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 De l'utilité d'un traître en temps de guerre | Marie-Louise, Cédric, Maximilien |

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Marie-Louise de Chevreuse


Marie-Louise de Chevreuse

« s i . v e r s a i l l e s »
Côté Coeur: J'essaye de ne pas m'en préccuper pour le moment
Côté Lit: Nul pour le moment
Discours royal:



L U C I F E R
en talons

Âge : 22 ans
Titre : demoiselle de Chevreuse, baronne de Retz
Missives : 110
Date d'inscription : 20/11/2012


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MessageSujet: De l'utilité d'un traître en temps de guerre | Marie-Louise, Cédric, Maximilien |   De l'utilité d'un traître en temps de guerre | Marie-Louise, Cédric, Maximilien | Icon_minitime26.08.13 15:07

De l'utilité d'un traître en temps de guerre | Marie-Louise, Cédric, Maximilien | Tumblr_lzbrwzfPO11r5ruse


Si Hector de Valois avait cru s’attacher une âme dévouée en la personne de Marie-Louise de Chevreuse, il se trompait lourdement. En effet, la jeune femme était en réalité pétrie d’une pâte vengeresse, échauffée au feu de l’injustice, blessée par l’orgueil d’une reine qui avait voulu étouffer d’anciens alliés et qui n’avait réussi qu’à libérer ce que la duchesse de Chevreuse n’avait prévu de son temps. La dévotion à la cause des Valois n’était qu’une façade car derrière cette patine de la servante efficace et loyale se trouvait la véritable toile de maître, tissée et peinte avec les agiles doigts d’une artiste nommée Rancoeur.
Mais Marie-Louise avait bien trop de loyauté pour trahir celui qui lui avait donné un couteau aiguisé entre ses doigts et docilement, la fière et turbulente descendante des Rohan suivait le maître de la danse macabre contre les Bourbons.

Profiter de ce qui lui était dû était une chose bien naturelle chez cette nature égocentrique et de ce fait, porteuse du nom de Chevreuse, arrière-petite-fille - quoique batarde - du Balafré, Marie-Louise savait que son entrée à Nancy à la cour de ses cousins pouvait se faire aussi aisément qu’à celle de France, lorsqu’elle brandissait ses racines françaises.
Elle avait même poussé le vice jusqu’à séduire l’un de ses charmants neveux bien éloignés, afin d’obtenir une petite chambre dans les appartements dévolus aux hôtes dans le palais ducal de Nancy. Une chambre bien grande pour cette hôte particulière, qui n’avait attendu l’arrivée des premiers carrosses alliés pour réfléchir à sa présence - de son plein gré - en ces lieux.
De la fenêtre de cette place, elle pouvait guetter les allées et venues des visiteurs et ces derniers jours, les illustres carrosses flanqués d’armes chatoyantes, s’étaient succédé dans la cour, déposant leur non moins illustres passagers. Elle s’était contrainte, mais non point forcée, à se rendre aux festivités qui avaient rendu hommage aux négociateurs.

-Des négociations, siffla-t-elle, alanguie dans un fauteuil, au lendemain d’un nouveau bal! Des négociations entre ennemis naturels, voilà une bien mauvaise idée! Le Bourbon fait preuve d’orgueil, comme toujours, il se fera noyer par mes cousins, par les Anglais et leurs alliés! Et la France, dans tout ce marchandage de pays et de provinces? La France se retrouvera encore amputée de quelque région que notre brûlant soleil trouvera peu à son goût! Le roi est mauvais et l’homme est cruel, se lamenta-t-elle d’une voix théâtrale!
Elle se leva dans un mouvement de soie vaporeuse, vêtue d’un simple déshabillé sur une chemise pâle qui faisait entrevoir ses formes. Ses cheveux blonds s’étalaient sur ses épaules parfois jugées trop maigres. Elle s’arrêta devant une petite cage dont elle ôta le voile qui la masquait aux regards.
Cinq petits serins sifflèrent gaiement lorsqu’ils découvrirent le soleil et trois d’entre eux voletèrent dans la cage.
-Je n’ai pris avec moi que Troisième jusqu’à Huitième. Second a été victime de ma massacrante humeur lorsque j’appris le mariage de cette peste anglaise!
Elle se tourna enfin vers son interlocuteur et lui décocha un sourire que l’on qualifiait d’angélique ou de carnassier selon que l’on connaissait ou non la baronne de Retz.
-Je crois que Louis le Troisième ne passera pas cette nuit, fit-elle le regard s’illuminant d’une mauvaise flamme. Elle lâcha enfin le voile, étouffant les chants des serins, avant de s’approcher du second fauteuil, passant derrière le dossier et se penchant vers l’occupant, faisant glisser ses mains le longs de ses épaules.
-Car, mon cher Cédric, je ne cesse de me réjouir que cet indolent duc de Gascogne vous ai emmené dans ses malles! Je ne sais encore ce qui l’a poussé à faire entrer le loup dans la bergerie, et cela est votre affaire, mais sans votre présence, je serai certainement repartie avec mes cinq petits, et non quatre. J’en aurais été fort marrie, conclut-elle en bougonnant faussement. Plus Quatorzième attend son heure et plus il tremble de ses plumes!
Elle se redressa soudainement, son regard s’étant posé sur quelques papiers qui jonchaient un petit bureau d’acajou et d’un mouvement leste, elle quitta le fauteuil pour relire les documents noircis à l’encre. La douceur avait quitté ses traits pour laisser place au cynisme.

-Monsieur le marquis de Mauny aurait du rester fâché sur ses terres, il n’aurait ainsi pas eu à risquer de compromettre sa famille en rejoignant le camp de mes cousins Lorrains, lâcha-t-elle venimeuse. Pauvre Estampes! Je promets que rien ne sera douloureux pour lui, au présent comme à l’avenir. D’ailleurs, reprit-elle après avoir rangé quelques missives, je n’aime pas faire souffrir les gens inutilement, cela est une perte de temps considérable! Il fera son devoir pour son plus grand plaisir.
Elle ramena devant elle les pans de son déshabillé pour se couvrir et se retourna vers Cédric de Portau, un lent sourire éclairant son visage enfantin.
-Voyez-vous là les récompense de notre acte, mon cher? N’était-ce donc pas le but ultime de cette entraide que nous nous sommes jurés d’honorer? Je parle là en française, bien sûr: la tempêtes est lâchée entre anglais et lorrains, la division ne pourra que pourrir cette alliance à laquelle la France n’aura qu’à donner l’ultime coup de grâce! Le regard de la jeune femme s’était agrandie sous la vision de cette oeuvre. Son sourire élargi trahissait toute la jouissance qu’elle tirait de ses actes. Elle seule en était la main qui avait mené le destin!
-Le Bourbon à terre, l’ennemi plumes au vent, le trône français reviendra à celui qui le mérite de plein droit et là, mon cher Cédric, nous pourrons enfin être récompensés de nos actes. N’est-ce pas là un avenir ensoleillé!

Elle s’approcha à nouveau de lui et posant ses deux mains sur les accoudoirs, approcha son visage, dont les traits avaient repris cette douce et inquiétante innocence.
-Le coureur de jupons et de culottes reprendra la place qui lui est due, la superbe et orgueilleuse comprendra enfin qu’une Rohan ne plie jamais devant une Longueville… et Hector de Valois saura nous en remercier, ajouta-t-elle lorsqu’elle se redressa pour aller à la fenêtre donnant sur la cour apaisée. Il n’est point ingrat, n’est-ce pas?

Elle observa la fenêtre faiblement éclairée au troisième étage du pavillon qui faisait face au leur, avant de prendre un ton plus inquiet, rare faiblesse de la jeune femme.
-Etes-vous bien certain que cette fenêtre est celle de ce monsieur d’Estampes? Ce que nous avons convenu ne peut souffrir d’aucune surprise. L’idée première que j’avais de me travestir en soldat anglais est peut-être trop audacieuse...je ne puis être ainsi découverte par un membre de ma famille, si lointaine puisse-t-elle être! Et comment expliquer cela au marquis...L’Enfer m’a envoyé votre main pour me secourir, alors redites-moi encore que ce que nous avons convenu et que ce que vous m’avez donné est juste. Même guidée par mon propre démon, je ne puis lui faire aveuglément confiance, fit-elle d’une voix plus basse, comme pour elle même.
Rares étaient ces instants de doute, mais même dans toute sa folie ordinaire, Marie-Louise conservait une part de conscience qui la poussait à craindre d’être démasquée et traînée comme une vulgaire criminelle jusqu’à la Bastille ou pire encore: Pignerol. La présence de Cédric la rassurait sans qu’elle ne puisse mettre de mots sur cette sensation, mais elle s’en contentait, pour l’heure, parfaitement.
-Estampes est encore jeune d’esprit, dit-on, fit-elle plus bassement en observant la fenêtre éclairée. Un nouveau sourire éclaira son visage. Il se pliera si aisément...
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Cédric de Portau


Cédric de Portau

« s i . v e r s a i l l e s »
Côté Coeur: Il a servi il y a des années avant de complètement le ferme. Mais la revoir me fait redevenir ... humain ?
Côté Lit: Sans courir après les dames, il se porte à merveille !
Discours royal:



    B E L Z E B U T H
    l'associé du diable


Âge : 29 ans
Titre : Comte de Gan
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De l'utilité d'un traître en temps de guerre | Marie-Louise, Cédric, Maximilien | Empty
MessageSujet: Re: De l'utilité d'un traître en temps de guerre | Marie-Louise, Cédric, Maximilien |   De l'utilité d'un traître en temps de guerre | Marie-Louise, Cédric, Maximilien | Icon_minitime11.09.13 21:36

L'emmener à Nancy fut la meilleure idée que cette tête de piaf de d'Artagnan puisse avoir ! Cédric savait pourquoi son grand ennemi l'avait obligé à venir : pour garder un œil sur lui, tout simplement. Avait-il peur que Portau conspire contre lui en son absence ? Qu'il mette en place un plan pour le tuer ? Sans doute, et la paranoïa du jeune homme était une bonne voie, cela prouvait qu'il craignait Cédric et qu'il avait sauté les deux pieds joints dans le plan machiavélique du grand blond. Parfait, c'était une excellente nouvelle. Partir pour Nancy, c'était aussi l'occasion de voir ce qu'il se passait de l'autre côté, pour aider la Main de l'Ombre. Il y avait peu d'infiltrés à Nancy, mais une suffisait amplement au vu de ses sombres desseins : la magnifique et machiavélique Chevreuse. A peine s'était-il installé dans l'hébergement loué par d'Artagnan qu'il avait envoyé une missive à la blonde faussement candide pour la prévenir de son arrivée. L'ambassade ne risquant pas de faire long feu, les associés diaboliques devaient faire au plus vite, Marie-Louise avait un plan à sa hauteur.

Voici donc pourquoi ils étaient réunis en ce lendemain de bal, dans les appartements qu'occupait la jeune femme. Chacun assis sur son fauteuil, le mercenaire ne quittait des yeux cette blonde dans ce déshabillé presque scandaleux dans lequel elle ondulait, et le contraste entre cette apparition vaporeuse et la dureté de ses mots n'étaient plus que saisissant. Il était évident qu'elle ne pouvait que détester ces négociations, elle ne s'en cachait pas. Voici une femme de caractère, de cette trempe que Portau aimait. Mais elle était aussi imprévisible, parler de l'assassinat prochain d'un de ses oiseaux avec ce sourire angélique, Cédric adorait ce genre d'attitude, Marie-Louise n'avait peur de pas grand-chose, encore un trait de caractère qu'ils partageaient. Elle était revenue à lui, caressant ses épaules tandis que Portau porta sa main à sa peau blanche pour s'en délecter.

Car, mon cher Cédric, je ne cesse de me réjouir que cet indolent duc de Gascogne vous ai emmené dans ses malles! Je ne sais encore ce qui l’a poussé à faire entrer le loup dans la bergerie, et cela est votre affaire, mais sans votre présence, je serai certainement repartie avec mes cinq petits, et non quatre. J’en aurais été fort marrie. Plus Quatorzième attend son heure et plus il tremble de ses plumes !
Un autre  volatile devrait trembler avec vous comme ennemie. lâcha t-il avec un mauvais sourire.

Et comme toujours, imprévisible, Marie-Louise s'en retourna à ses papiers, les relisant sans doute pour la vingtième fois, à parler d'Estampes, petite marionnette entre les doigts de ces deux vils personnes, qui avait l'avantage d'être un traître à la France et peu aimé par ses nouveaux concitoyens. Ni par les français ni par les anglais et pas vraiment par les lorrains, le marquis de Mauny était un garçon qu'il fallait avoir dans ses filets, et Marie-Louise l'avait bien compris ! Elle en était d'ailleurs ravie, il n'y avait qu'à la voir, ce sourire aux lèvres et cette déclamation presque passionné, disant des mots durs, un plan diabolique, sur un ton léger, amusé presque, contrastant aussi avec sa blondeur angélique et son habit peu habillé.

Le Bourbon à terre, l’ennemi plumes au vent, le trône français reviendra à celui qui le mérite de plein droit et là, mon cher Cédric, nous pourrons enfin être récompensés de nos actes. N’est-ce pas là un avenir ensoleillé !
Un programme alléchant ! Il me tarde, commenta simplement Cédric la regardant venir à lui.

Ils formaient un tandem diabolique, n'ayant aucun scrupule, pouvant peaufiner des plans sur un ton de conversation banal, comme celui de mettre à sac les négociations, empêcher la guerre de s'arrêter, semer le trouble grâce à leur proie. Elle se rapprocha de lui, elle était si désirable en cet instant, presque insolente, et Cédric tout en l'observant, acquiesça. Hector n'était que rarement ingrat, surtout si les missions lui servaient largement, si ses agents savaient se montrer vainqueurs. Mais il ne supportait pas l'échec et pouvait faire payer au centuple votre erreur. Portau savait de quoi il parlait, lui en voulait toujours de l'avoir destitué de sa place pour mettre le rat d'égout vénitien, cet incapable. Il lui fallait reprendre sa place, et sa participation à ce dessein de faire échouer les négociations était un bon moyen de remettre le pied à l'étrier.

D'ailleurs, il était temps de mettre le plan en place. Marie-Louise se tenait à la fenêtre, Cédric l'y rejoint. Face à eux se tenait une autre chambre, faiblement éclairée mais habitée à n'en pas douter.

Êtes vous bien certain que cette fenêtre est celle de ce monsieur d’Estampes? Ce que nous avons convenu ne peut souffrir d’aucune surprise.
C'est la sienne, à n'en pas douter, répondit simplement Portau.
L’idée première que j’avais de me travestir en soldat anglais est peut-être trop audacieuse … je ne puis être ainsi découverte par un membre de ma famille, si lointaine puisse-t-elle être! Et comment expliquer cela au marquis … L’Enfer m’a envoyé votre main pour me secourir, alors redites-moi encore que ce que nous avons convenu et que ce que vous m’avez donné est juste. Même guidée par mon propre démon, je ne puis lui faire aveuglément confiance.
Vous pouvez me faire confiance alors, je vous guiderais.
Estampes est encore jeune d’esprit. Il se pliera si aisément …
Et il a ses faiblesses. Si vous ne voulez pas vous déguisez en soldat anglais, je pense qu'en anglaise tout simplement sera suffisant. Il eut un petit sourire amusé, le rendant encore plus diabolique. Estampes a eu un coup de cœur pour une anglaise, la sœur de John Manners, mais elle préfère monsieur le lorrain Nicolas de Custine, pour qui c'est réciproque. Il tourna la tête vers Marie-Louise, si je vous explique cela, c'est que c'est votre aubaine, je vous ai arrangé un rendez vous. La demoiselle a envoyé un billet à son bellâtre lui disant qu'elle viendra dans sa chambre, à minuit. C'est là où votre serviteur intervient, j'ai subtilisé la lettre pour la remettre à Estampes, fou de joie. Pendant que la jeune femme va voir son amant, vous pourrez le voir. Avec le faible éclairage, une petite tenue à l'anglaise, personne ne se formalisera, surtout que vous avez l'avantage de ressembler à la jeune femme, du moins le soir à la lumière des quelques chandelles.

Il était content de lui, il avait fait sa part du contrat, même s'il restait quelques petits détails pour que Marie Louise soit méconnaissable. Cherchant dans sa poche, il en sortit une clé qu'il tendit à sa complice, toujours satisfait de lui :

Oh, la clé de la chambre de la jeune femme, si vous avez besoin d'une toilette. Elle est au théâtre ce soir ... les servantes parlent beaucoup trop quand elles ont un homme à leurs côtés, quel manque de professionnalisme.

S'il fallait faire un peu de charme à une servante assez jolie, voire même plus, pour la faire parler et lui voler une clé, il ne fallait pas avoir de scrupules ! Ça tombait bien, Cédric n'en avait pas, c'était donc parfait. Une fois la clé entre les mains de la Chevreuse, il avait terminé sa partie du plan, enfin presque.

Ah oui, j'ai oublié de vous dire que mademoiselle et son amant vivent une histoire cachée, une querelle d'honneur il me semble d'il y a quelques années. Une stupide histoire d'amour impossible qui l'empêcherait de révéler où elle serait ce soir là, elle est notre parfait paravent pour votre rendez vous de ce soir car Estampes doit avoir conservé ce petit mot. Tout est en notre faveur aujourd'hui. C'est à vous de jouer maintenant !

Il était temps pour lui de se retirer, il s'approcha de la belle et cruelle Marie-Louise pour l'embrasser, comme la signature d'un pacte avec le diable et fit quelques pas pour s'éloigner, quitter la chambre de la jeune femme, mais s'arrêta en route et se retourna :

Je resterais dans les parages si vous voulez un alibi pour qu'on vous écarte de tout soupçon. A toute à l'heure.

Et il passa la pièce, un petit sourire aux lèvres. Estampes allait vivre une nuit mémorable, le reste du palais aussi ...
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Marie-Louise de Chevreuse


Marie-Louise de Chevreuse

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MessageSujet: Re: De l'utilité d'un traître en temps de guerre | Marie-Louise, Cédric, Maximilien |   De l'utilité d'un traître en temps de guerre | Marie-Louise, Cédric, Maximilien | Icon_minitime24.09.13 22:46

Le regard perdu vers la fenêtre éclairée, Marie-Louise écouta sans se retourner les conseils de Cédric. Elle l’avouerait difficilement, mais la présence de l’homme la rassurait. Elle ne doutait pas un seul instant de ses propres capacités, mais instinctivement, il lui apportait l’assurance qu’il lui manquait parfois, lorsqu’elle savait que l’affaire pouvait durer et prendre un tout autre tournant. Elle détestait l’imprévu, car elle devait composer avec lui et les propres humeurs de son démon intérieur. Elle ne savait jamais ce qu’il avait prévu pour elle et ce soir-là, elle ne pouvait faire un seul faux pas, l’enjeu était bien trop attirant.
Elle posa sur lui son regard lorsqu’il lui expliqua ce qu’il avait préparé.

-Pendant que la jeune femme va voir son amant, vous pourrez le voir. Avec le faible éclairage, une petite tenue à l'anglaise, personne ne se formalisera, surtout que vous avez l'avantage de ressembler à la jeune femme, du moins le soir à la lumière des quelques chandelles.
-Vous êtes diabolique, fit-elle dans un sourire équivoque, en prenant la clef des doigts de Cédric. Que le diable a bien fait de vous placer sur mon chemin! L’anglaise me convient parfaitement. Vous ne pouviez obtenir un tout autre résultat, mon cher!

Cédric avait paré à toute éventualité. Il était ce soir son ange gardien, malgré ses sombres ailes noires. Si cela avait été dans son caractère, elle aurait embrassé le duc de Gascogne dès que le hasard les aurait rapproché!
-Qu’aurais-je fait sans vous, lui confia-t-elle lorsqu’il lui eut expliqué toute la situation. Jamais je n’aurais pu obtenir tous ces renseignements aussi rapidement, discrètement et efficacement. Il est si dommage que vous soyez proche de la Longueville, nous faisons un magnifique duo, n’est-ce pas ?

Elle lui lança un regard brillant alors qu’il s’approchait d’elle pour l’embrasser. Les amants maléfiques concluaient ainsi parfaitement la mise sur pieds de leur néfaste complot.

-Je resterais dans les parages si vous voulez un alibi pour qu'on vous écarte de tout soupçon. A toute à l'heure.
-Que ferais-je sans vous, lança-t-elle dans un sourire en coin? Je vous rejoindrai sitôt mes vêtements d’anglaise reposés. Les astres doivent nous êtes favorables ce soir, la lune est sombre et les étoiles percent difficilement. La nuit sera absolument délicieuse! A tout à l’heure.

Elle observa la porte se fermer et restant un instant en silence près de la fenêtre, jeta un oeil à celle d’en face. On y voyait l’ombre du marquis de Mauny passer devant avant de se rasseoir.
Ne perdant de temps à réfléchir au plan, elle tâta la clef dans sa poche, attrappa un manteau noir neuf et quitta silencieusement sa chambre. Solange avait été prévenue de l’absence de sa maîtresse et l’endroit où la camériste dormait habituellement était vide.

Tenant la chandelle dans ses doigts fermes, elle longea les couloirs, croisant quelques soldats qu’elle salua d’un large sourire qui leur fit oublier toute défiance, et après quelques pas feutrés, s’engouffra dans les appartements de la demoiselle anglaise. La camériste avait répondu rapidement aux petits coups secs sur la porte et sentant qu’il ne fallait converser avec cette femme qui pénétrait dans la chambre, elle mena Marie-Louise silencieusement jusqu’à la garde robe.
-Voici ce que votre ami a demandé, madame, fit-elle dans un fort accent anglais. Dois-je vous aider à vous préparer?
-Bien sûr, répondit Marie-Louise en ôtant son manteau.
Tout en s’affairant, la camériste donna les dernières recommandations.
-Ma maîtresse reviendra tard, car elle va voir son amant. En revenant, si vous ne souhaitez être vue, au lieu de passer par les couloirs, s’il y a du monde, passez donc par les passages discrets menant aux boudoirs privés. Je vous montrerai lorsque vous sortirez. Tenez, laissez-moi arranger vos cheveux, mademoiselle ne se coiffe pas ainsi!
La jeune femme, rapide et efficace, arrangea la tenue et la mise de Marie-Louise, avant de la mener par un petit passage derrière les tapisseries. La française glissa un sou dans la main de la jeune femme.
-D’autres à mon retour.

Elle fit retomber la tapisserie et reprit sa route dans les couloirs du palais ducal, suivant les plans de Cédric. Cette fois, il n’y avait aucune utilité à se cacher aux yeux des soldats et d’éventuels invités tardifs qui regagnaient leurs appartements. Sous sa mante, quelques cheveux blonds s’échappaient sur son visage et elle ne cachait pas le devant de la robe anglaise qu’elle portait, qui, selon la camériste, était celle portée par sa jeune maîtresse la veille au soir. Le tour était parfaitement calculé, et Marie-Louise ne craignit pas un seul instant qu’on la reconnaisse. Elle avait su camoufler ses traits, placer ses cheveux de façon à ce que ses joues soient délicatement recouvertes de mèches blondes et la jeune femme pris le soin de baisser la tête dans un mouvement de confusion lorsqu’elle croisait un regard curieux.
Reconnaissant l’aile dans laquelle elle pénétrait, elle se dirigea vers la porte indiquée par son complice. Un moment, elle s’arrêta devant le battant, se rappelant ce devoir accompli. Dans peu de temps, cette porte s’ouvrirait et une nouvelle marche serait gravie dans le complot. Ces gestes qu’elle accomplirait accompagnaient sa propre vengeance et bien plus que créer la discorde diplomatique, bien plus que semer le doute dans l’esprit anglais et lorrain, c’était une petite victoire personnelle que de voir sombrer celui dont la famille soutenait le Bourbon, comme un coup de stylet supplémentaire. L’avenir restait incertain, mais aux yeux de la baronne, elle posait ce soir une nouvelle pierre à l’édifice d’Hector de Valois.

De sa main gantée, elle frappa trois petits coups à la porte, composant son visage pour la surprise qu’elle ferait au marquis de Mauny. La réponse ne tarda pas, et ce ne fut pas un valet qui apparu dans l’entrebaillement de la porte, mais le marquis lui-même, en chemise.
-Quelle heureuse surprise de recevoir votre bi…..qui êtes-vous?!

Les yeux écarquillés, l’homme recula d’un pas, jetant un regard perplexe à Marie-Louise qui lui répondit par un large sourire.
-Je...J’attends quelqu’un, mademoiselle. Vous seriez-vous trompé de porte? Il posa ses yeux sur la robe, le visage noyé dans l’incompréhension. Que faites-vous avec cette robe?!
-Entrons, monsieur, répondit calmement Marie-Louise, et parlons, puisqu’il y a vraisemblablement erreur sur la personne.
-Erreur? Madame!

Sans prendre le temps de répondre ni même d’écouter, elle poussa docilement l’homme dans la chambre, et avisant la clef sur la serrure, referma la porte dans un mouvement rapide.
-Ne gâchons pas cela par quelques impromptus!
-Qui êtes-vous, balbutia le marquis ?
-Peu importe, et de toute façon, il ne se passera rien d’atroce, je ne viens pas vous dérober, ni vos bijoux, ni votre coeur.

L’homme resta un moment muet de stupeur devant l’assurance de la jeune femme qui, tout en parlant, avait défait son manteau qu’elle avait négligemment posé sur le dossier d’un fauteuil. Elle avait ôté ses gants, remis de l’ordre à ses cheveux et le sourire aux lèvres, attendit un court moment une réaction de la part du marquis. Mais Marie-Louise commençait à connaître bien mieux l’esprit humain qu’auparavant et sachant quel effet son apparition avait du produire, ne perdit aucune seconde à attendre une quelconque réaction du traître français.
La situation l’amusa presque, car si l’homme s’était montré plus locace, la force aurait été pour elle une solution nécessaire...du moins, la force à sa manière.

-Asseyez-vous donc, marquis, puisque je ne viens que causer, et que personne ne doit venir nous déranger. Ne faites donc pas cette tête, et pardonnez-moi, car le billet que vous avez reçu d’une charmante personne était en réalité destiné à un autre. Nous sommes donc seuls! N’est-ce pas agréable?
L’homme ne répondit pas au sourire franc de Marie-Louise.
-Bien. Venons-en au fait, puisque je crois que vous êtes homme à ne point perdre votre temps en des palabres inutiles, poursuivit-elle sur un ton badin.
-Que me voulez-vous?
-La question plus juste aurait été: que voulez-vous, reprit Marie-Louise dans une petite mimique de réflexion. Je veux simplement que la France gagne la guerre, et ces négociations m’ennuient, car la France risque d’être amputée, amenuisée et paraître faible face à l’ennemi.
-Mais il y aura la paix! C’est le plus important, s’agaça l’homme qui n’eu pas le temps de continuer pour chasser l’importune. De dépit, il préféra attendre qu’elle eu fini de parler pour reprendre l’avantage. Puisqu’elle ne semblait pas armée, le danger n’était peut-être pas imminent, estima-t-il par erreur. S’éloignant du fauteuil sans perdre de vue la jeune femme, il se servi un verre d’alcool.
-Tss tss, je me fiche de la paix. La France est assez puissante pour gagner cette guerre, et lorsqu’elle sera à nouveau sous le rayonnement d’un Valois, elle ne pourra que se relever enfin de sa torpeur bourbonnienne, fit-elle négligemment en prenant ses aises dans un fauteuil.
-Pardon? L’homme se pencha vers elle, arquant un sourcil moqueur avant de boire une gorgée de vin. Je ne sais qui vous êtes, mais je sais au moins ce qu’il y a ici, reprit-il en s’esclaffant, remis de sa surprise première! Il lui tapota le front de son index avant de lui proposer une coupe de vin.
-Non merci, se contenta-t-elle de répondre à cette humeur légère.
-Eh bien, poursuivit Mauny! Qu’allez-vous faire de moi? La femme qui hante mes nuits est dans les bras d’un autre et je n’ai que vous.
Debout derrière le fauteuil qu’il avait précédemment occupé, il redressa les épaules, suivant d’un oeil brillant les courbes de Marie-Louise sous la robe à l’anglaise. Elle était étrange, mais non pas désagréable. On ne pouvait deviner, sous ces boucles blondes et légères, derrière ce regard noisette amusé, ni sous ce sourire angélique, quel esprit retors agitait en ce moment-même les cellules grises de la jeune femme. La baronne sentait parfaitement glisser sur elle le regard du marquis, elle avait même prévu cet instant, et relevant le menton, posa sur lui un oeil équivoque.
-Avouez que vous avez inventé cette petite histoire pour enfants, dans l’unique but de m’avoir sous votre coupe, mademoiselle.
-Non, simplement pour que vous buviez ma coupe, répondit Marie-Louise d’une voix teintée d’ironie. Elle sorti de sa petite bourse une petite boîte contenant quelques poudre réhaussant le carmin de ses lèvres, qu’elle passa doucement avant de se lever et de rejoindre l’homme pour lui faire face.
-Si ça n’est que cela, alors j’oublierais votre venue impromptue, vos affabulations sur des Valois disparus et serais même enclin à oublier de vous demander la véritable raison de votre venue. Il passa un doigt autour d’une mèche de cheveux blonds, l’entortillant doucement.
-La chair est faible, fit Marie-Louise dans un sourire en coin, en rapprochant son visage du sien pour effleurer ses lèvres des siennes.
Mauny allait lui rendre ce trop fugace baiser, mais la française s’était vivement reculée, essuyant ses lèvres d’un mouvement leste. et discret.
-Buvons, plutôt, reprit-elle avant qu’il ne put ouvrir la bouche pour contester. Nos sens perdus se retrouveront plus facilement.

Elle se versa une coupe de vin qu’elle porta en toast. Le marquis s’était arrêté un moment, cherchant à deviner ce qui se cachait sous les traits de cette sirène. Elle l’avait emmené dans les dangereux rochers et à présent, elle enroulait autour de sa taille ses longues tentacules. L’avait-il deviné? Marie-Louise n’aurait su le dire, mais elle ne détourna pas son regard du verre qu’il avait porté à ses lèvres. Elle vit sa pomme d’Adam laisser couler la liqueur et ce ne fut que lorsqu’il passa sa langue sur ses lèvres qu’elle su qu’elle pouvait à présent cesser ce jeu idiot. Si elle était d’une nature charmeuse, elle détestait ces jeux de séduction stupides.
-Nous pouvons à présent continuer notre petite discussion, reprit-elle d’une voix tranchante, faisant lever un sourcil à l’homme.
-Pardon?
-Oh oui, fit-elle dans un geste vague de la main, je ne comptais pas aller plus loin, vous ne m’intéressez pas vraiment, d’autres hommes ont des traits bien plus avantageux que les votres, et ces hommes ne sont pas des traîtres.
Elle ignora totalement le visage de Mauny qui passa de l’incompréhension à l’hébétude, en frôlant la colère et la perplexité. Elle était entré dans une phase de désintérêt total des sentiments et réactions de son interlocuteur et à présent assise, les jambes croisées, elle jouait distraitement avec le cordon de sa bourse.

-En réalité, fit-elle alors que le marquis hésitait à sortir son épée pour la menacer, je ne veux pas vous faire souffrir, je vous l’ai dis. Mais vous êtes un caillou dans la chaussure française, ainsi que lorraine. Vos humeurs ennuient les états-major, vos décisions agacent votre ancienne patrie et malgré votre dernière brillante bataillle, votre disparition causerait grand soulagement pour chaque bélligérants. Soyons honnêtes, n’est-ce pas?
Mauny s’étouffa et sorti son épée, pointant la pointe vers Marie-Louise qui se renfonça dans son fauteuil, grimaçant devant la menace.
-Qu’êtes-vous venue faire ici?
-Donner le coup de grâce aux négociations qui se déroulent déjà fort mal.
-Qu’ai-je à y voir?
-En disparaissant, chacun s’inquiétera de savoir quel bras s’est chargé de…..ce….ménage, expliqua-t-elle d’une voix tranquille, sans sembler se formaliser de l’épée qui l’inquiétait néanmoins.
-Vous avez sur vous une épée pointée, et vous comptez me tuer, s’exclama l’homme en commençant à rire! Il s’arrêta soudainement, pris d’une forte quinte de toux. Lâchant sa garde, il permit à Marie-Louise de se dégager du fauteuil et de s’éloigner de toute menace.
Le regard noir, elle observa l’homme s’étouffer petit à petit, les mains portées à sa gorge.
-Vous ne connaissiez pas les petits poudres blanches, monsieur?
Le marquis leva un oeil torve vers elle, écarlate.
-Quoi, hoqueta-t-il?
-On appelle couramment cela de la poudre de succession, fit Marie-Louise d’une voix calme, sachant son adversaire totalement inoffensif.
-Garce! Le vin!
-Diable non! Je n’aurais gâché un si bon breuvage, fit-elle mine d’être choquée! Non, le vin est vulgaire. Mes lèvres plutôt, marquis. J’ai déposé ce doux mélange d’herbes sur les votres, et l’alcool a fait le reste.

L’homme étouffa un peu plus et passant d’un rouge vif à une teinte plus foncée, il porta à nouveau un oeil vers la française, ne pouvant esquisser le moindre geste de défense. Lentement, il s’affala sur le lit avant de glisser à terre, cherchant sa respiration.
Marie-Louise usait de ce poison pour la première fois, et malgré les tests effectués avec Anne de Gallerande, elle n’avait pu encore voir les effets sur un être humain. A ses yeux, il n’y avait rien de plus intéressant qu’observer les effets d’un nouveau produit et penchée sur le marquis de Mauny, elle observa d’un oeil attentif le visage de l’homme se raidir, gonfler, prendre une couleur violacée, avant de se figer lentement. Les yeux roulèrent dans leurs orbites et alors qu’elle s’accroupissait pour observer les mouvements de gorge, le marquis rendit son dernier soupir, la langue sortie, les yeux exorbités, le visage gonflé. Les parfaits symptômes d’un étranglement.
-Madame de Gallerande, vous m’êtes décidément précieuse, murmura Marie-Louise satisfaite avant de se relever! Elle épousseta sa robe, fouilla le bureau afin de ressortir le billet subtilisé et de le laisser plié sur la table. Puis, jetant un dernier regard de contentement au cadavre qui gisait au pied du lit, elle fit tourner la clef dans la serrure et sortit sans bruit.

Il fallait à présent ne perdre aucune minute! Changer de tenue puis retrouver Cédric et terminer sur une douce note cette palpitante soirée.
Enfonçant la clef dans sa poche, elle sortit de sa poche la petite boîte de poudre.
-Tu m’as été fidèle! Nous voici débarrassés d’un gêneur doublé d’un traître, et les négociatons vont s’arrêter dans de grands éclats de voix dont je ne serais hélas pas témoin.

Elle avait à peine remis la boîte dans sa poche qu’elle aperçu alors la silhouette qui se profilait, faiblement éclairée par la lueur traversant la fenêtre du couloir. Mais même sans distinguer le visage de l’homme, elle su parfaitement qui se dressait là, tel un fantôme sur son chemin. Elle n’était pas assez sûre d’elle pour ignorer que l’homme l’avait vu, et elle le savait bien assez intelligent pour ne pas douter de ce qu’il venait de voir et d’entendre.
-Que fait-on, à présent, monsieur l’ambassadeur, lui lança-t-elle d’une voix sombre?
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