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| INTRIGUE : Un anniversaire à rebondissement | |
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Auteur | Message |
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François de Froulay
« s i . v e r s a i l l e s »Côté Coeur: Il a été brisé, il va falloir le recollerCôté Lit: vide, au désespoir des mignons de MonsieurDiscours royal:
Fuis les honneurs et l'honneur te suivra Convoite la mort et la vie te sera donnée
► Âge : 25 ans
► Titre : Maréchal des Logis des Mousquetaires, Capitaine de la garde de Monsieur, Marquis de Lavardin
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► Date d'inscription : 29/08/2011
| Sujet: Re: INTRIGUE : Un anniversaire à rebondissement 13.01.12 11:04 | |
| Si la fête, jusque là, se présentait plutôt bien, avec toutes les réjouissances prévues par la duchesse d’Orléans, et cette magnifique pièce de Racine qui devait être le clou de la soirée – d’ailleurs, il semblait plutôt nerveux, le maître, ce soir – tout avait subitement tourné court quand la Vicomtesse de Comborn était entrée, essoufflée, échevelée, pour annoncer la nouvelle qui faisait l’effet d’une bombe. On se serait presque cru sur un champ de bataille un instant, à qui réagirait le plus vite à l’attaque de l’ennemi. Ennemi invisible d’ailleurs. Qui avait bien pu enlever la favorite… ? Je regrettais un instant de ne pas avoir insisté pour faire partie de ceux qui escorteraient la duchesse de Guyenne dans son périple. Elle était une protectrice envers qui j’avais beaucoup de reconnaissance et mon sens de l’honneur se voyait entaché de ne pas avoir été là quand elle aurait pu avoir besoin de moi. Ma place était ici, pourtant, et pour bien d’autres raisons. C’est là qu’on voit que le complot avait été parfaitement mené. Personne ne se doutait de rien… Guillaume n’avait rien laissé paraitre lors de notre dernière partie de carte qui eut put présager un tel retournement de situation. Qui ? Quand ? Comment ? C’était les principales questions qui se bousculaient dans les esprits des innocents, quand les coupables, eux, devaient dissimuler leur effroi derrière un masque d’incrédulité, tout en riant sous cape de leur petit effet. Il allait falloir que nous agissions, et vite. Dans un premier temps, requérir des informations… Et après ?
La soirée avait pourtant si bien commencée. Un léger brouhaha de conversation, une musique en arrière plan, du cristal qui tinte… Rien de bien méchant donc, alors que me mêlant à la foule, je me faisais le plus discret possible, à l’image de mes compagnons, qui ne devaient sous aucun prétexte interrompre les divertissements de quelque manière que ce soit, tout en étant près à intervenir à n’importe quel moment si jamais le besoin s’en faisait sentir. J’avais aperçu Elodie de l’autre côté de la salle, jouant son rôle à merveille… J’en étais en partie soulager. Le tout Versailles était là ce soir… Ducs et comtes c’étaient tous passés le mot. On ne manque pas l’anniversaire du roi ! Tout avait été minutieusement vérifié pour que rien ne puisse entrer dans le palais sans autorisation. Jusqu’aux malles des comédiens. C’était toujours le cas, mais pour l’inauguration de la majestueuse grotte de Thétis, il nous fallait être encore plus minutieux. Ca avait été un travail de titan, mais le palais que le Roi Soleil s’efforçait de rendre le plus magnifique d’Europe – et il l’était, c’était certain – était aussi un endroit plein d’ombres. Il n’y a rien de mieux pour les idées mauvaises que d’être exposées en pleine lumière où on est trop ébloui pour les voir. C’était sans doute ce qui nous avait valut tous ces désagréments ce soir. Et l’ambiance de légèreté s’effondra d’un coup pour laisser place à la suspicion et à l’inquiétude. On se serait presque crus à la Bastille…
Suivant les ordres d’Alexandre, et étant proche de la scène, je fis signe à une des comédienne, une brune, de descendre de là pour venir répondre à mes questions. Je doutais qu’elle ait rien à voir avec cette histoire, mais les apparences sont parfois trompeuses.
-Mademoiselle s'il vous plait…
Froid et poli. Les paroles étaient agréables, mais le ton ne souffrait aucune contradiction. J’attendis qu’elle fut descendue pour commencer à lui poser mes questions.
-Nom et qualité, je vous pris. Le vrai nom, pas celui que vous employez dans le monde du spectacle.
Mon regard se fit inquisiteur, à la recherche du moindre mensonge. Pour fréquenter ma comédienne, je savais à quel point elles pouvaient être habiles dans le mensonge quand elles en avaient besoin.
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| Sujet: Re: INTRIGUE : Un anniversaire à rebondissement 13.01.12 17:35 | |
| Le vers malheureux lancé par la comédienne de Racine n’eut guère que le temps de créer un murmure, avant qu’un nouvel incident ne vienne perturber le cours jusque là tranquille et fastueux de la soirée anniversaire du roi. A l’instant où, percevant un mouvement inhabituel non loin, Ulrich se retourna, un sourire aussi nauséabond qu’éphémère étira ses lèvres. Ainsi, les choses s’étaient déroulées comme prévu du côté de la Saintonge. Il n’en avait pas réellement douté, mais savait à quel point le hasard peut parfois venir perturber des plans – aussi bien rôdés soient-ils. Mais lorsque ses prunelles perçantes se posèrent sur la vicomtesse de Comborn, échevelée et essoufflée comme personne ne se permettait de l’être à la Cour, excepté en cas d’urgence, il sut qu’Amy of Leeds avait bel et bien été enlevée.
Feignant une impassible surprise néanmoins, il imita la plupart des courtisans qui, abandonnant l’offense de la comédienne, lui préférèrent cette arrivée précipitée – quoi que la plupart n’entendirent pas les mots que la courtisane prononça. Sola faisait partie de ceux-là, mais il n’avait pas besoin de se rapprocher pour en savoir plus. Laissant avec un grand plaisir Monsieur s’éloigner au grès des bruits qui parcouraient déjà la salle, il porta tranquillement à ses lèvres son verre, le vidant du reste de son contenu. Aussi peu adepte des mondanités soit-il, il avait bien fait de venir. L’effet produit par la nouvelle, qui se répandit comme une traînée de poudre, valait son pesant d’or. Il voyait d’ici le sourire de Portau lorsqu’il aurait l’occasion de lui raconter les évènements.
« Personne ne quittera cette salle, avant la fin des interrogatoires. Je veux deux gardes à chaque issue, lança un mousquetaire que le baron identifia sans grande difficulté comme le lieutenant d’Artagnan. »
Impassible, il déposa son verre sur la première table venue, puis avisa chacune des sorties de cette grotte, brusquement transformée en cellule à interrogatoires. Un mauvais coupable aurait tenté de prendre la fuite – Sola, quant à lui, se contenta de s’appuyer contre l’une des colonnes qui ornaient le décor, cherchant du regard quel mousquetaire il allait bien pouvoir se faire le plaisir de rouler dans la farine. Mais contrairement à ce à quoi il s’attendait, ce ne fut pas les yeux d’un des prestigieux uniformes qu’il croisa, mais ceux du fameux Bouffon, d’Anglerays, auquel il avait porté un toast insolent à son arrivée.
« Monsieur de Sola. Me ferez-vous l’honneur d’une petite discussion avec vous ? »
Ulrich le dévisagea un instant, un sourire aussi froidement indéfinissable que celui du Fou du roi aux lèvres.
« Si vous y tenez, baron, répondit-il. »
Sans ajouter un mot, il suivit d’Anglerays vaguement à l’écart du reste de la foule, comme le faisaient tous les mousquetaires présents avec les personnes interrogées, accompagnées de Colbert – ô étrange personnage.
« Que puis-je faire pour vous… cette fois ? demanda-t-il enfin, avec un flegme et une froideur qui lui étaient propres. »
Voilà une entrevue qui promettait une joute fort intéressante, bien que Sola ne soit pas d’un naturel particulièrement bavard. La dernière rencontre entre le Fou et le tueur n’avait pas été de tout repos, notamment pour d’Anglerays qui avait commis l’erreur de s’en prendre à Ulrich dans ses traits moqueurs. Depuis lors, les deux barons n’avaient guère eu l’occasion de se croiser, le danois préférant à la Cour son manoir silencieux ou les bas et moins bas fonds de la ville. Mais puisqu’il était là…
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| Sujet: Re: INTRIGUE : Un anniversaire à rebondissement 14.01.12 12:13 | |
| Les yeux jusque-là horrifiés de la jeune comédienne, se plissèrent à la vue de la cavalière. Cette dernière avait beau être toute échevelée et arborer des cernes bien noires, elle la reconnut immédiatement. Évangéline de Comborn, cette plaie ! Oui il n’y avait pas d’autres mots ! Depuis des mois qu’elle se trouvait à Versailles, celle-ci ne l’avait pas épargnée ! Injures, menaces avaient fusé ! La harpie était convaincue de s’adresser à Delphine d’Arçay, sombre inconnue aux yeux de Blandine mais dont elle portait le nom comme couverture mais surtout dans ces cas là, comme un fardeau. Le jour où Ferdinand se déciderait à lui en dire plus à son sujet, un nouveau miracle s’accomplirait sur la sphère terrestre. Le seul renseignement qu’elle avait obtenu était de la bouche de la créature, et n’était guère flatteur. Il s’agissait d’une question d’argent, un héritage injustement attribué à sa cousine d’Arçay et apparemment dilapidé. Argument qui laissait de glace Blandine, ayant été durant des années victime des pires jalousies et maltraitances pour avoir commis le crime d’être riche ! Pour être franche, elle compatissait de plus en plus avec sa double personnalité et envoyait dès qu’elles se rencontraient, la pimbêche sur les roses. Quel plaisir ce fut donc après l’humiliation qu’elle venait de subir et de faire subir au grand Racine, de voir son ennemie avec une mine de chien battu. Il s’agirait sans doute du seul rayon de soleil de la journée même si de là où elle se trouvait, elle ne comprenait encore rien à la situation.
Ceci dit, la nouvelle terrible se répandant comme une traînée de poudre chez les courtisans, elle fut mise au courant. La favorite enlevée ? C’était du jamais vu ! Que la place ait été toujours enviée, que les coups bas fusent certes, mais un kidnapping. L’auteur n’y était pas allé de mains mortes. Ayant elle-même subi un rapt, son sourire jubilatoire s’évanouit et son regard se voila. Elle plaignait de tout cœur cette femme. Ne pas la connaître importait peu, elle imaginait la terreur qu’elle devait ressentir et cela seul comptait. Des souvenirs bien glauques remontèrent à la surface et l’agitation qui se déroulait autour d’elle n’exista plus l’espace de quelques instants.
Ce fut un homme, un mousquetaire qui la tira de sa rêverie. Que voulait-il donc ? Voir un uniforme s’approcher lorsqu’on est à la fois victime et coupable d’une réplique accusant la reine d’adultère, le tout agrémenté d’une disparition, n’a rien de rassurant. Toujours assise sur la plus haute marche de l’estrade, elle tenta néanmoins de garder une certaine contenance ! Elle n’avait rien à se reprocher après tout !
- Mademoiselle s'il vous plait…
Elle s’avança vers lui, avec tout le calme dont elle se sentait capable malgré les battements de son cœur. Ayant vécu des années dans une prison ou tout comme, la perspective d’être accusée et d’y retourner l’effrayait. Blandine se devait de faire appel à tout son professionnalisme pour ne pas rien laisser transparaître. Cette peur pourtant légitime pouvait la desservir.
-Nom et qualité, je vous prie. Le vrai nom, pas celui que vous employez dans le monde du spectacle.
Ah ! Ils n’allaient pas être amis ces deux là ! Cet homme touchait là à son secret et lui révéler ne serait-ce que le nom de Delphine d’Arçay pouvait la mettre dans une sale situation. L’excommunication lui pendrait alors au nez ! Quant à sa véritable identité, il pouvait toujours attendre pour l’obtenir ! Elle n’était pas folle … Elle n’était … Non ! Ces yeux ! Ces traits de visage bien peu communs ! FRANCOIS ! FRANCOIS DE FROULAY ? Son promis ? Son ami d’enfance ? Ce fut un considérable effort pour elle de condamner son visage à ne rien montrer de cette stupéfaction ! Allait-il la reconnaître lui aussi ? Que faire ? Elle se sentait tout à coup acculée contre un mur invisible ! Mentir et s’il la remettait ? Tout avouer et si aucun souvenir ne lui venait à l’esprit ? Elle opta pour l’insolence le temps de mieux y réfléchir. Il était vrai qu’elle n’avait pas du tout aimé cette façon de s’adresser à elle. - Et le vôtre monsieur s'il vous plait ? Je n’ai beau être qu’une comédienne mais on m’a appris que lorsque l’on demande son nom à une femme, il faut se présenter soi-même d’abord. C’est ce qu’on appelle la galanterie ou du simple savoir vivre … Et que vous soyez mandaté par le roi, ne change rien à l’attitude d’un gentilhomme n’est-ce pas ? |
| | | François de Froulay
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| Sujet: Re: INTRIGUE : Un anniversaire à rebondissement 15.01.12 19:15 | |
| Je savais déjà que cette histoire d’interrogatoires n’allait pas être une partie de plaisir. J’aurais préféré avoir maille à partir avec un groupe de malandrin plutôt que ça… J’étais soldat, les subtilités de langage n’étaient pas vraiment mon fort. Je n’étais « bien en cours » que parce que la favorite avait eut l’indulgence de voiler mes défauts à son regard pour ne voir que mes qualités, et encore, je la trouvais bien trop bonne d’avoir fait une telle chose, sans savoir pour autant qu’elle était aussi l’ange gardien de ma sœur, et que c’était peut être pour ça qu’elle s’était intéressée à ma personne. Mais non, les ronds de jambes, les toilettes hors de prix et tout le reste, ça n’était vraiment pas mon fort. Notre famille était de toute façon bien trop pauvre pour se permettre quoi que ce soit d’exubérant. C’était sans doute pour cela que c’était de Claire, ma douce Claire, que j’étais tombé amoureux, et pas d’une de ces précieuses de cours qui pensait bien plus à sa toilette et à quoi elle ressemblait qu’à avoir une réelle discussion. Claire, au moins, toute comédienne qu’elle était, était vraie à mes yeux, et n’avait, du moins le pensai-je, aucun secret pour moi.
Mais la jeune brune à qui je m’adressais pour le moment, tout aussi joli que son minois puisse être, me donnait l’impression d’être une insolente. Ce n’était pas comme si c’était vraiment le moment. Je n’aimais pas ces jeunes personnes, hommes ou femmes, qui pensaient être au dessus de tout parce qu’ils étaient arrivés là où ils étaient. Il s’agissait là d’ordres du roi. Un roi qui ne comprenait pas comment la femme qu’il aimait avait pu se faire enlever de la sorte alors que personne n’était au courant de rien. A la stupeur avait succédé l’angoisse, et maintenant l’agacement. Les grands de ce monde ne supportaient pas d’être traités en suspects, ce qui ne facilitait pas les interrogatoires pour se faire une idée globale de la situation, et les petites gens – serviteurs ou comédiens – eux, ne pensaient qu’à essayer de se tirer de là pour éviter d’avoir des problèmes avec les autorités. Une lettre de cachet est si vite arrivée… Surtout quand le roi est à côté et décide de faire tout mettre en œuvre pour retrouver Madame de Leeds. L’inaction n’est jamais bonne, et l’ambiance de suspicion qui régnait dans la grotte de Thétis faisait que la tension était à son comble, un rien peut rapidement déraper dans ce genre de situation.
J’avais fais signe à la jeune femme de descendre de la scène, et avais commencé à lui poser mes questions, mais comme je m’y attendais, ça ne serait pas une mince affaire avec cette brunette au regard mutin. Bien évidemment, à peine avais-je parlé, qu’elle me retournait la question. Après un moment de surprise, que je mis sur le compte de l’incrédulité d’être soupçonnée quand on n’est personne ou presque pour toutes ces personnes illustres qui nous entourent, elle lança sa pique :
-Et le vôtre monsieur s'il vous plait ? Je n’ai beau être qu’une comédienne mais on m’a appris que lorsque l’on demande son nom à une femme, il faut se présenter soi-même d’abord. C’est ce qu’on appelle la galanterie ou du simple savoir vivre … Et que vous soyez mandaté par le roi, ne change rien à l’attitude d’un gentilhomme n’est-ce pas ?
Je levais les yeux au ciel. Au jeu de la galanterie, elle n’avait surement pas trouvé un débutant. Mais je n’avais pas de temps à perdre, aussi cédai-je, d’un ton las.
-Le service du roi, mademoiselle, excuse toutes les effronteries. Quand il s’agit d’une affaire d’Etat, on peut aller jusqu’à s’oublier soi-même. Néanmoins, je me nomme François de Froulay, Maréchal des Logis des mousquetaires de sa Majesté.
J’aurais bien pu ajouter « pour vous servir » mais dans le cas présent, il n’en était pas vraiment question. Je repris, avec une ironie glaciale :
-Maintenant que cette erreur est réparée, veuillez vous présenter je vous pris, et me détailler votre emploi du temps de cette dernière semaine. Il me serait fort désagréable qu’un aussi joli visage soit entaché par une nuit – ou plusieurs – à la Bastille.
Aux grands maux, les grands remèdes. J’avais horreur de jouer à ce jeu, mais je n’avais pas vraiment le choix. Et à ce rythme, nous allions y passer la nuit.
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| Sujet: Re: INTRIGUE : Un anniversaire à rebondissement 18.01.12 19:44 | |
| La machine était lancée. Mousquetaires et espions s’éparpillaient dans toute la Grotte de Thétys, interrogeant les uns et les autres avec plus ou moins de discrétion selon s’ils portaient ou non un uniforme. Ferdinand avait l’avantage ce jour-là de pouvoir jouer l’une ou l’autre de ces cartes, car il n’était officiellement que le Fou du Roi, mais ce dernier l’avait ouvertement investi de la même mission que Colbert en tant qu’homme de confiance. Personne n’ignorait la position privilégiée qu’il occupait auprès de sa Majesté, il n’était donc pas étonnant de le voir virevolter de droite à gauche pour glaner quelques informations, d’autant plus qu’il était l’un des proches amis de la favorite. Cependant, par prudence, il décida de rester sur sa lignée habituelle à savoir : l’attitude du Bouffon. Ca lui avait toujours réussi jusqu’à présent, pourquoi changer une équipe qui gagne ? D’où son sourire plein de fausse bonhomie en allant vers Sola, alors que les mousquetaires affichaient des mines aussi sérieuses qu’un Pape. Il devait néanmoins faire attention devant le Danois. Il en avait eu la conviction dès leur première rencontre mais en avait eu la confirmation peu après : ce type-là n’était pas un plaisantin, et Ferdinand n’hésitait même pas à affirmer qu’il était dangereux. Un homme avec qui il fallait prendre des pincettes en somme. Dommage, le Fou n’aimait pas ça, prendre des pincettes. Mais on allait bien voir qui allait être le plus malin des deux. De toute façon, dans son esprit, Sola était déjà catalogué comme louche, avec quelques autres.
« Si vous y tenez, baron, répondit-il. »
Et comment que j’y tiens, mon gentilhomme. Songea Ferdinand en l’entraînant un peu à l’écart. Il n’avait aucune idée de ce qu’aurait à lui dire son homologue danois, mais à vrai dire il s’en fichait. Il se doutait bien que s’il savait quelque chose, il ne lui dirait pas, et s’il ne savait rien… Il ne dirait rien non plus. Mais il était tout de même curieux. Tout chez ce damné Sola éveillait sa curiosité, de son silence au mystère qui l’entourait en passant par leur dernière rencontre, pour le moins « musclée ». Dangereuse curiosité. Mais d’Anglerays aimait le danger. A quoi bon être Fou et espion, sinon ?
« Que puis-je faire pour vous… cette fois ? »
Beaucoup mon cher, mais évidemment vous ne le voudrez pas… se dit encore Ferdinand en s’adossant nonchalamment à la paroi de la grotte. Il laissa un instant son regard errer sur la foule qui s’agitait en tous sens et causait à tout-va, spéculant sur cet enlèvement et toute prête à en parler encore pour les prochaines semaines… Jusqu’à ce qu’ils s’en lassent et n’entendent parler d’un nouveau scandale encore plus croustillant. Bande d’imbéciles.
« Jouons cartes sur table, mon cher baron. » déclara tout à coup le Fou en faisant face au danois. « Vous ne m’aimez pas. Je ne vous aime guère non plus. Personne n’est déçu au moins, n’est-ce pas magnifique ? Cependant je dois bien vous reconnaître une qualité : vous ne parlez pas à tort et à travers comme eux. »
D’un geste vague il désigna la masse de courtisans dont le brouhaha ne semblait pas vouloir se calmer.
« Vous l’avez entendu comme tout le monde. La favorite à disparu. Ca m’embête beaucoup voyez-vous, parce que j’aime mon Roi, et parce que la duchesse est une bonne amie. Double raison d’être ennuyé, n’est-ce pas ? »
Le ton du badinage n’était sûrement pas celui que préférait Sola, mais c’était celui que Ferdinand employait généralement lorsque ce n’était pas le sarcasme, il allait donc devoir s’en contenter.
« Qu’est-ce que vous pensez de cette histoire, vous ? » demanda-t-il de but en blanc comme s’il demandait conseil à un ami. Sauf qu’ils le savaient l’un et l’autre, ils étaient loin de s’entendre aussi bien… Encore plus loin qu’ils ne le pensaient, en fait.
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| Sujet: Re: INTRIGUE : Un anniversaire à rebondissement 23.01.12 19:40 | |
| S’il était bien une personne dont Elodie pouvait jurer de l’innocence dans cette sombre affaire, c’était le jeune homme qu’elle interrogeait en cet instant. Philippe ? Impliqué dans l’enlèvement de la favorite royale ? L’idée lui sembla si saugrenue qu’alors qu’elle posait au duc les questions que Colbert et d’Anglerays avaient recommandées, elle ne put empêcher un sourire amusé de venir furtivement tordre ses lèvres. « Hé bien, j'étais chez moi au manoir d'Artagnan, répondit néanmoins Philippe. Je n'ai que mon valet, Barnabé, qui pourra attester. Oh, et une proche voisine, Ameline, qui vient parfois nous donner des denrées alimentaires. Elle est venue hier. » Elodie hocha la tête, s’empêchant fermement de se demander qui était cette Ameline. Elle avait beau savoir son rôle de mousquetaire et d’homme sur le bout des doigts, chassez le naturel : il revient au galop, comme on dit. Affichant un air détaché, elle prit note du fait qu’elle n’allait certainement pas pousser le jeu jusqu’à vérifier les alibis du jeune duc et passa à la question suivante – celle qui, en somme, allait sans doute être la plus intéressante au fil des interrogatoires.
« Oh oui j'en ai un ! Cédric de Portau, comte de Gan. Ce garçon est étrange et s'il devait y avoir une image pour illustrer le mot ''suspect'', ce sera bien son portrait ! » Elodie dut réprimer un éclat de rire, et à nouveau, se contenta d’un sourire à la fois amusé et énigmatique. Portau… qui de plus suspect que lui ? « Bien, je me renseignerai sur ce… Portau, répondit-elle. - Est-ce tout ? demanda alors Philippe, question à laquelle la demoiselle aurait volontiers poussé un soupir de soulagement. - Oui, je vous libère. A bientôt, je l’espère, dans d’autres conditions ! » Et là-dessus, le faux mousquetaire lui adressa un geste de la tête et tourna les talons. Dieu que les choses seraient simplifiées si elle osait lui avouer la vérité. Toute la vérité. Secouant la tête, elle chercha du regard les deux personnes suivantes tout en songeant qu’il ne serait peut-être pas inutile, en effet, de mener sa petite enquête sur le comte de Gan. Non pas qu’elle y ait un quelconque intérêt personnel, mais après tout, c’est bien pour cela qu’on leur avait demandé d’encourager à la délation.
Ne connaissant Sofia di Parma que de nom, elle mit un instant à la retrouver dans toute la foule qui s’était au cours de la soirée amassée dans la grotte. Lorsque ce fut chose faite, elle prit note du fait qu’elle semblait être fort occupée à converser avec Contarini. « Signora Farnèse, Signor Contarini, lança-t-elle lorsqu’elle fut à portée de voix, navrée de vous interrompre, mais il me faut vous séparer le temps de vous interroger. » Elle s’interrompit un instant pour les dévisager, en sentant peser étrangement leurs deux regards sur elle. Perplexe, elle resta néanmoins de marbre. « Madame, je vais vous demander de me suivre… quant à monsieur l’ambassadeur, ne vous éloignez pas trop s’il vous plaît, je reviendrai vous chercher ensuite. » D’un geste, elle invita Farnèse à la suivre pour l’emmener un peu à l’écart, saisissant au passage le regard de François auquel elle adressa un vague signe de tête. « Pouvez-vous me détailler ce que vous avez fait ces trois derniers jours, madame ? »
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| Sujet: Re: INTRIGUE : Un anniversaire à rebondissement 25.01.12 16:16 | |
| Depuis que sa comédienne avait prononcé les deux vers fatidiques, le temps semblait s'être arrêté pour Racine. Prenant pleinement conscience de l'erreur impardonnable qui venait d'être commise devant le souverain, il devint livide mais grâce au ciel, ses jambes continuèrent à le porter. Comment réagir ? Comment minimiser la portée de l'accusation terrible (et proprement ridicule) qui venait d'être portée contre la si douce et si vertueuse reine ? Il avait à peine entendu le murmure qui s'était répandu dans la foule (enfin parmi ceux qui avaient compris) à ce passage ni les remarques désagréables de Monsieur. A défaut de pouvoir s'enfuir à toutes jambes, il tenta de se faire tout petit mais se força à ne pas reculer. Non, il devait faire face à ses responsabilités. A dire vrai, il guettait la réaction de Sa Majesté qui demeura un certain temps silencieuse avant de déclarer d'une voix glaciale qu'elle pensait que Racine avait meilleur goût pour composer ses vers. Puis le roi se détourna du dramaturge avec un certain mépris. Racine se sentit à la fois incroyablement soulagé et déçu. Certes, cela aurait pu se terminer bien plus mal pour lui, le dramaturge ne tenait pas vraiment à être l'objet de la colère du roi qui devait être terrible mais cette simple phrase venait de lui confirmer qu'il n'était plus dans les bonnes grâces. C'était terminé. Si par certains côtés, Jean Racine était un des hommes les plus puissants de la cour dont on se disputait les faveurs et la compagnie, dont on louait les vers que l'on récitait aussi bien dans les salons que dans les gargotes, homme qui pouvait se moquer en toute impunité de ces nobliaux aux visages poudrés et aux manières ridicules, tout cela ne tenait qu'à une seule personne, le souverain. Si celui-ci ne daignait même plus le regarder avec complaisance, il n'était plus rien.
Le reste des événements fut bien flou pour Racine. Il se rendit à peine compte que la musique avait repris tout comme les conversations. Il demeurait interdit, se demandant comme il pourrait quitter la grotte de Thétis sans paraître impoli pour autant. Mais l'arrivée d'une femme échevelée parvint toutefois à lui rendre ses esprits. Cette dernière, ignorant toute bienséance, luttait contre des gardes pour parler au roi. Quelle impudente ! Mais pendant un instant (car le suite des événements allait lui prouver qu'elle ne le méritait en rien), le dramaturge lui fut reconnaissant d'apporter une distraction. La cour, toujours avide de nouveaux scandales, s'était tournée vers l'espèce de paysanne, oubliant ce qui venait de se dérouler sous leurs yeux. Racine était encore assez près du roi pour distinguer les traits de l'importune (Fichtre ! Était-ce possible que derrière cet air dépenaillé se cachât la dame de Comborn, une des plus proches amies de Molière ?) et entendre ce qu'elle avait à dire : « La duchesse a été enlevée... ». La duchesse ? Quelle duchesse ? S'interrogea Racine, un peu perdu. Puis tout se précipita. La musique s'interrompit, le roi quitta la fête et un mousquetaire leur déclara qu'ils étaient tous enfermés dans cet endroit jusqu'à nouvel ordre.
Bon, Racine avait beau être paranoïaque, ce n'était clairement pas lié à cette histoire de vers. La fête interrompue venait de prendre une autre dimension qui n'avait plus grand-chose à voir avec l'irrévérence dont il venait de faire preuve malgré lui. L'essentiel était de se tirer de ce guêpier pour essayer de réfléchir calmement à la meilleure manière de se tirer de ce faux pas. Et puis, songea-t-il en cherchant ses comédiens du regard, il avait des comptes à régler. Toujours pâle comme la mort, il s'avança d'un pas décidé vers sa petite troupe qui commençait à être interrogée :
- Messieurs, de quel droit interrogez-vous mes comédiens et mes costumiers sans en référer tout d'abord à moi ? Ils sont sous ma responsabilité et j'entends bien que nous quittions Versailles sans plus attendre !
Il avisa une sortie toute proche, du côté des serviteurs et s'apprêtait à s'y diriger quand il fut arrêté par un mousquetaire :
- Monsieur, vous ne pouvez partir. Selon les ordres de Sa Majesté, tout le monde doit être questionné par... - Cela suffit, je puis vous assurer que je n'ai rien à voir avec le prétendu enlèvement d'une duchesse et ma troupe encore moins, je réponds de mes gens ! Cessez donc ce manège ridicule, nous n'étions engagés que pour la fête du roi, celle-ci est finie donc nous nous en allons !
Sous le coup de la colère, il avait considérablement haussé le ton et son petit esclandre lui avait attiré les regards d'une bonne partie des personnes aux alentours.
- Monsieur, répéta le mousquetaire hésitant visiblement entre l'énervement et la compréhension, on ne discute pas les ordres du roi. Vous restez et votre troupe également.
Dépité de s'être fait éconduire, Racine résolut de ne pas aggraver son cas en essayant de forcer le passage. Que pouvait-il contre tant de mousquetaires ? Désespéré, il fit volte-face et distingua au loin son ami Ferdinand d'Anglerays qui faisait la causette à un homme à l'air patibulaire. Il lui lança un regard plein d'espoir. Celui-ci pourrait peut-être venir plaider en sa faveur... |
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| Sujet: Re: INTRIGUE : Un anniversaire à rebondissement 25.01.12 22:20 | |
| La réplique de Blandine n’avait pas que pour seul but de prendre le temps de réfléchir sur l’identité à donner, car elle visait aussi à vérifier ses soupçons. La jeune femme dévisageait donc intensément son interlocuteur avec ce dédain aux lèvres qu’elle avait mis pour agrémenter son discours. Ce dernier devait très certainement la mettre dans le même sac que toutes ces précieuses de cour, auxquelles pourtant, elle était bien loin de ressembler. Mais se poser en enquêtrice insolente était un rôle qu’elle devait savoir jouer comme tant d’autres. Apparemment, le mousquetaire venait de s’en laisser duper, il n’avait vu que le masque méprisant qu’elle arborait. Tant mieux d’un côté ! Elle ne voulait pas qu’il voit en elle la fragile, l’innocente, la timide Blandine, sa fiancée d’autrefois, si toutefois il s’agissait bel et bien de lui ! Tout était bon pour parvenir à cette fin, le moins de personnes possible devait connaître la vérité. Si ses deux employeurs n’avaient pas été mis au courant, pourquoi tout avouer à un ami perdu de vue depuis dix longues années et dont elle ne savait plus rien ? Le temps change l’homme, c’est bien connu ! Certes, il était devenu mousquetaire et cela était synonyme d’honneur et de courage, mais Ruzé n’en était-il pas un lui-même ? A cet instant, elle ne put trouver que bien trop juste le proverbe qui prétend que l’habit ne fait vraiment pas le moine. Sa décision était donc prise, il en saurait le moins possible sur son compte !
Je me nomme François de Froulay, Maréchal des Logis des mousquetaires de sa Majesté.
Ses souvenirs ne l’avaient pas trompée ! Un sourire imperceptible se dessina sur ses lèvres. Leur passé ne rentrerait absolument pas en ligne de compte lorsqu’elle répondrait à ses questions de policier, mais cela ne l’empêchait guère d’être à la fois heureuse et curieuse. François n’aurait pu s’imaginer un seul instant, être cette sorte de trait d’union entre un passé à jamais perdu et un futur qui s’annonçait pour l’heure assez sombre.
-Maintenant que cette erreur est réparée, veuillez vous présenter je vous pris, et me détailler votre emploi du temps de cette dernière semaine. Il me serait fort désagréable qu’un aussi joli visage soit entaché par une nuit – ou plusieurs – à la Bastille.
Il ne fut pas étonnant que l'émotion qu’éprouvait jusqu'alors Blandine s’évanouit aussi vite qu’elle était venue, face à cet avertissement. Un brusque retour à la réalité donc et à cet enlèvement dont elle ne connaissait en rien les détails. La comédienne laissa échapper un ricanement … Les menaces du mousquetaire la laissaient néanmoins de marbre, il fallait bien l’avouer et pour cause ! - Une nuit ou même cent nuits à la Bastille ? Mais mon brave ce sont les appartements du roi que vous m’offrez là ! Je suis sûre que l’on doit mieux y coucher que dans certains endroits sordides de ma connaissance et où je ne voudrais même pas que mon pauvre cheval se vautre.
En effet, une prison d’Etat mais qu’était-ce donc sinon un palais ? Le mousquetaire malgré sa petite noblesse n’avait aucune idée de ce qu’avait été la paillasse infectée de vermines située tout près de l’auge à cochons, sur laquelle elle avait tenté de dormir durant huit hivers ? Elle aurait alors échangé de logement pour tout autre qu’on lui aurait proposé, fut-ce une prison ! Enfin, il ne pouvait pas savoir ! Elle soupira donc comme résignée suite à cette tirade …
- Mais je vais être bon prince, si je puis dire … Je me nomme Delphine d’Arçay, comptable le jour et toute aux ordres de Monsieur Colbert. La Belle Iole la nuit, pour le bon plaisir de monsieur Racine. Que faisais-je cette semaine ? C’est bien simple …
Blandine mit ses mains derrière son dos et se pinça les lèvres dans une posture de fausse réflexion.
- J’ai lutté contre de terribles migraines que me causent les comptes de Monseigneur le duc d’Orléans auprès duquel je reste depuis les aurores, jusqu’aux quatre heures de l’après-midi environ. J’ai ensuite répété sans relâche l’acte auquel vous venez sans doute d’assister, sur la scène de l’hôtel de Bourgogne …
Sans relâche était bien le mot et pour quel résultat ! Le ou la coupable d’une telle chose, le lui paierait tôt ou tard. En attendant elle préférait ne pas imaginer le courroux du grand poète ! D’ailleurs en parlant du loup, Racine s’approchait d’eux. Avant qu’il ne soit vraiment à portée, elle se pencha vers François.
- J’ai été coopérative monsieur et ce sans trop de difficultés, je crois. J’espère que vous voudrez bien ne pas répéter mon nom de scène à son Altesse, ni ma véritable identité au dramaturge. Je préfère encore la Bastille ou Vincennes à choisir !
A peine avait-elle exposé sa requête au maréchal des logis, que Racine le prit lui-même de haut, voulant lui ôter le pouvoir d’interroger les membres de sa troupe. Blandine fut surprise qu’il prenne ainsi sa défense, elle l’aurait plus volontiers imaginé la pourchassant du brigadier, ce bâton légendaire qui frappe les trois coups du commencement d’une pièce ! Cette colère sourde, ne lui disait rien qui vaille ! Il voulut même partir ! Le malheureux allait en être pour ses frais ! François n’était pas du genre commode ! Et elle ne se trompa guère … Tentant d’apaiser l’atmosphère tendue, elle osa ouvrir la bouche alors que celle çi était desséchée depuis quelques instants, par l’appréhension de se retrouver aux côtés du grand poète. - Ce n’est rien … J’ai donné à ce gentilhomme les informations qu’il désirait connaître … Il ne fait que son devoir ! Nous ne pouvons lui en vouloir …
En effet, Blandine ne lui en avait jamais voulu. Si elle lui tenait rigueur de quelque chose, c’était de son manque de diplomatie, mais à chacun ses défauts … |
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| Sujet: Re: INTRIGUE : Un anniversaire à rebondissement 29.01.12 17:52 | |
| Personne à la Cour n’était sans savoir la position de privilégié, d’ami pour tout dire, dont bénéficiait d’Anglerays auprès du roi. Il était de notoriété publique qu’il fallait aux Fous avoir au moins le monarque de leur côté pour espérer survivre, et celui-ci ne faisait pas exception. De là à savoir quels secrets services pouvait bien rendre le bouffon à son maître, il y avait un grand pas – pas qu’Ulrich était encore loin de franchir. A ses yeux, le baron n’était qu’un plaisantin qui aurait tout intérêt à se méfier des personnes qu’il prenait pour cible ; sujet sur lequel il pensait avoir été clair le concernant. N’étant pas homme à se préoccuper de ce que l’on pouvait bien penser de lui, le danois aurait très bien pu n’avoir que faire des piques du Fou. Mais celles-ci avaient des dessous si suspicieux qu’il avait préféré jouer la carte de la brute vexée derrière laquelle il savait si bien se dissimuler afin d’enrayer tout de suite toute velléité de curiosité de la part d’Anglerays. Visiblement, ses menaces… disons pour le moins claires n’avaient pas suffi. Car au sourire indéfinissable qu’il affichait, c’était bien de son plein gré que le baron était venu le voir.
Il y eut entre les deux hommes un instant de silence, silence durant lequel Ulrich ne lâcha pas son interlocuteur du regard, tandis que celui-ci prenait le temps de considérer la foule qui commençait déjà à commérer à tout va. Voilà une nouvelle qui allait ébranler la Cour un certain temps… Le danois en connaissait au moins un qui en serait ravi. Il ignorait quel rôle exactement avait Portau dans cette affaire, mais cela importait peu, tant que la rumeur – qui n’en était pas une – avait son petit effet.
« Jouons cartes sur table, mon cher baron, lança enfin le Fou, interrompant le silence que le danois ne comptait en aucun briser. Vous ne m’aimez pas. Je ne vous aime guère non plus. Personne n’est déçu au moins, n’est-ce pas magnifique ? Cependant je dois bien vous reconnaître une qualité : vous ne parlez pas à tort et à travers comme eux. - Ce qui ne semble pas être votre cas, d’Anglerays… répondit froidement Ulrich qui n’avait pas une grande tendresse pour les bavardages, aussi intéressante une conversation avec le baron puisse-t-elle s’avérer être. Mais passons. - Vous l’avez entendu comme tout le monde. La favorite à disparu. Ça m’embête beaucoup voyez-vous, parce que j’aime mon Roi, et parce que la duchesse est une bonne amie. Double raison d’être ennuyé, n’est-ce pas ? »
Impassible, Ulrich hocha la tête. Voilà qui est diablement ennuyeux en effet, songea-t-il avec une ironie amusée que ses traits de marbres ne parvinrent pourtant pas à trahir. Sans doute aurait-il pu jouer la surprise, appuyer l’étonnement du reste des courtisans. Mais encore une fois, un tel comportement aurait été déroger à celui qu’il arborait d’habitude, et l’aurait bien plus facilement rendu suspect que son habituelle froideur.
« Qu’est-ce que vous pensez de cette histoire, vous ? demanda encore le Fou, comme s’il faisait la conversation à n’importe laquelle de ses connaissances. » Ulrich, tout à fait volontairement, eut un sourire plutôt indéfinissable. « Que ce genre de mésaventures vous pend au nez dès l’instant où vous êtes assez proche d’un roi pour permettre à ses ennemis d’en profiter, lâcha-t-il, comme si la chose l’indifférait au plus au moins. C’est malheureusement le cas d’une favorite, il me semble. » A son tour, il balaya la foule des yeux, posant un regard perçant sur les quelques visages qui se présentaient à lui, semblant y chercher les traits de l’un des ennemis qu’il venait de nommer. Ce qui n’était pas absolument faux. Valois était-il là, quelque part, à faire l’étonné lui aussi ? Revenant au Fou, il attrapa une coupe de champagne sur la table non loin, et la porta distraitement à ses lèvres. « Mais venons-en en fait baron. On vous a, je suppose, demandé de nous interroger, reprit-il. Que voulez-vous savoir ? »
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| | | François de Froulay
« s i . v e r s a i l l e s »Côté Coeur: Il a été brisé, il va falloir le recollerCôté Lit: vide, au désespoir des mignons de MonsieurDiscours royal:
Fuis les honneurs et l'honneur te suivra Convoite la mort et la vie te sera donnée
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► Titre : Maréchal des Logis des Mousquetaires, Capitaine de la garde de Monsieur, Marquis de Lavardin
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| Sujet: Re: INTRIGUE : Un anniversaire à rebondissement 29.01.12 21:35 | |
| Pour le moment, j’avais juste l’irrépressible envie de mettre ma menace de nuit à la Bastille à exécution. Hélas je n’avais pas de lettre de cachet sous la main et c’était plus de l’esbroufe qu’autre chose, bien que ça aurait certainement pu s’arranger, vu l’humeur qui tenait sa majesté en ce moment. Ca aurait été une perte de temps, bien sûr, il ne fallait pas croire qu’une jeune comédienne avait eu quelque chose à voir dans cette histoire, mais les ordres étaient clairs. Interroger tout le monde, et en sage petit soldat, je m’exécutais. Mais les seuls qui avaient quoi que ce soit à gagner pour l’enlèvement de la favorite étaient les grands, les personnages les plus influents de la cours qui voulaient encore plus d’importance. Sans doute ceux qui jouaient le mieux les surpris ce soir. Mais jusqu’où allait le complot ? Là aussi, si nous avions eus la réponse, sans doute n’en serions-nous pas tous revenus. Et encore, ce n’était que le commencement, mais nous l’ignorions encore, et peut être cela valait-il mieux pour le moment, jusqu’à savoir ce qu’il fallait faire pour y remédier.
- Une nuit ou même cent nuits à la Bastille ? Mais mon brave ce sont les appartements du roi que vous m’offrez là ! Je suis sûre que l’on doit mieux y coucher que dans certains endroits sordides de ma connaissance et où je ne voudrais même pas que mon pauvre cheval se vautre.
-Permettez-moi d’être certain du contraire, répliquai-je, cassant.
Pour avoir souvent parcourus les dédales de la prison royale, je la savais parfaitement infecte. J’aurais presque pu avoir du mal la souhaiter à mon pire ennemi.
- Mais je vais être bon prince, si je puis dire … Je me nomme Delphine d’Arçay, comptable le jour et toute aux ordres de Monsieur Colbert. La Belle Iole la nuit, pour le bon plaisir de monsieur Racine. Que faisais-je cette semaine ? C’est bien simple … J’ai lutté contre de terribles migraines que me causent les comptes de Monseigneur le duc d’Orléans auprès duquel je reste depuis les aurores, jusqu’aux quatre heures de l’après-midi environ. J’ai ensuite répété sans relâche l’acte auquel vous venez sans doute d’assister, sur la scène de l’hôtel de Bourgogne …
Je levais les yeux au ciel, avant de lâcher un soupir agacé. Tout ça pour ça ?! Ses moqueries commençaient à me taper sur les nerfs et il y fallait toute la bienséance du monde pour que je n’y cède pas. La parole d'un prince du sang avait valeur de loi. Je ferai mon rapport et laisserait aux hautes sphères le soin de vérifier.
- J’ai été coopérative monsieur et ce sans trop de difficultés, je crois. J’espère que vous voudrez bien ne pas répéter mon nom de scène à son Altesse, ni ma véritable identité au dramaturge. Je préfère encore la Bastille ou Vincennes à choisir !
-Tout dépendra, mademoiselle, de la nature de nos futures rencontres.
Qu’elle comprenne ce qu’elle voulait. Je m’apprêtais à prendre congé, ayant repérer le duc de Mortemart à proximité, quand la voix de Racine me vrilla les tympans alors qu’un de mes collègues essayait vainement de le calmer :
- Cela suffit, je puis vous assurer que je n'ai rien à voir avec le prétendu enlèvement d'une duchesse et ma troupe encore moins, je réponds de mes gens ! Cessez donc ce manège ridicule, nous n'étions engagés que pour la fête du roi, celle-ci est finie donc nous nous en allons !
La jeune Delphine tenta de le calmer, mais je doutais que cela suffise :
- Ce n’est rien … J’ai donné à ce gentilhomme les informations qu’il désirait connaître … Il ne fait que son devoir ! Nous ne pouvons lui en vouloir …
Je lui jetais un regard circonspect, quel retournement de situation… Et pour le moins inattendu. Mais ce n’était pas le moment de s’attarder.
-Permettez-moi de vous rappeler, Monsieur Racine, que comme Mademoiselle vient de vous le dire, je ne fais qu’exécuter les ordres du roi ! Si vous avez là quelque remarque à faire, adressez-vous à Sa personne.
Je m’inclinais rapidement devant eux, avant de presque courir après le duc.
-Monseigneur ! Permettez-moi de me présenter, François de Froulay, maréchal des logis des mousquetaires du roi. Monseigneur, je suis au regret de vous annoncer que je dois vous demander ce que vous avez fait ces derniers jours ?
Je me doutais par avance que ça n’allait pas être une partie de plaisir.
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| Sujet: Re: INTRIGUE : Un anniversaire à rebondissement 31.01.12 0:51 | |
| Nicolas se promenait toujours parmi les invités quand le cataclysme se produisit. Avec mauvaise volonté, ronchonnant presque, il se rendit près de d'Artagnan qui le houspillait comme une vieille bonne femme. Encore un ordre aussi mal placé et Nicolas n'était pas certain de pouvoir se retenir de lui sauter à la gorge. Mais pour qui il se prenait, celui-là? Il allait se retourner pour voir qui il désignait ainsi lorsqu'il lui demandait un rapport complet avant la fin de la soirée. Nicolas ouvrit la bouche pour répliquer. Il n'était pas un esclave pour être ordonné de cette manière! Et un rapport à cette heure... Bon, d'accord, Ruzé n'était pas le mousquetaire le plus vaillant de la compagnie, mais il y avait une limite! Ce fut le coup d'épaule de son lieutenant qui le fit se retourner. Il aurait voulu le rejoindre, l'insulter et faire un duel immédiatement pour l'exterminer une bonne fois pour toute. Mais ses envies de meurtres et ses nerfs à vifs furent immédiatement calmés par la jeune femme qu'il devait interroger. Maryse d'Armentières? Nicolas se retourna pour voir d'Artagnan pour s'assurer qu'il ne plaisantait pas. Soit il savait et voulait avoir les détails, soit le hasard le favorisait enfin hors de jeux de cartes.
S'avançant vers Maryse, il vit le léger mouvement de recul et la panique dans son regard, sentiment que Nicolas ne put s'empêcher de comparer à une biche prise au piège. Il hocha la tête en sa direction en s'approchant d'elle. Il ouvrit la bouche pour la saluer, mais elle ne perdit pas un moment, elle se jeta directement dans la bataille. Nicolas continuait de la regarder, sourcils froncés. Puis un sourire naquit sur ses lèvres à voir la jolie demoiselle se débattre ainsi.
-Je sais que vous êtes une princesse. Je ne le sais que trop.
Nicolas se délecta de son odeur lorsqu'elle se rapprocha de lui. Il sentit battre son coeur plus rapidement sous cette avance. Comme un colibri dans une cage, tout en restant puissant, assez pour qu'il en ressente les battements dans toutes ses veines. Il ferma un instant ses yeux pour s'empêcher de ressentir les sensations diverses qui prenaient son corps tout comme ses envies. Sa voix basse, murmurée, sortie d'entre ses lèvres roses, lui donnait des envies qui n'étaient pas descriptibles tant elles étaient irréalisables. Se redressant, tentant de reprendre contenance, Nicolas toussota pour retrouver une voix acceptable, mais elle ne lui en laissa pas la chance, prouvant son propos en soulevant discrètement le bas de sa jupe. Nicolas rougit presque en voyant la fine cheville entourée de bandages aussi blancs que sa peau.
-Mademoiselle, dit-il, un sourire gêné, accompagnant ses yeux pétillants, ne pouvant se résoudre à l'appeler «madame», calmez-vous. Je n'ai pas la moindre intention de vous interroger. Je sais très bien que vous n'avez aucune implication dans un événement aussi ... - Nicolas eut de la difficulté à choisir le mot - atroce que celui-ci. Une personne aussi angélique et pure que vous ne cache rien. Cependant, mon supérieur, cracha-t-il avec hauteur, m'a ordonné de vous interroger. Je suis malheureusement obligé de faire comme si... Vous comprenez.
Et alors qu'elle voulait s'enfuir, Nicolas ne put la laisser partir. Son corps, son esprit, ses sens la réclamaient. S'autorisant un geste qu'il n'aurait jamais dû faire et qu'il regretta aussitôt, il retint Maryse par le poignet.
-Je vous retiendrais encore quelques instants, si vous n'y voyez aucun inconvénient. Question que ça paraisse crédible... J'inventerai des bêtises pour le lieutenant vous disculpant entièrement, ne vous inquiétez aucunement.
Puis, tentant d'oublier les images qui se répercutaient derrière ses paupières, se mêlant avec celles qui dansaient devant ses iris, Nicolas reprit un air sérieux:
-Comment allez-vous? Votre cheville, je veux dire.
Il aurait voulu lui dire «J'ai pensé à vous» mais aucun doute que cela aurait été déplacé. Si déplacé. Tout comme les pensées qu'il avait à son endroit, d'ailleurs.
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| Sujet: Re: INTRIGUE : Un anniversaire à rebondissement 31.01.12 1:12 | |
| Les délices de l’anniversaire avaient laissé la place à une terreur ambiante, mélange de fébrilité et d’anxiété. Vivonne, après avoir salué le roi sans s’attarder depuis la soirée de la veille, avait par la suite entreprit de raconter quelques exploits maritimes à quelques jeunes femmes avant de mettre sa veste de mentor pour soutenir un jeune homme plein d’espoir et d’audace, certainement un de ces jeunes hommes qu’il retrouvait ensuite à ses côtés. Mais l’annonce lancée par une jeune femme échevelée avait rompu les charmes de l’anniversaire. La favorite ; Amy of Leeds, avait été enlevée. Et avec elle, l’enfant du roi qu’elle portait. Cette nouvelle que lui avait annoncée le roi, Louis l’avait gardé bien précieusement, n’osant pas même en toucher un seul mot à son épouse. Antoinette pouvait aisément se laisser aller à en parler à l’une de ses femmes de chambre et ces rumeurs courraient bien plus vite qu’un lièvre. L’annonce de la disparition glaça le sang de Louis qui chercha en vain le regard du roi ou d’une personne proche : il se fit happer par une foule fébrile et disparate, quêtant auprès de lui quelques réponses qu’il n’avait pas. Etre un familier du roi n’offrait pas de réponse à chaque question ! Ce fut après de longues minutes qu’il pu enfin s’échapper mais avant qu’il ne pu se dégager totalement, une ombre passa devant lui et s’arrêta promptement sans prendre le temps de le saluer. -Monseigneur ! Permettez-moi de me présenter, François de Froulay, maréchal des logis des mousquetaires du roi. Monseigneur, je suis au regret de vous annoncer que je dois vous demander ce que vous avez fait ces derniers jours ?Vivonne s’arrêta brusquement, surpris par la légèreté de la présentation. Il toisa un instant le mousquetaire en uniforme, soupirant à l’idée de se faire héler par un sous-fifre zélé répondant sans ciller aux ordres donnés par son supérieur. Il avait bien d’autres chats à fouetter que de parler de son emploi du temps à un mousquetaire ! Lui, le plus proche ami du roi, interrogé comme un de ces courtisans qui complotaient plus qu’ils ne respiraient ? Il lâcha un soupir peu discret avant de lever les yeux au ciel, pressé et exaspéré d’être ainsi retardé. -Le regret ne vous donne pas l’autorisation de vous immiscer dans mes affaires privées. Vous êtes maréchal des logis et devez donc le respect à votre supérieur. Louis croisa ses mains derrière le dos et observa un instant le visage du mousquetaire. -De qui, monsieur, recevez-vous cet ordre ? Allez lui répondre que le duc de Vivonne refuse de livrer ainsi ses occupations personnelles. J’ose espérer que votre supérieur ne me soupçonne pas dans cette disparition, ajouta-t-il le visage soucieux d’une telle pensée ! - Spoiler:
Cess, j'ai l'immense honneur de t"offrir ce RP de pouilleuse, pour lequel je me suis arrachée les yeux, les ongles et les empreintes digitales sur mon clavier. En gros, c'était impossible de reprendre toute l'intrigue depuis le début, j'ai donc fais un truc méga court et me rattraperai par la suite Enfin j'ai quand même fais plus de 20 lignes et 458 mots
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| | | Sofia Farnèse
« s i . v e r s a i l l e s »Côté Coeur: Je l'ai fermé par sa faute. Seul lui pourrait le rouvrir un jour ...Côté Lit: Je ne suis pas de celles qui se couchent pour un sourire. A peine pour un diamant, mais souvent pour la passion.Discours royal:
♈ LA BELLA FARNESE ♈ Più bella cosa non c'è
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► Titre : Princesse Farnèse, Princesse Chimay par mariage
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| Sujet: Re: INTRIGUE : Un anniversaire à rebondissement 01.02.12 16:13 | |
| « Oh la pauvre demoiselle ! Sofia porta secours à la demoiselle blonde tombée à leurs pieds. Allez vous bien ? Et vous, il serait trop difficile de vous pencher ! » Ses derniers mots étaient attribués à Francesco.
La princesse n'était pas tendre avec l'Ambassadeur vénitien. Rien que sa présence l'horripilait, pourtant elle se semblait pas avoir envie de partir. Lui lancer quelques piques ne menaient à rien, Francesco semblait à peine touché, son énorme ego le protégeait contre toutes les attaques. Finalement, elle n'aurait pas vraiment le temps de l'insulter davantage car Racine présentait sa pièce. Ce vers qui choqua tout le monde lui arracha un sourire. Oui, la demoiselle pouvait se montrer un peu cruelle mais c'était que cela était d'une audace sans précédent, surtout le jour de l'anniversaire du Roi ! Sûr qu'on allait entendre ce vers durant de longues semaines. Ou pas. Sofia fut bousculée par une folle furieuse et une grande partie de sa coupe de champagne avait atterrit sur la veste de Francesco. Son faux sourire désolé montrait bien qu'elle aussi avait des talents d'actrices. Le champagne n'était pas ce qui tâchait le plus, il n'allait pas en faire tout un plat. Quoique si, il en était capable, cet imbécile ! Mais elle se reporta l'attention sur cette femme qui était déchaînée. Cette paysanne n'était autre que le demoiselle Comborn ! Rien à voir avec la courtisane qu'elle avait pu croiser ! Et voilà qu'elle annonçait que Amy of Leeds avait été enlevée. Que de rebondissements dans cet anniversaire !
En un rien de temps, une sorte d'effet de masse se créa, tous les nobles voulurent quitter la fête. Instinctivement, elle attrapa le bras de son ''camarade'' italien pour ne pas être happé par ces fous. Il ne manquerait plus qu'elle se fasse écraser. Mais quand elle se rendit compte de son geste, elle lâcha Francesco et prit un air dédaigneux.
« Ne croyez pas que je voulais rester près de vous ! » Elle voulut finir sa coupe, mais il n'en restait qu'une fond. Son regard vers la tâche de champagne. « Quel dommage, un si bon champagne gâché … Enfin vous pourrez jeter cette veste immonde. »
Puis un jeune homme, un mousquetaire ma foi charmant, arriva jusqu'à eux. Il devait interroger Sofia et avant de quitter Francesco, elle lui adressa une dernière remarque.
« Au déplaisir de vous recroiser, Monsieur. »
Puis elle suivit le mousquetaire un peu à l'écart. Elle, une princesse Farnèse, se faire interroger ! Il aurait été laid, elle l'aurait envoyée promener !
« Pouvez-vous me détailler ce que vous avez fait ces trois derniers jours, madame ? » « Mademoiselle, s'il vous plaît. Ces trois derniers jours …elle fit une moue pour réfléchir. J'étais entre chez moi et Versailles. Mon chaperon, signor Alvisi, se fait interroger par votre collègue, il pourra témoigner. Et à Versailles, il y a assez de monde qui pourra vous le dire ! S'il y en a un que vous devriez interroger, c'est l'ambassadeur Contarini. Cet homme est étrange, je le connais assez pour vous dire qu'il mène des activités peu catholiques. »
Sofia n'en savait rien en fait, tout était bon pour pourrir un peu la vie de Francesco. Elle adressa un large sourire charmeur au mousquetaire avant de poursuivre.
« Et vous, monsieur, pouvez vous me dire votre charmant nom ? »
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| Sujet: Re: INTRIGUE : Un anniversaire à rebondissement 04.02.12 21:48 | |
| Face à Nicolas de Ruzé, Maryse ne savait comment se comporter. Il l’avait appelée « Mademoiselle » et alors que d’habitude elle répliquait un « Madame » d’un air blasé, cette fois-ci elle ne répondit rien, tant le mot sonnait délicieusement dans ses oreilles.
« Une personne aussi angélique et pure que vous ne cache rien. Cependant, mon supérieur, m'a ordonné de vous interroger. Je suis malheureusement obligé de faire comme si... Vous comprenez.
Je comprends parfaitement, répondit Maryse sans pouvoir s’empêcher de rougir en entendant les mots « angélique et pure ». Parce qu’il était clair qu’à cet instant précis, les pensées de la princesse n’étaient en rien angéliques ni pures. Mais je dois vraiment vous quittez. Il faut que je rejoigne mon époux…Maryse se rentra les ongles dans les paumes de la main tant elle s’en voulait de dire ça à…lui. Je dois partir, souffla t-elle avant de lui tourner le dos sans plus de cérémonie. Mais le mousquetaire n’était pas en restes, et elle sentit très vite autour de son poignet les doigts de Nicolas se refermer. Ce nouveau contact de leur peau, contact ô combien interdit, raviva la couleur sur les joues de la princesse. Elle se tourna vers lui, mais ne pu s’empêcher de lancer des regards vifs autour d’elle. Elle espérait que personne ne les avait vus… Son esprit se déchirait entre l’envie de rester avec lui, de le laisser la toucher, et le devoir, celui de le quitter et d’aller interroger des courtisans. Elle baissa les yeux.
Je vous retiendrais encore quelques instants, si vous n'y voyez aucun inconvénient. Question que ça paraisse crédible... J'inventerai des bêtises pour le lieutenant vous disculpant entièrement, ne vous inquiétez aucunement.
La raison de Maryse l’emportait sur son désir. Du moins, durant ces quelques secondes. Elle leva les yeux et regarda le mousquetaire. Faisons vite, alors. Mon devoir est ailleurs. Il faut que je parte. Que dois-je vous dire, pour faire semblant d’avoir un interrogatoire ? Ces mots n’étaient pas les siens. D’ailleurs, la lueur dans ses yeux démentait ses propos. Il fallait juste espérer que Nicolas ne le remarque pas.
Comment allez-vous? Votre cheville, je veux dire.
La question fit perdre toute contenance à Maryse. Elle perdit de nouveau pied.
Oh eh bien, je peux marcher, comme vous avez pu le voir. J’ai encore mal mais je survis. Je…merci beaucoup pour…tout. Je suis désolée de vous avoir dérangé à un tel moment de la…soirée. J’ai des idées saugrenues, parfois. Maryse ne put empêcher un rire nerveux. Comme, monter dans les arbres. J’aime la nature. Oh mais quelle idiote ! Elle se ridiculisait devant lui ! Comme il devait se moquer d’elle ! Il fallait qu’elle trouve un autre sujet de conversation. Vite. Maryse tourna la tête et vit Ferdinand d’Anglerays qui l’observait d’un peu plus loin. Reprenant ses esprits, elle changea de sujet :
Assez parlé de moi. C’est vraiment une histoire étrange, cet enlèvement. Vous avez des suspects ?
L’art de passer du coq à l’âne. Loin de montrer la parfaite maîtrise de soi, cette technique trahissait l’émotion de Maryse et montrait qu’elle n’était pas du tout assurée. Jamais elle n’aurait pensé à soupçonner son beau mousquetaire, qui pourtant n’était pas aussi innocent qu’elle le croyait… |
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| Sujet: Re: INTRIGUE : Un anniversaire à rebondissement 05.02.12 13:20 | |
| Ce n’était pas vraiment la perspective de dénicher de nouvelles informations sur cet enlèvement qui avait poussé d’Anglerays à choisir Sola comme premier témoin à interroger. Il avait trop d’expérience pour ne pas deviner que si le danois savait quelque chose, il lui mentirait sans hésiter, et encore plus s’il avait lui-même pris part à l’enlèvement de la favorite. Mais pour Ferdinand, un interrogatoire n’était jamais complètement perdu : souvent l’interrogé laissait échapper une information, un début d’indice, une piste qui pouvait en apparence ne rien avoir à faire avec le sujet en question mais qui pouvait rediriger ses pas dans une direction qui s’avèrerait plus fructueuse. Et même si de cet interrogatoire il ne ressortait rien, le Fou ne voulait pas laisser passer une occasion de percer un peu plus l’épaisse coquille de mystère que s’était forgé son adversaire et qu’il voulait lui arracher pratiquement depuis l’instant de leur rencontre. Lorsqu’il lui avait demandé ce qu’il pensait de l’enlèvement, Ulrich s’était contenté de lui répondre :
« Que ce genre de mésaventures vous pend au nez dès l’instant où vous êtes assez proche d’un roi pour permettre à ses ennemis d’en profiter. C’est malheureusement le cas d’une favorite, il me semble. »
Mésaventure ? Ca alors, Ferdinand n’aurait jamais cru que Sola pouvait avoir le sens de l’humour. Plutôt noir certes, mais c’était déjà un bon début non ? Eut-il ajouté un demi-sourire pour agrémenter le tout, il aurait presque failli lui trouver une once de sympathie. Mais au vu des circonstances et sa mine aussi impassible aussi peu expressive qu’un caillou, il préféra rester sur ses positions. Il n'aimait pas Sola et Sola le lui rendait bien. Autant être sur un pied d’égalité, non ? Malheureusement Ferdinand avait plutôt tendance à être d’accord avec Sola sur ce coup. Les proches du roi n’étaient jamais à l’abri d’un coup de ses ennemis. Nous étions à une époque où tous les moyens étaient bons pour atteindre ses ennemis… Surtout les moyens les plus douloureux, les plus vils, les plus fourbes et les plus lâches. S’en prendre à une femme enceinte pour blesser Louis ? Un sourire sarcastique se dessina sur les lèvres de Ferdinand. Coup bien calculé, judicieux… Mais indubitablement, irrévocablement lâche. Les yeux du Fou suivirent les gestes de Sola alors qu’il s’emparait d’une coupe de champagne et croisa son regard alors qu’il se tournait de nouveau vers lui. Tout chez ce type ne lui inspirait que défiance et antipathie. S’il devinait que ces dames devaient s’extasier sur ces yeux verts au regard glacé, lui-même trouvait que c’était justement le plus bel indice de la dangerosité du baron. Cet homme avait la mort dans les yeux. Et ça ne lui disait rien de bon.
« Mais venons-en en fait baron. On vous a, je suppose, demandé de nous interroger. Que voulez-vous savoir ? »
C’était véritablement une partie d’escrime entre eux. Une joute où aucun des deux ne touchait jamais l’autre, ou en de très rares occasions –une, pour être exact. Dès que l’un faisait un pas en avant l’autre reculait, et vice versa sans qu’aucun coup de lame ne soit donné. Exercice admirable d’épuisement sur la longueur. Et ils étaient apparemment aussi endurants l’un que l’autre.
« Votre coopération me fait chaud au cœur, monsieur de Sola. » lança joyeusement Ferdinand en faisant mine d’écrire sur sa main avec un crayon invisible. « J’ai toujours trouvé ça très amusant de jouer les policiers en plus ! Alors dites-moi… » continua-t-il en adoptant un ton pincé très caricatural comment on pouvait en attendre de la part du Fou. « Qu’avez-vous fait cette semaine ? Où ? Avec qui ? Quelqu’un peut-il en témoigner ? »
Un bombardement de question mais il ne doutait pas un instant que Sola ne saurait y répondre.
« Et la plus amusante : avez-vous des soupçons sur quelqu’un en particulier ? » conclut-il avec le sourire d’un enfant qui s’amuse follement à jouer au policier…
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| | | François de Froulay
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| Sujet: Re: INTRIGUE : Un anniversaire à rebondissement 05.02.12 21:24 | |
| La soirée allait vraiment de mal en pis. Je me doutais bien que si jouer de son autorité face à une comédienne, aussi jolie et futée soit-elle, allait être chose plutôt aisée, garder la même assurance face aux grands, même sous couvert de mandat royal, allait être un peu plus compliqué. Pourtant, ce n’était ni un nom ni un titre, et encore moins une faveur – qui facilitait d’autant plus les trahisons car elle les couvrait – qui allaient m’empêcher de faire ce que j’avais à faire. C’était tout bonnement hors de question. Là où la charge l’imposait, l’honneur l’exigeait. Aussi, ce n’était pas sans quelque soulagement que je quittais la jeune comédienne de Monsieur Racine, et Racine lui-même qui semblait avoir décidé de jouer les offusqués. Il ne pouvait pourtant pas se permettre de perdre la faveur du roi, pour sa part et surtout pas en jouant les effarouchés. Bien que j’y répugne car, comme les trois quart de la cour, j’appréciais son œuvre que la mode m’avait fait découvrir, il m’avait fallu le moucher proprement en lui rappelant que nous ne faisions que notre travail, qui constituait, comme le sien, en le bon vouloir de Sa Majesté, mais dans d’autres domaines que celui de la plume. A celle-ci nous substituions l’épée.
Mais à choisir, j’aurais préféré rester en la compagnie de la Belle Iole plutôt que de devoir faire face au duc de Mortemart, qui, je m’en doutais par avance, ne me ferait pas de cadeau. Mais il fallait bien que quelqu’un s’en charge. Je pris donc congé de la jeune femme et de son maitre, courant presque – enfin, plus que presque – après le proche ami du roi, de manière à le rattraper avant qu’il ne se perde dans les méandres de la salle où l’ambiance de fête n’existait plus du tout et avait été largement remplacée par celle de la suspicion et de l’inquiétude. A croire que chacun était innocent mais pensait qu’on allait le déclarer coupable. Je doutais qu’on fasse la moindre arrestation ce soir, mais quand bien même, cela valait la peine d’essayer. Chacun essayait d’esquiver l’interrogatoire de routine sans vraiment se rendre compte que c’était ce qui les rendait les plus suspects. Aaaah les joies des enquêtes de routine où nous n’avions peut-être pas tant nos places, nous, soldats. C’était plus un travail d’unité de police que de corps armée en soi. Mais les ordres du roi ne se discutaient pas.
Quand je vie le regard de Mortemart à peine avais-je fini de me présenter, je sus que déjà, c’était fichu. Et la mimique accompagnée du profond soupir qui suivait ne firent que confirmer mes craintes déjà bien présentes. Je me mis automatiquement sur la défensive pour être préparé à toutes les éventualités possibles. Ca n’allait pas être triste…
-Le regret ne vous donne pas l’autorisation de vous immiscer dans mes affaires privées. Vous êtes maréchal des logis et devez donc le respect à votre supérieur.
S’il s’attendait à ce que je me mette au garde à vous, il allait être cruellement déçu car il en était hors de question. Pourtant, je sentais bien qu’il n’en avait pas fini avec ses remontrances aussi le laissai-je faire. Il serait toujours temps d’invoquer la raison d’Etat.
-De qui, monsieur, recevez-vous cet ordre ? Allez lui répondre que le duc de Vivonne refuse de livrer ainsi ses occupations personnelles. J’ose espérer que votre supérieur ne me soupçonne pas dans cette disparition.
-De Monsieur Alexandre d’Artagnan, Monseigneur, qui les tient lui-même du roi. Vous êtes peut être mon supérieur, Monsieur le Duc, mais seul Dieu est supérieur au roi, ses ordres prévalent donc. Et en tant que membre de son cercle le plus proche, vous conviendrez qu’il serait du dernier des ridicules de refuser de répondre à ces simples questions. Mais si vous préférez vous adresser en personne à Sa Majesté…
Pivotant d’un quart de tour, j’ouvris le bras pour lui désigner la direction qui lui permettrait de rejoindre Sa Majesté, tout en me doutant bien que je ne venais pas de me faire un ami. Pourquoi les gens sont-ils toujours autant insupportables lors qu’il s’agit de leur poser des questions ?
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| | | Invité
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| Sujet: Re: INTRIGUE : Un anniversaire à rebondissement 06.02.12 20:44 | |
| Racine… Déjà que le personnage en lui-même l’insupportait alors s’il se permettait, en plus, de faire le mariole et la tête brûlée face à toute la Cour avec sa nouvelle pièce, il était donc facile de deviner quel était le sentiment de Lully à l’égard du jeune dramaturge. Tenu par l’étiquette, il applaudit à peine à la fin de la pièce, vrillant un regard noir sur le créateur de cet immondice de grossièretés et le jugement du Roi ne se fit pas attendre, le réjouissant quelque peu, le compositeur adressa donc un signe à son orchestre pour qu’il se remette à jouer. D’après le programme, son cher ami Molière passerait plus tard et Lully avait pu lire ce qu’il comptait présenter. Le protégé de Monsieur aurait plus de chances de plaire à Louis que celui de son épouse. Les minutes s’écoulèrent, l’italien écoutait d’une oreille attentive la musique qu’il avait spécialement composée pour la soirée, cherchant le moindre faux pas mais ses musiciens étaient les meilleurs du royaume, entraînés par le compositeur le plus acharné et perfectionniste donc il y avait une petite chance pour qu’il puisse profiter un tantinet des festivités.
De loin, il vit de Comborn se dirigeait vers le Roi Soleil l’air affolé et désespéré. Soupirant d’exaspération et riant légèrement en son for intérieur en pensant à Monsieur qui devait avoir envie de se pendre vu la tournure des évènements, Jean-Baptiste reposa son verre, avisa Sofia qui renversait le sien sur Contarini et commença à s’éloigner vers la sortie, avant que le reste des invités ne se rende compte de la situation, jusqu’à ce que les hauts cris de Monsieur ne l’interpellent. Aïe… qui avait eu la malchance d’avoir froissé le Prince ? Relevant la tête, le compositeur comprit rapidement pourquoi Philippe était aussi agacé : Colbert se tenait face à lui. Croisant les bras sur son torse et se rapprochant discrètement pour ne pas rater une miette de l’énième humiliation que le comptable subirait, Lully arborait son léger sourire forcé puis décida de finalement prendre la poudre d’escampette.
Mais c’était sans compter les ordres qu’avaient reçu les mousquetaires et les deux fidèles acolytes de Sa Majesté. Quitte à être interrogé, autant que le Fou se charge de son cas, ce serait vite expédié avec l’avarice de mots dont l’italien était partisan. Se faisant appréhendé par quelqu’un dans son dos, le florentin se retourna, un sourcil haussé d’un air ennuyé, comme à son habitude.« - Ne vous fatiguez pas à poser une question dont vous connaissez la réponse, Monsieur. J’étais dans mon manoir, trop occupé par la musique de cette soirée catastrophique que par les complots qui règnent par milliards dans ce nid de vipères. Vous désirez savoir autre chose ou je peux m’en aller ?» Bien sûr, n’étant pas un intriguant et étant, habituellement, très peu intéressé par les affaires de la Cour, Lully aurait pu rentrer chez lui ce soir mais cette fois, il apporterait son soutien à son Roi et dès cet interrogatoire, tout à fait inutile, terminé, il rejoindrait Louis pour tirer cette histoire au clair. Bien sûr, au vu de leur ancienne relation, il aurait probablement plus normal qu’il retrouve Monsieur, mais ce dernier était bien entouré avec ses mignons. Il n’y avait donc aucun souci à se faire quant à son moral. Comme à son habitude lorsqu’il était agacé et contrarié, le Prince enverrait valser quelques assiettes et autres vases qui encombraient ses appartements. Ce ne serait qu’un ménage de printemps avant l’heure.[H.S: et hop, le Papy est de nouveau dans la course ] |
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| Sujet: Re: INTRIGUE : Un anniversaire à rebondissement 07.02.12 11:10 | |
| Vivonne ne s’étouffait généralement pas d’orgueil, mais il savait faire appel à lui bien naturellement lorsque la raison l’invoquait. Et ce jour-là, face à ce freluquet de maréchal des logis, c’était le commandant, le capitaine de vaisseau, le militaire qui avait resurgit, et avec lui tout l’orgueil que lui donnait son rang. Susceptibilité militaire ? Très certainement si l’on observait le regard froid et hautain du duc, pourtant peu habituel dans ces prunelles toujours souriantes. C’en était même détonnant mais Louis était particulièrement agacé de se sentir suspecté de crime de lèse-majesté, la pire horreur à ses yeux. L’enlèvement d’Amy, proche d’Antoinette, l’avait quelque peu bouleversé, plus qu’il ne le montrait.
Mais livrer ses occupations privées – qui pouvaient toucher directement Bianca, le roi, une taverne le soir à Paris et d’autres réjouissances peu avouables pour un homme de sa condition – ne faisait pas partie de ses prérogatives. Les livrer à un subordonné révulsait simplement l’officier qu’il était. -De Monsieur Alexandre d’Artagnan, Monseigneur, qui les tient lui-même du roi. Vous êtes peut être mon supérieur, Monsieur le Duc, mais seul Dieu est supérieur au roi, ses ordres prévalent donc. Et en tant que membre de son cercle le plus proche, vous conviendrez qu’il serait du dernier des ridicules de refuser de répondre à ces simples questions. Mais si vous préférez vous adresser en personne à Sa Majesté…
Louis manqua de s’étouffer lorsque le jeune homme se décala en tendant le bras comme une porte ouverte. Voir le roi ? En ce jour ? Maintenant ? Le lendemain d’une soirée lors de laquelle il avait traîné le roi dans une taverne ? Il se contint toutefois, toussotant légèrement à la proposition scandaleuse du mousquetaire. -Si Dieu est supérieur au roi, alors je préfère m’adresser à lui directement, maréchal des logis. Et faisant partie du cercle proche de sa majesté, comme vous le dites, je pense être exempté de répondre à ces questions relevant de mon privé, assena-t-il pourtant déstabilisé.
Il fronça le nez devant le bras encore tendu du mousquetaire et avisa au loin la silhouette du roi tournée vers lu. L’observait-il ? Songeait-il que son plus vieil et proche ami l’avait trahi ? Etait-ce une manière de faire plier ceux qui s’imaginaient assez grands pour se soustraire à cela ? En un regard vers le roi, Vivonne compris que son exemple pouvait servir les intérêts royaux. Lâchant un soupir las, il se retourna vers Froulay en levant les mains en signe de défaite. Mieux valait parler à Froulay que d’aller voir le roi ce jour-là…il craignait quelques remarques acides sur la soirée de la veille et à la seule pensée de l’humeur royale, il se résigna. -Baste, souffla-t-il ennuyé. Je ne peux désobéir à un roi qui m’appelle son ami, dit-il en soulignant ces derniers mots comme pour garder un ascendant sur le mousquetaire. Que voulez-vous savoir ? Mes occupations ces derniers jours ? De nombreux témoins peuvent signaler ma présence à la cour, cela devrait vous suffire. Et je vous serai gré de laisser la duchesse de Vivonne loin de cela, ajouta-t-il d’une voix plus ferme, réellement soucieux de l’impact d’une telle nouvelle sur Antoinette, proche de la favorite.
Il jeta un dernier regard froid, doutant de la suffisance de sa réponse. -Cela sera tout ?
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| | | François de Froulay
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| Sujet: Re: INTRIGUE : Un anniversaire à rebondissement 12.02.12 11:44 | |
| C’était du bluff, bien sûr. Un énorme bluff. Jamais je n’aurais eus le cran de faire face au roi comme ça et de lui expliquer ce qu’il se passait, bien évidemment. Mais il fallait bien tenter de jouer au tout pour le tout. J’avais une chance sur deux que cela fonctionne. Des menaces et des mensonges… Une manière comme une autre de mener son enquête le mieux que l’on pouvait. Je n’étais pas un habitué des choses de polices pourtant. Monsieur de la Reynie serait surement bien plus efficace que nous dans ce domaine, si sa juridiction ne s’arrêtait pas à la seule ville de Paris. Si ce que nous faisions à l’instant précis n’était que gratter en surface, je ne doutais pas que Sa Majesté ferait appel à des gens bien plus compétents que de simples soldats qui n’étaient là que pour assurer sa protection. Il n’y a rien de mieux en ce moment qu’un espion pour enquêter. Je n’étais pas certain d’ailleurs que les informations que nous allions recueillir allaient servir à quelque chose, mais quand bien même, peut-être ces messieurs – et dames – agissant secrètement pour le roi y verraient plus de choses que nous… Il ne fallait rien laisser au hasard… Le visage du duc, quand j’avais mentionné le roi, s’était un instant troublé. Chose qui me paraissait bien étonnante venant d’un homme de sa condition et de sa lignée. On ne pense jamais que les grands peuvent avoir des faiblesses et des états d’âmes. Mais si son amitié avec le roi était en péril, ce n’était pas là mes affaires, sauf si cela l’avait conduit à commettre des actions à l’encontre de la Duchesse de Guyenne, ce que j’aurais grandement du mal à souffrir, il me fallait bien l’avouer. Elle avait été si bonne avec moi que je ne pouvais pas m’imaginer la laissant ainsi en proie à je ne sais quelle manigance. Bien que je doute très sincèrement que je puisse faire quoi que ce soit seul, et dans les conditions présentes, cela aurait été bien trop présomptueux de ma part. J’essayais pour le moment de faire céder le duc, ce qui n’était pas une mince affaire pour autant. Il était si sûr de lui et de son immunité… Il me fallait jouer serrer si je ne voulais pas me faire tirer les bretelles par mes supérieurs d’ici la levée du jour… C’était légèrement compliqué. Voilà pourquoi j’avais bluffé en désignant le roi. Heureusement pour moi, il n’accepta pas. -Si Dieu est supérieur au roi, alors je préfère m’adresser à lui directement, maréchal des logis. Et faisant partie du cercle proche de sa majesté, comme vous le dites, je pense être exempté de répondre à ces questions relevant de mon privé. Si les paroles étaient franchement glaciales, le ton lui, ne semblait pas vraiment convaincu. J’attendis pourtant, sentant qu’il n’en avait pas fini avec moi. Le tout était de savoir si l’argument avait fait mouche ou pas. Et n’étant sûr de rien je préférai attendre qu’il reprenne la parole. -Baste. Je ne peux désobéir à un roi qui m’appelle son ami. Que voulez-vous savoir ? Mes occupations ces derniers jours ? De nombreux témoins peuvent signaler ma présence à la cour, cela devrait vous suffire. Et je vous serai gré de laisser la duchesse de Vivonne loin de cela. J’inclinais la tête, satisfait mais non arrogant, prenant bonne note des allégations du duc. -Je puis vous assurer que la duchesse ne sera pas inquiétée, monseigneur.
-Cela sera tout ?
-Oui, monseigneur, je vous remercie du temps que vous m’avez accordé. Et après un salut, je pris congé. D’autres occupations risquaient de m’appeler. FIN DE L’INTRIGUE POUR FRANCOIS |
| | | Francesco Contarini
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| Sujet: Re: INTRIGUE : Un anniversaire à rebondissement 14.02.12 18:45 | |
| « Oh la pauvre demoiselle !
Alors qu'une jeune femme venait de tomber auprès d'eux, Sofia s'empressa de lui venir en aide tandis que le vénitien en profita pour admirer son...
-Et vous, il serait trop difficile de vous pencher ! Lança alors sa fiancée d'antan sur un ton acide, le sortant de ses rêveries lubriques.
-Veuillez m'excuser j'avais la tête ailleurs, répondit Francesco tout sourire à la brune avant de porter son attention sur la pauvre enfant surement victime de la hauteur de ses talons. Et bien, heureusement qu'une âme douce et serviable se trouvait tout près ! S'exclama-t-il en insistant bien sur ces deux adjectifs à l'intention de Sofia. Vous voilà sauvez !
La jolie blonde semblait perdue et n'osait pas regarder Francesco, terriblement gênée. Par ce comportement, le jeune homme sentit immédiatement que la pauvre enfant n'était pas une demoiselle de grande noblesse mais ces jolies traits l'excusaient grandement aux yeux du passionné des apparences qu'il était. Il n'assouvira certainement pas de bas instinct avec cette jeune femme mais il pourrait tout de même la mener par le bout du nez juste pour le plaisir de la voir se perdre en chemin. Il n'avait que faire du mal qu'il pouvait infliger, cela ne le concernait en rien. Il accorda un baise main à la demoiselle après lui avoir demandé son nom puis la quitta pour rejoindre Sofia qui écoutait avec attention les vers audacieux de Racine. Mais en cet instant, il n'avait que faire de la littérature et de ces poésies... Une autre jeune femme apparut de nulle part et bouscula la princesse Farnèse qui laissa s'échapper (par mégarde ou non...?) le contenu de sa coupe de champagne qui vint décorer d'une grande tache la veste immaculée de l'italien. Durant quelques minutes, Francesco resta interdit devant le spectacle de ses vêtements souillés. Il jeta un regard assassin à la jeune femme qui ne prit pas la peine de s'excuser et qui accourait auprès du Roi. Saleté de paysanne ! Il remarqua l'amusement de sa fiancée d'autrefois et prit le parti de pas exprimer pleinement son mécontentement...C'est à cela qu'on reconnait les princes après tout. Non ? Avec souplesse il enleva sa veste tachée par le champagne et la tendit à son valet Paolo qui accourut comme l'éclair.
"Vas m'en chercher une autre, pronto !
-Excusez mon impolitesse, signore, répondit le serviteur avec difficulté. Mais il y a des mousquetaires qui viennent de boucler la sortie"
Francesco jeta alors un regard surpris et scandalisé à son homme à tout faire et lança sèchement avec un geste vif de la main.
"Et bien je ne sais pas, moi ! Vole, séduit un garde ou creuse un tunnel avec tes dents ? Cela n'est pas mon problème, idiota !"
Le valet devint rouge pivoine devant la réplique de son maître, il le salua rapidement avant de disparaitre dans la foule versaillaise avec la veste maculée. Reportant son attention sur Sofia, elle lui jeta un air dédaigneux tandis que lui prit l'expression comme une invitation aux conversations piquantes.
"Ce que vous pouvez être belle lorsque vous êtes en colère ! On en redemanderais presque ! Dit-il sur un ton mutin murmurant ses mots au creux de l'oreille de la jeune femme.
C'est alors qu'un frisson parcourut toute l'assemblée. Amy of Leeds, la favorite du Roi venait d'être enlevée ! Sans qu'il ne puisse le prévoir, Sofia vint s'accrocher à son bras à l'annonce de cette terrible nouvelle. Fier d'un aussi agréable retournement de situation, Francesco bomba le torse et caressa doucement la main de la belle italienne qui s'écarta aussitôt.
« Ne croyez pas que je voulais rester près de vous ! » Elle voulut finir sa coupe, mais il n'en restait qu'un fond. Son regard vers la tâche de champagne. « Quel dommage, un si bon champagne gâché … Enfin vous pourrez jeter cette veste immonde. »
-Je vois qu'avec le temps vos goûts sont toujours restés aussi mauvais en matière d'art et de mode, gloussa Francesco, imperturbable. C'est français, mettez vous donc à la page, ma chère.
Puis un mousquetaire vint jusqu'à eux. Il devait interroger Sofia et avant de quitter Francesco, elle lui adressa une dernière remarque.
« Au déplaisir de vous recroiser, Monsieur. »
Il salua la jeune femme d'un signe de tête accompagné d'un sourire hypocrite puis l'observa quelques instants encore alors qu'il discutait distraitement avec quelques courtisans. Méfiant de ce que pourrait faire la jeune Farnèse, il prêta une oreille attentive aux propos de la belle italienne. Il n'entendait pas les questions du mousquetaire qui lui tournait le dos contrairement à la voix de Sofia, haut perchée et pas toujours discrète.
"S'il y en a un que vous devriez interroger, c'est l'ambassadeur Contarini. Cet homme est étrange, je le connais assez pour vous dire qu'il mène des activités peu catholiques. »
Ah ! La garce ! Cette vipera était prête à tout pour assouvir sa colère d'un mariage frustré et compromis ! Ne pouvait-elle donc pas oublier ? Francesco l'avait bien fait, lui !...Mais tout de même ce qu'elle était mignonne lorsqu'elle voulait lui nuire ! Se dit le vénitien. Il y voyait les caprices d'une poupée qui jouait à un jeu. Qu'elle s'amuse ! Pensa Francesco. Ce n'est certainement pas cette princesse caractérielle qui le ferait tomber ! Il but une gorgée de champagne et attendit qu'un mousquetaire vienne fouiner dans ses affaires. Il n'était vraiment pas inquiet !
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| Sujet: Re: INTRIGUE : Un anniversaire à rebondissement 15.02.12 21:51 | |
| Au regard que lui lança d’abord la princesse italienne, Elodie n’eut aucun mal à comprendre qu’elle se sentait profondément offusquée qu’on daigne l’interroger au même titre que n’importe quel convive. Fait qui, elle n’avait pas même besoin d’observer le reste des interrogés pour en être certaines, n’était certainement pas propre à Sofia di Parma, chacun se pensant potentiellement et de par sa grandeur exempté de la moindre question. Hélas, ainsi en était-il de l’orgueil des Grands, et Elodie n’eut qu’à se laisser aller à observer un instant la façon dont François venait de se faire rabrouer par le duc de Mortemart pour illustrer ces quelques pensées. Elle ne s’attarda pas, néanmoins, la princesse étant maintenant face à elle et la vision du duc lui rappelant l’énormité de leur rencontre de la veille. Le roi et son plus proche ami, dans une taverne ? Saisie d’un retour de rire, elle se mordit les joues, puis en revint à son interlocutrice, un drôle de sourire aux lèvres.
« Mademoiselle, s’il vous plaît, corrigea-t-elle une fois la question concernant ses activités posée. D’un signe de tête, Elodie s’excusa. Ces trois derniers jours... J'étais entre chez moi et Versailles. Mon chaperon, signor Alvisi, se fait interroger par votre collègue, il pourra témoigner. Et à Versailles, il y a assez de monde qui pourra vous le dire ! S'il y en a un que vous devriez interroger, c'est l'ambassadeur Contarini. Cet homme est étrange, je le connais assez pour vous dire qu'il mène des activités peu catholiques. » Aux dernières paroles de l’italienne, le mousquetaire eut une moue, sans toutefois suivre le regard de cette dernière en direction de l’ambassadeur. Celui-ci, elle le devinait dans son dos, s’était rapproché et avait sans doute put entendre une partie de la conversation. Ce qu’il y avait d’amusant, avec ces interrogatoires, c’était qu’ils auraient tous l’occasion de voir qui avaient de comptes à régler, et avec lequel des nombreux courtisans qui hantaient Versailles. Elle ne croyait pas un instant que ces questions donneraient un résultat valable… mais au moins, ils auraient de quoi rire. « Et vous monsieur, pouvez-vous me dire votre charmant nom ? demanda soudain mademoiselle Farnèse, coupant ainsi Elodie qui s’apprêtait à reprendre la parole. » L’espace d’un instant, elle dévisagea la princesse, ne manquant en rien son sourire… enjôleur. Seigneur. Fallait-il qu’une femme se mette à lui faire la cour, maintenant ? Réprimant une moue, elle porta rapidement la main à son feutre. « Nicolas de Ruzé, mademoiselle, pour vous servir, répondit-elle fièrement tout en veillant à ce que personne d’autre ne puisse l’entendre. » A ses lèvres, un petit sourire en coin. L’on se vengeait comme on le pouvait, après tout. Et d’ailleurs, au regard de la demoiselle qui se trouvait face à elle, Elodie n’était pas même certaine qu’il s’agisse là d’une bien difficile vengeance, mais elle gardait assez de rancune pour à Ruzé quant à leur dernière rencontre pour se laisser aller à cette petite bassesse. « Bien… je suppose que je n’ai pas besoin de plus vous interroger sur les personnes que vous pourriez trouver suspecte ? reprit-elle. A moins que vous ayez d’autres noms à me donner, nous en avons terminé, mademoiselle Farnèse. »
La réponse obtenue, elle adressa un galant salut à la princesse, puis tourna les talons pour revenir vers l’ambassadeur qu’elle avait déjà salué en coupant sa conversation avec Sofia di Parma. « A nous deux, signor Contarini, je vous prie, fit-elle avec un petit sourire. Quels griefs pouvait bien avoir l’italienne contre le vénitien ? Voilà qui animait sa curiosité. Pouvez-vous me donner votre emploi du temps de ces trois derniers jours ? »
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| Sujet: Re: INTRIGUE : Un anniversaire à rebondissement 15.02.12 23:53 | |
| Même la tête baissée, Éris continuait à fixer les chaussures de son inconnu. Elle ne pouvait détacher son regard de lui. Peu importe de quelle partie de lui. Et Dieu que ses pieds étaient magnifiques. Éris n'aurait jamais cru pouvoir trouver des pieds beaux. Mais les siens l'étaient. Y avait-il réellement quelque chose qui n'était pas sublime dans cet homme? La jeune comédienne en doutait fortement. Mais avant qu'elle n'ait pu faire un geste pour se remettre en état digne de son environnement, la jeune femme qui parlait avec son inconnu s'était déjà penchée pour l'aider à se redresser. Elle était aussi gentille que belle. Par contre, le ton qu'elle utilisa pour parler à son interlocuteur l'emballa autant qu'il la déçut. Elle aurait cru cette femme noble un ange, mais elle était capable de méchanceté. Cependant, le ton qu'elle employa envers Lui... Ils n'étaient donc pas amoureux, ils se détestaient peut-être! Un espoir s'enflamma dans la poitrine d'Éris, alors qu'il l'aida à la relever. Lui. Il la touchait. Comment cela pouvait être possible? Éris sentit des milliers de flambeaux s'allumer sous son épiderme à un seul toucher de cet homme. Et il lui demandait son nom! Il s'intéressait à elle! Il savait qu'elle existait!
Relevant son regard vers son visage, Éris ne le laissa qu'un instant, comme brûlée par la lumière de ses yeux, par la splendeur de son sourire. Rebaissant rapidement le regard à son torse, elle observa minutieusement les détails de son costume. Les joues rouges, elle finit enfin par rassembler assez de courage pour aligner son prénom et son nom de famille.
-Éris d'Orival, monsieur, balbutia-t-elle avec beaucoup de difficulté, en un souffle.
Dieu comment se faisait-il que parler en sa présence, que respirer en sa présence, que de vivre en sa présence était si difficile? Quelle était cette sensation folle qui montait dans son ventre, qui brûlait ses poumons et qui empourprait ses joues? Oh! Seigneur! Éris le regard, yeux pétillants, lorsqu'il prit sa main pour la baiser. Puis, il s'éloigna. Autant elle était triste qu'il s'éloigne d'elle, autant elle était contente de ne pas s'être évanouie en plein milieu du théâtre. Éris resta rêveusement à fixer son dos pendant quelques secondes, avant de se rappeler où elle était. Et qui y était avec elle.
Rapidement, elle se retourna. Racine la fixait. Malheur! Damnation! Ces yeux n'indiquaient rien de bon. Vraiment rien de bon. Collant les paumes de ses mains l'une contre l'autre, elle joignit ses index contre ses lèvres , puis inclina la tête, docilement, en direction de Racine. Les comédiens se succédaient déjà sur scène. Ce serait bientôt à elle. Lançant un regard dévasté à son protecteur, elle se retourna et marcha aussi rapidement que lui permettait son lourd costume de scène. Elle était folle ou quoi? Elle venait de se discréditer totalement devant son protecteur, la seule personne qu'elle avait au monde, la seule personne qui lui portait un peu d'affection... Et idiote! Elle n'avait même pas pu demander le nom de l'illustre inconnu dont elle rêvait. Remontant dans les coulisses, elle retirait quelques brindilles de ses longs cheveux quand la nouvelle éclata. La favorite enlevée! Et cela dit par Iole. La panique prit dans les coulisses et tout ce à quoi Éris pensa était Racine. Il saurait quoi faire!
Sortant en catastrophe des coulisses, Éris se fit arrêter par un mousquetaire. De rose, elle passa au blanc. Quoi? On la soupçonnait? Mais il fallait être fou pour croire qu'elle avait quelque chose à voir dans cette histoire! Elle faillit s'offusquer, mais elle se souvint des avertissements de son cher Jean. Il fallait absolument qu'elle fasse profil bas. Et ce n'était pas en criant contre un mousquetaire du roi qu'elle arrangerait son cas. Docile, elle suivit le mousquetaire, qui serrait fortement son bras, et dont l'air sévère la terrifiait. Elle se tordait les doigts de peur.
-Les derniers jours?... Je...
Que pouvait-elle dire? Qu'elle les avait passé à suivre cet inconnu partout où elle pouvait à Versailles? Qu'elle ne se souvenait plus du tout de ce qu'elle avait fait jeudi? En fait, oui, elle se souvenait vaguement d'un travail de couture, mais rien de plus. Mais elle ne pouvait dire tout cela à un mousquetaire.
-Je répétais la pièce avec la troupe. J'ai passé toutes les journées et les soirs avec monsieur Racine, c'est mon protecteur, voyez-vous? Je suis sous sa tutelle. Il pourra confirmer que j'ai toujours été à ses côtés.
Elle baissa la tête, au bord des larmes, effrayée par le mousquetaire. Elle avait mal à la tête, elle voulait entrer six pieds sous terre. Elle s'était humilié devant son bel inconnu, elle avait humilié Racine, qui avait confiance en elle, elle s'était ridiculisée devant toute la Cour et elle était maintenant soupçonnée de l'enlèvement de la favorite. C'était trop pour la pauvre Éris, qui n'avait pas une grande expérience du cannibalisme à la Versaillaise. Relevant ses grands yeux humides vers le mousquetaire, elle pria Dieu pour un peu de clémence.
-Je n'ai même jamais vu la favorite, monsieur. S'il vous plaît, laissez-moi partir.
Elle tremblait. Et elle ne voulait que retrouver Jean. Il la réconforterait... En fait, il l'aurait réconfortée si elle ne l'avait pas humilié. Elle se mordit la lèvre pour s'empêcher de fondre en larmes. Elle n'était définitivement pas faite pour ce monde, peu importe ce qu'elle croyait... |
| | | Sofia Farnèse
« s i . v e r s a i l l e s »Côté Coeur: Je l'ai fermé par sa faute. Seul lui pourrait le rouvrir un jour ...Côté Lit: Je ne suis pas de celles qui se couchent pour un sourire. A peine pour un diamant, mais souvent pour la passion.Discours royal:
♈ LA BELLA FARNESE ♈ Più bella cosa non c'è
► Âge : 24 ans
► Titre : Princesse Farnèse, Princesse Chimay par mariage
► Missives : 1402
► Date d'inscription : 03/09/2011
| Sujet: Re: INTRIGUE : Un anniversaire à rebondissement 22.02.12 18:08 | |
| Ce qu'il pouvait être énervant ! Francesco s'amusait du caractère de Sofia et même en redemandait. La main de Sofia la démangeait, elle aurait bien voulu lui mettre une gifle monumentale mais se retint, pas à l'anniversaire du Roi, cela ferait désordre ! Elle avait au moins la maigre consolation que son champagne ait tâché la veste de son ancien fiancé. Et elle plaignait le pauvre serviteur qui était traité comme un chien. C'était l'hôpital qui se moquait de la charité, certes !
« Je vois qu'avec le temps vos goûts sont toujours restés aussi mauvais en matière d'art et de mode. C'est français, mettez vous donc à la page, ma chère. » « C'est aussi français, que votre mal. »
Ce qu'on appelait vice italien à la Cour de France se nommait mal français presque partout ailleurs, surtout dans les royaumes italiens, étrangement ! Et puisque tout était bon pour lancer une pique à Francesco, la jeune femme prenait chaque mot à la volée pour le retourner contre son ennemi. Ennemi qu'il fallut quitter, avec grand plaisir même. Ce charmant mousquetaire devait l'interroger sur ce qu'elle avait fait les trois derniers jours. Même si elle trouvait la question bien stupide – il y a des personnes dont on remarque l'absence car ils sont des piliers de château – elle y répondit tout sourire aux lèvres.
Elle s'était fait une promesse, arrêter les amants, du moins les limiter à l'extrême minimum. Il n'y en avait qu'un pour l'instant, le baron de Sola se trouvait à quelques mètres de là, lui aussi se faisait interroger. Mais revenons à ce charmant mousquetaire auquel Sofia avait demandé le nom.
« Nicolas de Ruzé, mademoiselle, pour vous servir. » « Monsieur de Ruzé, il est un plaisir de faire votre connaissance. » répondit-elle, toujours enjôleuse. « Bien… je suppose que je n’ai pas besoin de plus vous interroger sur les personnes que vous pourriez trouver suspecte ? A moins que vous ayez d’autres noms à me donner, nous en avons terminé, mademoiselle Farnèse. » « Je vous aurais bien dit des dizaines de noms, juste pour avoir le plaisir de vous faire la conversation, mais je ne veux pas vous perturber dans votre travail. Vous avez des méchants garçons à interroger. elle jeta un coup d'oeil à Francesco pour appuyer ses dires avant de faire un petit signe de tête à celui qui s'appelait – du moins le croyait-elle – Nicolas de Ruzé. Au plaisir de vous revoir, monsieur de Ruzé. »
Après lui avoir fait un large sourire, Sofia quittait la grotte de Téthys pour se rendre à son carrosse et rentrer à son hôtel particulier. Quel drôle d'anniversaire, gâché par tant de choses, pour le Roi comme pour elle ….
Fin pour Sofia |
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| Sujet: Re: INTRIGUE : Un anniversaire à rebondissement 24.02.12 17:53 | |
| Il n’y avait rien, pas la moindre bribe d’information qui puisse rendre Ulrich suspect de quoi que ce soit. Tout ce qu’il avait à voir avec l’enlèvement de la favorite se réduisait à ce qu’il en savait, et à son appartenance au complot. Il aurait été idiot de se croire au-dessus de tout soupçons – et là n’était pas l’intention du danois – mais l’on pourrait le suspecter de ce que l’on voudrait, Ulrich, faute de preuve, était pour l’heure blanc comme neige. Quelle ironie. Le Fou se doutait-il de ce pied de nez fait à la réalité ? Peut-être. Le tueur pensait pouvoir se targuer de l’avoir assez bien rudoyé lors de leur dernière rencontre pour lui donner au moins une raison de se méfier. Mais, et sans doute était-ce là ce qu’il y avait de plus drôle, si d’Anglerays le soupçonnait bel et bien, il ne pouvait savoir de quoi. Or au jeu des fausses pistes, Ulrich avait son petit talent – bien qu’il ne doutât pas un instant avoir face à lui un adversaire digne de ce nom.
« Votre coopération me fait chaud au cœur, monsieur de Sola, lança le baron. J’ai toujours trouvé ça très amusant de jouer les policiers en plus ! » A ces mots, un rictus presque fataliste étira les lèvres du danois. Cet homme était définitivement diablement doué lorsqu’il s’agissait de faire le Fou. A tel point que son méfiant interlocuteur se demandait encore parfois s’il jouait le masque où s’il n’était finalement réellement ce qu’il avait l’air d’être. Sa position de proche du roi le rendait, certes, assez important pour être l’un de ceux avec lesquels il fallait compter, mais rien n’était moins certains que la place qu’il occupait réellement. Belle joute, définitivement, que cet étrange duo d’ennemis se cherchant sans jamais se trouver. « Amusez-vous, baron, mais amusez-vous vite, répondit finalement Ulrich. » Il avait vu ce qu’il voulait voir : la panique créée par la nouvelle de l’enlèvement, et l’effet que la nouvelle avait eu sur le roi. Maintenant, l’homme peu friand des mondanités qu’il était n’aurait pas été fâché de pouvoir regagner son antre.
« Qu’avez-vous fait cette semaine ? Où ? Avec qui ? Quelqu’un peut-il en témoigner ? interrogea alors d’Anglerays en singeant le policier. Et la plus amusante : avez-vous des soupçons sur quelqu’un en particulier ? » A nouveau, Ulrich eut un sourire. Appuyé contre sa colonne, il porta son verre à ses lèvres avant de répondre, faisant mine de réfléchir. Ce qu’il avait cette semaine ? Deux meurtres, pour le compte de Valois. Il avait également envoyé une lettre à l’usurpateur, et s’était rendu chez Contarini pour parler affaires. Entre autres. « Eh bien… j’ai passé peu de temps à la Cour. Je suis resté chez moi, ou alors à Paris, lâcha-t-il avec flegme. J’ai eu quelques conversations avec l’ambassadeur de Venise, ainsi que la princesse Farnèse qui sont, je crois, en train de se faire interroger eux aussi. J’ai aussi croisé monsieur de Treil… il vous le dira avec plaisir je crois. » Avec plaisir… ou non. Mais avoir eut un échange un peu musclé avec un mousquetaire décidément incapable de se défendre ne faisait pas de lui un suspect – d’autant qu’il savait ce dernier incapable de dire quoi que ce soit contre lui, de peur des représailles. « Rien que de très habituel, en somme, ajouta-t-il. Quant à votre seconde question… je vous aurais bien dénoncé comme suspect, d’Anglerays, si vous n’étiez pas aussi fou. »
Là-dessus, il acheva son verre. Il n’avait personne à dénoncer, et fréquentait assez peu la Cour pour être pardonné à ce sujet. « Maintenant, si vous en avez terminé… Au plaisir, baron. » Et d’un geste, il salua son adversaire. Dans une partie, il s’agissait de ne pas manquer sa sortie.
Fin pour Ulrich.
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| Sujet: Re: INTRIGUE : Un anniversaire à rebondissement 04.03.12 15:28 | |
| Parfois, il fallait savoir reconnaître une défaite ou un match nul quand on y faisait face. Ce jour-là semblait faire partie de ces jours où il fallait savoir mettre sa fierté de côté pour mieux rebondir par la suite, et Ferdinand savait admettre quand la partie ne valait pas la peine d’être poursuivie. Il ne s’était pas le moins du monde attendu à ce qu’Amy soit enlevée, ni à devoir organiser un interrogatoire improvisé avec ce bon Colbert. Qui que soient ces adversaires mystérieux qui leur échappaient encore, à lui et ses collègues, ils avaient eu l’avantage de la surprise… Il fallait savoir se montrer beau joueur. Voilà ce que se disait le Fou en écoutant les réponses pour le moins évasives du danois. Deux hypothèses étaient naturellement venues à son esprit : soit Sola n’avait rien à voir avec tout ça et il était alors inutile de poursuivre l’entretien, soit… Il y était effectivement mêlé et avait eu le temps de préparer soigneusement sa couverture. Dans un cas comme dans l’autre, insister ne servirait à rien, et il n’apprendrait sûrement rien venant de lui. Il était d’ailleurs persuadé que personne n’apprendrait rien avant d’avoir pu mener une enquête digne de ce nom, mais il fallait bien tenter sa chance et aussi sauver les apparences… Ne laissant rien paraître de ses réflexions face à son ennemi, Ferdinand continua de jouer son rôle de clown imitateur en faisant semblant de prendre des notes sur la paume de sa main tout en enregistrant ces informations dans son cerveau. Une petite visite à de Treil pourrait être utile, bien que pour le moment il en doutât.
« Quant à votre seconde question… je vous aurais bien dénoncé comme suspect, d’Anglerays, si vous n’étiez pas aussi fou. » Un sourire sarcastique étira les lèvres du Fou. « Mordious, serait-ce là une tentative d’humour ? Félicitations mon cher, je salue votre bel effort. » « Maintenant, si vous en avez terminé… Au plaisir, baron. »
Ferdinand ne répondit pas, se contentant de lui faire une révérence tellement exagérée qu’elle tenait plus de la franche provocation qu’autre chose, puis il regarda pensivement son adversaire du jour s’éloigner. A le revoyure, cher baron, la partie est loin d’être finie ! songea-t-il en faisant semblant de ranger sa plume à écrire bien que Sola ne soit plus là pour le voir. Se retournant, son regard tomba sur Racine qui, l’air dépité, regardait alternativement Blandine et François de Froulay qui s’éloignait d’eux. En voilà deux qui n’en menaient pas large, tiens ! Et vu le regard de Racine, s’il n’intervenait pas très vite, la pauvre Blandine n’allait pas tarder à en prendre pour son grade… C’est donc un Ferdinand plein de bonne humeur et de bonne volonté qui les rejoignit en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire et donna une tape amicale sur l’épaule du tragédien.
« Allons allons, pourquoi ces mines de déterrés tous les deux ? Moi je l’ai trouvée très drôle, cette tirade ! Osée… Mais drôle ! » Lançant un regard à Blandine, il ajouta : « Allez la belle, vous avez déjà été interrogée, filez donc que je puisse m’occuper de votre maître ! »
Lui dédiant un clin d’œil alors que Racine ne regardait pas, il entraîna son pauvre ami à l’écart et attrapa un verre de vin qu’il lui tendit. Vu la tête qu’il faisait, un remontant ne lui ferait pas de mal !
« Allons Racine, qu’est-ce que c’était que cette farce que vous nous avez servie ? Si vous vouliez vous moquer de quelqu’un, il fallait me demander, c’était moins risqué… » fit-il remarquer à moitié sérieux, bien désireux de comprendre ce qui avait pu se passer dans la tête de l’écrivain… Ou ailleurs.
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