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 Un artiste Deux espions ... A trois, bonjour les dégats ! [Luigi/Lully]

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MessageSujet: Un artiste Deux espions ... A trois, bonjour les dégats ! [Luigi/Lully]   Un artiste Deux espions ... A trois, bonjour les dégats ! [Luigi/Lully] Icon_minitime08.05.12 13:03

En petite tenue dans sa chambre, Alaina profitait du calme de sa chambre avant la soirée. Assise devant sa coiffeuse, elle brossait sa chevelure, moins pas nécessité que par plaisir. Ce geste la ramenait immanquablement plusieurs années en arrière, quand elle posait la tête sur les genoux de sa gouvernante et que celle-ci passait de longues minutes à démêler ses boucles. Elle aimait gouter ces instants paisibles avant chaque réception où elle était conviée, un instant où elle pouvait être Alaina, avant de revêtir la peau d’Aline ou d’une autre. Elle en avait d’autant plus besoin que ce soir, elle ne se rendait pas chez Monsieur et Madame Sardini par pur divertissement. Elle se rendait là bas afin de surveiller ce couple, dont la fortune colossale éveillait légèrement les soupçons. Elle était chargée de sonder les hôtes, ainsi que leurs invités, en compagnie de son complice Luigi di Paliano. Elle ne l’avait pas revu depuis leur folle soirée chez les Leterrier et surtout leur énième dispute dans le carrosse. Malgré tout ce qu’ils avaient pu se dire ce
soir là, elle devait bien avouer qu’elle avait plaisir à le retrouver. Elle
savait qu’ensemble, ils formaient un tandem qui fonctionnait bien, qui se comprenait d’un regard et qui savait aussi de quelle manière se faire sortir de se gonds.

L’horloge sonna sept heures, la tirant de sa rêverie. Elle se leva, alors que sa camériste, très ponctuelle, entra les bras chargés de vêtements.

-Avez-vous choisis ce que vous allez mettre ce soir ? demanda-t-elle en étalant plusieurs robes sur le lit.

Alaina fit la moue, se mettant dans la peau de son personnage de ce soir : femme d’un richissime marchand d’art italien. Il ne fallait donc rien de trop simple, elle écarta ses tenues de jeunes filles en
fleurs, blanches ou pastelles. Son regard se porta sur une robe d’un bleu profond, ornée de dentelle et rebrodée d’argent.

-Celle-la sera parfaite, sourit-elle en la désignant à Jeanne.

Si celle-ci n’avait pas suivis le cheminement des pensées de sa maitresse, elle se doutait bien que toutes ces sorties avaient un but bien précis. Sans un mot, elle aida la jeune irlandaise à revêtir sa robe, puis entrepris de la coiffer, en relevant se cheveux en un charmant chignon à la mode auquel elle mêlait quelques pierreries. Elle n’avait pas tout à fait finis, lorsque le prince de Colona se fit annoncer. La jeune femme se dépêcha pour accrocher quelques bijoux et enfiler une paire de bottine. Malgré son retard, et les remarques que cela allait engendrer chez son ami italien, elle prit un instant pour se regarder dans le miroir, qui lui renvoya l’image d’une Alaina différente mais qui aurait pu être son quotidien, si sa vie avait pris d’autres chemins.

Jeanne lui posa un épais manteau de fourrure sur les épaules et elle descendit les escaliers.

-Bonsoir, dit-elle en rejoignant l‘italien dans le salon. Pardonnez-moi pour mon retard, mais ressembler à une riche épouse de marchand de tableaux prend plus de temps que se transformer en bourgeoise, s’excusa-t-elle doucement.

Elle regarda son compagnon qui, lui aussi, avait troqué ses habits de bourgeois contre d’autres, plus richement agrémentés.

-Voilà une tenue qui sied plus au prince que vous êtes ! En tout cas, ils vous vont très bien, le complimenta-t-elle avec un sourire. Je vais devoir vous surveillez, si je ne veux pas qu’on vous vole à moi, ajouta-t-elle d’un petit air mutin, le plaisantant.

La sensation qu’elle éprouvait à son contact était relativement indéfinissable. Un mélange de complicité et de retenu, mêlé à une taquinerie constante et qui se tintait régulièrement d’agacement. Néanmoins, pour l’heure, leur relation était encore au beau fixe lorsqu’il lui offrit son bras pour la mener jusqu’au carrosse qui devait les mener à la soirée.

-Nous allons devoir être très prudent ce soir, l’informa-t-elle alors qu’ils faisaient route, ces banquiers sont méfiant à propos des personnes qu’ils laissent entrer chez eux. Nous devons notre invitation de ce soir à votre soi-disante réputation de marchand d’art. Monsieur Sardini est un collectionneur et en particulier d’art italien. Mais je vous fais confiance pour donner le change sur ce sujet, dit-elle en lui jetant un regard complice.

-Le but est de sonder les personnes présentes afin de voir si parmi les riches clients de ce banquier ne se cache pas des conspirateurs ou des forces étrangères.

La voiture ralentis pour se stopper devant une vaste et belle demeure. Luigi descendit et offrit galamment sa main pour l’aider à sortir. Main dans la main dans la cour, alors que d’autres invités arrivaient, elle lui glissa :

-Prêt à m’épouser encore une fois, très chère époux ?

Puis fronçant son nez en une petite moue qu’elle savait tout à fait irrésistible, elle entraîna son complice vers l’entrée du château, où brillait déjà les lueurs d’une fête qui s’annonçait fastueuse.

-Monsieur et Madame Gagliano, annonça le valet à leur entrée.

L’intérieur était aussi splendide que le laissait penser l’extérieur. La pièce de réception possédait deux imposantes cheminées se faisant face où ronflaient deux brasiers, diffusant une chaleur bienfaitrice.
Plusieurs lustres, où tintaient des pampilles de cristal projetaient une lumière depuis le plafond, d’imposante hauteur et orné de fresques. Tout autour de la pièce de hautes fenêtres s’ouvraient sur un jardin illuminé de torches. Les tables, dressées de nappes blanches regorgeaient des mets les plus délicats et des vins les plus fins. L’assistance elle-même transpirait l’argent.

Comme a son habitude, lorsqu’elle souhaitait s’adresser à Luigi en toute discrétion, elle se transformait en épouse attentive. C’est ainsi qu’elle se plaça devant lui et fit mine d’épousseter son habit tout en lui glissant.

-Quand je pense à certaines de mes connaissances tout à fait
noble, qui peine à entretenir leur demeure et que je vois cette bourgeoisie si riche, cela me fait froid dans le dos,
remarqua-t-elle consternée.

Rassurant, Colonna passa une main dans son dos et ensemble ils se mêlèrent à la foule.
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MessageSujet: Re: Un artiste Deux espions ... A trois, bonjour les dégats ! [Luigi/Lully]   Un artiste Deux espions ... A trois, bonjour les dégats ! [Luigi/Lully] Icon_minitime14.05.12 21:14

Un billet porté par l’une des nombreuses grandes familles italiennes avait été porté au florentin, l’informant qu’un couple de banquiers donnait une réception et y avait invité tous les latins habitant Versailles.
En tant que Surintendant et Compositeur de la Cour, Lully avait des obligations et décliner une telle invitation aurait été d’une impolitesse pure et simple. Même si l’idée d’être radié de toutes les listes des personnes à recevoir était alléchante pour le musicien… Seulement ce soir, Luigi n’était pas là et il n’y avait pas de représentation à donner ou de morceaux à composer donc au lieu de tourner dans son manoir, pourquoi ne pas se mêler à toutes ces langues bien pendues ?

Comme à son habitude, il se prépara presque au dernier moment, rechignant comme un garçon capricieux. Mais André savait y faire depuis le temps qu’il servait Lully et avec des mots bien choisis, il réussit à convaincre son maître d’enfiler une de ses plus riches et plus élégantes tenues.
Vêtu d’un costume bleu marine et argent, Lully coiffa son chapeau, lissa la plume qu’il avait glissé dans le ruban et monta dans son carrosse.
Pendant tout le voyage, ses vêtements semblaient lui peser sur ses épaules. Dieu qu’il avait en horreur ces mondanités ! Il ne comprendrait jamais Luigi. Comment pouvait-il raffoler de ces sornettes ? Arrivé devant la demeure de ses hôtes, il sortit de l’habitacle, attendit qu’on l’annonce.

« - Monsieur Lully ! »

L’artiste pénétra dans la riche et un peu trop fastueuse maison de ces chers banquiers.
Bien sûr, il avait pris soin d’arriver en dernier. Toute la cour savait que l’italien avait une véritable allergie pour les réceptions malgré sa charge et son titre et qu’il allait à reculons aux rares dont il acceptait l’invitation, alors pourquoi prendre la peine de faire comme les autres ? Autant annoncer la couleur dès le départ.
Etiquette oblige, il se dirigea directement vers ses hôtes et salua tour à tour les époux, prenant soin de complimente Madame sur la décoration de la maison et Monsieur sur la beauté de sa chère et tendre, qui entre nous ressemblait plus à une contrebasse qu’à un violon.

« - Signora, vôtre demeure est à la hauteur de la réputation que Versailles lui fait... tout autant que vôtre époux ne tarit pas d'éloges à l'égard de vôtre... délicatesse. », murmura Lully d'une voix calme tout en baisant la main de la maîtresse de main. Dès qu'il pourrait, il irait se laver les mains et la bouche. L'hypocrisie n'était pas indiquée pour sa santé.
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Luigi Colonna


Luigi Colonna

« s i . v e r s a i l l e s »
Côté Coeur: Tant qu'il bat encore, il battra fort pour son italien, le seul.
Côté Lit: Un certain florentin le partage la plupart du temps. D'autres aussi, moins souvent ...
Discours royal:



    CASSE-COU
    1000 vies,
    un corps


Âge : 27 ans
Titre : Prince di Paliano (de la Palissade), membre de la famille Colonna
Missives : 602
Date d'inscription : 18/09/2011


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MessageSujet: Re: Un artiste Deux espions ... A trois, bonjour les dégats ! [Luigi/Lully]   Un artiste Deux espions ... A trois, bonjour les dégats ! [Luigi/Lully] Icon_minitime15.05.12 16:27

Dans les appartements princiers, les quelques valets s'agitaient pendant que le propriétaire des lieux se préparaient pour la soirée. Tout en boutonnant sa chemise blanche sur son corps frêle, Luigi fredonnait un petit air avec un petit sourire sur les lèvres, comme s'il s'agissait d'un geste machinal que de jouer un petit air de ballet.

« Que fredonnez vous, principe ? » demanda son fidèle Adamo.
« J'ai en tête le ballet des arts, le passage de la Navigation avec les pirates, j'ai toujours apprécié ce passage. Allons, je dois me dépêcher même si je suis prêt à parier que mademoiselle d'Argouges n'est pas prête, comme à son habitude. »

Ce soir, il assistait à une réception chez les Sardini, des richissimes banquiers, devenus fortunés bien trop rapidement pour que cela éveille les soupçons, il fallait donc que les espions s'y collent. Et qui se mieux pouvaient jouer au couple que Luigi et Aline ? Le romain espérait cette fois qu'il ne se ferait pas tripoter par une vieille rombière qui l'aurait violé s'il ne l'avait pas assommée ! Enfin, ceux-ci seraient plus civilisés, ils en avaient l'air. Et comme apparaître comme un prince romain n'était guère possible, il devait revêtir une nouvelle identité, celle d'un riche marchand d'art italien. Voilà qui lui seyait à merveille, Luigi a toujours adoré l'art et connaissait celui de son pays sur le bout des doigts. Il finit de revêtir une veste bleu-gris, en parfait accord avec ses yeux, avec des boutons de nacre et de la fine dentelle sur les manches. Pour ne pas avoir totalement un teint blafard, il s'autorisait un léger fard rosé sur les joues, passa sa main dans les cheveux et quitta ses appartements en enfilant un long et chaud manteau. pour rejoindre l'hôtel de son acolyte, qui jouerait sa femme encore une fois ce soir. Comme toujours, lorsqu'il se fit annoncer, il devient constater qu'il avait bien raison et qu'Aline n'était pas encore prête. Levant les yeux au ciel, le romain devait pourtant en avoir l'habitude, puis jeta un coup d’œil à sa montre qu'il sortit de sa poche intérieur, magnifique petit objet d'art et d’orfèvrerie, pour constater que lui était toujours la ponctualité même ! Pourtant, il ne pouvait s'empêcher de sourire en la voyant arriver.

« Bonsoir. Pardonnez-moi pour mon retard, mais ressembler à une riche épouse de marchand de tableaux prend plus de temps que se transformer en bourgeoise. »
« Bonsoir mademoiselle. Vous êtes resplendissante ce soir ! Je suis un cavalier bien chanceux. »
répondit-il avait le sourire.
« Voilà une tenue qui sied plus au prince que vous êtes ! En tout cas, ils vous vont très bien. Je vais devoir vous surveillez, si je ne veux pas qu’on vous vole à moi. »

Il se mit à rire avant de répondre à son tour :
« Tant que madame Leterrier n'est pas dans les parages, vous n'avez rien à craindre ! »

Il lui présenta son bras et tous les deux se rendirent au carrosse qui allait les conduire à la soirée qui les attendait. Ce soir, encore une mission de surveillance où il fallait tenter de savoir si ces banquiers étaient louches, ou avaient des clients louches. Une petite mission de routine en somme, où ils allaient pouvoir jouer les grands mondains sous d'autres identités. Luigi écoutait sa collègue, hochant de la tête positivement. Pas grand chose d'inhabituel, même si la petite paranoïa des Sardini n'avaient pas manqué de les rendre suspects. L'avantage de ce soir était que personne ne les connaissait, peu de nobles se mêlaient à la bourgeoisie, même la très riche. La demeure des Sardini était leur destination et quand leur carrosse s'arrêta, le romain descendit le premier pour aider la demoiselle à descendre à son tour.

« Prêt à m’épouser encore une fois, très chère époux ? »
« Pour le meilleur comme pour le pire ! »


L'un à côté de l'autre, ils pénétrèrent dans la demeure qui avait des allures de château. Il y avait du monde, du beau monde à en croire tous ces beaux habits et les multiples bijoux. La décoration était superbe, un peu chargée mais tel était la mode de l'époque, surtout tout était choisi avec goût et bien harmonieux, de quoi attirer même l'admiration d'un Colonna pendant qu'Aline s'approchait pour lui parler de façon confidentielle.

« Quand je pense à certaines de mes connaissances tout à fait noble, qui peine à entretenir leur demeure et que je vois cette bourgeoisie si riche, cela me fait froid dans le dos. »
« Vous n'avez pas vu l'état de certains palais romain, en ruines … Cela me dégoute mais nous devons sourire.
Il passa la main dans le dos de celle qui était son épouse de la soirée et fit un large sourire quand madame Sardini arriva devant eux. Madame, quel plaisir ! C'est un honneur pour nous de nous rendre dans votre somptueuse demeure. » Le ton était poli, teinté d'un peu d'hypocrisie mais Luigi ne manqua pas de faire le baise-main à la banquière qui était tout en sourire et en diamant.

« Me voici ravie de vous avoir parmi nous. Madame Gagliano, nous n'avons jamais terminé notre conversation à propos de cette affreuse dame qui était venue à notre fête. Quant à vous monsieur, mon mari a à vous parler. Vous savez, lui et ses tableaux. »

Luigi laissa donc les deux femmes ensemble et chercha l'époux Sardini, non sans saluer quelques personnes, mentant sans sourciller. Seule la vision d'un Lully passant sous ses yeux le fit pâlir. Mais que venait-il faire ici ? Luigi eut un réflexe de repli et se mit le plus loin possible de son amant. La soirée continua, Luigi parla avec Sardini d'art quand les deux dames revinrent et les banquiers s'éclipsèrent un instant. Le romain se pencha vers Aline.

« Il y a des valets à toutes les portes, il sera impossible de se glisser dans leurs appartements, nous allons devoir nous contenter d'avoir les yeux et les oreilles partout … Et de quoi parliez vous avec madame Sardini ? » demanda Luigi, curieux.

Puis les Sardini revinrent à la charge :
« Nous devons absolument vous présenter quelqu'un, venez mes chers. »

Luigi lança un regard interrogateur à la jeune femme à son bras, se demandant bien à qui ils allaient être présentés. Et quand il vit se profiler la silhouette de Lully, le romain dut user de toutes ses forces pour continuer de sourire.

« Monsieur Gagliano, vous qui adorez l'art, je pense que vous aimez la musique. »
« En effet. Mais monsieur Lully et moi, nous nous connaissons … bien. »
lâcha t'il, toujours poli.

Puis pris dans leurs invités, les Sardini les laissèrent une nouvelle fois, sûrement ravis d'avoir trouvé une connaissance à acariâtre compositeur qui n'aimait pas les mondanités. Luigi était vraiment mal à l'aise et pourtant, il dut bien continuer la conversation.

« Je ne pensais pas que vous sortiriez ce soir, ce n'est pas votre genre. puis il sentit qu'Aline tirait légèrement sur sa manche, sûrement pour être présentée. Je suis mal élevé, je vous présente Aline, qui est … Il suspendit ses mots. Il ne pouvait pas dire sa femme, Lully savait que Luigi n'était pas marié et se reprit d'un coup.Ma fiancée ! »

Et malgré un petit sourire maladroit, Colonna savait que ces deux mots allaient être le déclencheur d'un désastre …
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MessageSujet: Re: Un artiste Deux espions ... A trois, bonjour les dégats ! [Luigi/Lully]   Un artiste Deux espions ... A trois, bonjour les dégats ! [Luigi/Lully] Icon_minitime20.05.12 16:35

Après un rapide coup d’œil à Luigi, Alaina suivit la maitresse des lieux qui lui remit une coupe de champagne. Cette dernière était la fille d’un savetier de Paris et pouvait à présent se targuer d’avoir considérablement amélioré sa situation. Sa robe pourpre provenait certainement du même fournisseur que la Reine et les deux gouttes de diamants qui pendaient à ses oreilles devaient valoir une petite fortune. Madame Sardini avait eu la chance de naître très belle et le talent de savoir l’exploiter, mais à son âge l’heure où la beauté des femmes, commençait à se faner imperceptiblement elle pouvait toujours compter sur l’argent pour être admirer.
-Vous souvenez vous de cette effroyable sorcière, qui était présente lors de notre dernier bal. ?
-Oh oui, je m’en souviens très bien. Nous avons été reçus par elle et son mari récemment. C’est un couple vraiment …bizarre ! ajouta Alaina, sans avouer qu’ils étaient carrément pervers.
-Et bien figurez vous qu’elle a provoqué un véritable scandale, peu de temps après votre départ. Elle s’est pratiquement jetée à la figure d’un de mes valets. Vous imaginez ?
Alaina éclata de rire, elle ne pouvait le dire mais pensa très fort « moi non, mais Luigi … »
-Enfin, j’évite de trop les froisser, ce Leterrier a le don de dénicher des étoffes d’une qualité rare, mais nos invitations vont se faire très rares à leur encontre.
Madame Sardini enchaîna sur d’autres potins, concernant des personnages qu’Alaina n’avait jamais vus. Il était intéressant de noter que noble ou pas, les ragots couraient toujours aussi vite ! Néanmoins, elle écoutait d’une oreille distraite toute en observant la foule, cherchant un visage familier. C’est alors qu’une silhouette entra dans son champ de vision.
- Excusez-moi de vous interrompre mais ne serait-ce pas le compositeur Lully que je vois là bas ?
Son interlocutrice afficha un petit sourire satisfait.
-Mais tout à fait, c’est une des connaissances de mon mari. On dit qu’il sort très peu, mais il faut croire que nous avons suffisamment d’influence.
Alaina ne releva pas la suffisance de ces propos, tant elle était enthousiasmée par la présence de l’artiste, dont elle était une fervente admiratrice. Elle se souvint avec émotion de son émerveillement lorsque le Marquis l’avait emmené à Fontainebleau voir le ballet des saisons. Installée en bordure d’étang, au crépuscule, la scène éclairée par des torches, le spectacle avait été grandiose, les costumes éblouissant et la musique … ah la musique. Alaina en avait des frissons rien que d’y repenser. Etre en présence de ce compositeur de génie était une chance inespérée. Ne sachant pas si celle-ci pourrait se représenter un jour, elle oublia sa couverture et demanda à sa voisine :
-Vous croyez qu’il vous serait possible de nous présenter ?
-Je vais demander à mon mari, mais il ne devrait pas y voir d’inconvénient, répondit-elle en faisant déjà un pas en direction de son époux. Alaina posa une main sur son bras pour la retenir.
-En revanche, si cela pouvait rester entre nous … Mon mari n’aime guère que je fasse ce genre de requête, vous savez la fierté italienne, se justifia-t-elle en souriant.
Son interlocutrice compris apparemment à quoi elle faisait allusion puisqu’elle leva les yeux au ciel avec un sourire entendu.
-Venez !
Tout en bavassant de choses et d’autres, elles revinrent vers leurs moitiés légitimes. Leurs hôtes s’éclipsèrent en prétextant leurs devoirs de maîtres des lieux, non sans que Madame Gagliano adresse un sourire de connivence à la jeune femme. A l’instar de sa collègue quelques instants plus tôt, Luigi imita le parfait époux attentionné en se penchant vers sa compagne. Sauf qu’il était loin de lui dire des galanteries.
- Il y a des valets à toutes les portes, il sera impossible de se glisser dans leurs appartements, nous allons devoir nous contenter d'avoir les yeux et les oreilles partout … Et de quoi parliez vous avec madame Sardini ?
Alaina affecta un air tout à fait dégagée et innocent, qui aurait du mettre la puce à l’oreille de son compagnon tant il était plus vrai que nature.
-Oh des potins surtout, c’est fou comme les gens aiment parler des autres, peu importe leur condition sociale. Vous ne serez pas surpris d’apprendre que les Leterriers ont fait des leurs ici aussi. Il fournit la Sardini en tissu apparemment et sa femme aurait tenté de croquer un valet. Le pauvre, il n’a pas du avoir le temps de l’assommer lui !
-Nous devons absolument vous présenter quelqu'un, venez mes chers.
Elle se retourna vers Monsieur Sardini, qu’elle n’avait pas vu revenir. Luigi l’interrogea du regard, mais elle feint de ne pas savoir de quoi il retournait. La règle d’or de l’espion était de ne jamais mélanger sa couverture à sa vie réelle. Elle savait pertinemment que si elle avait suggérer à Luigi d’aller se présenter au compositeur, il aurait refusé. Mais mis devant le fait accomplis, il ne pouvait rien dire. Et puis, elle se doutait qu’il serait ravi au fond de rencontrer le compositeur, en amateur d’art qu’il était.
Les deux couples s’approchèrent de l’homme.
Monsieur Gagliano, vous qui adorez l'art, je pense que vous aimez la musique. s’exclama Sardini.
Alaina était toute excitée et brulait de poser mille questions.
- En effet. Mais monsieur Lully et moi, nous nous connaissons … bien. rétorqua Paliano, avec un air crispé qu’elle ne lui avait jamais vu.
Etonnée, elle tourna la tête vers lui, interrogative. Luigi connaissait Lully ! Et il ne le lui avait jamais dit. Cela méritait une petite discussion se dit-elle. Les Sardini s’étant une nouvelle fois éclipsés, elle attendit que Luigi la présente.
-Je ne pensais pas que vous sortiriez ce soir, ce n'est pas votre genre, enchaîna l’italien sur le ton de la conversation.
Alaina elle trépignait. Non seulement il n’avait pas cru bon de la présenter à Lully dans ses circonstances « civiles » mais en plus il faisait la conversation sans même la présenter sous sa couverture. Conversation dont le ton était étonnamment personnelle. Décidément, la situation présente se révélait pleine de surprises. Peu décidé à lâcher le morceau, Alaina joua les enfants gâtées et tira discrètement sur la manche de son compagnon. Celui-ci fini par comprendre.
-Je suis mal élevé, je vous présente Aline, qui est … ma fiancée.
Cette fois ci, elle ne put s’empêcher d’écarquiller les yeux et de tourner la tête vers lui. Luigi s’engageait dans une pente dangereuse. Certes, demander à être présenter pouvait être un faux pas dans leur mission d’espionnage, encore que, un peu hypocritement, Alaina se disait que cela faisait partie de leur mission. Mais changer leur couverture en cours de soirée pouvait se révéler carrément suicidaire.
Méfiante, mais soucieuse de préserver les apparences, Alaina suivit son compagnon.
-Sa fiancée, tout à fait. Tellement fiancé d’ailleurs qu’on se présente parfois comme mari et femme. S’exclama-t-elle en se serrant contre l’italien, dans une posture faussement éprise.
Elle comptait bien faire payer à Luigi cet écart, en jouant les amoureuses pot-de-colle. Mais auparavant, elle s’adressa au compositeur.
-Je suis enchantée de faire votre connaissance Monsieur. Je suis une fervente admiratrice de votre art. J’ai assisté à plusieurs de vos ballets qui ont été pour moi de véritable enchantement.
Son élan d’admiration fût reçu un peu froidement mais on l’avait prévenu que l’homme était un peu taciturne. Qu’à cela ne tienne, elle n’était pas irlandaise pour rien, maintenant qu’elle le tenait, elle n’allait plus le lâcher !
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MessageSujet: Re: Un artiste Deux espions ... A trois, bonjour les dégats ! [Luigi/Lully]   Un artiste Deux espions ... A trois, bonjour les dégats ! [Luigi/Lully] Icon_minitime21.05.12 22:59

Les époux Sardini semblèrent enthousiasmés par le faux-compliment que venait de leur servir le compositeur. Il n’était arrivé que depuis quelques minutes qu’il sentait déjà sa langue le brûler d'un immonde venin et sa gorge se serrait sous l’étau du mensonge. Dieu, qu’il en avait en horreur ce petit jeu de courtisan et d’étiquette.
« - Signore, nous ferez-vous l’honneur de nous dévoiler sur quoi vous travaillez en ce moment ? Vos compositions sont tellement remarquables, dignes d’un artiste florentin, vous pouvez vous vanter de la fierté que vous faites à nostra bella Italia.
- Vous savez ce qu’on dit à mon sujet… je joue plus que je ne parle. »
, répondit poliment Lully, un sourire désolé face aux mines déçues de ses hôtes. Ils étaient peut-être de la même patrie mais en aucun cas ils n’étaient amis.
Personne n’avait droit à des secrets au sujet de sa musique, personne mis à part son personnel et Luigi. D’ailleurs, en parlant du romain, Jean-Baptiste avait cru l’apercevoir avec une demoiselle à son bras mais comme quelques personnes lui avaient coupé la vue pendant qu’il s’avançait pour saluer le couple, il n’avait pas pu en être sûr.

L’épouse du marchand d’art s’éclipsa quelques minutes pendant lesquels les deux hommes conversèrent en italien, ravis de pouvoir s’exprimer dans leur langue natale. Et au moment où la conversation se penchait dangereusement vers la probable guerre qui éclaterait, Madame Sardini refit son apparition, un sourire conspirateur aux lèvres.
« - Vôtre arrivée n’est pas passé inaperçue Signore, permettez que nous vous présentions à des amis que nous avons conviés ce soir. Ne bougez pas, nous allons les chercher. »
Intrigué mais agacé, Lully hocha la tête pour acquiescer et s’empara d’une coupe de vin qu’un valet lui apporta. Quelques instants plus tard, le Surintendant découvrit avec horreur qu’il n’avait pas rêvé. Colonna était bel et bien présent, une jeune femme au visage fin s’accrochant à lui.

« - Monsieur Gagliano, vous qui adorez l'art, je pense que vous aimez la musique.
- En effet. Mais monsieur Lully et moi, nous nous connaissons … bien.
- Versailles est plus petit qu’on le pense… tout dépends de la situation bien sûr. »
, lâcha Lully en adressant son sourire poli à Luigi.
Leurs hôtes les abandonnèrent pour remplir leur devoir. Jean-Baptiste essayait de garder une expression neutre tout en continuant de sourire et commença à jouer avec son verre pour s’occuper les mains.
« - Je ne pensais pas que vous sortiriez ce soir, ce n'est pas votre genre.
- Je ne pensais pas vous trouvez en aussi délicieuse compagnie, ce n’est pas vôtre genre. »
, rétorqua le florentin du tac au tac et plus sèchement qu’il ne l’aurait voulu. Ce n’était pas la première fois qu’il retrouvait le prince à une réception, mais ça restait rare qu’il soit accompagné.
A côté du romain, la jeune femme commençait à perdre patience et commençait à taper sur les nerfs de l’italien. Pourtant, elle n’était là que depuis une poignée de secondes mais son instinct lui criait de se méfier d’elle. « Je suis mal élevé, je vous présente Aline, qui est … , le musicien retint sa respiration, s'attendant au pire, ma fiancée ! ». Bien lui en prit. Lully reposa son verre sur le plateau d’un serveur et profita d’avoir les mains libres pour les croiser dans son dos et ainsi cacher sa réaction à l’annonce de la nouvelle. « Sa fiancée, tout à fait. Tellement fiancé d’ailleurs qu’on se présente parfois comme mari et femme. ». Ses précieux doigts se serrèrent et ses jointures étaient à la limite de se briser quand Alaina en rajouta une couche.

Le compositeur la jaugea du regard, haussant un sourcil, ayant un air absolument désintéressé même si dans sa tête il se voyait déjà la pourfendre avec son archet. Ah qu’il avait été judicieux de se forger une réputation d’ours mal léché. Et puis, qu’est-ce-qu’elle était ridicule à se serre ainsi contre son amant ! Enfin, si Lully pouvait encore nommer Luigi de la sorte.
« -Je suis enchantée de faire votre connaissance Monsieur. Je suis une fervente admiratrice de votre art. J’ai assisté à plusieurs de vos ballets qui ont été pour moi de véritables enchantements.
-Le plaisir pourrait être partagé si je n’avais pas déjà entendu ces mots des centaines de fois. Mais veuillez me pardonner, je suis incorrigible. Permettez-moi de vous demander de vous asseoir à mes côtés pendant le repas.»
, répondit Lully d’un ton glacial tout en fusillant Colonna du regard avant de se reprendre et d’offrir son entière attention à la demoiselle en s’adressant à elle d’une voix plus chaleureuse et en lui souriant de la façon dont Luigi raffolait. Il fallait donner le change coûte que coûte, ne plus rien laisser transparaître sur ce qu'il ressentait à cet instant précis. Personne ne devait soupçonner quoi que ce soit, ils avaient été prudents pendant trop longtemps pour que tout vole en éclat à cause de l'émoi du musicien.

Et si la cassette qu’il lui avait remise n’était en réalité que des lettres de cette pucelle ? S’il lui avait menti à ce sujet, sur quoi d’autre avait-il pu arranger la vérité ? Ils avaient déjà abordé le sujet du mariage de l’un et de l’autre mais jamais l’idée que Luigi ne le tiendrait pas au courant n’avait traversé l’esprit de Lully. Apparemment, il s’était trompé lourdement sur le compte du romain.

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Luigi Colonna


Luigi Colonna

« s i . v e r s a i l l e s »
Côté Coeur: Tant qu'il bat encore, il battra fort pour son italien, le seul.
Côté Lit: Un certain florentin le partage la plupart du temps. D'autres aussi, moins souvent ...
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MessageSujet: Re: Un artiste Deux espions ... A trois, bonjour les dégats ! [Luigi/Lully]   Un artiste Deux espions ... A trois, bonjour les dégats ! [Luigi/Lully] Icon_minitime24.05.12 12:25

La soirée battait son plein et c'était bien la première fois que Luigi voyait autant d'italiens au mètre carré en France ! Cela ne lui déplaisait pas, parler sa langue natal lui faisait toujours du bien. Il faut dire qu'à la Cour, les autres italiens sont rarement ses amants, il n'y avait qu'avec Jean-Baptiste que le romain avait l'occasion de dire des mots doux dans cette langue chantante. Pourtant, il n'oubliait pas sa mission et pendant les conversations, un verre à la main (qu'il ne buvait pas), ses yeux bleus-gris inspectaient les lieux. Décidément, ce soir n'allait pas être sous le signe du véritable espionnage, ou alors il faudrait guetter un instant où les valets partent mais ce n'était pas gagné d'avance. Après de longues minutes loin d'Aline, il la retrouva et il lui donnait son bras pour être plus proche et discuter entre espions.

« Oh des potins surtout, c’est fou comme les gens aiment parler des autres, peu importe leur condition sociale. Vous ne serez pas surpris d’apprendre que les Leterriers ont fait des leurs ici aussi. Il fournit la Sardini en tissu apparemment et sa femme aurait tenté de croquer un valet. Le pauvre, il n’a pas du avoir le temps de l’assommer lui ! »
« Pauvre garçon ! »
lâcha Luigi levant les yeux au ciel.

Puis il fallait faire les mondanités d'usage, madame Sardini voulait absolument leur présenter quelqu'un, Aline semblait de mèche mais Luigi fut incapable de lui poser la question même à voix basse vu que la maîtresse de maison se tenait non loin d'eux. En voyant qui était le quelqu'un en question, il aurait mieux fait de tenter, puis de fuir sans demander son reste. Jamais le romain n'avait eu conflit d'intérêt dans une mission, il devait jouer le marchand d'art face à son amant qui le connaissait si bien et qui savait pertinemment que Colonna avait assez d'argent pour ne pas s'abaisser à vendre des tableaux ou autres sculptures. L'italien fut gêné, n'en montra rien mais son cœur battait plus vite, il crut un instant qu'il allait avoir des palpitations. Heureusement que les Sardini ne restèrent pas, dieu seul sait ce qu'ils auraient pu dire à son sujet. Mais entre les deux hommes régnaient une tension où le plus gêné était véritablement Luigi qui tourna les yeux un instant avant de faire un peu la conversation, assez maladroitement il fallait l'avouer.

« Je ne pensais pas vous trouvez en aussi délicieuse compagnie, ce n’est pas vôtre genre. »

Le ton était sec et le romain n'appréciait pas mais savait qu'il le méritait en quelque sorte. Surtout qu'Aline ne cessait de lui tirer sur la manche comme une enfant. A tous les coups, son acolyte serait une sorte de groupie du compositeur et cela entraînerait davantage Colonna vers le fond. Chose qu'il arrivait fort bien à faire tout seul en présentant la jeune femme comme sa fiancée ! Il ne pouvait pas dire son épouse – bien que ce soit leur couverture – Lully savait pertinemment que son amant n'était pas marié, il avait fallu trouver une tournure plus arrangeante mais ce n'était pas du tout le cas. Le sourire du romain en cet instant était crispé et désolé à la fois, il ne savait plus où se mettre. Si seulement quelqu'un, même Barberini, pouvait lui saisir les chevilles et l'emmener au loin, il serait infiniment reconnaissant. Surtout qu'il avait vu la réaction de son amant, c'était subtil mais quand on connaît un homme depuis autant d'années, chaque geste n'avait plus de secret. Puis d'un coup, Colonna sentit Aline se coller à lui comme un félin en manque de câlin, là ça devenait embarrassant, surtout qu'elle rajouta une couche.

« Sa fiancée, tout à fait. Tellement fiancé d’ailleurs qu’on se présente parfois comme mari et femme. »

Instinctivement, il tourna la tête vers elle, l'air surpris et abasourdi. Elle ne pouvait PAS dire CELA ! Non, non, non ! Il eut du mal à déglutir et pensa que son amant allait le maudire et que le retour à la réalité ressemblerait à une grosse claque, voire même au sens littérale.

« Je suis enchantée de faire votre connaissance Monsieur. Je suis une fervente admiratrice de votre art. J’ai assisté à plusieurs de vos ballets qui ont été pour moi de véritables enchantements. »
« Le plaisir pourrait être partagé si je n’avais pas déjà entendu ces mots des centaines de fois. Mais veuillez me pardonner, je suis incorrigible. Permettez-moi de vous demander de vous asseoir à mes côtés pendant le repas.»


Il le faisait exprès ! Oui, à en croire le mauvais regard que lança Lully au jeune homme qui tourna immédiatement la tête, tel un gamin prit en flagrant délit de bêtise. Puis reposant ses yeux à nouveau sur son amant, Luigi vit ce si charmant sourire qui ne lui était pas destiné. Et voilà, son amant lui en voulait, c'était définitif ! Il restait à voir si Lully lui adresserait la parole durant le repas. Tous les trois marchaient vers la salle à manger où une grande table était dressée. Alors que le compositeur était légèrement devant, Luigi se pencha vers sa collègue.

« Arrêtez de me coller, vous êtes ridicule. Et surtout n'inventez rien sur notre mariage sinon je mettrais votre tête sur une pique ! » menaça t'il tout bas avant de reprendre le sourire.

Arrivé à la table, Lully s'assit et alors que Luigi, par habitude, voulut s'asseoir près de lui, il eut le droit à le dossier de chaise poussé sur son estomac. Il avait compris le message et présenta la chaise à sa fiancée du soir avant de s'asseoir à côté d'Aline, l'air un peu contrarié et inquiet de la suite des événements. Il espérait que personne ne vienne lui parler de commandes d'art ou quoi que ce soit. Alors il tenta de faire la conversation, sachant pertinemment que cela ne mènerait à pas grand chose.

« Je ne savais pas, ma chère, que vous aimiez les ballets de monsieur Lully. Lesquels avaient vous vus ? »

C'était nul et pathétique, Luigi serait capable de trouver le premier prétexte pour partir, tant pis s'il plantait Aline et passait pour un lâche, mais pour l'heure, il sentait encore plus prisonnier que dans sa chambre au Palazzo Colonna il y a quinze ans …
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MessageSujet: Re: Un artiste Deux espions ... A trois, bonjour les dégats ! [Luigi/Lully]   Un artiste Deux espions ... A trois, bonjour les dégats ! [Luigi/Lully] Icon_minitime18.06.12 21:56

Le plaisir pourrait être partagé si je n’avais pas déjà entendu ces mots des centaines de fois. Mais veuillez me pardonner, je suis incorrigible. Permettez-moi de vous demander de vous asseoir à mes côtés pendant le repas ?
Étonnée par la proposition saugrenue, elle faillit protester, disant qu’il lui fallait se consacrer à son mari … enfin son fiancé ! Mais au moment où elle ouvrait la bouche elle saisit un échange de regard entre les deux hommes légèrement tendus. Cependant, c’est quand son regard passa du compositeur à Colonna que la graine de la discorde s’implanta dans sa jolie cervelle : son visage était un mélange de désespoir et de contrition.
Alaina n’est pas une fille mesquine mais l’occasion était trop belle, de se payer un peu la tête de son cher italien. Celui-là même qui ne se gênait pas pour la remettre à sa place dès que l’opportunité se présentait et ainsi la faire passer pour une sotte inexpérimentée. Il est vrai qu’elle se donnait parfois beaucoup de mal pour se donner l’apparence et le comportement d’une de ces pestes de Versailles, mais étrangement, c’était uniquement en sa présence. A croire que l’italien était le déclencheur de ses taquineries.
Et ce soir c’est avec un complice comme Lully qu’elle pouvait s’y adonner ! Il y a des choses qui ne se refusent pas. D’autant plus que celui-ci lui offrait un délicieux sourire qui en aurait fait chavirer plus d’une. Sa conscience la titilla l’espace d’une seconde, mais elle capitula bien vite, les divertissements se faisaient rares en ce moment.
Avec un sourire un rien malicieux, elle s’adressa au compositeur :
-Ce sera avec grand plaisir, Monsieur !
On annonça à cet instant le repas et Lully les précéda dans la salle à manger. Alors qu’Alaina lui emboitait le pas, Luigi se pencha vers elle.
-Arrêtez de me coller, vous êtes ridicule.
Exprès, elle glissa un bras sous le sien, plus il se mettait en colère et plus elle avait envie de jouer son rôle de fiancée collante. Un peu plus et elle l’embrasserait.
-Mais voyons mon ami, je ne fais que jouer le rôle d’une fiancée éprise ! répondit-elle doucement, l’air innocente.
Elle sentit son agacement et eu un mal fou à ne pas éclater de rire.
-Et surtout n'inventez rien sur notre mariage sinon je mettrais votre tête sur une pique !
D’un ton faussement offusqué, que démentait son sourire jubilatoire, elle lui répondit
-Que pourrais-je bien inventer sur notre mariage, nous ne sommes que fiancés, je vous le rappelle !
Arrivés à leur table, elle se sépara de lui non sans souffler.
-Par contre sur nos fiançailles …
Elle ne termina pas sa phrase et se mordit la lèvre inférieure en une moue qui lui connaissait bien son complice et qui signifiait qu’elle avait décidément envie de s’amuser ce soir et que ce serait à ses dépens. Visiblement mécontent, il la dépassa pour s’assoir à côté du compositeur qui lui tira la chaise dans le ventre. Alaina pris une seconde de réflexion, car si elle lui offrait la perspective de jouer les pestes, cette soirée prenait un tour bizarre. Les deux hommes semblaient se connaître et même bien, plus qu’ils ne voulaient le laisser paraître. Mais pourquoi, jouaient-ils ce jeu ? Elle n’eut, malheureusement pour elle, pas le temps de pousser plus avant ses interrogations, Lully se retournant l’invita à prendre place entre eux deux.
A peine fût-elle installée que Luigi lança la conversation, probablement de peur qu’elle parle de leurs « fiançailles ».
-Je ne savais pas, ma chère, que vous aimiez les ballets de monsieur Lully. Lesquels avaient vous vus ?
Se remémorant cette soirée magique avec émotion, non feinte cette fois, elle répondit :
-J’ai eu la joie d’assister à plusieurs de vos représentations, mais celle qui m’a le plus touchée reste le ballet des saisons. Ce spectacle en plein air était un ravissement pour les yeux et les oreilles. Toutes ces nymphes, symbolisant tour à tour les quatre saisons et célébrant le retour du printemps, du renouveau, c’était tellement poétique. Et puis bien sûr, quand on lit entre les lignes on ne peut s’empêcher d’y voir une ode aux amours cachés.
Sans se douter de l’effet que pouvait produire ses paroles, elle enchaîna à l’attention de Luigi qui semblait avoir relâché son attention, soulagé de la tournure de la conversation.
-Grâce au ciel, notre amour a pu se vivre au grand jour et nous n’avons pas besoin de nous cacher. J’ai bien tenté de le faire languir un peu, mais il a été tellement pressant, ajouta-t-elle sur un ton de confidente à son voisin de droite.
Il est probable qu’elle ai a payer un jour cette soirée, et fort cher, vu le regard meurtrier de son voisin de gauche.
-Mais dites-moi Monsieur de Lully, travailliez vous en ce moment sur un autre ballet ? demanda-t-elle innocemment, histoire de souffler le chaud et le froid.

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MessageSujet: Re: Un artiste Deux espions ... A trois, bonjour les dégats ! [Luigi/Lully]   Un artiste Deux espions ... A trois, bonjour les dégats ! [Luigi/Lully] Icon_minitime03.08.12 14:20

-Ce sera avec grand plaisir, Monsieur !
C’est alors avec un sourire faussement réjoui et sincèrement forcé que le musicien se retourna sur lui-même pour prendre la direction de la salle à manger. Bien sûr, le goût du luxe qui faisait le réputation des italiens était respecté à la lettre tellement la pièce était fastueusement décorée. Sans réfléchir, Lully s’empara de la première chaise qui lui tombait sous la main et s’y installa, envoyant ainsi le dossier contre l’estomac de Colonna sans en avoir conscience. La seconde d’après, Alaina s’asseyait entre les deux hommes et l’espion lançait la conversation dans la direction des travaux de son compagnon qui à cet instant rêvait de pouvoir lui trancher la gorge avec la corde de son archet.

-Je ne savais pas, ma chère, que vous aimiez les ballets de monsieur Lully. Lesquels avaient vous vus ?
Sur le visage de la jeune Cork, une émotion nostalgique se peignit au fur et à mesure qu’elle décrivait une soirée qui semblait lui tenir plus qu’à cœur.
-J’ai eu la joie d’assister à plusieurs de vos représentations, mais celle qui m’a le plus touchée reste le ballet des saisons. Ce spectacle en plein air était un ravissement pour les yeux et les oreilles. Toutes ces nymphes, symbolisant tour à tour les quatre saisons et célébrant le retour du printemps, du renouveau, c’était tellement poétique. Et puis bien sûr, quand on lit entre les lignes on ne peut s’empêcher d’y voir une ode aux amours cachés.
En entendant les derniers mots que la demoiselle prononça, Lully se tendit. Elle était moins sotte qu’elle n’y paraissait. Plusieurs bruits avaient couru sur ce ballet, les rumeurs étaient allées bon train et les deux amants s’étaient beaucoup amusés lorsque l’une d’entre elles était parvenue jusqu’à eux. Bien sûr, le florentin avait dû en démentir certaines, plus saugrenues que d’autres, qui auraient pu avoir un effet néfaste sur son travail mais aucun des courtisans, qui avaient passé des heures à chercher tous les indices que le compositeur avait disséminés par-ci par-là, n’étaient parvenus à cette conclusion qui était pourtant la bonne.
-Grâce au ciel, notre amour a pu se vivre au grand jour et nous n’avons pas besoin de nous cacher. J’ai bien tenté de le faire languir un peu, mais il a été tellement pressant, s’empressa de préciser la narratrice pour le plus grand malheur de son interlocuteur. Alors comme ça Luigi avait été pressant ? Finalement, peut-être que Lully allait se lier d’amitié avec Alaina, comme ça il en apprendrait plus sur le romain et qui sait, ça pourrait lui être utile.
-Mais dites-moi Monsieur de Lully, travaillez-vous en ce moment sur un autre ballet ?
-Oui, je travaille sur un sujet qui sied bien à Versailles : la trahison. Je vous déconseille d’y assister, vos oreilles risquent de saigner et je doute que votre… votre fiancé, apprécie que je vous fasse le moindre mal
, répondit calmement le florentin avec un sourire à l’apparence bienveillante.
Mais dans sa tête, il pensait que le mot était amer et visqueux dans sa bouche. Fiancé ou mari, qu’importe, l’effet était le même et lui filait de l’urticaire. La soirée allait être longue… trop longue même.

-Parlez-moi de vous Mademoiselle de Cork, malgré mon goût pour la solitude, je n’ai jamais entendu parler de vous. Auriez-vous échappé à l’interrogatoire de Monsieur ? Chose étonnante étant donné qu’à chaque fois qu’un visage aussi doux et délicieux que le vôtre apparait à la Cour, il me fait appeler pour me donner son avis. Autant vous dire que je passe presque plus de temps dans ses appartements que dans les miens.

Parler de son ex-amant devant l’actuel, voilà de quoi rendre la monnaie de sa pièce à Colonna et expliquer la désertion de son manoir depuis quelques semaines.

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Luigi Colonna


Luigi Colonna

« s i . v e r s a i l l e s »
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MessageSujet: Re: Un artiste Deux espions ... A trois, bonjour les dégats ! [Luigi/Lully]   Un artiste Deux espions ... A trois, bonjour les dégats ! [Luigi/Lully] Icon_minitime28.08.12 13:29

« Que pourrais-je bien inventer sur notre mariage, nous ne sommes que fiancés, je vous le rappelle ! Par contre sur nos fiançailles … »
« Non, non … »
souffla Luigi, surpris.

Il ne manquerait plus qu'Aline raconte sa fausse histoire d'amour avec Luigi à Lully ! C'était impossible, cette soirée est un cauchemar fini mais il fallait tout faire pour détourner la conversation de leurs ''fiançailles'', déjà que le compositeur italien se montrait froid, n'allons pas jusqu'à la tempête polaire qui pourrait faire des dommages préjudiciables pour le couple – le vrai cette fois. Il fallait donc user de toute sa diplomatie, tout son sang-froid et tenter de passer outre la froideur de Lully, ce qui ne serait pas des plus évidents. Luigi avait décidé de rester en terrain neutre en parlant musique, sujet que les trois maîtrisaient et qui n'incitaient à aucun débat ou pente glissante, du moins c'est ce qu'il pensait. Mais le romain devait bien savoir que rien ne se passait jamais comme il le voulait. Au départ, Aline discutait des plus normalement, l'espion se disait qu'il pourrait enfin un peu se détendre mais ce ne fut pas le cas car la jeune femme parla du ballet des saisons et qu'elle avait compris les sous-entendus sur les amours cachées. Les deux italiens avaient pris un malin plaisir de placer tous ces petits indices et voir les courtisans se démener alors que la solution était des plus simples. Luigi s'était tendu, retint un instant son souffle avant qu'Aline n'enchaîne sur des stupidités sans nom :

« Grâce au ciel, notre amour a pu se vivre au grand jour et nous n’avons pas besoin de nous cacher. J’ai bien tenté de le faire languir un peu, mais il a été tellement pressant. »

Il roula des yeux en silence ! Ce qu'il ne devait pas endurer. Jamais Luigi n'avait eu à être pris entre deux feux entre sa vie professionnelle et sa vie privée, il ne savait pas comment s'en sortir. Tournant la tête vers sa fiancée du soir, il lui lança un regard assassin avant d'essayer de se concentrer sur autre chose en chiffonnant maladroitement sa serviette, ne sachant que faire pour se détendre ou calmer la situation. Mais il était clair que c'était trop tard.

« Oui, je travaille sur un sujet qui sied bien à Versailles : la trahison. Je vous déconseille d’y assister, vos oreilles risquent de saigner et je doute que votre… votre fiancé, apprécie que je vous fasse le moindre mal. »
« Je ne vois pas pourquoi vous dites cela. »
lâcha Luigi, tentant de se montrer neutre.

Mais à dire vrai, il n'avait aucun argument ni aucune raison de se dresser contre son amant. Ce dernier le pensait fiancé à Aline, formant un couple amoureux … Le compositeur devait se sentir trahi et il avait de quoi. Mais entouré de tous ces gens, Luigi ne pouvait pas griller sa couverture mais il n'avait pas envie que son couple se brise, il voyait sa relation partir à la dérive sans savoir quoi faire. Il avalait difficilement un morceau de pain, essayant de reprendre le dessus de lui-même, ne pas se laisser abattre. Mais à croire que le sort s'acharnait, Lully semblait prendre un malin plaisir à faire du mal à son amant, juste par vengeance. Et il utilisait la pire méthode, la plus vile et celle qui marchait le mieux : parler de son ancien amant et laisser sous-entendre qu'il n'était pas si ancien que cela.

« 
Autant vous dire que je passe presque plus de temps dans ses appartements que dans les miens. »


C'était trop, une sorte de goutte d'eau qui faisait déborder le vase. Luigi sentait son cœur s'emballer, à cause de la culpabilité mais aussi par la colère. Cela faisait mal, trop mal. Jamais le romain n'avait voulu imposer cette mission à son florentin … Que faisait-il là d'ailleurs ? Le compositeur n'aimait pas sortir, il était un casanier, Luigi devait parfois le pousser à mettre son nez en dehors de son manoir. Et comme par hasard, il était ce soir, au même endroit où le romain tentait de mener une mission en bonne et due forme !

Sentant qu'il avait besoin d'air, Colonna se leva sans dire un mot et quitta la pièce, manquant de bousculer l'hôtesse de la soirée qui s'inquiéta de la santé de son invité, le voyant bien pâle.

« Monsieur Gagliano, vous sentez vous bien ? »
« A dire vrai, prendre l'air me fera le plus grand bien. »


Il continua d'avancer jusqu'à la terrasse, donnant sur de magnifiques jardins. Là seulement, loin de la foule et de la pression entre sa fausse fiancée et son amant, il pouvait respirer. Mentir, toujours mentir, cela donnait des situations aussi incongrues que celles-ci. Déjà qu'il avait caché à Lully que sa mère voulait le marier, maintenant il le croyait fou amoureux d'Aline … ce serait quoi la prochaine fois ? Il entendit des bruits de pas et se tournant, il vit justement la demoiselle contre qui il en voulait, d'insister à jouer les fiancées amoureuses, lui faisant des reproches sur sa conduite.

« Je me conduis mal ? N'avez vous pas compris qu'il me connaissait ? Qu'il me connaissait moi et pas cette identité ridicule ? Je fais tout pour moduler notre histoire et la rendre compatible et maintenant, il me croit fiancer à vous et même amoureux ! Mais comment pourrais-je aimer une fille comme vous, qui se moque de son entourage ? » lâcha Luigi, sur un ton amer.

Il aurait voulu hurler mais se contenait au possible. Il passa une main sur le visage, toujours tendu par ce qu'il se passait, la laissant parler. Et comme toujours, dire la vérité lui était impossible, son histoire avec Lully était secrète et il tenait à ce que cela reste ainsi.

« Vous ne comprenez rien. Et lui qui en rajoute une couche, à croire que tous les deux, vous vous êtes alliés contre moi. Si vous ne stoppez pas votre manège ridicule ! Retournons y. »

Il espérait qu'Aline se calmerait mais cette demoiselle était si imprévisible qu'il était difficile de savoir si elle se plierait ou si elle serait pire encore. Elle lui ressemblait en beaucoup de points, c'était peut être pour cela que Luigi ne pouvait pas la supporter. Il retourna à la salle à manger, l'air faussement serein et tenta de faire la conversation à Lully.

« Comment connaissez vous les Sardini ? Vous devez les apprécier pour quitter votre manoir et … vous éloigner de Monsieur. »

Non, décidément Luigi aimait les ennuis vu le ton un peu amer sur les derniers mots. Finalement, la soirée allait être vraiment longue et si les deux hommes ont l'occasion de s'expliquer, cela allait être …explosif.

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MessageSujet: Re: Un artiste Deux espions ... A trois, bonjour les dégats ! [Luigi/Lully]   Un artiste Deux espions ... A trois, bonjour les dégats ! [Luigi/Lully] Icon_minitime01.10.12 23:48

-Mais dites-moi Monsieur de Lully, travaillez-vous en ce moment sur un autre ballet ?
-Oui, je travaille sur un sujet qui sied bien à Versailles : la trahison.

Lorsque ce mot franchi la bouche de son interlocuteur, Alaina sentit qu’un truc clochait. Le ton était beaucoup trop insistant.

Je vous déconseille d’y assister, vos oreilles risquent de saigner et je doute que votre… votre fiancé, apprécie que je vous fasse le moindre mal, ajouta-t-il.

Je ne vois pas pourquoi vous dites cela, rétorqua Luigi d’un ton faussement désinvolte.


Celui-ci refusait de les regarder et tripotait ses couverts, l’air renfrogné. Tout cela commençait à prendre une tournure bizarre. Luigi connaissait cet italien qui semblait lui en vouloir pour quelque chose. Peut-être lui avait-il volé une fiancée et comptait-il se venger aujourd’hui avec elle. Cela pourrait-être amusant. Et dire qu’elle pensait cette soirée perdue !

-Parlez-moi de vous Mademoiselle d’Argouges, malgré mon goût pour la solitude, je n’ai jamais entendu parler de vous. Auriez-vous échappé à l’interrogatoire de Monsieur ? Chose étonnante étant donné qu’à chaque fois qu’un visage aussi doux et délicieux que le vôtre apparait à la Cour, il me fait appeler pour me donner son avis. Autant vous dire que je passe presque plus de temps dans ses appartements que dans les miens, repris le compositeur.

Ce fût au tour d’Alaina de se raidir. Elle n’avait pas prévu qu’on l’interroge sur sa vie. Que dire ? Développer son personnage ou raconter la vérité. Enfin une certaine vérité. Elle choisit la solution des imposteurs, mêler les deux pour mieux s’en sortir.


-Oh nous avons été présentés puisque le Roi a eu la bonté de m’accepter à sa cour, mais je n’ai jamais eu l’honneur de susciter l’intérêt de Monsieur. Il faut dire que je suis assez discrète et que Monsieur a bien d’autres visages à se soucier que celui d’une irlandaise. Cela doit trop vivement lui rappeler l’Angleterre !

Un raclement de chaise la fit se retourner.
Elle n’eut que le temps de voir son complice manquer de bousculer leur hôte qui venait annoncer le début du repas.

Ce départ lui fit l’effet d’une douche froide. Jusque là la situation était amusante, plus Luigi la suppliait de se calmer et plus elle prenait un malin plaisir à mettre les pieds dans le plat. Mais au fur et à mesure elle sentait bien qu’il y avait là-dessous une histoire plus complexe. Cette brusque fuite ne ressemblait pas à Luigi et cela ne pouvait signifier qu’une chose, qu’elle l’avait blessée. Cela elle ne pouvait l’admettre.

Elle se tourna vers son voisin avec un charmant sourire :

-Veuillez m’excuser.

Et à son tour elle quitta la table. En chemin elle tomba sur Madame Gagliano.

-Querelle d’amoureux ? demanda-t-elle avec un clin d’œil.

-Oh vous savez ce que c’est … répondit la jeune femme avec un mouvement d’épaule.

-Il est parti sur la terrasse, ajouta-t-elle.

La remerciant d’un mouvement de tête, Alaina franchi la porte vitrée. Aussitôt le bruit de la foule s’atténua.

Luigi était bien là, dos à elle, contemplant les jardins.

Elle ne savait quoi dire.
Complice, ils l’étaient, mais proche ? Ils ignoraient tout de la vie de l’un
et de l’autre. Elle se réfugia alors dans le sarcasme qui avait depuis le début régie leur relation :

-Un espion ne doit-il pas garder son sang froid en toute circonstance ? La fuite ne me semble pas la meilleure conduite à tenir !

Il se retourna brusquement et Alaina sut qu’elle n’aurait mieux fait de ne rien dire. Jamais elle ne l’avait vu dans un état pareil. Cela devait être beaucoup plus grave qu’une simple querelle entre les deux hommes. Elle en avait la certitude à présent.

Je me conduis mal ? N'avez vous pas compris qu'il me connaissait ? Qu'il me connaissait moi et pas cette identité ridicule ?
L’italien faisait tout son possible pour contenir sa fureur. Il se passa une main rageuse dans les cheveux, se retourna pour cherche à retrouver son calme, sans véritablement y parvenir. Il s’approcha alors plus près de la jeune fille, continuant d’une voix devenu glaciale.

Je fais tout pour moduler notre histoire et la rendre
compatible et maintenant, il me croit fiancer à vous et même amoureux !
Mais comment pourrais-je aimer une fille comme vous, qui se moque de son entourage ?


Il cracha la dernière phrase avec tout le mépris dont il était capable.

Sous l’attaque, Alaina blêmit et son cœur se serra. Se ressaisissant elle passa à l’offensive à son tour, pas question de se faire rabrouer par ce gringalet.

Moduler notre histoire ! Vous vous moquez de moi Paliano ! Nous sommes espions, il n’y a pas d’histoire à moduler. Notre travail s’est de nous préparer à tout lorsque nous sommes sous couverture. S’il y avait le moindre risque de rencontrer une connaissance, nous n’aurions pas prévu la mission ainsi. C’était du travail d’amateur. Traitez moi de tout les noms que vous voulez, je ne travaille pas avec des amateurs. Je me contre fiche des histoires que vous avez eu avec Lully, nous sommes ici pour une mission. J’ai voulu m’amuser à vos dépenses certes, mais si vous n’êtes pas capable de gérer cela, rentrez chez vous !

Vous ne comprenez rien.

Et je ne veux rien comprendre, je me fiche de ce qui n’a pas à voir avec la mission.

Et lui qui en rajoute une couche, à croire que tous les deux, vous vous êtes alliés contre moi. Si vous ne stoppez pas votre manège ridicule … commença-t-il en la pointant du doigt.

Quoi, vous me menacez maintenant ! Ricana-t-elle.

Las, il capitula.

-Retournons y.

Lorsqu’ils quittèrent la terrasse, c’est comme si un point de non retour avait été atteint. Comme si quelque chose venait de se briser entre eux. Ils s’étaient souvent disputés, mais jamais à ce point là.

De retour à table, Lully les regarda revenir l’air à la fois mécontent, inquiet et soulagé. Encore chamboulée par leur conversation, Alaina attaqua son repas en silence. Mais Luigi ayant l’air d’avoir repris ses esprits, relança la conversation.

Ou plutôt versa un peu d’huile sur le feu.

Comment connaissez-vous les Sardini ? Vous devez les apprécier pour quitter votre manoir et … vous éloigner de Monsieur.

Le ton amer employé la fit se tourner à gauche.
Et la réplique cinglante qui partit à sa droite, la fit se tourner vers son voisin de droite vivement.

S’en suivit un échange plus que houleux pendant lequel elle ne put compter les points.

Inquiète par la tournure que prenait les événements et surtout par les regards que leur groupe attirait, elle leva une main à la hauteur du visage de chacun de ses compagnons de table.

-D’accord. Il se passe quelque chose de vraiment étrange, ici. L’un de vous deux va-t-il m’expliquer ou allons finir par rouler sous la table en nous battant comme des chiffonniers.

Elle regarda successivement les deux hommes, temporairement matés, avec des yeux sévères.

Puis rajouta entre ses dents :

-Pour votre information nous sommes le centre d’attention de toute la table. Je vous propose de finir ce repas en ne discutant plus que de la pluie et du beau temps et de finir ce passionnant échange en privé.

Tel des gamins pris en faute, les deux italiens fixaient leurs assiettes.

-d’accord ?Insista-t-elle.

Une fois leur consentement arraché, elle se remit à manger.

-Alors d’après vous, allons-nous avoir un hiver plutôt rude ?

Sauver les apparences et détourner les conversations étaient en train de devenir deux de ses plus grands talents !
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MessageSujet: Re: Un artiste Deux espions ... A trois, bonjour les dégats ! [Luigi/Lully]   Un artiste Deux espions ... A trois, bonjour les dégats ! [Luigi/Lully] Icon_minitime03.10.12 1:26

Satisfait de l’impact qu’avait eu sa petite remarque au sujet de sa prochaine œuvre, Jean-Baptiste retint à grand-peine un sourire. Il avait toujours adoré lancer ce genre de petites piques. Parfois, c’était seulement pour écourter une conversation et d’autres fois il voulait réellement toucher un point sensible. Et ce soir, il avait opté pour la deuxième option. Il ne s’agissait que de légitime défense pour être honnête. Luigi avait ouvert une brèche dans laquelle Alaina s’était engouffrée comme un ouragan, détruisant sûrement et rapidement ce que les deux italiens avaient construit et si Colonna pensait s’en sortir indemne… il se mettait la serviette qu’il triturait nerveusement dans l’œil, jusqu’au coude ! Le florentin avait la rancune tenace et amère, le prince devrait le savoir depuis le temps.

Avec un sourire avenant, il se tourna vers la jeune fiancée du soir, l’encourageant à lui en dire plus à son sujet, tout en portant son verre jusqu’à ses lèvres pour se donner une contenance, et apprécier le spectacle que lui offrait le romain avec la mine déconfite qu’il arborait. Mais l’expression du visage de Mademoiselle de Cork le prit au dépourvu. Y aurait-il anguille sous roche ? Il faudrait qu’il demande à quelqu’un de se renseigner à son sujet. Pourquoi pas Monsieur ? Après tout, il était friand de ce genre d’activités avec ses mignons et ça le divertirait.

« - Oh nous avons été présentés puisque le Roi a eu la bonté de m’accepter à sa cour, mais je n’ai jamais eu l’honneur de susciter l’intérêt de Monsieur. Il faut dire que je suis assez discrète et que Monsieur a bien d’autres visages à se soucier que celui d’une irlandaise. Cela doit trop vivement lui rappeler l’Angleterre ! »
- L’Irlande n’est pas l’Angleterre. N’est-ce-pas ce que vous, irlandais, criez sur tous les toits… ? »
, rétorqua le musicien avec une pointe d’ironie dans la voix.

Si la petite voulait jouer, il fallait qu’elle trouve autre chose. Elle venait de commettre sa première erreur face à son nouvel ennemi. S’il fallait qu’il lui laisse Luigi, il ne le lui cèderait pas sans mettre sa propre huile sur le feu qui s’était allumé depuis quelques minutes.
Des yeux, il suivit la scène suivante : Paliano reculant sa chaise avec sa tête des jours où sa santé lui jouait des tours, la maîtresse des lieux se mettant sur son passage et manquant de se faire renverser, même si ça aurait plutôt été l’inverse, et Alaina qui se retournait avant de s’adresser de nouveau à Lully pour prendre congé.

Madame Sardini s’approcha de lui, la moue inquiète et quelque peu agacée afin de le questionner. Lully sauva les apparences en confirmant sa thèse d’une querelle de jeune couple en s’appuyant justement sur leur jeune âge et le manque de contrôle face aux élans de la passion.
Quelques minutes plus tard, Luigi suivit de son horrible fiancée faisait de nouveau son apparition et le florentin ne put s’empêcher de scruter les traits du jeune homme. En son for intérieur, il espérait que le prince romain n’avait pas eu une de ses crises. Et il se reprit en détournant le regard avec dédain. Alaina avait sûrement su quoi faire si cela s’était produit.
En silence ils reprirent place à table et tandis que Jean-Baptiste dégustait une bouchée de son plat, Luigi repartit à l’attaque d’une voix amère. Soit, il voulait la guerre, il l’aurait.

« - Comment connaissez-vous les Sardini ? Vous devez les apprécier pour quitter votre manoir et … vous éloigner de Monsieur.
- Versailles est comme Rome : les bons intérêts font les bons amis. Après tout, Michel-Ange a eu raison de laisser à Raphaël les peintures à l’huile de la Chapelle Sixtine. Voyez la gloire qu’ils en ont retirée grâce à leur formation florentine. »

Et paf, renvoi de la balle en pleine face et Colonna en réclamait encore. Si vous vous demandiez pourquoi Rome et Florence sont des villes tellement rivales au point de se haïr : il vous suffit de regarder la suite des évènements, comme la jeune femme qui était prise entre les deux feux, bien fournis, des italiens qui commençaient à sérieusement hausser le ton. Et pour cela, rien de tel que de titiller le romain sur les joyaux artistiques de sa tendre et chère ville chérie tout en soustrayant la véritable raison de leur dispute à celle d'une querelle artistique.

Alors qu’il s’apprêtait à lancer une véritable bombe au sujet de la cassette cachée dans son bureau, Lully s’écrasa contre la main de Cork.
« - D’accord. Il se passe quelque chose de vraiment étrange, ici. L’un de vous deux va-t-il m’expliquer ou allons finir par rouler sous la table en nous battant comme des chiffonniers? »
Furieux d’avoir été coupé de la sorte, par une jeune effrontée qui devrait faire profil bas au lieu de jouer la mère qui gronde ses rejetons, le compositeur retint le venin qui lui monta instantanément aux lèvres en la voyant de nouveau ouvrir la bouche.
« -Pour votre information nous sommes le centre d’attention de toute la table. Je vous propose de finir ce repas en ne discutant plus que de la pluie et du beau temps et de finir ce passionnant échange en privé.
- Votre fiancé aura sûrement mieux à faire en privé en votre compagnie que de prendre ses responsabilités à mon égard.»
, conclut le surintendant en offrant un sourire d’excuse à ses hôtes avant de s’intéresser de très près au contenu de son assiette.
Vivement que cette soirée se termine, il ne supportait plus ce calvaire qu’il s’était infligé lui-même en proposant à l’irlandaise de prendre place à ses côtés pour le repas. Mais quelle idée stupide et déplaisante !

« -Alors d’après vous, allons-nous avoir un hiver plutôt rude ?
- Bien rude vu que la guerre, sous bien des aspects, vient d’être déclarée par Sa Majesté. J’ose espérer…,
tenta Lully en s’adressant à Monsieur Sardini, que les affaires seront plus que fructueuses pour certains d'entre nous. »
Clair, net et précis: à demi-mot, Lully venait d'officialiser les hostilités avec son ancien amant. Mais lorsqu'il lui jeta un autre coup d’œil, il ne put retenir son cœur de se serrer de désespoir et son visage de se teinter de chagrin une fraction de seconde. Il avait toujours su qu'un jour ou l'autre, le romain devrait se marier, que son âge avancé jouerait en sa défaveur, mais pas qu'il l'apprendrait de cette façon.

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Luigi Colonna


Luigi Colonna

« s i . v e r s a i l l e s »
Côté Coeur: Tant qu'il bat encore, il battra fort pour son italien, le seul.
Côté Lit: Un certain florentin le partage la plupart du temps. D'autres aussi, moins souvent ...
Discours royal:



    CASSE-COU
    1000 vies,
    un corps


Âge : 27 ans
Titre : Prince di Paliano (de la Palissade), membre de la famille Colonna
Missives : 602
Date d'inscription : 18/09/2011


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MessageSujet: Re: Un artiste Deux espions ... A trois, bonjour les dégats ! [Luigi/Lully]   Un artiste Deux espions ... A trois, bonjour les dégats ! [Luigi/Lully] Icon_minitime13.11.12 21:14

Toujours se maîtriser, ne pas laisser ses émotions personnelles prendre le dessus sur la mission, rester calme en toute circonstance … Luigi connaissait ses règles de base, il se les répétait régulièrement pour ne pas agir comme un chien fou dans des situations de ce genre ! Et pourtant, il n'avait pas réfléchi un instant en quittant la table et cette conversation stupide pour prendre un peu l'air. Il n'aurait jamais du dire à Lully qu'Aline était sa fiancée – ce qui était faux, elle devait jouer sa femme mais cela ne serait pas passer du tout – et tenter de se montrer aussi gentil que d'habitude. Mais le florentin avec son caractère de vieil ermite ne valait pas mieux que celui du romain et ils se tiraient dans les pattes sans avoir la possibilité de s'expliquer. Et cela allait tourner au pugilat si Colonna ne se calmait pas. Mais alors qu'il tentait de reprendre une attitude plus convenable, voici qu'Aline venait jusqu'à lui. Elle ne tombait pas au meilleur instant et n'usa pas des bons mots.

« Un espion ne doit-il pas garder son sang froid en toute circonstance ? La fuite ne me semble pas la meilleure conduite à tenir ! »

Non, c'était trop, Luigi ne voulait pas de remarques de sa part, pas de piques ni de conseils de comment se conduire en société et encore moins comment bien faire son travail d'espion. Ce fut le point de bascule de leur mission, ce moment précis où leur amitié devenait une inimitié, où ils en venaient à ne plus se supporter. Luigi était espion depuis plus longtemps, depuis qu'on l'avait libéré de sa cage romaine dans son adolescence, il savait comment agir, bien qu'il n'ait jamais eu conflit avec sa vie privée. Mais comment lui dire ? Voilà encore un secret que le romain n'avait jamais avoué à personne, ce couple atypique de Colonna et Lully était des plus secrets, que cela le blessait et que …

« Et je ne veux rien comprendre, je me fiche de ce qui n’a pas à voir avec la mission. »

Elle avait raison, entièrement raison. Lui s'était laissé emporté par ses sentiments personnels, il aurait du être plus mature. Et savoir qu'Aline était plus droite dans ses bottes que lui l'horripilait davantage car elle n'était qu'une petite prétentieuse pour lui … N'ayant plus aucun argument que la menace – signe qu'il était à bout – Luigi préféra retourner dans la salle à manger pour mettre fin à cette dispute où il savait au fond de lui qu'il était en tort.

Mais cette parenthèse n'avait pas arrangé ses sentiments ou quoi que ce soit. Pire, Luigi se montrait presque insolent face au compositeur, mais Lully savait manier les mots aussi bien que l'archet, ce qui signifiait que la conversation n'allait faire dans la dentelle.

« Versailles est comme Rome : les bons intérêts font les bons amis. Après tout, Michel-Ange a eu raison de laisser à Raphaël les peintures à l’huile de la Chapelle Sixtine. Voyez la gloire qu’ils en ont retirée grâce à leur formation florentine. »
« Allier Florence et Rome n'est pas toujours une association payante. »
répliqua t'il sur un ton cinglant.

Les deux ne lâchaient pas le morceau. Tous les deux étaient têtus et ne mâchaient pas leurs mots, autant dire que ce petit manège n'était pas près de s'arrêter ! Luigi avait mal de toutes ses phrases, son petit cœur se serrait au fil des paroles et plusieurs fois, il eut quelques grimaces de douleur, qui pouvaient passer pour tout autre chose, mais ne voulait pas se laisser piétiner. C'était idiot et puéril mais Colonna avait clairement oublié sa mission en cet instant. Jusqu'à ce qu'Aline – qui se montrait mature et adulte ce soir – ne les stoppent d'un geste et fit la police.

« D’accord. Il se passe quelque chose de vraiment étrange, ici. L’un de vous deux va-t-il m’expliquer ou allons finir par rouler sous la table en nous battant comme des chiffonniers? Pour votre information nous sommes le centre d’attention de toute la table. Je vous propose de finir ce repas en ne discutant plus que de la pluie et du beau temps et de finir ce passionnant échange en privé. D'accord ? »

Luigi hocha la tête en signe d'acceptation. Elle avait raison encore une fois, lui passait pour un gamin sans aucune jugeotte mais il fallait parfois le recadrer pour qu'il revienne à la raison. Sauf que Lully n'allait pas s'arrêter en si bon chemin, il avait l'air en grande forme ! Le romain ne fit que lever les yeux au ciel et s'il mourrait envie de répondre, se contenta de serrer les dents et de jouer machinalement avec son couteau. Il fallait qu'il se reprenne, et vite. Cela ne pourrait pas continuer toute la soirée de la sorte, il serait mal venu d'être le centre des conversations et d'attirer l'attention sur eux, même si c'était un poil trop tard en cet instant. Heureusement qu'Aline était là, Luigi se surprit à la remercier intérieurement pour son intervention pour tenter de revenir à la normale.

« Alors d’après vous, allons-nous avoir un hiver plutôt rude ? »
Bien rude vu que la guerre, sous bien des aspects, vient d’être déclarée par Sa Majesté. J’ose espérer…, que les affaires seront plus que fructueuses pour certains d'entre nous. »
« Les guerres donnent toujours d'étranges impulsions dans les affaires. Dans le bon comme le mauvais sens mais il y aura toujours de la clientèle. Cela permet de faire le tri ! »


Luigi avait lancé cela sur un ton badin mais c'était clair qu'il en voulait toujours à son amant son comportement. S'il résidait encore une tension, tout semblait plus calme en apparence. Le romain décida d'ignorer le compositeur le reste du repas et de parler à d'autres voisins de table, les faire parler au maximum pour avoir quelques possibles informations. Avec la guerre qui s'annonçait, certains vivraient des temps difficiles et il existait une solution facile pour se faire un peu d'argent : le marché noir. S'il y existait un quelconque filon, Colonna l'exploiterait, cela l'occupera durant la guerre vu qu'il resterait à Paris et n'avait pas l'intention de voyager dans les prochains mois (sans savoir qu'il y serait obligé). Mais rien de bien probant, quelques allusions peut être mal interprétées, il ne savait pas vraiment mais cela restait dans un coin de sa tête pour en parler à Aline. Tournant la tête vers les deux autres, il les vit en grande conversation sans vraiment prêter attention à leurs paroles. Qu'ils l'oubliaient, c'était très bien.

Le repas était délicieux et tous sortirent de table pour reprendre d'autres discussions. Mais Colonna n'avait pas vraiment le cœur à rester. Puis cette espèce de dispute l'avait épuisé, son cerveau ne cessait pas de tourner encore et encore, ressasser les paroles de Lully. Alors il s'approcha d'Aline pour lui parler à voix basse.

« Comptez vous encore rester ? Je pense que nous n'aurions rien de plus ce soir …  »

Cette petite messe basse pouvait être interprétée de tant de façons. Pas dans les mots que l'irlandaise seulement avait entendu, mais surtout dans le geste. On ne parlait pas à l'oreille de toutes les femmes de la sorte. Sûr que c'était fait exprès après le regard lancé à Lully après cette conversation privée. Mais il était temps de partir, Luigi et Aline avaient des comptes à régler …

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MessageSujet: Re: Un artiste Deux espions ... A trois, bonjour les dégats ! [Luigi/Lully]   Un artiste Deux espions ... A trois, bonjour les dégats ! [Luigi/Lully] Icon_minitime11.12.12 18:39

Après avoir mouché les deux hommes, le reste du repas se déroula dans une ambiance particulière. Luigi leur tourna ostensiblement le dos pour discuter avec son voisin de gauche. Alaina se retrouva donc à faire la conversation avec Lully. Qui de manière aussi habile qu’insidieuse, cherchait à lui soutirer des renseignements, sur son histoire avec Luigi et sur elle.
-Comment nous nous sommes rencontré ? Et bien c’est une connaissance commune qui pensait que deux des représentants des peuples les plus butés d’Europe devait être fait pour s’entendre. Ou à défaut, donner un spectacle divertissant ! Ce qui a abouti au deux en réalité comme vous pouvez le constater ce soir.
Elle tentait de rester dans le flou, d’adopter ce ton de salon qu’elle maitrisait si bien et qui par une pirouette permettait de se sortir des situations les plus compliquées. Mais le compositeur n’était pas une péronnelle et il insista, la poussa dans ses retranchements en la questionnant sur les origines de sa venue à Versailles.
Avec un sourire félin, qui annonce en général chez elle un changement de tactique, elle attrapa son verre, but une gorgée et au lieu de lui répondre, passa à l’attaque.
-Et si vous me disiez, vous, comment vous avez rencontré Monsieur mon fiancé ?
Avec une certaine satisfaction, elle le vit se raidir un peu. Comme elle, il choisit le mutisme pour toute réponse. Son sourire s’élargit.
-Nous avons tous nos petits secrets, Monsieur Lully, murmura-t-elle.

C’est avec soulagement que le repas pris fin. Toujours aussi galant, Lully lui offrit son bras pour retourner dans la salle de réception, certainement dans l’idée de continuer leur joute verbale. Mais leur hôtesse vint cherche Alaina, qui pour la première fois de sa vie fut soulagée d’être entrainée dans une conversation futile. A sa grande surprise, elle fut rejoint par Luigi, elle s’attendit à être raillée mais celui-ci se comporta en parfais gentilhomme, se penchant même vers elle avec une tendresse qui provoqua des sourires mouillées de la part des dames. Cependant, si ces mêmes dames avaient entendus les paroles prononcées, elles auraient bien vite déchantées.
- Comptez vous encore rester ? Je pense que nous n'aurions rien de plus ce soir …
-Vous avez raison mon ami, rentrons, répondit-elle doucement.
Mais au regard qu’il lui lança, elle comprit que des explications l’attendaient sur le chemin du retour. Ils saluèrent rapidement leurs hôtes avant de retourner à leur voiture.

L’ouverture des hostilités ne se fit pas attendre. A peine installé, Luigi ouvrit le bal des reproches, l’accusant d’être une gourgandine sans réflexion, accordant de l’importance aux apparences et n’ayant probablement jamais connu ni la souffrance, ni les tourments de la vie. Il lui jeta même à la figure que son activité d’espionne n’était probablement qu’un passe temps de petite-fille gâtée.
Dire qu’Alaina fut meurtrie par ces paroles était un euphémisme. L’espace d’un instant, le masque qu’elle avait appris à porter au point de ne plus faire la distinction avec sa propre personnalité disparu, pour laisser place à la Comtesse de Cork, plus irlandaise qu’elle ne l’avait jamais été. Son visage se fît dur et ses yeux lancèrent des éclairs. Elle dû se mordre les lèvres pour que les vérités cinglantes mais au combien dangereuses ne franchissent pas sa bouche. Il lui fallu un certain temps pour redevenir maîtresse d’elle-même et sa voix se fît polaire pour répondre à son collègue.
-Monsieur Palianno, rétorqua-t-elle, incapable d’utiliser à présent son prénom, vous évoluez maintenant depuis assez longtemps pour savoir que le fondement même de Versailles repose sur les apparences. Notre travail d’espion est lui-même basé sur ces faiblesses. C’est bien parce que cette société ne se fît qu’à se qui brille que nous pouvons endosser tour à tour des rôles différents. Ces gens se nourrissent de ce que nous leur donnons et pendant qu’ils s’en repaissent nous les dupons pour en tirer partis. Les apparences sont notre meilleure arme, ne me reprochez pas de savoir en jouer.
La teneur de leur dispute ce soir là était bien différente des autres fois. Il ne s’agissait plus de mauvaise foi, de chamailleries mais bien d’une véritable querelle, profonde, qui laisserait des marques dans leur relation à venir.
-Si vous vous arrêtez à cela, alors c’est vous qui vous arrêtez aux apparences, ajouta-t-elle avec plus de tristesse cette fois-ci.
Elle regrettait bien amèrement de ne pouvoir lui montrer son vrai visage, lui expliquer qu’elle n’avait que trop bien intégrer sa couverture, au point de parfois oublier qui elle était vraiment. Mais le danger pouvait venir de n’importe où, y compris d’un de ses collègues et elle s’était jurée de ne plus dire un mot.
L’attelage s’arrêta devant son hôtel et Alaina s’apprêta à en descendre. Mais elle avait le sentiment qu’en se quittant fâché, quelque chose serait irrémédiablement gâché entre eux. Ce qu’elle ne voulait pas, car quoiqu’elle en dise, Alaina appréciait l’italien.
-Si je suis si légère que vous semblez le penser, comment expliquez vous que je sois encore au service de Sa Majesté, après tout ce temps ?
Puis elle sauta dans la rue, le laissant méditer ses paroles. Alors qu’elle entrait dans son vestibule, le bruit du carrosse s’éloignait et elle se demandait s’il se réarrêterait devant chez elle un jour.

fin pour Alaina

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MessageSujet: Re: Un artiste Deux espions ... A trois, bonjour les dégats ! [Luigi/Lully]   Un artiste Deux espions ... A trois, bonjour les dégats ! [Luigi/Lully] Icon_minitime30.12.12 13:55

Une façade, un sourire en coin vacillant entre l’aspect narquois et la courtoisie, brouiller les pistes pour fausser les idées que les autres convives pouvaient se faire à son sujet… tout cela relevait d’un long et pénible entraînement qui datait de quelques années. Lorsque Luigi accorda son attention à son voisin de droite, laissant sa fiancée entre les mains de son amant, leurs hôtes mirent leur petite joute verbale sur le compte de l’éternelle rivalité qui opposait Florence à Rome et sur le mauvais caractère du compositeur.
En son for intérieur, Lully compara Alaina à un doux agneau que Colonna venait de jeter dans la gueule du loup. A cette pensée, les coins de ses lèvres se relevèrent légèrement, teintant son sourire d’une lueur quasi-carnassière alors qu’il demandait poliment à la jeune fille les circonstances de sa rencontre avec le prince romain.

- Comment nous nous sommes rencontré ? Et bien c’est une connaissance commune qui pensait que deux des représentants des peuples les plus butés d’Europe devait être fait pour s’entendre. Ou à défaut, donner un spectacle divertissant ! Ce qui a abouti au deux en réalité comme vous pouvez le constater ce soir.

Cette réponse était criante de fausseté ! Ne se rendait-elle pas compte que son interlocuteur était le pire détecteur de mensonge et le plus habile menteur quand il s’agissait d’esquiver une question gênante ? Et qui, diable, avait-eu cette idée absolument idiote d’organiser une rencontre entre ces deux têtes de mules ? Ce n’était que pure sottise !
L’italien tendit son bras pour s’emparer de la cruche d’eau qui était face à lui et se pencha vers Alaina tout en remplissant son verre pour faire diversion tout en lui soufflant quelques mots :

- Allons, Mademoiselle de Cork, pas de ça avec moi. Cachez ce qui vous arrange à votre sujet mais ne me trompez pas en ce qui concerne Paliano…

Et l’air de rien, il se servit à son tour et lui jeta un regard d’avertissement avant de la laisser prendre la parole à son tour tandis qu’il portait son verre à ses lèvres. A l’entente de sa question, il se crispa légèrement et ses doigts se resserrèrent autour de l’objet qu’il avait en main. La petite voulait jouer et lui renvoyait ses attaques. Bien, s’ils en était réduits à jouer au jeu du miroir, elle n’allait pas être déçue.

- Et si vous me disiez, vous, comment vous avez rencontré Monsieur mon fiancé ?
- Oh, vous savez, il fallait travailler la diplomatie et la communication entre nos deux villes…,
répondit le florentin, un sourire énigmatique et auto-satisfait aux lèvres.

Lorsque leurs hôtes annoncèrent la fin de cette torture qu’était ce dîner, Lully poussa un discret soupir de soulagement : il allait enfin pouvoir s’éclipser. Galanterie et bonnes manières obligent, il recula sa chaise avant d’offrir son bras à Alaina, qui en profita pour lui chuchoter qu’ils avaient tous leurs petits secrets, pour la mener dans le salon. Le musicien se contenta d’un léger hochement de tête et libéra la jeune femme en voyant la maîtresse de maison s’avancer vers eux.
Lully en profita pour prendre congé le plus poliment possible en remerciant l’hôtesse pour son accueil et son délicieux repas. Voyant qu’elle attendait des excuses quant à son comportement, il se tourna vers Alaina et s’empara en douceur de sa main pour y apposer furtivement ses lèvres avant de la quitter à son tour. En croisant Luigi, il le salua et s’adressa une dernière fois à son amant avant de quitter les lieux.

- Prenez soin d’elle et ménagez-vous, votre vie ne sera d’aucun repos à ses côtés mais elle vous apportera ce qu’il vous faut.

Sur ces mots, le florentin quitta la réception, récupéra ses affaires et s'engouffra dans son carrosse en retenant un frisson désagréable qui lui grimpa le long de l'échine. A son arrivée, son fidèle André ne posa aucune question en voyant l'air bougon de son maître, se contentant de lui préparer de quoi lui faire passer une nuit le plus calme possible. Ne jamais contrarier encore plus le compositeur si on tenait à la vie, et jusqu'à présent ça avait marché.

Fin pour Lully.

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MessageSujet: Re: Un artiste Deux espions ... A trois, bonjour les dégats ! [Luigi/Lully]   Un artiste Deux espions ... A trois, bonjour les dégats ! [Luigi/Lully] Icon_minitime15.01.13 15:46

Il était vexé et comme un gamin, il boudait. Le romain avait pris le parti de ne plus parlé ni à sa collègue de travail ni à son amant, les trouvant trop butés et trop peu fréquentables en cette soirée. Comme si lui était mieux … Non mais Luigi avait un sale caractère, il le savait, mais n'avait jamais voulu le dompter, préférant rester dans ce tourbillon de vie qu'il menait sans relâche. Seulement, cela pouvait lui jouer de sacrés tours comme en ce moment même où la malchance voulu que son amant soit de sortie pile au même endroit que sa mission et qu'Aline, ne voulant pas perdre leur couverture qu'ils avaient mis du temps à construire, jouer les jolies amoureuses. Cela donnait un drôle de trio où tout le monde en voulait à tout le monde mais devait rester poli pour la bienséance et se forçaient à faire la conversation. Sauf Luigi, enfin si mais pas à ces deux là, mais à son voisin de gauche, prenant un air faussement passionné pour ne pas qu'on le dérange. Mais alors que son voisin de table lui racontait pour la douzième fois au moins son voyage en colonies espagnoles, Colonna laissa traîner ses oreilles sur la conversation d'à côté …

« Comment nous nous sommes rencontrés ? Et bien c’est une connaissance commune qui pensait que deux des représentants des peuples les plus butés d’Europe devait être fait pour s’entendre. Ou à défaut, donner un spectacle divertissant ! Ce qui a abouti au deux en réalité comme vous pouvez le constater ce soir. »

Luigi dut se retenir pour lever les yeux au ciel. Quelle bêtise tout de même. Jean-Baptiste allait-il croire une telle chose ? Il avait beau tendre l'oreille, il n'entendit pas ce que le compositeur put dire à l'irlandaise et c'était bien dommage. Tant pis, ce ne devait pas être bien important et le romain tenta de savoir où en était son voisin de table dans ce récit avec un sourire et hochant la tête, ponctua les aventures par des mots comme « incroyable » « quelle chance ! » ou encore « continuez je vous prie. » même s'il se moquait de ce récit qu'il connaissait déjà. Et de l'autre côté, que se disaient-ils ?

« Et si vous me disiez, vous, comment vous avez rencontré Monsieur mon fiancé ?
Oh, vous savez, il fallait travailler la diplomatie et la communication entre nos deux villes… »


Ce n'était guère plus intéressant, mis à part cette petite guerre à couteaux tirés où celui qui allait subir le plus de dégâts, c'était bien évidemment Colonna car il était au centre de cette histoire : son amant le croyait fiancé et sa collègue ne comprenait pas l'attitude du romain au cours de cette soirée. Heureusement que cet interminable repas se finissait enfin et que Luigi en profita pour demander à Aline de rentrer. Ils ne tireraient rien de leur mission ce soir, ils étaient trop tendus et surveillés par le compositeur de la Cour, cela ne mènerait nul part. C'était un soulagement de partir, quitter cet endroit maudit ! Dire qu'ils devaient passer une bonne soirée … Tout avait si bien commencé ! Mais non, le destin s'en était mêlé et voilà que Luigi avait sabordé sa mission mais aussi peut être son couple ! Il n'y avait qu'à comprendre les paroles du compositeur lorsqu'il lui dit au revoir :

« Prenez soin d’elle et ménagez-vous, votre vie ne sera d’aucun repos à ses côtés mais elle vous apportera ce qu’il vous faut. »

Luigi n'osa répliquer, resta presque pétrifié et ne fit finalement qu'un simple hochement de tête alors que Jean-Baptiste s'en allait. Cette phrase n'annonçait rien de bon et les deux amants devaient avoir des explications sous peu, au risque de voir leur couple explosé pour un stupide mensonge. Mais avant de mettre les choses au clair avec Lully, il devait avoir des explications avec Aline. Et là non plus ce ne serait pas de tout repos, en témoigne le voyage en carrosse. Et il ouvrit les hostilités.

« Pourquoi vous n'en faites qu'à votre tête ? Je sais que changer de plan au cours d'une mission était presque du suicide mais je ne pouvais pas faire autrement ! Jean... Monsieur Lully me connaît moi, Luigi Colonna, prince romain célibataire et pas cet alias marié à une femme comme vous ! Il me connaît assez pour savoir que je ne m'attacherais jamais à une espèce de futilité sur jambes, une gourgandine et amoureuse transie ! il lâcha un soupir de colère avant de continuer. Vous ne pouvez pas piétiner ma vie de la sorte et ruiner des relations au nom des apparences, je ne peux pas supporter cela ! Amusez vous à faire cela avec qui ça vous chante mais avec moi ! Si vous ne comprenez pas l'importance des relations humaines, ouvrez donc un peu les yeux. ! »

Il était en colère et pourtant ne lui disait pas vraiment pourquoi. Il serait si simple d'expliquer que Lully était son amant et qu'elle venait sûrement de ruiner son couple. Mais touché, Luigi faisait mal à son tour en attaquant Alaina de la sorte avec d'autres reproches qui dévièrent jusqu'à celui-ci :

« Vous n'êtes qu'une enfant gâtée, rien n'est sérieux pour vous. Même pas votre activité d'espionne. »

Il regretta aussitôt ses mots mais était trop fier pour s'excuser. Il vit que la jeune femme avait changé d'attitude et que son regard était devenu sombre. Il était tant de répliquer à son tour, sans aucune tendresse non plus plus. Mais elle avait raison, les apparences faisaient Versailles, la Cour, le monde et ils profitaient de ces apparences pour en jouer et piéger leurs ennemis. Mais il serait trop simple d'acquiescer et dire qu'elle avait raison, il ne voulait pas s'abaisser. Pourtant, dans ce carrosse, la jeune femme était bien plus mature que lui …

« Si vous vous arrêtez à cela, alors c’est vous qui vous arrêtez aux apparences. »

Plus que les mots, ce fut le ton qui surprit Luigi, levant ses yeux vers elle, lui qui avait ostensiblement tourné le regard vers le Paris nocturne. Ce soir, plus que des chamailleries, ils s'étaient blessés, ils s'étaient fait mal et Colonna le regretta encore. Voilà pourquoi il ne dit rien, se contentant de croiser les bras et lever les épaules, une attitude enfantine. Ils restèrent dans le silence, jusqu'à l'hôtel de la jeune femme qui ouvrit la porte et lança une dernière phrase :

« Si je suis si légère que vous semblez le penser, comment expliquez vous que je sois encore au service de Sa Majesté, après tout ce temps ? »

Puis elle partit, laissant Luigi dans le carrosse qui repartait à Versailles. Le pire, c'est qu'il savait qu'elle était une bonne espionne, les deux faisaient un bon tandem et s'amusaient bien. Mais ce soir, il avait décidé d'être méchant juste parce que son couple était en cause. Couple qu'Aline ne connaissait pas et n'était pas sensé être au courant. A trop vouloir se protéger, à trop s'enrouler dans ses mensonges, Luigi di Paliano avait fait du mal à des personnes qu'il adorait. Il prit alors la tête dans ses mains :

« Quel idiot je fais … »

FIN
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