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 Marie-Louise de Chevreuse

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Marie-Louise de Chevreuse


Marie-Louise de Chevreuse

« s i . v e r s a i l l e s »
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MessageSujet: Marie-Louise de Chevreuse   Marie-Louise de Chevreuse Icon_minitime20.11.12 16:54





Marie-Louise


de CHEVREUSE




(Michelle Williams )




« La raison d’État se donne de beaux privilèges. Ce qui lui paraît utile devient permis, et tout ce qui est nécessaire est honnête, en fait de politique. »

    ► Née à Dampierre en 1645, elle a aujourd'hui 22ans
    ► Par sa mère, elle est demoiselle de Chevreuse. Quoiqu'illégitime, elle a néanmoins hérité du titre de baronne de Retz par son père. Par son mariage, elle est marquise de Gâvre, mais préfère oublier ce nom presque infamant.
    ►Dans ses veines coulent les sangs des plus grande figures de l'intrigue, des Borgias aux Rohan, en passant par Gondi et les Guise, elle se targue d'origines française, mais remontant parfois au confin de l'Italie.
    ► Veuve d'un mariage de 8mois qu'elle ne regrette plus.
    ► Catholique, elle a toutefois rejeté ces bases pour ne garder qu'une figure divine. Dieu ou Satan, elle ne croit qu'en un pouvoir supérieur.
    ► Hétérosexuelle, elle est néanmoins passé dans les mains d'une jeune femme dans ses jeunes années.

(Main de l'Ombre)



♕ PROTOCOLE ♕
VERSAILLES : PARADIS OU ENFER ?

Ô Versailles, coeur palpitant d’une vie chatoyante, faites de fêtes et de danses, de théâtre et de jeux! Versailles, tu es mon antre comme mon enfer, mon terrain de chasse comme ma cellule.
Je ne peux voir en Versailles la magnificence que d’autres courtisans découvrent à chaque détour de bosquet. Je n’ai pas rêvé de ce lieu dit féérique, ni même repoussé mon arrivé. Je reste éloignée de ces considérations, ne voyant ce palais que comme un lieu supplémentaire pour Louis XIV d’étaler sa puissance et sa gloire. Versailles est son outil pour écraser la noblesse, outil de cristal dans un coffret doré.
Mes yeux de femme ont été éblouis, mon âme de courtisane s’y plaît, mais mon esprit refuse souvent d’accepter une telle oeuvre. J’y vis puisqu’il le faut, mais j’oscille souvent entre plaisir et obligation.

COMPLOT : VÉRITÉ OU FANTASME PUR ?

Dans mes veines coulent les sangs les plus purs de comploteurs et traîtres à la Couronne. Je viens des Rohan, mais surtout des Guise et l’ombre de mon arrière-grand-père le Balafré rôde dans mon esprit. Le complot, j’ai vu le jour grâce à lui, j’ai été nourri à son sein et bien que l’on m’ai forcé à m’en éloigner, je l’ai rejoins. Je vis pour lui, par lui. L’intrigue est devenue ma raison d’être et ce complot contre l’usurpateur, le fils égoïste d’un roi faible et effacé ne peut qu’être une glorieuse cause. Sa mère a écrasé la mienne, ses ancêtres ont combattu les miens, bon sang ne saurait mentir et je ne veux jeter l’opprobre sur ma famille en m’éloignant de ces sentiers.

COLOMBE OU VIPÈRE ?

Je suis de ces colombes noires. Un corps d’ange mais un esprit devenu bien sombre. J’étais la plus délicieuse des enfants, mais la vie a fait de moi ce que je suis à présent. L’on me dit peu scrupuleuse et capricieuse, mais à tort. Aujourd’hui, vos médecins me nommeraient sociopathe, atteinte de ce trouble mental annihilant toute empathie, souffrance ou émotion.
J’agis selon mes convictions et celles-ci ne plaisent pas à tous; je n’en reste pas moins colombe, seule coupable d’avoir été victime dans ma jeunesse. Vipère, je le suis sans m’en rendre compte, mais je sais que je trouve mon bonheur en cela.
Même sans ces troubles, je ne suis pas peu douce et attendrie; mon caractère est aussi emporté que celui de ma grand-mère, aussi sulfureux que celui de ma mère et je ne les trahis en rien.


DES LOISIRS, DES ENVIES A CONFIER ?

-Courtisane, ce qui me plaît le plus dans ce quotidien est certainement la chasse, où je ne reste que rarement derrière. J’aime voir l’animal tomber, épuisé et sans force, pris dans les crocs de la meute.
-Les salons littéraires, qui me ramènent toujours vers ce que je suis. Ils me poussent hors de mes troubles, me faisant oublier ce que je peux être.
-La souffrance. Je me complais dans ce ressenti, goûtant ainsi au pouvoir que je tiens dans mes mains. Les animaux sont mes victimes principales, n’étant pas de ces sbires assassins.
-La religion, que je combats silencieusement. Mon passé m’a fait repousser ces croyances et pour les contrer, je me suis faite fidèle dans les messes noires de mon cousin. Je ne crois ni en Dieu ni en Satan, mais savoir que je contre ce qui m’a confiée à ce démon qui vit en moi ne peut que contribuer à mon épanouissement personnel.


♕ HOP, RÉVÉRENCE ! ♕
► Cannelle
► 14ans et demi xD
► Tout les jours!
►Code bon by Lisa
► par un amie
► Suggestions ? aucune! Ce forum est superbe!!!!



Dernière édition par Marie-Louise de Chevreuse le 21.11.12 1:38, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: Marie-Louise de Chevreuse   Marie-Louise de Chevreuse Icon_minitime20.11.12 16:55


Fronde,

Enfance, innocence

_________________________________________________

Paris, 1649

L’enfant sautait de fauteuil en fauteuil, ignorant totalement le regard furieux que sa grand-mère posait sur elle.
-Asseyez-vous, Marie-Louise! Ca n’est pas une tenue pour une petite fille! Et descendez de ces fauteuils, bon sang!

Penchée sur sa missive, l’on sentait la grand-mère bien occupée à d’autres travaux qu’à celui de tenir sa turbulente petite-fille de 4ans. Ses cheveux blonds sautaient sur ses épaules à chaque bond de l’enfant et son petit rire parvint à tirer un sourire las à l’aînée.
-Descendez de là, pour la dernière fois, répéta-t-elle. Votre mère sera mécontente de vous savoir si désobéissante.Elle se retourna vers sa feuille, songeant à la mère qui n’aurait qu’indifférence envers les caprices de sa fille.

Ce fut un claquement de porte qui fit sursauter la fillette et sa grand-mère. Si l’une sauta enfin à bas des fauteuil, la seconde repoussa vivement sa chaise, s’avança dans la pièce après avoir jeté un oeil à la fenêtre.
-Par le diable, il ne manquait plus que lui, grogna-t-elle entre ses dents! Marie-Louise, restez près de moi et ne dites rien.

La clameur d’une servante résonna dans le couloir, suivi de la voix abrupte d’un homme. Soudain, la porte s’ouvrit à la volée, la tête de la servante presque échevelée apparu, suivi de l’homme qu’attendait inconsciemment la grand-mère.
-Madame, je n’ai pu le retenir....
-Taisez-vous, gronda l’homme! Et sortez!
La fillette agrippa les jupes de son aïeule, se cachant derrière elle. Il claqua la porte d’un geste brusque, et sans ôter gant ou chapeau fusilla la femme du regard.
-MON FRERE N’EPOUSERA PAS VOTRE FILLE, duchesse!
-Je vous en prie, Monsieur le Prince, asseyez-vous, répondit calmement la femme dans un sourire poli en présentant un fauteuil.
-Cessez vos manières qui en séduisent d’autres. Je ne suis pas de ceux-là. JAMAIS nos famille ne seront liées, est-ce CLAIR?!
-Ca ne sont pas des familles que nous lions, réfléchissez: deux Frondes se font face, aujourd’hu. Deux Frondes qui nous divisent face au pleutre italien que VOUS avez servi, répliqua-t-elle fermement en pointant un doigt accusateur vers le prince!
-Ma famille ne paiera pas de son sang pour cela.
-C’est plutôt à moi de me plaindre de cette union, Prince! Votre frère a la chance d’épouser une femme qu’il ne mérite pas, estimez-vous heureux car à ce rythme, il finira avec l’une de ces mazarinettes que le cardinal nous impose!
-N’insultez pas ma famille, duchesse. Vous n’en n’avez ni le pouvoir ni le statut. Je suis prince de sang, l’oublierez-vous?
-Bien sûr que non, Prince. Mais rendez-vous à l’évidence, nous avons-là deux parfaits prétendants pour rallier nos causes.
-Je ne défendrai pas la cause d’un curé libertin et de sa maîtresse. Vous avez eu votre temps, vos chances et votre gloire. Retirez-vous, la reine vous pardonnera comme elle l’a toujours fait et vous pourrez retourner à Dampierre inculquer quelques leçons de morale à votre fille.
-Nous défendons la cause du peuple et du parlement, non celle de vous autres princes. L’heure est passée.
-Quelle heure?
-Celle à laquelle les têtes tombent. La noblesse n’aura pas le pouvoir qu’elle avait sous le roi Henri IV, Prince. Même mon père se rend à l’évidence. Vous vous battez pour une cause qui est passée dans les mains du Mazarin, qui s’emploiera à poursuivre l’oeuvre de Richelieu. Lui coupait les têtes, Mazarin vous coupera bien autre chose.

Elle eu un sourire moqueur en faisant glisser son regard vers le sol. Elle s’amusait de voir l’un de ses plus grands ennemis dans un tel état de fureur. Il ne voyait donc pas l’issue de son combat? Il valait mieux pour cette tête folle et colérique d’écouter ceux qui avaient connu trois rois, dont l’un, rouge, faisait couler le sang de la noblesse. Il préférait suivre son orgueilleux instinct, quitte à enfoncer son clan dans une boue qui s’annonçait sanglante.

-Bien, reprit-elle. J’accepte que cette union ne se fasse pas. Mais j’ai besoin d’autres gages, car j’avais misé sur ce mariage, notamment pour l’avenir de ma fille.
Le Prince souffla à cette idée. La Chevreuse était bien trop connue pour sa redoutable intelligence et il était légitimement en droit de s’interroger sur la véracité de cette idée d’union. Elle était bien capable d’avoir monté cela pour l’amener à s’abaisser devant elle sur ce plan.
-Dites, lâcha-t-il d’un ton bourru.
-Faites ce qu’il faut pour que cette enfant puisse être légitimée, ou je sais votre frère assez lâche et faible pour craindre mes menaces et épouser ma fille.

Elle pris doucement la fillette toujours cachée derrière les jupes et qui jetait de temps à autre des regards noirs au Prince. Elle la poussa devant elle et l’enfant tint tête à l’homme qui l’observa des pieds à la tête, si petite pouvait-elle être.
-Elle a les cheveux de votre fille, duchesse. Mais je n’aime pas ce regard sombre qui rappelle du sang italien. Vous voulez que mon nom cautionne ce scandale?
-A moins que vous ne préféreriez approuver l’union de votre frère. Il vous craint, il serait ravi d’avoir ma protection...il sait que je suis la seule ici à avoir tenu tête au cardinal-duc.
-Si le Mazarin accepte mes dernières requêtes, je verrais ce que je peux faire. Mais sachez que s’il refuse, je mettrai un terme à mes engagements auprès de lui. Je ne pourrais rien faire pour cette...bâtarde, lâcha-t-il froidement.
-Mais la guerre finira, Prince, ajouta la duchesse. Faites-moi cette promesse, je sais combien votre parole est d’honneur.
-Soit. Je vous le promets, finit-il par se résoudre, agacé par ce poignard pointé sur sa gorge. J’oublierai un jour cette gamine, mais jamais je n’oublierai l’affront que vous m’avez fait, duchesse. Adieu.
-Ah, Monsieur le Prince, passez donc mes amitiés à la charmante duchesse de Longueville et transmettez-lui toutes mes félicitations pour la naissance de son fils!

Marie-Aimée de Chevreuse retint un rire lorsque le prince la quitta plus furieux qu’il n’était arrivé, et prenant l’enfant par les aisselles, l’assis dans un fauteuil.
-Marie-Louise, n’oubliez jamais que le prince de Condé à cette dette envers notre famille. Vous êtes encore bien trop jeune pour comprendre tout ceci, mais je sais que ce que l’on apprend dans son plus jeune âge nous reste gravé à jamais.
-Maman devait être mariée à son frère?
-J’ai espéré qu’il refuse, ce qu’il a fait.
-Elle ne peut pas se marier à mon papa?
-Haem...

La duchesse afficha un sourire tendre pour toute réponse, caressant distraitement les cheveux d’or de la fillette.
-Non. Je vous expliquerai cela plus tard.

***

Dampierre, 1652

-Grand-mère, vous m’expliquerez quand?
-Taisez-vous Marie-Louise, ça n’est ni le moment ni le jour, la gronda l’aïeule!
L’enfant cessa de tirer sur la robe et afficha une mine boudeuse avant de se rasseoir.

Elle détestait aller à la messe et celle-ci était encore plus triste et ennuyeuse que d’habitude. Pis encore, elle n’aimait pas porter ce noir dont on avait fait sa robe. Sa mère aurait détesté savoir que sa messe d’enterrement était aussi ennuyeuse.
Marie-Louise jeta un regard embué sur le cercueil posé dans l’allée, recouvert d’un épais drap de velours noir. Elle l’avait si peu connue qu’elle ne parvenait à être réellement triste. Elle gardait quelques souvenirs éparses d’une mère enjouée, riante et qui l’étouffait de baisers dès qu’elle la retrouvait. Elle se souvenait de son sourire, de ses cheveux aussi blonds que les siens, mais pas de la mère qu’elle pouvait être.

Elle détourna son regard du cercueil pour observer les gens de l’autre côté du banc. Quelques mines qu’elle avait aperçu de temps en temps, puis cet abbé qu’elle voyait très souvent chez sa grand-mère. La fillette se rappelait d’une dispute houleuse entre lui et sa grand-mère. Il devait s’appeler Fouquet, si elle se rappelait bien.
Puis au fond, une figure qu’elle appréciait particulièrement mais qu’elle ne pouvait voir autant qu’elle le souhaitait. Son père, si fuyant, si mystérieux et que sa grand-mère ne rencontrait que lorsqu’elle quittait le salon.

Elle avait compris bien tardivement son statut et les promesses de mariages que l’on avait fait à sa mère. Mais elle ne se rendait encore compte de tout ce qui découlait de sa naissance, du scandale qui l’entourait et ne voyait les regards qu’on lui lançait comme des regards choqués.

-Grand-mère, recommença l’enfant à la sortie de la messe, vous m’expliquerez quand pourquoi nous devons partir de Dampierre?
La duchesse prit la petite par la main pour l’emmener à l’écart de la petite église de Dampierre. Se baissant à sa hauteur, elle posa ses mains sur celles de Marie-Louise.
-Je vous ai dit qui était Mazarin, n’est-ce pas?
-Oui.
-Nous sommes presque sûrs que Mazarin a demandé au roi de faire arrêter le cardinal de Retz.
-Pa...
-Le cardinal, Marie-Louise. Je suis moi-même en danger, car je ne suis plus amie de la reine comme je l’ai été il y a bien longtemps. Il faut donc que nous nous séparions tous, que nous retournions toutes deux à Tours pour être loin de Paris.
-Combien de temps y resterons-nous?
-Aussi longtemps qu’il le faudra.
-Je veux rester ici! La fillette tapa du pied, se dégageant des mains de sa grand-mère.
-Avec le duc? Voici une bien sotte idée, ma fille.

L’enfant se retourna, une lueur de défi dans le regard, qui ne s’éteignit que lorsqu’elle reconnu la soutane écarlate du cardinal.
-Faites-moi rester à Dampierre, lâcha-t-elle condescendante, ou je m’enfuirai dès la première halte!
La duchesse avait poussé un long soupir en levant les yeux au ciel. Une enfant sans éducation, livrée à elle-même dès son plus jeune âge, à qui tout caprice était accordé: tel était le portrait de son unique descendance avec Chevreuse.
-Refusez, je vous en prie, fit-elle au cardinal dans un regard agacé. Qu’on en finisse.
Gondi afficha un sourire amusé devant la mine décidé de la petite qui à l’heure actuelle pensait faire céder des adultes par son simple minois boudeur.
-L’air de Tours est bien meilleur que celui de Dampierre...votre grand-père ne s’y trouve pas, ajouta-t-il en jetant un regard à la duchesse qui leva les yeux au ciel.
-Alors je resterai avec vous à Paris, répliqua la fillette en croisant les bras.
-Je crains que ça ne soit pas possible, Marie-Louise. Et vous savez pourquoi.
-Je croyais que le roi était votre ami! Il ne vous fera pas arrêter!

La duchesse lacha un nouveau soupir. Une porte mal fermée, et voilà quelques discussions politiques qui tombaient dans l’oreille des plus innocents! Marie-Louise avait un esprit bien trop vivace pour ne pas comprendre tout ce qu’elle entendait.
-Il ne faut pas faire confiance à un roi qui est l’ami de Mazarin, répondit simplement le cardinal. En ce qui vous concerne, reprit-il plus fermement, vous obéirez à votre grand-mère. Nous nous retrouverons lorsque tout ceci sera terminé.

Sans attendre une plainte de plus de l’enfant qui s’était résigné, il salua la duchesse et pris congé. Nul à Paris ne devait apprendre son court séjour à Dampierre et les dernières décisions frondeuses prises avec la duchesse de Chevreuse. Il ne devait revoir Marie-Louise que de nombreuses années plus tard.




Dernière édition par M. Louise A. de Chevreuse le 21.11.12 0:53, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Marie-Louise de Chevreuse   Marie-Louise de Chevreuse Icon_minitime20.11.12 16:55


Etudes

Adolescence

_________________________________________________

Sallenôve, monastère de Bonlieu, Savoie - 1657-1661

-C’est elle, la bâtarde d’un homme d’église?
-Oui ma mère.
-Approchez, mon enfant, approchez, je ne vais pas vous dévorer sur place! C’est donc vous, hein?
-Oui ma mère, murmura l’enfant de 12ans, intimidée.
-Je n’aime pas les scandales, ni les enfants qui en sont issus. Je déteste également ceux qui désobéissent à leurs voeux et les abbés libertins.
-Cardinal, ma mère.
-Pire! Pire! Sainte Mère de Dieu, pourquoi ai-je cette enfant chez moi?! Allez, dégagez de ma vue, allez rejoindre vos camarades et mettre vos affaires dans votre chambre.


Marie-Louise déguerpi au plus vite, détestant déjà la nouvelle supérieure du couvent. L’endroit n’était déjà pas assez reculé et solitaire, il fallait en plus lui ajouter des soeurs sans une once de compassion!
-Hortense, lança-t-elle en arrivant dans la chambre! Avez-vous rencontré la nouvelle supérieure! Un véritable démon, je la déteste déjà!

Sa compagne sorti une tête décoiffée de sa chambre et secoua la tête.
-Pas encore, mais si c’est elle qui était très amie avec Soeur Madeleine, alors oui, je la déteste aussi d’avance!

Il n’y avait pour Marie-Louise qu’une seule prison: le monastère de Bonlieu, où sa grand-mère l’avait envoyée un an plus tôt. Elle n’avait jamais supporté cet enfermement, et encore moins les regards condescendants jetés par la communauté et par ses professeures. La bâtarde d’un curé, voilà ce qu’elle à leurs yeux chastes. Un objet de scandale, une fille qu’on avait envoyé ici pour la cacher aux yeux du monde, comme une honteuse culpabilité.
Si certaines la traitaient avec indifférence, d’autres avaient jeté leur dévolu sur l’adolescente, trouvant là une victime parfaite pour leurs punitions collectives. Parmi toutes les petites élèves, elle n’avait que l’amitié d’Hortense, partageant de semblables origines, mais dont le caractère apaisait celui, turbulent, de Marie-Louise.

***

A genoux sur la règle, Marie-Louise comptait silencieusement les secondes qui s’écoulaient sur les billes de son chapelet. Elle tourna discrètement la tête vers la soeur qui l’observait non loin au fond de la chapelle. Voilà près d’une heure qu’elle était ainsi, forcée de suivre les Mystères Douloureux et de prier devant cet immense Christ en croix! Elle ne pouvait que haïr plus encore la mère supérieure qui lui avait à nouveau infligée cette punition.
Les dents serrés, elle sentait la sueur perler sur son front et s’éfforçait d’oublier la douleur lancinante de ses genoux. Muette, elle était bien loin de prier Dieu et à l’inverse, ne cessait d’invoquer Satan pour faire subir à son bourreau les sévices les plus atroces.

-L’heure est écoulée, mademoiselle. Ramassez la règle et suivez-moi.
Marie-Louise obtempéra sans un mot, jetant un regard noir à la soeur qui la mena jusqu’au bureau de la mère supérieure.
-Entrez, cria-t-elle de l’autre côté de la porte! Amenez-moi cette petite qui mériterait bien le fouet!

La soeur poussa l’adolescente dans la pièce avant de refermer la porte.
-Vous avez brisé le crucifix de votre chambre, déchiré votre Bible et insulté l’une de vos professeures. Voilà l’objet de votre punition. Pourquoi avez-vous agis ainsi?
-Elle avait insulté ma famille, ma mère, répondit froidement Marie-Louise sans la quitter des yeux.
-Et alors? Ca n’est pas vous que l’on insulte!
-Bien sûr que si, répliqua-t-elle, le regard brillant! Les Guise sont de mon sang, l’on ne traîte pas mon arrière-grand-père d’assassin, ni ma mère de catin, ni mon père de libertin. Je descends des Rohan, des Lorraine et des plus anciennes familles française, mon sang vaut bien plus que le votre, cracha-t-elle, hargneuse!
-TAISEZ-VOUS! Nous ne faisons que rappeler la vérité, mon enfant, répondit la mère supérieure d’une voix doucereuse. Vos aïeuls sont des traîtres de mères en filles et de pères en fils et votre sang est souillé par le scandale. Vous êtes une enfant du péché, que voulez-vous, les insultes que vous recevez ici ne seront pas les dernières. Elle se tu et leva un sourcil hautain. Cela forge votre caractère, ma fille, faites-vous une raison.
-Je descends de Lucrèce Borgia, d’une fille de Pape, ma mère. Je souhaite de tout coeur que vous ne soyez pas à portée de main le jour où mon caractère se sera forgé.

Avant que Marie-Louise n’ai pu se lever, la gifle était partie violemment, la faisant vaciller sous le coup. Elle n’avait pas ajouté un mot de plus qu’elle se trouvait enfermée dans la cellule de pénitence, cachot froid meublé d’une simple table, d’une chaise et d’un lit sommaire.
-Je vais vous calmer à coup de Bible enfoncée dans votre crâne, avait craché la mère supérieure!

***

-Marie-Louise, arrête! Il ne t’a rien fait!
-C’est juste un animal Hortense.
-Tu es atroce!
Marie-Louise tenait la mésange dans son poing gauche et de sa main droite, fit tourner la tête de l’oiseau.
-Tu as vu, il peut faire pivoter sa tête aussi loin que ça!

Assises toutes deux dans le petit jardin qui entourait le monastère, les deux jeunes filles profitaient de quelques instants de temps libre, mais les occupations de Marie-Louise horrifiaient bien plus Hortense qu’elles ne l’amusaient.
-Arrête tout de suite! C’est horrible!
Mais la jeune fille n’écoutait pas sa compagne et lentement, elle fit tourner un peu plus la tête de l’oiseau jusqu’à un petit craquement d’os. L’oiseau ferma les yeux, le petit corps retombant mollement sur le sol, sous les yeux embués d’Hortense qui tapa son compagne.
-Tu es horrible! Dieu ne veut pas que nous fassions du mal aux animaux!
-Il n’a pas souffert, lâcha simplement Marie-Louise en haussant les épaules.
-Qu’en sais-tu?
[/color]Marie-Louise jeta l’oiseau mort plus loin dans le jardin. Viens, n’arrivons pas en retard à notre cours d’Histoire, je n’ai pas envie de passer d’autre nuit dans la cellule!

Le ton atone de la jeune fille effraya quelque peu Hortense, qui suivi son amie non sans avoir jeté un oeil à l’oiseau mort. Cela faisait plusieurs mois que Marie-Louise montrait cette cruauté inexpliquée envers ces petites animaux, sans en ressentir une seule émotion. Elle ne parvenait à comprendre le changement de son amie depuis quelques semaines.

-Dis, j’espère que tu ne fais pas ça pour te venger de la mère supérieure!
-Pas du tout! Je regarde simplement jusqu’où peut tourner le cou d’un oiseau.
-Mais c’est MAL, Marie-Louise! On ne tue pas quelqu’un pour ça!

L’adolescente jeta un regard soudainement confus à Hortense, les joues un peu rosies.
-Pardon, je ne voulais pas te blesser. Je ne le ferais plus, d’accord?
Elles se serrèrent toutes deux dans les bras, mais Marie-Louise savait d’avance qu’elle ne pourrait tenir longtemps sa promesse.
Elle ne pouvait se l’expliquer, mais elle ressentait ces besoins de destruction, comme pour prouver que les punitions infligées ne la rabaissaient nullement. Rien ne pouvait entrer dans ce crâne rebelle, rejetant toute autorité supérieure. Elle ne voyait plus les marques d’affliction d’Hortense, perdait ses scrupules, mais culpabilisait de son attitude parfois bien plus tard.

Lentement, le comportement antisocial et sociopathe de Marie-Louise prenait le pas sur son caractère. Elle supportait chaque punition, n’en craignait plus et les heures passées dans la petite cellule, face au crucifix, n’étaient plus comptées.
Elle atteignait ses 16ans avec une culture et une intelligence brillante, mais un comportement inquiétant les professeurs qui croyaient le plus en ses capacités.

***

-Mazarin est mort! Le cardinal est mort!
La jeune fille courait dans les couloirs longeant le cloître, la missive ouverte. Les portes s’ouvraient à la volée sur son passage et bientôt, un petit attroupement s’était formé autour d’elle et à chaque fenêtre apparaissait une tête curieuse. Des salles de classes, les jeunes filles se bousculaient aux fenêtres, sous les hola des professeures dépassées.
-Il a passé l’arme à gauche!
-Le faquin est mort!
-Le roi gouverne seul?
-Fouquet ou Colbert?
-A-t-il rendu ses comptes?
-MESDEMOISELLES!

La voix grondante de la mère supérieure fit taire les pialleuses et la lectrice tendi la lettre à la supérieure.
-C’est arrivée ce matin, fit-elle. Il nous a quitté le 14 mars, il y a une semaine.
-Nous ferons dire une messe pour son âme, mesdemoiselle. Un peu de calme je vous prie! Même s’il n’était homme d’Eglise, il a été fait cardinal par les mains du Saint Père, ne l’oubliez pas.
-Tout cardinal se respecte donc, conclu une voix railleuse que la supérieure connaissait trop bien.
-S’ils suivent leurs voeux, oui, répliqua-t-elle. Vous me copierez des lignes, mademoiselle, pour cette impertinence.
Marie-Louise fit une petite révérence moqueuse à la supérieure avant de s’enfuir dans les étages. Qu’importe les lignes, l’italien était mort! Mort! Il ne toucherait plus à ceux qu’elle aimait, qui lui envoyaient continuellement des lettres de chaque coin de France. Elle pourrait peut-être même retrouver sa grand-mère qui lui avait promis de retrouver leur hôtel de Paris! Qu’importe Dampierre à présent, quand elle s’imaginait la vie de Paris! L’on disait aussi que le château que faisait construire le roi serait bientôt terminé à Versailles.

-Tu te rends compte, Hortense!
-Pas vraiment, non. Tu sais, ma famille est bourgeoise, nous venons de province qui a toujours soutenu le roi. Moi, la Fronde, je n’ai pas vraiment connu.
La jeune fille n’en voulu pas à son amie.
-Pour moi, ça veut dire plus d’inquiétudes, de craintes d’arrestation pour mon père! Peut-être acceptera-t-il qu’on me sorte de là!

Elle s’allongea sur son lit, rêvant les yeux ouverts aux salons parisiens dont on lui avait tant parlé par lettre. Elle en serait la princesse, l’emblème! Elle y lirait les poèmes qu’elle écrivait ici, rencontrerai madame de Sévigné, de Scudéry! Ninon de Lenclos, aussi! Elle irait aux bals, jeux, ruelles, théâtre...elle profiterai enfin de sa liberté. Et trouverait ces amants magnifiques, ces chevaliers qui lui feraient connaître l’amour et la vie.
-Arrête de rêver à ce que tu n’auras pas, s’amusa Hortense! Les hommes ne sont pas comme on le dit, il paraît. Certains te manipulent totalement, d’autres sont fourbes... quant aux salons, il faut aimer se faire critiquer en public par des pestes!
-Ma grand-mère est duchesse de Chevreuse parce qu’elle l’a voulu. Avec de la volonté et de l’intelligence, tu parviens à tout, Hortense. Marie-Louise se redressa sur ses coudes, les yeux brillants.
-Et en rejetant ses scrupules.
-Qui a dit que j’en avais, répliqua Marie-Louise dans un sourire? Je prouverai au roi qu’il a eu tort de faire arrêter mon père, que ma famille n’est pas à laisser sur un bord de chemin, telle de vulgaires intrigants d’un autre temps.

Hortense leva les yeux au ciel, soupirant face à ces éternelles récriminations contre Mazarin et ses marionnettes royales.
-Cela te causera des problèmes, et je ne veux pas être là pour les voir, rit-elle avant de quitter la chambre! Dépêche-toi, nous allons être en retard au réfectoire.

Prenant son amie par le bras, elle posa sa tête sur son épaule. Hortense n’avait osé le lui avouer, mais la présence de Marie-Louise la rassurait parmi cette volée de pestes qu’étaient leurs compagnes. Elle avait toujours été la troisième fille, l’enfant de trop, l’illégitime, celle qu’on envoyait dans un couvent au fond de la Savoie, pour se débarrasser d’une éducation durant de longues années. Sa place, elle l’avait trouvé grâce à Marie-Louise et l’heure de la séparation approchant, elle s’attachait un peu plus à son amie. Elle était celle qui l’avait faite exister durant ces longues années.
-Tu me manqueras, Marie-Louise.
Celle-ci se retourna, afficha un sourire doux à sa compagne en la serrant dans ses bras.
-Toi aussi, murmura-t-elle. Que feras-tu, une fois dehors?
-Je retournerai chez moi...peut-être mes parents voudront-ils que je sois celle qui prononce ses voeux. Devant la mine déconfite d’Hortense, Marie-Louise n’eu que peu de compassion, s’étant détachée petit à petit de toute cette empathie, mais afficha néanmoins un large sourire pour ne pas attrister un peu plus son amie.
-Si j’étais folle, je te proposerai de venir avec moi à Paris!
-Je suis une bourgeoise, et toi....tu as vu ta famille, se railla Hortense gentiment!
-Et alors, tu pourrais être ma camériste? Combien de femme trouvent leur confidente en celle qui les vêt chaque jour et connaît ses moindres secrets?

L’idée, lancée en l’air, fit néanmoins battre leurs coeurs respectifs et quatre yeux eurent le même pétillement, et deux bouches affichèrent le même sourire béat avant qu’elles ne se jettent dans les bras l’une de l’autre.
-Je resterai jusqu’à tu ne veuilles plus de moi!
-Jusqu’à ce que la mort nous sépare!





Dernière édition par M. Louise A. de Chevreuse le 21.11.12 1:02, édité 1 fois
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Marie-Louise de Chevreuse


Marie-Louise de Chevreuse

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MessageSujet: Re: Marie-Louise de Chevreuse   Marie-Louise de Chevreuse Icon_minitime20.11.12 16:56


Paris

Liberté, préciosité, mariée

_________________________________________________

Paris - octobre 1662

Hortense couru ouvrir à la jeune femme qui ôta son manteau trempée par la pluie d’automne.
-Quel temps, par tous les saints!
-Ne jure pas, Marie-Louise, fit-elle amusée en prenant le manteau dégoulinant.
-Bah, mon père pourvoira à ma rédemption, ou le tien, railla Marie-Louise.
Mais as-tu eu des nouvelles de ta famille? Qu’ont-ils dit?

Hortense donna les effets à un valet qui disparu aussitôt, et les deux jeunes filles s’enfermèrent dans un petit salon de l’hôtel de Chevreuse, où un plateau de thé avait déjà été déposé.
-Mon père - adoptif, pas l’autre - refuse que je reste à Paris et menace de m’ôter de sa filiation.
-Te...déligitimer, en quelque sorte? C’est affreux de sa part!
-Il m’a toujours détesté et détesté ma mère pour sa passade, fit Hortense d’une voix lasse.
-Que veux-tu faire?
-Il est bien capable de venir me chercher par la peau du cou s’il le fallait! Changer d’identité?
-C’est possible, mais risqué, car nous devrions te déclarer morte...
-Partir à l’étranger?
-Plus facile. Ma grand-mère a encore de nombreux contacts à Londres, mon père à Rome, de la famille dans l’est. Tu pourrais être tranquille en Lorraine, ajouta Marie-Louise amusée. Ils m’aideraient sans aucun problème. Ou sinon, rester simplement ici.
-Il viendrait me chercher...
-Je te protégerai, Hortense, comme je l’ai toujours fais, voyons!
-Et comment?

Marie-Louise eu un petit sourire et posa son index sur ses lèvres dans un regard mutin.
-Tu oublies que je viens de familles nées pour l’intrigue. Rohan, Guise, Gondi... laisse-moi donc cela et sois tranquille.
Hortense eu un regard dubitatif, mais connaissant les penchants de son amie pour ces complots sans nom, elle préféra à nouveau lui faire confiance. Elle tendit une tasse de thé à Marie-Louise tout en se servant elle-même.
-Mais changeons de sujet, je ne veux pas repenser à lui pour le moment. Comment était-ce aujourd’hui? La marquise?
-Madame de Sévigné était d’excellente humeur et nous a servi des pamphlets absolument délicieux sur quelques sujets de société qui nous tiennent à coeur.
-Par exemple?
-L’amour, Hortense! Et le chevalier de Janzac était encore là
-Son regard langoureux posé sur ton décolleté, termina Hortense amusée.
-Exactement! Je lui ai fait croire que mon coeur se pinçait à sa vue.....le pauvre!
Les deux jeunes filles éclatèrent de rire. Marie-Louise n’avait jamais douté de son pouvoir de séduction et prenant exemple sur les préceptes de sa grand-mère, elle mettait le tout en pratique dans les salons de Mme de Sévigné.
En un an, la jeune fille du monastère s’était totalement épanouie, reprenant vie à Paris, goûtant à tout ces plaisirs dont elle avait été privée. Mais elle n’avait pas quitté ses fâcheuses habitudes et il ne se passait pas une journée pendant laquelle elle ne martyrisait quelques animaux ou servantes, plantes ou insecte. Ces penchants morbides, s’ils n’inquiétaient pas encore la duchesse qui passait bien plus de temps en province qu’à Paris, se révélaient être douloureux pour l’innocente Hortense qui avait abandonné toute idée de leçon.
Marie-Louise devenait à ses yeux de plus en plus déroutante, insaisissable.

***


Décembre 1662

-Marie-Louise, venez donc me voir. Je dois vous parler d’une chose importante.
-Qui me touche, lança Marie-Louise, le nez dans son roman?
-Posez ce livre, je vous prie. Je vous parle.

A contrecoeur, elle posa l’ouvrage et se redressa, s’accoudant au dossier du petit canapé.
-Dites-moi, je suis à vous.
-Une jeune fille de votre naissance se doit de faire un mariage qui plaise aux deux partis.
-En effet. Avez-vous donc réfléchi à cette question?

L’idée de se marier n’effrayait pas réellement la jeune femme. Le mari l’inquiétait bien plus, mais elle n’avait jusqu’alors souhaité porter de jugement.
-Il est temps de vous marier, Marie-Louise, et la reine m’a présenté récemment le marquis de Gâvres, dont la femme nous a hélas quitté il y a de cela 3 ans. Un homme bon et cultivé, doux et attentif.

La jeune fille s’était redressée, horrifiée.
-Mais....il a le double de mon âge! Grand-mère! Je....je...je ne peux pas! Refusez! Refusez!
-La reine-mère a eu ce souhait pour vous, je ne peux le refuser!
-Alors je le ferais, moi, lâcha Marie-Louise en descendant du canapé pour le contourner. JE RE-FUSE! Je n’épouserai pas un vieux veuf croûlant et presque dans la tombe! Je dirais à la reine que cela m’est impossible! Je trouverai un faux fiancé!
-Taisez-vous, Marie-Louise! La reine-mère vous fait cet immense honneur de vous présenter un homme de son entourage! VOUS! Qui avez été éloignée sur sa demande après la Fronde!

Marie-Louise écarquilla un peu plus les yeux, le souffle coupé par cette déclaration.
-Quoi?! La reine m’a faite envoyer là-bas? A Bonlieu? Dans cette prison? Ce n’est pas possible?!
-La reine m’avait pardonné, grâce à l’aide que je leur avais apporté les derniers temps de la Fronde. Mais Mazarin n’avait nulle confiance en moi, à juste titre, d’ailleurs.
-La reine a donc cédé à cet italien, s’écria Marie-Louise? Il s’est servi de moi comme.....comme otage pour vous tenir en laisse?

La duchesse ne répondit rien, mais son regard fut éloquent. La jeune fille sentait son coeur cogner dans sa poitrine, plus fort qu’elle ne l’avait jamais senti. Son enfance...son adolescence sacrifiées, pour plaire à un ministre! Elle, une reine, se plier à un italien! Elle, une Habsbourg!
-Je ne pardonnerai jamais cette insulte, lâcha Marie-Louise. Je me marierai à ce vieillard, mais ne me demandez plus rien que je puisse faire pour la reine-mère, quand bien même les souvenirs de votre amitié vous attachent encore l’une à l’autre.


L’union fut expédiée, discrètement et sans effervescence. La mariée était belle mais son regard vide. La veille, elle s’était déchaînée sur sa pauvre suivante, ne trouvant de calme que dans les bras d’Hortense, qui s’était un instant jointe à sa douleur. Le marié, lui, tenait sur une cane et malgré son regard doux et compatissant, Marie-Louise ne pu que le haïr de se montrer si prévenant envers elle.
Le plus déchirant pour la jeune femme fut d’apprendre qu’ils iraient vivre dans l’ouest de la France, non loin de Nantes.

***

-N’êtes-vous pas heureuse d’avoir pu retourner sur les terres de vos ancêtres? Cette visite du pays de Retz était rafraîchissante.
-Hortense, n’essaye pas de m’aider ainsi, mon moral est au plus bas.

En tailleur sur le lit à baldaquin, les deux jeunes femmes se faisaient face, Hortense défaisant les longues tresses de son amie. Dehors, le vent soufflait sur les tours du petit château, faisant vaciller les flammes de la cheminée.
-Votre époux ne vous a-t-il pas appelé?
-Appelle-le “Le marquis”, je préfère oublier que je porte son nom! Et si, il a demandé après moi, mais je prétexte depuis la dernière fois des migraines chroniques. En bientôt 6 mois, je n’ai été le voir qu’une fois par mois, pouffa-t-elle.
-Et alors?
-Je ne savais même pas ce qu’était l’amour avant de partir de Paris, et j’y retournerai sans le savoir non plus. Ma grand-mère m’a toujours parlé de cela en des termes si exquis que j’attendais de ressentir toutes ces choses, mais ça n’est pas avec le marquis que je les ressentirais!
Elle lâcha un soupir las, jouant avec le bout de ses tresses.

-Et qui sait, peut-être les hommes sont-ils tous comme le marquis, continua-t-elle d’un ton songeur. Peut-être n’est-ce pas si agréable, que les femmes ont toujours loué l’amour pour que nous autre jeunes vierges venions à rêver à cela...!
-Je ne crois pas, fit malicieusement Hortense. Mais peut-être les hommes ne nous font-ils pas tous le même effet....peut-être faisons-nous partie de quelques femmes n’aimant rien à l’amour.
Les deux amies échangèrent un regard amusé, rosissant légèrement à la discussion qu’elles avaient.

-Et voilà...nous avons 17ans et ne connaissons rien de l’amour, lança Marie-Louise dans un rire. On se moquera de nous lorsque nous reviendrons à Versailles...quelle déconfiture!
-Il y a peut-être une solution, fit malicieusement Hortense en s’arrêtant de dénouer les tresses de son amie.
-Laquelle vois-tu?
Hortense prit la main de Marie-Louise dans la sienne, posant son regard bleu sur le sien.
-Faire notre propre éducation, fit-elle simplement en embrassant son amie.

***

-Imagine que le marquis apprenne cela, gronda Marie-Louise en parcourant les rues du petit village.
-Il n’en saura pas plus que vos activités nocturnes, répliqua Hortense, amusée!
-Chuut, pouffa Marie-Louise! Personne ne doit savoir cela, cette histoire est si idiote! Et tiens, nous y voilà! Regarde l’enseigne...le Cochon Poilu...eurk!
-Tu es certaine de trouver les plantes que tu souhaites?
-Pour ne pas tomber enceinte de ce croûlant, bien sûr! Reste-là, je préfère y aller seule.

Marie-Louise avait bien d’autres idées en tête lorsqu’elle poussa la porte du Cochon Poilu, mais elle préférait laisser Hortense détachée de ces affaires. Elle n’aurait jamais compris.
-Ah! Une jolie jeune femme! Que puis-je faire pour vous?
-J’ai chez moi quelques animaux dérangeants, commença Marie-Louise d’un ton des plus innocents. Une sorte de sanglier que des gens des communs ont décidé de garder. Il grogne la nuit, pue et peste, c’est atroce. Mais mon vieux père n’ose leur demander de s’en débarrasser, ils l’ont recueillis marcassin.
-Les gens ont des idées bien étranges.
-Hélas pour nos nuits!
-J’ai là quelques poudres ou plantes utiles à des décoctions et qui endormiront l’animal rapidement.
-Souffrira-t-il?
-Si vous les lui donnez seules, non. Si vous y ajoutez de la sauge, cela sera plus douloureux, mais moi, je touche pas à ces choses-là. Faut voir la mère Delatre, elle, le curé ne l’aime pas vraiment. Mais si vous traînez chez elle, allez-y discrètement, si vous voulez mon avis!

Marie-Louise ne se le fit pas répéter, et attendant la nuit tombée, frappa chez la mère Delatre.
-Entrez, entrez ma p’tite dame? Dites-moi tout!

La jeune femme lui conta à nouveau l’affaire du sanglier, mais elle devina que la Delatre ne gobait rien de son affaire. Elle ne fit qu’afficher un sourire étrange et amusé, avant de prendre les plantes des mains de Marie-Louise.
-Donnez-moi deux minutes. Vous donnerez ça tous les soirs à votre sanglier râleur. S’il prend de la soupe, cela sera encore plus efficace. Par contre, il pourrait se tordre de douleur s’il est déjà âgé.
-Cela ne sera rien comparé à nos nuits éveillés, répondit simplement la jeune femme.

Elle attrapa le précieux sachet, paya grassement la sorcière et quitta les lieux.

***

-Marquis? Marquis!

Penché sur son mari à demi-nu, Marie-Louise observait le vieux corps secoué de soubresauts et le regard convulsé de l’homme qui étouffait.
Assise en petite chemise sur le lit, elle retint un large sourire et couru jusqu’à la porte qu’elle ouvrit à la volée.
-AU SECOURS! AU SECOURS! Le marquis s’étouffe!

Elle hurla dans les étages avant de remonter paisiblement sur le lit pour observer les effets du poison. Il avait pris du temps à agir et elle avait de revoir plusieurs fois la Delatre pour trouver le bon dosage. Mais celui-ci était parfait, puisqu’il donnait tous les symptômes de la crise d’apoplexie. Idéal!
-Voilà, mon cher époux. Je vous fais retrouver votre première épouse qui doit tant vous manquer. Je ne suis pas enceinte, croyez bien que j’ai tout fait pour cela, pendant ces quelques mois de mariage. Mais je prendrais néanmoins l’héritage qui me revient, ainsi que vos petites terres...et si cela vous convient, je reprendrai ce doux nom de Chevreuse que j’ai quitté à regret durant ces 8 derniers mois. Souffrez-vous? Elle tapota les joues de l’homme paralysé par la douleur. Diable, fit-elle en pinçant le nez! Cela n’est pas joli à voir mais c’est bien plus amusant que de martyriser un animal innocent! L’on m’a trop inculqué que le meurtre est une chose interdite, mais pourquoi serait-ce plus mal que de faire souffrir une pauvre jolie jeune fille de 17ans? Je regrette de devoir vous dire ainsi adieu, mais tous deux serons bien plus heureux là où nous allons. Elle sentit les dernières forces de l’homme le quitter, et n’entendant toujours aucun pas, elle se retourna pour hurler à nouveau.

-AIDEZ-MOIIIII!!! Voilà, fit-elle en se tournant vers le marquis. La fin est proche. Sachez, avant que nous nous quittions, que je dois vous remercier d’une chose: d’avoir pu connaître le doux plaisir de l’amour dans les bras de ma chère Hortense, puisque vous nous avez condamnées à cela dans cette campagne hostile. Je ne vous demanderai pas de me pardonner ni de me recommander à Dieu, je crois que je ne le mérite pas.
L’homme eu un dernier soubresaut et retomba mollement son l’oreiller, les yeux entrouverts. Marie-Louise entendit une galopade dans le couloir et sautant au pied du lit, s’échevela, se donna quelques tapes sur les joues et se frotta les yeux avant de se forcer à pleurer, penchée sur le corps de son époux.

Le grand jeu était lancé, Paris lui tendait à nouveau les bras.






Dernière édition par Marie-Louise de Chevreuse le 21.11.12 1:40, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Marie-Louise de Chevreuse   Marie-Louise de Chevreuse Icon_minitime21.11.12 0:19


Paris

Folie, intrigues

_________________________________________________

Paris - 1664

-Ainsi, c’est vous. Mademoiselle de Chevreuse?
-Mademoiselle de Longueville, je présume?
Les deux jeunes femmes se jaugèrent silencieusement, sans même avoir eu la patience d’attendre des présentations officielles. Au diable tous ces protocoles!
L’une était brune aux yeux verts, l’autre était blonde aux yeux noisette. Mais toutes deux avaient cette volonté farouche dans le regard, cette bouche déterminée et la mine décidée. Fières et hautaines autant l’une que l’autre et autour d’elles, quelques regards attendaient la suite des évènements.

L’on savait le passé des mères respectives, l’on savait tout des Chevreuse et des Longueville, du clan Condé contre celui de la Chevrette. Deux femmes si proches et si différentes, deux esprits fier et brillants...que valaient donc leurs descendances?

-Je suis heureuse de vous connaître enfin, mademoiselle. La duchesse de Chevreuse m’a parlé de vous en d’excellents termes, louant la pertinence de votre esprit.
-L’on m’a dit que l’étendue de votre culture faisait pâlir les maîtres du collège de Clermont.
-Je vous le prouverai encore à maintes reprises.
-Je ne retiendrai jamais un bon mot à votre encontre. Comme le faisait si doucement Madame de Montbazon à la duchesse ma mère.

Elles se détournèrent enfin l’une de l’autre, forçant chacun à reprendre son activité précédente, mais la courte entrevue avait suffit à poser des bases solides pour une inimitié de salon qu’on ne pourrait anéantir.

***

La nuit était noire et sortant du salon, Marie-Louise sauta de sa voiture à peine les grandes rues passées.
-Ne m’attendez pas, je prendrai un coche, lança-t-elle au cocher qui imagina quelque amant interdit.

La jeune fille recouvrit ses cheveux d’or de sa mante et trottina jusqu’à une porte basse, enfoncée dans le flan d’un presbytère abandonné depuis quelques années au profit d’un plus vaste. Elle poussa le battant qu’elle referma discrètement, et longea le petit jardin aux herbes folles, avant de faire pivoter une nouvelle porte donnant sur une pièce vide et poussiéreuse.

Elle attrapa la lampe éteinte, frotta le briquet et avant que la flamme ne s’allume totalement, elle descendit les escaliers menant à la cave glaciale.
Masqué, l’homme qu’elle devait rencontrer attendait encore seul, une lampe posée sur un tonneau.

-Personne nous vous a suivi?
-Me prenez-vous pour une de ces péronelles incapables de rencontrer discrètement leur amant?
-Une autre personne nous rejoindra sous peu, mais avant qu’elle n’arrive, je voudrais vous confier une nouvelle mission.
-Je vous écoute, lança Marie-Louise en posant à son tour sa lampe et ôtant son capuchon.
-Je n’ai nulle confiance en votre camériste.
-Hortense?
-Elle ne cesse de pérorer que vous lui racontez de nombreux secrets, qu’elle connaît tout de votre vie, de votre passé.
Marie-Louise afficha un regard glacial et en un instant, elle revit ce jour où le cou de l’oiseau avait craqué dans ses doigts. Sans qu’il ne l’ai dit, elle devinait parfaitement ce qu’il attendait d’elle.
-Voulez-vous que je l’écarte de mes affaires personnelles?
-S’il vous plaît.
-Cela sera fait, répondit-elle froidement. Hortense n’avait pas à clamer ces inepsies, ajouta-t-elle.

Il n’y avait nulle colère, nulle honte ou tristesse dans les yeux presque vides de Marie-Louise. Il n’y avait qu’une erreur à expier, une trahison à oublier. La mort n’était qu’un départ pour l’au-delà, une expérience nouvelle dont il ne fallait craindre la présence. Hortense, en la trahissant, était devenue une proie, à l’image de la mère supérieure. Et toute proie se devait être chassée par son prédateur. Instinct de puissance, envie inassouvie de calmer cet instinct destructeur qu’elle ressentait depuis l’adolescence. Ni émotion, ni peur n’altérait les traits de son visage lorsqu’elle songeait au départ le plus doux pour Hortense.
-Je vous tiendrai informé lorsque cela sera fait, fit-elle simplement avant de se retourner au bruit de pas dans l’escalier.

La silhouette féminine pénétra à son tour dans la cave et ôta son capuchon, jetant un regard stupéfait sur Marie-Louise.
-Vous, lâcha-t-elle en reconnaissant la Longueville! Pourquoi suis-je guère étonnée...
-De même, répondit froidement Gabrielle.
-Mettez de côté vos chamailleries de salon, mesdemoiselles, j’ai une mission dans laquelle vos talents combinés excelleront...


Hector de Valois n’était pas l’une de ces personnes tirant les âmes perdues hors de leur gouffre. Bien au contraire, il plongeait Marie-Louise en plein dans celui qu’elle avait commencé à creuser elle-même en arrivant au couvent. Elle ,si souvent rabaissée, voyait en cette figure comme une sorte de mentor, comprenant ses désirs et y répondant aussi bien qu’elle s’y attendait.



1663

-Je ne joue pas avec une fille de votre rang, mademoiselle!
-Pardonnez-moi, marquise?
-Votre sang est souillé, vous êtes la rançon du péché...je ne me mêle pas à vous. Comment le roi peut-il accepter la fille de ses ennemis à nos tables!

L’insulte avait été lancée par la marquise. Si basse et mesquine que Marie-Louise avait senti son sang se figer et un lent sourire naquit sur son visage.
-Pardonnez mon impertinence, marquise. Mon sang ne vous importunera plus.

Plus tard, c’était dans un couloir vide que la cadette des Chevreuse avait agrippé l’insolente, tenant d’une poigne ferme le bras délicat. La colère décuplait bien des forces.
-Il me suffirait de vous tenir le cou suffisamment longtemps pour que vous m’oubliiez à jamais, mais je ne suis pas une meurtrière, simplement une fille d’intrigante, commença-t-elle d’une voix hautaine. Je peux vous faire chuter bien plus bas que la mort, vous promettre mille délices dans le palais de la réputation, comme vous y faire vivre l’enfer. Voyez-vous, j’ai tété le sein de l’intrigue, à votre place je n’insulterais pas la fille de ceux qui sont capables de faire tomber des rois ou des ministres. Vous n’êtes que marquise, mademoiselle. Sommes-nous d’accord?

L’idiote avait frénétiquement hoché la tête avant de s’éloigner d’un pas hésitant, se frottant le bras. Marie-Louise n’était pas un de ces modèles de vertu, mais les récriminations à son sujet restaient étonnament discrets, tant ses manières et ses bons mots faisaient oublier son insupportable caractère, au moins aussi turbulent que celui de ses aïeules. Elle ne craignait nullement les retombées de cette menace. Elle regrettait simplement son emportement: elle devait savoir rester calme.

-Faites-vous souvent taire ces péronelles, mademoiselle de Chevreuse?
Marie-Louise se retourna gracieusement, saluant l’homme d’une trentaine d’années qui s’était approché.[/color]
-Les insultes méritent quelques coups de bâton, mais n’étant ni homme ni maître d’hôtel, je les donne à ma manière. A qui ai-je l’honneur, monsieur?
-Hector de Valois, pardonnez-moi. Me permettez-vous de vous proposer une promenade dans ces jardins? L’air empeste les précieuses!
La jeune femme tendit son bras à l’homme, le regard brillant à ce nom de Valois.

-Nous sommes-nous déjà rencontré, monsieur de Valois? Votre visage m’est encore inconnu.
-Non, en effet. Je fréquente moins ces salons que vous autres femmes à l’esprit mordant.
La flatterie n’eu aucun effet sur Marie-Louise qui sourit néanmoins comme s’il avait fait mouche. L’homme avait quelque intérêt, mais elle ne voyait pas en lui l’un de ces prétendants qu’elle aimait rejeter par jeu, ou qu’elle recherchait pour l’amuser un temps, comme sa mère en son temps. Il y avait bien plus, une chose indéfinissable qu’elle ne pouvait nommer.

-Demoiselle de Chevreuse, prononça l’homme...par votre âge, je devine que vous êtes la petite-fille de la duchesse de Chevreuse, qui osa contrer Richelieu?
-C’est exact. Mon père a quant à lui fait tourner le sang de son successeur, s’amusa-t-elle. Faut-il croire que nous aimons peu les ministres, conclu-t-elle.
-Et les rois?
-Le passé de ma famille est jonchée d’insultes royales, se contenta-t-elle de répondre en levant un sourcil. La question de l’homme n’avait plus rien d’anodin et elle sentait enfin venir l’instant où elle découvrirait ses véritables intentions. Mais il était inutile de se montrer directe, mieux valait lui laisser ce loisir. Peut-être se trompait-elle encore.
-Mais votre famille n’a jamais cherché à se venger, le geste est louable.
-La Ligue y a pourvu en son temps. Votre ancêtre, si j’en crois votre nom, a payé du crime envers mon arrière-grand-père.
Par ces simples mots, Marie-Louise pouvait rompre l’entretien et se faire là un ennemi qu’elle ignorait. Elle n’était plus femme de rancoeur envers les crimes commis par le passé. Honnête, elle connaissait les batailles anciennes et les mouvements qui poussaient aux crimes. Henri III n’avait pas assassiné sa propre mère. Aucun Valois n’avait détruit sa vie, comme Louis XIV le faisait actuellement, à refuser à son père une place qui lui revenait de droit, ou comme Anne d’Autriche s’était employée à détruire sa jeunesse encore à peine close.
-Le passé reste dans nos mémoires, monsieur, avait-elle repris. Je vis dans le présent, dans le futur et les causes actuelles me tiennent bien plus à coeur. L’italien n’est plus, mais son héritage reste.
-Alors vous combattriez son héritage à la suite de vos parents?
Marie-Louise cessa de marcher, dégageant son bras de celui du Valois. Le sourcil froncé, elle posa un regard méfiant sur l’homme. Que cherchait-il? A savoir si elle fomentait quelque intrigue contre le roi, qui était évidemment son cousin? Si elle était à la tête d’une organisation? Si quelque part dans ces caves se réunissaient des terroristes prêts à assassiner les ministres de Louis XIV? Elle tenta de lire dans les prunelles de l’homme qui semblait attendre qu’elle comprenne le message qu’il n’avait dit.
-Je ne sais ce que vous cherchez à me faire avouer, monsieur, car je n’ai hélas rien à cacher, mais vos méthodes sont déroutantes, j’en conviens.
-Le roi Louis XIV refuse à votre père une charge qui pourtant lui revient de droit. Sa mère a écarté votre aïeule, aurait pu la faire arrêter comme ils ont arrêté le cardinal après lui avoir offert sa barrette. Votre éducation dans un couvent? Une demande de la reine à votre grand-mère pour la garder calme à la cour. Votre mariage? Une nouvelle demande royale contre votre caractère jugé bien trop turbulent. Et le roi pourvoit actuellement à ce que vous ne puissiez être légitimée, craignant que vous ne preniez la suite de vos aïeux.

Marie-Louise sourit doucement à ces affirmations qu’elle connaissait déjà. Elle avait déjà songé au complot, mais n’avait nul navire sur lequel monter, et seule, elle ne pouvait rien. Elle n’avait pas le charisme de sa grand-mère, et l’époque n’était plus aux Grands.
-Les Bourbon vous ont ôté votre enfance, termina-t-il d’une voix calme et routinière.
Mais Marie-Louise se contenta d’un petit rire amusé. L’audace! L’audace payait. La vérité aussi.
-Que voulez-vous de moi?
-Votre question me plaît enfin, mademoiselle.



1664


-Vous avez égorgé ce chien avec une telle froideur! C’est atroce!
-Et comment auriez vous expliqué que votre délicat mollet se fut fait broyé par des crocs?!

Gabrielle de Longueville lâcha un soupir en levant les yeux au ciel. Les mains encore tâchées de quelques gouttes de sang, Marie-Louise sortit à sa suite du petit jardin, laissant sa comparse refermer la porte derrière elle.
-Ca n’était qu’un chien...on le retrouvera dans la Seine dans quelques jours, ses maîtres le croiront échappé. Ne vous affolez pas. Venez, quittons la place.
-Avez-vous tué beaucoup d’animaux, pour réagir aussi froidement, se moqua la Longueville néanmoins agacée?
-Quelques-uns, je crois. Je n’y prends pas goût, je ne le fais que par ultime besoin, rassurez-vous.

Elle se pencha au-dessus d’une petite fontaine publique pour laver les dernières traces et les essuya sur sa cape dont elle rabattit le capuchon.
-Le principal est que nous ayons pu nous acquitter de notre mission, oubliez donc cela.
-Allez donc voir un confesseur, si vos instincts de cruauté continuent, se railla l’autre en la suivant dans les rues sombres de Paris.


Les mots de Gabrielle s’étaient gravé dans l’esprit de Marie-Louise, pour y grossir et prendre leur place. Un confesseur. Quelle idée saugrenue! Voilà depuis ses premières punitions au couvent qu’elle s’était refusé d’adorer le dieu de celles qui lui infligeaient cette vie. S’il était si miséricordieu, pourquoi pas elles?
Elle croyait, mais se contentait de quelques préceptes. Pourtant, elle se résolu à prendre ce faux conseil au sérieux, cherchant dans ses accointances si un curé n’y figurait pas. Elle ne retint qu’un seul nom, qu’elle ne reconnu que trop bien: Paul de Joigny. Qui mieux qu’un cousin pouvait comprendre ses questions?!

Mais au lieu de confessions, l’adorable cousin ne fit que l’amener à l’unique messe à laquelle Marie-Louise ne trouva aucun ennui. Le culte de Satan, si elle y croyait autant qu’à Dieu, était bien plus amusant!



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Marie-Louise de Chevreuse


Marie-Louise de Chevreuse

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MessageSujet: Re: Marie-Louise de Chevreuse   Marie-Louise de Chevreuse Icon_minitime21.11.12 1:21


Sombres desseins

Démon et flacons

_________________________________________________

1665

-Mademoiselle, puis-je vous aider? Vous cherchez une sépulture particulière?

Vêtue de noir, Marie-Louise observa Eugène Champlon, un sourire triste aux lèvres.
-Merci, mais il s’agit de cette petite chapelle que je viens de reconnaître, montra-t-elle en s’éloignant. Derrière elle, trottinait un valet qui ne ressemblait en rien à un tel statut, et Eugène ne pu s’empêcher de suivre l’étrange duo du regard.

Il avait déjà croisé cette dame étrange plusieurs fois. Tantôt pressée, tantôt pleureuse, le fossoyeur avait rapidement décelé quelque mystère qui l’entourait, sans jamais pouvoir mettre de nom dessus. Et plus encore, elle s’enfermait de longues heures dans cette petite chapelle.

Il observa à nouveau le manège de la jeune inconnue, et soudain, mu dans un élan de curiosité, s’approcha du lieu sacré.
-Mademoiselle, avez-vous besoin d’eau pour vos fleurs?
Mais l’unique réponse qu’il reçu fut un coup sur le crâne qui le laissa inconscient sur le sol.

-Pourquoi as-tu fais ça, idiot, s’exclama Marie-Louise en voyant le résultat! Butor! Elle gifla l’homme avant de remettre son gant et de s’éloigner. Maintenant, il se méfiera encore plus, tu viens de mettre mon plan à l’eau, crétin! Si un jour je devais y amener une autre personne que toi, il se douterait de quelque chose, comprends-tu? Maintenant, nous allons devoir être bien plus prudents!

Les messes noires n’étaient pas l’une des occupations que préféraient Marie-Louise, qui la tenaient éloignée des salons, de la cour et de tout endroit où elle pouvait paraître en reine des coeurs. Elle les fréquentait néanmoins pour en apprendre le maximum, rencontrer les âmes les plus damnées et y emmener l’innocente Adélaïde de Vogüe. Cette idiote avait encore osé lui faire quelques réflexions sur sa passade affichée avec l’une de ses conquêtes masculines, son innocence affichée, alors qu’elle trempait dans l’un des plus sombres complots, commençait à agacer ses nerfs. Elle lui aurait aisément tordu le cou, mais la voir là, sacrifiée sur cet autel par son propre cousin était une réjouissance bien plus amusante.
Marie-Louise affichait de moins en moins d’empathie et de compassion, s’efforçant dans ces instants de faire preuve d’un minimum d’humanité face à la souffrance. Mais tant qu’il ne s’agissait de la sienne, elle ne faisait plus nulle cas de celle des autres. Elle-même avait du souffrir seule, dans cette cellule pénitentiaire!
Adélaïde n’avait pas sa place dans ce complot si elle persistait à se montrer si pure. L’aider, la guider était une chose aisée, elle semblait lui faire assez confiance pour cela. Mais un soir, elle utiliserai l’une de ses petites fioles qu’elle gardait pour des occasions particulières.



-As-tu vu l’heure, je me serais inquiétée si tu ne m’avais prévenu avant de partir!
-Hortense, calme-toi, l’apaisa Marie-Louise en lui donnant son manteau. Tu devrais être habituée à mes sorties nocturnes. Mais je suis lasse, ce soir, peux-tu me faire appeler Solange?
Hortense haussa un sourcil étonné. Solange n’était que servante, et même si son travail méritait quelques compliments, elle n’avait pas encore eu accès à la garde-robe de sa maîtresse! Elle préféra ne rien faire remarquer, habituée à l’attitude de plus en plus déroutante de son amie.

-Nous avons d’ailleurs reçu la visite d’un mousquetaire du roi, lança-t-elle en rejoignant Marie-Louise dans le salon.
-Vraiment? Elle craignit que les babillages d’Hortense ne soient remontés trop loin. Que voulait-il?
-Ca n’était pas un officier. Thibaut de Treil. Il reviendra, m’a-t-il dit.
Marie-Louise se mordit la lèvre inférieure. Treil? Le nom lui était connu, mais d’où venait-il? De sa famille? Du complot, un homme à pister? Un parlementaire? Elle se tut quelques minutes, fouillant aussi loin que remontaient ses souvenirs, lorsqu’elle cru tenir une piste.
-Chalais, murmura-t-elle!
-Quoi?
-Rien, pardon....une chose qu’il faut que je demande à ma grand-mère, que ce nom m’a rappelé.
Le regard inquisiteur d’Hortense agaça Marie-Louise qui se rappela la demande d’Hector de Valois. Tout ceci traînait en longueur, mais le temps commençait à être compté. Il fallait agir avant que les soupçons ne fassent leur apparition. Elle oublia de Treil et ce qu’il fomentait sans même le savoir, et retourna dans son boudoir à la recherche de Solange.

***

-Marie-Louise, lis ce pamphlet, vite!
Hortense jeta un petit carnet relié à la jeune femme alanguie sur l’ottomane. D’un regard suspicieux, elle le parcouru rapidement, avant de bondir en s’étouffant.
-D’où vient-il?!
-On se le passe sous le manteau....Marie-Louise, est-ce vrai?
-”La cadette de la Chevrette a tué son épousé pour une poignée d’ormée!” C’est scandaleux! Calomnieux! Honteux! C’était une crise d’apoplexie, Hortense! Tu le sais!
-Je ne sais pas...tu es allée voir la Delatre, tu sais...
-C’était pour ne pas avoir d’enfants! Pas pour tuer mon mari! Il allait crever avant moi de toute façon!

Elle avait à nouveau perdu son sang froid, mais face au visage terrorisé d’Hortense, elle se radoucit aussitôt, se rappelant avec combien de délicatesse sa grand-mère affrontait ses ennemis les plus redoutables. Respirant calmement, elle apaisa sa colère.
-Pardonne-moi, Hortense. Je suis excédée par ces mots. Ils peuvent éveiller les soupçons, ternir ma réputation! Les Chevreuse ne sont pas des meurtriers! Mais les Guise l’étaient, lorsque la raison le demandait, dit une petite voix au fond d’elle. N’oublie pas tes ancêtres Borgia, Marie-Louise, soufflait son ange noir.
Elle secoua la tête pour oublier ces pensées noires. Il fallait qu’elle se protège de tout cela, qui que puisse être l’auteur de ce torchon.
-Je ne peux pas être ainsi exposée. Pas au moment où je me plais enfin ici, où Paris m’ouvre ses portes, où Versailles va bientôt m’ouvrir les siennes...j’ai bien trop de choses à réaliser avant d’être souillée par ces calomnies!
Elle releva les yeux vers Hortense, qui n’avait cessé de la fixer froidement.
-Hortense?
-Tu l’as tué, Marie-Louise, j’en suis certaine.
-Ne dis pas de bêtises.
-Tu allais chez la Delatre...
-C’était pour les enfants, continua Marie-Louise en contournant l’ottomane pour se rapprocher d’Hortense, l’incompréhension se lisant sur son visage.
-Tu avais ce petit coffre auquel tu ne voulais pas que je touche...
-C’est parce qu’il renferme mes courriers personnels à ma famille, répondit-elle en s’approchant à nouveau.
-Il contenait des fioles, Marie-Louise.
-Tu n’aurais pas du l’ouvrir, Hortense, répliqua la jeune femme d’une voix soudainement froide, dénuée de toute intonation. Elle était encore plus proche d’Hortense, et avant que celle-ci ne comprenne le danger de cette proximité, Marie-Louise avait placé ses mains autour de la gorge délicate de la jeune femme, serrant doucement, lentement mais avec fermeté le cou blanc d’Hortense.
-Marie-Louise, geignit-elle! Tu me fais mal!
-Tu n’aurais pas du fouiller dans mes affaires, répéta-t-elle. Tu n’aurais pas du me suivre, ni clamer sur les toits de Paris que tu connaissais mes secrets. Tu n’aurais pas du t’immiscer dans mon privé. Nous en avions fini toutes deux en quittant le Gâvres, mais tu n’as pas voulu reprendre la distance que je te demandais.
Tout en parlant, elle serrait la gorge de plus en plus fort, ne relâchant aucune pression, fixant le regard terrorisé d’Hortense et les prunelles bientôt injectées de sang. Elle devenait rouge, virant au violet sombre, sous le regard glacial de Marie-Louise dont la machoire s’était crispée.
-Hector ne me faisait plus autant confiance depuis que tu racontais mes affaires dans le tout Paris. Sa présence m’est indispensable pour éloigner le Bourbon de ma vie. Qu’il meurt, celui-là, comme mes ancêtres ou comme ma mère, je me fiche de cela. Il paiera simplement pour ses crimes envers moi, comme tu paies actuellement ton impudence et ta stupide confiance en toi.
Elle ne sentait à présent qu’un poul faible entre ses doigts et Hortense avait cessé de tenter de l’agripper pour se dégager de son étreinte. Et glissait sur le sol, se retenant faiblement, mais son visage se gonfla légèrement et soudain, ses yeux tournèrent dans leurs orbites, les paupières s’affaissèrent et le corps de la jeune femme retomba sur le sol dans un bruit sourd.

Marie-Louise ne lui jeta aucun regard, vérifiant seulement que les rideaux étaient bien fermés. Que faire du corps? Elle verrait cela plus tard...un homme de la Main de l’Ombre l’aiderait à cela.
Constatant à nouveau que la jeune femme était bien morte, elle attrapa le pamphlet, referma la porte du salon derrière elle en verrouillant le tout.
Ca n’est que lorsqu’elle rangea la clef dans sa poche qu’elle réalisa que la sueur coulait sur son front et que ses doigts tremblaient sans qu’elle ne puisse les contrôler.

Elle venait de commettre un meurtre de sang froid. Elle venait d’assassiner sa plus chère amie, sa tendre Hortense. Et elle n’en ressentait aucun chagrin, pas un seul frisson de crainte.

***

1665

Elle devait être malade, ou une chose de cette sorte. Ou était-elle simplement possédée? Elle avait préférée s’en laisser convaincre, ne souhaitant en aucun cas aller trouver cet exorciste sombre de l’entourage de la reine. Un curé pour une adepte des messes noires! L’idée de possession lui convenait. Il devait y avoir en elle un démon assez sadique pour lui faire abandonner toute émotion, toute souffrance ou empathie. Elle le sentait depuis quelques années jouer avec elle, la laissant dans le répit avant de la reprendre dans ses bras. Elle l’avait détesté au début, puis avait conjugé sa vie avec lui, comme un couple étrange et invisible.
Elle avait appris à le connaître, à l’apprivoiser, à ne plus le craindre. Elle avait découvert que son démon la poussait à des gestes qu’elle ne pouvait accomplir seule, que grâce à lui, elle ne craignait nulle souffrance, que seules les limites qu’elle se fixait étaient valables. Elle avait cette inconscience, cette irresponsabilité qu’avait déjà sa grand-mère lorsqu’elle se lançait dans des intrigues d’envergure. Son démon lui donnait cette pleine confiance en elle.
“Pourquoi ai-je osé tenir tête au cardinal de Richelieu? Par la confiance que j’avais, inébranlable, que je pouvais réussir mon entreprise. Si j’échouais, je perdais la tête, mais si je la conservais, j’en sortais plus forte encore. Ce qui ne te détruit pas est une force que tu gagnes.”

Marie-Louise avait passé de nombreuses semaines à comprendre son geste envers Hortense. Ce ne fut que lorsque le corps de la jeune femme fut repêché dans la Seine et qu’elle ne ressenti aucune douleur qu’elle compris d’où cela pouvait provenir. Et oubliant Hortense, oubliant ses doutes sur une possible maladie, elle su qu’à présent, retenue dans son passé par les deux membres de sa famille qui lui étaient le plus cher, elle pouvait avancer en toute confiance.

Son premier geste de femme libre fut de se pencher sur ce pamphlet dont les retombées seraient peu gratifiantes. Elle ne pouvait que demander l’aide d’Emile de Coublans, avocat aussi réputé que doué, même si ce jour-là, elle detestait les tapisseries qui décoraient son cabinet de travail.

-Je suis honoré que vous vous soyez tourné vers moi, mademoiselle, je vous l’ai dit lors de nos précédents rendez-vous. Les pièces de votre dossiers sont sérieuses, mais ceux que peuvent avancer l’accusation le sont également.
-Que voulez-vous dire?
-Des témoins vous ont vu vous adresser à la dénommée “Mère Delatre”, qu’on appelle sorcière, dans le village.
-Je ne voulais avoir aucun enfant du marquis, répliqua Marie-Louise en levant un sourcil.
-Nous n’avons aucune preuve de cela. Actuellement, vous êtes protégée par le silence de madame Delatre, mais grassement payée, sa langue pourrait se délier dans le mensonge.
La jeune femme baissa les yeux, sentant le vent tourner en sa défaveur.
-N’y a-t-il pas moyen de la payer plus cher de mes détracteurs?
-Avez-vous donc quelque chose à cacher? Souhaitez-vous simplement faire taire ces calomnies?

Elle posa un regard décidé sur Coublans. Il suffisait qu’elle hoche la tête, qu’elle dise des mots simples et il pouvait la protéger. Mais jusqu’où pouvait-elle lui faire confiance? Comment savoir s’il n’irait pas fouiller dans ses affaires? La Main de l’Ombre ne pouvait etre infectée par un avocat, à cause d’un stupide pamphlet. Mais si elle tombait...
-Vous avez la main, mademoiselle, reprit-il d’une voix honnête. A vous d’abattre les cartes.

Elle le savait franc, mais n’était pas prête à dévoiler son jeu. Repoussant sa chaise, elle passa le manteau que lui tendait l’avocat, lui tendant une main gracieuse, mais la mine hautaine.
-Ne faites pas vos propres conclusions, monsieur de Coublans.


***

1667

Seule dans son petit cabinet, la jeune femme comptait ses fioles.
Cinq petits joyaux à peine concoctés, savamment aidée par les sorcières les plus en vogue dans le tout Paris. Elle les observa lentement, un sourire fin sur son visage poupin et ô combien innocent.

-Mademoiselle?
Solange avait frappé discrètement à la porte et sur l’ordre de sa maîtresse, poussa le battant.
[color)cyan]-Madame la duchesse de Chevreuse souhaite vous voir, mademoiselle,[/color] annonça-t-elle.
-Est-elle en bas, demanda Marie-Louise, le nez dans son coffret?
-Oui, mademoiselle.

La jeune femme hocha la tête et suivi Solange dans les étages, en refermant la porte derrière elle. La suivante n’avait pas l’attitude habituelle, elle cachait quelque chose, mais par discrétion, elle préféra ne rien relever. Ce ne fut que lorsqu’elle entra dans son salon habituel qu’elle découvrit la surprise que lui réservait Solange.
-Père!
Son éducation, sa vie parisienne la retenaient d’agir comme elle l’aurait fait enfant, mais elle ressenti tant de chaleur à cet instant qu’elle ne pu s’empêcher un geste instinctif d’une fille envers son père.
-Le roi vous a-t-il donc autorisé à revenir? Pourquoi ne m’en avez-vous pas informé! Je ne compte plus les années que j’ai passé à espérer vous revoir dans les murs de Paris!
Cette émotion que son démon retenait s’échappa soudainement et une larme glissa furtivement sur sa joue. Plus de dix ans qu’ils ne s’étaient vu! Seules des lettres les avaient reliés, permettant à Marie-Louise de connaître chaque destination de son père.
-La sanction royale n’est pas levée, répondit-il d’une voix lasse. Nul ne doit savoir que je suis ici, d’où ma tenue de cavalier.
-Pourquoi êtes-vous donc venu? Paris est dangereux! Elle se retint d’ajouter qu’elle en savait quelque chose.
-Le cardinal et moi avions quelques affaires à clore que nous ne pouvions conclure hors de la ville. Nous vous savions ici.
-Qu’il est bon de vous revoir! Chaque fois que j’ai souhaité vous rendre visite à Saint Denis, l’on me prétextait quelque absence ou l’on me retenait ici.
-Les complots s’ourdissent toujours dans l’ombre, hélas.

Marie-Louise intima à Solange d’aller chercher quelques tasses et gâteaux.
-Quelles affaires vous ont conduites ici, demanda-t-elle les sourcils froncés? Je suis adulte à présent, je crois qu’il n’est plus temps de me cacher ce qui pourrait me toucher.
-Votre héritage, Marie-Louise, fit simplement la duchesse, avant de se taire le temps que Solange apporte le plateau et ne reparte. Maintenant que le prince est en faveur auprès du roi, je lui ai rappelé sa promesse.
-Je m’en rappelle.
-Il m’aurait presque jetée dehors si la bienséance ne le tenait, s’amusa la duchesse! Mais qu’importe, il ne peut s’en départir.
-Quel chantage lui avez-vous fait, grand-mère?
-Celui de sa parole d’honneur, répondit le cardinal. Le prince préférerait être mort que de savoir son honneur bafoué.

Un mince sourire ironique naquit sur les trois visages.
-Il parlera donc au roi?
-Je le crois, oui. Mais en attendant, nous avons pu certifier votre naissance grâce à l’extrait de baptême. Vous portez donc officiellement ce nom de demoiselle de Chevreuse, et ajoutons à vos terres la baronnie de Retz, restée dans notre famille depuis l’arrivée de mes ancêtres en France.
Le regard de Marie-Louise pétilla de plaisir. Elle restait illégitime, mais avait officiellement un nom, un titre, une terre où se réfugier.

Elle songea alors à tout ce qu’elle avait vécu, et ce qu’elle vivait aujourd’hui. Elle était reine dans les salons, reine des coeurs, à présent baronne et reconnue. Elle était veuve, maîtresse entière de son ultime destin et dans ses yeux, au loin sur sa route, elle y voyait le visage d’Hector 1er, roi de France et de Navarre.
Elle songea à ses petites fioles qui l’aidaient chaque jour et à Olivier de Montalet, son fougueux amant, qui la faisait frissonner sous les draps et la comblait la nuit. Elle vit son visage si pur, adorable et honnête, acceptant de se jeter aux pieds de sa cruelle maîtresse et de lui servir de coursier. Savait-il, ce frigant mousquetaire, quelle cause il servait ainsi? Certes non, mais grâce à lui, le trône n’était plus très loin et la chute du Bourbon serait rude.

-Cette nouvelle est comme une nouvelle naissance, fit-elle simplement, réellement touchée, avant que son démon ne l’emporte dans ses méandres nébuleux.


****
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MessageSujet: Re: Marie-Louise de Chevreuse   Marie-Louise de Chevreuse Icon_minitime21.11.12 1:24

Voilà, je pense avoir terminé ma fiche.

J'espère que ça n'est pas trop court, par rapport à ce que d'autres membres postent! Embarassed
Mais j'ai été un peu inspirée par le personnage....

J'ai vu avec le scénario d'Elizabeth de Somerset pour l'avatar et ai pris la liberté de changer une petite chose: la durée de son mariage. En effet, si elle reprend ce titre de demoiselle, au bout de 2ans ça fait bizarre... j'espère que ça ne posera pas de problème. Désolé de Lisa


Je laisse également le soin au joueur d'Hector de "valider" la partie le concernant si besoin est. Clin d'Oeil
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MessageSujet: Re: Marie-Louise de Chevreuse   Marie-Louise de Chevreuse Icon_minitime22.11.12 15:49

TU ES VALIDÉE !
BIENVENUE A VERSAILLES

Bon alors c'est quoi cette blague ? Razz Je me retrouve avant hier face à des fautes d'orthographe qui m'incendiaient les rétines, et même un pseudo à l'anglaise. Razz Et depuis je viens de lire une superbe fiche. Et maintenant on me nargue par mp. Razz Bravo tu m'as bien eue. Qui que tu sois, tu as de la chance que je ne me venge pas en te faisant attendre un peu plus ! What a Face Razz Que dire sinon sur ta VRAIE fiche, si ce n'est que je l'ai beaucoup aimée, que tout y est et que donc je n'ai rien à redire si ce n'est rebienvenue apparemment (*2 / * 3 / *4 / * 5 ? ) Razz Amuse toi bien avec cette vile blue et au plaisir de te croiser dans un rp un jour ou l'autre. Smile PS : J'ai enlevé mon message qui gênait au beau milieu de ta fiche. Clin d'Oeil
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PENSE PAS BÊTE ; Qui est qui ? Petit topo des personnages sur le forum.Fiches de liensDemandes de rangs et de logementsLe flood ♣ N'oublie pas de mettre tes liens de présentation, fiche de liens et point info dans ton profil Clin d'Oeil

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MessageSujet: Re: Marie-Louise de Chevreuse   Marie-Louise de Chevreuse Icon_minitime22.11.12 15:54

Razz

Si je te dis le pourquoi de cette blague, tu vas me découvrir rapidement....

Après un "non alors non", je voulais mon "désolée Désolé de Lisa " mais tu me l'as même pas fait, je suis très vexée, surtout que j'ai fais un avatar Nina blonde exprès. PTDR

Merci pour cette validation sans menace aucune et voui, je viens de suite vers tes fiches de liens Pervers
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MessageSujet: Re: Marie-Louise de Chevreuse   Marie-Louise de Chevreuse Icon_minitime22.11.12 18:17

Une vile bleue.. Et mieux encore, la Chevreuse ** **

Je suis ravie de t'avoir parmi nous et je sais bien que nous allons faire de grandes choses toutes les deux (attention avalanche de smileys Razz ) Twisted Evil What a Face Pervers ev drunken

Je n'ai pas encore tout à fait terminé ta fiche mais je l'aime beaucoup et ce personne promet Pervers !

Re-bienvenue parmi nous, j'ai hâte de voir cette très chère (hum) Marie-Louise en action Twisted Evil (et tu peux le croire, je la surveille de près What a Face )
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MessageSujet: Re: Marie-Louise de Chevreuse   Marie-Louise de Chevreuse Icon_minitime23.11.12 10:35

Je crois que je sais qui se cache derrière cette Marie-Louise, même si pour cette fois je n'ai pas été mise dans la confidence What a Face

Re-bienvenue parmi nous, espèce de schizo en puissance, et au plaisir de comploter 8D
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MessageSujet: Re: Marie-Louise de Chevreuse   Marie-Louise de Chevreuse Icon_minitime23.11.12 13:33

WAOUH. **
J'ai lu toute ta fiche d'une traite et... j'aime, et j'aime même beaucoup ! I love you Elle dépote !

Bienvenue ici pour la pfiouh... on ne compte plus PTDR J'exige que nous poursuivions dans nos complots Pervers
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MessageSujet: Re: Marie-Louise de Chevreuse   Marie-Louise de Chevreuse Icon_minitime

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