« s i . v e r s a i l l e s » Côté Coeur: Je m'aime tellement ! Quoique, il est possible que je l'aime elle aussi... Côté Lit: C'est open bar ! Entrée gratuite pour les libertins Discours royal:
• DON JUAN • Revenu des Enfers
► Âge : 27 ans
► Titre : Nobilis Homo vénitien, Ambassadeur déchu, Banquier de la Main de l'Ombre & bras droit de Victor d'Amboise
Vendredi 4 Mars 1667 est un jour qu’il faut gravé dans le marbre ! En cette période d’hiver et de guerre, le Doge Domenico II y voit l’occasion de souligner davantage les liens qui unissent le Royaume de France et la République de San Marco. L’ambassade et manoir de la Sérénissime sera le théâtre de festivités pétillantes et chatoyantes jusqu’au bout de la nuit ! Mais, Monsieur l’Ambassadeur dans son immense modestie y voit là le prétexte pour fêter en grandes pompes son vingt-septième anniversaire. Seront invités toutes les (très belles) dames de la cour accompagnées par les quelques gentilshommes disponibles sur place (mais ce n’est pas nécessaire !). Cette fête sera l’occasion de vivre une soirée exotique sous le ciel d’Italie, pleine de charme, d’alcôves, de complots et surtout de champagne !
A cette occasion très spéciale, l’épouse du Doge et mère des enfants Contarini, Paolina Contarini, sera présente pour la plus grande joie de tous. Elle sera également en compagnie de son amant Ezio Farinelli que la famille Contarini nomme (plus ou moins) affectueusement « Oncle Ezio ». Ces personnages vous sont offerts par la maison en tant que « pnj guest stars » ! En effet, la mère de ce cher Francesco aura bu quelques coupes de trop en ce soir festif, elle sera donc très bavarde ! N’hésitez pas à vous amuser, vous moquer, la faire tomber, la faire danser, la faire boire, la séduire, essayer de la tuer sans succès, ne pas lui venir en aide… que sais-je…
Faire la fête, tout ça, c’est bien gentil mais chez les Contarini rien n’est gratuit (ce n’est pas le Secours Populaire !). Il faudra donc penser aux cadeaux !...Et avec Francesco di Venezia, c’est surtout la taille qui compte ! Faites donc travailler votre imagination afin de vous faire remarquer par le seigneur vénitien pour rentrer dans ses bonnes grâces (ou pas !) En cette période trouble, c’est l’occasion de se détendre et de retrouver les vieilles habitudes de la cour (le Roi en moins, Francesco en plus) !
Le thème de la soirée est celui des animaux ! Car en cette période de guerre on n’est jamais à court de sauvagerie… Sortez donc vos plus belles fourrures, plumes, griffes, écailles, et venez réveiller l’animal qui sommeille en vous : la fête promet d’être endiablée ! Consignes à respecter:
♕ Poste qui le souhaite à la suite du message de votre hôte. Les nobles disponibles en temps de guerre sont les premiers concernés, les mousquetaires aussi (s’ils le peuvent). Pour les comédiens, il faut voir avec Racine ou Molière et les gens du peuple seront menacés de mort s’ils se montrent ! ♕ Aucun ordre n'est établi, vos personnages peuvent interagir avec qui bon leur semble et partir quand ça leur chante ! ♕ Les posts seront courts, une quinzaine de lignes minimum, une page word maximum. ♕ Le topic est dans la Galerie de Saint Marc mais les salons ainsi que le jardin peuvent être utilisées, précisez où vous vous trouvez à chaque début de topic et quand vous changez de pièce, ça permet de savoir qui est où ! ♕ Amusez-vous, complotez, vengez-vous…
Dernière édition par Francesco Di Venezia le 25.02.13 2:54, édité 3 fois
Francesco Contarini
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• DON JUAN • Revenu des Enfers
► Âge : 27 ans
► Titre : Nobilis Homo vénitien, Ambassadeur déchu, Banquier de la Main de l'Ombre & bras droit de Victor d'Amboise
« Alexandrie où l'amour danse au fond des draps ! Ce soir j'ai de la fièvre et toi tu meurs de froid ! chantonnait Francesco avec conviction dans son bain.
-Signor ? tenta d’intervenir son valet Paolo, consterné.
C’était sans compter sur son maître qui semblait complètement absorbé par l’interprétation subtile de sa chanson. L’ambassadeur se redressa dans son bain se regardant chanter dans son miroir. Cet homme fêtait ses vingt-sept ans aujourd’hui…
- Leeeeeeees sirèèèèènes du poooort d'Aleeeexandriiiiie !!!!! Chaaaaantent encooore la même mééééélodiiiiiie !
-SIGNOR ? retenta vaillamment le domestique, sans succès.
-Woh Woh ! Laaaaa lumière du phare d'Alexandriiiiiiiie !!! Fait naufrager les papillons de ma jeuneeeeeesseuuuuuuuuh !
-SIGNOOOOOOOOOOOR ! hurla le domestique complètement excédé.
Francesco sortait de son délire quand il posa un regard dédaigneux sur Paolo. « Quoi ? Quelle idée d’hurler à la mort de cette façon ! Pour qui te prends-tu ? demanda le vénitien en balançant de l’eau de son bain sur le domestique. Le valet respira profondément (ce qu’il pouvait le détester !) sans broncher avant de reprendre.
-Une missive vient d’arriver pour vous. Encore une lettre de Mademoiselle de Bergogne.
-Raaah ! lâcha Francesco en levant les yeux au ciel. Encore cette attardée ! Quelle idée de la mettre dans mon lit ! C’est une vraie sangsue !
-Signor…, hésita Paolo. Il faudrait peut-être songer à lui répondre… Je…
L’ambassadeur coupa tout de suite son domestique dans son élan d’altruisme d’un simple geste de la main. Francesco lui jeta un regard intrigué, presque surpris de voir son domestique avoir une conscience. C’est vrai ! Les domestique ne pensent pas tout le monde le sait !
-Est-ce que c'est toi John Wayne, ou est-ce que c'est moi ? demanda le vénitien d’un air hautain.
La pièce resta silencieuse un moment avant que le domestique ne soupire et ne se décide enfin à donner raison (comme toujours) à son maitre.
-Euh…Je ne sais qui est ce Signor Wayne, Signor Contarini… Mais il faudrait songer à s’habiller, la fête commence bientôt et votre mère vous attends.
Un éclair d’illumination sembla traverser le regard de la vedette du jour.
« Oh mais tu as raison mon p’tit Paolo ! dit Francesco en sortant de son bain en vitesse. Sèche-moi prestement ! »
Sans attendre, le domestique se pressa de préparer son maître pour les grandes festivités qui se dérouleraient dans quelques heures.
Tout le manoir avait été décoré avec un soin minutieux pour accueillir les invités. Le jardin était illuminé par des flambeaux, la Galerie de San Marco étincelait de sous les dorures et les lustres en cristal tandis que des mets succulents n’attendaient qu’à être dévorés, disposés avec soin sur des plateaux d’argent. La fête serait superbe ! C’était une évidence pour Francesco qui voyait là une manière de plus d’imposer le prestige vénitien en France (en plus d’être le centre d’attention accessoirement). Les invasions ottomanes n’avaient certainement pas ternie la grande République ! Et cette fête était là pour le prouver.
Descendant les marches du grand escalier menant au hall, Francesco était paré de son déguisement pour le thème de la soirée. Quoi de plus évident pour l’ambassadeur de Venise que d’être déguisé en lion majestueux ! A son bras, sa mère n’avait d’yeux que pour lui et son oncle Ezio semblait déjà s’amuser avant l’heure. Francesco jeta un regard derrière lui, vérifiant que sa très chère sœur et son petit frère était bien présent et à l’heure pour la soirée de sa gloire (même si il ne se l’avouait pas vraiment).
Les voitures des invités commençaient à arriver, traversant le petit parc du manoir. Tout le monde était fin prêt. Les domestiques, les musiciens, la clan Contarini… Cela devait être parfait ! Les invités remplissaient peu à peu la Galerie, venant tour à tour saluer Monsieur l’Ambassadeur. Il n’était jamais plus à l’aise que lorsque les autres venaient courber l’échine devant lui… Il espérait voir Sofia, qu’il n’avait pas revu depuis le Nouvel An. Peut-être même croiser Gabrielle ? Qui sait… Il était temps qu’elle lui pardonne elle aussi… Quoi qu’il soit, tant que Francesco serait là, la fête serait parfaite bien sûr !
Rebecca Stuart
« s i . v e r s a i l l e s » Côté Coeur: Quelle question ? Au plus offrant bien sûr ! Côté Lit: On n'y fait pas comme chez soi et certainement pas son mari ! Discours royal:
♠ Shine like a diamond ♠
► Âge : 24 ans
► Titre : Comtesse of Rosyth, Duchesse of Richmond
C'était dans une toute autre ambiance, que Rebecca of Richmond allait à la rencontre ce soir là, de Francesco di Venezia. Elle avait à l'intérieur de son manteau qui dissimulait, son costume à plumes noires et blanches de cygne, le carton d'invitation de cet anniversaire qui s'annonçait haut en couleurs. En effet donc, ce soir il n'y aurait pas de personnes à tuer pour le compte d'Hector de Valois, les deux complices et les deux pièces rapportées de la Main de l'Ombre, bien que Francesco soit monté en grade récemment, seraient réunies dans une atmosphère joviale. La duchesse de Richmond sourit dans sa chaise à porteur, car certains souvenirs de leurs missions lui revenaient en mémoire. Combien de fois, avaient-ils pu connaître le froid et d'ailleurs la faim, avant de pouvoir mettre la main sur leur proie ? Ce n'était pas de très bons souvenirs, mais malgré tout, cela marquait car il fallait par conséquent tuer le temps dans ces moments là. Ils ne trouvaient alors rien de mieux que de s'attabler devant un repas sommaire qu'ils dévoraient dans une ruelle sombre, et Rebecca écoutait son camarade de mission, se vanter à n'en plus finir. Elle le laissait faire car ce côté très narcissique de la personnalité de Francesco l'amusait beaucoup. Elle ne pensait absolument pas qu'il soit le plus bel homme que la Terre puisse porter, mais si cela lui importait de le croire, elle n'allait pas le contrarier. Rien de plus dangereux que de contredire un orgueilleux. Rebecca savait manier les hommes et aussi leurs défauts, elle savait se taire lorsqu'il fallait et parler lorsqu'elle le devait. C'était tout un art, elle connaissait parfois même les hommes mieux qu'ils ne se connaissent eux-mêmes. C'était d'ailleurs cette faculté là, qui lui avait permis de séduire quelques spécimens du genre masculin.
Une fois arrivée devant le Manoir de la Sérénissime, Rebecca tendit sa main au porteur qui l'aida à descendre de la chaise. Elle leva les yeux pour en admirer la devanture et respira profondément avant de grimper les quelques marches qui la séparaient de l'entrée. Morgan ne viendrait pas, il était parti au front, elle le savait de source sûre. La soirée lui appartenait, bien que les deux se soient plus ou moins attendu quant à Roxanne, le croiser équivaudrait toujours à un micro-supplice. Le voir, lui aurait gâché cette soirée. Or, elle désirait profiter de tout ce luxe mis à la disposition des invités, par le vénitien. C'est tout ce qu'elle aimait, n'est ce pas ? Elle n'allait pas se faire prier d'en jouir !
Elle présenta son carton d'invitation au laquais qui se tenait à la porte et celui-ci lui ouvrit cette dernière, après lui avoir pris son manteau. Lorsqu'elle pénétra à l'intérieur du manoir, elle constata qu'elle était la première à répondre à l'invitation. Elle n'était pourtant pas en avance mais comme toujours, elle était ponctuelle. Les autres ne devraient plus tarder à arriver. Cette solitude d'un instant lui permit d'admirer toutes les dorures et jusqu'aux lustres en cristal de cette magnifique demeure, ou tout du moins du hall d'entrée. A petits pas, Rebecca toujours la tête levée suivit un domestique italien et se rendit à la galerie Saint Mars. Là se trouvait Francesco. C'est avec un grand sourire qu'elle passa des petits pas aux grandes enjambées pour le rejoindre. Mutine, elle fit une petite révérence à son complice.
- Maestro, quel sens de la décoration ! Je vous savais excellent dans beaucoup de domaines, mais je ne vous savais pas autant expert dans l'art de recevoir.
Toujours aussi badine, elle lui porta un léger coup d'éventail sur le bras. Puis ce fut le moment rêvé de lui offrir son cadeau. Connaissant le personnage, elle avait fait sculpter dès réception de l'invitation, un buste en marbre noir à l'effigie de Francesco. Il était d'une taille moyenne, mais le principal était bien la ressemblance entre le modèle aperçu quelques fois par le tailleur de pierre et son œuvre. Cela lui avait coûté fort cher, mais elle préférait parfois perdre en écus et gagner certains alliés précieux. Qui sait, si elle divorçait donc, l'amitié d'un ambassadeur pouvait toujours la faire rebondir. Il lui fallait garder un carnet de relations assez garni. En somme, Rebecca songeait véritablement à cette heure, avoir fait un bénéfice.
- J'espère que mon présent sera de votre goût. Joyeux anniversaire Francesco !
Spoiler:
Allez hop j'inaugure
Sofia Farnèse
« s i . v e r s a i l l e s » Côté Coeur: Je l'ai fermé par sa faute. Seul lui pourrait le rouvrir un jour ... Côté Lit: Je ne suis pas de celles qui se couchent pour un sourire. A peine pour un diamant, mais souvent pour la passion. Discours royal:
♈ LA BELLA FARNESE ♈ Più bella cosa non c'è
► Âge : 24 ans
► Titre : Princesse Farnèse, Princesse Chimay par mariage
Le carton entre les mains, à demi-allongée dans une longue robe de chambre rose pastel, Sofia se demandait encore une fois pourquoi Francesco l'avait invitée à son anniversaire. Était-ce une ruse ? Y avait-il un piège ? Ou alors était-il trop stupide ? Lâchant négligemment le carton sur le sol, la princesse italienne préféra choisir la troisième solution et continua à vaquer à ses occupations. Celle d'aujourd'hui consistait à s'ennuyer ferme. Elle n'était pas au service de la Reine aujourd'hui, Versailles était bien triste sans tout ce monde, mais son hôtel l'était tout aussi. Après le départ d'Helle dans un boucan d'enfer, Alessandro s'en était allé pour le guerre, combattre dans les rangs espagnols. Il avait insisté pour qu'elle vienne à Nancy mais non. Tout d'abord parce que Nancy, dans la tête de l'italienne, ressemblait le bagne. Et plus y étaient rassemblées toutes les épouses de ses galants, notamment la duchesse de Bar et la princesse du Danemark, donc non.
Réfléchissant de longues minutes à cette invitation se demandant encore si elle s'y rendait ou pas, Sofia repensa à la duchesse de Longueville – devenue duchesse de Valois – et sa proposition de vengeance. Sans perdre de temps, elle lui écrivit une missive pour lui demander si elle s'y rendait, qu'elles pourraient mettre en place leur petite association en guise de cadeau d'anniversaire de l'ambassadeur. Un cadeau empoisonné bien sûr, l'idée était sympathique, assez basse pour deux femmes de leur condition mais hautement amusante rien qu'à voir la tête de Francesco après ce magnifique cadeau !
« Reste à trouver le costume adéquat. Quel animal m'irait bien, Graziella ? Sa suivante regarda Sofia, réfléchissant quelques secondes avant que l'italienne s'exclama. Je sais ! En paon ! En paon, mademoiselle ? Oui ! Quel bel animal ! En faisant la roue, cet oiseau, dont le pennage traîne à terre, apparaît encore plus beau, mais se découvre le derrière. Mais rassurez vous, je ne montrerais pas mon derrière. Il faut faire venir le tailleur, vite, vite ! »
Aussitôt dit, aussitôt fait. La robe fut des ravissantes avec une jupe et une traîne en plume de paon, tandis que le haut en restituait les couleurs et une coiffe avec quelques plumes habillait le tout. Alors qu'elle descendait du carrosse devant le manoir Contarini, Sofia faisait sensation avec cette magnifique robe. Il y avait du monde à l'intérieur, quelques connaissances mais l'italienne ne vit ni son amie Raphaëlla ni Gabrielle. Mais elle ne rata pas la descente de l'hôte de la soirée, toujours aussi ''sobre'' dans ses costumes, comme celui de lion. A ses côtés, sa mère qui n'avait pas changé depuis toutes ces années et un homme qui ne lui disait pas grand chose.
« Qui est cet homme ? demanda t'elle à une connaissance italienne à ses côtés. Son oncle Ezio d'après ce que j'ai compris. »
Sofia voulu répliquer que Francesco n'avait pas d'oncle de ce nom, elle se souvenait tout de même de la famille Contarini dans son ensemble, mais comprit en observant les regards de la mère sur lui.
« Ah oui, son ''oncle'' … » répéta t'elle ironiquement.
Puis elle se saisit d'une coupe de champagne et commença à fendre la foule pour papillonner avec quelques groupes, tout en cherchant des gens qu'elle appréciait réellement (si, si, ça existe). La soirée s'annoncerait grandiose, s'alliant parfaitement au thème de la soirée !
- Ils sont fous ces Vénitiens ! Croit-il vraiment que je vais me rendre à sa fête... D'anniversaire ?! Déguisée en animal ? Il n'y a donc aucun moyen de faire taire à jamais cet imbécile ? D'un geste large, Gabrielle de Longueville jeta à terre le carton d'invitation qui lui avait été envoyé par l'ambassadeur de Venise tout en arborant une mine contrariée. Elle venait à peine de rentrer à Paris après son long séjour en province pour son mariage avec Hector et voilà comment elle était accueillie ! En soit la perspective de passer une soirée à boire du champagne, grignoter des macarons tout en sifflant sur les autres invités n'était pas désagréable, loin de là. Le problème majeur résidait dans l'identité du maître de cérémonie : elle avait pourtant dit clairement à Francesco qu'elle ne voulait plus avoir à faire à lui surtout après avoir appris qu'il avait battu son propre frère en duel – dommage qu'il n'ait pas été pris sur le fait, elle aurait été ravie de voir sa charmante tête se détacher de son corps, son orgueil ne s'en serait jamais remis. En conséquence, elle ne savait pas vraiment ce qu'il espérait en conviant son ancienne maîtresse et nouvelle amie à participer à de telles réjouissances en sachant que seule l'idée de le voir souffrir aurait pu réjouir Gabrielle et ce n'était pas (à l'origine) le propos d'une fête d'anniversaire. Renonçant à comprendre la psychologie de l'ambassadeur, elle allait oublier cet importun quand une seconde missive lui fut apportée par l'un de ses nouveaux serviteurs dont elle oubliait toujours le nom. - Qu'y a-t-il, Grospoix ? Demanda-t-elle en se saisissant du message et en brisant le cachet. - Grispoix, se risqua le petit garçon, qui n'avait pas encore compris que ce n'était pas la peine d'essayer. Mais Gabrielle ne l'écoutait déjà plus. Ses yeux avaient rapidement parcouru l'écriture fine et assurée et un sourire proprement diabolique se dessinait sur ses lèvres. Si Sofia di Parma se rendait chez le Vénitien... Voilà qui changeait beaucoup de choses à ses projets ! Elle se pencha pour reprendre le carton d'invitation, l'examina un instant avec une moue satisfaite et décida qu'après tout, c'était au moment où la proie semblait baisser sa garde qu'il fallait frapper, même si l'attaque pouvait paraître puérile et de petite portée... Bref, elle était à la hauteur de Francesco. La jeune femme se saisit d'une feuille sur laquelle elle rédigea une réponse pour Sofia puis la lança au gosse qui mit un certain temps à réagir : - Retourne ce pli à l'hôtel Farnèse. Allons, cours Gris-Poil, montre-nous ce que célérité veut dire !
Le soir du quatre mars, Gabrielle vêtue d'une longue robe couverte de plumes blanches faisait son entrée dans le véritable palais que l'ambassadeur occupait non loin de Versailles. L'endroit était à la démesure de Francesco et elle y jeta un coup d’œil critique à la foule de plumes, d'écailles et griffes qui s'y trouvait déjà, elle s'était fait un devoir d'arriver un peu en retard. Visiblement, elle n'était pas la seule à avoir opté pour un déguisement d'oiseau, Francesco devait apprécier de se retrouver entouré de volatiles comme si elles n'étaient rien d'autre que les poules sultanes de la basse cour de Louis XIV. Quoique, le roi avait sans doute plus de considération pour ses poules adorées que le Vénitien n'en avait pour ses maîtresses. La colombe, car tel était le déguisement de la duchesse de Valois, après avoir songé que toute cette débauche de luxe n'était que le signe de la décadence de Venise, s'approcha à pas assurés du maître des lieux qu'il était fort aisé de reconnaître derrière le lion de saint Marc. Elle ôta un instant le masque qu'elle tenait contre sa figure pour se faire reconnaître, accessoire qui allait se rendre indispensable pour la suite des événements et adressa un sourire charmant à Francesco avant de roucouler : - Je ne pouvais pas manquer cette occasion de nous réconcilier. Peut-être pourrons-nous nous retrouver plus tard pour mieux... En discuter ? Elle l'acheva par une œillade avant de s'éloigner dans la foule sans remettre son masque non sans songer que tout ceci était tout de même bien énorme. Assez pour que Francesco puisse le croire. Si elle forçait sa nature, le jeu en valait largement la chandelle. Elle s'approcha d'un buffet couvert de victuailles en fronçant le nez car elle trouvait tout cela de fort mauvais goût puis avisa une connaissance au loin. Pas n'importe laquelle car c'était très exactement à cause d'elle qu'elle se trouvait dans cette ménagerie. Fort heureusement, Sofia di Parma et elle-même avaient bien l'intention de défier les lois de la nature. Le paon et la colombe allaient donner une bonne leçon au lionceau ! On lui tendit une coupe de champagne qu'elle prit avant d'aller rejoindre la princesse Farnèse qu'elle salua à sa façon, en avisant un homme plutôt âgé accompagné d'une autre dame visiblement déjà bien éméchée : - Décidément, l'élégance et le bon goût se perdent ! Mais pourquoi ne les a-t-on pas encore mis dehors ?
Sofia Farnèse
« s i . v e r s a i l l e s » Côté Coeur: Je l'ai fermé par sa faute. Seul lui pourrait le rouvrir un jour ... Côté Lit: Je ne suis pas de celles qui se couchent pour un sourire. A peine pour un diamant, mais souvent pour la passion. Discours royal:
♈ LA BELLA FARNESE ♈ Più bella cosa non c'è
► Âge : 24 ans
► Titre : Princesse Farnèse, Princesse Chimay par mariage
L'espace de quelques instants, en admirant la décoration, Sofia avait l'impression d'être retournée au palais de Padoue par la richesse des lieux, ou au palais Contarini au bord des canaux vénitiens : tant de richesses, de dorures, il n'y avait presque plus de place sur les murs tant il y avait de décoration sur les murs. C'est fou comme une simple pièce pouvait ramener quelques souvenirs, mais Sofia les balaya d'un revers de la main et reprit à papillonner au gré des conversations, en évitant soigneusement Francesco et aussi Paolina, son ancienne belle-mère. Elle la voyait de loin, enchaîner les verres à la vitesse de l'éclair et l' ''oncle'' être un peu trop près d'elle. En tout cas, la mère Contarini semblait retrouver ses vingt ans et ce spectacle amusait grandement l'italienne qui se demandait bien ce qu'elle allait faire de la soirée une fois qu'elle serait trop saoule pour danser, où elle pourra cracher des horreurs ou se peloter de manière effrayante avec son amant sur un canapé comme si elle était à une soirée libertine.
C'est alors qu'arriva à ses côtés Gabrielle de Longueville, habillée en colombe, et lâchant ses premiers mots sur ce drôle de couple :
« Décidément, l'élégance et le bon goût se perdent ! Mais pourquoi ne les a-t-on pas encore mis dehors ? lança Gabrielle en guise de salut. Voyons, on ne met pas sa famille dehors ! Car oui, je vous présente la mère de Francesco et son … oncle. Ezio mit la main aux fesses de la mère Contarini. Bien sûr quand je parle d'oncle, je parle d'amant, mais Francesco l'appelle « mon oncle ». Savez vous que certaines femmes logent leurs amants sous le même toit que leur mari et que la cohabitation se passe bien ? Elle but une gorgée de champagne. Ils sont fous ces vénitiens. »
Mais Sofia détourna le regard de cet affligeant spectacle pour se tourner vers sa nouvelle amie avec qui elle avait prévu de grandes choses en cette soirée, autant frapper le jour de l'anniversaire de cet avorton, elles étaient sûres de le marquer pour très longtemps !
« Mais vous voici en colombe, costume qui va tout à fait dans nos projets du soir, où nous serons très sages. Je … mais elle fut coupée. SOFIA ! Ma che bella ragazza ! » s'exclama une voix trop enthousiaste que l'italienne connaissait trop.
Se retournant, elle vit Paolina foncer vers elle et la serrer un peu trop fort dans ses bras, ce qui coupa la respiration de Sofia. Elle se mit à débiter tout un tas de compliments en italien que même la Farnèse ne comprenait pas mais acquiesça avec un sourire avant que Paolina s'en aille en criant un autre prénom et fasse la même chose avec une autre personne. Restait avec les deux jeunes femmes, Ezio qui les regardait avec un sourire presque carnassier.
« Je tiens à dire que mon … neveu a fait la pire erreur au monde en vous laissant partir. Ah oui votre … neveu. répéta Sofia d'un air moqueur et un large sourire. Vous souvenez vous de moi ? Voilà quelques années, il se peut que le temps m'ait quelque peu changé. Et pas qu'un peu ! Mais ça y est je me souviens ! elle tourna la tête vers Gabrielle. Monsieur avait une coupe de cheveux à la mode : court devant et long derrière. Comme une sorte de … mulet ! Quelle drôle de mode à Venise, ne trouvez vous pas ? Heureusement cela s'est arrêté à la frontière de la Vénétie, je n'aurais pas apprécié voir mon oncle le Grand-Duc avec une telle absurdité sur la tête. »
Insulter de front un homme comme l'amant de la femme du Doge était peut être un peu facile, il était toujours plus simple de frapper les petites gens. Mais c'était sans compter les ressources d'Ezio qui se mit à rire face aux deux jeunes femmes.
« Quels esprits ! J'aime les femmes de tête ! Je vous aime déjà ! »
Les deux amies se regardèrent d'un drôle d'air : voici qu'elles étaient tombées sur le gros lourd de la soirée !
Vendredi 4 mars 1667. C’était un jour somme toute assez banal. Les hommes étaient partis sur le front, et l’on s’ennuyait à Versailles. Anne suivait la favorite qui, depuis son retour, n’était pas la personne la plus gaie qui soit. L’amant de la marquise, Morgan of Richmond, était loin de là, et même les personnes qu’elle aimait critiquer et insulter étaient absentes.
Heureusement, Francesco di Venezia était là ! Anne avait eu l’occasion de lui parler lorsqu’un jour, Michelle de Bergogne était venue l’agacer. Anne l’avait humiliée dans la Galerie des Glaces et s’était ainsi attirée les bonnes faveurs du Vénitien. Lorsqu’elle reçut l’invitation, Anne était en pleine réflexion. Elle comptait en effet étendre son commerce de poisons aux philtres d’amour. Force avait été de constater que les demoiselles en fleur étaient nombreuses à la Cour et qu’elles espéraient plus trouver l’amour que tuer un mari gênant. Face à cette constatation, Anne avait compris la nécessité de se renouveler. Installée dans son boudoir, Thibautien dormant sur ses genoux, Anne écrivait une nouvelle recette. Quelques jours auparavant, elle s’était déguisée en bourgeoise et s’était rendue chez La Voisin pour voir ce qu’elle proposait comme philtres. Notre empoisonneuse n’avait aucun scrupule à s’inspirer des recettes de La Voisin, d’ailleurs, elle changeait quelques ingrédients pour apporter sa touche personnelle. Sa domestique lui avait alors apporté le carton d’invitation. Après la lecture, Anne s’était précipitamment levée, ayant oublié que son chihuahua dormait sur ses genoux. Le pauvre animal se retrouva par terre et fut réveillé plutôt brutalement. Mais déjà la marquise l’avait abandonné pour mettre ses domestiques sur le pied de guerre : il fallait aller chercher cette Isabeau Lacassagne pour faire une robe le plus rapidement possible. Il fallait également trouver un cadeau à offrir à Francesco. Sa réputation le précédait de loin : un cadeau grandiose était indispensable.
Une collectionneuse d’œuvres d’art pouvait-elle offrir autre chose qu’un chef d’œuvre pour l’hôte de la soirée ? Anne vous répondrait : non. La sculpture fut transportée dans un carrosse loué pour l’occasion, qui suivait le carrosse de la Gallerande. Quelques invités étaient déjà présents. Fort heureusement, lorsqu’Anne apparut dans le hall après avoir présenté son carton d’invitation, la première personne qu’elle vit fut ce cher Francesco : « Monsieur l’ambassadeur, je vous souhaite un joyeux anniversaire ! Je vois que vous n’avez pas lésiné sur les décorations. Mon cadeau arrive, mais vous connaissez les gueux, on ne peut jamais compter sur eux ! » Anne chercha du regard sa sculpture et aperçut enfin plusieurs hommes qui la portaient. La marquise les insulta, le sourire aux lèvres, alors qu’ils posèrent le cadeau. Alors elle fit glisser le long morceau de tissu et fit découvrir à Francesco : son double. Anne avait en effet payé un prix exorbitant pour faire sculpter le double de Francesco, présenté avec les attributs d’Apollon. « Tout est à taille réelle. Oui, tout. » précisa t-elle en regardant l’entre-jambe de la statue, puis en faisant un clin d’œil à l’hôte. « Princesse, vous avez le derrière à l’air » dit-elle tout en donnant une légère tape sur les fesses de la statue, éclatant de rire avec Francesco, avant de prendre congé de son hôte pour se chercher une coupe de champagne.
Anne observait les autres femmes, espérant que personne n’ait eu la même idée qu’elle pour le costume. Isabeau lui avait cousu une magnifique robe aux motifs panthère. Elle avait d’abord sous-entendu à la marquise que c’était impossible, mais Anne avait fait des pieds et des mains pour se procurer le tissu. Elle avait également pu avoir de la peau de panthère avec laquelle elle s’était faite une étole pour couvrir ses épaules.
La marquise aperçut sa chère amie Sofia, ravissante dans une robe paon. Elle était en compagnie de la duchesse de Longueville, à laquelle Anne n’avait jamais prononcé la parole. Puis, plus loin, une femme exhubérante qui semblait avoir beaucoup trop bu serrait les invités dans ses bras. Anne sourit. Elle posa sa coupe de champagne vide sur un plateau et mit discrètement la main dans une poche intérieure qu’Isabeau avait cousue dans sa robe. Un petit flacon y reposait. La soirée serait l’occasion de tester sa nouvelle trouvaille et cette femme (la mère de Francesco, mais cela, Anne ne l’apprendrait que plus tard) semblait être le cobaye idéal !
Il y avait beaucoup de choses que Raphaëlla n'aimait pas. Et se trouvaient en tête de classement le plus âgé de ses frères, les ridicules fêtes d'anniversaire et les thèmes de soirées pathétiques. Présentez-lui le tout simultanément sur un plateau d'argent et vous obtiendrez une grimace de dégoût. Mais digne représentante de la famille Contarini qu'elle était, elle prit sur elle et daigna se montrer à cette mascarade. Et puis car sa mère et son amant qui faisait désormais partie de la famille étaient tous deux présents, elle pouvait bien faire un effort pour ne pas rester enfermée dans ses appartements. Certes il s'agissait là d'une stupide soirée déguisée dont le but était d'honorer l'ambassadeur du vice italien dans toute sa splendeur ; mais c'était aussi une soirée qui serait la vitrine de Venise et qui nécessitait donc que Raphaëlla revêtisse sa plus belle toilette pour faire honneur à la cité de Saint-Marc. Ce soir, elle serait une biche. Animal qui ne lui correspondait assurément pas mais dont elle appréciait la jolie couleur tachetée qui s'accordait par ailleurs assez bien à ses cheveux. Quand elle fut fin prête, Raphaëlla soupira une dernière fois et entreprit de se rendre dans la galerie dans laquelle se déroulaient les festivités. Mais en posant les yeux sur Francesco qui se pavanait sous son déguisement de lion, déjà entouré d'au moins deux tableaux qui le représentaient et d'un buste ayant pour modèle sa figure, elle fut pris d'une affreuse nausée et ne fit pas un pas de plus dans cette galerie, se dirigeant à grandes enjambées vers l'extérieur. Ne se souciant pas du froid, elle traça en direction du parc qui entourait le manoir sans savoir où aller, pourvu qu'elle n'ait pas à subir cet affligeant spectacle d'un Francesco qui, au milieu de touts ces cadeaux démesurés, se sentait comme un poisson dans l'eau.
- Mais enfin, revenez donc, vous allez attraper la mort, lui cria Ezio qui l'ayant vu sortir, se ruait à son tour vers les extérieurs pour tenter de raisonner la jeune femme. Quel parasite celui-là. - Il en est hors de question ! Je préfère mourir plutôt que de rentrer. - Vous n'allez tout de même pas m'obliger à vous traîner de force à l'intérieur, la menaça-t-il d'un ton qui donnait plus à rire qu'à avoir peur. - Jamais vous n'auriez l'audace de me force à faire quoi que ce soit. Alors dites vous simplement que c'est le jour où vous avez failli capturer Raphaëlla di Venezia, ajouta-t-elle avec un geste théâtral sans pour autant se retourner vers son "oncle". - Allons, si vous ne faites pas ça pour votre frère ou pour moi, faites le pour la famille. Pensez à votre père, que dirait-il s'il avait vent de votre conduite ? Entendant cette dernière phrase, elle s'arrêta net et fit volte-face pour lancer un regard noir à Ezio. Il ne manquait décidément pas de culot. L'amant de la mère implorant la fille de penser au père... Mais hélas il n'avait pas tort. Le doge n'aurait sans doute pas vu d'un bon œil cette fuite et s'il avait été présent, jamais il n'aurait approuvé cette tentative de chute. Comme malgré tout elle respectait grandement son père et qu'après réflexion elle était déjà glacée, elle soupira en se résigna finalement. - Soit. Mais sachez que je fais cela uniquement pour sauver l'honneur des Contarini.
Faire demi-tour lui arracha le cœur mais elle s’exécuta finalement, le poids de toute sa prestigieuse famille pesant sur ses épaules. Sautillant comme un coucou car heureux d'avoir réussi à faire changer d'avis la rouquine, Ezio tenta de la prendre par le bras pour l'escorter jusqu'au manoir mais se ravisa devant le regard très peu amical de celle-ci. Après une profonde inspiration, un sourire forcé se dessina sur les lèvres de la vénitienne et elle fit finalement son entrée dans la galerie Saint-Marc. Pour faire bonne figure, elle se dirigea vers l'ambassadeur et lui fit une bise.
- Très bon anniversaire, Francesco. Je suis certaine que cette fête sera absolument splendide.
Après cet effort démesuré, elle se hâta de s'éloigner pour attraper une coupe de champagne qu'elle avala d'une traite. Ceci étant fait, elle balaya de son regard azur l'assemblée pour voir qui se trouvait déjà là. Étaient présents tous ceux qui comptaient à la cour à l'exception évidemment de ceux qui avaient rejoint le front. Bien sûr elle reconnut sans mal sa chère mère qui déambulait parmi les convives et n'en était visiblement pas à son premier verre. Ses yeux se posèrent ensuite sur Sofia di Parma, accompagnée d'une jeune femme qu'elle ne connaissait que de nom, et qui avait eu la malchance de tomber sur Ezio. S'il n'avait pas été là, sans doute Raphaëlla aurait rejoint les deux femmes mais elle se contenta d'adresser un sourire et un signe de la main à Sofia. Elle venait de s'en débarrasser et le croisait déjà à longueur de journée, alors il était hors de question que volontairement elle aille écouter les histoires de cet homme qu'elle n'appréciait que très moyennement.
Alvise Di Venezia
« s i . v e r s a i l l e s » Côté Coeur: J'aime l'idée même de la beauté. Une vraie personne? Euhh.. non. Pas encore.Ah si... j'aime bien les filles fréquentées par mon frère, c'est normal ça?! Côté Lit: rêves érotiques avec un idéal féminin mais ça reste très abstrait(forcément) Discours royal:
► Âge : 20
► Titre : Fils du doge de Venise, Capitaine au sein de la Garde Suisse Pontificale et garde du corps de l'Ambassadeur de Rome Michele Barberini
Une soirée à la gloire de son héros, et à laquelle il était invité, il n'y a pas à dire, Alvise était ravi! D'ailleurs si on en jugeait par le teint terreux de sa soeur et les sourires faux de Sofia et son amie, c'était peut être le seul à se rendre à l'anniversaire de son frère avec un enthousiasme sincère.
Mais le vénitien ne prêta pas attention à ces détails, revêtu d'un costume de tigre,il était dans sa bulle de bonheur et rien ni personne n'était à même de l'en faire sortir.
Sauf peut être une! Paolina. En la voyant il fut pris d'un dilemne. Devait il aller la saluer ou s'abstenir de le faire? Dans les deux cas elle serait exécrable avec lui. Ohhh Madre de dio, non contente d'être là, il avait en plus fallu qu'elle amène avec elle le cloporte par excellence de la lagune: l'oncle Ezio... et un trouble fête de plus,un!Celui là Alvise ne le supportait pas, dès que sa mère avait le dos tourné, il promenait son regard lubrique sur toutes les poitrines environnantes, ajoutant parfois ça et là une main aux fesses. D'ailleurs il était déjà en action auprès de la princesse Farnèse et de sa compagne... son entreprise ne rencontrait pas grand succès manifestement ce qui amusa grandement Alvise, lequel s'abstint cependant d'aller délivrer les demoiselles de la limace qui leur tenait le crachoir.
Tant qu'on pouvait se tenir loin de ce personnage et ne pas attirer son attention, il fallait en profiter, car il était comme les sangsues, s'en débarrasser était un exercice long et douloureux. Jetant un coup d'oeil dans la salle, il repéra vite Francesco qui paradait, prenant manifestement très au sérieux son rôle de roi des animaux. Un sourire contagieux aux lèvres, il se dirigea avec empressement vers son frère ainé afin de le couvrir d'éloges. Contrairement à d'autres personnes, lui adorait faire des compliments à Francesco, il prenait autant de plaisir à les faire que son frère à les recevoir. Plaisir d'offrir, joie de recevoir.
- Cesco!! Buon compleanno! Laisse moi te dire que tu es aussi royal que l'animal que tu incarnes! Non franchement , sans mentir, je crois que nul ne pourra te surpasser ce soir en magnificence. Ce costume te va vraiment à MER-VEILLE!J'aimerais avoir le même, le mien semble si pâle à côté.
ajouta t il déçu. La conversation n'alla pas beaucoup plus loin car l'ambassadeur lui signifia alors discrètement d'aller voir ailleurs. Il était occupé, en effet il avait encore de nombreux cadeaux à recevoir et à découvrir et c'était en somme plus important et excitant que de discuter avec son petit frère.
Laissé pour compte, le cadet ne prit pas la mouche, après tout, il était compréhensible que son frère soit obligé de faire des mondanités à son propre anniversaire. Il alla donc retrouver Raphaëlla qui affichait une tête d'enterrement et semblait vouloir être partout sauf ici. Le jeune homme avait beau vivre parfois dans un monde de bisounours, il savait parfaitement que la relation entretenue par sa soeur avec Francesco n'était pas au beau fixe. Spontané comme toujours, il l'embrassa sur la joue et entreprit de faire la conversation, meme si il semblait clair que la flamboyante vénitienne n'avait pas vraiment le coeur à cela.
- Dis moi chère soeur. J'ai cru apercevoir Sofia.. As tu une idée de ce qui a pu pousser Francesco à lui faire l'affront de l'inviter à sa fête d'anniversaire ? Et pourquoi a t elle accepté l'invitation? Avec l'histoire que partagent ces deux là, on s'attendrait à ce que la princesse refuse tout bonnement de se retrouver dans la même pièce que lui de son plein gré. Et pourtant la voilà! Tu ne trouves pas ça étrange? Je dis qu'il y a anguille sous roche!
Mais peut être devenait il paranoïaque. Oui! C'était sûrement cela. Le fait de fréquenter Barberini au quotidien finissait par le rendait suspicieux de tout. Il faut dire que quand on passait son temps avec quelqu'un qui avait coutume de désigner du doigt de parfaits inconnus dans la rue en criant " "c'est un serial killer" à tout va... et bien il y avait de quoi devenir fou!
Devant le peu de réaction de sa soeur, il posa son regard sur Sofia et admira celle ci de loin . Qu'elle était belle.. et il parlait aussi bien de la robe que de la femme qui en était revêtu. Voir tant de beauté en une seule personne lui donnait des ailes!Il avait envie de chanter le plaisir qu'il ressentait à la contempler ainsi de loin. Tiens, cela lui rappelait justement les paroles de ce refrain que lui avait appris un membre de la soldatesque anglaise dans une taverne de Versailles, un soir d'ébriété profonde. Apparemment c'était une chanson très populaire outre- manche. Qu'était ce déjà ? Ah ça y est, cela lui revenait:
- I believe i can fly! I believe I can touch the sky!chantonna- t- il pour lui même à voix basse dans un anglais épouvantable avant de prendre la conversation avec sa soeur comme si de rien n'était.
- En tout cas je ne sais pas si tu as vu mais la pauvre Sofia a été désignée gagnante du gros lot ou plutôt du gros lourd: elle a droit à la compagnie de ce cher Ezio. On ne peut pas rêver mieux comme moyen de rendre une soirée détestable. Quant à mère... et bien je crois qu'il serait temps qu'elle se retire... l'alcool lui est montée à la tête lâcha t il avec un grand sourire, trouvant la scène qui s'offrait devant ses yeux hilarante. Il est inutile de dire qu'il aurait normalement dû s'offusquer et s'indigner de l'image pitoyable que ceci allait donner à la famille Contarini, mais le plus jeune du trio des vénitiens de passage à Versailles n'était guère du genre à refuser de rire quand l'occasion s'en présentait.
Et à ce moment même, rien n'aurait pu plus prêter au rire que la scène qui se déroulait devant ses yeux: Paolina était en train d'étreindre un domestique à tout rompre en criant " Guidéoooooo, mi amore, mais que fais tu ici, et pourquoi portes tu cette ridicule livrée!". Le pauvre homme qui bien évidemment ne s'était pas attendu à autant d'effusion de la part de la mère de son employeur, avait sursauté et en avait lâché son plateau laissant les verres en posés sur celui ci glisser jusqu'au sol où ils se fracassèrent en mille morceaux. Le domestique était littéralement mortifié mais Paolina , elle , gloussait comme une perdue, quant à Ezio, à côté de Sofia, il laissa éclater son rire de cochon. Et un scandale de plus à l'actif de la famille Contarini !
Francesco Contarini
« s i . v e r s a i l l e s » Côté Coeur: Je m'aime tellement ! Quoique, il est possible que je l'aime elle aussi... Côté Lit: C'est open bar ! Entrée gratuite pour les libertins Discours royal:
• DON JUAN • Revenu des Enfers
► Âge : 27 ans
► Titre : Nobilis Homo vénitien, Ambassadeur déchu, Banquier de la Main de l'Ombre & bras droit de Victor d'Amboise
« Surprise, une femme nue ne cache jamais son visage. »
Aaaah ! Comme cette soirée était parfaite ! pensait Francesco. Il se pâmait, paradait en digne Prince de Venise qu’il était. Son costume doré et blanc resplendissait à la lueur des chandelles, le tout accompagné par une véritable peau de lion dont la tête reposait avec élégance sur son épaule et sa crinière cascadait dans son dos. Il était souverain en sa demeure. Personne n’était là pour contester ! Il était tellement empli de joie qu’il ne voyait même pas son « oncle » Ezio se comporter comme un parfait mufle (bien pire que l’ambassadeur lui-même ! Oh ça oui !) et sa mère boire verre après verre comme une assoiffée.
La galerie de San Marco grouillait de monde, tous déguisés en bêtes à poils ou plumes ! L’ambassadeur était ravi de pouvoir offrir à la cour de Versailles le prestige de sa cité et république. Les uns après les autres, les invités venaient tour à tour le saluer en lui offrant des cadeaux tous plus somptueux ! C’est d’ailleurs sa chère complice Rebecca qui ouvrit le bal, magnifiquement déguisée en cygne. Mutine à souhait, elle le salua d’une révérence :
- Maestro, quel sens de la décoration ! Je vous savais excellent dans beaucoup de domaines, mais je ne vous savais pas autant expert dans l'art de recevoir.
-Madame ! Je suis toujours pleins de surprises, s’exclama Francesco avec accent chantant avant de lui faire un baisemain. Quelle joie de vous voir ici ! Vous me flattez. Et…dit-il avec un regard pétillant. Quelle tenue ! Splendide !
Badine, elle lui porta un léger coup d'éventail sur le bras. Ils passaient souvent leur temps à s’échanger ce genre de courtoisies (mais en toute amitié bien entendu !). C’est alors que la belle brune appela ses serviteurs qui apportèrent près de l’ambassadeur un superbe buste en marbre noir à l'effigie même de l’hôte de ces lieux (c’est-à-dire lui bien entendu, bande d’ignares !). Son Excellence était tout simplement enchantée de voir sa beauté mise ainsi à l’honneur. Ce port de tête, ce charisme naturel même à travers la pierre… C’était tout lui !
« J'espère que mon présent sera de votre goût. Joyeux anniversaire Francesco ! s’exclama son amie.
-Ma chère Rebecca, dit Francesco en posant une main à l’endroit où devrait se trouver son cœur. Cela me touche plus que tout ! Merci ! » dit-il en déposant un baiser amical et sincère sur la joue de la belle.
Toujours dans l’euphorie, et l’ego lustré par son cadeau, l’italien s’empressa de saisir une coupe de champagne et de l’offrir à la Duchesse avec un grand sourire lumineux.
« Amusez-vous mon amie ! Vous êtes ici chez vous ! s’exclama-t-il avec des accents rêveurs. La soirée réserve pleins de surprises ! »
A peine avait-il offert une coupe à son amie britannique qu’une tornade rousse arriva près de lui avec un sourire forcé. Sa très chère sœur Raphaëlla, s’avançait vers lui avec le port de tête d’une reine dans ses atours de reine des forêts. Une biche redoutable qui savait mordre, pensa le vénitien avec un sourire amusé. Ils s’échangèrent une bise convenue.
- Très bon anniversaire, Francesco. Je suis certaine que cette fête sera absolument splendide.
-Merci Raphaëlla, fit le lion avec un air surpris. Tu es sans égale, ce soir !
Pour une fois qu’ils n’en venaient pas aux mains ou ne se jetaient pas des noms d’oiseaux à la figure. Le Contarini estima que ce n’était pas le moment de faire des vagues. C’était son moment ! A peine la rousse incendiaire était venue que la voilà qui repartait rapidement en fendant la foule. Mais il n’eut que peu de temps pour réfléchir aux états d’âme de sa sœur qu’une autre beauté apparue dans son champ de vision, resplendissante ! Une colombe… qui n’était autre que la Duchesse de Valois.
« Gabrielle ! fit le vénitien, agréablement surpris de voir une autre de ses complices (et maitresse accessoirement) prendre part aux festivités. Quelle plaisir de vous trouver parmi nous !
La française ôta un instant le masque qu'elle tenait contre son visage laissant apparaitre quelques instants son visage de poupée. Elle adressa un sourire charmant à Francesco. Gabrielle s’était donc résignée à bouder l’italien ? Voilà qui était mieux ! L’intéressé était aux anges lorsque sa maitresse lui glissa d’un ton sucré :
- Je ne pouvais pas manquer cette occasion de nous réconcilier.
-En effet ! Vous ne pouviez pas faire mieux, très chère, fit Francesco d’une voix de velours.
-Peut-être pourrons-nous nous retrouver plus tard pour mieux... En discuter ?
La diablesse ! pensa l’ambassadeur, déjà enflammé par les quelques mots doux de la duchesse. Et celle-ci ne semblait pas manquer d’inspiration pour la suite de la soirée car elle lui lança un clin d’œil des plus savoureux. Ce cadeau d’anniversaire surpasserait les autres de beaucoup, il en était certain ! Francesco brûlait de bondir sur sa proie du soir comme le fauve qu’il était. Ce retournement de situation, il l’attendait depuis plusieurs mois déjà et voilà qu’enfin elle daignait lui faire un signe. Il savait bien qu’elle ne pouvait pas lui tourner le dos éternellement.
Toujours plus rêveur sur les suites de sa soirée d’anniversaire, voilà que son frère Alvise accourait auprès de lui sans même qu’il s’en aperçoive.
- Cesco!! Buon compleanno! S’exclama le jeune Contarini en l’embrassant. Laisse moi te dire que tu es aussi royal que l'animal que tu incarnes!
-Merci, merci, fit distraitement l’ambassadeur sans même jeter un regard à son frère, trop occupé à scruter les nouveaux arrivants à la fête.
-Non franchement , sans mentir, je crois que …
Il ne l’écoutait déjà plus. Agitant vaguement une main comme pour chasser une mouche, Francesco lui indiqua plus ou moins avec tact de filer.
« Je suis occupé, Al ! Vas donc voir notre sœur plutôt. » dit-il presque mécaniquement.
Francesco ne prit même pas la peine de vérifier si son frère avait bien déguerpit qu’une autre vision amicale vint à sa rencontre pour son plus grand plaisir. Tant de femmes venues rien que pour lui ! Francesco ne pouvait qu’apprécier. Tout était tourné vers lui, pour lui… Un monde parfait en somme ! La créature qui s’avançait vers lui n’était autre que la Gallerande : la duchesse Anne de Gallerande. Ils s’étaient rencontrés brièvement par l’intermédiaire de leur dégoût mutuelle de la duchesse de Bergogne. Cela avait tout de suite accrochés entre les courtisans ! En plus de cela, elle possédait un charme des plus certains… Il était donc évident pour Son Excellence de la convier à ses festivités ! C’est avec de larges sourires qu’ils se saluèrent :
« Monsieur l’ambassadeur, je vous souhaite un joyeux anniversaire !
-Madame de Gallerande ! C’est un plaisir ! Merci d’être présente parmi nous.
-Je vois que vous n’avez pas lésiné sur les décorations.
-En effet, ria l’ambassadeur. La mode vénitienne ! Cela nous dépaysera tous le temps d’une soirée en ces jours sombres.
-Mon cadeau arrive, indiqua la blonde. Mais vous connaissez les gueux, on ne peut jamais compter sur eux !
-A qui le dites-vous ! s’exclama le vénitien en jetant un regard en biais à son valet Paolo non loin d’eux qui offrait maladroitement des coupes de champagne. On ne sait plus où trouver du personnel compétent de nos jours. Les gueux sont si… méprisants avec le travail bien fait ! Pour qui se prennent-ils ? Pour nous ? demanda Francesco avec un sourire avant de boire une gorgée de champagne.
La jeune femme semblait chercher des yeux quelque chose jusqu’à ce qu’elle fût satisfaite. En effet, des serviteurs fendirent la foule en portant un très lourd paquet. Les yeux de Francesco étincelèrent de milles feux devant la taille du présent, curieux de voir ce qu’il contenait comme surprise. Anne fit alors glisser le long morceau de tissu recouvrant la surprise et fit découvrir à Francesco : son double. Le double de Francesco, présenté avec les attributs d’Apollon.
« Mais…Comment ? Vous… commença l’ambassadeur, bouche-bée devant sa propre nudité (qui était superbe il fallait bien l’avouer !).
« Tout est à taille réelle. Oui, tout. » précisa Anne en jetant un regard vers l’entre-jambe de la statue, puis en faisant un clin d’œil au vénitien.
L’italien posa alors sur la belle duchesse un regard pétillant de malice et de perversités.
« Quelle coquine vous faites, ma chère ! »
« Princesse, vous avez le derrière à l’air » dit-elle en donnant une légère tape sur les fesses de la statue
« Touchez ma bosse, Monseigneur. » renchérit l’italien avec un regard enflammé.
Ces quelques répliques scabreuses eurent le don de faire rire aux éclats les deux courtisans durant quelques minutes sous les regards intrigués de quelques invités. Puis elle prit congé de lui et disparue dans la foule. Qu’est-ce qu’il s’amusait ! pensait Francesco avec un sourire goguenard en contemplant la statue nue à son effigie. Il la voyait déjà, triomphante dans les jardins du manoir. Cela serait du plus grand effet ! Alors qu’il songeait à quelques aménagements et décorations avec ses cadeaux il aperçu au loin Sofia en compagnie de la Longueville. Voilà qui était intéressant ! Puis son regard glissa vers sa mère qui dansait de façon particulièrement titubante près de l’orchestre. C’est alors que le corset de celle-ci laissa échapper un….. Cette vision pathétique (et dégoutante !) provoqua un haut-le-cœur à l’ambassadeur qui indiqua à son valet d’intervenir au plus vite. Puis afin de détourner l’attention, il se dit que c’était le moment de faire un petit discours. Il attrapa une nouvelle coupe de champagne, monta sur une petite estrade et fit tinter le cristal avec une petite cuillère, attirant l’attention de tous. Pendant ce temps-là, le valet venait ramasser les attributs de madame discrètement et prèstement.
Francesco lança un sourire radieux à la foule silencieuse.
« Bonsoir à tous ! s’exclama-t-il en levant son verre. Je suis ravi d’être entouré d’un si beau monde pour fêter mon anniversaire, ainsi que pour réitérer notre amitié sans failles entre la belle Venise et la France ! »
En fin orateur, il laissa un silence pour laisser l’assistance applaudir avant qu’il ne reprenne.
« Ce soir, Mesdames, Messieurs, l’Ambassade de la Sérénissime est aussi votre maison, votre foyer. Un lieu de partage et de chaleur. Un réconfort en ces jours terribles qui se profilent à l’horizon du beau royaume de France. Un silence. C’est pourquoi, j’ai préparé quelques divertissements afin que vous songiez à nos jours heureux, à l’avenir !
Il leva son verre bien haut et le but d’un trait avant de lancer un sourire d’enfant à l’assistance.
« A présent mes amis : suivez moi ! s’exclama-t-il en descendant de son perchoir.
Il indiqua à tout le monde de le suivre et fit ouvrir en grands les portes fenêtres de la galerie qui donnait directement sur la terrasse et le grand jardin. Des flambeaux avaient été disposés au bord de la terrasse et partout dans le jardin laissant apparaitre des chapiteaux où attendait des troupes d’acrobates, de musiciens ou encore des comédiens de la Commedia Dell’arte (sans parler du buffet !). L’ambassadeur s’avança dans la nuit, toujours plus excité de mener la soirée et son petit monde. Il fit déplacer tout le monde près d’un bassin flambant neuf qui était plongé dans l’obscurité.
A nouveau, il fit tinter son verre afin de faire taire son public intrigué.
« Dans un instant, vous aurez le plaisir de découvrir le cadeau de Sa Sérénité le Doge ! Un cadeau à la France, un morceau de notre République dans votre Royaume. »
Il laissa planer le suspense, trop heureux de tenir l’attroupement des invités qui ne pipaient mots.
« Mesdames et Messieurs, j’ai le plaisir d’inaugurer pour vous ce soir…. La Fontaine de Dionysos ! »
C’est alors que dans un formidable tonnerre accompagné de grésillements, un feu d’artifices éclata dans le ciel et sur l’eau laissant apparaitre aux yeux de tous : le chef-d’œuvre vénitien.
La fontaine était constituée d’une immense grotte verdoyante précédée d’un bassin duquel jaillissait des angelots portant des cornes d’abondance. Au milieu de la grotte, présenté en triomphe, encadré de quelques colonnes, assis sur un trône : Dionysos entouré de nombreuses nymphes dénudées. L’eau jaillissait de toutes parts, en cascades et en jets élégants tandis que le feu d’artifice éclairait le tout pendant que l’orchestre s’en donnait à cœur-joie. Bref, une véritable débauche de moyens !
Francesco sautillait presque sur place devant le spectacle. Les invités, bouches-bée, pouvaient admirer l’ouvrage, l’eau et le feu. Et si on portait davantage attention à Dionysos, on pouvait constater que ce n’était personne d’autre que l’ambassadeur Contarini qui se pâmait entouré de nymphes… Dont une aux traits d’une certaine princesse Sofia di Parma, la poitrine dénudée, servant le dieu de la fête avec une amphore d’où cascadait de l’eau cristalline. Francesco espérait bien que l’assistance appréciait le spectacle ! Aaah quelle soirée !
- Voyons, on ne met pas sa famille dehors ! Car oui, je vous présente la mère de Francesco et son oncle... Et on ne pouvait pas dire que Gabrielle était enchantée de faire leur connaissance. De fait, si elle n'avait pas eu les nerfs solides, elle en aurait presque lâché son verre (ce qui aurait été bien dommage car seul le champagne représentait un intérêt quelconque lors de cette soirée – si on exceptait la perspective de se venger de leur hôte) mais elle se contenta de fixer d'un air consterné le spectacle auquel se livrait le couple qu'elle avait sous les yeux. Malheureusement pour elle, la scène empira encore lorsque l'homme qui portait deux immenses oreilles de lapin sur le crâne, son costume étant clair à défaut de le mettre à son avantage, glissa une main sur le derrière de la dame Contarini qui, loin de s'en offusquer, émit un gloussement digne de la perdrix dont elle avait revêtu le déguisement. - Son oncle ? Répéta sourdement la duchesse de Valois pour qui tout cela relevait de la scène d'horreur. - Bien sûr quand je parle d'oncle, je parle d'amant mais Francesco l'appelle « mon oncle ». Savez-vous que certaines femmes logent leurs amants sous le même toit que leur mari et que la cohabitation se passe bien ?... Ils sont fous ces Vénitiens, poursuivait Sofia d'un ton badin, ne rassurant qu'à moitié sa compagne sur la probité de ces gens-là. Gabrielle eut l'image de ce que donnerait une telle situation dans le royaume de France mais se reprit et bien vite, sa stupéfaction se transforma en ricanement qu'elle tenta de dissimuler en reprenant une gorgée de champagne : - Mais quelle famille ! Une famille que l'on n'invite pas à sa fête d'anniversaire en tout cas... Enfin, avec de tels énergumènes... Je comprends mieux, ils sont dignes de lui, termina-t-elle en lançant un regard appuyé vers le lion qui se pâmait devant une statue (dénudée) le représentant grandeur nature, cadeau qui flattait son ego à défaut des yeux de ses invités qui allaient devoir supporter toute la soirée la vision de deux Francesco identiques (même si l'un était plus sympathique que l'autre, Gabrielle laissait le choix duquel il pouvait s'agir).
Les deux jeunes femmes échangèrent un regard entendu. Il y avait à peine quelques mois que la duchesse avait fait la connaissance de la belle Farnèse mais il n'avait pas fallu longtemps pour qu'elles se trouvent des terrains d'entente et pour une fois, Francesco avait démontré qu'il pouvait avoir une utilité en ce bas monde. Une langue de vipère et un goût certain pour les intrigues, voilà qui avait créé les bases d'une solide amitié ! Point besoin de longs discours, Gabrielle comprit parfaitement le dégoût de Sofia di Parma lorsque la perdrix se transforma momentanément en rapace pour fondre sur elle et la serrer dans ses bras et dans le dos de la mère Contarini, elle adressa une moue désolée à son amie qui n'eut heureusement pas besoin de faire beaucoup d'efforts pour s'en débarrasser (apparemment, la perdrix s'était décidée à saluer tous les convives – et même les domestiques – de cette manière fort chaleureuse). En revanche, elle laissa derrière elle un lapin bien plus dérangeant qu'elle et qui avait l'air de vouloir prendre racine. Gabrielle n'avait rien contre ces animaux-là mais celui-ci avait un demi-sourire qui ne laissait rien présager de bon pour la suite de la conversation. D'ailleurs, celle-ci ne débuta pas sur les dernières nouvelles de l'Académie. - Je tiens à dire que mon... Neveu a fait la pire erreur au monde en vous laissant partir, commença-t-il d'un ton peu assuré, les yeux fixés sur Sofia qui décidément recevait tous les suffrages ce soir-là – ce dont Gabrielle n'était guère jalouse, au contraire. - Ah oui, votre... Neveu, fit la princesse en écho avec une expression qui ne laissait aucun doute sur ses pensées en cet instant, arrachant un sourire à la duchesse de Valois. - Vous souvenez-vous de moi ? Pour un peu, Gabrielle aurait presque pu avoir pitié de cet homme, du moins s'il n'avait pas été l'amant de la mère Contarini ou encore en train de le fixer ce soir-là, déguisé en lapin ainsi qu'à la condition qu'il n'eut pas été Vénitien, car le pauvre herbivore ne se rendait pas compte à quel prédateur il s'était attaqué. Et il ne fallut pas attendre longtemps pour que Sofia ne laisse libre cours à sa langue de vipère, invoquant une coiffure ridicule que portait l'homme quelques années auparavant dont la description suffit à Gabrielle pour ne plus se cacher derrière sa main et pour éclater de rire devant leur interlocuteur qui ne sembla pas s'en formaliser. - Quels esprits ! J'aime les femmes de tête ! Je vous aime déjà ! Cela réussit à calmer la duchesse qui se demanda ce qu'elles avaient bien fait au ciel pour mériter un tel boulet. Lequel continuait à les observer avec un air fort satisfait, illustration parfaite des ravages de l'alcool, les prunelles brillant d'une lueur de convoitise qui ne plaisait pas du tout à Gabrielle et qui contrastait fortement avec les grandes oreilles au-dessus de son crâne – vide, bougeant au rythme de ses hochements de tête.
Sofia et Gabrielle se regardèrent un instant, en silence, puis avec un mélange de mépris et de suprême indifférence, la duchesse finit par se retourner vers le lapin harceleur pour lui jeter : - Voilà qui est dommage, de notre côté, nous n'aimons guère les hommes lourds et idiots qui n'ont rien dans la tête, nous vous détestons déjà. Allez donc voir le reste de la basse-cour pour vos tentatives d'approche, essayez de retrouver votre perdrix – je crois la voir près de l'orchestre en train de danser et d'avoir une problème avec... Oh non ! – ou au pire, tentez votre chance du côté des poules sultanes du roi, vos conversations sont à peu près du même niveau, vous vous plairiez en leur compagnie. Hélas pour les deux jeunes femmes, si le lapin était bien trop saoul pour comprendre les sous-entendus, il l'était aussi pour saisir les rebuffades. Au discours de Gabrielle, son sourire s'était encore élargi et il avait avancé les mains pour saisir leur poignet, geste dont la duchesse se dégagea à grand peine : - Oh mes adorées..., s’émouvait-il en leur adressant un regard proprement pervers, épousez-moi, vous verrez, nous ferons un couple adorable à Venise et... - Nous épouser toutes les deux ? L'interrompit Gabrielle avec horreur. - Mais oui, quand vous m'épouserez, nous nous installerons... - Mais vous délirez, s'agaça la duchesse en le menaçant de l'index pour qu'il ne s'approche pas plus avec ses mains de libidineux, croyez-bien que même si je n'étais pas déjà mariée, je vous préférerais encore ce débile de Charles II d'Espagne, même s'il est difforme avec son menton deux fois plus gros que le reste de sa tête. Au moins avec lui, je serais assurée de ne pas avoir un mari qui m'ennuie avec sa conversation, il ne sait que baver – encore que, c'est un point que vous partagez avec lui et comme il a l’œil vitreux, il ne pourrait pas avoir cette lueur malsaine qui brille dans le vôtre. Oui, monsieur, par rapport à vous, Charles II est un époux acceptable, songez-y.
Sans écouter une éventuelle réponse, profitant d'une diversion donnée par Francesco qui faisait décidément preuve d'à-propos dans le cas présent, elle s'échappa de l'emprise du lapin en entraînant Sofia derrière elle pour se glisser dans la foule qui se rassemblait dans le grand jardin. Gabrielle n'eut pas le temps d'adresser quelques mots à la princesse Farnèse que déjà l'ambassadeur de Venise se lançait dans un discours qu'il devait penser enflammé mais qui ne fit rappeler à Gabrielle que si elle était au pouvoir, elle se serait débarrassée depuis longtemps de cette alliance stupide et inutile avec Venise. La duchesse jeta à peine un œil sur les décorations ou le buffet car le gondolier attirait leur attention sur une fontaine plongée dans l'obscurité. - Mesdames et messieurs, j'ai le plaisir d'inaugurer pour vous ce soir... La Fontaine de Dionysos ! Il fallait reconnaître que les moyens avaient été mis pour que le spectacle soit grandiose, une telle débauche d'argent aurait pu ruiner la principauté de Monaco. Mais très vite, les pensées de Gabrielle se focalisèrent sur tout autre chose que le feu d'artifice : celui-ci dévoilait en effet les formes de la sculpture de bronze. Si Dionysos était Francesco (et hop, le troisième Francesco de la soirée, on ne s'en sortait pas), l'une des nymphes qui l'entourait ressemblait trait pour trait à... Sofia di Parma ! Et au frémissement qui traversa la foule, Gabrielle sentit qu'elle n'était pas la seule à avoir fait le rapprochement : - Cette soirée enchaîne les summums du mauvais goût, je ne pensais pas pouvoir en arriver là, constata-t-elle avec indignation, les fêtes de Versailles devraient être interdites à de tels... De tels... A des gens pareils !
Sofia Farnèse
« s i . v e r s a i l l e s » Côté Coeur: Je l'ai fermé par sa faute. Seul lui pourrait le rouvrir un jour ... Côté Lit: Je ne suis pas de celles qui se couchent pour un sourire. A peine pour un diamant, mais souvent pour la passion. Discours royal:
♈ LA BELLA FARNESE ♈ Più bella cosa non c'è
► Âge : 24 ans
► Titre : Princesse Farnèse, Princesse Chimay par mariage
Les deux jeunes femmes étaient parfaitement d'accord sur la drôle de famille qui entourait l'ambassadeur vénitien ! Comment pouvait on être normal avec une telle mère et un oncle qui n'en était pas un, et qui venait déguisé en lapin à une soirée de la sorte ? Mais Paolina n'était pas aussi délurée dans les souvenirs de l'italienne, qui haussa les épaules, se moquant de ce passé, n'ayant gardé que des relations avec les personnes normales de la famille (si, si, ça existe) : Raphaëlla et Alvise. Mais pour l'instant, elle avait le droit, en compagnie de Gabrielle, du séducteur à deux écus qu'était Ezio, ridicule en lapin avec ses longues oreilles qui n'allaient pas du tout avec son sourire carnassier. Et il ne semblait pas prêt de les lâcher, les insultes semblaient glisser sur lui. C'était effrayant de savoir que peu de choses pouvaient l'atteindre, il n'avait pas l'air de s’embarrasser d'un ego. Comme dirait son fiancé Alfie dans sa langue anglaise, c'est has been.
Gabrielle tenta à son tour d'humilier suffisamment le vénitien pour tenter de lui faire comprendre qu'il n'était qu'un misérable parasite, un boulet de la première espèce et un goujat sans éducation à la façon dont il leur prit le poignet. Sofia poussa un petit cri de surprise et tenta de se défaire de cette emprise, avec grande difficulté car le bougre avait de la force malgré tout ! Mais ce n'était rien comparer à ce qu'allait sortir de la bouche de ce lapin.
« Oh mes adorées... épousez-moi, vous verrez, nous ferons un couple adorable à Venise et... Nous épouser toutes les deux ? L'interrompit Gabrielle avec horreur. Mais oui, quand vous m'épouserez, nous nous installerons... - Mais vous délirez ! » s'indigna la Longueville.
On peut dire qu'il s'agissait d'une humiliation dans les règles de l'art car il fallait beaucoup pour vouloir de Charles II d'Espagne, mais la comparaison semblait assez virulente pour voir le visage d'Ezio pâlir à vue d’œil et que la Farnèse eut de plus en plus de mal à retenir un rire moqueur face à cette scène, en témoigne le largeur sourire qu'elle arborait. Après tout, il l'avait cherché, qui fait le malin tombe dans le ravin ! Et lui il était tombé bien bas ! Et avant qu'il ne puisse répondre quoi que ce soit, l'hôte de la soirée invitait tout le monde dans le jardin pour une surprise. C'était parfait, les deux jeunes femmes suivirent la foule, abandonnant Ezio et ses oreilles de lapin, plus embarrassé que jamais, sans aucun doute.
« Ce genre d'individu ne devrait pas exister. Il faudrait pouvoir se réunir qu'entre bonnes gens, sans lapin ni perdrix ! » lança t'elle en riant.
En effet, cela ne ferait pas de mal de se retrouver entre personnalités de bon goût, qui ne propose pas la bigamie à deux princesses de sang ! Cette conversation aurait pu se révéler intéressante, mais elle posait la première pierre d'un grand projet que les deux jeunes femmes mettront en place un jour. Mais pour l'instant, le prince des eaux croupies faisait le beau devant ce qui devait être une fontaine qu'il allait dévoiler sous peu. Quelque chose de pompeux et à sa gloire, sans aucun doute. Buvant une gorgée de champagne, elle fut une des rares à ne pas être étonnée de voir Francesco en Dionysos, sur un trône entouré de nymphes à demi-nues. Mais en levant le regard sur la nymphe au-dessus de lui, elle manqua de s'étouffer en avalant de travers. Mais … c'était elle ! Il avait osé ! Non mais, elle, princesse Farnèse, seins découverts à la vue de tous servant à boire à Francesco comme une vulgaire esclave !!! Le regard de Sofia était un mélange d'horreur et de consternation ! Il avait dépassé toutes les bornes !
« Cette soirée enchaîne les summums du mauvais goût, je ne pensais pas pouvoir en arriver là, les fêtes de Versailles devraient être interdites à de tels... De tels... A des gens pareils ! Je suis d'accord … répondit l'italienne du bout des lèvres avant de se ressaisir. Les seules fêtes qui devraient leur être accordées sont les feux de joie où ils sont eux-même la matière à brûler pendant que des badauds dansent autour des flammes en riant comme des possédés. Il faudrait les éradiquer et nous retrouver qu'entre personnes de notre espèce, avec du goût et des bons mots. »
Mais en parlant, elle n'avait pas quitté des yeux cette fontaine et surtout la nymphe avec ses traits. Elle aurait bien pris le premier instrument contondant pour lui planter dans le cou – il n'avait pas de cœur alors quoi bon l'y frapper – et l'observer mourir en grignoter des bonbons. Puis enfin, elle se tourna vers son amie et lui fit un petit sourire.
« Veuillez m'excuser quelques minutes, je m'en vais féliciter notre adorable hôte. L'ironie était plus que palpable et elle quitta Gabrielle tout en murmurant à elle-même : Je vais le tuer »
Même si les jeunes femmes avaient fomenter un plan pour blesser Francesco, Sofia ne pouvait s'empêcher de penser que l'insulter copieusement ou lui balancer une gifle, voire même les deux, serait un bon moyen de se défouler, surtout en public. Seulement, elle ne le voyait plus et dut chercher de manière hasardeuse dans cette foule qui regagnait progressivement le manoir. Il y avait de tout en matière de déguisement, on revisitait la basse-cour, les animaux de la forêt ou plus exotiques encore. C'est dans cette magnifique foule qu'elle fit la rencontre d'une magnifique licorne à la blancheur immaculée qui n'était autre qu'un invité excentrique avec une énorme corne sur le front et qui s'amusait à faire le beau alors qu'il n'y avait vraiment que le déguisement qui l'était vraiment, l'homme à l'intérieur était tout bonnement hideux.
Mais où était donc Francesco ? A croire qu'il s'était envolé ou volatilisé ! L'italienne espéra un instant que quelqu'un l'avait poignardé et caché discrètement derrière un bosquet dans sa longue agonie. C'est à cause de cette pensée qu'elle percuta un lama au magnifique pelage roux et soyeux d'après le bref contact de la jeune femme. Levant les yeux, elle fut surprise de voir que cet animal insolite n'était autre que le Grand Condé ! Il n'était pas courant de voir un homme comme lui soit grimé, en lama ! Cette rencontre brève, car ce grand romantique et galant qu'était le prince, il s'excusa d'avoir percuté une si jolie demoiselle, eut pour effet de calmer un peu Sofia qui se résigna à trouver Francesco plus tard. Il était peut être mieux de parler avec des gens civilisés, et en voici deux dans son champ de vision, indissociable l'un de l'autre : Alvise et Raphaëlla. Cette dernière semblait détester faire honneur de sa présence.
« Qu'il est bon de voir des Contarini normaux. Francesco semble faire un concours avec votre mère sur le mauvais goût, même si Ezio est en tête avec une demande en mariage à une amie et moi en même temps ! Elle eut un petit sourire mi-amusé mi-agacé et prit un verre pour étancher sa soif après cette recherche infructueuse et se tourna vers Raphaëlla. Mon amie vous êtes absolument ravissante ! Vous avez du prendre sur vous pour venir ici, je vous admire pour cela, croyez moi ! »
Elle appréciait sincèrement l'aînée de la famille, une jeune femme admirable qui l'a toujours soutenue, et les deux portaient la même haine envers Francesco. La jolie rousse serait ravie de savoir que son frère allait avoir un drôle de cadeau ce soir. Elle se tourna ensuite vers Alvise et lui caressa la joue du revers de la main.
« Et comment allez vous, mon petit Alvise ? Vos peintures avancent-elles ? »
La soirée avait à peine commencé et c'était déjà un désastre. Les invités avaient pour la plupart l'air d'idiots dans des costumes plus stupides et insolites les uns que les autres, et évidemment, la moitié des membres de la famille hôte se donnaient en spectacle. Heureusement, un peu de normalité, personnifiée en la personne de son petit frère Alvise, apparut enfin dans le champ de vision de Raphaëlla. Quel bonheur de trouver enfin quelqu'un qu'elle appréciait sincèrement.
- Dis moi chère soeur. J'ai cru apercevoir Sofia.. As tu une idée de ce qui a pu pousser Francesco à lui faire l'affront de l'inviter à sa fête d'anniversaire ? Et pourquoi a t elle accepté l'invitation? Avec l'histoire que partagent ces deux là, on s'attendrait à ce que la princesse refuse tout bonnement de se retrouver dans la même pièce que lui de son plein gré. Et pourtant la voilà! Tu ne trouves pas ça étrange? Je dis qu'il y a anguille sous roche! Elle ne répondit pas, se contentant de marmonner quelque chose d'absolument incompréhensible et qui n'avait de sens pas même pour elle. Mais dans le fond il n'avait pas tort : c'était assez étonnant. Plus étonnant encore, Alvise qui, on ne savait pas pourquoi, se mettait subitement à chantonner à voix basse un air dont elle n'arriva absolument pas à capter le sens. - I believe i can fly! I believe I can touch the sky! Elle lança un regard quelque peu suspicieux à son frère, se demandant pourquoi diable il chantait cet air pour le moins étonnant, mais ne fit aucune remarque. Comme si de rien n'était Alvise reprit d'ailleurs la conversation, le regard tourné vers une italienne que tous deux connaissaient bien. - En tout cas je ne sais pas si tu as vu mais la pauvre Sofia a été désignée gagnante du gros lot ou plutôt du gros lourd: elle a droit à la compagnie de ce cher Ezio. On ne peut pas rêver mieux comme moyen de rendre une soirée détestable. Quant à mère... et bien je crois qu'il serait temps qu'elle se retire... l'alcool lui est montée à la tête. - On devrait leur décerner la palme du couple le plus pitoyable, lui répondit-elle en levant les yeux au ciel avant de se remettre à siroter son verre de champagne.
Alors qu'elle pensait qu'au moins, rien ne pourrait arriver de pire et que cette soirée se contenterait d'être particulièrement ennuyante, sa mère trouva le moyen de se donner encore un peu plus en spectacle. Son horripilante conduite tira un large sourire à Alvise, Raphaëlla se contenta d'ouvrir de grands yeux trahissant à quel point elle était choquée.
- Madre di Dio...
Et avançons encore un peu sur la pente du mauvais goût si vous le voulez bien. Car ne pouvant décemment se contenter des cadeaux hors de prix que tous les invités s'étaient sentis obligés de lui apporter, Francesco jugea bon de se mettre encore un peu plus en scène et entraîna tout le monde dehors. Non pas pour faire admirer les jardins, cela aurait été assurément trop simple, mais pour faire admirer -quoique ce mot ne soit pas forcément le plus adapté- une fontaine que chacun savait à son effigie. Étrange. Parmi les jeunes nymphes sculptées dans la pierre, la vénitienne crue reconnaître une figure familière... Mais il s'agissait sans doute de son imagination qui lui jouait un tour.
- Rentrons. Je ne voudrais pas perdre la vue pour avoir fixé cette horreur trop longtemps, lança-t-elle à son frère cadet qu'elle entraîna à sa suite vers l'intérieur du manoir. Ah. Alvise, heureusement que tu es là pour redorer un peu le blason de la famille, soupira-t-elle en posant sa coupe vide pour en attraper immédiatement une autre.
Car malgré son admiration inconditionnelle pour l'ambassadeur, sa tendance à ne pas tenir l'alcool et à perdre tout et n'importe quoi autour d'une table de jeu, il restait une figure angélique et était une compagnie hautement recommandable comparé au reste de la famille. La jeune femme n'eut cependant pas le temps de se laisser aller à plus de compliments car vite les deux Contarini furent rejoints par une jeune femme qu'on avait cru un temps qu'elle ferait partie de la famille. En effet, voilà Sofia di Parma qui arrivait dans toute sa splendeur et qui semblait elle aussi particulièrement exaspérée.
- Qu'il est bon de voir des Contarini normaux. Francesco semble faire un concours avec votre mère sur le mauvais goût, même si Ezio est en tête avec une demande en mariage à une amie et moi en même temps, lança la jeune femme à l'intention des deux vénitiens. - Croyez bien que je suis désolée que vous soit imposée la vue d'un tel spectacle. Malheureusement toutes les excuses du monde ne seraient pas suffisantes pour faire pardonner de tels comportements, reconnu Raphaëlla non sans regret. - Mon amie vous êtes absolument ravissante ! Vous avez du prendre sur vous pour venir ici, je vous admire pour cela, croyez moi ! - Une véritable torture, en effet, marmonna-t-elle à voix basse avant de reprendre en se tournant vers son interlocutrice avec un sourire qui cette fois se voulait sincère. Mais bien sûr je vous retourne le compliment : comme toujours vous êtes d'une beauté à couper le souffle. Et quelle robe vous avez là !
Si seulement Francesco avait pu faire preuve d'un minimum de sentiments et éviter de briser le cœur de la Farnèse... Car en toute objectivité elle aurait été une belle-sœur absolument exemplaire, éblouissant par son bon goût et sa prestance, non par sa bêtise et son incapacité à se tenir en société. Et puis elle était si charmante avec Alvise auprès duquel elle s'empressa de se renseigner concernant l'avancement de ses oeuvres.
Nicolas savait qu’il aurait pu être dénoncé au Roi pour s’introduire dans une fête aussi privée et prestigieuse sans y être invité. Pourtant, il n’avait pas réellement le choix. Depuis qu’il avait terminé une soirée chez l’Ambassadeur, celui-ci ne sortait plus de sa tête. Le mousquetaire ignorait bien pourquoi. Ce n’était certainement pas la première fois qu’il terminait la soirée chez un illustre membre de la Cour à enfiler quelques coupes du meilleur vin. Mais cette fois, il y avait une différence majeure. L’illustre membre avait effectivement un membre. C’était un homme! Nicolas avait passé la soirée à embrasser lascivement Francesco Contarini! Si cela était su, imaginez le scandale! Il s’était forcé à oublier tout ça. Mais il ne pouvait s’empêcher de toujours revenir aux sensations que ce corps dur et musclé contre le sien lui avait offertes.
Il était allé voir Fiona. Il avait espéré qu’il n’était resté accroché sur l’Ambassadeur que parce que c’était nouveau et excitant. Il avait payé une des collègues de Fiona pour qu’elle se joigne à eux. Et… La nouveauté n’eût aucun effet.
Nicolas semblait désespéré. Comment pouvait-il faire pour se sortir le bel Italien de la tête? Il se souvenait de ses mains contre sa peau, de la chaleur de ses baisers, du frottement de sa barbe naissante contre son menton. À cette seule et unique pensée, son estomac se serra. C’était pourquoi il était venu ce soir. Il voulait tirer un trait sur cette histoire. Il voulait arrêter de penser à lui, et la seule manière de le faire lui semblait-il était d’aller au bout de cette histoire.
Il s’introduisait donc à la fête d’anniversaire de Francesco Contarini, sans invitation. Il était passé par les cuisines, et vu son épée, les domestiques n’osèrent rien dire. Nicolas avait quand même craint le pire. Maintenant qu’il se baladait entre les luxueux salons de réception, il remarqua que tous les invités étaient costumés. Il faisait tache et on pourrait bientôt le repérer. Il fallait qu’il voit l’Ambassadeur au plus vite. Enlevant au moins son chapeau de mousquetaire, il traversa les pièces jusqu’à un salon rempli de boîtes multicolores avec des rubans tout aussi joyeux. Un domestique l’arrêta.
-Votre cadeau pour monsieur l’Ambassadeur, s’il vous plaît?
-Je n’en ai pas, dit bêtement Nicolas, sans pouvoir planifier une autre réponse.
L’homme fronça les sourcils et parut maintenant hostile.
-Non seulement vous n’êtes pas costumés, mais vous n’avez pas de cadeaux? Puis-je voir votre invitation, monsieur?
Nicolas réfléchit rapidement, il lui fallait une solution de rechange. Arrêtant de se mordre la lèvre, il prit un air autoritaire, redressant son menton.
-Crétin, je suis ici de la part de Sa Majesté! Je dois transmettre un message très important à l’Ambassadeur! Allez me le chercher immédiatement, j’attendrai dans l’antichambre. Dépêchez-vous! Votre maître ne sera pas content de savoir que vous me faites attendre, lança Nicolas, la voix comme un fouet.
Il doutait que l’Ambassadeur viendrait le rejoindre bientôt. Il connaissait peu Francesco, mais assez pour savoir qu’il aimait mieux les fêtes que les affaires du Royaume. Il finirait bien par venir malgré tout. En voyant le domestique partir à la course, Nicolas eut un sourire de satisfaction avant de monter à l’étage où il n’y avait pas d’invité. Il ouvrit quelque pièce avant de trouver une antichambre à l’allure de boudoir oriental. Nicolas ne put s’empêcher de sourire en entrant dans la pièce.
Il se laissa tomber dans un fauteuil et remarqua l’immense portrait de l’Ambassadeur au-dessus de la cheminée. Évidemment. Il était un homme narcissique, mais ce n’était pas pour déplaire à Nicolas, qui pouvait apprécier ce trait de caractère chez un autre que lui. Il regarda les cheveux noirs de l’Italien, ses yeux d’un bleu impressionnants, ses pommettes, ses lèvres…
Nous faisons cas du Beau, nous méprisons l'Utile ; Et le Beau souvent nous détruit.
Avec un frisson, il tâcha d’oublier cette morale de la Fontaine et attendit que l’Ambassadeur se décide à venir le rejoindre.
Le dernier jour. C’était son dernier jour à Versailles avant de partir pour la guerre, et si cette perspective l’enchantait aussi peu que celle d’aller passer une matinée entière à la messe, Ferdinand comptait bien marquer le coup et faire de cette dernière soirée une soirée mémorable. C’était peut-être la dernière avant d’aller rendre des comptes là-haut (hé oui, la guerre lui rappelait fort aimablement qu’il n’était qu’un petit baron, et même Louis n’avait rien pour faire pour lui et il s’était retrouvé caporal-chef… donc au beau milieu des festivités quand l’heure viendrait), autant marquer le coup ! Debout devant son miroir, il laissa Aurélien faire les dernières retouches sur son costume, des vêtements à la coupe tout à fait normale… mais formant un patchwork de couleurs tout à fait inattendu, avec une moitié de manche d’une couleur, une autre moitié de manche de l’autre, un quart de pourpoint d’une troisième, et ainsi sur chaque vêtement dont était composée la tenue. En lui et place de la dentelle qu’on trouvait d’habitude aux manches, il avait réussi à coudre des plumes de pigeon (pardon Loulou) peintes elles aussi de toutes les couleurs, ainsi que sur le col et les bords de sa veste. Une palette de couleurs à lui tout seul, qui grâce aux plumes évoquaient bien évidemment ces perroquets colorés et exotiques que l’on trouvait à l’autre bout du monde !
« Voilà, monsieur, c’est terminé. » s’exclama Aurélien en se relevant avant d’ajouter, pendant que son maître inspectait les travaux finis : « Si monsieur n’a plus besoin de moi, aurait-il la bonté de m’accorder ma soirée… ? » « Tu es de sortie ? » s’étonna Ferdinand. « Bien sûr que tu peux sortir. Comment s’appelle-t-elle ? » « Ahem… Hildegarde, monsieur. » répondit Aurélien en rougissant jusqu’aux oreilles au grand bonheur du bouffon hilare qui ne s’était pas attendu à taper juste. « Allez file, je finirai tout seul. Ne faisons pas attendre la charmante Hildegarde ! »
Une fois Aurélien parti, Ferdinand attrapa une boîte de peintures pour la peau dégottée chez un apothicaire versé dans les cultures exotiques, et s’appliqua deux bandes de couleurs rouges et bleues sur chaque joue, à la manière des indiens. Satisfait, il contempla son reflet bariolé de la tête aux pieds, et décida qu’il était fin prêt. Il se mit donc en route, les mains dans les poches, riant d’avance en imaginant la soirée de folie qui s’annonçait ; car avec Francesco di Venezia, Dieu –ou Diable- seul savait ce qu’il pouvait se passer ! En arrivant à l’ambassade, il traversa la cour et un regard à l’horloge lui apprit qu’il était légèrement en retard, ainsi qu’un couple des plus surprenants visiblement déjà un tantinet sous les effets de l’alcool, puisqu’Elle était entièrement nue –du moins de ce qu’il pouvait en juger avec la distance- et courait avec une coupe de champagne à la main, tandis qu’un homme –son mari ?- lui courait après avec des vêtements dans les bras en criant « mais ne te promène donc pas toute nue ! ». C’est donc d’humeur particulièrement joyeuse –pour ne pas dire mort de rire- que notre perroquet entra dans le bâtiment. Aussitôt, il repéra Francesco vêtu évidemment en lion et entouré d’une foule d’admiratrices et même d’admirateurs. Quelques connaissances étaient présentes, la princesse Farnèse en paon, Gabrielle de Longueville en colombe (quelle ironie songea-t-il), et même Ruzé affalé dans un coin… C’est alors que son regard se posa sur une silhouette petite, mais fine et élancée, sublimée dans un costume qui devait certainement représenter un cygne blanc, et sur un visage maintenant bien connu. Esquissant un sourire, il n’hésita pas avant de s’approcher de la protégée que lui avait refilé la Reynie et qui avait bien failli l’assommer à coups d’assiettes volantes il n’y avait pas si longtemps que ça. Elle était seule, pourquoi se priver ?
« Mademoiselle de Blaingirey ! Quelle surprise de vous voir ici, je n’imaginais pas exactement que vous étiez le genre de femme à connaître un personnage comme l’ambassadeur de Venise. Remarquez, on trouve de tout ici, même la nouvelle Duchesse de Valois ! Craignez la colère de la colombe ma chère, elle n’est pas commode cette femme-là. Je suggère que vous restiez avec des gens plus fréquentables… Moi, par exemple ! » conclut-il joyeusement sans se soucier de savoir si son grimage lui ôtait toute crédibilité ou non. Pour conclure sur la politesse, il lui fit un délicat baisemain avant de se redresser et de s’enquérir : « Mais n’êtes vous pas inquiète de sortir ainsi à visage découvert ? Et si l’homme qui vous cherche était là ? »
Francesco Contarini
« s i . v e r s a i l l e s » Côté Coeur: Je m'aime tellement ! Quoique, il est possible que je l'aime elle aussi... Côté Lit: C'est open bar ! Entrée gratuite pour les libertins Discours royal:
• DON JUAN • Revenu des Enfers
► Âge : 27 ans
► Titre : Nobilis Homo vénitien, Ambassadeur déchu, Banquier de la Main de l'Ombre & bras droit de Victor d'Amboise
Alors que le feu d’artifices prenait fin, les acclamations, les applaudissements de la foule tant attendues vinrent… timidement. Quoi ? Ils n’ont pas aimés ? pensa Francesco. Impossible ! Soit ils sont trop émerveillés, soit ils sont trop bêtes ! Non, pas d’autre explication possible… L’ambassadeur conserva sur son visage un sourire étincelant et poursuivit sa promenade parmi ses invités, une éternelle coupe de champagne à la main. Cette soirée était la vitrine de l’empire vénitien de son père. C’était parfait !... Cette pensée vint aussitôt s’effondrer lorsqu’il aperçut au loin un homme en train de poursuivre sa femme dans le jardin… qui était dans le plus simple appareil ! Telle une Eve (pas très fraiche, certes)
« Mais ne te promène donc pas toute nue ! » s’écriait l’homme sous les rires et les moqueries des invités sur leur passage.
Santa Madre !... C’était sa mère l’exhibitionniste !… et son oncle Ezio après elle ! Francesco bu d’un trait son alcool sans même le savourer pour se donner du courage. Il attrapa fermement un laquait qui passait près de lui un plateau à la main et lui ordonna en sifflant dans son oreille :
« Tu vas immédiatement éloigner ce désastre de ma fête ou je te fais couper le peu de virilité qu’il te reste. »
L’ordre fût clair et prodigieusement efficace ! En moins de deux le serviteur accourait auprès des deux désastres, clowns, horreurs, hontes, ordures, déchets de la soirée et les fit vivement raccompagnés jusqu’au manoir escortés par des gardes. S’il y a un problème, autant le supprimer. Il aimait sa mère et son oncle… mais tout de même ! Il n’imaginait pas que sa mère se mettrait dans un état pareil… Lui qui croyait que l’oncle veillait sur elle… Basta ! La fête continue !
Il attrapa une nouvelle coupe de champagne (pas de limite, il est chez lui et puis c’est son anniversaire !) et continua de déambuler dans la foule avec son attitude de requin coutumière. Sa peau de lion trainait élégamment derrière lui comme la cape d’un roi… Oui, après tout : c’était qui le roi de la fête, hein ? Ca, les Longueville et autres versaillais ne pouvaient lui enlever cela ! pensait-il en se jetant lui-même des fleurs par la pensée.
Pendant que Francesco s’auto-congratulait intellectuellement (si ça ce n’est pas de la masturbation intellectuelle…) il vit apparaitre au loin la personne exacte qu’il souhaitait croiser. Son sourire carnassier s’élargissait tandis qu’il approchait de Sofia di Parma en train de discuter avec son frère et sa sœur. Lorsqu’il arrivait tout juste, les quelques mots de son ex-fiancée ne manquèrent pas d’écorcher ses oreilles.
Vous avez du prendre sur vous pour venir ici, je vous admire pour cela, croyez moi ! disait Sofia en laissant échapper un rire cristallin et terriblement mondain.
Comment ça on ne s’amusait ? pensait Francesco en serrant les dents. C’est donc avec la plus grande délicatesse du monde qu’il s’immisça dans la conversation.
Aaaah ma chère Sofia ! Vous avez une sorte de désespoir hystérique dans votre rire. C’est fou n’est-ce pas ?
A peine avait-il prononcé un mot qu’un vent sibérien venait de déferler sur lui. Le malaise était d’autant plus grand avec la présence de sa sœur qui ne lui lançait que des regards meurtriers. Sofia quand elle essayait de mouvoir ses airs de biche égarée en vilaine petite fille contrariée. Avec des attitudes pareilles, les deux jeunes femmes ne pouvaient que ravir le bagou de Son Excellence l’Ambassadeur.
« Aaaah mes dames ! Ne me jetez pas ce regard plein de mépris et d’ego meurtri ! dit-il avec son air délicieusement mauvais avant de prendre son petit frère à témoin. N’es-tu pas d’accord Alvise ? Ces dames ont besoin d’un verre !
Puis ce fût le tour spécialement dédiée à cette chère Sofia. Il était impatient d’entendre ce qu’elle pensait de son « hommage » artistique. La jeune femme avait l’air aussi ouverte à la conversation qu’une porte de prison.
-Allons allons, laisse donc passer toute cette aigreur Sofia…[ /b] dit-il, faussement bienveillant. [b]Cette vieille rengaine de notre séparation, tout ça tout ça… Raaaaah ! N’as-tu donc aucune motivation profonde ? Renchérit le vénitien en levant les yeux au ciel, plus piquant encore. Regarde-moi : je le vis trèèèès bien ! S’exclama-t-il avec un grand sourire, témoignage de son bien-être. Tu sais, ajouta-t-il, soudain plus songeur. Il faut que je te raconte cela, tu vas comprendre. Notre relation… Comment dire ?... Elle m’a toujours laissée le vague souvenir d’une indigestion de melons, vois-tu ?… Et regarde aujourd’hui ! S’exclame-t-il d’un grand geste théâtrale en désignant la fontaine et ses sujets très réalistes. J’ai mis à profit ce mal qui me rongeait tant pour le transformer ! Le sublimer ! Et ainsi le mettre à contribution dans un grand projet ! Et voilà le résultat ! Voila le secret d’un homme accompli, ma chère, dit-il avec un sourire démoniaque avant de lever son verre. Empoisonnez donc plutôt le ridicule qui vous ronge, Signora, dit-il soudain très froidement avant de se pencher à son oreille et lui murmurer pour qu’elle seule l’entende. Je suis inébranlable, chérie. Prenez tout cela comme un hommage !
Oui, il était profondément cruel en ces instants. Mais la vue de Sofia et de ses grands airs de demoiselle en détresse le dégoutait. Cette femme pleurnichait, gesticulait pour un honneur piétiné alors qu’en réalité elle ne valait pas mieux que lui. Sofia avait tentée de lui ôter la vie, de l’empoisonner. Rien que ça ! Si lui avait miraculeusement échappé aux enfers, il se ferait un plaisir de transformer la vie de cette princesse en purgatoire. Garre au diable quand on attise les flammes !
Marie-Louise de Chevreuse
« s i . v e r s a i l l e s » Côté Coeur: J'essaye de ne pas m'en préccuper pour le moment Côté Lit: Nul pour le moment Discours royal:
L U C I F E R en talons
► Âge : 22 ans
► Titre : demoiselle de Chevreuse, baronne de Retz
-Mademoiselle! -Quoi donc, Solange?! -Il y a là une jeune femme qui apporte des fleurs. En avez-vous fait demander? Marie-Louise fit une grimace devant son miroir et passa en hâte son peignoir. Des fleurs? Chez elle? Quelle idée mièvre et saugrenue! -Je descends, mais je suis pressée, monsieur l’Ambassadeur n’attend pas!
Elle rejoignit Solange au rez-de-chaussée, face à une jeune femme au regard aussi pétillant qu’une taupe, aux épaules maigres et aux cheveux fadasses. Un sourire idiot soulignait ce portrait de la Vulgarité personnifié. -Qui êtes-vous, lâcha Marie-Louise froidement? -Michelle de Bergogne! Je suis la.... -Je n’ai pas demandé de fleurs, la coupa-t-elle. Mais la Bergogne semblait ne rien entendre et fixait Marie-Louise avec insistance. -C’est vrai ce qu’on dit, vous êtes la fille d’un démon et d’une pucelle ? Vous avez plus pris de la pucelle, fit-elle enfin d’une voix douce et fleurie. Marie-Louise s’étouffa et pour éviter d’étrangler l’idiote de ses mains, arracha les fleurs et écrasa le tout sur le nez de l’importunue. -La fille du démon vous congédie, dégagez de chez moi, idiote! -Mais....entendit-on gémir sous les fleurs...Un sanglot ponctua le tout, alors que Marie-Louise, lui empoignant le bras, la sorti dans la cour. -Faites-la sortir d’ici, cria-t-elle vers le valet! Et la prochaine fois, je vous fait avaler votre langue! Michelle, accroupie à terre, ramassait ses fleurs en pleurant à chaudes larmes, avant de se faire ramasser et éjecter de la cour de l’hôtel par le valet de pied.
-Bon. Et maintenant, terminons cette coiffure, fit Marie-Louise en remontant dans ses appartements! Je ne veux pas être en retard chez Contarini à cause de cette sotte!
Moins d’une heure plus tard, encore agacée par l’irruption de Bergogne, la jeune femme arrivait enfin chez l’ambassadeur italien, encore emmitoufflée dans son manteau, cachant son costume aux curieux. Passant telle une princesse devant les portiers qui l’avaient bien évidemment reconnu, elle grimpa les premières marches, avant de s’engouffrer dans le temps du vice et du péché. Dieu que cela allait être bon!
Elle avisa la Farnese non loin de là, puis Gabrielle de Longueville qui lui tira une petite moue. Cherchant des yeux quelques mâles à contenter, elle reconnu sans peine sa chère Rebecca et aperçu enfin l’hôte des lieux, qu’on ne pouvait faire plus majestueux. Se fut près de lui qu’elle consenti enfin à faire tomber dans les bras du premier venu son long manteau de soie, laissant apparaître une sublîme robe de velours noire, ne répondant à aucune mode qui s’était faite jusqu’alors. Elle avait passé un petit serre-tête surplondée de deux petites oreilles de fourrure de couleur jais. La panthère serait aussi noire que l’âme de Marie-Louise.
-Mon cher Contarini, s’exclama-t-elle! Vous êtes magnifique en roi de cette jungle, ce costume ne pouvait convenir qu’à votre personne et croyez-moi, si un lionceau tient à montrer le bout de son museau, je le repousserai à coup de griffes! Elle tendit une main vers son valet qui l’avait suivi, portant un lourd tableau. -Je sais votre goût pour votre personne et pour les arts singuliers [pour toi, Steph], aussi, j’ai songé à ce petit cadeau personnel. Je suis certaine qu’il vous plaira! Le valet fit tomber le drap, découvrant la peinture commandée spécialement pour l’occasion, représentant l’hôte des lieux.
-Mais je ne vous accapare pas, je vole rencontrer votre mère avant qu’elle ne se rappelle de ma présence ici, lança Marie-Louise avant de s’éclipser dans un sourire mutin!
Spoiler:
Ce post sert à rien, mais j'allais dépasser la page Word Marilou is in da place, elle attend Becky, donc est open pour ce que vous voulez ^^
Rebecca Stuart
« s i . v e r s a i l l e s » Côté Coeur: Quelle question ? Au plus offrant bien sûr ! Côté Lit: On n'y fait pas comme chez soi et certainement pas son mari ! Discours royal:
♠ Shine like a diamond ♠
► Âge : 24 ans
► Titre : Comtesse of Rosyth, Duchesse of Richmond
Le moins que l’on puisse dire, c’est que Francesco pouvait être en effet vraiment charmant. Il était seulement nécessaire de ne pas lui rappeler cet atout, afin de ne pas flatter son orgueil. Si on commettait cette erreur, on pouvait alors en avoir pour des heures d’auto-flatterie. Rebecca était bien placée pour le savoir et d’ailleurs elle lui avait déjà assez fait de compliments pour ce soir. La duchesse garda donc un visage tout à fait impassible lorsqu’il lui fit un baisemain. Elle n’allait tout de même pas se pâmer, ce n’était pas son genre. Amis ils étaient et amis ils resteraient, malgré cette beauté physique indéniable que tous deux possédaient.
" Quelle tenue ! Splendide ! "
Rebecca n’en crut pas ses oreilles, Francesco venait de la complimenter, sans doute l’alcool devait-il lui monter à la tête. Une fois n’est pas coutume et cela était très plaisant. Aussi, le gratifia-t-elle d’un radieux sourire.
- Il fallait bien que je sois à la hauteur de l’évènement pour lequel vous m’avez conviée, mon cher.
Néanmoins, toute bonne chose a une fin et bientôt le regard du vénitien ne se posa plus que sur le buste de marbre, qu’elle lui offrait.
" Ma chère Rebecca, cela me touche plus que tout ! Merci ! "
Elle vit bien à sa manière de poser cette main sur sa poitrine, qu’elle avait bel et bien flatté son égo et en fut très satisfaite. Le baiser amical qu’elle reçut sur sa joue, ne fit que la conforter dans cette pensée. Au moins, ce présent original lui valait peut-être davantage sa sympathie de la part de Francesco. Cette sympathie qui tôt ou tard pourrait lui servir, qui sait. Rebecca ne faisait jamais rien sans rien.
- Je suis ravie si ce modeste cadeau vous sied. Je suis certaine qu’il fera toujours son petit effet dans votre antichambre.
Quasiment euphorique à l’idée de cette soirée rien qu’en son honneur et de son premier échange avec un convive, Francesco lui tendit une coupe de champagne. Rebecca l’accepta avec grand plaisir, elle se doutait que cet anniversaire allait être haut en couleurs. Elle ne se trompait guère, tandis qu’elle s’était éloignée de son hôte, elle fixa tour à tour les nouveaux arrivants. Sofia di Parma, celle qui avait des vues disait-on sur Edouard du Danemark était plus goguenarde que jamais en compagnie de Gabrielle de Longueville. La jeune Farnèse ne semblait pas très enthousiaste d’échanger quelques mots avec la tante de Francesco. En outre, se trouvant elle-même dans la Main de l’Ombre, elle n’était pas sans savoir que les tensions étaient exacerbées depuis que Francesco avait été nommé nouveau bras droit. La présence de Gabrielle de Longueville, proche de Cédric de Portau, ne disait rien de bon à Rebecca.
Cependant, puisqu’on ne lui faisait pas l’honneur de la croire personne de confiance, la duchesse de Richmond décida de ne pas se préoccuper de tout ce qui pouvait toucher le complot. Elle fit quelques pas seule et croisa bon nombre de convives. Tandis qu’elle trempait ses lèvres dans le breuvage doré, elle apprit qu’un feu d’artifice allait être tiré. Bien entendu, qui d’autre qu’un mignon de Monsieur pouvait être mieux au fait de cela ? Toutes les rumeurs même les plus insignifiantes passaient par eux. Ce dernier ressemblait à un arbre de Noël, tant il reluisait de mille pierreries de la tête au pied. Cela amusa fort Rebecca. Hélas son attitude ne passa pas inaperçue auprès de l’intéressé.
- Je ne sais pas qui tu es joli cygne, mais je ne suis pas étonné de te voir ici et non pas à la cour. Tu es beaucoup trop commune pour y paraître, ça doit être ça.
Le blanc bec sans doute croyait pouvoir la moucher avec une telle réplique, mais Rebecca n’allait pas s’en laisser compter pour autant. Puisqu’il l’avait tutoyée, elle allait donc faire de même.
- Et toi tu brilles aussi fort qu’un miroir de bordel, même un aveugle te verrait à 10 lieux d’ici.
Le mignon s’étouffa presque à cette riposte tant il en était offusqué, et Rebecca joviale comme jamais s’éloigna encore davantage. C’est alors qu’elle se dirigeait vers Marie Louise de Chevreuse, qu’un visage pour le moins connu l’interpella. Celui du baron d’Anglerays. Elle ne le savait pas ami avec Francesco ni très familier avec ce genre d’évènements. Mais c’est vrai, que savait-elle de lui exactement, sinon qu’il chantait à tue-tête sous les fenêtres des gens ? Peu de choses en somme, il était peut-être temps d’en connaître davantage. S’il ne s’était pas approché, elle aurait donc fait le premier pas. Elle le salua poliment tout en rougissant un peu au souvenir de leur dernière rencontre. N’avait-elle pas lancé des assiettes sur lui pour qu’il cesse ses sérénades ?
" Mademoiselle de Blaingirey ! Quelle surprise de vous voir ici, je n’imaginais pas exactement que vous étiez le genre de femme à connaître un personnage comme l’ambassadeur de Venise."
Décidément, les questions embarrassantes commençaient dès la première minute, mais Rebecca conserva son sourire sans pâlir le moins du monde. Experte en mensonge un jour, experte en mensonge toujours.
- Monsieur l’ambassadeur est parfois reçu par le prince de Condé. Chantilly est l’antichambre de Versailles depuis que Vaux le Vicomte n’est plus rien.
Encore une fois, sa couverture lui sauvait quelque peu la mise. Elle ne se doutait pas encore qu’elle devrait quitter le service du duc d’Enghien plus vite qu’elle ne croyait, pour ne pas trop encourir la colère de Gabrielle de Longueville. Comment aurait-elle pu prévoir la mort d’Hector de Valois et cette division au sein de la conspiration ?
" Remarquez, on trouve de tout ici, même la nouvelle Duchesse de Valois ! Craignez la colère de la colombe ma chère, elle n’est pas commode cette femme-là. "
Dieu sait qu’elle le savait, elles étaient pour l’heure alliées et même amies, mais elle n’était en effet pas commode et sa langue était venimeuse.
- En effet, il y a des paroles qui ressemblent à des confitures salées et elle est passée maître dans cet art. " Je suggère que vous restiez avec des gens plus fréquentables… Moi, par exemple ! "
Pourquoi pas en effet ? Rester en sa compagnie pendant quelques temps pouvait être agréable même.
- Avec plaisir. « Mais n’êtes vous pas inquiète de sortir ainsi à visage découvert ? Et si l’homme qui vous cherche était là ? »
C’était la seconde question embarrassante de la soirée. Celle-ci la laissa d’ailleurs quelques secondes muette à vrai dire. Quelle explication pouvait-elle donner en effet ? Pour se sortir de cette légère impasse, elle entreprit d’enlacer son bras du sien pour faire quelques pas en direction des jardins où allait être tiré donc le feu d’artifice. C’est son arme, le petit pistolet qu’elle portait toujours dans son réticule depuis sa dernière rencontre avec Morgan, qui allait répondre à cette question.
- S’il se trouvait ici, j’aurai de quoi le recevoir baron, rassurez-vous. Et puis …
Elle se mit alors à battre légèrement des cils et lui adressa son plus désarmant sourire.
- Un courtisan vous a mentionné il y a quelques jours, et redoutait tellement que vous veniez à cette soirée. Il s'est écrié " les cons ça ose tout, c'est même à ça qu'on les reconnait ! " Mais moi, votre présence me réconfortait d’avance.
Elle mentait honteusement mais il le fallait bien. Elle ne pouvait pas perdre sa couverture. Elle savait l’homme intelligent certes et pouvant lire sur ses traits, pour juger de sa sincérité, mais elle avait toujours été ainsi. Et puis, il lui avait semblé qu’il voulait badiner avec elle lorsqu’il lui avait baisé la main. Alors soit, ce n’était pas pour lui déplaire, peu d’hommes dignes d’intérêt ne lui avaient porté attention et ce depuis assez longtemps. Trop longtemps.
- Et si nous profitions des premières brises printanières dans les jardins, avant que ce petit monde les rejoigne ? Nous pourrions être seuls un instant et faire plus ample connaissance.
Ils sortirent donc, bien qu'ils ne furent pas seuls, le feu d'artifice commençait à être tiré. Mais ils se retrouvèrent sur une immense terrasse. Rebecca s’assit sur un banc de pierre et lui fit signe de prendre place à ses côtés.
- Vous allez devoir sans doute rejoindre l’armée pour participer à cette guerre. N’est ce pas trop difficile pour vous ?
Spoiler:
Pardon c'est un vrai roman J'ai un peu avancé, j'espère que ça ne te dérange pas que Becky ait fait quelques actions, comme le conduire dans les jardins, tout ça tout ça.
Sofia Farnèse
« s i . v e r s a i l l e s » Côté Coeur: Je l'ai fermé par sa faute. Seul lui pourrait le rouvrir un jour ... Côté Lit: Je ne suis pas de celles qui se couchent pour un sourire. A peine pour un diamant, mais souvent pour la passion. Discours royal:
♈ LA BELLA FARNESE ♈ Più bella cosa non c'è
► Âge : 24 ans
► Titre : Princesse Farnèse, Princesse Chimay par mariage
A rire de la sorte, Sofia en oublierait presque le pourquoi de sa venue ici. Non, la princesse ne jouait pas les pique-assiettes de service et n'avait pas répondu à l'invitation par l'affirmative pour faire des ronds de jambes à l'hôte ni pour le plaisir de dépenser une fortune dans sa robe. Gabrielle de Longueville et elle avaient bien mieux à faire, Contarini, prince des canaux puants, allait recevoir un ''cadeau'' d'anniversaire qu'il n'était pas prêt d'oublier ! Et pas forcément dans le bon sens. Elle se remettait progressivement de cet affront se la fontaine où elle était une nymphe à demi-nue, plutôt une esclave qui servait à boire à cet ignoble individu. Cela aurait pu continuer ainsi si l'organisateur de la soirée ne venait pas la perturber dans sa conversation, des Contarini normaux comparés à lui et sa mère.
« Aaaah ma chère Sofia ! Vous avez une sorte de désespoir hystérique dans votre rire. C’est fou n’est-ce pas ? Et toi Tu brilles aussi fort qu’un miroir de bordel, même un aveugle te verrait à dix lieux d’ici. C'est fou n'est ce pas ? » lâcha t'elle avec un sourire moqueur.
Malgré le sourire, le ton était bien plus dur, tout comme le regard de la jeune femme qui s'était glacé en un rien de temps, dés qu'il avait fait son apparition non loin d'elle. Bizarrement, la rancune revenait à la charge. A chaque fois qu'il apparaissait dans son champ de vision, il venait gâcher quelque chose, un bon moment, une discussion sympathique. Il piétinait tout sur son passage comme un enfant écrasant les pâtés de sable de ses petits camarades. Et il avait l'air d'en être ravi.
« Aaaah mes dames ! Ne me jetez pas ce regard plein de mépris et d’ego meurtri !N’es-tu pas d’accord Alvise ? Ces dames ont besoin d’un verre ! Si vous voulez me faire boire pour finir comme votre mère dans le jardin, n'y comptez pas. » lâcha t'elle en refusant le verre que présentait le serviteur sur un plateau.
Elle aurait voulu partir à se moment là, laisser Francesco dans sa bêtise et continuer la soirée loin de lui. Mais cet imbécile avait l'air d'avoir beaucoup à dire et Sofia aurait bien voulu savoir le pourquoi d'elle sur la fontaine. Malsaine curiosité car les mots qui allaient suivre ne seraient pas tendres du tout.
« Allons allons, laisse donc passer toute cette aigreur Sofia…Cette vieille rengaine de notre séparation, tout ça tout ça… Raaaaah ! N’as-tu donc aucune motivation profonde ? Regarde-moi : je le vis trèèèès bien ! Oui, dans la bêtise et l'ignorance, quelle magnifique vie ! piqua t'elle avec un sourire faux. Tu sais, il faut que je te raconte cela, tu vas comprendre. Notre relation… Comment dire ?... Elle m’a toujours laissée le vague souvenir d’une indigestion de melons, vois-tu ?… Et regarde aujourd’hui ! J’ai mis à profit ce mal qui me rongeait tant pour le transformer ! Le sublimer ! Et ainsi le mettre à contribution dans un grand projet ! Et voilà le résultat ! Voila le secret d’un homme accompli, ma chère. Empoisonnez donc plutôt le ridicule qui vous ronge, Signora. Elle se contenait mais Francesco, comme pour lui donner un dernier coup, lui murmura à l'oreille. Je suis inébranlable, chérie. Prenez tout cela comme un hommage ! »
Il la cherchait, elle ne devrait pas rentrer dans son jeu mais que voulez vous, la Farnèse possédait ce côté sanguin et cela fut la goutte qui fit déborder le vase. Au fil des mots le regard de la femme s'était durci, elle avait serré les poings pour se contenir mais là, c'en était trop. Sans crier gare, elle arracha le verre des mains d'Alvise et jeta le contenu sur la face du monstre d’ego face à elle. Puis comme si de rien n'était, elle tendit le verre au pauvre Alvise, sûrement un peu décontenancé et prit à parti ses deux témoins.
« Le perfide triomphe et se rit de ma rage, il pense voir en pleurs dissiper cet orage. Il croit que, toujours faible, et d'un cœur incertain, je parerai d'un bras les coups de l'autre main. Il juge encore de moi par mes bontés passées. Triomphant dans le temple, il ne s'informe pas, si l'on souhaite ailleurs sa vie ou son trépas. Puis elle se tourna vers Francesco, plus sérieuse que jamais. Si vous vous croyez inébranlable, je vous prouverais le contraire. Vous pensez rire de moi, vous amuser de ma personne, tenter de m'humilier avec votre monument en toc dans votre jardin mais sachez que ce n'est pas cela qui me fera m'arrêter. Vous me sous-estimez grandement si vous pensez que je suis toujours celle que vous avez lâchement abandonné quelques années auparavant, vous devriez vous méfiez car je plie, et ne romps pas. »
Elle leva la tête fièrement et tourna les talons pour s'en aller loin de Francesco, mais il était peut être trop tentant de parler de cette violence qui arriverait que dans peu de temps. Voici pourquoi elle se pencha vers Raphaëlla pour ne se faire entendre que d'elle.
« Votre frère aura la punition qu'il mérite, ce n'est qu'une question de minute pour qu'il soit confronté à ce qu'il déteste le plus. »
Elle lui fit un regard entendu et quitta la fratrie Contarini pour tenter de se mêler à la foule et chercher Gabrielle par la même occasion. Cette dernière n'était pas très loin, il suffisait de fendre un peu la foule tout en plumes et en poil pour se retrouver à côté de son intrigante préférée avec qui elle avait préparé cette fameuse surprise.
« Vous pouvez lancer notre idée à exécution quand cela vous chante. Il est tellement drapé dans sa stupidité qu'il vous suivra les yeux fermés. Enfin quand je dis vous … »
Elle eut un petit sourire en coin bien connu, le genre de sourire qui montre qu'on a quelque chose derrière la tête …
Depuis que Sofia di Parma l'avait quittée, la soirée tournait au cauchemar pour Gabrielle de Longueville – et ce n'était pas exagéré, même à la lumière de ce qu'elle avait subi depuis son arrivée à cette fête d'anniversaire. Elle aurait volontiers empêché la princesse Farnèse de trop s'éloigner car elle ne désirait aucunement se retrouver seule dans cette ménagerie de gens infréquentables mais le choc devant la fontaine qui était une insulte même pas déguisée à la jeune femme et au bon goût de manière générale l'avait laissée ébahie et l'Italienne en avait profité pour s'échapper loin de cette vue. On pouvait la comprendre du moins mais Gabrielle espérait qu'elle n'allait pas directement étrangler Francesco Contarini. Bien sûr, il le méritait amplement mais elle était uniquement venue ici dans le but de mettre en branle sa petite vengeance et elle aurait été fort déçue qu'elle ne se fasse pas. Elle examinait l'ambassadeur en question d'un œil mauvais tout en se disant que cela méritait au moins un verre d'alcool lorsqu'un lama parfaitement reconnaissable passa à sa proximité. Son oncle, fort heureusement, ne la considéra même pas et la duchesse, effrayée de cette vision d'horreur, préféra abandonner le terrain à son tour pour se mettre en quête d'une personne qui pourrait ne pas agresser sa rétine. Peine perdue, elle distingua simultanément Marie-Louise de Chevreuse, le genre de courtisane dont on se passait volontiers de rencontrer et le fou du roi faire la conversation à cette pauvre Rebecca de Richmond. Bien, il était dit qu'une Longueville ne reculait pas devant l'obstacle ! Bravement, digne de ses ancêtres qui avaient combattu les Infidèles lors des croisades (avant de mourir stupidement à Tunis mais ne relevons pas) et qui avaient bouté les Anglais hors du royaume, Gabrielle retourna au sein de la fête qui battait son plein dans les jardins alors que des couples s'éparpillaient déjà à droite et à gauche. Finalement, il était peut-être temps de mettre en branle le plan même si Francesco et Sofia restaient invisibles.
A la faveur d'un moment où elle ôtait son masque, une demoiselle de la maison de Madame et qui semblait s'être perdue dans cette fête (son costume d'Amazone le laissait en effet penser), visiblement ravie de reconnaître quelqu'un s'approcha de Gabrielle, dans une attitude qui relevait plus de la sangsue que d'une fière et impétueuse combattante. - Oh, madame de Valois, quel plaisir ! Figurez-vous que j'étais venue ici sur l'invitation de l'ambassadeur – quel homme charmant vraiment, nous n'avons pas eu le plaisir de nous rencontrer auparavant, il n'a pas fait de commentaire sur mon erreur de costume (Gabrielle, en examinant la tenue dénudée de la jeune fille, songea que Francesco aurait eu du mal à protester) –, et je devais retrouver mademoiselle de Bergogne mais impossible ! Son ministre Jacques m'a dit qu'elle était... Si Gabrielle avait été plus cynique, elle aurait pu se dire qu'on cherchait à se venger de toutes ses mauvaises actions mais il n'était pas l'heure de se poser des questions métaphysiques mais bel et bien de se débarrasser de l'Amazone. - Elle est tellement gentille, cette pauvre Michelle, saviez-vous que... ? - Écoutez Thérèse, l'interrompit Gabrielle, je n'aime pas dire du mal des gens, mais effectivement, elle est gentille. Si vous voulez m'excuser, je... L'Amazone allait protester et corriger son prénom mais une sorte de farandole endiablée venait de passer à côté d'eux et Gabrielle s'était faite happer par la danse. En un instant, le visage de Thérèse disparut pour être remplacée par des silhouettes qui bougeait en un rythme qui n'avait rien du menuet versaillais. La duchesse chercha à se dégager mais on la serrait trop fortement pour qu'elle puisse le faire et encouragée par ses voisins, elle dût même lever la jambe plusieurs fois en cadence – ou du moins, en imitant les autres femmes et à contre-temps, peu aidée par les autres invités qui, ayant beaucoup trop bu, avant autant de grâce que des pachydermes. On lui lança qu'il s'agissait d'une danse grecque fort à la mode à la cour chypriote – il y avait une cour là-bas ?! - et elle suivit, malgré elle, la petite troupe qui grossissait au fur et à mesure jusque dans le manoir lui-même. Gabrielle profita de la confusion pour se détacher de la poigne des danseurs et recula brusquement pour laisser le sirtaki passer, faisant chuter au passage un vase bleu et blanc, visiblement très ancien et qui tomba en se brisant en mille morceaux. Comme personne n'avait rien remarqué à cause du bruit environnant, la duchesse préféra prendre la fuite jusque dans un grand salon. Quel était donc ce monde de fous ?
Ce fut une colombe échevelée et de fort mauvaise humeur qui retrouva Sofia di Parma qui n'avait visiblement pas eu le loisir de trucider d'ambassadeur vénitien. Elle avait l'impression d'avoir été prise dans une tempête et d'en être ressortie de justesse, mais dans un état lamentable. Son costume n'avait fort heureusement pas été abîmé et les plumes permirent à la princesse Farnèse de la reconnaître et de fendre la foule vers elle pour lui dire avec des yeux brillants : - Vous pouvez lancer notre idée à exécution quand cela vous chante. Il est tellement drapé dans sa stupidité qu'il vous suivra les yeux fermés. Enfin quand je dis vous… Pour la première fois depuis de longues minutes, la duchesse eut un véritable sourire sincère mais pas moins machiavélique : - Vous pouvez compter sur moi, j'y vais de ce pas, il n'est pas question que je reste une minute de plus ici... Nous nous retrouvons chez moi comme convenu... Gabrielle lui lança un clin d’œil et tourna les talons pour sortir de la demeure de l'ambassadeur vénitien, comme si elle cherchait à prendre l'air. Ce faisant, elle chercha du regard son carrosse et s'approcha à larges pas de celui-ci pour grimper à l'intérieur. Là, une autre colombe, en tout points semblable à la première patientait et n'eut pas de réaction quand la duchesse poussa un long soupir pour se plaindre des péripéties de la fête. Finalement, Gabrielle releva la tête et lança, après avoir aidé sa camériste à enfiler son masque : - Perrine... A toi de jouer !
La fête donnée par l’Ambassadeur de Venise en l’honneur de son propre anniversaire battait encore son plein lorsque Perrine, un sourire satisfait aux lèvres, remonta dans le carrosse aux armes des Longueville qui patientait, parmi de nombreux autres, dans la cour de l’hôtel Contarini, quoiqu’un peu à l’écart du reste des voitures. Visiblement fière d’elle, elle défit la longue cape noire qui dissimulait entièrement son costume blanc, et s’installa sur l’une des banquettes afin d’ajouter à celui-ci les quelques éléments manquant pour la transformer en un volatile qu’on n’aurait pu plus mal choisir la concernant : une charmante colombe, en tout point semblable à celle qui évoluait déjà parmi les invités en la personne de Gabrielle de Longueville. Sa courte préparation achevée, Perrine jeta un regard satisfait à la petite glace qu’elle avait emporté puis s’appuya contre la paroi du carrosse. Tout était fin prêt pour la petite farce qu’elle s’apprêtait à jouer à Francesco Contarini : il ne lui restait plus qu’à patienter jusqu’au retour de la duchesse, pour, une fois n’était pas coutume, prendre sa place auprès de l’assemblée - et plus particulièrement de l’ambassadeur.
Un sourire tout à fait machiavélique étira ses lèvres à cette pensée. Tout se déroulait comme prévu. Tout en dissimulant tout ce qui pouvait faire penser au costume de Gabrielle, elle était allée faire préparer la chambre de Contarini en annonçant à ses gens que l’ambassadeur recevrait une jeune femme cette nuit, et qu’il avait donné nombre de précision quant à la préparation de la pièce. Son air mystérieux, un sourire charmant et un don inné pour la manipulation avaient fait le reste, et elle n’avait plus eu qu’à s’en retourner pour attendre son heure. Si l’idée de chercher à se venger de Francesco Contarini en lui faisant passer une nuit avec une domestique alors qu’il penserait avoir Gabrielle dans son lit avait d’abord semblé vaguement stupide (et vexante, il faut l’admettre) à Perrine, elle avait fini par céder quand on lui avait représenté quelle l’humiliation de l’ambassadeur et les gorges chaudes qu’en ferait la cour. Après tout, que pouvait-il y avoir de plus amusant que de traumatiser ce prétentieux, et possiblement, d’e faire la risée de la cour ? Même si cela signifiait tromper Paris, parti sur le front. Maintenant que l’heure était presque arrivée, Perrine arborait même ce petit sourire plein de malice qui lui était propre. La réaction de Contarini vaudrait sans doute de l’or.
Elle ne patienta guère plus de quelques minutes avant le retour de Gabrielle. Celle-ci, étrangement échevelée, soupira longuement mais Perrine se contenta d’un vague commentaire sur l’émoi que provoquait visiblement la soirée, et une fois son masque enfilé, adressa une moue complice à son amie. « Perrine... À toi de jouer, souffla celle-ci. - Je t’en prie, appelle-moi Gabrielle, rétorqua la camériste. » Là-dessus, toute de colombe vêtue, elle se glissa hors du carrosse et rejoignit l’hôtel. Elle répondit à quelques saluts, tout en cherchant l’ambassadeur. « Oh, vous devez être madame de Valois ? lança soudain une voix dans son dos. » Perrine se retourna, mais ne reconnaissant pas l’importun, décida qu’elle n’avait pas le temps de se montrer mondaine. « Et vous... vous devez être avocat : vous dégagez quelque chose de malin et d’inutile. - Pas du tout, s’offusqua l’inconnu outré. Je suis Clodulf de Valpuiseaux et... - Seigneur, avez-vous dit Clodulf ? Seriez-vous l’un des mignons de Monsieur le frère du Roi par hasard ? Ce prénom vaut bien les leurs ! Oh d’ailleurs, regardez, j’aperçois l’un d’eux ! Elle fit signe d’approcher au mignon en question. Vous, venez. Vous connaissez monsieur Coldulf de Valpuiseaux ? Non ? Vous devriez faire connaissance : avec un nom pareil, je suis certaine que vous pourrez vous entendre. C’est à cela qu’on reconnait les gens de votre espèce, n’est-ce pas ? » Là-dessus, elle leur adressa un sourire de vipère, et les laissa tout penaud se remettre de cet ouragan. Elle retrouva bientôt Contarini. De loin, elle accrocha son regard, lui adressa un sourire indécent de vice, et d’un geste discret lui signifia ses intentions, avant de se dérober en direction des appartements de l’ambassadeur. Là, comme elle l’avait demandé, on avait réduit les bougies (il était important qu’il ne la reconnaisse pas immédiatement, évidemment) et préparé la chambre. Elle servit deux coupes de champagne, et en saisit une en attendant Francesco.
« Eh bien, vous savez vous faire désirer... minauda-t-elle lorsque celui-ci se montra enfin, tout en s’approchant de lui pour lui tendre une coupe. J’espère que mon... présent saura vous faire oublier nos petits différends, ajouta-t-elle, l’oeil pétillant. Joyeux anniversaire, Votre Excellence. » Ils trinquèrent, et Perrine s’accorda une savoureuse gorgée de champagne, qu’elle déposa ensuite sur un guéridon en se dirigeant vers le lit. Elle songea un instant qu’elle espérait que Paris n’entendrait jamais un mot de cette histoire, mais fit vite taire sa conscience : le jeu en valait sans doute la chandelle.
Alvise Di Venezia
« s i . v e r s a i l l e s » Côté Coeur: J'aime l'idée même de la beauté. Une vraie personne? Euhh.. non. Pas encore.Ah si... j'aime bien les filles fréquentées par mon frère, c'est normal ça?! Côté Lit: rêves érotiques avec un idéal féminin mais ça reste très abstrait(forcément) Discours royal:
► Âge : 20
► Titre : Fils du doge de Venise, Capitaine au sein de la Garde Suisse Pontificale et garde du corps de l'Ambassadeur de Rome Michele Barberini
- On devrait leur décerner la palme du couple le plus pitoyable - Il sont assortis, en totale harmonie et croquent la vie à pleine dent, je parlerais plutôt d’eux comme de deux âmes sœurs qui ont réussi à se trouver. Ils ont de la chance, ça n’est pas donné à tout le monde.
Décalé. Il avait un regard complètement décalé. Là où Raphaëlla se contentait de voir deux grossiers personnages qui ternissaient l’honneur de la famille et où d’autres – ignorant tout de l’identité des deux trublions- pensaient assister à un spectacle douteux donné par deux aliénés échappés de l’hôtel Dieu et entrés là par effraction, Alvise ne voyait que deux personnes heureuses de vivre et dotés de cette fabuleuse faculté de jouir de l’instant présent sans retenue et sans souci du qu’en dira-t-on.
Car oui, dans l’univers merveilleux d’Alvise Contarini, rêveur devant l’éternel et distributeur automatique d’optimisme, Paola Contarini- dont il redoutait la compagnie - et l’Oncle Ezio – il s’étonnait que ce dernier n’ait pas choisi un costume de cochon ou de cafard plus en concordance avec son personnage- lui étaient apparus ce soir comme l’incarnation sur terre du bonheur et de l’exubérance, et il avait trouvé cela beau. Mais les quelques gouttes d’alcool qu’il venait de boire avait sans doute aidé à déformer la réalité et à lui donner cette vision enchanteresse de ce qui n’avait été au fond qu’un étalage de mauvais goût.
Raphaëlla, étrangement, ne vint pas le contredire d’une tape bien placée derrière la tête pour lui redonner les idées claires. Sans doute parce qu’ elle sentait que parmi toutes les idioties et les abominations qu’il lui serait donné d’entendre ou de voir cette nuit là, les paroles de son petit frère n’arriveraient même pas dans le top 5. Et elle avait raison car c’est alors que Francesco convia tous ses invités à le rejoindre à l’extérieur pour une « surprise ».
Si ce seul mot faisait déjà briller d’excitation les prunelles outremer d’Alvise qui cherchait à deviner ce que cela pourrait bien être., sa sœur semblait de son côté y voir un présage de mauvais augure mais cela n’entamait pas l’enthousiasme du benjamin.
-Ohhhh et si il avait fait venir un de ces animaux exotiques que l’on ne peut voir que dans la ménagerie du roi ?! Un éléphant. ou bien un dromadaire ! J’ai toujours rêvé de pouvoir en chevaucher un !Ou mieux, et si il avait découvert un savant ayant inventé un engin qui nous permettrait de voler ? Ce serait tellement merveilleux de pouvoir mettre la tête dans les nuages !
Quiconque le voyait en cet instant n’aurait pas été le moins du monde surpris de le voir sautiller de joie en tapant dans ses deux mains comme un gosse. Mais heureusement pour la santé mentale de sa sœur – déjà affublé d’un narcissique coureur de jupons en guise de frère ainé, d’une femme qui aurait été très à l’aise dans un bordel de Venise en guise de mère et d’un pervers dégoûtant en tant que pseudo oncle- Alvise, si spontané soit il par moment avait un minimum de retenue.
Finalement ce n’était qu’une fontaine. C’est si commun une fontaine ! Alors certes Francesco s’était fait immortalisé dans la pierre en Dyonisos et une des nymphes arborait une grande ressemblance avec la parmesane mais il n’y avait pas de quoi en faire tout un plat. Vraiment c’était décevant, ils ‘était attendu à quelque chose de plus spectaculaire. Néanmoins ne voulant pas abattre le moral de son frère, si fier de sa « merveille », et bien conscient de l’accueil tiède qui avait été fait à la « surprise » il se força à applaudir jusqu'à en avoir les paumes rouges- si il y avait eu un ’applaudimètre on aurait certainement déterminer que le plus jeune des Contarini battait tous les records- . Raphaëlla n’était pas pour sa part pas d’humeur à faire plaisir à Francesco. Elle aurait pourtant au moins pu être cordial avec leur frère aujourd’hui après tout c’était son anniversaire et ça ne lui coûtait rien de faire un effort de temps en temps, si ?!
- Rentrons. Je ne voudrais pas perdre la vue pour avoir fixé cette horreur trop longtemps
Obéissant au commandement de sa sœur en Lassie chien fidèle, il la suivit à l’intérieur sans comprendre ce qu’il y avait de si terrible dans cette fontaine. Il déglutit péniblement. Il sentait des reproches venir pour avoir réservé un accueil aussi chaleureux à la pièce d’eau.
-Ah. Alvise, heureusement que tu es là pour redorer un peu le blason de la famille.
Ah oui?! Il ne s’était pas attendu à cette réaction mais.. tant mieux, il n’allait pas s’en plaindre. La descente de sa sœur ne lui échappa en revanche pas et il commença à imaginer à quoi elle finirait pas ressembler à la fin de la soirée si elle continuait à s’enfiler des verres. A Paola Contarini…..
- Rapha. Loin de moi l’idée d’essayer de te dicter tes faits et gestes mais…je n’ai pas très envie de te retrouver courant nue sous la pelouse, qui sait ce qu’il pourrait arriver.. tu pourrais tomber sur un Ezio bis.. et dieu sait qu’il doit y en avoir dans cette joyeuse assemblée. Ce lama par exemple me semble particulièrement d’humeur graveleuse.- lui glissa t il en désignant sans le savoir le Grand Condé.
Et là je vous vois venir. De la part d’un type qui après avoir bu deux ou trois verres de trop est capable de se retrouver au petit matin la tête baignant dans la sauce après s’être endormi sur son plat à la taverne pour avoir bu deux ou trois verres, c’est un peu facile. Mais la remarque part d’une bonne intention même si Raphaëlla tient très certainement l’alcool d’une main de maitre comparé à Alvise Contarini. Il n’eut de toute façon pas droit à une réponse digne de ce nom puisque la belle Sofia, la volubile Sofia, l’inénarrable Sofia s’approcha d’eux, courroucée telle une Junon vengeresse.
- Qu'il est bon de voir des Contarini normaux. Francesco semble faire un concours avec votre mère sur le mauvais goût, même si Ezio est en tête avec une demande en mariage à une amie et moi en même temps,
- Croyez bien que je suis désolée que vous soit imposée la vue d'un tel spectacle. (....)
1er épisode : les vipères sont au rendez vous. Alvise ne voyait vraiment pas où elles avaient bien pu être allées chercher cette preuve du mauvais goût de Francesco. Son frère était un modèle d’élégance.
2e épisode les vipères se font colombes . Echange de compliments. Surfait ! Mais il ne pouvait cette fois qu’être d’accord avec les deux jeunes femmes, elles étaient ravissantes et la tenue de Sofia qui l’avait ébloui tout à l’heure était encore plus impressionnante de près, à tel point qu’il se baissa pour l’inspecter de plus près sans prêter plus d’attention à celle qui la portait. Il se sentit tout de même un peu idiot lorsqu’elle le surprit accroupi devant elle et le caressa comme la reine Marie Thérèse l’aurait fait avec un de ses petits chiens.
- « Et comment allez vous, mon petit Alvise ? Vos peintures avancent-elles ? »
Serait ce qu’elle venait de lui adresser la parole ? A lui ? Et elle lui demandait des nouvelles de ses peintures ? C’était véritablement Noël aujourd’hui !
- On peut raisonnablement dire que j’allais bien, mais je crois que c’est depuis que vous avez fait votre apparition, je me sens renaitre, bella Sofia ! Vous m’avez manqué comme le soleil peut manquer à un Vénitien exilé dans de froides contrées.
Il voyait bien qu’elle le traitait comme un animal domestique la plupart du temps mais il n’arrivait pas à lui en tenir rigueur. Cette femme méritait à ses yeux un piédestal pour que tous puissent l’admirer. Comme il avait été fier, lui l’amoureux de la beauté, lorsqu’on lui avait appris que Francesco allait très certainement passer la bague au doigt de la princesse il y a des années de cela ! Quelle pitié que les fiançailles n'aient jamais abouti..
- En parlant de peintures, je me suis récemment rendu à Fontainebleau et je ne m’en remets toujours pas. Tout y est si exquis ! Conquis par la beauté des lieux et de leurs décors je me suis attaché à tenter de reproduire l’œuvre de Rosso dans la galerie François Ier mais j’ai bien peur de ne jamais égaler ce maitre. J’aimerais bien avoir votre avis sur la chose. Peut être pourrais je abuser votre temps pour…
Temps imparti écoulé ! Le maitre de cérémonie en avait décidé ainsi et loin d’ Alvise l’idée de l’envoyer paitre en lui faisant remarquer qu’il l’interrompait.
-Aaaah ma chère Sofia ! (...) Aaaah mes dames ! Ne me jetez pas ce regard plein de mépris et d’ego meurtri !N’es-tu pas d’accord Alvise ? Ces dames ont besoin d’un verre !
- Laisse la donc tranquille Cesco, ne vois tu donc pas qu’elle ne se sent pas bien. Je ne m’explique moi même toujours pas ce qui courrouce tant la princesse, mais elle doit avoir ses raisons .
Dès lors que l’ennemi à abattre se trouvait être un des êtres qu’il admirait le plus au monde et pour qui il aurait été près à faire presque n’importe quoi- son frère adulé- il faisait un bien pâle chevalier servant pour sa sœur et Sofia. Dans la catégorie "toutou" il tenait plus du St Bernard que du Rottweiler donc pour le chien de garde, c'était raté! En tout cas ce qu’il avait dit était passé dans l’oreille d’un sourd car Cesco continua à harasser la pauvre Sofia.
-Allons allons, laisse donc passer toute cette aigreur Sofia…Cette vieille rengaine de notre séparation, tout ça tout ça… Raaaaah ! N’as-tu donc aucune motivation profonde ?. Regarde-moi : je le vis trèèèès bien !Tu sais Il faut que je te raconte cela, tu vas comprendre. Notre relation… Comment dire ?... (...)
-D’ailleurs au sujet de la fontaine.. je ne voudrais pas paraitre importun mais en faisant de Sofia une de tes nymphes tu m’as volé ma muse et l’a faite tienne. C’est un procédé scandaleux ! Les muses, vois tu cher frère, ça ne se vole pas, pas plus que ça ne se prête. L’artiste n’est pas partageur!
Encore une fois, mauvais timing. Personne ne l’écoutait. Il aurait dû se faire une raison, depuis le temps que ça durait… - non je ne me sens pas potiche, pas du tout-.
Et bien il ne lui restait plus qu’à regarder cet échange en compagnie de Rapha.. un vrai match de tennis. Le moment le plus savoureux restant celui où Sofia s’empara du verre qu’il tenait - et sans lui demander son avis en plus. Ah vraiment merci ! Preuve que personne ne se souciait vraiment de ce qu’il pouvait bien en penser- pour balancer l’alcool sur Francesco. Alvise hésita pourtant à en rire – après tout c’était comique- ou bien à paraitre indigné –après tout il s’agissait de Saint Francesco ! Sacrilège ! et qui sait ce qu'il aurait pu arriver si l'alcool avait atteint les yeux de son précieux ainé!-. On put donc le voir faire une tête étrange à mi chemin entre les deux, grimaçante à souhait. La douce Sofia de son côté – douce aux yeux d’Alvise seulement- redevint Junon et invectiva juste ce qu’il faut Cesco avant de leur lâcher d’un ton théâtral :
« Votre frère aura la punition qu'il mérite, ce n'est qu'une question de minute pour qu'il soit confronté à ce qu'il déteste le plus. »
A dire vrai, elle lui avait fait un peu peur lorsqu'elle avait glissé cette phrase! Brrr.Sauve qui peut! il n’aurait pas aimé être à la place de Francesco en ce moment, plutôt subir les foudres de ce cinglé de Barberini, c’était certainement moins dangereux.
Une chose l'inquiétait cependant ... allait il devoir prendre parti pour l'un ou l'autre? Cruel dilemne!
Si Ferdinand trouvait étonnante la présence de mademoiselle de Blaingirey à une fête où le tout Versailles le plus courtisé était convié, alors justement qu’elle lui avait dit vouloir se faire discrète pour échapper à son poursuivant, il avait décidé de ne pas s’attarder sur ce détail pour le moment ; non seulement parce que, sincèrement, il ne cherchait pas à voir le mal partout et n’aurait donc pas pu soupçonner la jeune femme de grand-chose sur cette simple constatation, mais aussi parce que ce soir, il n’était pas d’humeur à espionner. Il s’agissait de son dernier jour avant de partir à la guerre, et il n’avait aucune envie de le passer à ‘travailler’. Encore moins en une présence aussi charmante. Que le roi aille au diable avec ses guerres, lui avait envie de profiter de la soirée !
- Un courtisan vous a mentionné il y a quelques jours, et redoutait tellement que vous veniez à cette soirée. Il s'est écrié " les cons ça ose tout, c'est même à ça qu'on les reconnait ! " Mais moi, votre présence me réconfortait d’avance. Assura mademoiselle de Blaingirey en lui adressant l’un des plus jolis sourires qu’il lui ait été donné de voir en trente-cinq (pardon, trente-six, il avait beau les avoir depuis bien trois mois il ne se faisait toujours pas à l’idée). Ferdinand, flatté tant par l’insulte dont il n’avait retenu que la partie ‘tout oser’ que par l’idée que sa présence puisse réconforter sa charmante protégée, se redressa exagérément sans pouvoir retenir un sourire, tel un paon riant sa propre parade. « Vous me flattez, mademoiselle. Que voulez-vous, on ne peut pas plaire à tout le monde, mais j’aime mieux avoir gagné votre estime que celle de mon détracteur. » répondit-il en s’inclinant faussement modestement. - Et si nous profitions des premières brises printanières dans les jardins, avant que ce petit monde les rejoigne ? Nous pourrions être seuls un instant et faire plus ample connaissance. « Je n’osais vous le proposer mademoiselle, il y a de bien drôles d’animaux ici et je pense que nous serons plus à notre aise entre oiseaux, le gracieux cygne et le perroquet loufoque, n’est-ce pas une charmante association ? » répondit Ferdinand en lui offrant son bras. Le duo s’en alla ainsi, bras dessus bras dessous, certains observant avec étonnement cette étrange équipe –et ceux qui connaissaient le fou se demandaient bien ce qu’une aussi jolie femme faisait à son bras mais il n’en avait que faire. Une fois dehors il dut bien s’avouer qu’il était mieux à l’air frais. La foule massée à l’intérieur avait quelque chose d’étouffant, et force était de reconnaître que malgré sa bonne volonté il n’avait pas tellement la tête à la fête comme il avait pu la faire chez les Longueville. Même ce jeune duc, un ami de Michelle de Bergogne lui semblait-il, qui amenait une chèvre apprivoisée comme cadeau à Francesco ne parvint pas à le faire ricaner ou à lui tirer une moquerie.
Suivant sagement Pauline de Blaingirey jusqu’à un banc de pierre d’où ils pouvaient voir les feux d’artifice tout en étant relativement tranquilles, il s’assit à ses côtés mais ne s’attendait pas à la question qui allait suivre.
- Vous allez devoir sans doute rejoindre l’armée pour participer à cette guerre. N’est ce pas trop difficile pour vous ? demanda Pauline sans se douter qu’elle mettait le doigt précisément sur un point un peu sensible. Il marqua involontairement un temps d’arrêt, mais se reprit aussitôt en interpellant d’un geste de la main un serveur qui portait un plateau de coupes de vin. « Pour tout vous dire mademoiselle, je pars demain matin. L’heure du devoir a sonné, même pour les petites gens comme moi. Que voulez-vous, c’est la guerre, et il paraît que quand on est un bon français, il faut payer l’impôt du sang, peut-être même plus que ceux qui la décident. Ce sont les intrigants illogismes de ce monde. » déclara-t-il avec insouciance. Après tout, il n’abandonnait ni femme ni enfants derrière lui, il avait au moins cet avantage sur beaucoup de ses futurs camarades de galère. C’étaient surtout Blandine et Haydée qui l’inquiétaient, puisqu’elles étaient sa famille la plus proche –au sens propre pour l’une et figuré pour l’autre- mais il savait que s’il lui arrivait quelque chose, elles avaient chacune quelqu’un pour veiller sur elle. C’était au moins ça de pris, et il partait un peu plus serein que si ça n’avait pas été le cas. « Tenez, goûtez donc cet excellent vin. Notre ami di Venezia est peut-être un drôle d’oiseau, mais il faut reconnaître qu’il a bon goût. Levons donc nos verres à la paix, puisqu’elle reviendra bien un jour, et à la vie, puisque c’est la seule chose qui vaille la peine d’être vécue ! »
Avec bonne humeur, Ferdinand fit tinter son verre contre celui de la demoiselle avant d’en boire deux gorgées.
« Mais assez parlé de moi, parlez-moi donc un peu de vous. Je connais de vous ce que m’a raconté monsieur de la Reynie, mais ce n’est pas ça qui m’intéresse. Vous avez piqué ma curiosité dès ma première rencontre, et veuillez me pardonner si je vous parais un peu cavalier mais je brûle de savoir quelle femme peut se cacher derrière un aussi joli cygne –et un aussi joli sourire. Vous n’êtes pas mariée, d’après ce que j’ai compris ? » demanda Ferdinand, sincèrement curieux de savoir par quel phénomène surnaturel une femme pareille pouvait être seule. Et puis, c’était une question comme une autre, non ?
Spoiler:
Pardon, j'étais inspirée
Francesco Contarini
« s i . v e r s a i l l e s » Côté Coeur: Je m'aime tellement ! Quoique, il est possible que je l'aime elle aussi... Côté Lit: C'est open bar ! Entrée gratuite pour les libertins Discours royal:
• DON JUAN • Revenu des Enfers
► Âge : 27 ans
► Titre : Nobilis Homo vénitien, Ambassadeur déchu, Banquier de la Main de l'Ombre & bras droit de Victor d'Amboise
Face aux propos venimeux de Son Excellence l’Ambassadeur, c’est une Sofia plus furibonde que jamais qui se tourna vers lui en jetant en arrière avec arrogance ses boucles sombres :
« […] Si vous vous croyez inébranlable, je vous prouverais le contraire. Vous pensez rire de moi, vous amuser de ma personne, tenter de m'humilier avec votre monument en toc dans votre jardin mais sachez que ce n'est pas cela qui me fera m'arrêter. Vous me sous-estimez grandement si vous pensez que je suis toujours celle que vous avez lâchement abandonné quelques années auparavant, vous devriez vous méfiez car je plie, et ne romps pas.
Devant la morale de Fontaine, Francesco n’eut d’autre réflexe que de lever les yeux au ciel avec lassitude.
-Tuez-moi, je vous en supplie, mais la bouche fermée ! dit-il d’une voix trainante.
Dans ce conflit italien, il n’y avait là plus le moindre amusement. En quelques semaines à peine cela était devenu malsain et voué aux catastrophes en tout genre. D’ailleurs, en parlant de catastrophe… oh et puis non : nous verrons cela plus tard, voulez-vous ?
Déjà las de saper l’enthousiasme de la Farnèse, l’ambassadeur quitta sa fratrie et la brune sans plus de commentaires. Il ne le reconnaitrait certainement pas sur le moment mais il venait de gâcher ses propres festivités comme un grand, sans l’aide de personne ! (qui a dit que cela n’était pas nouveau ?). Nerveux, impatient, il était dans un état comparable au petit garçon capricieux qui s’ennuie ferme. Il tournait comme un lion en cage parmi ses invités sans trouver la moindre présence d’une distraction alléchante. Un homme tel que le Contarini avait besoin de… OH ! MAMMA MIA ! A peine le jeune homme venait de détourner le regard d’une énième conversation sans grand intérêt qu’il croisa le regard d’une délicieuse colombe de sa connaissance… Oui… Comment avait-il pu l’oublier ? Même si la belle portait un masque il sentait son regard de braise posé sur lui. Quoi de mieux pour remettre en état son petit (TRES GROS) ego meurtri ? La Longueville lui adressa un sourire indécent qu’on lui voyait rarement ce qui eut le don de donner des frissons exaltants au vénitien dont le visage s’éclaira en retour de son sourire carnassier légendaire.
La belle se déroba alors bien vite en direction de ses appartements et aussi efficace qu’une flèche, Francesco se tourna de nouveau vers son interlocuteur qui n’était autre que le Grand Condé, déguisé en dindon.
« Mais, vous savez, moi je ne crois pas qu'il y ait de bonne ou de mauvaise situation, répliqua Francesco, ayant retrouvé toute sa fraicheur. Moi, si je devais résumer ma vie aujourd'hui avec vous, je dirais que c'est d'abord des rencontres, des gens qui m'ont tendu la main, peut-être à un moment où je ne pouvais pas, où j'étais seul chez moi. Et c'est assez curieux de se dire que les hasards, les rencontres forgent une destinée... Parce que quand on a le goût de la chose, quand on a le goût de la chose bien faite, le beau geste, précisa-t-il avec un petit clin d’œil coquin, parfois on ne trouve pas l'interlocuteur en face, je dirais, le miroir qui vous aide à avancer. Alors ce n'est pas mon cas, dit-il d’un sourire charmeur. Comme je le disais là, puisque moi au contraire, j'ai pu ; et je dis merci à la vie, je lui dis merci, je chante la vie, je danse la vie... Je ne suis qu'amour ! s’exclama-t-il d’un ton théâtral. Et finalement, quand beaucoup de gens aujourd'hui me disent "Mais comment fais-tu pour avoir cette humanité ?", eh ben je leur réponds très simplement, je leur dis que c'est ce goût de l'amour, ce goût donc qui m'a poussé aujourd'hui à entreprendre une construction mécanique, dit-il en désignant la fontaine à son effigie. Mais demain, qui sait, peut-être seulement à me mettre au service de la communauté, à faire le don, le don de soi...
Devant un tel flux de paroles, le Grand Condé n’avait osé en placer une et il se contenta de scruter l’ambassadeur comme on observe un phénomène rare et étrange (ou particulièrement répugnant).
-Monsieur, dit-il d’une voix sévère. Je vous demandais : Est-ce que vous ne trouvez pas tout cela indécent ? demanda-t-il en montrant d’un geste la fête.
Mais l’ambassadeur ne l’écoutait absolument pas et celui-ci se contenta de filer…
-Oh mais je sens le parfum de Venise ! dit le Contarini en s’éclipsant dans la foule.
C’est ce qu’on appelle « filé à la vénitienne ».
Lorsque Francesco franchit la porte de la chambre pour retrouver son gibier favori, il affichait une mine triomphale.
« Eh bien, vous savez vous faire désirer... minauda-t-elle tout en s’approchant de lui pour lui tendre une coupe.
-Et vous savez recevoir comme il se doit, ma chère, répliqua-t-il en saisissant le présent de la colombe masquée. Il but une gorgée de champagne tout en fixant ardemment la belle. Le lion patientait sagement de pouvoir dévorer le joli morceau.
-J’espère que mon... présent saura vous faire oublier nos petits différends, ajouta-t-elle, l’oeil pétillant.
-Après notre dernière rencontre, je n’aurai jamais imaginé vous retrouver parmi mes cadeaux d’anniversaire. Vous me surprendrez toujours Gabrielle, dit-il avec un petit sourire.
-Joyeux anniversaire, Votre Excellence. » fit la colombe avant de trinquer.
A peine les deux jeunes gens venaient de savourer leurs bulles du champagne que Monsieur l’Ambassadeur attira entre ses bras sa maitresse retrouvée. Le vénitien abandonna bien vite sa fourrure de lion derrière lui et Il emmena la Longueville davantage près du lit (tandis qu’il soufflait au passage quelques bougies pour fêter l’événement). C’est dans une pénombre aux reflets pourpres, qu’ils disparurent tous deux sous les draps en laissant s’échapper quelques plumes et quelques rires.
Entres les draps froissés, les grincements du lit, les retournés acrobatiques, les baisers et les caresses : l’esprit du vénitien eut un étrange doute… Ces étreintes, cette voix, cette bouche, cette peau,… Ce n’était pas Gabrielle. Il y avait un problème. L’italien était certain d’avoir vu monter sa maitresse dans ses appartements, tout comme il était certain d’avoir partagé (brièvement) une coupe de champagne avec elle. Et pourtant… Tout cela était loin d’être désagréable, il en convenait. Mais cela le prenait au dépourvu. C’était bien la première fois qu’une jolie femme se retrouvait par erreur dans son lit ! Tandis que son esprit était occupé a tergiversé sur ce grave problème de literie, son corps, lui, ne cherchait pas plus loin que le bout de son… nez. Dans la pénombre, on aurait cru que l’on déménageait les appartements de Son Excellence ! Mais entres deux froissements de draps et autres sons évocateurs, Francesco entendit le gémissement de trop. Celui qui le ramena à la raison. Sans attendre il quitta le lit et attrapa un chandelier posé plus loin. Filant comme l’éclair, il revint auprès du lit et extirpa la jolie nymphe qui s’y trouvait… et y trouva une camériste. Un tour de magie digne des plus grands !
A la vue de de la jeune femme, Francesco eut un haut-le-cœur, la lâcha avec dégout et recula comme s’il venait de découvrir un démon.
« SANTA MADRE DELLE PROSTITUTE ! hurla le vénitien comme un dément.
Furieux, il se remit de sa surprise et revint attraper la gueuse qui était dans son lit. Sans le moindre ménagement, il la précipita contre un meuble et lui balança sauvagement au visage les vêtements de la Longueville. Le sang du vénitien était bouillant. Il ne parvenait plus à se contrôler et hurlait autant d’insultes et d’horreurs qu’il pouvait au visage de la servante.
"CHI TI CREDI DI ESSERE? SPORCO MAIALE! CANE RAGAZZA! MALEDIZIONE! STREGA! ROSPO! RAGAZZA MERDA! LEBBROSO! VAI AL DIAVOLO!"
Le cirque en panique dura encore quelques minutes sous un florilège de vocabulaire italien, jusqu’à ce que Francesco attrape la camériste et approche son visage tout près du sien avant de lui murmurer en serrant les dents :
“Va donc dire à ta maitresse que ses farces de bohémienne lui coûteront bien plus que sa jolie tête.”
Puis il l’attira jusqu’à la porte de la chambre et la jeta dehors sans plus de délicatesse avant de claquer la porte comme un diable. La fête était définitivement terminée pour lui... Jusqu'à ce que son valet Pablo entre discrètement quelques minutes plus tard et lui fait savoir qu'un certain Nicolas de Ruzé l'attendait... Sans plus de réflexion, l'Ambassadeur ordonna qu'on le fasse venir.
Rebecca Stuart
« s i . v e r s a i l l e s » Côté Coeur: Quelle question ? Au plus offrant bien sûr ! Côté Lit: On n'y fait pas comme chez soi et certainement pas son mari ! Discours royal:
♠ Shine like a diamond ♠
► Âge : 24 ans
► Titre : Comtesse of Rosyth, Duchesse of Richmond
Etre vraie, naturelle et sincère, voilà qui n’était pas donné tous les jours à Rebecca of Richmond et particulièrement en compagnie des courtisans. Toujours débitant mensonges sur mensonges pour complaire à la cour, elle s’octroyait de temps à autre de soupirer derrière ses éventails si cela devenait trop pénible. Vivre à la cour, qu’elle soit celle de Versailles, de Chantilly ou de Hampton Court, était une bien rude bataille de tous les instants. Toujours sur ses lèvres, se dessinait ce semblant de sourire, un sourire sans joie, calculé et froid. Sans en connaître la raison, peut-être parce qu’il s’agissait tout simplement du Fou du Roi, Ferdinand semblait l’avoir percée à jour dès leur première rencontre. Elle n’était pas heureuse, elle feignait de l’être. Mais cette nuit, ne devant pas s’armer de tout son art de séduction et de manipulation envers le baron afin d’obtenir une quelconque faveur de lui, cela pouvait être différent et si nouveau … Si nouveau d’être Rebecca of Rosyth, cette adolescente ayant laissé trop vite place à la femme sournoise qu’elle était devenue. N’avait-il pas accepté son défi de la faire rire ? Ce défi était très enfantin, mais elle s’y était laissé prendre.
Assise sur cette terrasse, à la simple lueur des fusées du feu d’artifice, tout lui paraissait possible. Et peut-être pouvait-elle commencer par lui avouer son véritable nom ? Il lui devenait de plus en plus difficile de porter cette identité donnée par la Reynie. Le baron d’Anglerays n’était pas commun, peut-être comprendrait-il qu’elle n’avait pas eu d’autres choix que de mentir à la Police du roi pour se protéger de Morgan, peut-être accepterait-il de la protéger encore malgré ça ?
Légèrement torturée par le fait de dire la vérité ou de n’en rien faire, elle l’écouta si peu lorsqu’il lui parla de la guerre. Elle n’entendit vraiment que « demain matin ». Si tôt … au fond malgré leur mise en contact très orageuse, il l’avait amusée, elle devait bien l’avouer. C’était plus que jamais un original et ces personnes qui sortaient de l’ordinaire ne pouvaient que lui plaire. Elle-même se trouvait peu ordinaire. Le caractère de ce joyeux luron était sans doute aux antipodes du sien mais il était de la même trempe.
- Je souhaite de tout cœur que vous n’ayez pas à payer cet impôt du sang. Vous me manquerez.
Mais qu’avait-elle dit ? Il fallait qu’elle se reprenne, ces diables d’hommes comprennent si facilement ce qu’ils veulent bien comprendre. Pensait-il qu’elle pouvait être intéressée par lui ? Ce n’était pas impossible. Il lui semblait bien qu’il badinait lui-même.
- Vous comprenez, qui vais je pouvoir assommer maintenant ? Je ne peux pas lancer des assiettes à la tête de ma servante, elle pourrait par la suite cracher dans mon potage. Ça serait contrariant.
Et elle dissimula l’esquisse d’un petit sourire derrière sa coupe de vin avant de la faire tinter à celle du baron.
- A la paix oui ! Puissiez-vous revenir rapidement chanter la sérénade sous mes fenêtres, pour le simple plaisir de vous répondre : « Tuez moi, je vous en supplie, mais la bouche fermée ! »
Rebecca jouait un peu avec le feu, ses petites manœuvres de séduction toujours à l’affût du moindre gentilhomme titré et fortuné reprenait parfois le dessus avec ses petites répliques insolentes mais tout à la fois charmantes. Le champagne de tout à l’heure, lui montait-il à la tête ?
" Mais assez parlé de moi, parlez-moi donc un peu de vous. Je connais de vous ce que m’a raconté monsieur de la Reynie, mais ce n’est pas ça qui m’intéresse. "
Et voilà ! Ferdinand d’Anglerays désirait en savoir plus, aussitôt elle baissa les yeux comme un enfant pris en faute et but une gorgée pour se donner une contenance.
" Vous avez piqué ma curiosité dès ma première rencontre, et veuillez me pardonner si je vous parais un peu cavalier mais je brûle de savoir quelle femme peut se cacher derrière un aussi joli cygne –et un aussi joli sourire. Vous n’êtes pas mariée, d’après ce que j’ai compris ? "
Rebecca dans tout le sang froid qui était le sien dès qu’il s’agissait de conserver ses secrets, manqua de s’étouffer à la dernière question de Ferdinand, sans n’en laisser presque rien paraître. Que dire ? Que faire ? Elle inspira profondément avant de répondre avec hésitation.
- Écoutez … Je ne suis pas vraiment celle que je laisse paraître .. je suis …
Non, elle se devait de ne rien dire ! Cela aurait été une grave erreur, elle ne connaissait presque rien de lui. Elle ne pouvait se laisser piéger par sa bonhomie, l’animal était rusé.
- Je suis écossaise et non française.
Voilà un aveu qu’elle pouvait faire sans trop se mettre en danger. Il fallait bien parfois céder la main pour épargner le bras. Elle avait dû continuer sur sa lancée, alors elle avait préféré dire une vérité plutôt qu'un énième mensonge pour en couvrir un autre.
- L’une de mes ancêtres était à la cour de Mary Stuart, c’est pour cela que je porte un nom bien français et non je ne suis pas mariée … Mais j’ai été mariée, mon mariage a été annulé par le Pape.
Soit, Rebecca brûlait clairement les étapes, mais la demande d’annulation était bel et bien en partance pour Rome. Quelle joie de pouvoir clamer même à un inconnu : « J’ai été mariée ». Ce participe passé lui donnait du courage pour affronter les quelques mois à venir où elle serait encore enchaînée à Morgan officiellement.
- Mon mari faisait de moi la risée de tous nos voisins en me faisant porter les cornes, figurez-vous. Oui je sais je parle comme une charretière, pardonnez-moi. Simplement, ces souvenirs me font enrager et si encore il n’y avait que cela que je pouvais reprocher à ce bellâtre !
Les épaules de Rebecca s’affaissèrent comme sous le poids de la résignation désespérée.
- J’ai bien peur que cette première expérience m’ait dégoûtée des hommes, telle vous me voyez là, je reste célibataire, rendez-vous compte à mon âge. Presque vingt-cinq ans, qui pourrais-je intéresser tandis que l’on choisit des pucelles de dix-sept ans en mariage ?
Puis la duchesse chassa du revers de la main ses mauvaises pensées.
- A votre tour à présent, qui se cache derrière ce perroquet loufoque, ce Fou du roi, ce badin de toutes les minutes ? Comment votre épouse et vos enfants arrivent-ils à vous supporter ?
Dans l’esprit de la belle brune qui avait lancé cette question encore une fois sur un ton badin, il ne faisait en effet aucun doute que Ferdinand possédait femme et famille.
Spoiler:
Oui je tends à mort des perches Mince en fait c'est super long en plus, sorry, je me suis laissée submerger par mon inspi.