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 Passé, présent : quand les deux se recoupent ...

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MessageSujet: Passé, présent : quand les deux se recoupent ...   Passé, présent : quand les deux se recoupent ... Icon_minitime24.09.12 11:06

Passé, présent : quand les deux se recoupent ... 14av1w0 Passé, présent : quand les deux se recoupent ... Mini_101226043837289911
« Le passé n'est jamais tout à fait le passé. »
Parfois on repense au passé et on se demande comment toute sa vie aurait pu être changée. La mienne aurait été radicalement différente : à la place d'être sur les planches, j'aurais été sur un de ses sièges, à m'émouvoir ou rire, à applaudir. Il m'arrive parfois de m'asseoir sur un de ses sièges et réfléchir. Si je n'avais pas fait ce que j'ai fait, je serais resté marquis, je me serais marié et je serais … serais-je heureux ? Après tout je ne suis pas l'homme le plus malheureux à être un comédien reconnu et apprécié. Mais j'aurais mené une vie plus classique, moins douloureuse. Si j'ai des nouvelles de ma sœur, j'en ai beaucoup moins de ceux qui m'ont entouré avant ma fuite. Que font mes amis ? Celle qui était ma fiancée, la jolie Maryse ? Comment se porte ma famille ? Autant de questions sans presque aucune réponse …

Les questions d'Arnaud étaient quotidiennes et si quelqu'un mettait la main sur ses écrits, il verrait bien la tourmente dans la tête du comédien. Mais pour éviter tout vol, Arnaud le cachait bien, au cas ou quelqu'un fouillerait dans sa chambre, comme le faisait souvent Jules Morin, cet avorton de comédien qu'il détesté et pourtant avec qui il devait jouer souvent sur scène, et aussi partager l'Hôtel de Bourgogne. Cela n'était pas toujours chose aisée, Arnaud l'évitait soigneusement pour ne pas créer de conflits, tout en se disant qu'il avait mieux à faire, comme gérer cette troupe qui n'était pas toujours la plus disciplinée qui soit. Arnaud aidait Racine car il en avait bien besoin, tous les comédiens donnaient du fil à retordre au dramaturge. L'ancien marquis était un garçon avec la tête sur les épaules, une valeur sûre et un peu le grand frère de tous ces comédiens. Du moins, il avait cette impression.

Mais aujourd'hui, cap sur Versailles pour une représentation d'Alexandre le grand demandée par le roi. Si jouer un des plus grands rois que la terre ait porté était un honneur, Arnaud avait hâte d'étendre son registre et pouvoir monter sur les planches pour interpréter Andromaque, même s'il savait que cela n'arriverait pas avant la guerre. On disait les hommes du roi prêts à partir, et déjà des futurs ennemis partaient pour la Lorraine. Autant dire que voir la nouvelle pièce de Racine était le dernier des soucis de Louis XIV ! Mais ce soir, le monarque voulait une tragédie, cela avait de quoi réjouir Racine qui ne pouvait pas voir Molière même en peinture, dont les comédies étaient souvent jouer les soirs de théâtre. C'était toujours une expédition de se rendre de l'Hôtel de Bourgogne jusqu'au château du Roi Soleil car il fallait être certain d'avoir emporté tous les costumes, accessoires, tout ce qui se rapportait à la pièce en somme. Sinon, il fallait jouer sur l'improvisation et le dramaturge était assez anxieux pour ne pas qu'on le contrarie avec une robe ou une dague manquante ! L'après midi fut consacrée aux répétitions, pour revoir le placement sur scène, être sûr que tout le monde connaissait son texte. Comme toujours, Arnaud se montrait soucieux de son propre personnage mais aussi des autres, les aidant à se placer et à remémorer quelques répliques manquantes. C'est que, à force de jouer la pièce, il connaissait presque tous les dialogues ! Et le soir venu, Arnaud devenait donc Alexandre …

« Tout cède autour de vous : c’est à vous de vous rendre ;
Votre coeur l’a promis, voudra-t-il s’en défendre ?
Et lui seul pourrait-il échapper aujourd’hui
À l’ardeur d’un vainqueur qui ne cherche que lui ? »


Ce soir, par soucis de faire tourner les acteurs, c'était Charlotte qui jouait sur scène. Et le jeu d'Arnaud était beaucoup plus intense. Le public aimait quand il jouait avec Iole, et ils avaient raison car c'était une très bonne actrice, mais lui avait beaucoup plus d'inspiration avec la jolie Charlotte. Pour la simple raison qu'il aimerait lui dire ces mots, les vers en moins. Mais le comédien ne voulait pas trop y penser, Charlotte n'avait pas l'air d'avoir des sentiments réciproques …

Enfin, la pièce s'acheva sur un triomphe comme toujours. Il était toujours agréable de plaire à ces nobles qui faisaient un peu la pluie et le beau temps sur l'art. La pièce allait sans doute rester une valeur sûre du dramaturge. Mais déjà il fallait repartir en coulisse, ôter ces costumes et repartir pour Paris, à moins que Racine ait envie de jouer les courtisans et retarder leur départ, ce qui n'était pas impossible. D'ailleurs, il avait des personnes avec lui, ils étaient en grande conversation. Mais Arnaud ne prit pas le temps de regarder davantage car son casque qu'il avait posé sur la table fut renversé par cet être abject de Jules Morin qui passa avec un sourire mauvais.

« Bravo, c'est très mature ! s'indigna Arnaud en ramassant l'accessoire. N'as tu que cela à faire ? »
« Non, je passe mon temps aussi à faire des découvertes ! Comme celle-ci. »


Toujours son air à la noix, il sortit un médaillon qu'Arnaud reconnaissait entre mille ! En effet, cela lui appartenait, c'était un des rares souvenirs qu'il avait emmené avec lui, ce médaillon contenant le portrait de son ancienne fiancée. Avant même que le comédien eut le temps de réagir, Jules s'en alla en courant loin de son ennemi de troupe. Mais il ne comptait pas s'en tirer pour autant, Arnaud ne lui courut pas après – il n'était pas stupide à courir comme un gosse devant les amis du dramaturge – mais usa d'une technique plus vile, en s'approchant doucement, caché derrière les tables et les meubles, avant de saisir Morin au col et le plaquer contre le mur. Sans dire un mot, il lui fouilla les poches sans ménagement.

« Où est-il ? Où est ce médaillon !? »
« Dans ma … il était dans ma poche ! Il a du tomber ! Bonne chance pour le retrouver. »


Lâchant cet avorton, Legrand tourna la tête et vit que la jeune femme avec Racine tenait quelque chose dans les mains. Voilà le médaillon ! Il ne prit pas la peine d'observer la jeune femme, ne cherchant qu'à récupérer son bien. Alors il s'approcha d'elle, l'homme qui semblait être son mari discutait avec Racine, le dramaturge ne verrait pas le mal à ce qu'Arnaud parle un instant avec la dame.

« Madame, je m'excuse de vous importuner mais, ce que vous tenez dans les mains est … à moi. »

Il eut un petit sourire désolé mais n'avait pas levé les yeux, il était assez impoli pour un homme de sa condition de regarder dans les yeux une noble. Mais s'il l'aurait fait, peut être aurait-il reconnu cette jeune fille peinte dans le médaillon …

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MessageSujet: Re: Passé, présent : quand les deux se recoupent ...   Passé, présent : quand les deux se recoupent ... Icon_minitime28.10.12 0:52

    Difficile de vivre quand on ne savait pas de quoi demain serait fait. L’incertitude régnait dans l’esprit de la princesse de Calenberg. Depuis que les rumeurs de guerre s’étaient intensifiées, elle sentait son départ proche. Mais elle n’avait aucune envie de partir. Versailles lui plaisait trop. Cette guerre lui faisait peur. Tout serait si imprévisible. Depuis quelques jours, Maryse déprimait. Matthias, qui était au courant de ses activités d’espionne, lui avait demandé de les abandonner. Maryse devait rompre son attachement au roi. Mais elle n’en avait aucune envie. Les hommes étaient en plein préparatifs pour la guerre. Matthias attendait qu’on lui demande de rejoindre les Lorrains. Ils devraient tous deux s’installer à Nancy. Cette ville, Maryse l’imaginait ennuyeuse. Que pourrait-elle y faire ?

    Néanmoins, la vie suivait son cour à Paris et à Versailles. Le couple Calenberg se montrait encore à la cour. Maryse parvenait à continuer ses activités d’espionne, dans la plus grande discrétion. Elle s’en voulait de mentir à son époux. Bien qu’elle n’eût pas de sentiment proprement amoureux pour lui, elle le respectait et l’appréciait. Les débuts avaient été difficiles. Mais Matthias s’était révélé être un mari doux, attentionné et compréhensif. La jeune femme aurait pu tomber sur bien pire. Cependant, parfois, elle se surprenait à penser à son ancien promis, le marquis d’Assérac. Elle avait passé tant de temps à l’imaginer, lorsqu’elle était au couvent à Bruges. Cela était du passé, désormais. Un passé révolu qu’il valait mieux oublier pour ne pas déprimer.

    Le temps de l’enfance était loin, ce temps où Maryse courait dans les couloirs du manoir familial, à l’abri des guerres et de la peste. Désormais, elle pouvait sortir, sentir le vent frais sur ses joues, mais elle était exposée à d’autres risques. Risques qui certes ne pouvaient pas la tuer, mais qui touchaient son cœur, bien plus qu’elle n’aurait osé le croire. Ses pensées s’envolaient un peu trop souvent vers un certain mousquetaire. Maryse, qui prônait la fidélité, qui méprisait les femmes infidèles, ressentait des sentiments pour un autre homme. Elle se confessait pour ce péché, s’en voulait, se détestait. Chaque prière prononcée l’était pour la pardonner. Lorsque Maryse regardait son époux, elle se sentait honteuse. Jamais elle n’avait cru ressentir de telles choses un jour. Tout lui paraissait si simple lorsqu’elle était une enfant. Elle épouserait son époux, le respecterait et lui obéirait. Mais aujourd’hui, elle manquait à tous ses engagements. La vie jouait parfois des tours incroyables. Et Maryse en faisait les frais.

    Ce jour là était un jour comme les autres. Maryse avait prévu d’aller à Versailles. Elle espérait en effet rencontrer le baron de Roberval. Depuis qu’elle s’était retrouvée dans sa cuisine (pur hasard qui s’était révélé être plutôt bénéfique) elle tentait d’en savoir plus sur lui. Elle avait acquis la certitude qu’il avait joué un rôle dans la fuite d’Haydée de Lopburi. Les domestiques du baron avaient en effet affirmé que la Siamoise avait logé dans l’hôtel particulier du corsaire. C’était un indice primordial pour la princesse. Elle espérait mettre la main sur Haydée avant de quitter Paris. Rendre service au roi avant de partir serait en quelque sorte un geste qui lui prouverait son attachement à la couronne française. La Siamoise restait néanmoins introuvable. Et le corsaire parlait très peu. Sa mine patibulaire faisait peur à la duchesse de Hanovre. Le peu de fois où elle avait pris son courage à deux mains pour adresser la parole au baron, celui-ci avait répondu à demi-mot. Elle avait par ailleurs peur d’attirer la curiosité de Roberval. Pourquoi une princesse s’intéresserait-elle de si près à la Siamoise ? Alors elle parlait par allusions, un sourire innocent aux lèvres. Qui aurait pu soupçonner Maryse d’être une espionne ?

    Alors qu’elle quittait sa chambre pour rejoindre le hall d’entrée, Matthias sortit de ses appartements et l’interpella. La jeune femme se tourna vers lui, anxieuse.
    « Oui ?

    -Puis-je savoir où vous vous rendez ? La question ne se voulait pas inquisitrice. Il sourit.

    -Je comptais rejoindre la Cour. Il y a-t-il un problème ?

    -Non aucun, au contraire ! Je voulais justement vous demander de m’accompagner à la Cour. Jean Racine y donne une représentation d’Alexandre le Grand, demandée par le roi. Mais puisque vous vous rendiez vous-même au palais, il n’y a aucun souci.

    -Je vous avoue que j’avais oublié cette représentation…répondit Maryse tout en essayant de garder un sourire poli. Il fallait avouer qu’elle n’avait aucune envie de voir cette représentation. La pièce l’ennuyait au plus haut point. Une pièce de Molière aurait pu amuser les nobles avant qu’il n’y ait la guerre. Mais Racine…

    -Je devine votre ennui, Maryse, dit Matthias d’un air amusé. Mais cette représentation pourra nous divertir. Qu’en pensez-vous ? D’ailleurs, pourquoi vouliez-vous aller au palais ?

    -Une tragédie, nous divertir ? Une pièce de Molière m’aurait parue plus appropriée pour l’occasion. Maryse était prise au piège. Elle ne pouvait pas avouer la vraie raison de sa visite à Versailles. Et comme elle n’y avait aucune obligation, elle devrait accompagner son époux. Elle retint un soupir sous l’œil amusé de Matthias. Il avait gagné. Je n’ai pas véritablement de raison de me rendre à la Cour. J’y allais pour…

    -Vous divertir, n’est-ce pas ? Et bien accompagnez-moi pour applaudir ce cher Jean ! Vous aurez tout le loisir après la pièce de discuter avec les autres courtisans. »

    Comme toujours, Matthias eut le dernier mot. Il s’amusait souvent de voir Maryse bouder ainsi. Loin de l’agacer, cette particularité rendait sa femme, à ses yeux, très attachante. Ils se rendirent, donc, à la Cour de Versailles. L’opéra royal était déjà rempli de courtisans. Une fois le roi installé, la représentation pouvait commencer. Maryse retenait avec difficulté ses soupirs. Bien qu’elle soit espionne pour le roi, elle ne pouvait se permettre de commettre un tel affront. Elle prit donc son mal en patience, attendant la fin. Les tragédies l’ennuyaient terriblement. Pourtant, elle devait reconnaitre que les comédiens avaient du talent. Ils avaient le mérite d’apporter de l’intérêt à la pièce.

    Enfin les derniers mots furent prononcés. Les applaudissements retentirent dans l’opéra. Le roi quitta l’opéra et Maryse s’apprêtait à faire de même lorsque Matthias la retint par le bras. Elle l’interrogea du regard. Il voulait se rendre dans les coulisses pour féliciter son ami. Maryse leva les yeux au ciel. Mais elle le suivit, agacée. La princesse ne voulait pas voir le dramaturge. Moins elle le voyait, mieux elle se portait. Surtout depuis leur petite mésaventure dans les rues de Paris. Elle salua d’un air poli son meilleur ennemi et alla même jusqu’à le féliciter. Les deux hommes se lancèrent dans une discussion inintéressante. Maryse faisait mine d’écouter et acquiesçait lorsqu’ils la regardaient. Ses pensées étaient tournées vers le baron de Roberval. Elle ne l’avait pas aperçu mais espérait pouvoir le rencontrer un peu plus tard.

    Soudain, elle vit passer un comédien qui courait d’un bout à l’autre des coulisses. Racine, qui avait sûrement aperçu le regard réprobateur de Maryse, lui lança : « Il ne faut pas s’inquiéter. Ils sont un peu fous après les représentations. Ils ont besoin de se libérer, j’imagine. » Tout à fait désinvolte et ne se préoccupant pas du comportement de ses comédiens, Racine prenait l’agitation qu’il y avait à la légère. Cela n’étonnait pas Maryse. Cet homme était tout à fait irresponsable. Mais alors qu’elle critiquait intérieurement le dramaturge, Maryse vit briller un objet à l’endroit même où le comédien était passé. Elle fit quelques pas puis le ramassa. C’était un médaillon. Pourquoi un comédien possédait-il un tel objet ? Curieuse, (ce défaut lui jouait bien des tours), Maryse l’ouvrit. La stupeur l’envahit lorsqu’elle vit le portrait qui se trouvait dans ce médaillon. Des yeux bleus candides. Une longue chevelure brune. C’était elle. La princesse se souvenait comme si c’était hier du jour où elle avait posé pour ce portrait. Il était destiné à son futur fiancé, Arnaud. Elle avait posé fièrement. Un sourire triste se dessina sur ses lèvres. Tant de souvenirs remontaient à la surface, sans crier gare. Mais Matthias la sortit de ses pensées en lui demandant si tout allait bien. Elle revint sur ses pas pour le rejoindre, sans oublier de refermer le médaillon.

    « J’ai trouvé ce médaillon par terre. Il me semble qu’il appartient au comédien qui est passé par là il y a quelques minutes. Puis-je savoir son nom ?

    -Oh ce devait être Jules, répondit Jean Racine, pas tout à fait sûr. Donnez-moi ce médaillon, je le lui rendrai. »

    Maryse allait donner l’objet à contrecœur, ne trouvant aucune excuse pour le garder, lorsqu’un jeune homme s’approcha d’eux. Maryse recula sa main pour garder le médaillon, et observa le comédien, qui ne levait pas les yeux vers elle.

    « Madame, je m'excuse de vous importuner mais, ce que vous tenez dans les mains est … à moi. »

    Maryse lança un coup d’œil vers Matthias et Jean. Ils l’observaient, surpris. « Oh mais vous êtes notre Alexandre ! Je serai ravie de discuter de votre rôle. Ces messieurs accepteront que nous nous éloignions d’eux pour ne pas interrompre leur discussion, n’est-ce pas ? » Tous deux surpris, ne comprenant pas le comportement de la jeune femme, ils acquiescèrent. Il ne fallait, de toute façon, pas chercher à comprendre.
    Ainsi Maryse s’éloigna avec le comédien, qui n’avait toujours pas levé les yeux vers elle.

    « Vous me sauvez d’une discussion qui était d’un grand ennui, lui dit-elle, tentant l’humour pour briser la gêne. Puis elle reprit, plus bas : Etes-vous sûr que ce médaillon vous appartienne ? Il lui fallut quelques secondes pour se rendre compte qu’elle semblait l’accuser de vol. Je ne veux pas dire que vous êtes un voleur mais…tout cela me semble si étrange…Ces mots étaient plus destinés à elle-même qu’à lui. Je ne comprends pas. Peut-être l’avez-vous juste trouvé quelque part. Maryse observait le médaillon tout en parlant. Puis elle observa le comédien. Vous pouvez me regarder, vous savez. Je ne m’en offusquerai pas, au contraire. Comment vous appelez-vous ? »

    En même temps, Maryse ouvrit le médaillon et observa à nouveau son portrait. Elle pensait que le passé était révolu. Elle pensait que plus rien ne l’attachait à ce passé. Son enfance était loin. Ses rêves d’alors étaient enfouis au plus profond de sa mémoire. Mais elle ne se doutait pas que les espoirs qu’elle avait fondés sur Arnaud allaient ressurgir…au moment le plus inattendu.



Dernière édition par Maryse d'Armentières le 19.01.13 19:09, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Passé, présent : quand les deux se recoupent ...   Passé, présent : quand les deux se recoupent ... Icon_minitime04.12.12 19:42

Quelle sale vermine putride, ce Jules ! Arnaud aimerait bien lui tordre le coup à celui-là qui ne cherchait de chercher des poux à son ennemi. Les deux garçons ne se supportaient pas, il n'y avait qu'à voir lorsqu'ils étaient face à face. L'avantage de cette haine est qu'elle pouvait servir dans les pièces de Racine, surtout dans la prochaine. En effet, dans Andromaque, Arnaud jouera Oreste et Jules Pyrrhus, cela donnera de la tension sur scène, ce qui n'était peut être pas si mal d'un aspect purement artistique. Mais le reste du temps, cela était une véritable plaie et Arnaud savait que son rival agissait par pure jalousie. Il faut dire que Jules, fils de comédiens, s'est fait voler la vedette par un garçon venu de nul part que Racine avait pris sous son aile et le mettre au premier plan, de faire de lui la vedette. Arnaud avait quand même travaillé dur pour en arriver à un tel niveau et le dramaturge passait toujours l'audition des premiers rôles, ce n'était pas sa faute si Jules se retrouvait souvent en méchant de l'histoire ! Après tout, il avait la tête de l'emploi, cet imbécile.

Et comment se battre contre un pleutre voleur, qui en plus égarait son larcin ? Décidément, l'honneur se perdait en ce bas monde. L'honneur, c'était tout ce qu'il lui restait, lui qui avait du laisser titre, famille, amis, même âme chrétienne derrière lui. Alors il s'accrochait à ses quelques valeurs et à des souvenirs, tout en ayant peur d'avancer. Il avait déjà peur de sortir de l'Hôtel de Bourgogne alors vivre tout court … Non, il vivait dans l'Hôtel et venait jouer pour le roi, c'était déjà très bien, le reste n'était que bagatelle et sans importance. Non, ce qu'il y avait d'important était de retrouver le médaillon volé puis perdu par ce crétin de Morin qui faisait le pitre en se moquant bien d'Arnaud qui avait les yeux rivés sur le sol à chercher son bien.

Pourquoi avait-il gardé un tel médaillon ? Ce mariage n'aurait jamais lieu, Maryse d'Armentières était mariée à un prince allemand et il ne fut jamais amoureux d'elle. Il l'avait trouvée jolie lorsqu'elle lui était apparue avec ses grands yeux bleus. Il avait dix ans à l'époque, il la trouvait jolie et gentille, c'était évident qu'elle ferait une femme bien. Et le jeune homme avait grandi avec cette promesse de mariage en guise de chemin, de ligne directrice, en parallèle avec son éducation de gentilhomme. Son destin était tout tracé : devenir marquis d'Assérac, reprendre le flambeau de son père, épouser Maryse et poursuivre la dynastie des Rieux-d'Assérac. Cela semblait simple et une vie presque de rêve pour Arnaud, qui s'en voulait toujours d'avoir tout foutu en l'air. Il avait sauvé sa petite sœur, pourquoi avoir fait ce duel ? Sans aucun doute à cause de cet honneur qu'il chérissait précieusement. Et à cause d'un stupide duel qu'il aurait pu éviter, toute sa vie avait volé en éclat et aujourd'hui, il se cachait sous un faux nom, était devenu comédien et n'avait plus de contact avec son passé. Et seulement quelques babioles comme ce médaillon lui rappelait son ancienne vie et il était hors de question de les perdre ou qu'elles soient entre de mauvaises mains. Les mains en question qui le tenaient étaient ceux d'une jeune femme noble mais avait pris l'habitude de ne jamais regarder les nobles dans les yeux, pour ne pas qu'on le dévisage. Il aurait mieux fait ce jour là et avait osé réclamer son bien sans savoir que cela allait lui coûter.

« Oh mais vous êtes notre Alexandre ! Je serai ravie de discuter de votre rôle. Ces messieurs accepteront que nous nous éloignions d’eux pour ne pas interrompre leur discussion, n’est-ce pas ?
Oh, vous me faites bien trop d'honneur mais … si vous le souhaitez. »

On disait rarement non à une personne hautement placée et lorsqu'il leva les yeux vers Racine, il y vit son approbation. Puis il n'y avait pas de mal à parler théâtre. Les personnes de la noblesse s'y connaissait grandement … à condition de parler théâtre bien évidemment !

« Vous me sauvez d’une discussion qui était d’un grand ennui.
Je n'imaginais pas monsieur Racine si ennuyeux. » répondit Arnaud, un peu gêné.

Mais la conversation prenait un tournant qui ne lui plaisait pas du tout …

« Etes-vous sûr que ce médaillon vous appartienne ? Je ne veux pas dire que vous êtes un voleur mais…tout cela me semble si étrange… Je ne comprends pas. Peut-être l’avez-vous juste trouvé quelque part.
Pensez vous que je ne puis avoir d'objets de valeur ? »

Il avait froncé les sourcils et retint un soupir exaspéré. Finalement, il aurait mieux fait de lui laisser le médaillon et puis de le récupérer d'une façon plus ou moins stupide en embauchant Lucas Lefebvre, l'autre comédien, pour récupérer son bien. Mais tout serait si vite dissipé s'il levait les yeux.

« Vous pouvez me regarder, vous savez. Je ne m’en offusquerai pas, au contraire. Comment vous appelez-vous ? »
Il fut surpris de telles paroles et commença par répondre. « Legrand, Arnaud Legrand, madame. »

Puis il leva les yeux pour enfin regarder la jeune femme. Il avait vu juste qu'elle était bien habillée et brune mais en la regardant enfin, cela le frappa comme une gifle. Elle ressemblait tant à Maryse, bien sûr avec les années qui ont passé. Ces yeux si bleus, cela en était troublant que cela était trop gros pour le comédien pour être réaliste. Et pourtant lorsqu'elle rouvrit le médaillon, il n'y avait aucun doute possible. Et à la façon dont elle observait ce portrait-miniature … Arnaud eut du mal à déglutir et tentait de sauver la face par un sourire.

« Elle vous ressemble … C'était stupide comme phrase et surtout cela le rendait encore plus à découvert. ne trouvez vous pas ? »

Et il insistait ! Quel imbécile ! Mais il était évident qu'il était découvert. Malgré son air candide, Maryse n'avait l'air d'une femme stupide et quand elle le regarda, ils s'étaient compris et reconnus. Il se sentait encore plus idiot d'avoir été découvert de la sorte et fit un sourire à la fois triste et gêné, baissant à nouveau les yeux sur le médaillon.

« Maryse … Il se trahissait davantage mais il n'y avait plus besoin de faire semblant. Je ne pensais pas vous revoir dans de telles circonstance. De vous revoir, tout court, à dire vrai … »

Il s'efforçait d'adopter une attitude normale pour que Racine et le mari de Maryse ne se doute de quelque chose mais il avait bien du mal. Alors qu'il avait fui son passé, n'en gardant que des souvenirs à chérir, voici que ce passé revenait en plein visage ! La vie n'était jamais comme on le souhaitait …

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MessageSujet: Re: Passé, présent : quand les deux se recoupent ...   Passé, présent : quand les deux se recoupent ... Icon_minitime19.01.13 19:24

    « Pensez vous que je ne puis avoir d'objets de valeur ?

    -Non, ce n’est ce pas ce que je voulais dire, je suis désolée, pardonnez-moi. »

    Maryse regretta d’avoir ainsi dévoilé son étonnement. Elle avait en effet senti l’agacement du jeune homme et s’en voulut. Il devait prendre cela pour de la suspicion et du mépris. Mais elle se demandait juste comment le comédien avait pu obtenir ce médaillon. Alors qu’elle observait le portrait du médaillon –son portrait- les souvenirs resurgissaient dans son esprit.

    « Legrand, Arnaud Legrand, madame. »

    Ce prénom…Maryse le connaissait si bien, ce prénom. Elle se l’était répété un milliard de fois lorsqu’elle pensait à son prince charmant. Mais le nom, elle ne le connaissait pas… Maryse connaissait vaguement l’histoire de son ancien fiancé : il avait tué un prêtre et s’était enfui. Depuis, elle n’avait plus jamais entendu parler de lui. Elle se demandait parfois ce qu’il était devenu. Et là, à ce moment, lorsqu’elle entendit le prénom du comédien, une idée folle naquit dans son esprit : et si c’était lui ? Elle l’espérait et en était effrayée à la fois. Elle se disait aussi qu’elle était folle. Son ex-fiancé face à elle, c’était impossible. Il devait être à l’autre bout du pays, peut-être même du monde. Il était impossible qu’il vive à Paris…encore moins qu’il soit dans la troupe de Jean Racine !

    « Elle vous ressemble …ne trouvez vous pas ? »

    Maryse sortit de ses pensées. Ce ne pouvait être lui, il ne lui aurait pas dit cela sinon. Elle ressentit de la déception. Sans vraiment se l’avouer, elle aurait espéré que ce soit lui. Elle devait se rendre à l’évidence. Il n’était qu’un simple comédien. Déçue, elle n’avait toujours pas levé les yeux vers lui.

    - « Elle me semble si proche, comme si elle était toujours là ». Maryse parlait plus à elle-même qu’à Arnaud. Etait-elle toujours cette enfant, avait-elle gardé l’insouciance et l’innocence qui rendaient la vie si simple à supporter ? Elle avait changé, elle le savait. Soudain, elle sentit comme un vide : son cœur d’enfant lui manquait.

    « Maryse …Je ne pensais pas vous revoir dans de telles circonstance. De vous revoir, tout court, à dire vrai … »

    Leurs regards se croisèrent. Ce fut un choc pour la princesse d’Empire. Elle put, fort heureusement, retenir un cri de stupéfaction. Un rapide coup d’œil vers Matthias et Jean la rassura : ils étaient lancés à bâtons rompus dans une discussion qui paraissait…passionnante. Elle crut reconnaitre dans les yeux du jeune homme ceux de l’enfant qu’elle n’avait vu qu’une fois dans sa vie. Ce regard était resté gravé dans sa mémoire, elle croyait qu’un jour, ce regard serait celui d’un mari. Alors qu’elle pensait ne jamais le revoir, il était là, maintenant, face à elle, au moment le plus inattendu. L’enfant était devenu un beau jeune homme. Ne pouvant soutenir plus longtemps son regard, et parce qu’elle sentait qu’il la dévisageait, lui aussi, elle se plongea de nouveau dans la contemplation du portrait. Avec Arnaud, c’était son passé qui refaisait surface. C’étaient les Flandres, le château familial, ses parents qu’elle ne voyait plus et qui vieillissaient en se félicitant du statut de leur fille. C’était aussi les guerres à répétition, l’enfermement pour rester en sécurité. Mais c’était aussi et surtout les bons souvenirs, l’amour de parents qui souhaitaient réellement son bonheur et qui avaient su lui choisir, peut-être sans s’en rendre compte, un mari respectueux.

    Entendre son prénom prononcé par son ancien fiancé lui fit un effet étrange. Il se souvenait de son prénom. Cela lui fit au chaud cœur, bien plus qu’elle ne pourrait l’avouer. Elle n’avait ressenti pour lui qu’un amour d’enfant. Elle pensait, autrefois, l’aimer sincèrement. Mais elle s’était rendu compte, en épousant Matthias, que c’était surtout l’image du prince charmant qu’elle avait chéri durant de longues années. C’était l’image du chevalier servant qu’elle avait entretenue en lisant, malgré les interdictions des sœurs au couvent, des histoires d’amour courtois. Elle pensait Arnaud parfait, l’imaginait tendre et sincère, amoureux lui aussi… Lorsque ses parents lui avaient appris que les fiançailles étaient rompues, Maryse en avait voulu à Arnaud. Pourquoi avait-il failli à son devoir en tuant un prêtre ? Le meurtre en soi était déjà un crime impardonnable. Mais un prêtre ! L’éducation religieuse de Maryse, ses années au couvent, l’avaient rendue bien plus vertueuse qu’elle ne l’était déjà. Elle ne comprenait pas qu’un homme puisse donner la mort à un prêtre. Mais elle en voulait aussi au jeune homme pour avoir brisé ses rêves de félicité. L’avenir de la jeune femme était remis en question. Qui donc épouserait-elle ? Pour elle, nul n’était plus parfait qu’Arnaud.
    Maryse regarda Matthias, puis Arnaud. Elle regardait vers le présent et l’avenir, puis vers le passé. Qu’aurait été sa vie si elle avait épousé Arnaud ? Cette question, elle se l’était posée un milliard de fois.

    « Je comprends votre étonnement. Je ne m’attendais pas, moi non plus, à vous revoir, qui plus est dans une troupe de comédiens. »

    Les questions se bousculaient dans son esprit. Depuis quand était-il ici ? Que lui était-il arrivé durant son périple le menant à Paris ? Avait-il des nouvelles de sa famille ? Que comptait-il faire ? Allait-il rester dans la troupe de Jean Racine ? Des questions qu’elle n’oserait sûrement pas poser. Ils n’avaient jamais été amis. Ils n’avaient jamais été proches. Ils étaient juste des fiancés. On leur avait imposé ces fiançailles, ce n’était pas un choix. Peut-être Arnaud n’avait-il eu que faire de Maryse. Peut-être avait-il aimé quelqu’un d’autre. La jeune femme se disait qu’elle n’avait pas le droit de lui poser ces questions. Elle n’avait plus aucun rôle à jouer dans la vie du comédien.

    « La vie peut être étrange parfois, n’est-ce pas ? Elle réunit aujourd’hui les deux hommes qui auront le plus compté dans ma vie. » Elle sourit à Arnaud. Elle ne savait pas quoi lui dire. Ils auraient pu partager leur vie, et pourtant aujourd’hui, ils étaient comme des inconnus. Soudain, elle se demanda si Racine était au courant du lien qui l’unissait, ou plutôt qui aurait du l’unir, à Arnaud.

    « Dîtes-moi, Jean est-il au courant pour…nos fiançailles ? » demanda-t-elle, presque en chuchotant. Maryse aurait aimé qu’il ne sache rien car il pourrait très bien tout raconter à Matthias. C’était même une certitude. Or, Maryse voulait garder ce passé secret. Ce n’est pas qu’elle en avait honte, non, bien au contraire. Elle chérissait tant ce passé qu’elle ne voulait pas en parler avec d’autres personnes.

    « Je vous avoue que je ne sais que vous dire. Cette situation est si incroyable que les mots me manquent. »

    C’était surtout incroyable de se dire que leurs vies s’étaient séparées pour prendre des chemins radicalement différents. C’était incroyable de se dire qu’aujourd’hui, ces chemins se rejoignaient. Qu’en serait-il de la suite ? Seraient-ils amenés à se revoir ? Maryse ne savait pas si elle l’espérait ou si, au contraire, elle préférerait ne plus le revoir. Le retrouver dans la troupe de Racine était une ironie du sort. Ou peut-être était-ce mieux pour eux, car elle évitait d’aller voir son meilleur ennemi. Peut-être qu’éviter à l’avenir de voir Arnaud serait plus raisonnable.

    Elle avait eu tellement de choses à lui dire, dans le passé. Mais aujourd’hui, elle n’avait que le silence. C’était un silence empli des souvenirs du passé, un silence empli de « et si » avec lesquels les deux anciens fiancés auraient pu refaire leur vie.

    « Le théâtre vous plait-il ? » Elle s’intéressait sincèrement à lui, et ne posait pas la question par pure politesse. La vie d’Arnaud l’intriguait. Maryse aimait l’aventure, mais elle était certaine que le comédien aurait bien des leçons à lui donner dans ce domaine.

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