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| A trop vouloir déterrer le passé, on finit par creuser sa propre tombe ! (Pv Victoire & Cédric) | |
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| Sujet: A trop vouloir déterrer le passé, on finit par creuser sa propre tombe ! (Pv Victoire & Cédric) 23.06.11 0:40 | |
| La silhouette vêtue d’un large manteau noir se découpa sur les grilles du manoir de Thomas de Norfolk. L’aube ! L’heure approchait et tandis que l’homme tapi dans l’ombre fixait le cadran de sa montre à gousset, il se remit à penser à ce qui l’avait conduit ici … Un regard en coin, un de plus sur son passage, comme une goutte d’eau fait déborder un vase ! Un doigt accusateur pointé vers lui n’aurait pas fait beaucoup de différence ! C’était trop il n’avait pu que le constater ces derniers temps. Il devait agir pour sa propre sécurité et celle de son complice, bien que la sienne soit plus importante évidemment. D’ailleurs il l’attendait ce complice de toujours, ce bras droit tant fidèle. Ils avaient la veille arrêter un plan pour faire taire cette petite pimbêche de Noailles. Les rumeurs qu’elle propageait à Versailles étaient tout, sauf amusantes.
Le passé du duc lui revenait en pleine face, comme une gifle et cette gifle ne venait pas de la main mais de la langue trop pendue d’une gamine de seize ans. A qui voulait l’entendre, elle laissait échapper innocemment bien que ça ne trompe personne, que sa cousine Hermine de Créquy n’était pas morte par la seule envie du Très Haut de rappeler à Lui, l’une de ses brebis. Quelqu’un avait bien dû la pousser dans son linceul, et c’était cette supposition qui agaçait Hector de Valois et Cédric de Portau. L’un puisqu’il avait été la tête pensante de ce crime et l’autre parce qu’il en avait été la main exécutante. Si l’un tombait, l’autre suivait. A Versailles, cette hypothèse d’assassinat échauffait tous les esprits et bien sûr le veuf était en tête de la liste des suspects, à juste titre d’ailleurs. Bien sûr on continuait les rondes jambes et les compliments à son passage, mais derrière son dos on chuchotait. Voilà une publicité que le chef de la Main de l’Ombre ne pouvait pas se permettre, cette petite idiote pouvait amener le satané Bourbon à se mêler de l’affaire. Hector avait déjà pris de nouvelles dispositions pour sécuriser d’autant plus le quartier général de son organisation secrète. Cependant ça ne changeait rien du tout, sa cousine par alliance devenait un danger et ce danger devait disparaître !
Hector porta un cigare des caraïbes à ses lèvres et l’alluma avec la petite bougie qui l’avait éclairée durant sa veille. Il fumait, c’était chez lui un signe d’angoisse pour qui le connaissait, cette chère Gabrielle par exemple aurait deviné son tracas. Songeant à elle, il espérait qu’elle accepterait de lui servir d’alibi, il avait besoin d’elle plus que jamais aujourd’hui malgré son absence ici. Mais il se rassura bien vite, cette précieuse auxiliaire ne saurait le décevoir. Elle lui apporterait son aide, il n’avait pas à douter de sa fidélité.
Les cloches au loin sonnaient les matines et dissimulé derrière des fougères le duc de Valois scruta les alentours. Le moment d’agir était venu et il ne pouvait plus reculer maintenant, Cédric allait arriver et ils devraient aller jusqu’au bout de leurs résolutions. Gonflant ses poumons d’air, il expira profondément dans le seul désir d’évacuer toute anxiété. Il se surprit à le faire même, car jamais il n’avait eu un seul battement de cœur plus perceptible qu’un autre, dans des situations similaires. Pourquoi aujourd’hui donc ? Pourquoi pour elle ? Pour leur lien de parenté ou parce qu’il la considérait toujours comme une enfant jouant à la poupée ? Un flash back lui fit revoir l’espace de quelques secondes, la chambre de son épouse et l’enfant brune déposant sa poupée pour attraper des roses qui n'étaient autre que ces fleurs empoisonnées par Cédric. Hector les avait alors attrapées d’un geste brusque pour les jeter dans la cheminée. Ce jour là, il lui avait sauvé la vie et aujourd’hui elle avait décidé de briser la sienne ! Mais aujourd’hui, elle n’était plus une enfant et elle allait apprendre à assumer les conséquences de ses actes, ou plutôt de ses paroles.
Un bruit de brindilles cassées, un autre manteau noir se glissant dans les bosquets, Hector détourna la tête, son fidèle bras droit était parvenu jusqu’à lui. Ils se saluèrent rapidement n’ayant pas le temps pour les mondanités. - Cédric, enjambez ce mur, tentez de corrompre le cocher qui doit accompagner la duchesse à la messe du matin pour qu’il s’arrête ici même. Si vous n’y arrivez pas et puisqu’il risquerait de nous dénoncer une fois l’affaire conclue, faites le taire dans ce cas mon cher. Murmura t-il d’un ton glacial.Son complice de toujours acquiesça et mit ses ordres à exécution en escaladant la petite murette qui les séparait du manoir. Hector attendit longtemps ou tout au moins ce qui lui parut durer une éternité, il trépignait à rester là immobile et dans le silence le plus profond brisé uniquement par le dernier chant des oiseaux nocturnes. Après des siècles de patience, Cédric revint se poster à l’autre bout de la route, et son sourire seul lui fit comprendre qu’il avait réussi à soudoyer le cocher. Il ne fut pas très surpris, la bourse qu’il avait cédé comptait pour au moins 2 ans de salaire pour un simple larbin. Cet homme aurait été fou de refuser !Tandis que le carrosse s’élançait dans l’allée principale, Hector sortit son pistolet dernier cri à un coup et l’arma. Il se masqua et s’assura que Cédric avait fait de même. Quelques secondes après avoir franchi la grille, l’attelage s’arrêta soudain, ce qui leur permit de s’élancer chacun sur l’une des deux portières pour ainsi cerner la donzelle. Ils ouvrirent à la volée les deux battants et s’engouffrèrent à l’intérieur du carrosse. - Bonjour madame la duchesse, je ne saurais que trop vous conseiller de ne pousser aucun cri, sinon je crains fort que mon doigt finisse par appuyer sur cette gâchette. Satisfait du petit effet qu’il venait de produire, il ne put s’empêcher de ricaner brièvement. - Mon ami, dit-il à Cédric de Portau remerciez encore de quelques louis ce brave qui a nous a permis d’entrer et surtout pour que sa langue ne se délie pas avant ce soir ! Puis prenez les rênes, il n’est pas nécessaire qu’ils nous suivent là où nous allons ... |
| | | Cédric de Portau
« s i . v e r s a i l l e s »Côté Coeur: Il a servi il y a des années avant de complètement le ferme. Mais la revoir me fait redevenir ... humain ?Côté Lit: Sans courir après les dames, il se porte à merveille ! Discours royal:
B E L Z E B U T H l'associé du diable
► Âge : 29 ans
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► Date d'inscription : 11/05/2011
| Sujet: Re: A trop vouloir déterrer le passé, on finit par creuser sa propre tombe ! (Pv Victoire & Cédric) 30.06.11 22:52 | |
| « Celui qui soutient sa folie par le meurtre, est un fanatique. » Certaines nuits ont un goût particulier, une atmosphère spéciale qui vous empêche de dormir. Celle-ci en faisait partie et le jeune homme debout dans son manoir à la lueur des bougies s'agitait sans trop faire de bruit. Pourtant pas des plus riches, le jeune homme ne voulait pas respecter les quelques domestiques à son service, ne voulant pas les inquiéter plus que cela de ses activités nocturnes. Certes, ils étaient habitués à voir le comte partir tard le soir, s'enfermer dans ses appartements et sentir de drôles d'odeurs émanant des sous-sols. Alors il évitait de trop leur mettre la puce à l'oreille, il avait du déjà évincer une domestique. Non, pas la tuer, il ne tuait pas chaque personne qui le gênait. Celle-ci avait juste malencontreusement pris un bateau pour la Nouvelle France, dommage n'est ce pas ? Enfin, cette nuit, il ne s'agissait pas de meurtre, juste de faire peur à une personne. Ces derniers temps, Portau avait décidé de s'éloigner de la Cour, prétextant une petite santé pour se reposer dans son manoir. Des rumeurs couraient au sujet d'Hector. On regardait de travers, on chuchotait sur son passage. L'objet de cette rumeur ? Le veuvage prématuré de son ami et chef, Hector de Valois. En effet, son épouse avait succombé il y a quelques années, la pauvre malheureuse. Et on accusait le veuf de l'avoir empoisonné ! Quelle idiotie ! C'était Cédric qui l'avait fait … Certes, Hector avait décidé d'appliquer l'adage du mariage « jusqu'à ce que la mort vous sépare ». Portau avait juste, comme toujours, exécuter la tâche. Alors si on accusait Hector, lui se sentait aussi visé et il savait pertinemment que le Valois ne tomberait pas seul si cela devait arriver. Tout ça à cause de cette Norfolk, Victoire de Noailles, la cousine de son ami. Elle répandait allègrement la rumeur que Mme de Valois avait été aidé dans la mort … Cela en était désagréable car son ami était mis au premier plan des calomnies et Cédric était visé indirectement.
Alors en cette fin de nuit, debout dans son bureau, le jeune homme était sur le point de partir, il ne lui restait qu'à enfiler son grand manteau noir, cacher une arme blanche dans son fourreau à sa hanche et de prendre le masque avant de se faufiler sans bruit. Il faisait encore bien sombre, les étoiles bien présentes, une belle nuit claire en somme. Rabattant sa capuche sur sa tête, Cédric disparut dans la nuit en s'enfonçant dans la forêt non loin de son petit manoir. Il connaissait déjà la route menant à la demeure des Norfolk, il l'avait fait plusieurs fois pour éviter de monter à cheval. Marcher le rendait plus discret et l'animal serait devenu encombrant à un moment ou à un autre. Une des règles dans ce genre de circonstances était de voyager léger, ne pas s'encombrer d'objets/personnes inutiles. Alors il marcha dans la forêt, ne s'aidant que du ciel quittant son bleu nuit pour un violet divin, annonciateur de l'aube, pour se guider. Pendant sa marche, Portau repensa au plan dans sa tête et puis pensa à Victoire. Certes, il ne s'agissait que de lui faire peur mais cette jeune enfant saura t'elle retenir la leçon ? Cela lui faisait presque étrange d'agir contre une personne familière. Non pas que lui et Mme Norfolk soient proches mais ils furent amenés à se rencontrer de nombreuses fois, lui venant en tant qu'ami d'Hector et elle en tant que cousine par alliance. Il l'avait vu en quelque sorte grandir … Comme parfois, une sorte de vague à l'âme l'envahit mais il la réprima violemment, ce n'était pas le bon moment, le bout du chemin se profilait.
Hector l'attendait devant les grilles, ils se saluèrent rapidement. Son chef et ami semblait pressé tout comme l'était Cédric d'en finir, cette affaire avait un goût particulier. Il escalada le mur pour se rendre jusqu'au cocher. Il espérait que l'homme serait « compréhensif » et qu'il ne refusera pas la bourse pour obéir. Il n'était jamais bon de faire couler le sang des innocents. Toujours capuché, ses yeux azurs masqués, il s'avança d'un pas sûr vers le cocher.
Mon brave ami, peux tu me rendre un service ? Qu'il y a t'il monseigneur ? Qui emmènes tu ce matin à la messe ? Madame, bien sûr, comme tous les matins. Seule ? Oui. [color=midnightblue]Je te propose de lui faire un arrêt imprévu. Lorsque tu t'élanceras dans l'allée principale, à la sortie de la grille, arrête toi à mon signal. Et pour te dédommager, voici pour toi.[/b]
L'homme ne prit même pas la peine d'en regarder le contenu, la lourdeur de la bourse lui suffit à hocher de la tête. Comme dit plus haut, il était difficile de trouver un personnel fiable de nos jours, ils se laissaient corrompre si facilement, comme si seul l'or comptait ! Enfin, au moins cela avait marché et Cédric put retourner à sa place, grand sourire triomphant sur les lèvres. Le plan pouvait commencer. Son masque sur le visage, tout comme Hector, ils virent arriver le carrosse et il fit signe de la main au cocher qui s'arrêta pile où cela était prévu. Savait-il que s'il n'avait pas obéi, il serait mort ? Sans aucun doute. Dans une parfaite synchronisation, les deux hommes s'engouffrèrent dans le carrosse, entourant la duchesse de Norfolk. Une nouvelle fois sur les ordres d'Hector, Cédric sortit du carrosse, donna une autre bourse au cocher pour le faire descendre et n'en souffler mot à personne. Portau se retrouva donc dans le rôle du cocher et savait exactement où il devait se rendre.
La balade, si on pouvait dire ça comme ça, dura presque une heure avant de s'arrêter presque au milieu de nul part. Hector voulait un endroit désert, à l'abri des regards pour exécuter leur plan. Mais la campagne autour de Versailles était peuplée de manoir et fermes, tous attirés par le château royal non loin. Il avait fallu viser un peu plus loin pour trouver une bâtisse vide de propriétaire, belle demeure un peu à l'abandon, le dernier propriétaire étant mort depuis peu et dont personne ne se souciait de cet héritage. Aucun risque donc que quelqu'un vienne les déranger. Et plutôt que de laisser le carrosse à la vue de tous, Cédric se rangea derrière la maison, à l'abri des regards. Il serait imprudent de laisser les armoiries de Norfolk-Noailles à la vue de tous. Descendant à terre, il ouvrit la portière côté Hector.
Nous sommes arrivés monseigneur.
Il aida son supérieur à faire descendre la jeune femme qui semblait partagée entre l'envie de fuir et celle de s'abandonner à son sort. Par prudence, Portau sortit son arme qu'il tint dans une main tandis que, de l'autre, il serra fort le bras de Victoire pour l'entraîner à l'intérieur.
Rien ne sert de se rebeller, madame, ici personne ne peut vous entendre.
Il parlait toujours avec froideur, comme si rien ne le touchait. Dans cet emploi, il ne fallait pas faire dans le sentiment, cela ne servait à rien. L'intérieur froid de la maison était propice à ce qu'allait subir la jeune femme, une peur glaciale …
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| Sujet: Re: A trop vouloir déterrer le passé, on finit par creuser sa propre tombe ! (Pv Victoire & Cédric) 01.07.11 17:57 | |
| Le soleil se levait à peine lorsque Victoire de Noailles, épouse Norfolk, se réveilla. Même lorsqu’elle séjournait dans la demeure des Norfolk, elle se levait tôt. Il faut dire que la jeune femme détestait se lever tard, détestait se livrer à cette vie indolente que menait la plupart des nobles lorsqu’ils séjournaient à Versailles. Un inconvénient se faisait souvent ressentir ici, dans cette grande demeure : elle se sentait seule. Terriblement seule. Thomas menait une vie d’ambassadeur : il allait et venait, recevait, était reçu, rencontrait des personnes pour parler politique…Pendant ce temps, Victoire n’avait personne à qui parler. Son amie, Marianne, elle aussi enceinte, lui rendait quelques fois visite, mais pas aussi souvent que l’aurait voulu la duchesse de Norfolk. Pourtant, celle-ci n’osait lui faire appel trop souvent. Alors parfois, lorsque son mari la quittait du regard pour un temps plus ou moins long, elle faisait sortir le carrosse et quittait le domaine pour aller au palais de Versailles rejoindre la cour. Elle savait que Thomas lui en voudrait, puisqu’il l’apprendrait un jour ou l’autre. Mais il n’y avait rien de pire que de rester seule. Ressasser ses idées noires. Victoire s’ennuyait. Evidemment, elle faisait travailler ses domestiques pour la venue du descendant des Norfolk : elle faisait faire des adorables habits pour un petit garçon. Elle était persuadée de porter un petit héritier. Elle faisait appel à des couturières. Exigeante, elle les renvoyait dès qu’un point ne lui plaisait pas. La jeune femme faisait également composer des bouquets pour égayer les lieux. Elle jouait à la parfaite maîtresse de maison.
Si son ventre s’arrondissait, on ne pouvait deviner qu’elle était enceinte. Néanmoins, elle ne pouvait plus aller aussi souvent qu’elle le désirait à Versailles parce qu’elle s’était rendue compte que les domestiques chuchotaient lorsqu’ils la voyaient. Ils étaient les domestiques de Thomas, et pouvaient parler n’importe quand, alors elle se forçait à demeurer dans le domaine. Elle avait évidemment mis fin à ses balades à cheval, elle qui adorait ça. A la place, elle s’occupait de l’abondante correspondance qu’elle entretenait avec sa mère, abondante depuis qu’elle avait annoncé à ses parents qu’un heureux événement allait remplir de bonheur les époux Norfolk. Peu de personnes étaient au courant. Thomas, évidemment, leurs parents, Marianne…Victoire n’avait pas voulu l’annoncer à tout le monde, par peur de devoir affronter les regards si jamais une fausse couche devait écourter son bonheur.
Elle se leva et appela sa dame de compagnie. Il était tôt, et les domestiques de Victoire auraient préféré qu’elle se levât plus tard, comme n’importe quel quidam. Du matin jusqu’au soir elle ne leur laissait aucun répit, puisqu’elle avait toujours besoin d’une présence. Il leur incombait alors la lourde tâche de divertir la duchesse. Assise à sa coiffeuse, elle inspecta son visage. Un teint de porcelaine dont la blancheur était renforcée par la couleur de ses cheveux la satisfaisait chaque matin. Une domestique vint, prit une brosse et entreprit de démêler sa longue chevelure. Ses cheveux lui étaient une fierté, et ils méritaient le meilleur soin. Avant de les coiffer en un chignon parfait, sa dame de compagnie aida Victoire à enfiler une robe aux tons bleu nuit. Puis elle mit un petit chapeau d’où une voilette cachait à moitié son regard.
« Ernestine, faîtes appeler le cocher. Il est l’heure de se rendre à la messe. »
Percevant le léger soupir d’Ernestine, qui était déjà ennuyée par sa maîtresse, Victoire lui lança :
« Je n’oublierai pas de prier pour vous, pécheresse. Je sais ce que vous faîtes, le soir, lorsque je dors, avec le cocher. Vous devriez avoir honte de vos actes. Et moi de vous garder auprès de moi. Alors, si vous ne voulez pas que mon âme, saisie d’un puritanisme soudain, ne souhaite vous renvoyer, gardez le sourire et prenez la peine de cacher votre ennui par un sourire hypocrite. »
Une fois Ernestine partie chercher le cocher, Victoire enfila des gants blancs et descendit le grand escalier, tout en souriant en pensant à l’air affligé qu’avait prit Ernestine. Une prière pour les pécheurs…Sa mère lui avait depuis l’enfance donnée cette habitude. Et aujourd’hui, elle prierait pour plusieurs pécheurs.
Une fois dehors, Victoire aperçut son cocher qui l’attendait. Alors qu’elle prit sa main pour s’installer dans le carrosse, elle lui dit : « Aujourd’hui, ma prière sera pour mon cousin, le pauvre veuf qui doit accepter depuis plusieurs années de vivre sans son épouse. Il mérite ma considération. » L’ironie était imperceptible, et seule Victoire la percevait. Elle avait pris l’habitude, tous les matins, de dire au cocher à qui serait destinée sa prière. Elle ajouta, avec un grand sourire : « Et une vous sera consacrée, Pierre. Votre prénom n’empêche pas quelques petites fautes, n’est-ce pas ? » Une fois la porte du carrosse fermée, Victoire ne put remarquer l’air décomposé de son cocher. En prononçant ses paroles, elle pensait à sa relation avec sa femme de chambre, mais lui crut qu’elle ne fût au courant d’autre chose…La duchesse ne pouvait pas savoir que son cocher méritait, en effet, une prière en tant que pécheur…
La mention de son cousin, Hector de Valois, n’était pas la première que Victoire avait faite. A force de s’ennuyer dans l’immense domaine des Norfolk, la jeune femme avait eu le temps de ressasser les événements de sa vie, bien que pour le moment elle fût encore jeune. Alors elle pensait à son mari, à son amour, mais aussi à ses parents, à l’infidélité de son père, ses liens avec la favorite et sa sœur Mary of Leeds ; à son amitié avec Marianne, et à celle avec Paris de Longueville qui la faisait rire. Elle aurait voulu que son fils eût l’intelligence et l’élégance de Paris, et son humour aussi. Un mélange de sérieux et de flegme qui lui donnait toujours le sourire, même lorsque sa peste de sœur approchait Thomas. Et, une main tendrement posée sur son ventre, elle pensait à Hector. Le souvenir des fleurs lui revenait souvent…mais, assise dans le carrosse, elle repoussa mentalement cette image. Pas question de penser à des choses morbides, seule sur le chemin de l’église.
Le carrosse s’arrêta. Victoire lança un regard dehors et vit qu’ils étaient au beau milieu d’un chemin, l’église n’était pas en vue. Sûrement un obstacle que le cocher enlèverait. Après avoir pensé durant quelques minutes à ce qu’elle dirait au prêtre, elle réalisa que la pause durait déjà depuis longtemps. Des bribes de voix imperceptibles se faisaient entendre. Il faudra rappeler à Pierre de ne pas parler au premier venu, surtout dans des chemins si peu fréquentés de bon matin, prit mentalement en note Victoire. Mais sa pensée fut coupée par un homme qui pénétrait dans le carrosse, sans se faire annoncer. Que se passait-il ? Un autre entra de l’autre côté, et la duchesse fut cernée par deux hommes masqués. Une main sur le ventre, elle n’osait prononcer un mot. Que faire ? Crier ne résoudrait rien puisqu’il n’y avait personne. Comme en réponse à ses réflexions, l’un deux lui conseilla de ne pas crier, sous peine de se faire tuer. Alors elle n’ouvrit pas la bouche, et l’entendit s’adresser à l’autre, à propos de son cocher qui…était dans le coup ! La première pensée de Victoire fut de punir Pierre une fois que l’ordre serait rétabli, car il le serait…
Puis le deuxième homme partit, et le carrosse se remit en marche. Seule avec l’homme masqué à ses côtés, Victoire n’osait bouger. Elle réussit cependant à prononcer quelques mots :
« Si vous voulez de l’argent, vous n’avez qu’à demander, je n’en manque pas. Faisons demi-tour et retournons dans le domaine Norfolk, je pourrai vous offrir ce que vous désirez. Si jouer à Robin des Bois vous fait plaisir, dîtes-le, mais surtout je vous en supplie, ne me maltraitez pas. »
Victoire avait l’impression qu’ils n’allaient jamais s’arrêter. Pendant quelques minutes, elle n’avait cessé de poser des questions sur le lieu, le temps, questions qui restèrent sans réponse. Le plus grand trouble régnait dans son esprit.
« Il faudra prévenir mon mari, il va s’inquiéter. Je devais aller à la messe. »
Son trouble se traduisait par des mots dont l’homme ne devait n’en avoir que faire. Ils s’arrêtèrent enfin, après un temps qui avait semblé à Victoire avoir duré des heures. Où donc pouvaient-ils bien se trouver ? Lorsque le deuxième homme, celui qui les avait conduits, ouvrit la porte du carrosse, Victoire eut ne serait-ce que quelques secondes l’envie de fuir. Mais sa robe ne lui permettrait pas de courir. Comme pour la prévenir, il lui déconseilla de se rebeller. De toute façon, que faire contre deux hommes ?
Elle ne savait pas où ils étaient. La demeure semblait abandonnée, et de toute façon l’endroit était désert. Le mystère régnait, les questionnements, le doute. Victoire était dans de beaux draps, et elle le savait, même si secrètement elle espérait une blague. Ils entrèrent dans la maison, froide. Victoire en eut des frissons. |
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| Sujet: Re: A trop vouloir déterrer le passé, on finit par creuser sa propre tombe ! (Pv Victoire & Cédric) 04.08.11 12:11 | |
| Un rictus diabolique naissait peu à peu sur les lèvres du duc de Valois. Cette gamine était impayable ! Succédant à ce sourire en coin, il ne put de même refouler un petit ricanement qui se métamorphosa en un rire démoniaque. Toutes les phases d’une hilarité sadique croissante teintée de vengeance s’élevèrent du carrosse en marche. Aucun doute, ça serait délicieux de la faire payer. Les pupilles dilatées, la peur envahissait Victoire de Noailles. Il en jouerait avec joie comme un chat avec sa souris.
« De l’argent ? A votre avis, chère duchesse pourquoi votre cocher vient-il à l’instant de vous trahir ? Hum ? Je vous croyais plus intelligente ! Vous me décevez. »
Hector sortit de son pourpoint noir, une seconde bourse ficelée à ras. Avec un regard de pitié envers sa prisonnière, il fit sauter le petit sac dans sa paume et les pièces tintèrent bruyamment à l’intérieur.
« Deux ans de gages pour un domestique ! Si je suis capable d’offrir ceci à la voletaille, pensez-vous que j’en veuille réellement à votre richesse ? »
L’arme toujours au poing, il l’entendit débiter ses dernières suppliques ! La messe ? Comment pouvait-elle en appeler à la miséricorde d’un démon ? Il se demanda un court instant, si cette oiselle sans cervelle, représentait véritablement un danger quelconque … Son esprit était à mille lieues d’égaler celui de sa précieuse Gabrielle. Cependant puisque ce n’était pas à son cerveau qu’il en voulait mais à sa langue trop pendue il n’ordonna pas à son âme damnée de rebrousser chemin.
« Dieu attendra madame ! Ne l’appelez pas si tôt voyons, quoique si vous insistez vraiment je pourrais quérir un prêtre pour qu’il vous administre l’extrême onction. »
Son cynisme lui plut à lui-même, et un sourire d’autosatisfaction éclaira son visage viril. Le reste du trajet se déroula dans le silence le plus total. La petite pimbêche n’osait plus piailler. Comme c’était curieux tout à coup. D’un autre côté, il n’eut pas à supporter plus longtemps ses jérémiades et qui plus est elle n’avait pas besoin de parler, l’écoute allait suffire.
Cédric tira soudain sur les rênes, ils venaient d’arriver au milieu de cette campagne que le duc détestait tant. Une maisonnée vide les attendait. Là aussi, il avait dû acheter le propriétaire vivant à l’autre bout de la France, et guère soucieux de cet héritage pour une seule journée d’usufruit. Cette Noailles lui coûtait décidément beaucoup, mais il préférait nettement se débarrasser de quelques louis que d’être jeté à la Bastille. Entre deux maux, il faut choisir le moindre ! Son bras droit lui ouvrit la porte en lui donnant du monseigneur ! Brave garçon qui lui offrait chaque jour cette grisante illusion d’être déjà roi.
Hector toujours pistolet pointé vers sa victime, le vit aider, si on peut appeler ce genre de galanterie brutale de l’aide, leur proie à descendre du marchepied. Le comte de Portau paraissait aussi agacé voire plus que ne l’était Hector au sujet de ces rumeurs, il ne lui faisait aucun mal, mais cette façon de lui serrer le bras le prouvait bien … Bah, il avait bien le droit de se venger lui-même après tout. A chacun sa méthode, ils avaient toujours été l’un l’esprit et l’autre le bras armé. Une fois à l’intérieur, et leur hôte inconfortablement installée sur un siège de fortune, Hector lui-même prit un siège et s’y assit à califourchon. Puis sans mot dire, il tira sur le fil de son masque qui lentement tomba sur ses épaules.
Rien ne valut à cet instant, le regard terrifié de la duchesse.
« Soyez la bienvenue en ces lieux ma chère cousine. Permettez moi de ne pas faire les présentations, mon ami ici présent préfère garder l’anonymat. »
Il fit signe à Cédric de prendre lui-même une chaise, après tout ils allaient rester dans la bâtisse un sacré bout de temps, surtout si la donzelle se montrait obtuse. C’était son genre !
« Vous devez deviner maintenant quelles sont les motifs de votre enlèvement jeune demoiselle. Si ce n’est pas le cas, laissez moi vous rafraîchir la mémoire … »
Il se racla la gorge et sur le ton de la moquerie imita la voix de Victoire, avec exagération telle une crécelle.
« Ma cousine n’est pas morte naturellement, quelqu’un l’a certainement aidé. »
La rage qui montait en lui de jours en jours depuis des mois, explosa soudain et d’un geste irrité, il fit claquer les quatre pieds de sa chaise sur le sol et se redressa de toute sa hauteur. Il n’était à présent qu’à quelques centimètres de son visage, et ses yeux perçants se plantèrent dans les siens.
« Vous vouliez la vérité ? Vous désirez savoir si elle a été assassinée ! Fort bien ! Jouons franc jeu madame ! Oui je l’ai tuée ! Pourquoi ? Car je n’ai jamais su la supporter et qu’elle était devenue sans intérêt depuis que sa dot m’avait été versée ! Ai-je eu des remords ? Non ! Etes vous satisfaite à présent ? »
Après ce flot de révélations, il se laissa retomber sur le siège en bois. Son ton retomba également et c’est de la voix la plus posée qu’il poursuivit son petit monologue.
« Vous devez me trouver bien fou de tout vous avouer. Rassurez-vous, je suis au contraire plus que jamais maître de moi-même. Voyons votre situation d’un peu plus prêt ma chère : vous êtes en compagne d’un meurtrier et d’un inconnu, et ce ne sont pas les scrupules qui nous étouffent. Votre choix est bien simple si vous désirez sortir d’ici, le silence ou la mort. Pas la votre bien sûr, mais celle de votre époux que nous tenons également entre nos mains. »
Il se tourna vers Cédric de Portau, envers qui il eut un signe de connivence.
« Mon bras droit ici présent, également assez contrarié par vos divagations du reste s’en est chargé. N’est ce pas mon cher ? Contez donc vos prouesses à la duchesse …» |
| | | Cédric de Portau
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| Sujet: Re: A trop vouloir déterrer le passé, on finit par creuser sa propre tombe ! (Pv Victoire & Cédric) 16.08.11 1:15 | |
| Ils étaient seuls au milieu de nul part, tout était possible, davantage sous les masques des deux impitoyables kidnappeurs. Une fois la jeune Victoire entrée dans la maison sans âme, rien n'allait plus pour elle, elle était à la merci de deux hommes dont elle ne connaissait pas le visage – pas encore du moins – et ne comprenait pas pourquoi on s'en prenait à elle. Cédric suivait son supérieur car celui-ci ne pouvait faire fonctionner son diabolique plan tout seul mais aussi car Portau était visé indirectement dans cette affaire et ne voulait pas tomber pour cette stupide histoire d'empoisonnement. Le jeune homme avait fait bien pire sans se faire prendre, ce n'était pas le moment de flancher ou de se laisser aller. Après tout, il s'agissait de lui faire peur, peut être un petit peu mal mis pas de la tuer. Victoire n'était pas assez stupide pour préférer mourir que de garder le silence, il fallait avoir un peu de bon sens, parfois !
La duchesse de Norfolk était à présent assise sur un siège en piteux état. Hector prit un siège tandis que Cédric restait debout, droit comme un i, légèrement en retrait. Il savait que son patron avait des choses à dire, avait prévu son plan, il fallait donc le laisser faire et admirer le maître. Il fallait avouer que tout était parfait : le voir enlever son masque, laisser son visage à découvert face à sa cousine, jeune femme terrorisée. Ce moment était tout bonnement génial et il ne fallait pas en perdre une miette.
« Soyez la bienvenue en ces lieux ma chère cousine. Permettez moi de ne pas faire les présentations, mon ami ici présent préfère garder l’anonymat. »
Cédric eut un sourire diabolique sur son visage, lui aussi faisait peur mais garda son masque. Après tout, il s'agissait principalement de la vengeance d'Hector, Cédric ne faisait qu'aider. Et puis, c'était lui qui avait tué l'épouse d'Hector, son patron lui avait demandé et lui l'avait fait sans sourciller. Portau s'approcha de quelques pas et prit une chaise pour s'y asseoir, le dos collé au dossier et les bras croisés ne quittant pas des yeux la scène. Lorsque Hector imita Victoire en prenant une voix de fille, Cédric se retint de rire, il se pinça la lèvre pour ne pas laisser échapper ne serait-ce que pour pouffer. Puis après on ne rigole plus, le futur Roi explosa sa rage au visage de la jeune femme. Il n'était pas bon d'avoir le Valois en ennemi, cela était même carrément mortel pour certains. Cédric pouvait en témoigner, le nombre de personnes qu'il avait éliminé pour le compte du complot ou juste pour les intérêts personnels d'Hector. Toujours silencieux, jouant l'observateur, Cédric aimait regarder le visage apeuré de la jeune femme, il ne perdait pas une miette à cette scène où il n'allait pas tarder à faire son entrée.
« … Votre choix est bien simple si vous désirez sortir d’ici, le silence ou la mort. Pas la votre bien sûr, mais celle de votre époux que nous tenons également entre nos mains. »
Les deux hommes échangèrent un regard. Cédric détenait le mari, à quelques lieues d'ici.
« Mon bras droit ici présent, également assez contrarié par vos divagations du reste s’en est chargé. N’est ce pas mon cher ? Contez donc vos prouesses à la duchesse …»
Une nouvelle fois, un large sourire sadique, toutes dents dehors, vint s'inscrire sur son visage masqué. Il allait devoir raconter ce qu'il avait fait à ce pauvre Thomas. Oh, trois fois rien …
Rassurez vous, votre mari est encore en vie … Pour l'instant. Ne vous êtes vous pas inquiétée de ne pas le voir revenir chez vous depuis deux nuits ? Ah oui, votre mari est toujours occupé par ses affaires alors qu'il soit absent une nuit n'est rien. Pourtant, votre époux n'a pas travaillé tard. Enfin si et cela a bien fait mon affaire. Qui s'est soucié d'un détour d'un carrosse ? Personne. Il n'est pas bien loin de là, la campagne a ses avantages de nombreuses maisons abandonnées.
Cédric décida de se lever, un sourire mauvais et l'oeil brillant derrière son masque et marcha d'un air nonchalant vers Victoire, continuant son récit.
Comme vous, il est sur une chaise inconfortable, mais il est en plus attaché. Je ne vais pas le laisser s'enfuir librement. Mais il n'a pas la langue dans sa poche, il s'est mis à hurler. Il a fallu le faire taire … Massant sa main droite, il se trouvait derrière la chaise de la jeune femme. Ne soyez pas choquée quand vous verrez son visage. Pour un proche du Roi d'Angleterre, il a l'âme rebelle et a bien du mal à se taire.
Il se tenait derrière elle et s'appuya sur le dossier de chaise et approcha son visage de celui de Victoire. Plus sadique que jamais.
Histoire qu'il ne s'ennuie pas, il est avec un de mes petits camarades. Il se charge d'animer les lieux, il serait triste que votre époux manque la fête en s'endormant. Éveillé depuis plus d'une journée, il commence à ne plus tenir.
Il se redressa et marcha à nouveau pour retenir à sa chaise, se rasseoir et fixer Victoire, l'air triomphant de son exploit. Pauvre Thomas, lui n'avait rien demandé et payait les pots cassés de sa femme.
Alors, si vous aimez un tant soit peu votre mari. Vous savez ce qu'il vous reste à faire. Je n'ai que quelques kilomètres à faire et pas grand chose pour achever ses souffrances.
Cédric sortit une dague de son flanc, joua avec quelques instants avant de pointer Victoire avec son petit jouet qu'il savait bien manier.
Ou, je prendrais mon temps. Tout dépendra de votre … coopération.
Cédric était un être diabolique, il le prouvait en cet instant de toute son âme noire et son côté sadique. Bien sûr, le jeune homme pouvait se montrer bien plus diabolique mais Thomas n'avait pas besoin de subir de la torture pour parler, il devait surtout se taire. Et quand Victoire capitulerait, il sera assommé et déposé sur le bas côté d'un chemin pour se faire secourir par un samaritain. Tout était prévu. Ou presque …
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| Sujet: Re: A trop vouloir déterrer le passé, on finit par creuser sa propre tombe ! (Pv Victoire & Cédric) 23.08.11 12:49 | |
| Horrible. Cet homme était décidément horrible. Face à elle, il l’a regardait d’un air diabolique. Et si le diable existait vraiment ? Et s’il se trouvait là, devant elle, sous les traits de son cousin par alliance ? Car cet homme avait enlevé son masque, et Victoire n’avait pu retenir un cri de frayeur en reconnaissant les traits d’Hector. Alors ses souvenirs ressurgirent : ce jour où sa cousine mourut après avoir respiré des fleurs empoisonnées. Elle ne s’était donc pas trompée, sa mémoire ne lui avait pas joué de tours. Cette certitude s’imposa lorsqu’il l’imita avec une voix de jouvencelle, une ironie mordante dans le ton et la manière de prononcer les mots. Mots qui étaient ceux qu’elle s’obstinait à répéter jour après jour, inlassablement, à ses proches. Puis la moquerie avait laissé place à une colère terrible. Non sans crier, Hector avait avoué son crime. Mais si l’on est content lorsqu’on nous donne raison, à ce moment, Victoire aurait préféré que son cousin lui donne tord. S’il avait été capable de donner la mort à son épouse, qu’en serait-il de la duchesse de Norfolk ? Puis, tel un fou qui a des accès de colère qui retombent aussi vite qu’ils sont montés, Hector avait repris un ton neutre pour expliquer sa présence dans cette demeure abandonnée. Il lâchait les mots de meurtrier, d’inconnu, de scrupules, rien n’était fait pour apaiser la peur de la pauvre Noailles, qui, recroquevillée sur sa chaise inconfortable, aurait acquiescé à tout pour pouvoir quitter ce lieu terrifiant. Il lui avait proposé un choix, qui en fait n’en était pas un : le silence sur son crime, ou la mort. Evidemment dans l’esprit de Victoire, il n’était pas question de tergiverser, le silence semblait par bien des égards la meilleure proposition. Elle posa une main tremblante sur son ventre : si elle parlait de cette histoire à quiconque, elle se mènerait elle-même vers la mort, accompagnée de son bébé. Mais alors qu’elle allait ouvrir la bouche pour répondre, Hector reprit la parole. Et là, le choc faillit faire évanouir Victoire. Lorsqu’il parlait de mort, ce n’était pas de la sienne dont il faisait mention, mais de celle de Thomas. Le monde semblait s’écrouler sur les frêles épaules de la future maman. Son kidnappeur se tourna vers son acolyte, que la duchesse avait à peine remarqué. Elle avait juste posé son regard sur lui lorsqu’il l’avait aidée à descendre, ses mains appuyant beaucoup trop fort sur son bras. Instinctivement, la jeune femme mit une main sur ce bras meurtri. Prudent, il avait gardé son masque, mais on pouvait toutefois remarquer un rictus sur son visage. Celui-ci prit la parole pour expliquer qu’il détenait Norfolk, dans une autre demeure abandonnée. Apparemment, cela faisait plusieurs jours que son époux était détenu, et Victoire ne pu s’empêcher de l’imaginer dans un état misérable. Cette image lui fit venir les larmes aux yeux. Comme s’il lisait dans ses pensées, l’homme masqué se fit un plaisir de décrire l’état de Thomas, ses mains attachées, les coups qu’il avait pris pour se calmer. Ensuite, il s’était arrêté derrière Victoire, et murmurait presque dans ses oreilles, d’une manière éminemment sadique. Quelqu’un empêchait le pauvre Thomas de dormir. Comment deux hommes pouvaient-ils donc être sadiques à ce point ? Cette question trottait dans l’esprit de Victoire, en même temps que l’image de Thomas ne la quittait plus, faisant maintenant ruisseler des larmes sur ses joues blêmes. L’inconnu reprit place sur sa chaise, puis sortit une dague, tout en menaçant Victoire. La vie de Thomas dépendait d’elle. Victoire promenait son regard terrifié d’Hector à l’inconnu masqué, ne sachant lequel des deux reprendrait la parole le premier, ou accomplirait quelque chose. Mais leur discours était maintenant terminé, et ils semblaient attendre une réponse. Victoire caressa sa joue pour essuyer les larmes qui tombaient sans retenue. Tout était de sa faute. Thomas souffrait à cause d’elle. Comment avait-elle pu être assez sotte pour croire que ses insinuations n’agaceraient pas Hector. En fait, elle savait que cela allait le mettre en colère. Mais, imprudente, elle ne savait pas qu’il était vraiment dangereux. A vrai dire, elle regrettait d’avoir eu la langue bien trop pendue. Mais, heureusement, les deux hommes, quoique menaçants, ne semblaient pas vouloir commettre un meurtre. Ils lui avaient dit : elle avait le choix. Alors, tremblante de peur, elle ouvrit enfin la bouche :
« Je ne dirai plus rien, je vous le promets. Je, je ne savais pas que cela vous mettrait en colère à ce point. Elle essuya une larme du bout des doigts. Son autre main restait posée sur son ventre, comme dans un geste protecteur. Ne faîtes pas de mal à mon époux, les implora-t-elle. Il, il ne mérite pas une telle torture. Il n’a rien à voir dans cette histoire, et il ne saura rien, je peux vous l’affirmer. Je vais même dire que j’ai menti, que je voulais rendre ma vie plus…palpitante, en inventant un meurtre. Mais je vous en prie, ne faîtes rien à Thomas, libérez-le. »
Elle espérait que ses paroles les rassureraient. Qu’ils voulaient juste lui faire peur, et qu’ils allaient la libérer, elle et son mari. Le visage de Victoire était pitoyable. Les pleurs avaient fait couler son maquillage, et elle était dans un piteux état. Son petit chapeau et sa voilette étaient tombés, son chignon défait. Une de ses mains était noire, à force d’avoir essuyé ses larmes empreintes de maquillage. Quiconque ayant un cœur aurait eu de la compassion pour cette demoiselle en détresse. Mais il fallait croire que les deux détracteurs n’avaient pas de cœur. Victoire voyait flou, elle se sentait très mal, affaiblie. Vivement que tout cela cesse, maintenant qu’elle avait dit ce qu’ils voulaient. Elle était prête à laisser le crime d’Hector impuni, du moment que Thomas, son bébé et elle, aillent bien.
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| Sujet: Re: A trop vouloir déterrer le passé, on finit par creuser sa propre tombe ! (Pv Victoire & Cédric) 14.10.11 22:59 | |
| Quel orateur ce Cédric ! Il mettait décidemment les formes à son récit, sadisme, cynisme, cruauté. La torture morale qu’il exerçait aujourd’hui sur le mari comme lui, l’exerçait sur la femme ne put que faire sourire en coin le chef de la Main de l’Ombre. Cédric avait bien droit à sa minute de gloire de temps à autre. Hector savait reconnaître l’efficacité de ses troupes et davantage celle de son bras droit. Il savait généreusement s’effacer quelques instants pour montrer aux autres qu’ils avaient leur importance autrement que par leur poignard. Surtout lorsque les détails de la souffrance de Thomas of Norfolk eurent l’effet escompté sur la petite peste en face d’eux. Sa mine était tout simplement décomposée. Vengeance ! Douce vengeance ! Enfin muette la garce !
Hector avait positionné son aisselle sur le dossier en bois de la chaise et une jambe sur l’autre, dans une attitude parfaitement décontractée. Chose qui contrastait avec la situation présente, mais justement ce geste était calculé et prémédité, comme si l’enlèvement et le meurtre le laissaient totalement indifférent et étaient même un de ses passe -temps favori. C’était d’ailleurs le cas. Plantant ses yeux azurs dans ceux de Victoire, il laissait exprès planer un silence profond, lourd de menaces de mort et empreint d’avertissements. Expérience qu’il avait mille fois mis à exécution face à d’autres de ses victimes et qui était plus insoutenable que tout. Car le silence, le néant pouvait justement tout renfermer et lorsqu’Hector de Valois vous transperce ainsi de part en part en se taisant, ce mutisme ne pouvait renfermer que le pire. Beaucoup lui avaient alors supplié de parler quitte à prononcer un adieu avant de les achever. Mais avouez que le plaisir n’aurait pas été au rendez-vous s’il leur avait cédé. Combien de temps mettrait cette péronnelle à le supplier ? Trois deux un …
Une fois encore il avait gagné, pleurnicharde, tellement pitoyable, ses yeux de chien battu valsant de l’un à l’autre de ses agresseurs, Victoire de Noailles réclamait leur pardon, leur pitié ! Leur pitié ? S’il avait décidé qu’elle devait mourir sur le champ, rien ni personne ne l’aurait fait flanché, mais il n’avait pas besoin de la tuer ! Pour l’instant tout au moins … à condition qu’elle tienne son clapet bien fermé pour le restant de ses jours ! L’adolescente était déjà bien traumatisée comme ils l’avaient espéré, pour leur obéir. Mais peut-être qu’un dernier geste théâtral suffirait à la convaincre pour de bon … Hector n’était pas un idiot et il était si facile de se rendre à la police une fois rendue à la liberté.
- Je, je ne savais pas que cela vous mettrait en colère à ce point.
Ramenant sa tête en arrière tel un dément, le duc se mit à rire à gorge déployée de façon sinistre. Cette gamine aurait pu être drôle mais cette phrase venait de l’excéder encore plus. Ne cherchant pas à retenir sa rage face à une telle réplique, il lui assena une gifle terrible du revers de sa main gauche …
« Non bien sûr, vous ne le saviez pas ! J’aurais sans doute dû me réjouir que vous m’accusiez de meurtre devant chacune de mes connaissances dites-moi ? Je vous croyais moins stupide que vous en aviez l’air … »
Il ne lui laissa pas le temps de se remettre du coup porté, qu’il prenait déjà le menton de la jeune femme entre son pouce et son index. Il avança sans délicatesse aucune, son visage à quelques centimètres du sien et sortit froidement un poignard de sa botte. Il la sentit tressaillir à la vue de l’arme et un sourire sadique illumina ses traits. Il le fit tournoyer plusieurs fois dans sa paume, prenant un plaisir des plus pervers à jouer avec l’objet mais plus encore avec ses nerfs. Enfin il le posa sur son front et lentement fit glisser la pointe froide de l’arme sur sa joue sans jamais lui écorcher la peau, mais assez pour la terroriser au fil des secondes. Lorsque l’arme atteint les lèvres de Victoire, il les entailla sciemment et quelques gouttelettes de sang y perlèrent. Il profita de l’instant où sa bouche s’était ouverte sous un gémissement, pour coller l’arme entre ses dents. Alors avec le plus grand calme, il s’approcha de son oreille.
«La prochaine fois que j’entends le nom de ma malheureuse épouse associé au mot crime ou à mon propre nom, je vous fais la promesse solennelle que votre langue ne se fera plus jamais aussi pendue …»
Il fit siffler sa propre langue entre ses dents, comme un serpent prêt à l’attaque.
«Quant à votre mari … Il restera toujours dans la ligne de mire de mon bras droit et de bien d’autres sans doute. Ne me sous estimez jamais !»
Avec autant de lenteur qu’il avait mis à l’effrayer plus qu’elle ne l’était déjà, il retira l’arme de ses lèvres et d’une pression de sa main sur la mâchoire, lui referma lui-même la bouche. A bon entendeur, le geste n’était pas du tout anodin bien évidemment. Elle avait parfaitement compris le message et c’est donc sereinement qu’Hector sortit son mouchoir en dentelles de sa manche et le lui tendit fort cyniquement. « Vous saignez madame. »
Ils en avaient terminé, ils allaient à présent la relâcher. Elle aurait les quelque lieues à faire à pieds pour rejoindre son manoir, mais ça ne pourrait que lui mettre du plomb dans la cervelle en réfléchissant à leur petit entretien. Hector se levait et Cédric allait faire de même quand soudain il lui fit signe de s’immobiliser net, l’oreille aux aguets. Sans doute aucun il venait d’entendre hennir des chevaux et ce bruit ne venait pas de derrière l'auberge mais bien de la route. Des cavaliers approchaient, il en était certain ! Hector aussi agile qu’une gazelle bondit vers la fenêtre et en se dissimulant à tout regard intrus, vit qu’il s’agissait de membres de la police qui plus est. Son sang-froid avait toujours fait sa force, sans paniquer le moins du monde, il traversa avec précipitation mais calme la grande salle et atteint l’autre bout de l’auberge, avant de lancer à Cédric :
« Je vous la confie, je vais occuper ces messieurs ! Veillez à ce qu'elle ne s'échappe pas ! »
Ouvrant la porte grinçante de derrière à la volée, il grimpa en deux mouvements sur le siège du cocher où se trouvaient ses déguisements. Penser à tout ! Voilà son crédo. Ne rien laisser au hasard aurait pu être sa devise. La preuve ! Accoutumé à se métamorphoser en un rien de temps si l’urgence le demandait, par de l’entraînement quotidien et ce depuis des années, il fut en l’espace de quelques minutes tout à fait méconnaissable. Il fit le tour de la maisonnée et mit ses yeux en visière comme un malvoyant, lorsque les visiteurs, ils étaient trois arrivèrent devant l’auberge. Ces messieurs de la police avaient alors sous les yeux, un homme de cinquante ans, aux cheveux grisonnants, moustachu et barbu et déjà atteint par la goutte et donc boitillant. Sur son pourpoint, l’insigne de la police du royaume étincelait. «Bonjour messieurs ! * dit-il d’une voix chevrotante délibérément plus grave et vieillie * «Bonjour officier ? » «Lestrange, Baptiste Lestrange ! Que faites-vous donc dans ce lieu poussiéreux si loin de la capitale? » «Nous cherchons des bandits de grand chemin qui pillent les propriétés des alentours.» «Ah eux ! »
Hector improvisait mais il improvisait à merveille, un caméléon mais aussi un très bon acteur. Quand on se lance dans une entreprise aussi dangereuse que renverser un trône et se mettre dessus, il vaut mieux avoir quelques talents de comédien.
- Hé bien écoutez messieurs, j’en sors comme vous le voyez, et je n’ai pas vu âme qui vive ! »
Les curieux se concertaient, si l’un mettait pied à terre et commençait à trop fouiner, il serait obligé de les tuer. Il serrait donc fermement le pommeau de son épée, prêt à dégainer. «Y’a-t-il au moins une paillasse pour nous reposer, nous galopons depuis ce matin !» «Non c’est tout vide ici mon p’tit gars ! Il n’y a rien, pas plus qu’il y aurait un cheveu sur la tête d’un chauve. » «Pas même un pichet de vin ? » «Pas une seule goutte mon ami ! »
Ces imbéciles insistaient drôlement et s’ils continuaient, ils allaient se coucher c’est certain, mais définitivement, dans la poussière et les bras en croix ! Hector sut à cet instant en écoutant leur seconde conversation, qu’ils allaient descendre de cheval et fourrer leur nez malgré eux dans ses affaires … Tant pis pour eux ! Il aurait au moins essayé de les tenir à l’écart de cette affaire ! Les bandits de grand chemin seraient les coupables idéaux pour ce triple meurtre.
Il attendit patiemment, tel un fauve embusqué suivant des yeux sa proie, que les trois hommes soient assez loin de leurs montures, et s’approcha lui-même d’eux. Puis à une vitesse surprenante que seul un expert du crime pouvait posséder, il dégaina et lança impitoyablement le poignard dont il avait menacé Victoire. L’arme sifflante dans les airs, se logea dans le ventre du premier malheureux qui s’affaissa au sol dans un gémissement plaintif. Son second geste tandis que les deux autres sortaient leur espadon, fut de sortir son pistolet et de viser sans plus aucun tremblement de main, la tête du plus proche. La balle ne rencontra aucun obstacle et se planta aussi aisément que dans une motte de beurre. Ce dernier s’affala lamentablement définitivement mort. Quant au troisième, il s’agirait d’un duel, le seul à qui il laisserait véritablement sa chance n’ayant plus d’autres armes que son épée. Mais le malheureux était apeuré et courait déjà pour prendre la fuite. Pas de chance, le coup de feu avait non seulement tuer un des fouineurs mais aussi mit en déroute les chevaux pris de panique. Chose qu’avait bien calculé le duc, ces animaux-là sont si peureux. Il s’avança donc lentement de sa future victime et leva les deux bras au ciel comme pour s’excuser.
«Il ne fallait pas vouloir vous reposer … Il ne fallait pas avoir soif … Il aurait fallu attendre quelques minutes de plus pour tout ça. Maintenant, tu vas devoir mourir comme tes compagnons. Au moins mets-toi en garde et fais semblant de te défendre, pour le salut de ma conscience … mmm ? »
Il avait joint les mains avec une mine faussement repentante et avait attaqué sans plus attendre son adversaire. Celui-çi devait être un bon épéiste mais ses mains tremblantes ne rendaient pas son escrime excellente. Il faut dire qu’Hector avait mis la barre haute pour le terrifier et il persistait par des regards à glacer le sang et des rires déments à jouer avec lui comme avec une marionnette, le faisant trébucher sur des pierres, fendant l’air sans véritablement l’embrocher.
«Mais vous êtes le diable !» «On me l’a souvent dit, c’est que ça doit vrai je suppose !»
Cette dernière réplique désarma moralement son adversaire qui trop tétanisé décidément, tomba bientôt à la renverse à force de reculer. Sur le dos, à la merci complète d’Hector, il pleurait presque et tentait de jouer sa dernière carte, celle du pathétisme.
«J’ai une femme monseigneur ! Pitié !» «Ah ? Moi aussi j’en avais une, tu verras on est mieux sans !» «J’ai des enfants !» «Hé bien tu n’auras plus le souci de les nourrir ou de changer leurs langes ! Songe à remettre plutôt ton âme à Dieu. C’est le moment de penser à toi ! »
Ses couinements étaient insupportables et comme ils allaient reprendre, il leva les yeux au ciel et sans la moindre pitié lui planta son épée au niveau du cœur pour s’assurer d’une mort certaine. Trois morts à cause de cette bécasse de Noailles alors qu’il ne voulait pas en faire un seul. Cependant, ce n’était pas plus mal car il comptait bien lui montrer cette petite démonstration de ses divers talents, ça ne pourrait que mieux la convaincre n’est ce pas ? C’est sifflotant gaiement d’en avoir pour de bon cette fois, fini avec cette affaire qu’il revint sur ses pas … |
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| Sujet: Re: A trop vouloir déterrer le passé, on finit par creuser sa propre tombe ! (Pv Victoire & Cédric) 05.11.11 20:56 | |
| Alors qu’elle avait tout fait pour calmer son cousin, celui-ci entra dans une rage féroce en entendant les paroles de Victoire. Le voir dans un tel état effrayait la jeune femme, qui se recroquevilla sur sa chaise, une main sur son ventre. Pourquoi était-il dans une colère pareille ? Elle lui avait pourtant promis qu’elle ne dirait plus rien, elle s’était soumise à lui, ouvertement. La duchesse de Noailles ne comprenait plus rien. Elle attendait que la tempête passe et s’éloigne. Mais elle n’avait encore rien vu. Il la gifla d’une violence telle que la tête de la jeune femme tourna sous le choc. Sa joue, rouge, lui était tellement douloureuse que de nouvelles larmes coulèrent. Sa joue brûlait. Hector de Valois s’approcha de la pauvre jeune fille. Juste devant elle, il tenait le visage de Victoire dans la main, et celle-ci pouvait sentir son parfum, pouvait sentir sa respiration. La duchesse ne pouvait s’empêcher de trembler, et cet aveu d’une peur, d’une terreur, devait réjouir son agresseur au plus haut point. Elle sentit sa mort proche lorsqu’elle le vit prendre un poignard. Effrayée, n’osant bouger mais tremblant malgré elle, elle ferma les yeux lorsqu’il promena l’arme sur sa joue. Alors, il allait vraiment la tuer ? Son complice allait-il l’aider ? C’était donc cela, sa fin. Elle crut véritablement mourir lorsque la lame se promena sur ses lèvres, pour les écorcher. Un cri étouffé s’échappa de sa bouche, et sitôt la bouche ouverte, la lame s’interposa entre ses lèvres. Un goût de fer, mélange de sang et de la lame, l’envahit. Combien de temps allait-il la faire souffrir avant de l’achever, pour de bon ? Un chuchotement envahit alors son oreille, il la menaçait. Victoire avait ouvert les yeux, et voir de nouveau Hector provoqua une nouvelle crise de larmes. La jeune fille ne s’attendait pas à ce qu’il se mette dans une colère si terrible, elle ne s’attendait pas à ce qu’il la kidnappe, la menace et la malmène au point de la rendre dans un état pitoyable. Ce risque qu’il prenait, l’attention qu’il lui portait, prouvaient bien qu’il avait quelque chose à cacher, qu’il était coupable non seulement du meurtre de sa femme, mais peut-être de quelque chose de bien pire. Mais tout ceci n’avait aucune importance pour Victoire, et à vrai dire, je ne suis pas tout à fait sûre qu’elle y pensât, son esprit étant à des années lumières de ces considérations. Hector lui ferma la mâchoire et les dents de Victoire claquèrent dans un bruit sec. Puis il proposa un mouchoir en dentelles à Victoire pour qu’elle essuie le sang qui coulait sur son menton. Elle se sentait lamentable. Oui, lamentable, mais en vie. L’agresseur et son complice semblaient avoir terminé, mais Victoire n’osait trop l’espérer. Elle prit le mouchoir sans prononcer un mot, et s’essuya le visage. Le sang se mêlait à du maquillage. La respiration saccadée de Victoire se calma, et retrouva un rythme régulier. L e pire était passé. Plus de peur que de mal. La jeune fille était décidée à respecter sa promesse : plus jamais le nom Hector de Valois ne serait prononcé par sa jolie bouche. Plus jamais la moindre accusation ne serait portée à cet homme de sa part. Thomas of Norfolk serait libéré. On lui ferait croire que c’était un ennemi de la couronne d’Angleterre qui l’avait agressé et séquestré, et tout rentrerait dans l’ordre. Oui, tout rentrerait dans l’ordre. Comme avant. Une main rassurée caressait discrètement son ventre légèrement arrondi. Tout allait bien. Toutes ces pensées étaient destinées à calmer la jeune fille qui, décidément, mettrait bien du temps à se remettre de cet événement. Victoire leva les yeux vers les deux hommes, prête à se lever, la petite leçon finie. Elle attendait un geste, une parole, qui annoncerait sa libération. Mais un bruit et des voix se firent entendre. On approchait. Victoire observa Hector d’un œil inquiet. Celui-ci courut vers l’extérieur, en ordonnant à son complice de la surveiller. Puis son cousin quitta la pièce. Elle se retrouvait seule avec cet homme masqué dont elle n’avait aucune idée de l’identité. Il semblait cruel. Son discours, plus tôt, sur Thomas of Norfolk, avait terrorisé la jeune femme. Il semblait prendre plaisir à faire le mal. Toujours assise, Victoire attendait. Le temps passait lentement, et Hector ne revenait toujours pas. Difficile de faire la conversation avec l’associé du diable. Mais il y eut un autre bruit, et celui-ci se dirigea vers la porte par laquelle Hector était sorti. Il ne quitta pas la pièce, mais, caché dans l’ombre, il pouvait voir si quelqu’un tentait d’entrer. En observant la pièce, Victoire aperçut une autre sortie, à l’opposé de la porte occupée par l’homme. Un éclair, une pensée lui vint : elle pouvait s’enfuir. Après tout, Hector voulait la laisser sortir. Qu’elle parte ne le dérangerait pas. Et puis, si ces personnes qui approchaient parvenaient à entrer, les choses se compliqueraient. Hector et son complice auraient à expliquer la présence de la jeune femme, et surtout, son état. S’enfuir revenait donc à leur rendre service, n’est-ce pas ? Ni une ni deux, la jeune femme prit ses jupons dans les mains et courut vers la sortie. Mais, cette sortie qu’elle voulait discrète, fut remarquée par l’homme masqué à cause du bruit que faisaient les talons de la jeune femme sur le sol. Victoire se retourna, et ses yeux croisèrent ceux de l’homme. Sans attendre, elle sortit et courut. Elle suivait un chemin dont elle ne savait pas où il menait, mais tant pis, il fallait qu’elle s’échappe, qu’elle leur échappe. Très vite elle entendit l’homme courir derrière elle. Elle retenait ses jupons pour qu’ils ne la dérangent pas, mais elle les lâcha, et ils retombèrent en cascade. Elle se prit les pieds dans le tissu, et tomba en un vol plané à cause de la vitesse, face contre terre. Le visage écorché, les cheveux défaits, elle tenta de se relever mais elle sentit une main puissante l’agripper par un bras et la retourner sur le dos. Puis, toujours en empoignant son bras, l’homme masqué la releva et en deux seconde elle fut debout. Sans se soucier d’elle, il la traina vers la maison. Il semblait très énervé, et à ce moment-là, Victoire craint de nouveau pour sa vie. Dans un sursaut d’instinct maternel, dans un accès de rage pour sauver la vie de son bébé, elle posa sa main sur le visage de l’agresseur et le griffa du haut en bas de sa joue. Il cria et poussa sa main. De l’autre, elle frappait son visage et retira le masque qui cachait son identité. Il était là, devant elle. Elle le reconnut. Non pas qu’elle le connût personnellement, mais elle l’avait déjà vu à la Cour, où il avait ses entrées. Monsieur de Portau. Un air d’ange qui cachait des activités diaboliques. Victoire avait envie d’hurler, mais elle se retenait, elle gardait son calme pour ne pas prévenir Hector. Cédric de Portau l’empoigna par les cheveux, et la força à marcher, mais elle réussit à attraper son bras et le mordit à pleines dents, non sans un plaisir de revanche pour le mal qu’il lui avait fait. Il cria et la lâcha, la faisant tomber par terre. Elle se releva et prit ses jambes à son cou une nouvelle fois, pendant que l’autre regardait son bras. Il fallait qu’elle s’échappe. Il le fallait. Sa vie, et celle de son bébé, en dépendaient.
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| | | Cédric de Portau
« s i . v e r s a i l l e s »Côté Coeur: Il a servi il y a des années avant de complètement le ferme. Mais la revoir me fait redevenir ... humain ?Côté Lit: Sans courir après les dames, il se porte à merveille ! Discours royal:
B E L Z E B U T H l'associé du diable
► Âge : 29 ans
► Titre : Comte de Gan
► Missives : 524
► Date d'inscription : 11/05/2011
| Sujet: Re: A trop vouloir déterrer le passé, on finit par creuser sa propre tombe ! (Pv Victoire & Cédric) 19.11.11 0:27 | |
| Je vous la confie, je vais occuper ces messieurs ! Veillez à ce qu'elle ne s'échappe pas ! Bien, chef.
Alors qu'Hector s'en allait voir vers l'extérieur, Cédric restait dans son siège et ne quittait pas des yeux Victoire. Il restait silencieux, bien caché derrière son masque. Que pourrait-il bien lui dire ? Il n'était pas le genre d'homme à sortir des paroles réconfortantes, encore moins après le récit qu'il avait fait à propos de Norfolk, il avait du lui faire assez peur, comment pourrait-elle le croire s'il lui disait que tout allait bien se passer ? Le duchesse de Norfolk semblait terrifiée, après tout elle n'était qu'une gamine encore. Et comme toute enfant, elle avait eu besoin d'une correction pour comprendre ses erreurs. Aujourd'hui, elle apprendrait à se taire et deviendrait peut être plus mature et rentrerait dans le droit chemin, cela ne lui ferait pas de mal.
Puis des bruits bizarres vinrent de l'extérieur. Cédric se leva et se dirigea vers la fenêtre pour voir ce que son chef pouvait bien faire. Il savait que son chef savait se battre – et très bien même – mais on n'est jamais à l'abri du surnombre, de gens pris qui vous prennent en traître ou bien d'autres choses. Heureusement, Valois s'en sortait très bien, il avait la situation sur ses assaillants. Là encore un bruit l'alerta, mais à l'intérieur cette fois : ses yeux masqués virent Victoire tenter de s'enfuir. Après un instant de surprise, Cédric se mit à poursuivre sa victime. Il était hors de question qu'elle s'échappe, cela ne mènerait à rien de bond. Il fallait qu'il la ramène avant qu'Hector ne revienne ! Hector en colère, Portau l'avait déjà vu sur d'autres personnes et ne voulait surtout pas s'attirer les foudres. Et la duchesse avait racheté sa conduite, ce serait idiot de mourir si proche de la liberté. Alors il fallait la ramener coûte que coûte, il courut à grandes enjambées mais il fallait avouer que la jeune femme se débrouillait bien au niveau course. Même s'il la rattrapait grâce à ses grandes jambes, la chance voulut que les jupons de Victoire retomba sur ses jambes et la firent chuter, ce qui permit à Portau de l'avoir à ses pieds, la relever et lui serrer fermement le bras pour la ramener dans la maison. Certes, Hector verrait qu'elle a tenté de s'enfuir vu sa robe couverte de terre, mais l'important n'était-il pas de l'avoir sous le coudes. Soupirant d'exaspération le bras droit tira la jeune femme et regarda droit devant lui. Décidément, cette gamine ne leur apportait que des soucis. Mais Victoire n'avait pas l'intention de se laisser faire, la voilà qui griffa le visage de Cédric qui se mit à hurler de douleur car elle l'avait griffée jusqu'au sang ! Elle semblait déterminer à lutter tandis que lui ne s'attendait pas à cela. En le frappant, Victoire retira le masque de Portau, son visage était visible et il ne fut pas difficile qu'elle le reconnaisse : bien qu'ils ne se soient jamais parlés, ils s'étaient régulièrement croisés. Puisqu'elle tentait de se rebeller, Cédric lui mit une gifle monumentale avant de lui attraper sa chevelure pour la faire revenir. Il n'hésitera pas à employer la manière forte si elle tentait de se rebeller encore une fois. Là encore il ne vit pas arriver les ressources de Victoire. Elle le mordit au bras, là encore de toutes ses forces, jusqu'au sang.
Aaaah ! La garce!
La douleur vivace à son bras le laissa sur place quelques instants. Il souleva la manche de sa chemise et regarda la trace des dents et le filet de sang qui s'écoulait. Mais pendant ce temps, Victoire reprit sa folle course. Cédric dut à nouveau la poursuivre pour la rattraper. Et là, plus question de la laisser lui faire du mal, quitte à l'assommer pour la faire revenir dans la maison. Il la poursuivit, arriva dans son dos et attrapa son bras pour la retenir, l'arrêter et lui faire faire volte-face. Il lui saisit les épaules, il croisa son regard apeuré tandis qu'il lui lança un regard noir, le visage fermé et les sourcils froncés.
Maintenant, vous allez m'écouter. Essayez encore une fois de vous enfuir, je vous laisserais entre les mains de votre cousin. Je ne donne pas cher de votre peau. Vous me suivez !
Seulement, Victoire n'en faisait qu'à sa tête et se mit à se débattre comme une forcenée, à tenter de le repousser et tenta à nouveau de le griffer. Elle avait un instinct de survie hors du commun pour une jeune femme du grand monde, Cédric ne s'était pas préparé à cela et tenta de lui saisir les mains pour tout d'abord la repousser puis la ramener. Seulement, la repoussant un peu trop fort, Victoire tomba en arrière et sa tête eut le malheur de rencontrer une pierre. Le bruit de cette rencontre fut sans appelé, bruit que connaissait bien Portau pour avoir simulé ce genre de chute à quelques victimes pour faire croire à un accident. Mais là, c'est ce que l'on appelait une bavure. Jamais, depuis qu'il travaillait pour Hector, cela ne lui était jamais arrivé ! Et il fallait que cela arrive aujourd'hui, à Victoire de Noailles ! Malgré tout, il secoua la jeune femme, lui tapota le visage mais sa tête bascula sur le côté et il vit la plaie à l'arrière de la tête, le sang ayant déjà souillé la pierre.
La duchesse de Norfolk n'était plus.
Par instinct, Cédric fit un signe de croix, pour la paix de son âme. Puis il souleva le corps à présent sans vie de la jeune femme pour la rapporter dans la maison. Elle était aussi légère qu'une plume, elle n'avait que seize années … Portau n'était pas du genre à regretter ses actes, il avait déjà tué deux femmes déjà mais aujourd'hui, c'était différent. Ce n'était pas voulu, ce n'était pas prévu. Et sur le chemin du retour, il se mit à penser à la réaction d'Hector. Comment allait-il le prendre ? Maintenant que Victoire était morte, c'était pour sa propre vie qu'il craignait à présent … Rentrant dans la maison où la porte était encore ouverte, il entendit l'autre porte claquer et puis des sifflotements. C'était Hector. Cédric regarda son chef et baissa les yeux sur Victoire.
Je … Elle m'a échappée l'espace d'un instant … Elle …
Il avait du sang qui coulait le long de son cou du aux griffures et l'on pouvait voir aisément la marque de morsure à son bras. La jeune femme avait laissé ses marques avant de rejoindre Saint Pierre.
… a trébuché.
Il ne savait pas comment allait réagir Hector mais il savait que cela allait être terrible …
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| Sujet: Re: A trop vouloir déterrer le passé, on finit par creuser sa propre tombe ! (Pv Victoire & Cédric) 15.12.11 17:35 | |
| Ils venaient de l’échapper belle ! Ce par deux fois, la pimbêche à présent se tairait pour de bon, elle avait eu bien trop peur pour elle et pour son sot de mari, pour se permettre de colporter à nouveau des rumeurs. Quant aux trois policiers royaux eux aussi ne diraient mot mais pour l’excellente raison qu’ils mangeaient désormais la poussière. Hector détendu respirait profondément, un sourire satisfait qui ne semblait pas vouloir s’effacer de ses lèvres ! Il chantonnait même, l’homme inquiet et nerveux laissait place à un guilleret luron, transformation qui ne s’opérait en lui que lorsqu’il était vraiment heureux. Et comment ne pas l’être aujourd’hui ? Jamais auparavant, ils n’avaient réussi avec Cédric une mission avec si peu d’obstacles à surmonter. Ils allaient célébrer dignement leur succès à l’hôtel de Valois après avoir relâché Victoire à une lieue de son manoir, cela achèverait de faire mûrir en son esprit de petite dinde, leur aimable conversation. Alors qu’il montait l’escalier qui conduisait à la porte d’entrée de l’auberge, il bénit le ciel avec des yeux pétillants de cynisme. Lui que l’on surnommait le diable c’était le monde à l’envers. Son sens de l’humour spécial le fit même joindre les mains et marmonner un merci. Enfin il posa sa main gantée sur la poignée et la tourna. « Allons ma cousine, en route … »
Son corps se crispa à la seconde même, sa mâchoire quant à elle se serra tant qu’on eut pu la distinguer. Où est donc était la dite cousine ? La chaise où Cédric l’avait forcée à s’asseoir avait été reculée de plusieurs mètres au moins, comme si elle en avait bondi. La porte de l’arrière était grande ouverte et le vent s’engouffrant en courant d’air fit claquer celle de l’entrée. Non son bras droit n’avait pas pu la laisser filer, pas si proche du but ? Pas un allié de cette valeur ! C’était impossible ! Que s’était-il donc passé durant les cinq minutes où il s’était occupé des trois hommes ? « CEDRIIIIIIIIIIIIIIC ??? »
Le hurlement était sorti tout naturellement de sa poitrine gonflée par l’appréhension et ses bottes faisant craquer le vieux parquet de la bâtisse durent autant retentir à l’extérieur. Un instant désarçonné par la surprise de trouver cette pièce vide, il voulut se ruer au dehors. Il se doutait bien que la donzelle ne devait pas être allée très loin. Ils se trouvaient en sauvage campagne. Son brave complice aurait tôt fait de la rattraper mais le duc ne pouvait s’empêcher d’être gagné par la peur. Il devait en avoir le cœur net et partir à leur poursuite. Il n’avait pourtant pas fait cinq pas que son bras droit avec une mine de chien abattu apparut sur le seuil, Hector recula … Tout ceci ne lui disait rien qui vaille.
Je … Elle m'a échappée l'espace d'un instant … Elle …
Comment ? Elle lui avait échappé ? Depuis l’enfance, Valois avait une confiance aveugle en Cédric et en ses prodigieuses capacités. Comment avait-il pu échouer ? Lui ? Le plus efficace de ses hommes. A cet aveu terrible qui ébranlait les plus profondes convictions qu’il avait à son sujet, le visage d’Hector se décomposa. Il était effaré et terriblement déçu. Ce n’était pas Dieu possible ! Que signifiaient en plus ces marques de griffures, de morsures sur son bras ? Cédric avait été battu par une femme ? Un rire nerveux lui échappa. Ce n’était pas comique, c’était pathétique …
… a trébuché.
Qu’essayait-il de lui dire exactement ? Si elle avait trébuché, pourquoi n’était-il pas revenu avec leur proie bien ficelée ? Un instant il crut qu’il avait dû la hisser dans le carrosse pour le chemin de retour, il faisait cette tête pour avoir MANQUE commettre une faute impardonnable. Hector saurait faire preuve de clémence face aux bons services qu’il lui avait rendus, il n’était pas ingrat. C’est le cœur rempli d’espoir, qu’il se précipita vers la voiture et en ouvrit les rideaux. Pas âme qui vive ! On jouait décidément avec ses nerfs. Cédric devait s’expliquer. Il sauta du marche pied avec un courroux indescriptible et prit de Portau par le col avant de le secouer comme un pommier. « NE ME DITES PAS QUE VOUS L’AVEZ TUEE ! »
Malheureusement, il connaissait trop bien Cédric pour ne pas déchiffrer ses yeux baissés et ce silence qui équivalaient à un oui. Sans attendre et sans ménagement il le poussa et lui ordonna de le guider jusqu’au lieu dit. Ils empruntèrent un chemin serpenté et plusieurs fois il dut lui enjoindre de presser le pas, il se moquait bien de ses petits soubresauts de honte de l’avoir désappointé. Au détour de cette route, Victoire lui apparut. Elle avait la tête ensanglantée. Le scénario de sa mort était bien trop évident. Elle était morte pour être tombée sur une pierre. Hector aurait pu en pleurer de rage, il n’aimait pas les morts inutiles, n’était-ce pourtant pas facile pour un homme de la carrure de son associé de rattraper une femme ? Etait-ce trop demander ? Pourquoi n’en crevait-il donc pas sur place de cette humiliation ? Répondant à sa colère qui grandissait au fil des minutes, il le gifla avec une force inouïe.
« VOUS N’ETES QU’UN INCAPABLE ! J’AI HONTE POUR VOUS ! VOUS VOUS ETES FAIT METTRE EN PIECES PAR UNE GAMINE DE SEIZE ANS ! DE SEIZE ANS ! JE N’ADMETS DEJA PAS L’ECHEC DANS LE COMPLOT, COMMENT ADMETTRE LE RIDICULE ? EN VERITE MONSIEUR, LE VENITIEN QUE VOUS CRITIQUEZ TANT, AURAIT MIEUX FAIT CE TRAVAIL QUE VOUS, TOUT EN SE REGARDANT DANS SON MIROIR ! JE DEVRAIS PEUT-ETRE LUI OFFRIR VOTRE PLACE ! SOYEZ SUR QUE JE VAIS SERIEUSEMENT REFLECHIR A LA QUESTION POUR LE PROCHAIN CONSEIL ! »
Hector n’avait aucun remords à user des pires coups bas pour enfoncer son bras droit qui le décevait atrocement. Il connaissait dans le moindre détail la relation très conflictuelle entre Cédric et Francesco di Venezia. Y faire référence avait dû faire mouche, et blesser à un point inouï la fierté de cet ami d’enfance, qu’il venait d’appeler monsieur, comme si le lien qui les unissait jusque-là avait été balayé. Le compagnon de toujours subissait déjà sa disgrâce ! Le duc le laissa bien peser ses mots en plantant ses yeux bleus dans les siens, puis il se pencha afin de porter Victoire. Il arrangea avant toute chose sa robe mise à mal dans la lutte et effleura ainsi sans le vouloir son ventre. Il y trouva soudain une certaine rondeur. Horrifié par la seule idée qu’elle aurait pu … il se permit de palper cette partie du corps. Des sueurs froides perlèrent à son front.
« Elle était enceinte ... »
Il avait parlé d’une voix blanche. Non seulement il n’avait pas désiré le décès de la mère, mais voilà qu’il apprenait également celui de l’enfant qu’elle portait et qu’il n’avait pu remarquer jusqu’à maintenant. Son regard se posa à nouveau sur Cédric, il n’était plus en colère, il était à présent hors de lui ! Qui aurait pu croire ça de la part d’un homme de sang froid tel que lui ? Il serait plus impitoyable encore avec son bras droit car il avait été un proche. De l’intérieur de ses hautes bottes, il sortit sa cravache qu’il fit claquer dans l’air et s’avança vers lui. Ayant un besoin vital de se défouler, il lui assena plusieurs coups tout en répétant avec de hauts cris :
«ELLE ETAIT ENCEINTE ! ELLE ETAIT ENCEINTE ! »
Néanmoins sa nature froide et réfléchie dut reprendre le dessus, car il s’arrêta net afin de réfléchir à la situation, ses yeux passant de Victoire inerte à un Cédric terrifié. La mort de trois policiers pouvaient passer mais la mort d’une duchesse, d’une Noailles ? Voilà qui compliquait extrêmement les choses. Il était en proie au plus grand désarroi et à la plus intense des réflexions lorsque le souvenir de ses victimes lui donna une idée. Le seul moyen de s’en sortir.
« Ces hommes tout à l’heure m’ont parlé de bandits de grand chemin pillant les propriétés aux alentours. Vous allez me les retrouver avant minuit, les conduire ici et les tuer mais seulement APRES leur avoir fait avouer ces quatre faux crimes. Par écrit bien évidemment. Une bien bonne repentance ! Ils seront les coupables idéaux ou du moins officiels. Ils auront pris la noble demoiselle en otage pour obtenir une rançon de son mari, mais les choses ne se sont pas passées comme prévu. Les hommes du roi sont arrivés sur les lieux, ils étaient à leur poursuite, ça tombe très bien, ils les ont tués mais n’étant pas assez nombreux pour être sur tous les fronts, Victoire a voulu s’enfuir. Elle s’est cognée la tête. Sachant ce qui les attendait comme supplice s’ils étaient pris, les bandits auront préféré se donner la mort ! Vous maquillerez donc tout ça en suicide, est-ce clair ? Enfin vous irez donner l’alerte anonymement. Quant à nous … Gabrielle nous couvre ! Je vais donc la rejoindre. »
Encore ulcéré, il prit un malin plaisir à lui enserrer fermement le poignet où la défunte avait planté ses dents. Son sadisme satisfait devant la souffrance à peine déguisée de Cédric, apaisa sa colère.
« Vous pouvez vous estimer heureux, que je vous sauve la vie et la mise au lieu de succomber à l’envie irrésistible de vous tuer ! Ce que je ferai sans hésiter si vous n’avez pas accompli avec succès, ce que je viens de vous confier. »
Il le relâcha enfin et s’écarta légèrement pour le laisser passer. Quelques instants plus tard, il entendit les chevaux du carrosse lancés au galop. Il ne restait plus qu’à espérer. Si ces hommes étaient aux alentours, Cédric aurait tôt fait de les retrouver, quoique les évènements de ces dernières minutes le faisait à présent douter. Pouvait-il lui accorder sa confiance après ça ? Il revint à Victoire et la prit dans ses bras pour la porter jusqu’au-devant de l’auberge en compagnie des autres victimes. Jamais Hector n’avait été plus délicat avec un mort ni même avec sa cousine du temps de son vivant. Il plaça sa tête sur une marche d’escalier, qu’il ensanglanta dans le but évident de faire croire à l’accident durant la fuite. Ce qui n’était pas vraiment un mensonge en tant que tel. C’est presque dans un réflexe qu’il lui posa la main sur le ventre et ressentit pour la première fois de son existence le remords s’immiscer en lui. Il n’avait pas désiré ces morts mais s’en sentait terriblement responsable ! Un bébé … Une jeune fille de seize ans …
« Pardon … »
Ce mot était sorti de sa bouche, incontrôlable et il se surprit lui-même de l’avoir prononcé. Chassant cette faiblesse, il courut vers une des montures des hommes du roi et enfonça ses bottes dans les flancs de l’animal. Il ne détourna pas une dernière fois les yeux, vers les défunts de peur de laisser une larme couler sur son visage de marbre. Il était Hector de Valois, l’impitoyable, le sans cœur ! S’il laissait les remords s’engouffraient en lui, tout serait à jamais perdu. Il lança donc son cheval au galop en direction de Paris et de l’hôtel de Longueville. Le vent qui lui fouettait le visage saurait bien le rendre présentable aux yeux de Gabrielle, son égale, sa merveilleuse démone, la seule enfin qui ne l’avait jamais déçu. |
| | | Cédric de Portau
« s i . v e r s a i l l e s »Côté Coeur: Il a servi il y a des années avant de complètement le ferme. Mais la revoir me fait redevenir ... humain ?Côté Lit: Sans courir après les dames, il se porte à merveille ! Discours royal:
B E L Z E B U T H l'associé du diable
► Âge : 29 ans
► Titre : Comte de Gan
► Missives : 524
► Date d'inscription : 11/05/2011
| Sujet: Re: A trop vouloir déterrer le passé, on finit par creuser sa propre tombe ! (Pv Victoire & Cédric) 04.01.12 0:47 | |
| CEDRIIIIIIIIIIIIIIC ???
A entendre la voix d'Hector, il n'avait qu'une envie : faire demi-tour et s'enfuir loin, très loin. Cédric eut l'impensable idée de partir, laisser Hector en plan, s'embarquer dans le premier bateau pour les Amériques. Là-bas, il pourrait peut être faire fortune dans les plantations ou n'importe quoi d'autre. Mettre le plus de distance entre lui et son chef. Jamais en dix ans de service, Portau n'avait fait de bavure. Pas une fois, ou alors il s'était toujours rattrapé au bon moment. Et aujourd'hui, le voilà avec un corps de la duchesse de Noailles sur les bras, il savait d'avance la colère du Valois. Autant dire qu'il était loin, très loin d'imaginer ce qui allait se passer. Mais avant même de passer la porte, Cédric arborait une tête de coupable, comme celle d'un enfant qui avait fait une bêtise. On pouvait avoir vingt-huit ans, être un méchant et trembler comme une feuille face à son chef. Face à Hector, il n'en menait pas large, le regard bleu acier de celui-ci était insoutenable et Portau baissa les yeux sur le sol, comme si chaussures avaient soudainement un intérêt. Il se sentait incapable d'avouer la vérité, impossible de dire que la gamine était morte, elle avait juste trébuchée. Mais le Valois n'était pas stupide et s'approcha de son bras droit, le secoua comme un prunier et se mit à hurler comme un beau diable.
NE ME DITES PAS QUE VOUS L’AVEZ TUEE !
Si. Mais aucun mot ne sortit de sa bouche. Cédric avait la tête du parfait coupable, Hector ne pouvait que comprendre ce qui se passait, il n'était pas idiot ! D'ailleurs, le patron poussa Portau pour le conduire à l'endroit où Victoire se trouvait. Il était contraint d'y retourner alors qu'il n'avait qu'une envie : partir ! Traîner les pieds pour ralentir la cadence, tout faire pour ne pas y arriver trop vite. Mais Hector le poussa pour avancer plus rapidement. Finalement, la fuite aurait été une bonne solution … Les deux hommes se trouvèrent face au corps de la jeune femme, sans vie. Lui qui se moquait de la mort en règle générale, se sentait incapable de regarder le cadavre. Cet échec était une honte à ses yeux, ce n'était pas voulu et elle n'était qu'une gamine ! La gifle a sitôt fait de le ramener à la réalité. Cédric se sentait davantage humilié mais savait que cela était davantage méritée.
VOUS N’ETES QU’UN INCAPABLE ! J’AI HONTE POUR VOUS ! VOUS VOUS ETES FAIT METTRE EN PIECES PAR UNE GAMINE DE SEIZE ANS ! DE SEIZE ANS ! JE N’ADMETS DEJA PAS L’ECHEC DANS LE COMPLOT, COMMENT ADMETTRE LE RIDICULE ? EN VERITE MONSIEUR, LE VENITIEN QUE VOUS CRITIQUEZ TANT, AURAIT MIEUX FAIT CE TRAVAIL QUE VOUS, TOUT EN SE REGARDANT DANS SON MIROIR ! JE DEVRAIS PEUT-ETRE LUI OFFRIR VOTRE PLACE ! SOYEZ SUR QUE JE VAIS SERIEUSEMENT REFLECHIR A LA QUESTION POUR LE PROCHAIN CONSEIL ! Quoi ? Non mais je … Pas lui, je …
Finalement, Cédric préféra se taire. En quelques phrases, la froideur d'Hector l'avait cloué sur place. Il venait de l'appeler monsieur, comme s'il était un étranger, alors qu'ils se connaissaient depuis toujours. Puis parler de ce vénitien de malheur … Ce sale type aurait fait n'importe quoi ! Il aurait été capable de raconter n'importe quoi à Victoire, voire même montrer son visage tellement il est fier de sa personne ! Lui aussi aurait été capable de la tuer par accident, il était tellement stupide que cela n'aurait pas été étonnant … Mais l'heure n'était pas à la rancœur envers Contarini.
Tout cela aurait du s'arrêter là, Cédric avait déjà bien assez souffert d'avoir baissé dans l'estime d'Hector, de sa bourde et de tout cela, c'était suffisant. Mais le sort semblait s'acharner sur l'assassin. Sa bourde l'aura traîné bien profond, surtout quand il a entendu Valois dire Elle était enceinte .... Cédric eut du mal à déglutir. Comment n'avaient-ils pas vu cela avant ? Elle était une femme, jeune, enceinte et morte à présent. Par sa faute. Il recula de quelques pas, pas instinct puis par peur lorsqu'il croisa le regard de son chef. Il le connaissait depuis toutes ces années, ce regard ne présageait rien de bon : la lumière de colère dans son regard était d'une telle violence que Portau recula encore. Mais il ne put échapper aux coups de cravache que lui asséna Hector. Cela faisait un mal de chien mais crier sa souffrance n'apporterait rien de bon, seulement à en recevoir davantage. Alors souffrir en silence et le laisser se calmer, ce qui arriva assez vite finalement.
Puis vint le temps des ordres. Valois avait une idée précise du maquillage de la scène de crime et les expliqua à Cédric sur un ton froid, comme quand on parle avec un subalterne dont on ne se soucie même pas. Cela était pire qu'une claque pour Portau qui se sentait comme une sorte de moins que rien. Ravaler sa fierté et hocher de la tête. Il écoutait les ordres sans discuter, il pouvait bien faire cela après la bêtise qu'il venait de commettre.
Vous pouvez vous estimer heureux, que je vous sauve la vie et la mise au lieu de succomber à l’envie irrésistible de vous tuer ! Ce que je ferai sans hésiter si vous n’avez pas accompli avec succès, ce que je viens de vous confier. Oui … monsieur.
Ne pas chercher à faire de familiarités ni se racheter tout de suite. Commencer par exécuter les ordres de l'instant, il verrait ensuite ce qu'il pourrait faire pour remonter la pente, retrouver dignement sa place de bras droit. Il resta droit comme un i alors qu'Hector quitta les lieux. Cédric n'avait pas pu demander ce qu'il devait faire de Norfolk, le mari de Victoire. Mais il s'en sortirait, il avait déjà accompli ce genre de mission, même si cela s'annonçait compliqué. Rapidement, Portau se mit à la recherche de ces bandits, il s'était changé pour mieux se fondre dans le moule de ces tueurs. Il n'avait pas eu de mal, lui-même en étant un. Il avait passé une partie de la journée à ratisser les bois et les tavernes louches pour les trouver. Il en eut deux et leur promis monts et merveilles dans la maison, parlant de trésors dans la maison. Les deux hommes, appâtés par le gain, le suivirent sans sourciller. Ils y furent bien déçus de voir la maison vide. Seulement ces deux idiots ne savaient pas écrire, il était difficile de mettre les aveux par écrit. Tant pis, il ferait avec, improviser pour avoir un résultat similaire. Il tua le premier sans sourciller, lui tirant dans la tête et assomma le second avant de l'attacher, il s'occuperait de lui plus tard.
Puis il prit le carrosse jusqu'à l'autre maison abandonnée où se trouvait Norfolk. Il ne dormait toujours pas, son geôlier s'amusant à le torturer pour le maintenir éveillé.
Voulez vous dormir, cher duc ? Je vais vous faire ce plaisir!
Il lui asséna un coup derrière la tête pour l'assommer et l'installa dans le carrosse. Le duc de Norfolk dans son propre carrosse, il n'y avait rien d'alarmant. Il ne restait qu'à maquiller le tout. Tout d'abord, porter Victoire jusque dans la maison et l'allonger dans la grande pièce, non loin d'un meuble. Pour plus de crédibilité, il s'ouvrit une de ses veines pour faire couler un peu de sang sur le coin du meuble et un peu par terre. Il la regarda quelques minutes, une vague de culpabilité le prit au corps avant de lâcher un long soupir. Pauvre enfant. Puis, il installa Norfolk contre sa femme, comme endormi. Il lui mit l'arme qui avait servir à tuer le premier bandit dont le corps était étendu un peu plus loin. Il ne restait qu'à s'occuper du dernier homme. Il venait de se réveiller et commençait à hurler et se débattre. Cédric calma ses nerfs sur lui, le frappa au visage pour l'amocher un peu, puis le détacher, l'emmena, jusqu'à la pierre où Victoire avait fini sa vie. Cédric donna un violent coup à la tête de l'homme, l'achevant à moitié. Puis il l'allongea sur la pierre, posa le pied sur la tête du bandit et donna un violent coup de pied. Le bruit horrible du crâne contre la pierre assura Portau que l'homme était mort. Voilà, tout était maquillé, il ne restait qu'à donner l'alerte. Il se changeait encore, il ressemblait à un voyageur lambda et avec la belle gueule de Cédric, on pourrait lui donner presque le bon dieu sans confession, même avec son bandeau pour cacher un œil et son visage sali par la poussière. A la ville la plus proche, des mousquetaires se trouvaient là, faisant une halte dans leur patrouille. Il galopa vers eux à toute allure, l'air paniqué était digne des plus grands acteurs !
Messieurs ! Messieurs ! Il y a eu … un carnage … sanglant ! Où ça ? demanda l'un d'entre eux. A quelques lieues d'ici. commença t'il, faisant mine d'être essouflé, montrant la direction. Je venais demander un peu d'eau pour le pauvre voyageur que je suis afin de poursuivre ma route et … l'horreur totale. Emmène nous, voyageur.
Cédric s’exécuta comme un bon sujet et arrivés non loin de la maison, se retourna vers les mousquetaires, l'air suppliant.
Puis-je être épargné d'une seconde vision d'horreur ? Ma femme et mes enfants m'attendent aussi … Tu peux y aller.
Cédric fit mine de partir mais laissa son cheval au bord de la forêt non loin et revint à pied discrètement pour voir ce qui s'y passait. Il vit les mousquetaires dégoûtés de voir des camarades morts sur le pas de la porte, il les entendit faire des commentaires sur Norfolk et un devait essayer de le réveiller. Un autre se trouvait dans le jardin et trouva le dernier cadavre. Ils se concertèrent et Cédric put entendre que tout semblait accuser Norfolk mais comme légitime défense. Tout était bon, Cédric pouvait partir sans aucun soucis. Il avait réussi sa mission et pouvait rentrer sur Paris. A partir de maintenant, il fallait réfléchir à comment revenir dans les bonnes grâces d'Hector …
FIN (sauf si Vicky veut rajouter un truc) |
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