versailles pour cela. Et puis, entre nous, je trouve Paris bien plus passionnante. N'êtes-vous pas d'accord ? » Elodie ponctua ses paroles d’un grand sourire, consciente qu’elle n’était pas entrain de se faire une amie. Tant pis, elle s’en passerait fort bien !
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Sujet: Re: INTRIGUE : Nouvel An 1667 27.09.12 0:32
Christine ne parvenait à résoudre ce qui, du fait d’avoir été fiancée sans même en entendre parler avant ou de l’amère trahison que représentait ce contrat alimentait le plus sa colère. Car c’était bien là une trahison, de son frère envers elle, et du marquis français envers son pays. Et pour ajouter à son malheur, la jeune femme ne pouvait ignorer qu’il s’agissait ce soir de la dernière fête qu’elle passerait à Versailles jusqu’à la fin de la guerre. Que Claude n’espère pas parvenir à lui faire accepter un mariage qui l’éloignait de la cour pour une contrée qu’elle abhorrait plus que toute autre ! La marquise aurait pu se consoler en songeant que Lorraine n’était guère plus enthousiaste qu’elle à cette idée, mais elle avait pour cette nation tant de haine que même ce point-là ne pouvait lui faire voir les choses sous un meilleur angle. Aussi n’avait-elle en aucun cas l’intention de se rendre ne serait-ce que vivable aux yeux du chevalier, qui se rendrait de toute façon bien vite compte de quelle folle on l’avait affublé. Le pauvre homme n’était pas au bout de ses mauvaises surprises.
Il restait toutefois un point sur lequel tous deux pouvaient s’entendre, celui qui consistait à leur éviter de rester trop longtemps aux côtés l’un de l’autre. Pourtant, à la réplique cinglante de Christine qui évoquait tout sauf subtilement le peu de temps qu’elle souhaitait passer avec lui ce soir, Philippe de Lorraine ne se priva pas d’une réponse toute aussi perfide que les précédents mots de la marquise. « Votre vivacité d’esprit m’enchante mademoiselle. Vous lisez en moi comme dans un livre ouvert, mon père sera ravi de cette complicité naissante entre nous, je ne manquerai pas de le lui faire savoir. » L’intéressée le gratifia d’un regard plus noir que la pierre du bijoux qui pendait à son cou, et elle dut puiser dans tout le peu de contrôle qu’elle avait sur elle-même pour ne pas l’abandonner sur le champs - geste qui les aurait fort soulagés, mais risquait de leur attirer quelques mauvais ragots. « Grand bien lui en fasse, siffla-t-elle. Achevons, s’il vous plaît, je n’ai pas toute la nuit à vous accorder. - Voilà votre présent, ouvrez le dès maintenant avant notre petite parade. »
Christine rattrapa le paquet que le chevalier lui lança, non sans avoir coulé un regard méfiant sur le discret emballage. Inutile de préciser qu’elle ne s’attendait pas à quelque chose de formidable, ou du moins pas dans le bon sens du terme. Pourtant, elle ne put s’empêcher de pâlir de colère à la vue du baume. Le chevalier savait-il seulement à quel point il avait visé juste ? « Je voulais vous prouver à quel point votre santé m’est chère. Ah et bonne année bien sûr, claironna bon grès mal grès Lorraine. - Votre sollicitude me touche... Je n’ai pour ma part pas de présent à vous offrir, mais je promets de m’employer à vous rendre cette année... merveilleuse. » Le ton était cynique, le sourire hypocrite à souhait, et les mots tout sauf volontiers prononcés. Un Enfer. Voilà tout ce qu’elle lui ferait vivre. Tout en regrettant de n’avoir songé à un mauvais cadeau, Christine adressa à une connaissance qui la salua un signe de tête. Combien aurait-elle donné pour se trouver à cet instant auprès de n’importe qui pourvu qu’il ne s’agisse pas de Lorraine ! Même Colonna aurait mieux fait l’affaire - et ça n’était pas peu dire.
Lasse de ce jeu, elle tendit son bras à Philippe, et ce non sans un soupir. « Puisque parade il doit y avoir, hâtons-nous, lança-t-elle sèchement. » Il ne s’agissait après tout que de satisfaire aux apparences et aux regards acérés de quelques courtisans, ce qui ne devait pas leur prendre plus de quelques minutes. Tous deux allèrent donc saluer qui de droit, notamment le couple royal. Devant le roi, Christine baissa discrètement les yeux, gênée par le souvenir de cette scène dont elle en savait dire avec certitude si elle l’avait hallucinée ou non. Le couple si mal assorti finit par s’éloigner, et quelques longues minutes plus tard, la marquise décida qu’il était inutile d’en faire plus. « Bien, je crois que nous en avons assez fait. Je vous abandonne à Monseigneur le Prince. Bonne soirée, chevalier. » Là-dessus, sans même un réel salut, elle tourna les talons, quittant au plus vite ce fiancé qu’elle n’aurait que trop l’occasion de supporter par la suite.
Derek de Saxe
« s i . v e r s a i l l e s » Côté Coeur: pas encore de problèmes cardiaques, merci de vous en préoccuper Côté Lit: Surprise, ça bouge! Discours royal:
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► Âge : 26 ans
► Titre : Prince-héritier de Saxe, Duc de Saxe-Weissenfels
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Sujet: Re: INTRIGUE : Nouvel An 1667 28.09.12 19:12
Trianon sous bois.
C'est à croire qu'elle le faisait exprès. Il était sur le point de se lever et d'enfoncer la porte sans crier gare quand elle sortit enfin de son antre. Avouons le, l'attente en valait le coup, il n'aurait pas à rougir de l'avoir à ses côtés.. enfin peut être un peu car Isabelle n'était pas spécialement connu pour son exclusivité. Mais qu'importe l'avis des autres après tout tant que s'en trouvait satisfait!
Il ne put s'empêcher de noter pour lui même que les couleurs qu'elle avait choisies attiraient délibérément le regard, et que dire de ce collier qu'il lui avait offert pour une occasion quelconque -ou tout simplement pour la rendre plus douce -et qui scintillait de mille feux. En un mot, l'ensemble était tape à l'oeil mais assez savamment dosé pour que cela ne frôle pas le vulgaire. Tant d'efforts! Ce n'était pas pour lui, c'était certain. Peut être était elle déjà à la recherche d'un autre étalon...
-C’est à croire que vous vous êtes mise en devoir de rivaliser avec Monsieur dans votre toilette ! Je préfère de loin quand vous vous mettez à nu devant moi, l’attente est moins longue.
-Cela a au moins l’avantage de vous faire taire.
- Ne vous couronnez pas de lauriers trop vite Isabelle! Si je me tais c'est uniquement parce qu'à chaque fois un peu plus, je me désole en remarquant les traces qu'ont laissées les années qui passent sur votre corps . Et alors je me dis qu'il devait être ô combien plus sublime autrefois et je me désespère de ne vous avoir connu quand vous étiez encore de première fraicheur.
En vérité il n'avait rien à redire sur le physique de sa compagne. Rien! Mais elle le cherchait délibérément, elle tendait littéralement le baton pour se faire battre!Une chance pour lui, sa remarque était tombée dans l'oreille d'une sourde. Il ne subirait donc pas les conséquences de sa remarque gratuite et méchante ce qui n'était pas négligeable sachant que la soirée avec son amante risquait de toue façon de ne pas être triste!
-Eh bien, vous venez ? Cela fait au moins une demi heure que vous me rabattez les oreilles avec mon retard, et c’est vous qui restez là. Le roi n’attend pas…
Elle venait à peine de sortir et déjà elle était insupportable. Et quel toupet elle avait de l'invectiver pour ne pas réagir au quart de seconde près ,alors qu'il avait dû patienter et ronger son frein pendant près d'une demie heure.Avec un soupir à peine dissimulé, il s'avança et passa son bras à celui d'Isabelle tout en maugréant quelque chose qui ressemblait vaguement à:
-Le roi n'attend pas ?! Et vous croyez que le prince héritier de Saxe attend lui ,peut être? Non. Mais bien sûr ça vous en faites peu de cas. Quel "chauvinisme" Madame!
Galerie des Glaces
Ils arrivèrent bien après tout le monde. Le roi était occupé à distribuer à ses fidèles sujets des cadeaux de circonstance, et les effusions allaient bon train un peu partout dans la pièce... enfin pas vraiment. La blonde à éviter affichait un sourire aussi faux que celui d'Isabelle tout en se promenant au bras d'un mignon de Monsieur,l'air aussi ravi qu'un chat jeté dans l'eau froide, celui -dont -on- ne -devait -pas -prononcer- le- nom- parce -qu'il -était sans- intérêt était en train de faire son numéro habituel devant la bellissima Sofia, et le dramaturge en vogue regardait avec une tête de chien battu une autre blonde qui elle de son côté préférait fixer avec toute la dévotion et l'amour d'un chien fidèle le Narcisse.
Elle avait vraiment mauvais goût. Mieux valait admirer un homme de lettre qu'un courtisan en manque d'attention, pour la simple raison que le premier vous prenait pour muse alors que le second vous délaissait aussi vite qu'une étoile filante passe dans le ciel.
-Etes-vous satisfait ? Nous ne sommes pas si en retard que ça…
- Si c'est ce qui vous inquiète, vous aurez votre cadeau malgré votre attitude déplorable à mon égard, nul besoin de faire semblant de vous soucier de mon avis. Mais pour vous répondre, nous avons fait une entrée satisfaisante, et vous faites un parfait écrin pour ce collier si j'en crois certains regards qui se sont posés sur vous.
Compliment au compteur: 1. Et oui!Parfois le Saxon pouvait se montrer parfait gentilhomme même si ce n'était pas monnaie courante.
-N'avez vous pas d'amis à retrouver ? Qu'est donc devenu ce grand maigrichon tout pâle et aussi bavard qu'un muet. Celui à la mine endeuillée en permanence.. mais si vous savez, il vous accompagnait chez mon ami Longueville je crois! Remarque avec sa mine de croque mort il aurait gâché cette soirée...
Jalousie? Peut être un peu. Après tout même si ce n'était que purement physique entre eux, le duc de Saxe Weissenfels était un peu possessif et puis surtout, il n'était pas totalement en faveur de la liberté de moeurs pour les femmes.Maigre consolation: au moins grâce à cela, il pouvait se satisfaire du fait que les frais d'Isabelle, toujours de plus en plus élevés, étaient partagée entre lui et les autres Messieurs que fréquentait la froide Française.
-Je ne sais pas ce qu'il en est pour vous mais je vois plus de têtes indésirables que je ne le souhaiterais (plus précisément, une polonaise et un vénitien, et puis on pouvait compter aussi cette imbécile qui était sous le charme du précédent tant qu'à faire, même si il ne la connaissait pas. ). On peut difficilement faire pire en matière de dernière fête avant longtemps...!
Il avait la chance d'avoir une belle femme à côté de lui, mais il trouvait le moyen de se plaindre. Insatisfait chronique, voilà ce qu'il était.
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Sujet: Re: INTRIGUE : Nouvel An 1667 29.09.12 16:18
Ulrich n’avait, depuis leur dernière entrevue, pas eu l’occasion de revoir la princesse, et ignorait où en était son projet de nuire à Contarini. Lui même ayant été happé par d’autres évènements - l’arrivée d’Helle en étant le principal - n’avait guère pris le temps de songer à leur conversation. Aussi ne lui sembla-t-il pas idiot de la laisser faire de l’ambassadeur ce qu’elle souhaitait sans les interrompre, di Venezia étant assez grand garçon pour se sortir tout seul du charmant piège qu’était la princesse. « Si nous ne voulons pas nous retrouver malgré nous entre feux croisés, retournons la voir plus tard en effet, approuva Helle, qui devait également avoir entendu parler de Francesco. »
Ulrich hocha ma tête, et le couple Sola s’apprêtait à tourner à nouveau mes talons quand un tourbillon d'étoffes et de cheveux roux se planta devant eux, en la personne d’une jeune femme tout sourire. « Madame de Sola, c'est un plaisir ! s’exclama l’inconnue avec enthousiasme, je me suis fort ennuyée depuis notre dernier entretien ! Je sais que vous vous complaisez dans l'écriture épistolaire mais j'ai besoin de bouger quant à moi et l'arrêt de la chasse est la chose la plus triste de l'hiver. - Je suis terriblement navrée de l’apprendre, Frau Sobieska, répondit Helle. Vous auriez dû venir me rendre visite, nous aurions fait seller les chevaux pour aller faire de longues promenades, la campagne est si belle en cette saison ! A condition que le froid et la neige ne vous incommodent pas bien entendu. »
Le danois, tandis que les deux femmes échangeaient ces quelques mots, dévisagea froidement la nouvelle venue. Il ne l’avait encore jamais vu, si ce n’était quelques minutes plutôt, auprès du Fou du roi. Méfiant, comme toujours - et il ignorait encore qu’elle méritait cette réserve - Ulrich adressa toute même à Frau Sobieska un courtois signe de tête lorsqu’Helle se tourna vers lui. « Oh, mais je manque à tous mes devoirs, reprit celle-ci. Frau Sobieska permettez-moi de vous présenter Herr Viktor, comte de Vejle. Il vient lui aussi du Danemark, c’est un vieil ami de la famille. - Madame, la salua sobrement l’intéressé. » Il se garda de faire le moindre commentaire, pourtant surpris de la réaction de son épouse. Il lui avait parlé d’anonymat, certes, mais il n’imaginait pas qu’elle songeât d’elle-même à prendre une telle initiative. Cette femme le surprenait de plus en plus. « C’est un amateur de chasse, comme vous. Vous devriez pouvoir échanger bien des anecdotes à ce sujet, n’est-ce pas Viktor ? »
Qu’Helle se souvienne de ce détail ou qu’elle l’ait inventé, toujours était-il que cette fois, il ne s’agissait pas d’un mensonge. Ulrich aimait chasser... et de tous les gibiers possibles. Ce qui, on s’en doute, ne se limitait pas aux humains. Donnant le change, il esquissa un rictus amusé. « En effet, lâcha-t-il. Que chassez-vous, Frau Sobieska ? Personnellement, je préfère le... gros gibier. Pour le sport. » Le double sens de ces mots pourrait paraître amusant (ou effrayant) à qui connaissait réellement le baron, mais son air éternellement détaché ne trahissait en rien ce qu’il mettait derrière le «gros gibier.» « On en trouve aussi l’hiver, quelques fois, si cela peut vous consoler. Versailles possède un domaine surprenant... » Surprenant en victimes. Question chasse (la vraie) il n’avait pas encore étudié la question, bien qu’il lui semblât peu probable que les proies qui vivaient ici sortent en cette froide saison. Hélas, le caribou n’était pas monnaie courante en France.