« s i . v e r s a i l l e s » Côté Coeur: Tant qu'il bat encore, il battra fort pour son italien, le seul. Côté Lit: Un certain florentin le partage la plupart du temps. D'autres aussi, moins souvent ... Discours royal:
CASSE-COU 1000 vies, un corps
► Âge : 27 ans
► Titre : Prince di Paliano (de la Palissade), membre de la famille Colonna
► Missives : 602
► Date d'inscription : 18/09/2011
Sujet: [Venise] Entre justice et vengeance 28.05.14 13:40
« La vengeance est plus douce que le miel. »
Versailles, loin de la guerre, semblait presque un havre de paix, rythmé par quelques nouvelles venues du front, rappelant l’horreur que vivait les absents. Certains se sentaient plus concernés que d’autres, certaines personnes avaient leur mari, frère, fiancé, père, amant sur le front. Luigi, lui, n’avait finalement que quelques amis dont il attendait des nouvelles, mais aussi le roi, dont dépendait sa position d’espion. Beaucoup à ses yeux, mais finalement bien peu de choses comparés à d’autres … Non, lui avait d’autres choses à faire, il avait ses missions à mener, car les affaires religieuses et les poisons ne prenaient pas de repos en cette sale période. Et il faut avouer que sans Ferdinand, son grand acolyte, tout cela état moins amusant mais surtout plus dangereux lorsqu’on mène ses missions seuls. De toute façon, Colonna avait sa santé aussi à soigner, l’hiver et sa rupture ne l’avaient pas épargné, et malgré son moral de fer, Luigi avait eu beaucoup de mal à s’en remettre.
Et sa vie privée n’aidait pas à garder la santé. La mort du Pape avait ébranlé la chrétienté, et Luigi s’était précipité sur sa feuille et la plume pour écrire à Flavio Chigi, le neveu du défunt pape, pour lui présenter ses condoléances. Alexandre VII avait été un homme agréable avec la famille Colonna, avait aidé son oncle Girolamo Colonna a monté les échelons, ce dernier aurait pu aller jusque Pape si la Mort ne l’avait pas fauchée l’année dernière … Depuis longtemps, Luigi n’avait pas entrepris une correspondance régulière avec le Saint-Siège de façon aussi soutenue. C’est à travers ces lettres codées qu’il apprit qu’il n’y avait rien de naturel dans le décès papal, qu’il s’agissait bien d’un meurtre. L’histoire aurait pu en rester là, si, il y a deux jours, le courrier qu’on apporta au prince romain n’était pas un ordre de mission : Chigi le priait de revenir à Rome pour mener l’enquête, mais aussi d’être présent pendant le Conclave pour contrecarrer les Barberni. Revenir à Rome ? Hors de question ! Luigi n’avait plus envie d’y revenir, aimant la ville qui l’avait bercée de loin, comme un souvenir. Puis il détestait voyager, il était toujours malade, en témoigne son dernier périple pour assister aux funérailles de son oncle …
Ce matin, levé tout juste pour la messe où il était bon de se faire voir de la reine, et où tout bon catholique se devait d’y aller, le prince n’avait pas l’intention de beaucoup bouger, mis à part peut-être un tour dans les jardins histoire de prendre l’air et quelques couleurs sur les joues. Il était impératif de se montrer lorsqu’on était courtisan, il était impératif de se montrer, faire un peu de conversation et se montrer aimable. Un rôle que Luigi savait bien faire avant d’aller se reposer un peu dans ses appartements, sans savoir les nouvelles qui l’attendaient. A peine avait-il retiré sa veste que son serviteur Leone venait à lui, paniqué
« Signore, j’ai une mauvaise nouvelle … Signor Barberini est parti pour Rome. Dans la nuit. Quoi ? Mais non ! » s'indigna t'il !
Si son grand ennemi quittait Versailles pour Rome, Luigi devrait en faire de même, à contrecœur. Passant les mains sur son visage pâle, il soupira de résignation avant d’aller à son secrétaire, écrire à Chigi qu’il partait le rejoindre et que leur ennemi commun était déjà en route. La missive partie, Luigi dut préparer ses affaires, pas grand-chose vu qu’il n'avait pas l'intention de s'y éterniser, puis vu sa carrure, il était certain que ses vêtements au Palazzo lui allait encore. Luigi avait à faire : il envoya son valet chercher des liquidités pour son départ, son banquier romain se trouvait à Paris et était tout digne de confiance ; il chargea d'autres de mettre ses affaires en malle, ne voulant pas plus de trois bagages, pour ne voyager que dans un seul véhicule et aller vite ; lui, enfin, s'en alla trouver monsieur Colbert dans l'aile des ministres. L'homme en noir croulait sous une tonne de paperasse, ses petits yeux ne cessaient de passer d'une feuille à l'autre avant d'écrire sur une troisième, on pouvait l'entendre maugréer dans sa bouche sans vraiment déchiffrer ce qu'il racontait. Luigi n'avait demandé l’autorisation de personne pour entrer. Le serviteur du ministre était parti chercher une collation à son maître, ce qui laissa le loisir au romain de se faufiler dans la pièce. Après deux minutes de silence, il se racla la gorge pour signaler sa présence. Colbert ne leva pas les yeux et continua d'écrire.
« Je sais que vous êtes là, monsieur. Vous entrez dans mon cabinet sans vous annoncer, ayez l'amabilité d'attendre que je finisse ceci. » répondit le ministre d'un ton monocorde.
Surpris d'avoir été repéré, Luigi baissa la tête et fit la moue d'un enfant pris en flagrant délit de bêtise. Il attendit ainsi trois minutes avant que Colbert ne posa sa plume et l'invita à s'asseoir. La conversation n'avait pas besoin de quelques banalités d'usage, Luigi entra dans le vif du sujet.
« Je m'excuse d'être venu ainsi tel un voleur, mais l'affaire est urgente. Il me faudrait un passeport à effet immédiat. Pour Rome. Le conclave je présume. En effet. Je suis un vieil ami du neveu du défunt Pape, il m'a demandé de venir … assurer nos intérêts. résuma le romain, ne voulant pas trop en dire. Hum … Quant aux liquidités … Ma fortune assurera le voyage. Bien ! Un presque sourire se dessina sur les lèvres du ministres, content de ne pas dépenser. Il ouvrit un tiroir et remplit un papier qu'il signa et appuya le sceau royal. Tenez pour vous. Mais revenez vite, Paris gronde et nous n'avons que peu d'effectif. »
Luigi acquiesça, salua de son chapeau le ministre qui reprit une activité normale, et repartit pour ses appartements, d'un pas pressé. Il pourrait partir de nuit, il serait moins malade. Le carrosse, sur de longues distances, lui donnait des nausées et cela ralentissait son périple. Au moins quand il dormait, il ne sentait plus rien. A peine fut-il entré dans son salon, il vit Leone, paniqué, tournant en rond. Lorsqu'il vit son maître, il se mit à bégayer, ne sachant pas quoi dire.
« QUOI ? Parle ! A la banque … on vous a volé une partie de votre fortune. Le banquier a estimé cela de l'ordre d'un tiers à la moitié, il n'avait pas fini d'estimer. »
Surpris, il sentit ses jambes fléchir et ses domestiques, habitués, eurent le réflexe de lui apporter une chaise où tomber dessus. Leone lui raconta que le banquier avait découvert cela tôt ce matin, qu'il n'avait rien entendu pendant la nuit, que l'on avait touché qu'à la fortune Colonna, rien d'autre, que c'était la première fois qu'on lui avait fait un tel casse, que tout était habituellement sécurisé … Luigi écoutait que d'une oreille, se disant que même un tiers de sa fortune était énorme ! Il était prince Colonna, une des familles les plus vieilles de Rome, qu'il avait un pactole de départ, plus tout ce qu'il avait gagné lors de ses missions, les récompenses officieuses, sans oublier celles en tant qu'espion. Il avait la tête entre ses mains, lorsque Leone lui tendit un papier, laissé là volontairement par le voleur d'après le banquier. Un voleur qui signe son délit ? Et puis quoi encore ? Dépliant le papier, Luigi ouvrit grand ses yeux clairs :
Un leone non dimentica mai.
De rage, il écrasa le papier et le lança au loin. Puis il se leva, et hurla qu'on l'emmène à l'ambassade vénitienne. Bien sûr qu'il savait le coupable, le voleur voulait se faire connaître. Contarini avait mis cinq ans à se venger mais il l'avait fait pile au moment où Luigi avait besoin de couvrir ses arrières. Dans un fiacre préparé à la va-vite, le romain s'en était allé mais bien sûr, Francesco était déjà parti depuis plusieurs heures. Pourtant d'une nature frêle, le regard enragé et la lame à la main, le valet de Francesco ne fit pas la fine bouche pour dire que son maître s'en était retourné à Venise. Il était temps pour Luigi d'en faire de même.
Son vrai carrosse était prêt et, à la fin de journée, il quitta enfin Versailles pour s'en aller au-delà des Alpes. Il avait deux missions à mener de front, mais si Rome était la plus importante dans l'absolue, récupérer sa fortune l'était tout autant. Jamais voyage entre Paris ne fut aussi rapide, Luigi refusait de s'arrêter dés qu'il se sentait mal, on ne le faisait que pour changer les chevaux et quand le cocher ne tenait plus pour dormir dans une auberge de voyage. C'était beaucoup demandé au corps fragile du romain qui passait son temps à prier pour ne pas flancher, ne pas se tordre de douleur et ne pas passer la tête au-dehors pour régurgiter le fond de son estomac. Troyes, Belfort, Zurich … Quand enfin l'italien fut la langue courante que Luigi, plus blanc que sa chemise, espéra enfin être arrivé. Presque, Trente n'était plus très loin et la course put se ralentir un petit peu, pour laisser au prince le temps de reprendre ses forces. Quand Venise se dessina enfin devant lui, c'était pour lui une petite victoire, mais aussi le doute s'installa : si on lui avait menti ? Francesco serait-il assez bête pour retourner chez lui, et subir la justice de sa cité ? Après tout, où irait-il d'autre ? Après s'être posé dans une belle auberge et avoir mis quelque chose de consistant dans son estomac, Luigi se demanda bien où chercher. Le Palais des Doges serait trop facile et même s'il y était, le doge ne lui dirait pas … Il fallait chercher la pêche aux indices et ça, il savait y faire. Habillé bien simplement pour un prince, il s'en allait ici ou là à savoir ce qu'il se passait et n'en croyait pas ses oreilles ! Lui qui pensait que Rome souffrait d'une bien mauvaise réputation, Venise n'était que vendetta, meurtres, trafics en tout genre, même dans les familles patriciennes. Finalement, Rome n'était pas si mal … La bonne fortune lui sourit enfin lorsque quelqu'un parla d'un type arrivé la veille tel un fugitif. La description correspondait à Contarini, il fallait bien tenter !
Derrière l'église San Salvador se tenait plusieurs cabarets un peu louches, la luxure côtoyait la religion à deux pas de là. Dans sa cape en velours noir, capuche rabattue sur la tête, Luigi observait la population locale sans qu'on puisse deviner son visage. Prostitués, hommes et femmes, se mélangeaient à des faux cul-de-jattes, des gens borgnes ou encore des vieilles maquerelles à l'air patibulaire. Cela avait un arrière-goût de cour des miracles ici. Quel contraste avec ces rues pavées, ces bâtiments du siècle dernier ! D'ailleurs, certains étaient abandonnés et devenaient des lieux clandestins, dont une taverne où les murs décrépis n'allaient pas avec les tables d'ébène et les magnifiques fauteuils dépareillés, sans doute volés. Ici ils étaient la mauvaise société mais avaient des goûts de luxe. Francesco se tenait là, assis dans un des fauteuils, riant, se sentant victorieux de son méfait sans doute. Son ami regarda Luigi de la tête au pied d'un air méprisant.
« Dégage, ici c'est une conversation privée. Je sais. Il retira sa capuche et montra sa lame à sa hanche. Mais j'ai une priorité sur vous. Bonsoir Contarini, bon voyage ? »
Le contraste entre l'air sérieux du romain et cette voix presque badine pour faire la conversation. Pas besoin d'expliquer pourquoi il était là, les deux le savaient très bien. Et peu importe l'heure tardive du soir, Luigi était bien décidé à faire justice. Il s'assit à la table sans y être invité, et renvoya le verre que le troisième lui tendait.
« Je ne suis pas ici pour boire ou faire la conversation. Je veux mon argent, Contarini. Je sais qu'il est parfois difficile de gagner sa vie qu'on ne sait rien faire de ses dix doigts politiquement parlant, mais de là à voler les autres, vous êtes tombés bien bas. »
Luigi aurait bien du mal à le rattraper si Francesco décidait de courir dans les rues sordides de Venise. Déjà parce qu'il était fatigué et pas en bonne condition physique, mais aussi que son ennemi était sur son terrain, il connaissait chaque recoin à n'en pas douter. Il valait mieux l'empêcher de quitter les lieux tant qu'il bavassait, se croyant au-dessus de tout. Sortant discrètement une dague de sa botte, Luigi la pointa sous la table, la pointe venant touchée la cuisse du vénitien.
« Mon argent. »
Francesco Contarini
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• DON JUAN • Revenu des Enfers
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► Titre : Nobilis Homo vénitien, Ambassadeur déchu, Banquier de la Main de l'Ombre & bras droit de Victor d'Amboise
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Sujet: Re: [Venise] Entre justice et vengeance 25.09.14 21:52
« Donnez assez de corde à un voleur et il se pendra lui-même. »
Ô le coup était splendide ! Parfait même… Après avoir volé un peu plus de la moitié de la fortune de son vieil ennemi : Francesco jubilait, exultait ! Sa vengeance s’accomplissait enfin après cinq années de patience… Lui et ses hommes s’étant introduit tard dans la nuit chez le banquier du prince romain, forcés les coffres, mit l’appartement à sac et devaient filer aussi vite qu’ils étaient apparut. Cela faisait des mois, presque un an que l’ambassadeur avait monté ce plan. Rien n’avait été laissé au hasard… S’occuper des gardes, préparer le convoi,… Avec la délicatesse d’une jouvencelle, le Contarini déposa dans le coffre éventré sa petite note qu’il avait écrite le matin même (bon, je vous laisse imaginer la jouvencelle avec un grand sourire pervers… charmant hein ?) Une fois l’irréparable commis, comme l’envolée d’une horde de chauve souris, l’ambassadeur et ses hommes drapés de noirs dévalèrent les escaliers de la demeure du banquier avant de sauter à cheval, monter en voiture et démarrer en trombe pour quitter Versailles au plus vite. Il fallait creuser au maximum l’écart entre eux et Luigi lorsqu’il apprendrait la nouvelle.
C’est doute en toute hâte que les malfrats vénitiens traversèrent les rues endormies de la ville, les sabots des chevaux claquant frénétiquement sur les pavés à un rythme fou. Confortablement installé dans sa berline noire, le Contarini se mordait le bout des doigts avec un sourire carnassier tout en balayant les alentours du regard. Entouré de tout ces sacs de jutes plein d’or à craquer il s’amusait comme un petit fou. Il en trépignait presque sur sa banquette avec nervosité. Son valet Paolo l’observait, bien préoccupé, en se triturant les mains d’anxiété :
« Signore ? Est-ce que tout va bien ?
-Raaah mais ne me gâche donc pas mon plaisir, stronzo ! se plaignit sèchement Francesco en fusillant son domestique du regard. Evidemment que tout va bien ! se réjouit-il ensuite avec un sourire inquiétant. Voilà cinq ans que ce freluquet m’a humilié et aujourd’hui je le tiens par les bijoux de famille, dit-il en tapotant les sacs à ses côtés en ricanant. Malgré que le jeu de mot soit des plus douteux, Paolo savait qu’il n’avait pas tort… Tant d’or pour un seul et même convoie était périlleux, mais brillant selon son auteur. Après avoir quitté les murs de Versailles, ils continuèrent plusieurs kilomètres à travers la campagne plongée dans le noir. Même si l’on avait bien du mal à voir le bout de son nez là-dedans, le domestique ne s’y trompa point, il savait quelle direction ils prenaient ! Il jeta un regard effaré à Francesco :
« Nous… Nous rentrons au manoir, seniore ? »
Ce à quoi l’ambassadeur répondit en lui ordonnant de la boucler comme on parle à son chien. Le silence retomba lourdement dans la berline, les sacs remplient d’or tintant doucement au gré des cahots de la route. Quelques kilomètres plus loin, le convoi s’arrêta et Francesco descendit aussi sec, Paolo à sa suite. Un des hommes de l’ambassadeur descendit de monture avant d’ôter le tissu sombre qui masquait son visage, c’était le capitaine de la garde de l’ambassadeur : Giacomo.
« Seniore, les chevaux sont prêts et à votre disposition, indiqua l’homme de main aux airs grimaçants de chien de garde.
-C’est parfait, Capitaine, fit Francesco avec un sourire ravi. Faites cela bien à l’endroit que je vous ai indiqué et nulle part ailleurs ! C’est crucial, indiqua-t-il avant de donner une tape étonnamment familière sur l’épaule du capitaine.
Paolo était presque jaloux de voir que son maitre pouvait traiter ses subalternes avec un tant soit peu de respect, voir même de la complicité ! Aaaah quel luxe c’était là ! Le valet serra les poings en marmonnant dans sa barbe. Puis il préféra s’occuper de sa monture en y balançant sèchement sur son dos le maigre paquetage qu’il avait dû réaliser à la va-vite avant de partir. Car oui ! Mônsieur Son Excellence l’Ambassadeur, Seigneur des Crétins l’avait prévenu à la dernière minute ! Comment voulez-vous correctement réaliser votre travail de domestique correctement s’il on ne vous dit rien ? Sept générations que sa famille était au service de la sienne ! SEPT ! Et ses vingt-cinq années de sa vie entièrement consacrées au service de cet abrutit fini ! Et voilà tout le respect, toute la considération qu’il recevait ! RIEN ! Aucune confidence, aucune tape dans le dos (à part des coups...), pas une seule once de compassion à son égard. Cela lui rappelait le terrible hiver de l’an dernier où il avait attrapé une terrible fièvre l’empêchant de servir de Son Excellence. Celui-ci s’était-il inquiéter de son absence ? Que nenni ! Raaaaah ! Paolo enrageait alors qu’il enfourchait son cheval en jetant un regard assassin à Francesco qui faisait de même en donnant les dernières instructions à ses hommes. Il le détestait autant qu’il en était dépendant, cela le rendait dingue ! Il se disait qu’il pourrait peut-être lui faire du mal, que… Mais non, nous nous égarons… Revenons donc à notre protagoniste principal. Nous ne pouvons nous attardez de la sorte sur la condition d’un manant pour l’instant…
C’est donc avec l’allure d’un général s’en allant en guerre que Contarini monta à cheval en lançant avec panache ses indications à ses sbires. Ils se saluèrent bien vite et se séparèrent comme convenu au croisement, chacun dans une direction opposée à l’autre. Disséminer pour mieux se cacher : voilà quel était le plan du vénitien. Francesco était à présent accompagné de sept hommes en monture transportant la moitié du butin de la nuit tandis que le reste filait on ne sait où…
Pietro Grazioso, Domenico Ossessionato, Lucien Narcisse, Jean Philippe Libertin, Michel Beau, François Casanova,... Plus les hommes avançaient au fil des jours à travers la France, plus l’ambassadeur semblait trouver de l’inspiration pour ses pseudonymes pour ses réservations dans les auberges entre Fontaineblau, Avallon, Dijon, Maçon, Lyon,... Galopant jusque tard dans la nuit pour repartir tôt le lendemain, l’ambassadeur et sa suite traversèrent la France pour attendre la frontière en un temps reccord. Ils poussèrent l’effort, porté par l’exaltation de la victoire, à faire le reste du trajet en à peine deux jours. Ce n’est qu’au matin du jour suivant qu’ils purent enfin voir la Sérénissime découper l’horizon, ses clochers et ses dômes pointant vers le ciel.
« Finalmente siamo qui a casa ! » s’exclama Francesco, ses yeux perçants parcourant cette lagune qu’il avait quittée depuis longtemps déjà.
Le groupe atteignit la cité et se faufila dans la foule déjà dense ce matin-là dans les rues étroites bordant les canaux surpeuplés d’embarcations diverses, aussi miteuses que luxueuses. C’était ça la véritable essence de Venise : le mélange parfait des castes (sauf si vous prêtiez attention aux ghettos juifs de la cité…). Lors des fêtes et des carnavals, sous votre masque, vous n’étiez personne. Les malfrats et grands pouvaient se toucher du bout des doigts. Et c’est bien là ce qui se passait pour Son Excellence, tout à fait habituer à ce brassage intense et continu depuis son adolescence... Sa maison close lui manquait d’ailleurs quand il y pensait tout à coup. Tant bien que mal, ils jouèrent des coudes et des épaules pour se frayer un chemin pour s’éloigner des grands canaux bondés. Peu à peu, les rues (toujours très étroites) étaient plus désertées et les bâtiments un peu plus miteux. On quittait le visage officiel de la République pour ses bas-fonds. C’était l’endroit parfait pour conclure ce voyage trépidant à travers les campagnes de France et d’Italie.
Après s’être enfoncé dans ce dédale, ils arrivèrent derrière l’église San Salvador où quelques cabarets, maisons de passes et autres commerces peu orthodoxes s’étaient développés depuis quelques mois maintenant. C’était une petite place étriquée, coincé entre d’anciens palais décrépis du siècle dernier où s’étalaient à même le pavé une terrasse de café improvisée, un salon confortable et quelques prostitués sans grand intérêt (et surtout fort laides). Ils prirent donc leurs quartiers comme convenu dans la seule auberge qui se trouvait là avec son enseigne à la peinture écaillée : « La Tosse Leone » (Le Lion qui Tousse). Enfin dans un lieu bien plus sûr, les gardes de l’ambassadeur sécurisèrent chaque issue tandis que d’autres furent assignés pour cacher le butin ailleurs, plus loin dans le quartier.
Pouvant enfin se détendre, Francesco prit davantage ses aises, s’autorisant coupes de vin et autres gourmandises pour combler son appétit (oui monsieur n’aime pas tellement, durant les voyages, « manger sur le pouce » comme on dit en français). Les heures filèrent doucement et l’ambassadeur, qui venait de retrouver quelques vieux amis, s’était installé en terrasse pour profiter de la chaleur douce du soir qui tombait. Il racontait alors quelques anecdotes, prouesses et maitresses de son « bagne » français quand un homme encapuchonné se présenta auprès d’eux.
« A qui avons-nous l’honneur ? demanda le Contarini en haussant un sourcil hautain et intrigué.
-Dégage, ici c'est une conversation privée, fit un de ses lieutenants en grognant sur l’inconnu.
-Je sais, répliqua celui-ci avant d’ôter sa capuche et de présenter sa lame. Mais j'ai une priorité sur vous.
-Tiens, Colonna, fit Francesco avec une petite moue déçu, à peine étonné.
-Bonsoir Contarini, bon voyage ?
-Excellent ! s’exclama l’ambassadeur avec son sourire de requin avant de tremper ses lèvres dans le vin. Merci de vous en inquiéter. Voulez-vous prendre un verre ? » demanda-t-il d’un ton badin en indiquant un geste de la main à l’un de ses amis pour qu’il remplisse une nouvelle coupe. Luigi s’assit à leur table mais refusa derechef le verre qu’on lui tendait, très sèchement. Devant cette attitude aussi coincé, Francesco se retenait presque de rire. C’est que le petit prince avait grandi et se prenait très au sérieux ! pensa Son Excellence avec cynisme.
« Je ne suis pas ici pour boire ou faire la conversation.
-Et bien, et bien… Quelle décontraction ! s’exclama le vénitien, tandis que son entourage se mit à ricaner en jetant des regards mauvais sur le romain.
-Je veux mon argent, Contarini. insista le jeune homme en fixant les yeux de Francesco.
-Seniore est bien pressé… répliqua le Contarini d’une voix doucereuse.
-Je sais qu'il est parfois difficile de gagner sa vie qu'on ne sait rien faire de ses dix doigts politiquement parlant, enchaina le prince. Mais de là à voler les autres, vous êtes tombés bien bas.
Ce à quoi Francesco éclata de rire le plus sincèrement du monde. Le reste de la petite assemblée se taisait, observant les deux hommes comme on regarde un match au jeu de paume.
-Hahahaha ! Comme vous êtes drôle il mio buon amico ! dit-il hilare avant de sécher une larme au coin d’un oeil et de jeter un air bien plus mauvais à sa victime. Mais dites-moi, de nous deux, qui a donc volé l’autre en premier d’après vous ?
Le silence retomba quelques instants sur la petite place. La tension était palpable et les hommes du Contarini étaient prêts à toute éventualité. Le vénitien se pencha alors sur la table, rapprochant son visage de celui du romain, l’air glacial.
« Parce que, voyez-vous, je m’en souviens parfaitement de votre petite entourloupe. Cette liste que vous nous avez dérobée…, précise-t-il en serrant les poings avant de retrouver un ton plus badin. Tiens d’ailleurs : ne devriez-vous pas être au Conclave ? demanda-t-il l’air de rien avant de reprendre froidement : cela serai bien dommage que cette liste n’est servie à rien, n’est-ce pas ?
Il sentit alors la pointe d’une dague sur sa cuisse.
- Mon argent. martela le Colonna d’un air sombre.
-Tu peux toujours courir », répliqua l’ambassadeur en serrant les dents, plus féroce.
C’est alors qu’un brouhaha se fit entendre au loin dans les rues, puis de plus en plus en plus proche. On pouvait clairement distinguer les cliquetis d’armures et d’épées en nombre. Une horde de gardes se rapprochaient d’eux à grand pas ! Francesco se leva brusquement, ne prêtant même plus attention à son interlocuteur tandis que ses hommes se préparaient à dégainer leurs armes. Les gardes déboulèrent de tous les côtés, de chaque ruelle étroite et envahir peu à peu la petite place. Merda ! Ils étaient cernés.
« Francesco Gulio Maffeo Contarini, déclama froidement un capitaine des gardes en s’avançant au près d’eux d’une démarche conquérante. Au nom du Doge et de la République : Je vous prierai de nous suivre… sans faire d’histoire, insista-t-il en jetant un regard circulaire sur les molosses de l’ambassadeur.
Francesco lui lança un sourire narquois, pas impressionné le moins du monde :
-Hum… Savez-vous au moins qui je suis ?
-Tout le monde le sait à Venise, rétorqua le soldat, froidement. C’est votre domestique je crois qui s’est gentiment proposé de nous alerter de votre présence dans la Cité.
La nouvelle tomba sur le vénitien comme une enclume chutant de cinq étages. Paolo… Ce chien ? Etait-ce possible ? L’ambassadeur n’en revenait pas… Mais il se garda bien de le faire savoir, restant le plus impassible possible. Il lança à l’attention de tous avec un soupir des plus théâtrales :
« On ne peut vraiment plus faire confiance à ses domestiques de nos jours, puis il reposa de nouveau ses yeux perçants sur le chef des gardes. Et… Pourrai-je savoir ce que l’on me reproche exactement ? demanda-t-il d’un air mielleux.
-Pfff, s’esclaffa mollement le capitaine. Vous marchez sur la tête, seniore ? Vous avez brisé votre condamnation à l’exil exigée par le Doge. J’en ai vu qui sont morts pour moins que ça…
Francesco avait tout planifié dans son plan, oui. Tout… sauf ça. Le vol magnifique, l’escapade fantastique, le retour triomphant, Luigi rampant… Oui tout était parfait… S’il remettait la main sur son abrutit de valet et il le mettrait en charpie ! Sans plus tarder, voilà que les gardes écartaient fermement les hommes de l’ambassadeur qui ne s’opposèrent même pas, abasourdis, avant de venir lui passer des menottes.
[b)« J’exige de voir mon père »[/b], ordonna Francesco en levant fièrement le menton.
Le prince romain réapparut alors dans son champ de vision, visiblement ravi.
« Raaaah vous : n’en rajoutez pas ! S’exclama-t-il à l’attention du Colonna avant de s’emporter davantage sur le capitaine : Je veux voir le Doge immédiatement !
Sans que Francesco puisse vraiment encore s'en apercevoir : son petit monde commençait à s’effriter doucement... Gare aux chutes de pierres...
Luigi Colonna
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Sujet: Re: [Venise] Entre justice et vengeance 18.02.15 18:23
Il n’y avait rien de pire que les longs voyages, le corps fragile du romain ne supportait pas autant de remous, toute ces secousses et cette longueur. Un jour, il espérait qu’on puisse voyager sans perdre autant de temps, ni même autant de désagréments. Ce séjour vénitien n’était pas prévu, déjà qu’il ne voulait pas se rendre à Rome pour le conclave, alors à Venise encore moins ! Mais sa fortune était en jeu, il n’allait pas un vénitien se prenant pour le centre du monde lui piquer ce qu’il avait amassé toutes ces années. Bon d’accord, il n’avait aucun héritier à qui transmettre, mais ce n’était pas une raison pour tout balancer en l’air et se désintéresser de presque un demi-million de livre juste par flemme. Alors prendre son mal en patience, vomir, attendre, dormir, vomir encore et prier de survivre jusqu’à temps de voir Francesco Contarini derrière les barreaux … Alors quand la cité des canaux se fit enfin voir, Luigi se promit d’aller brûler un cierge et remercier Dieu de l’accompagner dans ce voyage, au péril de sa vie.
Une fois à terre, et après repas puis repos, Colonna put chercher son ennemi et tout faire pour le mettre au trou. Que d’aventures pour un garçon dont la santé ne le permettait pas normalement de faire autant de folies. Il était bien trop mince et frêle pour se balader dans ce quartier sensible de Venise, bordé de faux borgnes mais de vrais bandits. Pour se défendre, il n’avait que son épée à la hanche et un poignard dans sa manche, il fallait toujours être plus vicieux que les propres assassins, il avait dû presque en payer de sa vie pour le découvrir et ne jamais sortir désarmé. Et voici le romain à la recherche du vénitien, avec l’espérance que l’argent ne se soit pas déjà volatilisé. Si Contarini n’avait pas été fils de Doge, il aurait fait un très bon escroc, un chef de bandits pour les riches pour s’enrichir soi-même. Même dans un tel endroit, il se prenait pour un prince. Et les retrouvailles furent bien glaciales, quand on sait que le dernier moment qu’ils ont passé ensemble fut plus que torride. Aucun n’avait oublié … Il n’y avait qu’à parler de vol pour raviver les souvenirs.
« Mais dites-moi, de nous deux, qui a donc volé l’autre en premier d’après vous ? Un silence passa, lourd et pesant. Parce que, voyez-vous, je m’en souviens parfaitement de votre petite entourloupe. Cette liste que vous nous avez dérobée…Tiens d’ailleurs : ne devriez-vous pas être au Conclave ? demanda-t-il l’air de rien avant de reprendre froidement : cela serai bien dommage que cette liste n’est servie à rien, n’est-ce pas ? Ne vous en faites pas, la liste a retrouvé sa place initiale. Et j’ose espérer que Dieu me pardonnera d’avoir agi pour protéger ses représentants. Agir bien ou mal n’était pas la question pour Colonna, il l’avait fait pour son oncle. Je fais un tour pour vous envoyer en prison ici, et assister à l’élection du Pape. Ne me mettez pas en retard. »
Mais la menace de l’arme, pointée contre la cuisse vénitienne, n’avait pas l’air de lui faire peur, le Lion vénitien semblait même prêt à rugir. Même si le physique du romain n’avait rien d’impressionnant, il n’avait pas peur de recevoir des coups, ni même d’en donner. Mais pas besoin de se battre, des bruits de pas et d’armures se firent entendre, de quoi faire déguerpir tout ce petit monde qui se nourrissait d’illégalité et de vols. Bientôt il n’y eut plus que des gardes autour de Francesco, son sbire et Luigi. Ce dernier rangea son arme et recula de deux pas, pour assister à la scène, savoir ce qu’il allait se passer. Ainsi donc Contarini était banni de sa propre cité, mais il y était retourné quand même ? Et c’est son valet qui l’avait dénoncé ? Oh, c’était trop beau, Colonna ne pouvait qu’arborer un large sourire de satisfaction et de triomphe et s’approcha de son rival, fier.
« Raaaah vous : n’en rajoutez pas ! S’exclama-t-il à l’attention du Colonna avant de s’emporter davantage sur le capitaine : Je veux voir le Doge immédiatement ! Nous sommes sensés vous conduire à la prison … commença le capitaine. Pardonnez moi de vous interrompre, coupa Luigi, trop poli et suave, pouvez vous accéder à la requête du signor Contarini ? Je dois me rendre au palais pour discuter avec le Doge à propos d’affaires … personnelles. Et qui êtes vous, signor ? Oh, je perds ma politesse dans cette cité, vous avez une mauvaise influence sur moi, Contarini. Il se tourna à nouveau vers le capitaine. Luigi, prince Colonna et je suis attaché au Vatican où l’on m’attend pour le Conclave. Suivez nous, je vous prie. »
Les gardes encerclèrent Francesco, lui passèrent les fers autours des poignets, tandis que Luigi marcha à leurs côtés, le cœur bien plus léger qu’il y a quelques heures. Si l’or n’était pas encore entre ses mains, il avait au moins son voleur, et l’occasion de faire un coup d’éclat.
Le Palais des Doges était une merveille architecturale, Luigi en admirait les peintures, les tentures et le plafond tout en avançant, on aurait dit un touriste tellement il se sentait bien d’avoir réussi sa mission, pourtant ce n’était pas gagné avec sa difficulté à voyager. Un éclaireur avait prévenu le Doge de l’arrivée de son fils, et de l’invité ayant demandé à être reçu en même temps. Domenico II semblait las, assis dans son grand fauteuil, l’air perdu de cette situation et face à ce fils qu’il n’avait jamais su gérer. Les deux hommes se saluèrent avec quelques formules d’usage et politesse.
« Voyez cher prince que la situation est délicate pour vous recevoir ainsi, dit Domenico Ne vous inquiétez pas, monseigneur, mon audience concerne aussi votre fils, nous pourrons faire d’une pierre deux coups. Luigi se tenait droit, les mains croisées dans le dos, l’air presque solennel. Je ne vais pas tourner autour du pot : votre fils m’a volé une partie de ma fortune. Combien environ ? pâlit le Doge Un demi-million de livres. »
Le Doge crut s’étrangler avec sa propre salive et jeta un regard désemparé à son fils avant de soupirer, las.
« Et êtes vous sûr que ce soit mon fils ? Certain. Je possède des preuves si vous le voulez. Vous comprenez qu’une personne de mon rang a besoin d’une fortune pour vivre à la Cour de France et que me rendre à Rome a aussi un coût. Et vous comprenez aussi que Venise, ni moi-même, ne peut vous fournir cette somme. Bien. Luigi avait sans doute tout prévu, en témoigne son petit sourire en coin. J’ai une autre proposition : je ne voudrais que de quoi voyager en sécurité jusqu’à Rome. Accordé. Est-ce tout ? Et que votre fils soit puni de son méfait, donc qu’il aille en prison. Jamais ! »
Qu’il devait être difficile d’être à la fois chef d’une cité et père de famille en cet instant. Domenico II semblait déterminé, pour une fois, mais Colonna avait plus d’un tour dans son sac, il était temps d’utiliser un atout sorti de sa manche. Il s’approcha du Doge, monta les trois marches vers le fauteuil et avec le visage le plus neutre possible, parla avec une voix à l’accent menaçant.
« Je vous offre une dernière chance : mettez Francesco en prison, ou votre petit secret sera révélé, vous savez celui que le Vatican a bien voulu couvrir … votre petit bâtard, ce cher Alvise. Sauvez celui qui fait honneur à votre famille. »
Domenico pâlit, blanc comme un linge, alors que Luigi redescendit, non sans un coup d’œil vers Francesco. Il y eut un silence lourd avant que le Doge ne reprenne la parole.
« Prince Colonna, acceptez mon hospitalité pour la nuit, ainsi qu’une escorte et un dédommagement de voyage. Nouveau silence, allait-il accepter ? Et après réflexion, votre dernière requête est aussi. Francesco Contarini sera envoyé à la prison des Plombs. »
Luigi s’inclina en guise de remerciements et fut conduit à sa chambre pour la nuit, laissant Francesco se lamenter. Il aurait bien voulu rester écouter les histoires de famille, mais il avait besoin de repos. On lui ramena ses affaires de l’auberge et il eut le droit à de magnifiques appartements aux peintures murales de la Renaissance, avec des tentures mythologiques. La victoire était totale : il avait mis Francesco derrière les barreaux (le rêve de beaucoup de monde sans aucun doute), et dormait dans un des plus beaux palais vénitiens. Il ne lui manquait que son argent, sa victoire serait totale. Il s’endormit, eut le droit à une collation et se rendormit. Il fit une des meilleures nuits de sa vie, à rêver qu’il tirait des flèches d’or à travers les barreaux de la cellule de Francesco qui servait de cible mouvante. Au petit matin, après s’être habillé plus convenablement, il monta dans les combles du Palais, à la prison des Plombs, et demanda à voir le prisonnier.
Francesco se trouvait dans sa cellule, prostré sur son lit de fortune, l’air à la fois d’une tristesse infinie et d’une colère rugissante. Il n’avait pas fait gaffe que Colonna était là, ce dernier manifesta sa présence par une petite phrase et un large sourire.
« Le plomb vous va bien au teint. »
Cela était tellement plaisant de voir son ennemi en prison de la sorte, s’il n’avait pas été élevé comme un prince, Luigi aurait fait la danse de la joie.
« Je suis peut être dépouillé de ma fortune, mais vous voir ici, comme un chien, est un plaisir sans prix. Bon nombre de personnes paieraient cher pour voir ce spectacle. Il gardait son sourire vainqueur et fier, mais la voix se fit plus sérieuse. Un jour, vous en aurez assez de croupir ici, et vous me donnerez mon argent. A cet instant-là, j’interviendrais envers vous pour vous faire sortir. »
Spoiler:
Pardon du retard ...
Francesco Contarini
« s i . v e r s a i l l e s » Côté Coeur: Je m'aime tellement ! Quoique, il est possible que je l'aime elle aussi... Côté Lit: C'est open bar ! Entrée gratuite pour les libertins Discours royal:
• DON JUAN • Revenu des Enfers
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► Titre : Nobilis Homo vénitien, Ambassadeur déchu, Banquier de la Main de l'Ombre & bras droit de Victor d'Amboise
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Sujet: Re: [Venise] Entre justice et vengeance 18.04.15 0:16
Pour la première fois de sa vie, Francesco eut les fers aux poignets. Il se débattait rageusement tant et si bien qu’il cassa le nez de l’un des gardes. Ses geôliers ne se privèrent donc pas pour serrer ses menottes au point de lui enserrer les articulations. Se faisant trainer à travers les ruelles de Venise, le Contarini était comme fou. Il hurlait toute sa rage, cracha au visage d’un garde qui essaya de le faire taire, insulta le capitaine, le Colonna, Venise et même la terre entière ! Pour qui se prenaient donc cette bande de gueux misérables ? Ils allaient voir du pays, ça l’ambassadeur en était convaincu ! On n’arrête pas le fils du Doge de la République impunément !
Quelques minutes plus tard, ils atteignirent enfin le Palais des Doges et y entrèrent par le côté sans passer par la Place San Marco surpeuplée à cette heure de la journée. Francesco était peut être coupable, mais la République préférait que les scandales ne soient pas public. Fatigué de hurler après tout le monde, Francesco serrait la mâchoire tandis qu’ils grimpaient l’escalier des Géants de la cour intérieur avant de traverser la succession des salles de ce palais qu’il ne fréquentait plus depuis quelques années maintenant. Devant lui, Luigi se comportait comme un vulgaire visiteur, les mains dans le dos en train de se pavaner. Le Contarini se promettait de lui tordre le cou à la première occasion…
Ils furent guidés jusque dans les appartements dogaux, dans la Salle du Bouclier, où trônaient les deux immenses mappemondes au centre de la pièce. Domenico avait fait installer son fauteuil entre les deux sculptures de bois donnant une mise en scène étrange. Les traits tirés et les cheveux plus blancs encore que la dernière fois qu’ils s’étaient quittés, Francesco sentit sa gorge se serrer lorsque son regard d’azur croisa celui, identique, de son père.
« Voyez cher prince que la situation est délicate pour vous recevoir ainsi, dit le Doge drapé dans son manteau pourpre tandis que le Colonna lui présentait ses respects.
-Ne vous inquiétez pas, monseigneur, mon audience concerne aussi votre fils, nous pourrons faire d’une pierre deux coups. Luigi se tenait droit, les mains croisées dans le dos, l’air presque solennel. Je ne vais pas tourner autour du pot : votre fils m’a volé une partie de ma fortune.
-Père, c’est un vulgaire malentendu. Je…
-Combien environ ? pâlit le Doge, sans laisser la parole à son fils.
-Un demi-million de livres. »
Les yeux du Doge faillirent sortir de leurs orbites. Il jeta un regard scandalisé à son fils avant de serrer la mâchoire et de soupirer en reposant les yeux sur Luigi :
« Et êtes-vous sûr que ce soit mon fils ?
-Certain.
-Il raconte n’importe quoi, père ! s’exclama Francesco en essayant de se dégager des mains qui le retenaient. Il ne cherche qu’à vous faire peur ! C’est lui qui nous a volé cette liste il y a cinq ans : souvenez-vous !
-Je possède des preuves si vous le voulez, insista le prince romain en ignorant l’aîné Contarini. Vous comprenez qu’une personne de mon rang a besoin d’une fortune pour vivre à la Cour de France et que me rendre à Rome a aussi un coût.
-Et vous comprenez aussi que Venise, ni moi-même, ne peut vous fournir cette somme, fit Domenico avec un rire jaune.
En pleine guerre de Candie contre l’empire Ottoman, les vénitiens avaient tout autre chose à faire que de renflouer les coffres forts des princes…
-Bien, fit Luigi avec un étrange sourire en coin. J’ai une autre proposition : je ne voudrais que de quoi voyager en sécurité jusqu’à Rome.
-Accordé. Est-ce tout ?
-Quoi ? s’exclama l’ambassadeur en jetant un regard scandalisé à son père. Tu oses lui faire des faveurs ? C’est notre ennemi !!!
-Et que votre fils soit puni de son méfait, donc qu’il aille en prison, exigea le romain
-Jamais ! S’exclamèrent en chœur le père et le fils.
-La ferme, Francesco ! hurla ensuite Domenico en frappant du poing sur son accoudoir.
Entre maintenir sa République en bonne état, gagner une guerre et gérer les histoires de familles, Domenico semblait bel et bien à bout de nerfs. Francesco savait qu’il allait s’en sortir. Son père ne pouvait le jeter en prison comme un vulgaire manant. Il lui tardait qu’on lui ôte ses fers pour pouvoir écraser la figure de Colonna. Mais le romain ne semblait toujours pas se démonter, il s’approcha du doge et vint lui murmurer à l’oreille :
-Oh voilà que vous faites des mystères, Colonna ? fit Francesco d’un ton railleur, n’entendant pas ce qu’il disait à son père.
Son père devint alors très pâle et jeta un regard à son fils que le jeune Contarini ne sut interpréter.
-Qu’est ce que cet imbécile vous a dit, père ? demanda le vénitien menotté avec impatience.
Un lourd silence tomba dans la salle et le cœur de Francesco se mit à battre plus vite qu’à son habitude. Quelque chose lui échappait…
« Prince Colonna, reprit le Doge en cessant de fixer Francesco. Acceptez mon hospitalité pour la nuit, ainsi qu’une escorte et un dédommagement de voyage.
-QU’EST-CE QU’IL VOUS A DIT ? s’écria son fils, pas loin de la fureur.
Mais son père ne lui accorda pas plus d’attention et poursuivit :
-Et après réflexion, votre dernière requête l’est aussi. Domenico reposa alors ses yeux dans ceux de son imprévisible fils. Francesco Contarini sera envoyé à la prison des Plombs.
-Qu… QUOI ? faillit s’étouffer l’intéressé.
Luigi s’inclina en guise de remerciements et disparut de la salle avec une escorte aussi vite qu’il était venu. Francesco devenait fou :
« C’est ça Colonna ! Déguerpit ! Après avoir bien foutu ta merde romaine ! Je te saignerai, sale ordure !!! » hurlait l’ambassadeur à la suite de celui qui l’avait condamné.
La porte se referma sur le romain et Domenico se leva de son siège, s’apprêtant à quitter à son tour la pièce.
-Père, qu’est-ce que vous faites ? C’est de la folie ! L’arrêta son fils. M’emprisonner ? Vous n’êtes pas sérieux !
Domenico s’arrêta puis revint calmement sur ses pas pour faire face à Francesco toujours entres les mains des gardes.
« Au contraire, mon fils. Je n’ai jamais été aussi sérieux à ton sujet…
-Qu’est ce que ce rat vous a raconter, père ? demande Francesco nerveusement. C’est forcément un mensonge à mon sujet : vous ne devez pas l’écouter !
Le visage toujours plus las, Domenico soupira profondément :
-Cesco… L’univers ne tourne pas autour de ta personne. Tu es désespérant.
-Qu’a-t-il fait ? Il vous donne son aide pour la Candie ? demande Francesco complètement dépassé, des sueurs froides lui coulant dans le dos.
-Qu’importe la Candie, reprit plus durement le Doge en approchant son visage de celui de son fils. Tu as dépouillé cet homme d’un demi-million de livres comme un vulgaire voleur…
-Il l’a bien mérité ! Siffla son fils.
Son père le toisa de toute sa hauteur, lui jetant un regard empli de dégoût.
-Qui est donc cet homme que je trouve devant moi ? demanda-t-il avec une voix profonde. Voilà des années que je me pose cette question…
Francesco était tétanisé, ne pouvant quitter Domenico des yeux.
-Nous sommes les descendants de Nicolo Contarini, celui qui a redressé la République alors qu’elle sombrait dans la décadence la plus totale. Cette famille a toujours été la droiture de cette cité, mais… Toi ? Je ne sais pas qui tu es… Tu es tout sauf un Contarini.
-Père, implora Francesco, les yeux brillants.
Mais le vieil homme ne semblait plus l’écouter, reprenant son chemin vers la sortie. Il semblait plus petit tout à coup.
-Je vous en prie, Père, s’exclama son fils. Regardez-moi !
Domenico s’arrêta au pied de la porte mais resta le dos tourné à Francesco.
-J’ai tout donné pour que tu sois le meilleur des hommes, Cesco… Mais tu n’es que le pire d’entre eux…
~~~~~~~~~~~~~~~~~~
Francesco ne se rappelait absolument pas qu’on l’avait emmené dans sa cellule après ça. Il se réveilla le lendemain, prostré sur une couche de paille puante sous un plafond de plombs… Il était comme un animal en cage. Et c’est un sourire aussi étincelant qu’agaçant qui le sortit de sa torpeur :
« Le plomb vous va bien au teint. » fit Luigi Colonna de l’autre côté de la porte, à travers les barreaux.
-Et mon poing sur votre figure vous rendrait tout à fait irrésistible, fit Francesco d’une voix molle. Mais je ne suis pas du bon côté de la porte, n’est-ce pas ? Parvint-il à ironiser.
Le prince romain semblait jubiler intérieurement.
« Je suis peut être dépouillé de ma fortune, fit celui-ci. Mais vous voir ici, comme un chien, est un plaisir sans prix. Bon nombre de personnes paieraient cher pour voir ce spectacle.
-Oh ! En voilà une idée, s’exclama Francesco sur un ton faussement guilleret en se relevant de sa paillasse. Que diriez-vous de monter un petit spectacle où vous me présenteriez en cage dans toutes les cours d’Europe comme un montreur d’ours ? Cela fera fureur ! Si bien que vous tripleriez votre fortune et vous pourriez même vous l’enfoncer jusqu’à l’os pour le plaisir, dit-il en reprenant soudainement une voix sinistre en montrant son poing, lançant un sourire carnassier à son visiteur.
Mais celui-ci restait imperturbable avec un sourire de vainqueur toujours plus insupportable :
-Un jour, vous en aurez assez de croupir ici, dit Luigi plus sérieusement. Et vous me donnerez mon argent. A cet instant-là, j’interviendrais envers vous pour vous faire sortir.
-Dommage pour vous, fit Francesco. Vous savez bien que je suis infatigable ! dit-il en lui lançant un regard lourd de sous-entendus.
Il savait que pour ce qui était de savoir où était l’argent du Colonna, Francesco le tenait bien fermement par les bijoux de famille et il n’allait pas lâcher le morceau comme ça ! Il lança un regard brûlant de méchanceté vers Luigi :
-Il va falloir vous montrer trèèès gentil si vous voulez retrouver votre brillante fortune… Enfin… Au moins une partie peut-être… Je ne sais pas, dit-il l’air de rien en parcourant sa cellule, les mains dans le dos.
Francesco était peut-être prisonnier mais il n’allait certainement pas se laisser faire !
Luigi Colonna
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CASSE-COU 1000 vies, un corps
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Sujet: Re: [Venise] Entre justice et vengeance 26.08.15 15:34
Luigi était ravi du spectacle face à lui : Contarini derrière les barreaux, dans la prison de son propre palais. Beaucoup avaient sans doute espéré que cela arrive, et ils auraient payé très cher pour être à la place du prince romain, à jubiler de sa victoire. Après tout, le vol de sa fortune était un affront qui méritait d'être réparé ! Et si Luigi savait se battre, il ne voulait pas user les mêmes méthodes que son adversaire, s'abaisser à la médiocrité. L'intelligence, la stratégie avaient été perfectionné toutes ces années au Vatican, et les secrets des grandes familles lui serviraient un jour, comme aujourd'hui par exemple. Qui aurait cru qu'il aurait pu menacer le Doge de Venise ? Luigi s'était presque senti poussé des ailes, surtout quand il obtint gain de cause … Pendant que Francesco avait dû sans doute être ferré et conduit aux Plombs, Luigi avait dormi dans le palais vénitien, quelle ironie !
Tout de même, un demi-million de livres perdu n'était pas rien. Luigi avait laissé encore de quoi faire à Rome mais le prince avait mal au cœur de penser à perdre tout cela, fruit de deux héritages, de travaux au Vatican. Si à Paris, il avait principalement des liquidités, Rome se constituait de bijoux, de tableaux et vieux mobiliers. Son oncle lui avait légué tout ce qu'il possédait, et Luigi n'avait pas encore décidé ce qu'il en faisait. Il allait garder quelques trucs, mais il ne pouvait pas tout. Le bureau de son oncle était à Versailles avec lui, sa chambre romaine avait quelques tableaux. Peut être vendre certains bijoux, histoire d'avoir de quoi faire à Rome, le temps du conclave, en espérant qu'il ne dure des des mois. Si son ennemi pouvait se montrer coopératif …
Pourtant Contarini continuait à faire le pitre, s'amuser de sa situation, à s'imaginer en bête de foire et Luigi en sorte de forain à montrer sa bête partout en Europe. L'espace d'un instant, la proposition semblait presque alléchante, il pourrait martyriser son ennemi à sa convenance. Mais il avait bien trop de respect pour les animaux et son bref sourire s'effaça. Il commençait à se faire taire, et Luigi n'avait pas totalement envie de bavasser avec Francesco sur des idioties. Demain matin, il partirait pour Rome, et le voyage ne l'enchantait pas vraiment, surtout qu'il devrait faire vite, ce qui augmenterait les chances d'être malade durant le trajet. Rien que cette pensée le ferma davantage, il fallait espérer que Francesco se montrerait coopératif. Autant demander à un sourd de l'écouter …
« Dommage pour vous, vous savez bien que je suis infatigable ! Je me demande si l'été aux Plombs ne vous fera pas changer les idées … »
La prison des Plombs avait cette particularité d'avoir un véritable hiver polaire, rendant les conditions digne des prisons du Nord. Quant à l'été, le plomb chauffait les cellules, on se croirait dans ces bains turcs, en pire. Le désert du Sahara devait sans doute être plus agréable.
« Il va falloir vous montrer trèèès gentil si vous voulez retrouver votre brillante fortune… Enfin… Au moins une partie peut-être… Je ne sais pas. Faites moi signe le jour où vous saurez quelque chose … »
Luigi n'avait pas vraiment envie de plaisanter. Il ne se voyait plus quémander de l'argent à sa mère, celle-ci en profiterait pour faire du chantage et le faire revenir à Rome. Il n'avait pas envie de faire payer le Doge de Venise pour avoir eu un fils idiot, mais il le ferait s'il n'avait pas le choix. Est ce que Contarini avait la fibre familiale ? Luigi croisa les bras, resta silencieux quelques longs instants avant de parler enfin.
« Vous jouez au malin mais vous n'avez aucune carte en main. Vous êtes en prison comme le dernier des criminel qui aurait poignardé un homme dans une rue sombre pour trois pauvres sous … Au loin, un homme protesta, ce qui fit rire Colonna, qui se déridait. Vous ne valez plus rien ici, ma fortune ne vous ait d'aucune utilité, à quoi bon faire la tête dure ? Vous avez perdu, admettez le. Et si vous refusez, j'ai toujours quelques atouts dans ma manche. Il toussa légèrement, la poussière des lieux ne lui allait guère. J'ai la loi avec moi, et je pense qu'un procès ferait bien du mal à votre famille. Oserez vous vos parents me donner une partie de votre héritage, des tableaux qui devraient vous revenir, ou quelques autres bibelots de valeur pour payer votre stupidité ? A moins que la justice ne tranche que VOUS payez, peut être via des travaux forcés. Vos pauvres mains soignées à casser des pierres, ou porter assistance aux pauvres … »
L'image avait de quoi faire rire le romain, Francesco ferré, entrain d’exécuter de bas travaux, au milieu de badauds d'un milieu bien inférieur au sien. Si Luigi avait dû mener des missions ponctuelles dans les bas fonds, il n'aurait jamais pu y rester trop longtemps, il aurait sans doute choper quelque chose à force de vivre dans la saleté …
De toute façon la discussion ne menait à rien, Contarini faisait toujours le fier, à se draper dans sa dignité et jouer sur l'humour, tout ce qu'il lui restait en somme. Le romain finit par sortir sa montre de son veston, il était l'heure de quitter le prisonnier.
« Il est l'heure pour moi de vous quitter. Votre père a eu l'aimable attention de me laisser une chambre avec vue sur le canal, et un lit des plus confortables. Je veux y faire honneur avant mon départ. Réfléchissez à votre présence ici, je peux vous rendre la vie plus confortable … contre mon argent. Bonne nuit Contarini, faites de beaux rêves. »
Luigi eut un petit sourire moqueur sur ces dernières paroles et quitta la prison pour retourner à ses appartements. On lui avait fait amener une malle où se tenait ses habits, pour se changer demain matin. Alors qu'il quittait ses vêtements pleins de poussière, il fut pris d'une quinte de toux terrible, et il fut incapable d'atteindre la carafe d'eau à quelques minutes de lui, qu'au prix d'un effort surhumain. Jamais cette eau ne fut autant appréciée par le jeune homme, comme un médicament salvateur. Si même la poussière pouvait le tuer, il se rapprochait de plus en plus de la mort … Après avoir vidé une grande partie de la carafe, le jeune homme fit une toilette avant de se coucher dans le grand lit moelleux. Après cet affreux voyage, Luigi pouvait profiter d'une peu de confort jusqu'aux aurores.
Le lendemain matin, réveillé par son valet, Luigi devora la collation offerte par le Palais, refit une brève toilette et s'habilla d'une tenue de voyage d'un gris perle, juste assez confortable pour les prochains jours. On lui reprit sa malle, ils partaient dans moins d'une heure. Assez pour peut être faire parler Francesco. Des quelques douceurs qui restaient du plateau, Luigi en fit une assiette et l'amena au prisonnier qui dormait sur son lit de fortune. Après avoir frappé plusieurs fois sur les barreaux, l'autre se réveilla difficilement.
« Tenez. Il fit avancer l'assiette à l'aide d'un bateau pour l'approcher au plus près du captif. vez vous réfléchi à ma proposition ? »