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 Un malaise annonciateur (PV : Louis XIV)

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Amy of Leeds


Amy of Leeds

« s i . v e r s a i l l e s »
Côté Coeur: Mère enfin apaisée et femme comblée mais pour combien de temps encore ?
Côté Lit: Le Soleil s'y couche à ses côtés.
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Âge : A l'aube de sa vingt septième année
Titre : Favorite royale, comtesse of Leeds et duchesse de Guyenne
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MessageSujet: Un malaise annonciateur (PV : Louis XIV)   Un malaise annonciateur (PV : Louis XIV) Icon_minitime30.10.09 1:36

Le vent était froid et perçait les nuages à travers lequel brillait un soleil bien pâle. Mais Amy avait tenu tout de même à sortir hors du château. C’était l’heure idéale de la méditation. Personne ou presque ne se trouvait dans les jardins, car les courtisans déjà levés se pressaient uniquement vers les appartements du Roi. Si c’était l’heure idéale de la méditation, il s’agissait également des minutes précieuses où la favorite pouvait respirer un bol d’air frais avant la grande journée stressante qui s’annonçait encore. Réception d’ambassadeurs, sourires narquois ou défis de regard avec la marquise de Montespan, et sollicitations en tout genre de profiteurs lui enviant son pouvoir.

Cependant depuis une semaine, l’air frais qu’elle respirait l’aidait à supporter le stress certes mais également à calmer … ses nausées. Cela faisait un mois à présent qu’elle s’en doutait … elle attendait un enfant. Un médecin qu’elle avait fait venir de Paris pour plus de discrétion le lui avait confirmé voilà sept jours. Depuis la comtesse n’avait pas vu le Roi, d’ailleurs elle ne le voyait pas du tout ces temps-ci. Toujours à la chasse où au service de l’Etat il ne lui consacrait plus guère de temps. La favorite malgré sa solitude ne se plaignait jamais et attendait … attendait encore sa visite, espérant qu’elle arrive le plus tôt possible et acceptant les cadeaux de son royal amant. Néanmoins sept jours ne sont pas longs lorsqu’on les passe seule, mais comment ne pas vouloir crier sur les toits de Versailles tout ce bonheur, de pouvoir enfin dire qu’ils allaient être désormais trois. Ellle, lui et leur enfant ! Elle tenait absolument à voir Louis mais connaissait très bien ce protocole, cette étiquette et voilà bien ce qui la refreinait dans son élan. Elle se devait de patienter même si cette vertu qu’elle possédait naturellement lui faisait aujourd’hui mal, très mal !

Car plus les jours passaient, plus son esprit de future mère prenait le dessus. Le Roi avait des enfants avec la Reine mais n’avait jamais eu de bâtards comme on les appelait si méchamment. Comment accueillerait-il la nouvelle ? La forcerait-il à abandonner l’enfant à la naissance ? L’enverrait-il cacher le fruit de sa honteuse conduite ? Elle, femme célibataire et donc fille perdue aux yeux de tous ! Le cadran solaire faisait s’écouler les journées comme les heures, le Roi tardait donc à venir, le Roi se taisait, et Amy avait de plus en plus peur. Ce matin là, elle fit une halte pour s’asseoir sur les rebords d’un bassin et plongea dans ses pensées noires. La pression qu’elle réussissait tant bien que mal à faire redescendre quotidiennement, l’engloutit profitant de cette solitude extrême. Il n’y avait personne à qui elle pourrait se confier et le secret était lourd … trop lourd, si lourd qu’une nausée plus forte que les autres l’attaqua au ventre. Elle posa ses deux mains sur lui et se plia en deux.


- AIE !

Elle n’avait pu contenir ce cri et la terreur de la fausse couche vint d'autant plus exacerber la douleur. Elle aperçut vaguement non loin d’elle un homme, il s’agissait à première vue du médecin personnel du Roi, faisant il est vrai avant le petit lever sa promenade matinale. Amy voulut se ressaisir, elle ne voulait pas de ces saignées qui vous tuent plus qu'elles ne vous soignent, mais n’en n’eut pas la force.

- Duchesse, qu’avez-vous ? Vous avez une mine si blanche ! Avez-vous mangé quelque chose qu’il ne fallait pas ?

- Non Monsieur mais cela n’est rien … je vous l'assure.

- Bu alors ?

- Non plus Monsieur !

- Pouvez-vous vous lever ?

- Je le crois mais me prêteriez-vous votre bras pour que je m’y appuie ?

- Certainement je vous raccompagne jusque chez vous où je vous examinerai.

C’est donc maintenue par le bras du docteur, qu’ils s’avancèrent tous deux vers ses appartements. Mais quelques mètres seulement avant de passer la grande porte dorée, la comtesse eut un autre vertige, poussa un gémissement de douleur et tomba sur le sol marbré. Le médecin la porta jusqu’à son lit, l’y déposa sollicitant l’aide d’une demoiselle de compagnie pour un broc d’eau fraîche et de sels à respirer. Amy n’entendit plus rien si ce n’est de très loin comme cette phrase que le médecin lança à la soubrette qu’elle reconnut à ses pas :

- Allez prévenir le Roi mais discrètement …
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Louis XIV


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Côté Coeur: Belle et douce Amy, l'unique. Peu importe mon alliance ...
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MessageSujet: Re: Un malaise annonciateur (PV : Louis XIV)   Un malaise annonciateur (PV : Louis XIV) Icon_minitime12.11.09 11:57

Molière avait une concurrence. Dans la chambre du Roi, la représentation quotidienne du lever de Sa Majesté, toujours le même rituel, les mêmes gestes, les mêmes visages. Son premier valet s’approcha de celui-ci et murmure : « Sire voilà l’heure ». Il était huit heures du matin, après une courte nuit à son habitude mais cela ne le dérangeait pas, une question d'habitude. Comme celle de l'entrée du premier gentilhomme de la chambre du Roi pour ouvrir le rideau du lit. Toute une machinerie bien huilée dont chacun connaissait les moindres mécanismes, rouages, sauf ce qui se passait dans le tête de Louis, l'acteur du matin. Il pensait à sa journée, à son Conseil et imaginait sur quoi Colbert radoterait pour grappiller quelques louis d'or, ce cher pingre. Puis il s'imagina à la chasse, il ne voulait pas de promenade et il avait l'air de faire encore doux et, surtout, il ne pleuvait pas ! Puis Amy vint dans son esprit. Sa belle Amy qu'il avait tant délaissé ou l'entrapercevait sans avoir le temps de lui parler, de l'embrasser et de lui dire à quel point elle lui manquait. Sa beauté, son esprit, sa douceur et sa finesse, tout cela faisait d'elle une femme unique et impossible de ne pas l'aimer. Même lui avait succombé, il savait qu'il n'était pas le seul mais sa sublime anglaise n'avait d'yeux que pour lui et inversement alors tout était parfait. Pour la garder à ses côtés, il lui avait donné des terres et la protéger pour qu'on ne vienne pas l'arracher à lui comme il y a quelques années.

Mais d'abord se concentrer. Ne pas perdre de vue l'objectif premier de lever : se mettre en scène lui et sa suprématie. Il restait au lit tandis que tous défilaient. Et encore, ceux là étaient peu nombreux, les vautours allaient venir sans plus tard. Les mêmes visages familiers se présentèrent à lui, respectueux à la perfection dans leur tâche. Quand vint son barbier, informé par une soubrette du message à délivrer, il eut un air grave tandis que le monarque s'installait dans le fauteuil. Pendant que le barbier s'approchait pour le raser, il put parler à voix basse.

Sire, votre médecin m'a transmis le message d'un malaise de Mademoiselle de Leeds et qu'il faut votre présence au plus vite.

Cette phrase eut pour effet de retourner Louis qui réussit malgré tout à se maîtriser pour ne pas montrer à la petite assistance, juste une vingtaine de personnes, ses sentiments. Il fallait continuer et espérer que tout passe rapidement. Après son grand lever, il s'habillerait en toute hâte, loin de prendre le temps de choisir sa cravate et ses deux mouchoirs. Et son aumônier comprendra qu'il passe la prière. Dieu écoutait à tout instant, de toute manière. Il annulerait son rendez-vous avec les ministres dans le Cabinet du Conseil où les ordres seront donnés pour la journée, peut être ne fera t'il qu'une brève apparition à la messe … Il remaniait son emploi du temps dans sa tête pour lui accorder un peu de temps car il le fallait. Son médecin s'y connaissait, il reconnaissait un malaise et n'aurait pas porter un quelconque message, même de la part de la maîtresse du Roi. Se lever, se faire raser, peigner, voir la Cour dans sa chambre, tout ceci fut de manière mécanique. Il se passait bien quelque chose et ne pas pouvoir envoyer promener ne l'aidait pas au calme. Le petit déjeuner fut expédié tout comme le choix de ses vêtements, l'habillement et lorsqu'il dut prier, il chargea l'aumônier de le faire à sa place pour la santé de la belle Amy. Après avoir annulé le rendez vous et expliqué qu'il serait en retard à la messe sans pour autant donner de raison, il s'introduisit dans ses appartements afin de passer par les chemins discrets : les passages secrets.

Rien de bien joyeux et luxueux du reste du château, certes, mais avait un côté mystique pour tous ceux qui les connaissaient sans les avoir jamais empruntés. Il fallait savoir s'y repérer et ne pas s'y faire prendre. Louis, accompagné d'un valet tenant la torche, se dirigeait presque automatiquement, connaissant ce chemin mille fois faits et refaits. Son pas pressant montrait bien son inquiétude et son visage de marbre laissa paraître ce sentiment, il n'était plus en public et ne s'y rendait pas en tant que Roi. La porte donna sur une des pièces des appartements dont le bruit alerta une demoiselle du peuple qui fit une révérence bien vite stoppée par un monarque impatient qui ne pouvait plus attendre. On l'emmena jusqu'au lit où gisait Amy, à demi-agonisante, entourée de dames pour les sels et lui mouiller son doux visage. Seul homme de la pièce, son médecin, qui venait de finir de l'ausculter.

Sire, la Duchesse a fait un malaise et a des douleurs, je ...
Est-ce grave ?
Je ne sais, Sire, mais les symptômes ne se sont pas manifestés à nouveau, ce qui est bon signe

Louis s'approcha du lit et prit la main de son amour pour la serrer tendrement. Dans son regard bleu, tout se lisait. Son amour mélangé à la peur de la perdre. Elle lui était tellement précieuse, le plus diamant d'une collection de pierreries, dont la plupart n'était que des cailloux. Elle était pure, sans défaut ni altération du au chocs des aventures. Elle était si pâle et son regard presque éteints faisaient peur à voir.

Amy, mon Amy, m'entendez vous ? Je suis près de vous. Répondez moi, je vous en prie
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MessageSujet: Re: Un malaise annonciateur (PV : Louis XIV)   Un malaise annonciateur (PV : Louis XIV) Icon_minitime12.11.09 16:54

Amy était très mal, ses douleurs au ventre ne cessaient toujours pas. La peur de perdre son enfant alors que depuis quatre ans elle s’étonnait de ne pas encore en avoir, lui faisait battre le cœur plus que de raison. Elle avait l’impression que celui-ci allait exploser dans sa poitrine. Aussi, elle n’avait que très peu conscience de ce qui se passait autour d’elle. La comtesse n’entendait que d’une oreille, et la douleur ne pouvait même pas lui permettre d’ouvrir les yeux tellement ils en étaient plissés.

* Non pas le bébé … pas mon enfant … Pitié. *

C’est ce qu’elle pensait sans mot dire, car malgré tout elle n’ignorait pas que ça s’agitait autour d’elle et si on l’entendait, tout Versailles serait bientôt au courant. Hélas même dans le cas présent, Amy ne pouvait faire confiance à personne. Elle aurait voulu que Louis soit dans la pièce, à son chevet. Elle avait tant besoin de lui et qu’il lui transmette ses forces. Elle le désirait plus que tout mais d’un autre côté, elle aurait retenu sa soubrette si elle avait pu. Car le Roi ne savait même pas qu’il allait être père, devrait-il subir de voir une fausse couche avant même de l’avoir su ? Quel spectacle horrible pour lui ! Si elle devait vraiment perdre le fruit de leur amour, non, non ça ne serait pas devant lui !


- Non … n’y allez pas …

Malheureusement la comtesse n’avait plus du tout la notion du temps et cela faisait un moment que sa servante était partie vers les appartements de Louis.

- Calmez-vous Duchesse …

C’était le docteur qui lui tamponnait un linge humecté d’eau fraîche sur le front. Se calmer ? Elle aurait bien voulu obtempérer, malheureusement ce n’était pas si facile. Quatre ans de complots contre l’homme qu’elle aimait et cela empirait au fil des ans, elle le sentait. Quatre ans de ragots sur son compte, les pires méchancetés y étaient passées. Subir la haine, les jalousies, les mensonges, les fausses amitiés, et à présent la solitude, voilà tout son lot quotidien. Admettre, combattre mais se calmer ? Comment ? Néanmoins la comtesse le devait, le médecin avait raison, peut-être que cela sauverait l’enfant qu’elle portait ! Elle tenta de respirer plus profondément et au fil des minutes, elle put desserrer ses mains qui s’agrippaient littéralement au pauvre dessus de lit jusqu’à en tordre les fibres de soie.

Elle retomba alors épuisée mais apaisée sur ses oreillers, le docteur poursuivant sa réanimation. Elle ne souffrait presque plus mais machinalement elle posa ses deux bras sur son ventre, comme pour protéger le petit être qui vivait en elle. La jeune anglaise n’entendait plus personne autour d’elle, ses suivantes et le médecin de Louis étaient-ils partis ? Mais Amy n’avait même pas la force de vérifier dans son état presque comateux.

Soudain elle sentit qu’on lui prenait la main, c’est le changement de température qui lui en fit prendre conscience. En effet tous ses membres étaient si froids de lassitude que la chaleur de cette autre main la raviva. La voix qui suivit ce geste encore plus ! Louis ! C’était lui ! Son cœur se remit à palpiter, mais rien ne se passa comme elle le voulait. Sa fatigue l’empêcha de montrer toute la joie qu’elle éprouvait de le voir et tout l’amour qu’elle pouvait ressentir. Ses yeux valsaient dans le vague comme si le Roi venait de lui apparaître comme dans un rêve. Peut-être n’était-ce d’ailleurs qu’une hallucination ? Amy désirait tant qu’il vienne, qu’elle imaginait peut-être sa présence. Elle lui serra la main comme pour chasser cette illusion mais cette douce étreinte persista. Oui il était bien là.


- Oui je vous entends … mais il ne fallait pas venir … vous avez tant à faire mon amour.

Toujours désireuse de ne jamais lui poser de problèmes, elle se surprit à s’en vouloir de l’avoir dérangé, mais Dieu sait à quel point elle était heureuse de le voir enfin, elle aurait juste tenu que ce soit en d’autres circonstances.

- Cependant mon coeur déborde de joie que vous soyez là …

Maintenant qu’elle l’apercevait comme à travers un rayon de soleil qui lui allait d’ailleurs si bien, lui l’icône de l’astre du jour, elle sortit des ténèbres et put esquisser un sourire. Amy aimait quand ils devenaient si proches, que Louis oubliait le Roi et se métamorphosait en un être débordant de tendresse et d’attentions à son égard. Le moment idéal était arrivé pour lui faire part de la "bonne" nouvelle, sauf que le médecin se trouvait encore dans la pièce et cette annonce ne les concernait qu’eux, surtout si Louis réagissait mal en apprenant sa future paternité.

- Louis, j’ai quelque chose d’important à vous dire …

Elle lança un regard en direction du docteur.

- Mais je voudrais vous en parler seule à seul, s’il vous plait …
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Louis XIV


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MessageSujet: Re: Un malaise annonciateur (PV : Louis XIV)   Un malaise annonciateur (PV : Louis XIV) Icon_minitime25.01.10 18:24

    A cette pression de la main, Louis l'enserra délicatement pour prouver qu'il était bien là. La voir allongée de la sorte, si pâle que l'on pouvait croire que la mort rôdait dans cette pièce. Un instant, la vision d'une autre femme aussi blanche fit son apparition, l'image encore fraîche d'il y a quelques mois. Cela ne laissait présager rien de bon et sa gorge se serra. Il esquissa un faible sourire lorsqu'elle lui parler du bonheur de le revoir. A dire vrai, il fallait avouer que le monarque n'avait pu lui consacrer beaucoup de temps alors qu'elle méritait largement plus qu'une journée entière pour lui faire la conversation, la contempler, l'embrasser … et l'aimer tout simplement. Dieu que les journées passaient vite avec toutes ces prérogatives, cette hypothétique guerre qui s'annonçait, tous ces complots et le royaume en soi. Il fallait compter en plus une épouse et une maîtresse. Toutes ces obligations feraient perdre la tête à n'importe quel homme. Mais Louis connaissait ses priorités, savait jongler de l'un à l'autre d'une grâce inouïe avant de reprendre le cours normal des choses. Enfin là, il n'en était pas si sûr en regardant la femme qu'il aimait allongée de la sorte.

    Qu'il l'aimait ! Il ne l'aurait pas cru au départ, du moins pensait-il à une passade tout au plus. Que nenni ! Elle avait su l'enchanter non seulement par sa beauté, sa grâce mais aussi par son savoir, son intelligence et la façon de s'en servir. Louis aimait les femmes avec de l'esprit, elles sont de bien meilleure compagnie puisqu'elles savent dérider une assemblée d'un bon trait, de parler de tout sans hésiter et se présentait à la Cour sans avoir peur des obligations de celle-ci. Amy avait tout pour lui plaire et il n'avait pas tenté de résister à quoi que ce soit. Pris à son propre piège de l'amour, il ne regrettait rien. Jamais le monarque n'avait pensé retrouvé l'amour aussi vite après le départ d'une certaine italienne … Il avait cru aimer une espagnole, s'était épris d'une anglaise, d'une française puis à nouveau d'une anglaise. Le ménage des dames s'était terminé de la sorte, avec la belle Amy. Beaucoup d'obstacles s'étaient immiscés entre eux, un départ, des mois sans nouvelles et un retour fracassant de la demoiselle au château. Dés lors, il s'était fait la promesse de ne plus la quitter, de la protéger et de la chérir comme son amour le criait. Louis l'avait élevée au rang de Duchesse de Guyenne et avait balayé de la main les critiques sur le fait de donné un tel domaine à une « catin angloise ». Ceux qui la traite ainsi ne la connaisse pas. S'il tenait à son épouse par respect et par amitié profonde, il tenait à Amy d'un amour sincère qu'il ne pensait plus jamais éprouver. Elle ranimait cette flamme d'humanité qu'il aurait sûrement perdu au fil du temps.

    Alors la voir ainsi le rendait malheureux. Ses grands yeux bleus le trahissaient, son inquiétude s'y lisait comme dans un livre ouvert. Alors quand elle voulut lui annoncer une nouvelle, il serra légèrement plus fort sa main, par instinct et leva un instant les yeux vers le docteur qui sortit de la pièce après un signe de tête de respect, puis ferma la porte. Il n'avait pas pu en savoir plus sur le visage du médecin et sa curiosité le piquait au vif. Dans son esprit, il pensa à toutes les éventualités, enfin presque toutes … Et souvent pas des bonnes nouvelles. Il s'assit près d'elle sur le lit, dégagea une de ses mains qui caressa son doux visage.

    Tout peut attendre pour vous. Je vous ai tellement négligée ces dernières semaines que le royaume peut bien attendre quelques minutes pour vous les consacrer. Vous savez bien que je ferais tout pour vous.

    Il porta cette faible main à ses lèvres pour y déposer un baiser.

    Mais dites moi que votre état n'est point grave. Je vous vois si pâle et la nouvelle m'a été annoncé avec tant d'angoisse, rassurez Amy, mon Amy ...

    Il ne la lâchait pas des yeux, comme si chaque instant pouvait signifier qu'il serait le dernier. S'il savait qu'il ne pensait pas dans la bonne direction, cela va lui être une sacrée surprise !


[Vraiment je m'excuse du retard, non seulement j'ai mis du temps mais en plus c'est nul ...]
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MessageSujet: Re: Un malaise annonciateur (PV : Louis XIV)   Un malaise annonciateur (PV : Louis XIV) Icon_minitime28.01.10 16:54

[C'est pas grave pour le retard, tu avais tes exams et tout, et non ton post n'est pas nul ^^]

Le médecin du Roi enfin sorti, ses spasmes quelque peu calmés, Louis se tenant auprès d’elle, Amy se redressa sur ses oreillers, fatiguée certes mais heureuse. Elle contempla alors avec toute la tendresse du monde le père du petit être qui venait de lui provoquer une telle frayeur. Les yeux de la comtesse s’illuminèrent à nouveau, ses forces, les battements de son cœur lui revinrent. Elle eut l’impression d’être touchée par un véritable souffle de vie, une puissante main guérisseuse tandis que Louis tenait la sienne. La peur s’évanouissait grâce à la proximité de son amant.

Amant ? Quel cruel mot ! N’aspirait-elle pas plus que tout au mariage ? Au mariage avec l’homme qu’elle aimait mais qui hélas n’était pas libre, puisqu’on l’avait uni de force à la raison d’Etat. L’abîme que creusaient ce trône et cette couronne entre eux n’était pas sans broyer les espérances de la favorite même si Marie Thérèse trépassait … Et pourtant … à cette heure, elle aurait tant voulu s’adresser non seulement au futur père mais aussi à l'époux !

Et puis … même si la crainte l’avait quittée, il demeurait néanmoins ce doute, cette terrible appréhension lui rongeant l'âme si bien qu'elle se mit à s'en ronger ses pauvres ongles ! Comment Louis réagirait-il à l’annonce de cette grossesse ? Elle connaissait fort bien son amour pour ses enfants, mais il s’agissait d’enfants légitimes ! Elle allait inaugurer après plus de quatre ans peut-être une dynastie de fils et de filles illégitimes. Louis pourrait-il remplir ses devoirs de père ? Devrait-il souffrir en connaissant leur existence, mais sans jamais les voir, ne jamais leur parler, ne jamais les prendre dans ses bras ?

Serait-il tel son grand père qui dit-on jouer à quatre pattes avec ses enfants, tout en les portant sur son dos, n’ayant cure qu’il se nomme Louis, Nicolas ou César et Alexandre. Ou serait-il tel Louis XI qui passait au devant de sa chair et de son sang sans une seule marque d’intérêt, et si ancré dans sa misogynie qu’il disait de sa fille " qu’elle était la moins folle des femmes, car il n’en connaissait point de sages ! "

L’amour bien que présent et fort suffirait-il à briser toutes ces maudites convenances ? En particulier lorsqu’on s’autoproclame le Roi Soleil, brisé dans son enfance par une Fronde, lorsqu'on reste ce monarque qui désire imposer sa suprématie à l’ensemble de l’Europe ! Pourrait-il être à la fois le grand souverain craint de tous et un parent aimant envers une progéniture … bâtarde ? Face à cette intense interrogation, Amy n’oubliait pas les paroles de Louis prononcées un jour d’audience, lorsque la colère brillait dans ses yeux : " L’homme chez moi est peu de choses, le Roi l’a dévoré " Comment oublier de tels propos, surtout en cette heure si grave ? Amy leva soudain les yeux au ciel pour prendre une profonde inspiration. Il fallait de toute façon lui faire part de cette nouvelle. L’allégresse ou la déception dépendant entièrement de la réaction du Roi.

Louis porta à ses lèvres sa main affaiblie d’avoir lutté et empoigné si violemment ce dessus de lit. La favorite reporta son regard sur lui, il semblait si apeuré, si coupable de l’avoir autant négligée ces temps-ci. Cette impression se révéla parfaitement juste lorsqu’il lui fit part de ses inquiétudes.


" Mais dites-moi que votre état n'est point grave. Je vous vois si pâle et la nouvelle m'a été annoncé avec tant d'angoisse, rassurez moi Amy, mon Amy ... "

Amy s’approcha alors de lui et de son resplendissant visage qu’elle caressa avec douceur, puis elle mit ses deux mains autour de son cou afin que sa tête penche vers elle et que leurs deux fronts se touchent. Cette proximité si intime et si propice à ce genre de confidences, elle ne l’aurait pas voulue autrement ! Plongeant dans un regard mutuel, leurs lèvres se frôlant, quel beau tableau d’amoureux ils devaient former !

- Ce n’est point grave, taisez ces alarmes mon doux Sire !

Amy osa alors prendre la main royale et la plaça sur son ventre. Et dans un élan d’émotions, sa voix s’étrangla de pleurs contenus, des pleurs de joie, un sourire éclatant aux lèvres.

- Il faudra gronder ce petit sacripant dans quelques mois pour nous avoir fait subir de telles frayeurs ! Qu’en dites-vous ? …

Plutôt que de lancer si banalement un " j’attends un enfant" , son esprit avait encore frappé, le Roi s’étonnerait, comprendrait et … réagirait. Mais pour l’heure, le soulagement gagna Amy, elle l’avait enfin dit, après plus d’un mois, cet aveu enfin partagé ne lui pèserait plus. La favorite espérait seulement qu’un poids n’en cacherait pas bientôt un autre … Elle espérait de tout cœur en l’euphorie de Louis !
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MessageSujet: Re: Un malaise annonciateur (PV : Louis XIV)   Un malaise annonciateur (PV : Louis XIV) Icon_minitime18.02.10 23:30

Il y a des choses, pourtant naturelles, auxquelles on ne pense pas. Bien qu'amoureux, on ne pense pas à ce que cet amour ait un lien « matériel », bien que le mot ne soit pas bien adapté. Cet amour clandestin, interdit, puni par l'Église devrait ne pas exister, ou rester secret, donc ne pas le montrer au grand jour. Quand l'histoire se passe à Versailles, le secret n'existe pas, tout se sait tôt ou tard, les murs ont des oreilles et les histoires se propagent à une vitesse folle, à peine le temps de prendre respiration que la château et les alentours se propagent ! La vitesse étant proportionnelle à la place de la personne dans la hiérarchie sociale, imaginez quand le secret met en scène Louis XIV lui-même, en personne. Tout le monde se passionnait des amours de ce monarque jeune et beau, cela changeait de la plupart des couronnes d'Europe, et avec les femmes pour passion, la Cour aimait savoir qui passait dans les bras, et les droits, du Roi. De la belle histoire platonico-romanesque avec Marie Mancini dont personne n'aurait parié un écu dessus, la pieuse Louise qui a préféré le couvent pour absoudre ses amours fanées, tout le monde attendait la prochaine. Lorsque ce fut une anglaise, encore après la royale belle-sœur, personne n'y crut et beaucoup en rirent rien que de l'évoquer. Et pourtant, les années ont passé et la jolie Amy est toujours restée la seule. On ne compte pas la Reine, la seule à avoir la bague au doigt à défaut d'avoir un cœur. L'anglaise s'était révélée une femme d'esprit, ce qui plaisait à Louis, douce, patiente, aimante à la fois participante aux festivités mais sachant se faire discrète sur les affaires privées. Leur histoire avait connu des distances, involontaires seulement puisque le royaume éloignait l'homme de sa bien-aimée mais il fallait bien quelqu'un pour gouverner un royaume parfois malmené. Louis pensait à sa demoiselle, qu'il avait élevée au rang de Duchesse de Guyenne pour la garder auprès d'elle, que plus personne ne les séparent à nouveau. Il l'aimait sincèrement, et cela était réciproque. La finalité d'un bonheur n'avait pas effleuré le royal esprit …

Qu'importe ce qu'il se passait, tout ce que voulait Louis en cet instant, c'était la bonne santé d'Amy. Il avait déjà vécu la perte d'une des femmes de sa vie, sa propre mère, il ne supporterait pas un autre trépas, de plus si proches l'un de l'autre. Il avait besoin d'elle, de cette épaule bienfaitrice où il n'épanchait pas ses malheurs mais savait qu'elle serait toujours là pour lui. La douceur de ses mains sur son visage où quelques marques d'expression, mélange d'inquiétude et de peur, se creusaient. Leur proximité comme à cet instant n'existait que dans leur intimité, loin de tout regard. Nul ne savait ce qui se passait derrière les portes fermées de leur vie privée. Les gens pouvaient spéculer, renchérir, personne ne savait. Cette tendresse, cet amour palpable ne pouvait se décrire avec des mots, il fallait le ressentir pour savoir ce que ces deux là ressentaient l'un pour l'autre. Un effleurement de lèvres, un tableau d'amants – à défaut de plus ! – amoureux et parfaits ils étaient ! Louis se laissa faire lorsqu'Amy prit sa main et la posa sur le ventre de la demoiselle où aucune rondeur se profilait. L'idée lui traversa l'esprit sans vraiment en être sûr.

Il resta un instant surpris de la nouvelle ! Il allait être père … Cela était une merveilleuse nouvelle et s'il attendait toujours avec impatience un futur dauphin/e de la part de sa femme, c'était par joie mais aussi une stratégie royale. Une grande famille puissante où, parmi ses descendants, un montra sur le trône et où il pourrait placer les autres à travers l'Europe. Mais là … N'allons pas dire que cet enfant serait inutile mais Louis ne l'avait pas prévu. Et pourtant, quel bonheur ! Qu'il était rare d'avoir un enfant conçu dans l'amour le plus sincère. Son visage ne montra rien durant une petite minute, il observait ce ventre encore sans rondeurs mais où se cachait un petit être. Puis il sourit avant de regarder dans les yeux la plus belle des femmes qu'il ait pu connaître.

Je pense que je serais bien trop heureux pour penser à gronder ce cadeau du ciel.

Il n'était pas pour l'heure de penser à ce qui allait se passer pour Amy et l'enfant, Louis se réjouissait de cette merveilleuse nouvelle ! Une grossesse était un moment magique et un moment de fête. Bien sûr, pas question de le crier sur les toits et faire passer la nouvelle dans le royaume en entier, personne ne comprendrait. Ce serait juste une grande nouvelle pour eux deux. Sa main caressa ce ventre et le sourire ne le quittait pas, il était bien trop heureux !

Amy, vous m'offrez là un bien grand bonheur que je n'attendais pas. Il y aura à présent un autre rayon de soleil dans ma vie, grâce à vous. Et vous ferez la plus merveilleuse des mères, comme vous êtes la plus extraordinaire des femmes.

Il s'approcha d'elle pour l'embrasser. Ces rares moments d'intimité trop souvent passés à la trappe à cause d'affaires d'État. Les journées n'avaient pas assez de 24 heures pour tout faire et les mois à venir seront pourtant synonyme d'attente et de frustration qu'il arrive à terme. Leurs baisers sont toujours pleins de tendresse, d'un amour sincère. Il aurait été plus facile s'il n'avait pas été roi … Il resta près du visage de la belle, elle était parfaite dans tout son être et il n'aurait jamais pu trouver femme plus parfaite.

Je ferais tout ce qui est possible pour que tout se déroule le plus parfaitement du monde. Et je serais à vos côtés autant que possible, soyez en certaine.

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