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| Un certain retour ... [Lully] | |
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Luigi Colonna
« s i . v e r s a i l l e s »Côté Coeur: Tant qu'il bat encore, il battra fort pour son italien, le seul.Côté Lit: Un certain florentin le partage la plupart du temps. D'autres aussi, moins souvent ...Discours royal:
CASSE-COU 1000 vies, un corps
► Âge : 27 ans
► Titre : Prince di Paliano (de la Palissade), membre de la famille Colonna
► Missives : 602
► Date d'inscription : 18/09/2011
| Sujet: Un certain retour ... [Lully] 23.09.11 0:57 | |
| « L'absence est à l'amour, ce qu'est au feu le vent ; il éteint le petit, il allume le grand. » Ce n'était pas raisonnable. Voilà ce que la raison répétait à Luigi mais il n'était homme à être raisonnable. Du moins, s'il l'était, ce n'était pas sur la longue durée. De tempérament sanguin, Colonna avait multiplié les grands coups de gueule et la violence. S'il était doux comme un agneau en règle générale, il ne lui suffisait de pas grand chose pour que son sang ne fasse qu'un tour. Mais là encore, cela jouait souvent en sa défaveur puisque cela se répercutait sur sa santé. Mais aujourd'hui, qu'importe, il n'était plus à quelques kilomètres de carrosses près, pas à une migraine supplémentaire, ni à une fatigue plus intense. Luigi avait deux personnes importantes à voir. Tout d'abord le Roi. Il s'était présenté à Louis XIV, lui avait présenté des cadeaux d'anniversaire. Il avait pu ainsi montrer au monarque qu'il était de retour, prêt à retourner dans les ranges des espions du royaume … Bref, cette rencontre là était faite. Il restait l'autre. Si le monarque était plus important au point de vue de la hiérarchie du royaume, son être lui disait clairement que la personne chez qui il se rendait était bien plus importante. Luigi ne savait plus vraiment depuis combien de temps Jean-Baptiste et lui étaient amants, cela semblait presque depuis toujours car leur relation était si naturelle, sans trop de chichi et, surtout, pas sous les feux de la rampe. Les deux n'avaient pas le goût de trop s'exposer, leur relation se faisaient à l'abri des regards de la Cour et ce n'était pas plus mal. Bien sûr, il y avait tous ces bruits de couloir, untel ayant vu les deux italiens parler et paraître trop complices … Mais il y avait tellement de probables amants dans ce château, que ce n'était qu'une histoire parmi d'autre, il n'y avait pas de preuve. Pour le savoir, il faudrait se rendre au manoir du Compositeur pour peut être les surprendre à vivre leur histoire. Mais, là encore, qui viendrait déranger Lully loin de la Cour ? L'italien n'était pas le parfait courtisan, n'organisait pas de grands évènements chez lui et puis on n'entrait pas chez les gens comme dans un moulin ! Bref, ils étaient tranquilles pour encore longtemps …
Les grilles du manoir apparaissaient et ce fut l'arrêt pour le carrosse. Luigi voulait faire les derniers mètres à pied, histoire de créer davantage la surprise. La lumière du jour lui fit plisser les yeux et les premiers pas furent hésitant. Sa migraine ne passait pas, il savait que les retrouvailles ne seront que de courte durée, le romain devrait s'allonger … mais pour se reposer seulement. Son amant était l'un des rares en ces lieux à connaître sa maladie, une sorte de secret qui les rendait davantage complices. Qu'il aimait ces lieux, il s'y sentait chez lui. Il y avait ici un peu d'Italie, un côté paisible et reposant. Quand Luigi venait ici, il pouvait pleinement recharger les batteries, laisser de côtés les problèmes et tout simplement vivre. Ce manoir et son jardin lui rappelait Ancône, la mer en moins. Mais un amant et la musique en plus. On pouvait trouver facilement des côtés positifs. A la porte, il avait tiré sur la clochette pour alerter de sa présence. Un domestique ouvrit et le salua comme il se doit à un prince. Il faut dire qu'il était connu entre ses murs, pas besoin de s'annoncer ou de faire de grandes cérémonies.
« Prince ! Quel plaisir de vous revoir. » « Plaisir partagé. El maestro est il ici ? » « Assurément, je vais le prévenir de votre … » « Nul besoin, je vais moi-même faire la surprise de mon retour. »
Il connaissait ce manoir comme si c'était sa propre demeure. Après tout, il y passait pas mal de temps, ce n'était que logique. Passant devant un miroir, il jeta un coup d'œil rapide et dut bien admettre qu'il n'était pas en grande forme. Les traits tirés, le teint pâle et cet habit noir bien trop sérieux, contrastant avec sa peau trop clair pour un italien, du à un grand manque de soleil et une maladie permanente. Puis la migraine le prit un peu plus fort et il se prit la tête entre ses mains, le domestique accourut, inquiet. « Allez vous bien ? » « Ce n'est rien juste … Faites préparer une collation, cela aidera sûrement. »
La faim ne résoudrait pas grand chose mais Luigi n'aimait pas qu'on l'aide, il détestait cette idée qu'on fasse de lui un infirme qu'il préférait puiser dans ses maigres forces plutôt qu'on vienne à son secours. Il reprit donc un peu de poil de la bête et continua la recherche de son amant. Ce n'était pas difficile, il passait la plupart de son temps dans son cabinet de travail, à jouer ou composer la plupart du temps. Et plus il approchait, plus un air mélodieux enchantait ses oreilles. Lully était vraiment un génie et avait le don de donner une telle vie à sa musique ! Les portes étaient fermées et, sans faire de bruit, le romain en ouvrit une pour voir son amant de dos, entrain de jouer. Il resta de nombreuses minutes à l'écouter jouer, s'arrêter, reprendre. Il referma tout aussi doucement et s'y adossa, un large sourire sur les lèvres et les bras croisés. Lorsque Jean-Baptiste s'arrêta à nouveau, il en profita pour parler.
« Ah, que cette musique m'avait manqué … »
Et lorsqu'il vit Jean Baptiste se retourner vers lui, il s'empressa d'ajouter. « Ainsi que ce visage. Qui aurait cru que je manquais d'Italie alors que j'étais au cœur de son royaume ? »
Il lui offrit un large sourire. Luigi avait un certain esprit libre et il trouvait cela un peu trop conventionnel de dire un simple bonjour. Surtout à son amant et en ses lieux, il se permettait des fantaisies. Et s'il arrivait à un peu oublier sa migraine, c'était son cœur qui s'emballait, mais il y avait bien une raison …
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| Sujet: Re: Un certain retour ... [Lully] 23.09.11 22:41 | |
| "Aime moi moins, mais Aime moi longtemps." Depuis l’anniversaire de Louis, Jean-Baptiste était resté cloîtré dans son manoir et n’avait pas paru à la cour sans y être obligé par Monsieur ou Molière. Voilà plusieurs semaines que le compositeur travaillait d’arrache-pied sur la musique qui devait animer le bal donné en l’honneur du souverain. Comme à son habitude, Lully avait mis la barre très haute. Le ballet avait été un succès, presque comme d’habitude, et c’était rempli de fierté qu’il avait reçu les habituels compliments de son ami et seigneur. Bien sûr, son oreille avait été attaqué par le venin que certains vipères crachaient à son sujet mais le florentin n’en avait cure. Lui, ce qui lui importait c’est que Louis et Philippe soient satisfaits, enthousiastes et plus encore, de sa musique.
Heureusement, il avait pu prendre quelques jours de repos et avait ainsi échappé à l’euphorique moissonnage de ragots sur tout et n’importe quoi. Certains parlaient tout bas sur qui n’avait pas été invité, d’autres critiquaient ouvertement l’attitude de tel ou tel noble qui était présent pendant que le reste des invités se plaisait à écouter et déformer ce qu’on leur disait. Bien sûr, lui-même n’avait pas échappé aux rumeurs. Malgré ses efforts pour paraître agréable cette fois-ci, Lully avait été la cible de certains radoteurs qui, justement, cherchaient à comprendre pourquoi le musicien acceptait, cette fois, de danser avec les demoiselles qui s’approchaient de lui.
Mais, aujourd’hui, il était tranquillement installé chez lui, dans son petit salon. Jean-Baptiste avait fait porter un billet à ses amis pour leur demander de le laisser se reposer encore quelques jours. Et il comptait bien profiter de ce repos, amplement mérité, pour se remettre d’aplomb afin de détruire un par un tous les bruits qui pourraient courir à son sujet. La matinée était passée depuis plus d’une heure quand l’un des domestiques était entré pour le réveiller. Jean-Baptiste avait pris un rythme de vacances totales. Le maître des lieux avait convié tout son personnel pour lui faire une annonce et c'est dans le hall qu'il le retrouva. Le musicien leva les mains pour réclamer l'attention des personnes présentes et leur offrit un grand sourire malicieux. - Le calme après la tempête... L'anniversaire de notre cher roi Louis est passé. Je m'excuse, une fois de plus pour mon comportement envers vous et vous remercie de tous vos efforts. Ainsi, je déclare che il Maniero è in vacanza! Les vacances du manoir... Chaque année, cette période était attendue avec impatience par les domestiques. Ils avaient moins de travail, de pression et leur maître était moins exigeant comme il se reposait. Lully, se réjouissait lui aussi de cette annonce, mais cette fois, il n’était pas autant enthousiaste que ses serviteurs. Habituellement, Luigi était là, passait chaque seconde avec lui… Mais cette année, son romain n’était pas présent et son absence commençait à peser cruellement à son amant qui se languissait et s’inquiétait pour lui. Dans le milieu de l’après-midi, après avoir déjeuné, le florentin s’enferma dans son petit salon et s’empara de son violon une fois de plus. Il améliora le morceau qu'il avait improvisé avant que la Duchesse de Chevreuse ne l'interrompe. Apposant une note par-ci, une croche par-là… Et si il mettait un silence ici… ? Cette mélodie lui était restée en tête depuis ce jour-là et il voulait arranger les parties qui étaient trop… trop improvisées. Même s’il se permettait une grande liberté, la théorie était là, indéniable et impossible à ignorer, il fallait donc qu’il la contourne. Peut-être qu’une fois le morceau achevé, Luigi serait content de l’entendre… Et le musicien remit sont fidèle instrument sur son épaule, rejoua son morceau depuis le début en fermant les yeux, un léger sourire aux lèvres. Oui, son prince serait plus que content d’entendre cette musique, Lully en était sûr et à mille lieux de penser que lorsqu’il s’arrêterait de nouveau pour noter une nouvelle mesure sur son papier, le romain serait derrière lui. Pourtant, c’est ce qui arriva. Jean-Baptiste se penchait sur son pupitre et s’emparait d’une plume quand la voix de Luigi s’éleva, comme un murmure. - Ah, que cette musique m'avait manqué … Lully resta pétrifié sur place, un frisson d’appréhension et d’excitation courant le long de son échine. Fouillant dans sa mémoire, le florentin essayait de se rappeler si son amant lui avait annoncé, ou non, son arrivé dans une de ses rares lettres. Le florentin se retourna lentement, appréhendant d’être devenu fou et d’avoir cru entendre son cher et tendre romain. - Ainsi que ce visage. Qui aurait cru que je manquais d'Italie alors que j'étais au cœur de son royaume ? - Je ne saurais dire quel simple d’esprit aurait pu croire à une sottise pareille, Prince Paliano… Qu’il était bon de revoir ce visage, se dit Lully en caressant des yeux les traits du romain qui se trouvait face à lui, un petit sourire au coin des lèvres. Paliano s’était appuyé contre le mur, dans une posture qui lui donnait une insolente beauté et le florentin sentait son cœur de glace se réchauffait au fil des secondes alors qu’il se rapprochait à pas feutrés de son jeune amant. Une fois arrivé à sa hauteur, le compositeur tendit son bras libre, l’autre étant pris par son violon, pour que ses doigts épousent la douceur de la joue du jeune homme.- Chacun de vos retours me renvoie à notre première rencontre. Vous apparaissez comme par enchantement… pour mon plus grand bonheur… Le compositeur sourit, de ce petit sourire qu’il réservait à Luigi, que lui seul savait déchiffrer. Il était plus qu’heureux que le romain soit revenu à Versailles, juste à temps pour les vacances du musicien. Mais ce dernier savait que pour d’obscures raisons, son amant serait amené à le quitter pendant quelques temps. Mais chacune des absences du romain inquiétait le florentin qui tournait en rond dans son manoir jusqu’à ce qu’il lui revienne, sain et sauf, parfois avec quelques égratignures. Lully savait que Luigi était utile à Louis XIV mais il n’était pas au courant de la nature des services que le jeune brun rendait à son roi. Il aurait juste voulu que le souverain ne pousse pas trop le romain, après tout, il était malade et c'est avec un air légèrement inquiet que le florentin observa son interlocuteur.- Avete fatto un lungo viaggio, il mio bello amore, vi riposerete nel divano. Ho anche una sorpresa per voi.Murmura Lully d'une voix douce en prenant la main de son amant dans la sienne pour le traîner jusqu'au canapé qui lui était réservé. Une fois que le jeune homme fut allongé, le florentin posa ses lèvres sur son front avant de se relever et de remettre son violon sur son épaule. Il sentait l'adrénaline et la fébrilité parcourir ses veines tandis qu'il posait son archet sur les cordes de son instrument dont il tira les premières notes. Et Jean-Baptiste joua, il joua comme il aimait le faire. Pour lui, pour son prince qui était revenu, pour la musique. |
| | | Luigi Colonna
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| Sujet: Re: Un certain retour ... [Lully] 25.09.11 13:26 | |
| Il aimait bien arriver par surprise, voir la réaction des gens. Il n'y avait que là qu'on pouvait voir toute leur sincérité, pris sur le vif de l'instant présent. Et lorsque Luigi vit la plume de son amant se suspendre à ses paroles, puis ses yeux quand leurs regards se rencontrèrent, il n'y avait aucun doute sur ce que pouvait penser le musicien à cet instant, ce qui ne fit qu'agrandir le sourire du romain à cet instant. A cet instant, il aurait pu décoller de la porte et se rendre jusqu'à son amant pour l'embrasser avec fougue. Mais si l'envie ne lui manquait pas, il se sentait assez peu capable de ne pas être soutenu par la porte derrière son dos. L'épuisement, ce long voyage lui avait pompé toutes ses forces et il serait insensé de trop tirer sur la corde de sa maigre santé. Et maintenant, Luigi savait qu'il n'aurait plus vraiment à se rendre à Rome, il avait tout le loisir de rester ici, de vivre tranquillement avec Jean-Baptiste. Alors s'il n'y avait pas de fougue à l'heure actuelle, les deux sauraient se rattraper en temps voulu.
Pour le moment, tout se jouait sur les mots, les sourires et surtout les regards. Le compositeur avait les yeux d'un bleu captivant, hypnotisant, où il était impossible de s'en détacher, surtout quand ceux ci exprimaient tant de choses à cet instant.
« Je ne saurais dire quel simple d’esprit aurait pu croire à une sottise pareille, Prince Paliano… » « Un fou sans aucun doute … »
Et pourtant, au cœur même du berceau de leur Italie natale, Luigi n'avait cessé de pensé à Lully. Entourés d'italiens, à parler cette langue mélodieuse à longueur de journée, accompagner son oncle aux représentations musicales qu'il désirait voir … Tout aurait pu le combler mais son Italie était à Versailles. Pas aussi vaste que tous ces royaumes mais suffisant au Prince dont le regard bleu-gris ne se détachait pas de cet amant qui venait lentement à lui. L'un en face de l'autre, le sourire du romain ne fit que s'accroitre, d'une douceur infinie, contrastant avec son habit de deuil et cette fatigue qui se lisait sur son visage.
« Chacun de vos retours me renvoie à notre première rencontre. Vous apparaissez comme par enchantement… pour mon plus grand bonheur… » « Et le mien. Mi sei mancata. »
Bien sûr qu'il lui avait manqué ! Mais Luigi n'avait pu lui dire, les lettres se faisaient rare. Rome n'était pas une ville de confiance, trouver quelqu'un d'assez intègre pour rapporter une lettre devenait bien difficile. Et si l'on trouvait, il fallait que ce même coursier survive ! L'Italie n'était pas un long fleuve tranquille, il fallait savoir se battre, ou au moins courir vite pour échapper à son ravisseur. Luigi pouvait en témoigner, même s'il n'en a jamais parlé à personne. Surtout pas à son amant juste devant lui, qui lui caressait la joue. Lully était un des rares à connaître sa maladie, Luigi ne voulait pas être un fardeau supplémentaire en lui confessant ses plus sombres secrets. Peut être un jour, qui sait. Mais pas aujourd'hui, il y avait de belles retrouvailles à faire.
« Avete fatto un lungo viaggio, il mio bello amore, vi riposerete nel divano. Ho anche una sorpresa per voi. »
A ces mots, il ne fit qu'un hochement de tête et se laissa guider. Il adorait ses moments d'intimité où tous deux parlaient italien, leur langue commune. Et dit dans un murmure, cela avait bien plus d'impact sur le coeur qu'une longue déclaration dans n'importe quelle langue. Luigi se laissa prendre la main et être guidé jusqu'à la méridienne. Il aurait pu s'offusquer, dire qu'il n'était pas fatigué, qu'il allait bien, qu'il ne voulait pas qu'on le traite comme un infirme. Mais le musicien s'y prenait tellement bien, il prenait soin du romain d'une telle façon que Luigi ne le prenait jamais mal. Se reposer après un long voyage, quoi de plus normal pour toute personne ?
« Una sorpresa ? Per me ? » Et s'il y avait une surprise à la clé, il n'y avait vraiment aucune raison d'opposer résistance. Le romain, malgré ses vingt-sept ans, restait comme un enfant lorsqu'on promettait une récompense ou qu'on parlait de surprise. Il se calmait de suite et l'âme rebelle du jeune homme attendait sagement ce qu'on lui avait promis. Sur le canapé, il s'allongea de côté, à la romaine disait-on, tourné vers son amant qui lui baisa le front avant de se relever, mettre en place son violon et commencer à jouer ce morceau que Luigi l'avait vu travailler quelques minutes auparavant. En fermant les yeux, on pouvait ressentir davantage l'intensité des notes, la beauté de la mélodie mais le romain ne perdait pas une miette de la scène, yeux grands ouverts. Voir Lully concentré, les doigts se poser avec grâce sur les cordes, le tout formait une bulle paradisiaque où il en prenait plein les yeux et les oreilles. Son amant était littéralement un génie, ce n'était pas pour rien après tout qu'il était le compositeur de la Cour, et ce concert miniature à comité plus que restreint donnait encore plus de beauté à la musique. Lorsque Lully finit, le romain applaudit avec un large sourire enchanté. Qui ne le serait pas à cet instant ?
« La tua musica mi trasporta sempre in cielo. La musica è bella ... come il suo musicista. Lei è un genio. »
La voix était douce, marquée par l'admiration et teintée de fatigue en même temps, mais cela ne l'empêchait pas de complimenter son amant. Attention, jamais de flatterie, ce n'était pas leur genre, surtout dans l'intimité du manoir du musicien. Puis, avec difficulté, il se redressa pour s'asseoir. Le visage grimaçant traduisait bien l'effort mais il n'était pas question d'abandonner. Tapant de sa main sur la méridienne, il faisait signe à son amant de venir à côté delui.
« Venez me conter vos prouesses à l'anniversaire du Roi. Je sais que vous étiez dans tous vos états mais je veux entendre votre triomphe que je n'ai pu voir. »
Il déboutonna les boutons du haut de son pourpoint, se sentant trop serré mais ne quittait pas un instant Lully des yeux. Voilà des mois qu'il ne l'avait vu, sait on jamais qu'il disparaisse avant
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| | | Invité
Invité
| Sujet: Re: Un certain retour ... [Lully] 25.09.11 20:08 | |
| Comme à son habitude, Lully riva ses yeux sur la partition qui lui faisait face, gardant son amant en arrière-plan de façon à pouvoir le regarder comme s’il lisait les notes, et prit une légère inspiration avant de se lancer. Il avait l’habitude de jouer devant Luigi, de lui faire écouter ses compositions avant tout le monde. Les seuls privilégiés se comptaient sur les doigts d’une main : le roi, Monsieur, Luigi et Molière. Maintenant que son prince était revenu, voilà une occasion toute trouvée de lui ravir les oreilles une fois de plus.
Tranquillement, le florentin posa son archet sur les cordes et en tira quelques notes qu’il joua sur le rythme d’une marche militaire. Alternant les crescendo avec les decrescendo mais tout en restant dans cette énergie. Ce morceau devait être un hymne à la détermination, il n’était pas encore totalement parfait et quoi qu’en dise le romain, Lully le travaillerait jusqu’à ce qu’il sente qu’il avait réussi à atteindre son but. Les minutes passèrent, la musique jouée par le florentin emplit le moindre espace de la pièce. Et lorsque la dernière mesure résonna dans le cabinet, un léger applaudissement s’éleva. L’italien reposa son instrument et fit une courbette pendant que son hôte le complimentait.
- La tua musica mi trasporta sempre in cielo. La musica è bella ... come il suo musicista. Lei è un genio.
Entre eux, il n’y avait jamais ces hypocrites politesses. Avant que Luigi ne reparte pour Rome, ils avaient travaillé sur un morceau qui ne plaisait pas au florentin, il n’arrivait pas à trouver ce qui pouvait clocher. Alors Colonna, voyant son amant tourner en rond et devenir exécrable avec son entourage, lui conseilla quelques petites choses et le problème fut réglé.
- Lo sono grazie a voi. Voglio incantare solamente i vostri orecchi il mio principe. E quella del nostro Re certamente...
Depuis l’arrivée du romain, le compositeur avait essayé de faire abstraction de son état mais il voyait bien que le voyage l’avait plus qu’épuiser mais il connaissait Luigi et il savait que la moindre petite attention à son égard pouvait être perçue comme une aide et c’était bien le genre de chose qui mettait le jeune homme hors de lui. Heureusement, Lully savait prendre soin de son amant sans que celui ne ronchonne. Il lui suffisait d’être attentif, de ne pas s’attarder sur sa santé et de seulement réparer les dégâts causés par ses missions en usant de différents stratagèmes donc le plus courant était une sieste. Un grand sourire illumina le visage du compositeur, qui passa outre la grimace de douleur de Luigi, lorsque ce dernier lui demanda de le rejoindre. Posément, le musicien abandonna son violon sur la table à côté de lui et franchit la distance qui le séparait de son romain.
- Venez me conter vos prouesses à l'anniversaire du Roi. Je sais que vous étiez dans tous vos états mais je veux entendre votre triomphe que je n'ai pu voir. - Je le ferais, à condition que vous vous reposiez sur moi. Ça sera un peu long, il y a tant de choses à dire, vous vous en doutez bien.
Lully regarda Luigi avec un sourire, à en faire pâlir les dames qui souhaitaient qu’il leur accorde la plus petite attention, et avec cette lueur dans le regard à laquelle le prince ne pouvait résister pendant qu'il ouvrait les bras pour accueillir son jeune amant. Il savait que le romain risquait de ne pas rester éveillé tout le long du récit et il préférait l’avoir contre lui, entre ses bras, pour être là à son réveil. Si Jean-Baptiste n’était pas prêt de disparaître dans la seconde qui suivait, rien n’était moins sûr pour Colonna.
- Ecoutez bien, mon prince, vous allez aimer ce conte. Il était une fois, l’anniversaire de notre Roi Soleil. Toute la cour reçut une invitation à se rendre dans le nouveau chef d’œuvre du souverain : la grotte de Thétys. Una meraviglia, all'altezza di Louis. I più grandi nobili francesi e stranieri étaient présents, d’autres membres de l’ordre de l’épée mais aussi du clergé avaient été conviés. Monsieur, le frère du roi, avait tout prévu, jusqu’au moindre détail, y compris la vaisselle. Le fils cadet de D'Artagnan est revenu parmi nous, le Fou du Roi a tenu compagnie à la Reine mais la favorite: Mademoiselle de Leeds, n'étais pas présente à cause de sa grossesse. Ce cher Racine devait ouvrir les festivités… mais bien sûr, ses comédiens de pacotille n'étaient pas dans les temps!
Jean-Baptiste marqua une pause pour se calmer. Il n'arrivait pas à comprendre pourquoi son ami Molière n'avait pas été choisi à la place de Racine. Ce dramaturge lui sortait par les yeux, il n'y pouvait rien. Sentant son animosité le gagner et le voulant pas gâcher cet instant, le compositeur poursuivit son récit.
- Mais Son Altesse a semblé apprécié la pièce, c'est le plus important. Personnellement, mes musiciens étaient prêts depuis le début des festivités. Comme d'habitude, ils ont joué merveilleusement bien, ils étaient parfaits! J'aurais tant voulu voir votre visage dans l'assistance lorsque je me suis retourné pour la remercier...
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| | | Luigi Colonna
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| Sujet: Re: Un certain retour ... [Lully] 26.09.11 0:22 | |
| « Lo sono grazie a voi. Voglio incantare solamente i vostri orecchi il mio principe. E quella del nostro Re certamente … »
Le large sourire sur le visage du romain éclairait malgré ses traits tirés. Il aimait cette exclusivité, ce sentiment de sécurité, et puis tous ces mots en italien. C'était tellement bien, reposant, sans besoin de réfléchir, juste vivre tranquillement, se laisser porter par les minutes et les sentiments. Bref, une vie rêvée pour un garçon qui avait besoin de ses moments de douceur. Puis, quelle fierté d'écouter un morceau avant le Roi lui-même ! Il y avait de quoi se sentir important et, mieux, se sentir aimé. Mine de rien, cela pouvait sembler dérisoire d'être aimé, mais ça aidait à la santé de personnes fragiles, d'avoir un soutien, quelqu'un qui pensait à soi … Quand on n'a pas une santé de fer comme Luigi, c'était même un pilier essentiel. Et Jean-Baptiste était un parfait équilibre pour lui. Et cela se confirmait lorsqu'il vint s'asseoir à ses côtés.
« Je le ferais, à condition que vous vous reposiez sur moi. Ça sera un peu long, il y a tant de choses à dire, vous vous en doutez bien. » « N'est-ce pas du chantage ? » Puis il vit son amant ouvrir ses bras. « Mais si vous insistez … »
Le musicien n'avait pas beaucoup à faire pour le convaincre, Luigi ne pouvait pas dire non à des bras ouverts, encore moins à ce magnifique sourire et ce regard … Il se sentait encore plus privilégié dans cet instant, sentant la chaleur de son amant, ses bras se refermant sur le corps mince de Luigi, la tête de ce dernier se posa sur l'épaule de Lully et ferma les yeux, prêt à écouter son récit. Il était déçu d'avoir raté le royal anniversaire mais il ne pouvait prévoir la date de décès de son oncle … Puis le temps de rentrer de Rome, cela faisait une grande trotte, impossible d'être à deux endroits en même temps.
« Ecoutez bien, mon prince, vous allez aimer ce conte. Il était une fois, l’anniversaire de notre Roi Soleil … »
Il l'écoutait avec attention, luttant contre le sommeil pour avoir le récit jusqu'au bout. Et puis, le romain était tellement bien dans les bras de son amant que ce serait criminel de s'endormir pile à ce moment là. Une longue lutte intérieure pour ne pas que Morphée vienne le chercher. Non, pas les bras de Morphée, il préférait les bras de Lully, c'était bien plus confortable. Alors il se concentrait sur la voix de son cher et tendre pour ne pas rater un mot de cet anniversaire, de la rancoeur du musicien envers Racine. D'ailleurs, cela le fit rire doucement. Même sous la pression, Jean-Baptiste pouvait toujours détester ceux qu'il n'appréciait pas. Mais ce qu'il préférait entendre, c'était comment cela s'était passé au niveau de la musique. Bien sûr qu'il avait fait un triomphe, pourquoi cela se serait-il passé autrement ? Sa musique était merveilleuse, elle transportait ceux qui l'écoutait. Bon d'accord, Luigi n'était pas le plus apte à juger. S'il aimait son amant en tant qu'homme, il admirait aussi le musicien/compositeur pour son talent et son génie !
« J'aurais tant voulu voir votre visage dans l'assistance lorsque je me suis retourné pour la remercier … »
Les yeux bleus-gris de Luigi se rouvrirent et se posèrent sur son amant avec un petit sourire désolé. Une de ses mains vint caresser le visage de son amant et s'approcha pour déposer un baiser à la commissure de ses lèvres.
« Il n'empêche que je n'étais pas si loin de vous. Quand vous jouiez devant le Roi, mon carrosse s'arrêtait à Florence. Mais j'aurais tellement voulu vous voir et vous écouter. Cela devait être magnifique … »
Il mit sa main devant sa bouche pour bailler. La fatigue se faisait plus présente mais il résisterait jusqu'au bout, quitte à tomber d'épuisement total dans les bras de son amant. Juste quelques minutes supplémentaire …
« Je n'ai même pas pu entendre votre musique en entier, je suis parti trop tôt pour que vous ayez fini. J'espère que vous vous rattraperez. Nous avons tellement à rattraper … »
Finalement, son corps arrivait à saturation, il puisait dans des réserves inexistantes. Il aimerait vraiment ne pas avoir à s'endormir, profiter encore, d'ailleurs, il l'avoua d'une voix faible.
« Je ne veux pas m'endormir maintenant … Vous m'avez tant manqué qu'il serait cruel … de s'endormir. Dites moi que vous serez là à mon … réveil ? »
Sa tête retomba lourdement sur l'épaule de son amant, épuisé jusqu'à l'os de son voyage de sa mauvaise santé. Il devait se ménager mais n'y arrivait jamais. Il ira déjà mieux après un peu de sommeil … Enfin normalement.
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| | | Invité
Invité
| Sujet: Re: Un certain retour ... [Lully] 26.09.11 1:26 | |
| Les yeux de Luigi, qui s’étaient fermés pendant que le florentin lui racontait comment s’était passé l’anniversaire du Roi, s’ouvrirent et un sourire d’excuse gâcha son visage pendant que la douceur de ses doigts venait faire frissonner le musicien de satisfaction. Comment ne pas pardonner son amant qui venait de s’excuser avec une telle sincérité ? Jean-Baptiste lui sourit tendrement et passa l’une de ses mains dans les cheveux du jeune homme qui leva légèrement la tête pour déposer un léger baiser sur les lèvres du florentin, afin d’être sûr d’avoir obtenu son pardon.
«- Il n'empêche que je n'étais pas si loin de vous. Quand vous jouiez devant le Roi, mon carrosse s'arrêtait à Florence. Mais j'aurais tellement voulu vous voir et vous écouter. Cela devait être magnifique …
Magnifique… Lully avait eu l’impression d’avoir, une fois de plus, impressionné la cour. Ce sentiment d’accomplissement, qui avait envahi chaque parcelle de son corps, lorsque la dernière note résonna dans la grotte, c’était ce qu’il recherchait. Il vit Luigi étouffer un bâillement derrière sa main et se mordit discrètement la lèvre inférieure de contrariété. Au fond de lui, Jean-Baptiste espérait que son amant n’aurait plus de voyage de ce genre à faire, du moins, le temps de bien se remettre de celui qui l’avait conduit jusqu’à Rome pour la mort de son oncle.
- Je n'ai même pas pu entendre votre musique en entier, je suis parti trop tôt pour que vous ayez fini. J'espère que vous vous rattraperez. Nous avons tellement à rattraper … - Nous avons le temps, ne vous en faites pas.
Lully resserra son étreinte autour du jeune romain. Il détestait le voir dans cet état et Luigi l’agaçait à toujours repousser ses limites. Mais quand on avait vécu trop couvé, il était normal de vouloir les dépasser alors Lully ne pipait mot, se contentait de laisser le prince vivre comme il l’entendait. D’une voix douce, l’italien murmura à son oreille, pour le convaincre de rendre les armes :
- Vous devriez dormir, vous êtes épuisé et nous ne pouvons rien faire si vous continuez à lutter contre la fatigue. Allons, soyez raisonnable, je vous en prie… -Je ne veux pas m'endormir maintenant … Vous m'avez tant manqué qu'il serait cruel … de s'endormir. Dites-moi que vous serez là à mon … réveil ? -Lo sarei. Veglierei sul vostro sonno, il mio dolce principe.»
Lorsque le compositeur sentit la tête de l’espion retomber sur son épaule et le corps devenir plus lourd, il soupira de soulagement. Luigi pouvait être une vraie tête de mule et refuser obstinément de se ménager malgré son état. Conscient que le jeune homme ne ferait pas une simple sieste cette fois, Lully tendit le bras derrière lui pour tirer sur une corde. Patient, il attendit que la porte s’ouvre quelques minutes plus tard sur André. Depuis le temps qu’il avait une relation avec Colonna, le serviteur et son maître avait pris l’habitude de se parler par signes quand Luigi dormait dans les bras du musicien.
Cette fois, le domestique avait pour mission d’embellir le manoir, de le décorer légèrement pendant le sommeil du romain, de lui sortir des habits propres et de préparer un repas qui le remettrait sur pieds. Avant qu’il ne parte, il aida Lully à transporter le jeune homme jusque dans la chambre du florentin et tandis que la porte se refermait, l’italien regardait son amant profondément endormi en s’asseyant sur le bord du lit pour le débarrasser de son pourpoint. Le noir ne lui allait pas du tout, ça lui donnait un air encore plus maladif alors qu’il était si beau... Secouant légèrement la tête en se traitant de benêt pour avoir des pensées aussi moroses, Jean-Baptiste s’allongea à côté du jeune prince et le prit une nouvelle fois contre lui avant de fermer les yeux à son tour.
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| | | Luigi Colonna
« s i . v e r s a i l l e s »Côté Coeur: Tant qu'il bat encore, il battra fort pour son italien, le seul.Côté Lit: Un certain florentin le partage la plupart du temps. D'autres aussi, moins souvent ...Discours royal:
CASSE-COU 1000 vies, un corps
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| Sujet: Re: Un certain retour ... [Lully] 26.09.11 18:17 | |
| « Lo sarei. Veglierei sul vostro sonno, il mio dolce principe. »
Luigi avait enfin décidé à laisser le sommeil le prendre au corps, trop fatigué pour se battre contre du vent, contre une ombre invisible où il savait pertinemment qu'il allait encore une fois échouer. Ce n'était pas faute d'essayer pourtant, mais ce vain combat finissait toujours pas un sommeil profond du romain. Comme à cet instant où il s'était endormi dans les bras de son bel amant sans demander son reste. Loin de la réalité, du monde actuel, son corps et son esprit pouvaient se reposer, cesser d'être torturé par de multiples pensées ou des actions que son corps ne supportait pas toujours. Quelle idée de donner une âme si libre dans un corps si mal fait ? Il adorait voyager mais ne supportait pas les longs trajets, adorait monter à cheval mais cela le fatiguait, davantage si cela était couplé à la chasse, aimait croiser le fer malgré le risque de se blesser … Bref, il adorait toutes les activités interdites qui l'épuisait trop. Le romain a toujours vécu dans l'optique que tout pouvait s'arrêter le lendemain. Combien de fois, alors qu'il était mal en point sur le lit, avait-il entendu son oncle ou un médecin dire à sa mère de prier pour son salut ? Luigi avait grandi dans l'optique de ne pas dépasser les quinze, vingt puis maintenant trente ans. Il en avait vingt-sept à présent, son échéance approchait et il ne voulait pas gâcher sa vie par le repos. Le jeune prince savait très bien ce que pensait de son amant de ses agissements, Jean Baptiste ne disait rien mais n'en pensait pas moins. Luigi l'avait vu dans d'infimes mimiques ou dans les beaux yeux du florentin, il faisait comme s'il n'avait rien vu mais savait que son comportement pouvait ne pas plaire à celui qu'il aimait. Italien, le romain avait un caractère entier et peu enclin à faire des concessions, au grand dam de son corps, de sa santé, de ses médecins et surtout de son amant.
Mais à cet instant, tout cela était si long. Dans un profond sommeil, le romain ne savait plus ce qui se passait autour de lui, que Lully donnait des directives à son domestique, que ces deux derniers l'emmenaient jusqu'à un lit pour qu'il puisse terminer son repos de manière plus confortable. Un des avantages était qu'il avait le sommeil lourd dans ces instants, rien ne perturbait le romain dans son long repos. Malheureusement, il cumulait les problèmes, en tant normal, Luigi avait des troubles du sommeil, vivait souvent de façon décalée, alors voilà aussi pourquoi il s'épuisait durant la journée, il ne voulait pas tourner en rond la nuit. Enfin là, vu le long voyage qu'il a effectué, la fatigue allait le suivre sur plusieurs jours. C'était aussi ce qu'il avait demandé à Louis XIV : prendre quelques jours pour se remettre de ses émotions et du voyage. Le monarque français ne connaissait rien de la maladie du romain, n'avait qu'une partie de la vérité : il avait le mal de transport. Quelle belle excuse tiens …
Il ne sut pas combien de temps il s'était endormi mais alors qu'il immergeait, Luigi sentit qu'on l'avait changé de place, il se trouvait à présent dans un lit. Mais la chaleur proche de lui le confortait que son amant ne l'avait pas quitté, il était bel et bien là à son réveil. Ouvrant doucement les yeux, il vit Jean-Baptiste endormi, ses bras autour de Luigi. Généralement, le romain voyait son musicien endormi dans la pénombre, ne pouvait pas contempler ses traits, le florentin se réveillant toujours avant lui. Alors pour une fois qu'il pouvait en profiter, son regard s'attarda sur les traits détendus durant quelques minutes. Puis il regarda la chambre autour de lui. Rien n'avait changé, il aimait cette stabilité dans cette demeure, bien loin du tumulte de la Cour. Alors que son esprit vagabondait, il sentit son amant bougé, lui aussi n'allait plus tarder à se réveiller. Avec douceur, il caressa la chevelure brune de Jean-Baptiste tendit que l'autre s'attardait sur son torse. Tout cela lui avait manqué, presque trois mois c'est long tout de même … Il déposa quelques doux baisers sur son visage, puis un sur les lèvres. Si Luigi n'avait pas entièrement récupéré, il avait momentanément rechargé un peu les batteries, il pouvait bien tenir jusqu'au soir avant de s'écrouler à nouveau. Enfin, le musicien ouvrit ses yeux bleus et fut accueilli par un large sourire de la part de Luigi, heureux d'assister à ce moment.
« Ha dormito bene? Io, si. È così bello essere a casa ... »
Sans vouloir se retirer des doux bras de son amoureux, il s'étira légèrement. Entre les lits d'auberge et ses siestes dans le carrosse pour éviter d'être malade, ce lit était aussi confortable qu'un nuage, là où on pouvait véritablement se reposer, à l'abri du monde, du bruit désagréable. S'il s'écoutait, Luigi ne quitterait jamais ses lieux. Mais être espion avait ses contraintes, il avait déjà abusé de la bienveillance du Roi en partant si longtemps, il ne fallait pas exagérer, ne pas trop tirer sur la corde de la gentillesse royale.
« Je tenais à vous annoncer une bonne nouvelle … Puisque je n'ai plus de raison de retourner à Rome dans un futur proche, vous n'aurez plus à me voir dans un si piètre état. De toute façon, si je retourne là-bas, je doute en revenir … »
Combien de fois sa mère avait voulu le garder, lui faisait du chantage affectif pour que son cadet reste ? Luigi avait cessé de les compter mais il pensait surtout au voyage trop épuisant. Sa dernière phrase pouvait bien paraître morbide – et elle l'était – mais le romain ne se rendait pas toujours compte que son trop grand réalisme pouvait blesser ou choquer. Surtout quand il disait cela avec un sourire. Quel contraste ! Le pire est qu'il changeait de sujet le plus naturellement du monde, sans cesser sa passer sa main dans les cheveux de Lully, sans se départir de son sourire.
« Vous allez m'avoir quelques jours sur les bras. J'espère que vous n'avez rien prévu, j'ai décrété que je ne vous quitterai pas un seul instant et je veux pas quitter ce lit … » C'est pile à cet instant que son estomac se mit à crier famine. « … sauf peut être pour manger ! »
Caractère entier certes, mais changeant. Luigi pouvait presque avoir des réactions d'un adolescent. Son oncle lui avait toujours répété qu'il n'était pas sérieux, Luigi répondait toujours que la vie était trop sérieuse pour en rajouter, qu'il fallait profiter …
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| | | Invité
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| Sujet: Re: Un certain retour ... [Lully] 27.09.11 4:12 | |
| A peine le musicien avait-il fermé les yeux, que le sommeil l’emportait loin. Bien loin de Versailles, de son faste, de ses vices, loin de tout ce qu’il avait en horreur mais qu’il se devait de supporter. Lui aussi avait besoin de se reposer après les dernières semaines qui venaient de s’écouler. Cet anniversaire… chaque année c’était la même chose et chaque année André le sermonnait sur ce qu’il jugeait être « l’obsession de la perfection ». Ce que le serviteur ne comprenait pas, c’était qu’au château son maître avait une réputation à tenir s’il voulait être tranquille dans son manoir. Et si son personnel n’était pas mêlé aux sombres affaires des autres nobles, c’était bien grâce à lui. Le temps fila comme une traînée de poudre, et ce qui lui paraissait être 5 minutes d’assoupissement, se révéla être 3h d’un sommeil profond.
Jean-Baptiste sentait quelque chose dans ses cheveux, émergeant petit à petit du royaume de Morphée, il finit par comprendre qu’il s’agissait de doigts. Puis, une sensation de caresse sur son torse attira son attention. Luigi était-il déjà réveillé ? A cette question muette, alors qu’il gardait les yeux fermés, voulant dormir un tout petit peu plus, des lèvres effleurèrent ses joues puis sa bouche. Un sourire satisfait trônait sur son museau tandis qu’il ouvrait les yeux pour voir que son amant était bel et bien réveillé, plus que ravi de pouvoir enfin être debout avant le florentin.
«- Ha dormito bene? Io, si. È così bello essere a casa ... - Alcuni minuti di più non sarebbero stati di rifiuto. Sono incantato che il mio letto vi ha permise di dormire comodamente.
Lorsque que Colonna se mit à bouger quelque peu pour s’étirer, Lully écarta légèrement ses bras pour lui laisser de la place et en profita pour fourrer son visage dans le cou de son amant pour y laisser un baiser avant de le récupérer de nouveau contre lui. Le romain lui avait manqué, trop et les journées, quand il n’était pas occupé, lui avaient paru si longues sans le jeune homme. Alors que le musicien refermait ses yeux pour espérer profiter de quelques minutes de plus d’accalmie, Luigi lui fit part d’une nouvelle qui aurait pu être accueillie avec plus de chaleur si la fin de sa phrase n’avait pas eu l’effet d’une douche polaire sur son amant qui se tendit quelque peu.
- Je tenais à vous annoncer une bonne nouvelle … Puisque je n'ai plus de raison de retourner à Rome dans un futur proche, vous n'aurez plus à me voir dans un si piètre état. De toute façon, si je retourne là-bas, je doute en revenir … - La prochaine je vous accompagnerais, rétorqua Lully d’une voix plus sèche qu’il ne voulait.
Le sujet de la santé du romain était toujours quelque peu épineux entre eux. Lully faisait des efforts, c’était indéniable, pour que le prince vive comme il l’entendait mais il ne pouvait s’empêcher de s’inquiéter quand il le quittait. Un accident était si vite arrivé… il suffisait qu’il s’évanouisse dans un escalier pour que le pire se produise. Le problème c’était que le jeune homme, parfois, ne se rendait pas compte de la portée de ses propos et, comme si de rien n’était, il continuait de passer sa main dans la chevelure de son aîné en gardant son sourire qui pouvait désarmer n’importe qui.
- Vous allez m'avoir quelques jours sur les bras. J'espère que vous n'avez rien prévu, j'ai décrété que je ne vous quitterais pas un seul instant et je ne veux pas quitter ce lit …, à cet instant son estomac se mit à crier famine, sauf peut-être pour manger !
Amusé, par le changement de sujet du romain, Lully se releva sur un coude, un grand sourire sur le visage, et se pencha sur son jeune prince pour l’embrasser avec fougue en lui posant sa main sur sa joue. Il fallait vraiment lui expliquer comment Colonna avait réussi à atteindre son cœur et à prendre autant de place dans la vie du musicien qui était plutôt de nature solitaire et du genre à rejeter tout le monde. Jean-Baptiste se releva de façon à être au bord du lit et de s'étirer en levant les bras au ciel. Jouer autant l'engourdissait quelque peu et si ses doigts restaient toujours aussi agiles, ce n'était pas le cas de son dos et de ses épaules qui parfois réclamaient de l'attention.
- Venez, j'ai demandé quelques menus services à André pendant votre repos!»
Après avoir fait craqué ses cervicales, comme il avait l'habitude de le faire au réveil, le compositeur entraîna l'espion dans les couloirs du manoir jusqu'à arriver aux cuisines dont une odeur alléchante s'échappait. Affamé autant que Luigi, le maître de maison poussa le panneau de bois avant de le refermer d'un coup sec tandis qu'une voix féminine et autoritaire tonnait de l'autre côté. Jean-Baptiste regarda Luigi avec son air de grand enfant, une lueur malicieuse dans les yeux tandis qu'il pouffait de rire avec son amant.
- Se vedo, non sarebbe ciò che l'ombra di uno delle vostre dita di piede, vi mando la mia marmitta! Compositore o no, qui, sono la Regina e vi ordino, Signore Lully, di non invadermi!André, mio amore, li occupa, vuoi? Non posso fare un pasto per il Principe se sono disturbata! |
| | | Luigi Colonna
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CASSE-COU 1000 vies, un corps
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| Sujet: Re: Un certain retour ... [Lully] 15.11.11 20:14 | |
| « La prochaine je vous accompagnerais. »
Le ton un peu trop sec du compositeur perturba quelques instants le jeune homme. Il ne se rendait malheureusement pas toujours compte de ses mots ni du ton qu'il employait. Le naturel du prince pouvait en déconcerter plus un, particulièrement en privé, Luigi n'irait jamais parler de sa maladie en public, cela était inconcevable ! Mais il avait déjà oublié ses propres paroles, se laissant embrasser par son amant avec cette fougue qui lui avait tant manqué. Si on lui avait dit qu'il serait autant sous le charme du compositeur de la Cour lorsqu'il arriva en France, il aurait ri au nez de la personne. Mais avant les sentiments, il y avait les besoins primaires du corps, comme se nourrir par exemple. Il faut dire qu'avec un tel voyage, Colonna n'avait pas pu manger comme il le souhaitait et il avait besoin de se rassasier pour continuer à se tenir sur ses deux jambes. Le voilà donc, se levant du lit, s'étira et attendit Jean-Baptiste.
« Venez, j'ai demandé quelques menus services à André pendant votre repos! » « Décidément, vous pensez à tout. Que ferais-je sans vous ? »
Il décocha un magnifique sourire à son amant et se laissa conduire à travers la maison. Il est vrai que ces deux là formaient un drôle de couple, ils étaient si différents sur certains points. Lully préférait la solitude, n'était pas un grand amateur des soirées mondaines alors que le Colonna adorait rencontrer le monde, danser et passer ses nuits dans de grands événements, au point parfois de s'en rendre malade ; il avait cette fureur de vivre, comme pour compenser ces trop longues années enfermé au Palazzo, avec interdiction de toute activité dangereuse, voire même juste se promener dans les jardins. Autant on pouvait compter sur les doigts de la main les amis du compositeur – même si l'on a pas besoin de milliers d'amis quand on côtoie le Roi, Monsieur et Molière – autant Luigi adorait se socialiser, parler de choses et d'autres avec bon nombre de personnes, juste pour le plaisir de parler. Puis, quand on est espion, il est évident qu'il ne faut pas rester dans son coin, il faut savoir écouter toutes les conversations pour être certain de ne pas manquer la moindre petite information qui pourrait se révéler intéressante pour la veille. Luigi n'aimait pas être cachottier mais ne voulait pas mêler son amant à ses royales activités, cela pourrait avoir de trop grandes répercutions. Faire croire que l'on n'a pas d'attache vous rend moins vulnérable. Il suffit qu'un membre de la famille ou même d'un amour pour que cette personne devienne la cible des ennemis. Peut être un jour, il le lui dira. Mais pas aujourd'hui, c'était certain, il voulait profiter de ces retrouvailles et se reposer. Cette idée restait pour l'instant dans un coin de sa tête …
Il fallait d'abord se concentrer sur le présent. Et actuellement, les deux amants se dirigeaient vers la cuisine. Ils ressemblaient à deux grands enfants tandis que la cuisinière leur sortit une grande tirade sur le fait qu'elle était maîtresse des lieux. Luigi ne se démontait pas et prit une voix plaintive.
« Ma ho fame! » « Per mangiare, va ! » « J'ai tout préparé dans la salle à manger, si vous voulez bien me suivre. »
Il haussa des épaules mais gardait ce sourire ravi d'être entre ces murs qui lui avaient tant manqué. Peu importe ce qui se passerait, il n'allait pas s'arrêter de sourire jusqu'à son coucher. Il était comme chez lui, d'ailleurs il n'avait pas laissé toutes ses malles à Versailles mais en avait ramenées ici aussi. D'ailleurs, il tourna la tête vers Jean-Baptiste, le couvant du regard.
« J'ai des présents pour vous. Je ne pouvais décemment pas revenir les mains vides et me présenter ici comme un Messie. J'ai tout d'abord ramené de quoi décorer, de sublimes peintures que mon oncle m'a légué et je suis certain qu'ils vont vous plaire. Ah, et j'ai des partitions pour vous, je me suis rendu avec mon oncle écouter un opéra … L'Orfeo de Monteverdi m'a donné des frissons. Alors jouer par vous, je n'ose imaginer la beauté que vous pourriez en faire. »
Luigi était admiratif de Lully, il adulait le génie de son amant et pourrait l'écouter jouer des heures durant sans se lasser. Il est quand même le seul homme à lui avoir donné le goût de jouer de la musique, lui qui avait tant détesté ses cours de musique à Rome. Ils arrivèrent à la salle à manger où les décorations ne semblaient attendre qu'eux. Il y avait déjà un peu de nourriture sur la table, autant dire que l'estomac vide de Luigi en était tout heureux.
[je m'excuse, j'étais persuadé d'avoir posté ] |
| | | Invité
Invité
| Sujet: Re: Un certain retour ... [Lully] 19.11.11 20:55 | |
| [H.S: Pas de problèmes l'ami ^^)
Secouant la tête, comme si sa cuisinière le désespérait, Lully lança un sourire complice à Luigi avant de suivre André qui les mena à la salle à manger dans laquelle le repas avait dû enfin être servi. Sur le chemin, son amant le couvait du regard en lui apprenant qu’il avait pensé à lui et qu’il lui offrait de menus présents. Surprit, Jean-Baptiste ouvrit la bouche pour répliquer mon le romain était lancé donc il le laissa terminer. Des toiles, des partitions… Le florentin était gâté, c’était indéniable.
« - J'ai des présents pour vous. Je ne pouvais décemment pas revenir les mains vides et me présenter ici comme un Messie. J'ai tout d'abord ramené de quoi décorer, de sublimes peintures que mon oncle m'a léguées et je suis certain qu'ils vont vous plaire. Ah, et j'ai des partitions pour vous, je me suis rendu avec mon oncle écouter un opéra … L'Orfeo de Monteverdi m'a donné des frissons. Alors jouer par vous, je n'ose imaginer la beauté que vous pourriez en faire. - Me voilà couvert de cadeaux, tous plus somptueux les uns que les autres mon prince. Vous n’auriez pas du… rien que votre retour en cette demeure est un cadeau d’une valeur inestimable…», Lully avait murmuré les derniers mots à l’oreille de son amant qu’il remercia en lui mordillant le lobe d’un geste joueur en passant un bras autour de sa taille.
Arrivés devant la porte de la pièce, le florentin relâcha le jeune italien et le laissa passer devant lui et remercia André d’un sourire enjoué. Parfois, le maître des lieux se demandait comment il ferait sans son fidèle valet. Il savait que ce dernier était un homme de confiance et le français savait que l’italien serait là s’il avait le moindre problème. Et jamais, jamais, le florentin ne lui confiait des missions qui pouvaient représenter un quelconque danger pour lui. Le manoir était autant la maison du noble que celle du personnel, c’était une sorte de petit village dans lequel il était bon de vivre et malgré la sévérité du compositeur, chacun savait qu’il était homme de parole. Entrer à son service signifiait avoir la paix et être à l’abri des coups durs. Certes, il restait cette relation « d’esclavage moderne » qui consistait à exécuter tous les ordres que l’on recevait mais, contrairement à certains serviteurs, ceux de Lully avaient son respect et étaient traités comme des humains et non des animaux. Prenant place, les deux italiens attaquèrent le repas avec un appétit certain sous l’œil attentif d’André qui arborait un petit sourire discret. La salle avait été quelque peu décorée. Rien d’extraordinaire, seulement de la couleur pour atténuer la sobriété de la pièce.
Le repas se déroula dans la bonne humeur. Les deux italiens étaient sur leur petit nuage et l’ambiance était détendue. Avec l’annonce des vacances, le retour du compagnon du compositeur, les prochains jours seraient vraiment d’un repos presque total. Après s’être régalé avec le repas délicieusement préparé, Jean-Baptiste s’appuya contre le dossier de sa chaise, l’air repu et aperçut la cuisinière les observait depuis la porte de son royaume à qui il s’adressa d’une voix chaleureuse.
« -Signora, lei è perfetta ! Grazie mile ! »
Suite à ça, le maître des lieux se leva et invita Luigi à le suivre à l’extérieur. Pour ce mois de Septembre, le soleil était encore présent et la température se prêtait au jeu malgré l’approche de l’automne. C’était un temps parfait pour une petite ballade après un aussi bon repas.
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| | | Luigi Colonna
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| Sujet: Re: Un certain retour ... [Lully] 25.11.11 23:06 | |
| « Me voilà couvert de cadeaux, tous plus somptueux les uns que les autres mon prince. Vous n’auriez pas du… rien que votre retour en cette demeure est un cadeau d’une valeur inestimable…» « Ne me faites pas plus important que je ne suis, mais voir votre sourire vaut tous les trésors du monde. » avait-il rajouté sur le même ton de la confidence.
Les deux hommes l'un contre l'autre, le compositeur ayant passé son bras autour de la taille du romain. Ce genre de geste, ils ne pouvaient le faire que dans ses murs, loin de la Cour où tout le monde s'espionnait. D'accord, Luigi était mal placé pour parler d'espionnage, il devait sans cesse regarder autour de lui, s'informer sur les gens, mener des enquêtes. Mais ce n'était pas un plaisir, ni un passe-temps, il s'en moquait de la vie privée des gens, il s'intéressait davantage à leur potentiel d'être des traîtres ou des informateurs. Le reste lui importait peu, Luigi avait une vie aussi et ne voulait qu'elle soit exposée aux yeux de ces rapaces. D'ailleurs, d'ici quelques jours, il devrait reprendre du service auprès du Roi, Louis XIV lui laissait le temps de se remettre d'un long voyage et de son deuil. Colonna devait profiter de ce léger répit et surtout de son amant.
La salle à manger était légèrement décorée, pas de gros chichis mais l'attention est suffisante pour qu'il soit touché. Cela se vit à son sourire qu'il décocha à Lully face à la pièce. Luigi n'avait pas besoin de grand chose pour son bonheur, il avait tout eu dans son enfance mis à part la liberté. Alors les beaux bijoux, les gros cadeaux lui faisaient plaisir mais il ne fallait pas chercher à l'impressionner, cela marchait assez peu. Ce repas n'avait rien de grandiose mais cela était amplement suffisant à ses yeux. Un moment calme, avec son compositeur à ses côtés, un bon plat et s'être éloigné au maximum de Rome, tout allait parfaitement bien, il se sentait déjà bien mieux, même s'il savait qu'il n'était pas dans sa plus grande forme mais assez pour rester éveillé encore quelques heures et accepter cette promenade en compagnie de Jean-Baptiste dans son jardin. L'automne commençait à gagner la France : les feuilles prenaient des teintes orangées et ocres et commençaient à tapisser le sol, une nouvelle atmosphère se dessinait, loin de l'été étouffant sous son chaud soleil. Colonna, par sa frêle constitution, supportait difficilement les extrêmes de températures, aussi bien le chaud que le froid où il restait souvent cloué au lit pour un mauvais coup de froid. Les saisons intermédiaires étaient ses préférées et l'automne était une si belle saison, bien que trop éphémère car le froid allait vite venir et sortir sans veste comme il le ferait serait tout simplement impossible sans grelotter. Ils firent quelques pas l'un à côté de l'autre sans un mot, le silence n'était pas pesant. Parfois les mots se trouvaient superflus dans des instants comme celui-çi. Puis la conversation reprit son cours.
« Contez moi ce que j'ai manqué durant tous ces mois. Je sais que vous n'êtes pas un grand mondain mais même vous devez en savoir davantage que moi. » commença t'il, un sourire taquin sur les lèvres avant de poursuivre « Il ne faudrait pas que je paraisse à la Cour comme un provincial ignorant. »
Il aimait la Cour et avait pris goût d'écouter les histoires. Comme dit plus haut, par pour amour de l'intrigue ou des ragots, mais car son activité d'espion lui tenait à cœur. Il passait pour un garçon du grand monde, se fondait dans la masse des courtisans pour mieux en tirer l'essence de ces gens, en savoir davantage sur certaines personnes avant de faire ce qu'il adorait : courir dans la ville pour enquêter avec son acolyte, le baron d'Anglerays. Ces deux là formaient un tandem assez inattendu mais qui fonctionnait très bien contrairement à ce que l'on aurait pensé. Le plus fou des deux n'était pas forcément celui que l'on pourrait croire …
Les deux hommes continuaient de marcher, Luigi profitait de cet air français, loin de l'oppression romain, avec délectation. Ils s'étaient un peu éloignés de la maison, le jeune homme tira par le bras son amant pour l'attirer contre lui, l'enlaça, se plongea dans ses yeux azurs et finit par l'embrasser avec douceur, comme pour marquer chaque instant. Trois mois loin de la personne que l'on aime et sans pouvoir vraiment la contacter, c'était très long. Même quand on a un programme chargé, il y a bien des petits moments où l'on se sent bien seul. Ce baiser, doux et sensuel à la fois, scellait véritablement le retour de Colonna et le fait qu'il n'avait plus envie de repartir loin d'ici, où il avait construit sa vie. Il prolongea cet instant aussi longtemps que possible, de toute façon le temps n'avait plus d'importance. Et quand, il détacha de ce moment d'éternité qui semblait n'avoir duré qu'un instant.
« Voilà exactement ce qui m'a manqué ces derniers mois … vous et vos baisers. »
Il n'avait jamais été un grand romantique, du fait qu'il n'avait que très vécu de grandes longues histoires d'amour. Avec Jean-Baptiste, il pouvait se montrer totalement lui-même, laisser parler ses sentiments et n'avait pas l'impression de tomber dans du pathos ou de la mièvrerie sans nom. Même s'il le faisait, son amant ne semblait pas s'en plaindre plus que cela. Colonna se détacha délicatement, avec un magnifique sourire sur son visage sans le quitter des yeux et reprit la marche le plus naturellement du monde.
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| | | Invité
Invité
| Sujet: Re: Un certain retour ... [Lully] 17.12.11 1:42 | |
| Ce sourire… son sourire… tous les coups étaient permis pour que Jean-Baptiste puisse inlassablement contempler l’expression heureuse sur le visage de son amant. Luigi était de ces personnes qui avaient tout eu dans leur enfance, tout sauf le plus important : la liberté. C’est pourquoi Lully ne lui imposait aucune règle et le laissait en faire qu’à sa tête, donnant seulement son avis quand il pensait que le jeune romain allait trop loin et en demandait trop à son corps qui, malgré sa jeunesse, n’était pas aussi robuste que ceux des autres courtisans de son âge. Alors qu’ils enfilaient une veste pour sortir prendre l’air et passer quelques instants dans le jardin qui peu à peu se parait de son habit d’automne, Colonna demanda à son musicien de lui raconter ce qu’il avait raté pendant qu’il était à Rome. Peu friand des mondanités, Lully avait quand même participé à quelques réceptions à la demande de Monsieur, et, connaissant son prince il n’aurait pas pu échapper à un interrogatoire.
« - Contez-moi ce que j'ai manqué durant tous ces mois. Je sais que vous n'êtes pas un grand mondain mais même vous devez en savoir davantage que moi. Il ne faudrait pas que je paraisse à la Cour comme un provincial ignorant. - Reparaître à la Cour après une aussi longue absence ne fait pas de vous un provincial. Tout le gratin versaillais sait combien vous êtes un courtisant hors-pair… avec les oreilles et les yeux qui traînent partout.»
Tandis qu’ils marchaient, le florentin se lança dans un nouveau récit. Il raconte à Luigi sa conversation avec Eric de Froulay, lui apprit que de nouveaux nobles étaient arrivés à la Cour, qu’une certaine Sofia di Parma rendait la vie dure à l’Ambassadeur Vénitien, que le frère cadet d’Artagnan avait fait son retour le jour de l’inauguration de la nouvelle grotte du Roi Soleil… Il s’excusa de ne pas avoir plus de choses à mettre sous la dent de son jeune amant mais la préparation de son opéra avait occupé une énorme partie de son temps, comme d’habitude. Le couple improbable qu’ils formaient continua à s’enfoncer dans le jardin. C’était une habitude qu’ils avaient pris à force de se cacher. Même si les serviteurs du maître des lieux gardaient leur langue dans leur poche, les deux italiens n’étaient pas à l’abri des regards indiscrets et quelques bruits circulaient à leur sujet. Mais rien de bien méchant, la Cour avait mis la complicité, qui lui sautait aux yeux quand ils se retrouvaient à la même réception, sur le compte du mal du pays et bien vite les langues de vipères s’étaient épuisées.
Finalement, Luigi tira doucement sur le bras du florentin pour le coller à lui, vrillant ses pupilles d’un bleu hypnotisant sur celles plus froides de son amant. Dans un même mouvement, les deux hommes rapprochèrent leurs visages pour trouver les lèvres de l’un et l’autre. Ils avaient été séparés pendant trois longs mois et malgré leurs occupations respectives, de temps en temps, ils avaient ressenti le besoin de se retrouver mais cela n’avait pas été possible. Alors Jean-Baptiste profita de ce baiser pour se rassurer. Il voulait être sûr que cet instant, doux et sensuel, marquait réellement le retour de son amant. Avoir son prince à ses côtés marquait la reprise de sa petite routine et le retour des imprévus. S’il n’avait pas manqué d’air, Lully serait resté accroché aux lèvres du romain tant il s’était languit d’elles, impatient de retrouver leur propriétaire entre ses bras.
« - Voilà exactement ce qui m'a manqué ces derniers mois … vous et vos baisers. - Mi avete mancato, voi, semplicemente.», rétorqua Lully doucement, un léger rire dans la voix, entrelaçant leurs doigts.
Colonna se recula un peu, se détachant de l’étreinte de son compositeur, son éternel et fidèle sourire, à en rendre fou plus d’un, collé aux lèvres. Baissant la tête, un sourire amusé sur le visage, avant de relever le regard vers Paliano, Jean-Baptiste se laissa entraîner dans les profondeurs de son jardin par le jeune homme sans lâcher sa main, bien trop heureux de partager des retrouvailles à l’image de leur couple : simples.
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| | | Luigi Colonna
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CASSE-COU 1000 vies, un corps
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| Sujet: Re: Un certain retour ... [Lully] 08.01.12 1:33 | |
| « Reparaître à la Cour après une aussi longue absence ne fait pas de vous un provincial. Tout le gratin versaillais sait combien vous êtes un courtisant hors-pair… avec les oreilles et les yeux qui traînent partout.» « Un peu de curiosité ne fait jamais de mal. J'aurais voulu ne rien écouter, je serais entré dans les ordres. Et vous ne m'auriez jamais connu, qu'auriez vous fait sans moi ? »
Il aurait pu suivre les traces de son oncle, faire le séminaire, cela aurait plu à sa mère qui aurait eu son fils pour elle seule, sans autre femme, et à Rome. La chance avait voulu autrement, et tant mieux finalement. Alors son amant lui conta ce qu'il avait manqué, il connaissait de vue la plupart des gens dont il parlait. Pourtant une grimace vint ternir son visage lorsque Sofia di Parma fut mentionnée. Non, il ne pouvait pas voir cette fille en peinture, ni l'ambassadeur de Venise. Alors les deux ensemble, heureusement qu'il n'était pas à cette fête, ce duo démoniaque serait capable d'arrêter de se déchirer pour s'allier contre sa personne. Luigi fut un peu frustré de ne pas en savoir plus mais son amant n'était pas un grand amateur de ragots ni même de mondanités, ce qu'il lui racontait était déjà beaucoup. Le romain se disait que le compositeur devait vraiment prendre sur lui pour se rendre à de tels événements, avec les gens qui venaient lui tourner autour puisqu'ils ne pouvaient le voir lors des soirées appartement ou tout simplement à la Cour. Puis, Lully était un bourreau de travail, il passait son temps à répéter, composer, voir et revoir la moindre note pour que tout soit parfait. Et encore, le compositeur avait toujours quelque chose à revoir, un perfectionniste comme on en faisait plus.
La balade continuait, ils étaient tous les deux dans ce jardin, comme seuls au monde. Tout cela avait manqué à Luigi. Pourtant, on ne peut pas dire qu'il ait été beaucoup seul et avait fort à faire, mais quand il se retrouvait seul, il se sentait comme … abandonné. Certains pourraient penser que les retrouvailles auraient pu être davantage passionnées, plus fiévreuses entre les deux amants. Trois mois, c'est long quand même. Mais non, ils y allaient en douceur. Comme ce baiser. Cela était si doux, cela faisait tant de bien de sentir l'homme que l'on aime contre soi, de sentir ses lèvres contre les siennes, Colonna en avait presque oublié la sensation, le goût de la bouche et tous les sentiments qui se chamboulaient en lui. Ils n'étaient pas un couple conventionnel et ils adoraient cela, c'était leur normalité, leur vie, leur couple. Un couple secret, mais ce n'était pas plus mal …
« Mi avete mancato, voi, semplicemente. »
Oh, ce regard ! Il y avait des choses qui devaient être interdites sur cette terre tant cela était d'une beauté insoutenable. Luigi soutint ces yeux azurs, il avait l'impression de plonger dans un océan tant le bleu des yeux du compositeur était d'une limpidité sans égal. Et la promenade pouvait reprendre main dans la main, dans cette tranquillité que l'on ne retrouve nul part ailleurs à plusieurs lieues alentours. Puis le silence ne les gênait pas, l'absence de mots ne faisait pas de mal, ils pouvaient passer du temps sans se parler tout en étant dans la même pièce, là est le vrai secret de couple, ne pas avoir le besoin de meubler perpétuellement. Mais Luigi cogitait, il avait plusieurs choses à dire à son amant, il ne savait pas trop par où commencer. Autant le faire par ordre chronologique et Colonna voulut parler de Sofia, ce venin sur pattes.
« Vous me parliez de Sofia di Parma. Je sais que vous êtes assez grand pour faire votre propre avis mais … Faites attention à cette fille. Je la connais suffisamment pour vous dire que plus loin vous en serez éloignée, mieux vous vous porterez. Cette fille et moi, nous nous connaissons … trop à mon goût. »
Tous d'eux s'évitaient à la Cour. Chacun se souvenait des petites crasses à Rome, des insultes, des moqueries et tout ce qui s'en suivait. Lorsqu'ils étaient dans la même pièce, ils s'échangeaient un regard mauvais. Il savait que Sofia pouvait dire des sales choses sur son compte mais s'en moquait complètement, il savait ce qu'il valait et répondait par le silence. Un jour, il était obligé qu'ils se retrouvent dans une même conversation, ils avaient des connaissances en commun. Ce jour là, il allait user de toute sa courtoisie pour ne pas lui cracher à la figure …
Au détour d'une allée se tenait un beau banc en pierre. Luigi s'y assit. Non pas qu'il était fatigué mais le jardin n'était pas infini et il voulait profiter de chaque instant. Il se connaissait par cœur, s'il ne se ménageait pas, il n'allait pas tenir jusqu'au soir et ce serait dommage. Pour une fois, Luigi se montrait raisonnable, ce n'était pas de tous les jours que cela allait se produire, autant que son amant en profite. Il tapa la place à côté de lui pour que le florentin s'installe à ses côtés avec un petit sourire doux, sans le lâcher du regard.
« Puis-je vous demander un service ? Je sais que je peux vous faire confiance. » Il se tourna vers lui, un petit sourire gêné et lui prit la main. « Parmi ce que j'ai ramené de Rome, il n'y a pas que des cadeaux pour vous. Mon oncle conservait des lettres, des documents depuis des années et m'avait demandé de tout brûler. Je suis un bien mauvais neveu et sûrement le pire secrétaire qu'un homme important puisse avoir, j'ai gardé certains papiers pour des raisons … disons personnelles. Et je sais qu'ici, ces papiers seront en sécurité. Si vous ne voulez pas, je le comprendrais tout à fait. »
Ses documents sur la famille Barberini que Luigi a eu la sueur de son front et parfois au risque de sa vie, cela lui faisait trop de mal au cœur de les voir se consumer dans une cheminée romaine. Il en avait sauvé quelques uns, des choses importantes, des lettres compromettantes et avait tout ranger dans une cassette qui était cachée sous le siège de son carrosse, à l'abri de tout le temps de son voyage. Mais là, il fallait que personne ne les découvre, et Jean-Baptiste avait son entière confiance. Il savait que son amant n'allait pas fouiller, ce n'était pas son genre, voilà pourquoi il lui demandait.
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| Sujet: Re: Un certain retour ... [Lully] 06.02.12 19:16 | |
| Dans le silence qui s’était installé entre eux, après s’être légèrement séparé sans pour autant totalement se lâcher, Lully sentit une pointe d’agacement et de tracas qui émanait de son jeune amant. Fronçant les sourcils, l’italien le regarda du coin de l’œil pour observer les traits du prince qui semblait vouloir lui parler mais sans savoir quels mots utiliser. Habituellement, le silence était le bienvenu entre eux. Il n’était pas rare de les surprendre dans une pièce, totalement silencieux, se contentant de la présence de l’un et de l’autre. Et finalement, di Paliano se lança. Attentif, Lully écouta les précieux conseils de son jeune ami au sujet de Mademoiselle di Parma, qu’il avait déjà rencontré et qui ne lui avait pas fait grande impression, bien au contraire…
« - Vous me parliez de Sofia di Parma. Je sais que vous êtes assez grand pour faire votre propre avis mais … Faites attention à cette fille. Je la connais suffisamment pour vous dire que plus loin vous en serez éloignée, mieux vous vous porterez. Cette fille et moi, nous nous connaissons … trop à mon goût. « - Votre inquiétude n’a pas lieu d’être, elle ne m’a pas laissé un très bon souvenir après notre brève conversation à l’anniversaire du Roi.»
Après quelques mètres sous le soleil encore timide de ce début d’automne, le couple tomba sur l’un des nombreux bancs que Lully avait fait installé. Connaissant le goût des longues promenades de Luigi, il avait innocemment parsemé quelques-uns. Même si son jardin n’était pas aussi immense que celui de Versailles ou de St-Cloud, le florentin aimait la façon dont il s’en était occupé et tandis qu’il regardait les feuilles se teintaient peu à peu de tâches orangées, le romain tapota la pierre du banc, lui faisant ainsi comprendre qu’il le réclamait et pour une fois que l’intrépide romain décidait d’être raisonnable, le compositeur allait en profiter. Prenant place à côté de Luigi, Jean-Baptiste l’interrogea du regard pour l’encourager à lui dire ce qui lui causait du souci.
« - Puis-je vous demander un service ? Je sais que je peux vous faire confiance. » Il se tourna vers lui, un petit sourire gêné et lui prit la main. Lully ne pipa mot, attendant la suite avec appréhension et curiosité. Rares étaient les fois où le romain lui avait demandé un service avec un tel air. « - Parmi ce que j'ai ramené de Rome, il n'y a pas que des cadeaux pour vous. Mon oncle conservait des lettres, des documents depuis des années et m'avait demandé de tout brûler. Je suis un bien mauvais neveu et sûrement le pire secrétaire qu'un homme important puisse avoir, j'ai gardé certains papiers pour des raisons … disons personnelles. Et je sais qu'ici, ces papiers seront en sécurité. Si vous ne voulez pas, je le comprendrais tout à fait. »
Suite à ces révélations, le musicien resta quelques instants silencieux. Pesant le pour et le contre d’offrir ce service à son amant. Vu sa position et sa réputation à la Cour, les secrets étaient mieux gardés avec le florentin qu’avec un quelconque autre grand de Versailles. Il fallait quand même l’avouer, que le prince lui fasse à ce point confiance démontrait combien leur relation était solide. Et ce que le vieux grincheux du château aurait pu prendre pour une tentative d’opportunisme si quelqu’un d’autre lui avait soumis cette requête, avec Luigi c’était complètement différent. Voilà bien longtemps que le jeune homme avait montré à son aîné qu’il n’en avait cure de sa position ou de sa fortune et que seul l’homme l’intéressait. Le florentin se leva, toujours muré dans son silence, continuant sa réflexion. Accepter pouvait se relever, plus tard, suicidaire et coupe-gorge si le Roi venait à le découvrir, que ce soit pour eux ou pour d’autres. Finalement, après avoir une nouvelle fois observé les traits gênés et empreints d’espoir de Colonna, il soupira, se traitant par la même occasion de vieillard et adressa un sourire rassurant à son jeune prince avant de reprendre son sérieux.
« - J’accepte…. à une condition cependant. Je garde vos précieux papiers mais en échange, je ne veux pas que vous courriez le moindre risque pour eux. S’ils représentent une quelconque menace pour vous, suivez donc l’ordre de votre défunt oncle, quoiqu’il ait pu vous en coûter pour les soutirer.»
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| | | Luigi Colonna
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| Sujet: Re: Un certain retour ... [Lully] 19.02.12 13:19 | |
| On ne pouvait pas le deviner au premier abord, Luigi ressemblait à un jeune homme comme les autres. On lui donnait souvent quelques années de moins, les gens pensaient qu'il n'était qu'un ''gamin'' alors qu'il avait entamé sa vingt-septième année. On le voyait dans les bals, les parties de chasse, les promenades, les soirées appartement et comédie, maniait les bons mots et se trouvait rarement seul à la Cour. Il avait la vie ordinaire d'un courtisan à Versailles, tous semblaient le connaître en lui parlant mais peu savait des choses sur sa vie. Au mieux on racontait que sa folle de mère l'avait enfermée dans le Palazzo Colonna durant quinze années avant de finalement être secrétaire au Vatican avec la volonté d'entrer dans les ordres, ce qui n'était pas totalement faux sauf pour la partie des ordres ! Au pire, on disait qu'il était un Prince Colonna et qu'il venait de Rome, qu'il était le beau-frère de Marie Mancini, le premier amour de Louis XIV. Bref, cela était très mince comme vous pouvez le constater, Luigi savait bien cacher son jeu. Qui pourrait se douter que ce garçon connaît les sombres secrets du Vatican, lui à qui on donnerait le bon dieu sans confession ? Qu'il prolonge la vendetta contre les Barberini, lui qui semble si doux ? Qu'il est aujourd'hui un espion du Roi, lui qui ne paie pas de mine physiquement ? Colonna était si fier de paraître si normal aux yeux d'une Cour qui aime fouiller dans les poubelles des autres pour dénicher des noirs secrets.
Mais tout cacher signifiait en parler à personne. Avant, Luigi avait son oncle, et malgré les remontrances de ce dernier, le jeune prince avait toujours un point d'ancrage. Aujourd'hui, il avait ses collègues espions, comme Ferdinand et Aline, qui connaissaient certaines choses de sa vie. Le premier connaissait sa maladie, la seconde ses préférences amoureuses, même s'il ne le cachait pas vraiment, juste que les gens ne faisaient pas attention. Son amant Jean-Baptiste à ses côtés, lui connaissait aussi sa maladie et tous les deux partageaient le secret de leur relation. Cela faisait beaucoup de secrets pour un seul jeune homme parfois. Il aimerait tant parler de Rome au florentin mais comme beaucoup des protagonistes de son histoire sont encore en vie et à ses trousses, il avait peur que cela retombe sur le musicien qui n'avait rien demandé. Pourtant, lui confier cette cassette de documents, c'était le premier pas vers de futures révélations. Si son amant lui posait la moindre question, il y répondrait, plus ou moins vaguement selon la question. En attendant, ses grands yeux bleus-gris fixaient Jean-Baptiste qui s'était levé, silencieux, ayant l'air de réfléchir.
« Si vous ne voulez pas, je … » « J’accepte…. à une condition cependant. coupa le compositeur. Je garde vos précieux papiers mais en échange, je ne veux pas que vous courriez le moindre risque pour eux. S’ils représentent une quelconque menace pour vous, suivez donc l’ordre de votre défunt oncle, quoiqu’il ait pu vous en coûter pour les soutirer.» « Quoi mais je … »
Il suspendit ses paroles l'espace d'un instant, la bouche légèrement entrouverte avant de la fermer, la main tendue pour parler à l'italienne avant de la ramener vers lui. Là, il marquait un point. Était-ce judicieux de se mettre en danger pour des papiers ? Certes, il pouvait y être écrit des choses compromettantes sur les Barberini et sur le secret des Gonzague. Si le second n'était qu'un gage de sécurité, le premier devait tomber … Il ne voulait pas laisser tomber cette mission, c'était un engagement personnel. Son regard évitait son amant, ses prunelles balayaient le paysage sans vraiment le voir, occupé à réfléchir pendant que son tapait au sol, comme impatient.
« D'accord, d'accord. lâcha t'il en roulant des yeux. Un jour, je vous expliquerais pourquoi je ne les ai pas brûlés, que je les garde davantage pour me protéger que pour me mettre en danger ! »
Telle était sa vision des choses mais avoir des preuves pouvait déchaîné les envies de vengeance des autres, il l'apprendrait bientôt à ses dépends. Cela aurait pu être un parfait moment pour expliquer ce qu'il faisait avant, qui il était réellement, mais rien ne sortait. Luigi s'était levé à son tour, il aurait pu tout expliquer. Non, quelque chose à l'intérieur l'empêchait de parler, sûrement pour protéger son amant, peut être aussi parce qu'il avait peur que cela rebute le florentin … Une prochaine fois, sans aucun doute. Il avait saisi sa main et la serra entre les siennes.
« Je vous remercie de me rendre ce service. Je sais qu'ici, ces papiers sont en sécurité, personne ne pensera à venir ici et je sais que vous ne pousserez pas le vice de lire ce qui m'appartient. »
L'espace d'un instant, la lueur dans les yeux de Luigi changèrent. Il était facile de voir chez le romain le changement d'humeur. Son regard et son petit sourire en coin lui donnaient un petit air malicieux.
« C'est un conseil car je sais que votre cœur d'ancien ne supportera pas ce qui y serait écrit. » lança t'il en plaçant une de ses mains sur le cœur de Lully.
Puis il éclata de rire, adorant taquinant son amant son âge alors qu'il n'était pas si vieux. Il voulut s'éloigner pour échapper d'éventuelles représailles de la part de Lully en lâchant sa main, mais pour une fois, il ne serait peut être pas le plus rapide !
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| | | Invité
Invité
| Sujet: Re: Un certain retour ... [Lully] 11.03.12 13:57 | |
| Le pied de Luigi tapait frénétiquement le sol, signe évident d’impatience et de léger agacement. Lully pouvait tout accepter de la part de son amant, surtout s’il pouvait le protéger, mais il n’était pas sénile, il prenait des précautions pour se préserver. « D'accord, d'accord. Un jour, je vous expliquerais pourquoi je ne les ai pas brûlés, que je les garde davantage pour me protéger que pour me mettre en danger ! - Ça ne sert à rien de rouler des yeux mon jeune ami. Si vos précieux papiers doivent tout gâcher, limitons au maximum les dégâts qu’ils pourraient causer, je n’aimerais pas vous voir vous balancer au bout d’une corde.» , rétorqua d’un ton sec Jean-Baptiste avant de tourner le dos à Paliano.
Le musicien laissa échapper un léger soupir. Parfois, il se demandait s’il connaissait réellement Luigi tellement ce dernier était mystérieux. Plusieurs fois le florentin avait voulu lui poser toutes les questions qui lui traversaient l’esprit quand il découvrait son amant blessé ou épuisé jusqu’à la moelle, mais par respect il n’avait jamais osé, lui laissant le choix de le faire. Seulement le temps passait, les temps devenaient plus dangereux et personne n’était à l’abri. Lully ne serait pas étonné d’apprendre que Luigi avait été emprisonné ou pire encore… Pendant qu’il s’enfonçait dans ses sombres pensées, son amant saisit sa main et la serra entre les siennes tandis que le compositeur relevait les yeux vers lui.
« Je vous remercie de me rendre ce service. Je sais qu'ici, ces papiers sont en sécurité, personne ne pensera à venir ici et je sais que vous ne pousserez pas le vice de lire ce qui m'appartient. »
Non, il n’était pas comme ça et même si la curiosité le piquait au vif, il se garderait bien de jeter un coup d’œil à ces papiers de malheur. Jean-Baptiste se pinça la lèvre en acquiesçant légèrement de la tête, pour bien montrer que Luigi n’avait aucun souci à se faire à ce niveau-là.
« C'est un conseil car je sais que votre cœur d'ancien ne supportera pas ce qui y serait écrit. - Je ne vous pardonnerais pas cet affront jeune homme ! », le florentin se lança à la poursuite du prince et le rattrapa par le bras, un grand sourire sur le visage, « Mon cœur d’ancien peut supporter plus que vous ne le croyez, laissez-moi vous le prouver… », souffla Lully d’un ton qui en disait long sur son arrière-pensée pendant qu’il passait un bras dans le dos du jeune romain.
Sa main remonta jusqu’à la nuque de Paliano et ses doigts glissèrent dans sa chevelure tandis qu’il lui renvoyait son sourire malicieux. Le jour commençait à tomber et l’air à se rafraîchir. Jean-Baptiste tira son amant à l’intérieur du manoir et discrètement, ils rejoignirent les appartements du maître de maison. Calmement, le florentin invita son amant à entrer une nouvelle fois dans sa chambre et referma la porte derrière lui.
« - Je devrais vous tenir rigueur de votre insolence Monsieur... mais vous devriez aller récupérer votre précieux chargement, que je le mette en lieu sûr rapidement. » |
| | | Luigi Colonna
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| Sujet: Re: Un certain retour ... [Lully] 19.03.12 17:11 | |
| « Ça ne sert à rien de rouler des yeux mon jeune ami. Si vos précieux papiers doivent tout gâcher, limitons au maximum les dégâts qu’ils pourraient causer, je n’aimerais pas vous voir vous balancer au bout d’une corde. » « J'avais plus imaginé être jeté du haut d'une falaise. » déclara le prince, sarcastique.
Son amant avait totalement raison, une partie de Luigi, le côté raisonnable, approuvait totalement ces paroles. Luigi cherchait presque les ennuis, il n'était pas étonnant que cela lui retombe dessus un jour ou l'autre. Alors la pendaison, la chute dans le vide ou le couteau dans le ventre revenait à la même finalité : la mort. Mais son esprit vengeur avait pactisé avec sa facette de tête-brûlée, ces deux là n'en faisaient qu'à leur tête, il était difficile de lutter face à ces deux là. Et quand on connaît son éducation et par qui il a été pris en main, il ne fallait pas s'étonner de qu'il était devenu aujourd'hui. Colonna devait tout à son défunt oncle, ce cher cardinal qui lui avait fait découvrir la vie extérieure au Palazzo Colonna, à Rome même. Il l'avait formé, lui tout appris et c'était grâce à lui que Luigi était à Versailles aujourd'hui. Comment renier un passé de secrétaire/espion/vengeur ? Surtout quand on est toujours un espion, et que le côté vengeur est ancré en lui. La vendetta familiale devait se transmettre de génération en génération et c'était Luigi qui était le successeur. Mais si un jour il avait un enfant – ce qui n'était absolument pas prévu à l'heure actuelle – il l'élèverait de la même sorte, en espérant qu'il ait une meilleure santé que lui. On ne peut renier ce que l'on est, ni d'où l'on vient. Alors ces papiers devaient être gardé, Luigi en avait assez brûlé, c'était même trop à ses yeux, il devait garder le contenu de sa cassette, alors il devrait faire attention à sa santé et à ses ennemis. Il fallait de toute façon faire des concessions d'un côté ou de l'autre …
Mais il était temps de passer à autre chose, Jean-Baptiste ne posait pas de questions et Luigi n'avait tout de façon pas envie d'y répondre maintenant. Revenons à des sujets plus légers, plus agréables dans cette promenade de retrouvailles. Ils avaient le temps d'en reparler un jour, quand chacun sera prêt, l'un à entendre et l'autre à raconter. Colonna préféra plaisanter sur l'âge du compositeur. Il n'était pourtant pas vieux, seulement sept années de plus que le romain, trente-quatre ans c'était encore assez jeune, mais Luigi aimait bien le titiller sur cela, en témoignait son sourire malicieux et sa petite pique avant de se mettre à courir tel un gamin. Le prince associait parfaitement ses deux facettes, l'espion sombre et l'éternel adolescent, passant de l'un à l'autre avec facilité car elles étaient indissociables et il était facile de savoir laquelle endossée au bon moment. Maintenant, il s'amusait !
« Je ne vous pardonnerais pas cet affront jeune homme ! » « Attrapez moi avant de me pardonner ! » cria t'il en riant.
Il ne courut pourtant pas longtemps, il avait justement envie de se faire attraper, voilà pourquoi sa foulée ne fut pas la plus rapide car il aurait pu semer son amant s'il le voulait. Mais ce n'était pas le but et il fut même ravi de sentir la main de Jean-Baptiste lui agripper le bras et le faire se stopper net, Luigi fit volte-face, un magnifique sourire aux lèvres qui s'agrandit quand il vit le même sur le visage de son bel amant. Il était encore plus beau ainsi, rayonnant de toute sa beauté, il avait même les yeux azurs qui pétillaient. Vraiment, Colonna ne pouvait qu'aimer cet homme qui lui plaisait en tout point de vue.
« Mon cœur d’ancien peut supporter plus que vous ne le croyez, laissez-moi vous le prouver… »
Le ton était donné et si le romain avait une dizaine de répliques en cet instant, il se contenta du silence et de laisser son amant le toucher tandis qu'il passa ses bras autour du cou florentin avant de lâcher un petit soupir de bonheur. Luigi ne le quittait pas des yeux, gravant ce moment dans son esprit, un parfait moment où il n'y avait qu'eux, où ils étaient libres de s'aimer loin des ragots. Tandis que la main de Jean-Baptiste s'égarait dans les cheveux du prince, ce dernier sentit un petit vent qui se levait. Il n'avait pas vu le temps passé, le jour tombait et le temps se rafraîchissait, ils n'allaient plus tarder à rentrer. Et, à croire que son amant avait lu dans ses pensées, car il l'entraîna à l'intérieur du manoir. Ils ne croisèrent personne jusqu'aux appartements du compositeur et ne s'étaient pas lâchés, comme si le florentin avait peur que son amant reparte encore une fois. Mais non, Luigi avait bel et bien l'intention de rester, surtout qu'il avait à présent plus de raison de rester ici que dans sa ville natale. Il avait l'amour et cela comptait par-dessus tout. Cet amour qui le fit entrer dans sa chambre et referma la porte. Luigi connaissait cette chambre, c'était aussi en quelque sorte la sienne vu toutes les nuits qu'il y avait passé. Il se retourna pour regarder le compositeur, avec un petit sourire en coin, les mains derrière le dos.
« Je devrais vous tenir rigueur de votre insolence Monsieur... mais vous devriez aller récupérer votre précieux chargement, que je le mette en lieu sûr rapidement. » « Je suis presque déçu, je croyais que vous m'emmeniez dans votre chambre pour me blâmer de me moquer de votre grand âge, commença le prince avant de se mettre à rire doucement puis de reprendre, mais vous avez raison, il y a des priorités. »
La petite cassette se trouvait sous le siège de son carrosse, difficilement trouvable, à moins de connaître cette technique. Quand je vous disais que son oncle lui avait tout appris, cette technique était souvent utilisée par les hommes d’Église importants ! Il s'en retourna vers la porte mais avant, enserra la taille de son amant pour l'amener vers lui et l'embrasser avec passion et amour durant de longues secondes. Il était même difficile de détacher ses lèvres qu'il garda à quelques secondes à peine de Lully.
« Ho avuto un'altra priorità ... peggio per lei. » murmura t'il doucement.
Il se dégagea de l'étreinte toute en douceur avant de sortir de la chambre, partir à la recherche de son carrosse où les malles n'étaient déjà plus, le personnel avait tout emmener à l'intérieur. Regardant qu'il n'y avait personne, Luigi dégagea le tissu et ouvrit, par un ingénieux système, le siège pour prendre la cassette qui s'y trouvait. Une ingénieuse boîte de bois précieux qu'on ne pouvait ouvrir qu'en connaissant le code à chiffres. Une fois la cassette en main, il retourna revoir son amant pour la lui confier. Il lui tendit le coffret, presque à regret. S'il savait que c'était une bonne idée aujourd'hui, qu'en serai t'il des prochains jours, semaines ou mois ?
« Elle est à vous à présent. » |
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Invité
| Sujet: Re: Un certain retour ... [Lully] 31.03.12 16:51 | |
| « - Je suis presque déçu, je croyais que vous m'emmeniez dans votre chambre pour me blâmer de me moquer de votre grand âge, mais vous avez raison, il y a des priorités. »
Lully retint à grand-peine un soupir. Parfois il était tellement difficile de s’adapter aux brusques changements d’humeur du prince… Un coup il pouvait être l’innocence même et se laisser apprivoiser avec seulement quelques caresses et la fraction de seconde plus tard prononcer des paroles lourdes de sens qui tiraient des frissons d’appréhension du compositeur et lui donner froid dans le dos. Au fil des années, Jean-Baptiste avait appris à vivre avec cette sorte de schizophrénie mais, aujourd’hui encore, il lui arrivait d’être pris au dépourvu et de cacher son effroi de son mieux. Seulement ce n’était pas facile quand on fréquentait quelqu’un comme Luigi, il fallait avoir le cœur bien accroché et savoir laisser couler certains propos. Comme s’il avait senti que son aîné avait eu un léger coup au moral, le romain passa ses bras autour de la taille de Lully avant de légèrement lever la tête vers lui pour y poser ses lèvres, empreintes d’un désir et de sentiments sincères, pendant plusieurs secondes. Si au début le florentin semblait un peu absent, bien vite, il reprit ses esprits pour se laisser submerger par toutes les émotions qu’il ressentait par ce simple contact et laissa ensuite Luigi se détacher de lui à contrecœur.
Le surintendant lui vola un dernier baiser avant de le laisser filer, la tête pleine de questions. Pendant que son amant partait à la recherche de sa cassette, Lully s’assit dans un fauteuil, la mine lasse. Dans quoi s’était embarqué le jeune romain ? Même s’il lui vouait une confiance totalement aveugle et bornée, il ne pouvait s’empêcher de craindre pour sa vie, surtout lorsqu’on connaissait le caractère plus que bien trempé du prince. Lully se passa une main sur le visage, sa fatigue des dernières semaines lui retombant peu à peu sur les épaules. Mais sa tête ne pouvait s’empêcher de monter des scénarios catastrophe, surtout depuis la nouvelle de l’enlèvement d’Amy, la favorite du roi. Tout ceci ne présageait rien de bon et il devait renforcer leur protection à Paliano et lui. Ce genre d’évènements n’épargnait personne et le romain, doué comme il était, était tout à fait capable de mettre ses deux pieds en plein dedans. Le bruit de la poignée que l’on tournait le tira de ses pensées et le musicien se releva, quittant ainsi son siège. Le visage de Luigi apparut dans l’embrasure du panneau de bois et le florentin l’accueillit avec un fin sourire sur les lèvres. Colonna lui tendit son précieux chargement, l’air résigné, comme si Lully lui arrachait une partie, ce qui était sûrement le cas.
« - Elle est à vous à présent. - C'est la meilleure solution et vous le savez... »
Jean-Baptiste s’éclipsa dans son bureau, dont il ferma la porte par précaution. Il ne fallait pas que le prince sache où il allait cacher la boîte. L’italien fit le tour du meuble, laissant son regard caresser les livres qui étaient méticuleusement rangés dans sa bibliothèque. Finalement, il trouva la cachette parfaite et y plaça cette espèce de bombe à retardement. Le compositeur retourna dans sa chambre et hocha légèrement la tête pour signifier à Luigi qu’il avait accompli sa tâche.
« - Et si nous passions à la partie plus délicieuses de nos retrouvailles… ? Je crains de ne pouvoir supporter plus longtemps la vue de votre pourpoint. », souffla le florentin, un air mutin trônant sur le visage.
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| | | Luigi Colonna
« s i . v e r s a i l l e s »Côté Coeur: Tant qu'il bat encore, il battra fort pour son italien, le seul.Côté Lit: Un certain florentin le partage la plupart du temps. D'autres aussi, moins souvent ...Discours royal:
CASSE-COU 1000 vies, un corps
► Âge : 27 ans
► Titre : Prince di Paliano (de la Palissade), membre de la famille Colonna
► Missives : 602
► Date d'inscription : 18/09/2011
| Sujet: Re: Un certain retour ... [Lully] 08.04.12 23:10 | |
| « C'est la meilleure solution et vous le savez... »
Luigi ne fit qu'hausser les épaules. La meilleure solution aurait été de les brûler quand son oncle le lui avait dit. Là, ce n'était qu'une solution temporaire, un ersatz de solution même. Mais il ne pouvait pas les garder à Versailles, c'était trop dangereux. Si quelqu'un les trouverait, on se douterait facilement du lien avec le Vatican. Cette vie lui avait apporté un gros lot d'ennuis et on pouvait penser à de la trahison avec un espion papal au cœur de la Cour de France. Puis Luigi n'avait pas confiance en les banquiers, pourtant souvent italiens. Mis à part quelques uns, il n'avait pas du tout confiance en ses compatriotes de la botte. Sauf en son amant, puisqu'il lui avait donné cette cassette qu'il surveillait comme la prunelle de ses yeux depuis le soir où il avait brûlé le reste sous l’œil de son oncle malade. Pour la première fois, cette cassette le quittait, elle allait dans les mains de quelqu'un qui saurait la cacher et en prendre soin. Qui irait chercher ici ? Pour cela, il fallait savoir que Luigi et Jean-Baptiste se connaissent au point que le romain viennent passer du temps ici. Et quand il avait besoin de prendre l'air loin de la Cour pour se reposer, il disait qu'il allait à la campagne. Quand on avait un mot à lui porter, on le donnait à son majordome qui savait où se trouvait son maître. Même ses plus proches amis, comme Ferdinand, ne savait pas où il se trouvait. Bien sûr, d'Anglerays pourrait aisément le savoir en suivant le majordome. Mais tout le monde avait une vie, personne ne passait sa vie à surveiller les autres.
Luigi suivit son amant qui lui ferma la porte de son bureau au nez. Ah, même le romain ne devait pas savoir la cachette ? Il eut un instant de surprise, puis se ressaisit pour saisir la poignée. Mais son geste se suspendit en pleine action. Peut être était-ce mieux ainsi. Il n'avait pas à regarder les documents qui étaient conservés à l'intérieur quotidiennement, il s'agissait juste de preuves en cas de besoin. Juste des preuves qui n'avaient plus, techniquement, à être utilisées contre leurs anciens propriétaires. Enfin si, Luigi voulait les utiliser contre Barberini mais pas de suite, il verrait cela plus tard. Alors il abandonna l'idée d'entrer dans le bureau et attendit bien sagement que son amant revienne dans la pièce. Oui, Colonna pouvait se montrer sage de temps à autre, même si ça ne durait jamais longtemps. Il s'était reculé et s'était appuyé contre meuble, ses yeux gris se promenant sur les murs de la pièce qu'il connaissait par cœur et qu'il appréciait. Puis la porte s'ouvrit. Jean-Baptiste fit un signe de tête entendu, lui seul connaissait désormais la cachette …
Et après cette petite interlude sérieuse, on pouvait revenir à des choses plus légères, il n'y avait qu'à voir le petit sourire de son amant et les paroles qui suivirent :
« Et si nous passions à la partie plus délicieuses de nos retrouvailles… ? Je crains de ne pouvoir supporter plus longtemps la vue de votre pourpoint. » « Me feriez vous des avances ? répondit le romain, un sourire amusé au coin des lèvres. Mais je ne suis pas un garçon facile … »
Il se décolla doucement du meuble où il s'était appuyé puis avança doucement vers son amant. Ils auraient pu se sauter dessus à peine le romain de retour, mais ils ne faisaient rien comme les autres. Anticonformiste, cela pourrait être le qualificatif parfois pour les caractériser. Luigi approchait de Jean-Baptiste et entoura sa taille de ses bras pour l'attirer contre lui et l'embrasser, plus fougueusement que tout à l'heure, même si cela restait relativement doux. Il le fit reculer jusqu'à ce que le musicien ait le dos au mur. Colonna se détacha légèrement de son amant, un irrésistible sourire sur les lèvres.
« Mais vous êtes un homme chanceux, je suis incapable de vous résister. » murmura t'il à quelques centimètres de la bouche de son amant.
Une de ses mains hasarda sur le torse de Jean-Baptiste. Luigi ne se lasserait jamais de cet homme avec qui il était depuis quelques temps. Les retrouvailles aidaient peut être, cela faisait trois mois qu'ils ne s'étaient pas vus, à peine avaient-ils eu des nouvelles. C'était long, trois mois, quand on aime quelqu'un, ça en fait du temps à rattraper ! Luigi déboutonna un, puis deux boutons, s'arrêta et planta son regard malicieux dans l'océan de son amant. Il n'y avait parfois rien à dire, le silence était suffisamment éloquent. Le baiser qui suivait aussi, était une excellente alternative à la parole. Pourtant entre deux baisers, le romain laissa échapper à nouveau un murmure :
« Vous m'avez vraiment manqué … »
S'il ne l'aimait pas son musicien, ce serait à n'y rien comprendre …
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| | | Invité
Invité
| Sujet: Re: Un certain retour ... [Lully] 20.04.12 19:25 | |
| Ce sourire malicieux, cet éclat pétillant dans ce regard gris… Comment vouliez-vous ne pas céder à l’appel de cette beauté fragile qui se tenait devant vous ? Luigi avait la fougue de sa jeunesse, la fureur de rattraper le temps qu’il avait perdu à vivre entre quatre murs à Rome, de brûler sa vie par les deux bouts et c’était ce qu’il manquait au florentin : sortir des sentiers battus.
« - Et si nous passions à la partie plus délicieuses de nos retrouvailles… ? Je crains de ne pouvoir supporter plus longtemps la vue de votre pourpoint. - Me feriez vous des avances ? Mais je ne suis pas un garçon facile … - Je ne me permettrais point un tel affront Monsieur. »
Lully regarda son amant le rejoindre en quelques enjambées, provocant et insolent comme à son habitude. Un vrai italien, sûr de son physique et de l’effet qu’il faisait à son aîné. Le romain se rapprochait et n’hésita pas à enlacer son florentin pour que leurs visages se rapprochent afin que leurs lèvres s’unissent une nouvelle fois. Luigi invita Jean-Baptiste à reculer jusqu’à ce que son dos épouse le mur après quelques pas. Un frisson de satisfaction parcourut l’échine du musicien qui se mordit la lèvre inférieure en réponse au sourire de son amant. Jamais, ô grand jamais il ne pourrait vivre sans pouvoir contempler les traits fins du visage de son jeune amant. Colonna semblait avoir été sculpté par un maître italien malgré l’aura de fragilité qui se dégageait de lui et qui poussait le surintendant à vouloir le protéger de Versailles autant qu’il le pouvait. Si seulement Luigi lui avouait enfin ce qui l’éloignait des nuits entières et qui le ramenait, parfois, dans des états pitoyables...
« Mais vous êtes un homme chanceux, je suis incapable de vous résister. » L’une des mains du violoniste se posa sur l’épaule du jeune homme pour remonter jusqu’au creux de son cou pour voleter jusqu’à la nuque où elle atterrit avant de se fourrer dans les cheveux du romain. La douceur de la peau pâle, son hardiesse et sa manie de ne jamais pouvoir se satisfaire de ce qu’il possédait, de toujours vouloir plus et le plus rapidement possible avaient manqué au musicien qui exerça une légère pression à l’arrière du crâne de Luigi pour retrouver la sensation de sa bouche sur la sienne pendant qu’il sentait que certains de ses boutons déclaraient forfait. Lully fit une petite moue boudeuse en remarquant que son amant s’était arrêté en pleine lancée. Mais bien vite, il céda face au regard qu’il lui lança. C’était humainement impossible d’y résister. Le florentin inversa les rôles et essaya de reprendre le dessus en se détachant du mur pour plaquer Luigi contre le mur en prenant d’assaut ses lèvres et en faisant attention à ne pas le blesser.
« - Vous m'avez vraiment manqué … - Vôtre retour, je n’y croyais presque plus tellement votre absence a été longue mon prince.»
Même si 3 mois pouvaient paraître courts quand on prends du recul, à l'instant même où on est en plein dans cette période, ce n'est plus la même chose. Mais maintenant qu'il avait retrouvé son petit prince, la vie pouvait reprendre son court. Lully pourrait s'enivrer de sa présence, de ses gestes et de son amour, à l'abri des regards. [Sujet ENFIN terminé ] |
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