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| Arturo Bonaventura ⌘ Il ℛapinatore | |
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Arturo Bonaventura
► Âge : 36 ans
► Titre : Voleur, faussaire & faux noble vénitien
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► Date d'inscription : 22/09/2016
| Sujet: Arturo Bonaventura ⌘ Il ℛapinatore 22.09.16 15:02 | |
| Arturo Bonaventura (JAMES THIERRÉE) 36 ans ♔ Voleur, faussaire, faux noble vénitien ♔ Napolitain ♔ Célibataire ♔ Catholique ♔ Bisexuel ♔ Sujets du royaume ♔
(« Que les apparences soient belles car on ne jugent que par elles »)
Quelques questions de protocole ... ♔ ÊTES PLUTÔT PARIS OU VERSAILLES ? Ah, Parigi ! Senza esitazione. Ou du moins c'est ce qu'il aurait dit à son arrivée : ces rues pleines de monde, ces auberges, ces marchands, ces musiciens... Mais à force de se produire auprès du petit peuple de Lutèce, notre maestro a gagné en réputation et malheureusement, dans sa branche, il ne fait pas bon d'être connu de tous. Il trouve encore quelques menus plaisirs à tromper son monde dans les ruelles étroites de la capitale, puisqu'il y aura toujours un petit moineau ignorant le nom et le visage du Prince des Voleurs, mais sa nouvelle clientèle se trouve à présent dans des sphères plus nobles et hautement placées. Les aristocrates aussi sont crédules, et il y aurait beaucoup à gagner à les abuser. S'il a su le faire dans son Italie natale, Arturo saura le refaire dans son pays d'adoption, sa très chère France. Dorénavant, il devra aller chercher les pigeons là où ils nichent, fréquenter leurs salons, flatter leurs egos, charmer leurs coeurs. Dorénavant, il sera Versailles ou, comme disent les italiens : Versaglia ! ♔ CROYEZ VOUS AU COMPLOT ? S'il croit au complot ? Bien sûr. Mais la vraie question est : lequel ? Il serait bien naïf de ne pas croire que quelque chose se trame dans ce pays pourri jusqu'à la moelle. Il le voit bien. Les ragots, les rumeurs, les secrets... Arturo entend tout. Et certaines personnes sont prêtes à payer cher pour écouter ce qu'il a à raconter. Demandez donc à son compagnon de jeu, Du Perche. Voilà un homme prêt à le récompenser pour la moindre petite information. Un espion pour sûr ! Du reste, il semblerait que il Napoletano n'a pas encore toutes les cartes en main pour comprendre de quoi il retourne. ♔ VOUS SENTEZ VOUS PLUS COMME UNE DOUCE COLOMBE OU UNE GROSSE VIPÈRE ? Comment osez-vous ? Arturo Bonaventura ? Il Rapinatore des rues de Paris ? Lui ? Une blanche colombe ? Blasphémateurs ! Les pettegolezzi sont son fond de commerce ! Après les escroqueries, les vols et autres larcins en tous genres, bien entendu. Il fouine sans arrêt, écoute aux portes et espionne les conversations des gens aux alentours. Que la rumeur porte sur la favorite de sa Majesté ou sur un modeste négociant de tissu, il est toujours à l'écoute. Et on entend des choses dans les sordides petites rues de Paris, imaginez donc à la Cour ! Et puis, de temps en temps, Arturo prend plaisir à colporter de faux ragots, tout en s'assurant que personne ne puisse remonter jusqu'à lui. Pourquoi ? C'est un mystère. Sans doute cela aide-t-il la multitude de fausses identités qu'il s'est inventé. ♔ QU'AVEZ VOUS A DIRE SUR LA GUERRE ? Cela tombe bien que vous posiez la question car beaucoup se sont demandés où avait bien pu passé Arturo Bonaventura pendant les quatre longs mois qu'avait duré la guerre. Il Napoletano vous dira qu'il n'était pas en France au moment des faits, qu'il rendait visite à d'anciens compagnons pour faire quelques affaires peu scrupuleuses, mais des affaires tout de même. Et si vous lui demandez où cela aurait eu lieu, il vous aurait répondu qu'il était du côté de Lucca, profitant de l'air parfumé des oliviers et du chaud soleil de la Toscane. La vérité est bien différente. Évidemment. La guerre est un commerce très rentable pour qui sait s'y prendre. Tandis que les hommes élaboraient des plans de bataille, puis combattaient courageusement pour défendre leurs causes respectives, le Prince des Voleurs, affublé de divers costumes, s'étant au préalable rasé la barbe et coupé les cheveux pour ne pas être trop reconnu, avait instauré un petit trafic secret d'informations en tout genre qu'il géra en toute discrétion, à l'abri dans une petite auberge où il s'était présenté sous un faux nom. Pietro Viscontini. Ou étais-ce Lucien Lamarre ? Peu importe... Ses assistants – des orphelins sans le sou, abandonnés à leur triste sort dans les rues – se chargeaient de récolter des informations des deux côtés pour pas grand chose en retour, un peu d'argent ou rien qu'un repas. Et Arturo se chargeait de les revendre à prix d'or. Bastardo una volta, bastardo per sempre ! Et si l'argent coulait à flot, alors il y aurait peut-être quelque chose en plus pour les petits orphelins de Paris. ♔ QUELS SONT VOS LOISIRS ? AVEZ VOUS UN BUT PRÉCIS ? • Jouer du violon, bien sûr ! Vous ne pouvez ignorer que les grands maestri sont italiens : Giacomelli, Fontana, Monteverdi... et danser aussi, puisqu'il n'est pas de bonne musique qui ne puisse être dansée. • Jouer, tricher et gagner aux cartes. • Boire, mais modérément, je vous prie. • Se travestir, et assumer diverses identités. Jouer la comédie, si vous préférez, et avec ça tromper, mentir et toujours rester maître du jeu. Il Rapinatore préfère le terme "séduire" mais c'est vous qui voyez. • Faire les poches discrètement, parfois voler à l'étalage... ça lui rappelle ses débuts.
Derrière le masque ... ♔ Fortuna ♔ 19 ans ♔ 5/10 Code bon by Lisa ♔ J'étais membre autrefois ♔ Je vais faire de mon mieux !
Dernière édition par Arturo Bonaventura le 07.10.16 0:52, édité 12 fois |
| | | Arturo Bonaventura
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| Sujet: Re: Arturo Bonaventura ⌘ Il ℛapinatore 22.09.16 15:03 | |
| Mémoires du Grand Siècle
S'il vous arrive de vous promener dans Paris l'après-midi, il se peut que vous tombiez sur la Conteuse, cette vieille créature qui ne sort de son boui-boui qu'après le déjeuner pour s'asseoir au milieu de la place sur un vieux banc pourri. C'est là que les enfants du peuple se précipitent tous les jours, abandonnant leurs tâches quotidiennes pour écouter cette grand-mère au teint jaune et aux yeux aussi perçants que ceux d'un faucon. Les histoires qu'elles content et racontent inlassablement, jours après jours, semaines après semaines, mois après mois, sont probablement fausses mais on jurerait qu'elles sont vraies. Elle a un don, la Conteuse, elle narre les histories comme personne. Alors laissez-la vous narrer celle d'aujourd'hui... Le Prince des Voleurs Asseyez-vous, les enfants, asseyez-vous. Ne restez point debout, l'histoire d'aujourd'hui sera un peu plus longue à raconter. Elle m'a été rapportée par un négociant de vin qui s'en revenait de Martigues avec sa toute jeune femme. Lui-même l'avait entendu de la bouche d'un piémontais dans une vieille auberge dont il avait oublié le nom. Un piémontais qui la tenait du cousin de sa femme qui vivait à Padoue mais faisait régulièrement affaires avec un orfèvre vénitien qui la tenait lui-même d'une bourgeoise florentine qui la tenait d'un fermier de Spolète, lequel l'aurait entendue dans un bordel romain où aurait séjourné un jour le jeune écuyer d'un noble napolitain. C'est l'histoire d'un homme – un italien – que le monde aura oublié d'ici quelques années mais dont le nom est connu de tous dans les rues de Paris aujourd'hui. Vous aussi vous le connaissez, n'est-ce pas ? Le Prince des Voleurs. Oh, oui vous le connaissez, je le vois bien dans vos yeux. Comment s'appelle-t-il déjà ? Ou comment l'appelle-t-on plutôt ? Car personne ne connaît son véritable nom, vous savez. Sauf moi. Moi je le connais. Vous le dire ? Je ne le puis point. Il est des secrets qu'il faut garder jalousement, et si le Prince des Voleurs savait que je donne son nom à tous les petits enfants de Paris, il serait bien en peine de faire son commerce, ne le croyez-vous point ? Et sans Prince des Voleurs, il n'y a point d'histoire à conter. Celle-ci a été répétée encore et encore, à moi, à d'autres, à des enfants comme vous. Il est bien possible qu'elle ait été déformée mais j'en ai entendu tant de versions différentes ces derniers temps qu'il me plait à croire que la mienne est pure vérité. Vous n'êtes point obligé de la croire, bien que je la tienne pour vraie, ce n'est peut-être qu'une légende parmi tant d'autres. Mais assez discuter, laissez-moi la conter à présent.
Dernière édition par Arturo Bonaventura le 23.09.16 13:35, édité 3 fois |
| | | Arturo Bonaventura
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| Sujet: Re: Arturo Bonaventura ⌘ Il ℛapinatore 22.09.16 15:04 | |
| Mémoires du Grand Siècle
Napoli
C'était il y a bien longtemps, vous n'étiez point nés et moi... moi j'étais encore dans la force de l'âge, mon dos ne me faisait point souffrir, mes cheveux n'avaient point blanchi, et mes dents étaient toutes encore en place. L'année devait être 1631 – d'après ce qu'on m'a dit. C'était une dure année chez nous : le royaume était rongé par la maladie et la disette ; ma propre fille, ma Thérèse bien-aimée, nous avait quittés ; la Reine était partie pour ne jamais revenir ; mais enfin revenait le beau temps et les bonnes récoltes. Et notre histoire commence à l'automne, un automne qui fut plus paisible que ne le fût l'été, au Royaume de Naples. Un bel endroit, m'a-t-on dit, que les italiens appellent Napoli, quand les napolitains eux l'appellent Nepule. Il y fait chaud, bien plus chaud qu'ici dans les rues bondées de notre chère Paris. C'est donc là bas, par l'automne encore bien estival de l'année 1631, qu'une vieille femme – un petit peu plus jeune que je ne le suis – vînt se présenter à la porte du monastère, le visage couvert de cendres de cheminée et portant dans ses bras un amas de linges noirs et usés. Tout le monde connaissait cette femme du côté de Naples parce qu'elle tenait un établissement mal famé qui donnait sur la route principale, et tous ceux qui entraient ou sortaient de la cité étaient forcés de passer devant sa maison. J'ignore comment les habitants la surnommaient, parce que je ne connais point grand chose au napolitain, mais je sais que l'homme qui m'a raconté cela l'appelait la Tenutaria, ce qui n'est point un joli mot. La Tenutaria, donc, vînt frapper à la porte du monastère avec ses doigts crochus, à ce qu'on m'a dit, et demanda à voir le frère Giaccobe à qui l'on attribuait une grande bonté. La cinquantaine sonnante, le frère Giaccobe vînt se présenter devant elle sans savoir de quoi elle souhaitait l'entretenir et là, sans ménagement, la Tenutaria lui mit dans les bras le paquet de linges sales qu'elle serrait contre son cœur, et le paquet commença à s'agiter comme si un petit animal y était fourré. Alors, doucement, le frère Giaccobe entrouvrit les draps pour découvrir un petit être tout couvert de suie, qui pleurait et se débattait vigoureusement. Un nourrisson arraché au sein de sa mère. Le choc empêcha le frère Giaccobe de demander d'où venait cet enfant – on ne déposait point de bébés dans les monastères, on ne le fait toujours point d'ailleurs – mais il n'en eut point besoin. Sitôt que l'enfant fut dans les bras du moine, la Tenutaria toute tremblotante se mit à raconter : c'était le fils de la plus jeune de ses filles, une orpheline de quatorze ans à peine avec des cheveux d'or et des yeux noirs qui lui venait du village de Resina. La mère – qu'elle appela par le nom de la muse de Pétrarque – l'avait mis au monde dans la nuit et dans l'heure qui suivit, avait attrapé la fièvre qui tue les nouvelles mères par centaines. Ce matin là, elle l'avait trouvée froide dans la chambre où on l'avait allongée et avait sur l'instant décidé d'abandonner le nourrisson. La Tenutaria, cependant, n'était point une femme sans cœur et ne puis se résoudre à laisser l'enfant mourir de faim dans les rues de Naples. Le cœur rempli d'espoir, elle s'était donc présentée au monastère pour prier les hommes d'église de prendre avec eux ce garçon, de l'élever, d'en faire un bon fils et de lui donner sa chance. Et sur ce discours larmoyant, la vieille s'en alla comme elle était venue.
L'enfant arriva donc un mois – ou deux peut-être – avant que la Terre ne se mette à trembler, que le feu ne jaillisse de ses entrailles et détruise précisément Resina, le village où sa mère avait vécu. Cette nouvelle fit trembler les moines qui voyaient en cela le témoignage de la colère divine : le fils d'une putain dans un édifice sacré, un sacrilège ! Mais le frère Giaccobe était un homme de foi et d'espoir, il ne croyait point que Dieu, dans sa grande miséricorde, puisse punir l'enfant innocent pour les péchés de ses géniteurs. Il fut donc décidé, en accord avec ses frères, que ce garçon serait élevé dans le respect de l’Église et qu'une fois son apprentissage terminé, il irait vivre sa vie par lui-même. Pour laver le péché de sa conception, on ôta à l'enfant le prénom que sa mère, dans son dernier souffle, lui avait donné et il fut baptisé du nom d'un saint catholique, c'est chose habituelle en Italie où le Saint-Père est roi. Ainsi, pensait-on que son âme serait à jamais sauvée.
Les moines, comme chacun le sait, sont hommes d'église mais aussi hommes de culture. Ils lisent et écrivent, ils prient, ils connaissent Dieu et prennent plaisir à l'enseigner à ceux qui n'en ont point la chance. L'enfant fut donc instruit avec autant de rigueur qu'un petit prince. On lui apprit à lire, à écrire, on lui enseigna les Saintes Écritures mais aussi le latin et le grec, tout ce que les ecclésiastiques doivent connaître car on ne désespérait point de le voir vouer sa vie à Dieu et à son service. Mais c'était encore un jeune garçon et les jeunes garçons sont férus d'aventures et de frivolités. Quand sonna sa onzième année, que les portes du monastères s'ouvrirent pour le laisser partir à jamais ou le garder comme moine jusqu'à la fin de ses jours, le garçon prit le peu de choses qui lui appartenaient – une chemise et une paire de souliers usés – et s'en alla vers la ville avec tout l'espoir de la jeunesse.
L'espoir, hélas, ne fait point vivre.
Des semaines durant, il erra esseulé, affamé dans les rues pestilentielles et envahies par la misère. Quand un bourgeois passait, il ne demandait plus à manger car il savait qu'il n'était point le premier à demander. Quand un marchand installait son établi, il ne promettait plus de rembourser plus tard car il savait que les marchands napolitains ne faisaient point crédit. Quand un cavalier descendait de son fier destrier, il ne mendiait plus quelques pièces car il savait que les cavaliers gardaient leur or pour leurs affaires. Il essaya bien de chaparder ici et là une miche de pain, sans grand succès. Et les enfants, à tout âge, sont des êtres fragiles. Le nôtre ne tarda point à tomber malade en ces temps de grandes épidémies et, alors qu'il se laissait mourir comme tant d'autres miséreux avant lui, rejaillit l'espoir en la personne de la plus fine lame que le Royaume de Naples ait connu. Dalmazio Bencivenni. L'Uragano. L'Ouragan, un bretteur hors-pair, un spadassin qui faisait trembler d'effroi les hommes de raison. On raconte que, lorsqu'il apparaissait, toujours vêtu de son pourpoint noir et brodé d'or comme on en portait à la Cour du Roi d'Espagne, les oiseaux arrêtaient de chanter dans les arbres et même le vent retenait son souffle. Il trouva le garçon à moitié trépassé au pied d'une fontaine où il n'avait point eu la force d'aller boire, le grimpa sur sa monture et le ramena dans le petit hôtel particulier que lui louait à titre gratuit une de ses bonnes amies, la veuve d'un seigneur Carafa. L'enfant y resta assoupi pendant trois longs jours et deux interminables nuits, si bien qu'on ne crut point le voir revenir à la vie.
Il eût de la chance, l'orphelin. Combien de pauvres garçons comme lui peuvent se vanter d'avoir survécu dans pareilles conditions ? Je vous le dis, il eût beaucoup de chance puisque, dés qu'il émergea, on lui donna du lait et du pain, du bouillon de légumes et parfois une orange, des choses qu'il n'avait jamais goûté et que seuls les nobles avaient le privilège de consommer. En quelques jours à peine, il reprit de la force. Une semaine plus tard, la maladie l'avait quitté. Il ne retrouva la rue qu'à la nouvelle Lune, la tête remplie de nouvelles connaissances, de nouveaux principes, toutes sortes de chose que l'on apprend quand on côtoie l'Ouragan napolitain. Il cessa de demander, il se contenta de prendre ce qui l'intéressait. Sur les établis des marchands, il se mit à voler allègrement morues salées, carottes, navets et, quand il en avait l'occasion, un peu de marzapane lombard qu'il échangeait auprès d'autres marchands contre un bol de minestrone bien chaud. Comme un fantôme, il se glissait sous les étalages et subtilisait tout ce qui avait la moindre importance sans jamais se faire prendre, les marchands le surnommèrent très rapidement Il Rattino, ce qui veut dire le Petit Rat parce qu'il grignotait leurs marchandises sans qu'ils puissent y faire quoi que ce soit. Face à ce fléau des commerçants, ils commencèrent à se méfier, à vérifier sous les établis, à protéger leurs produits, le forçant à redoubler d'efforts et de ruses pour toujours surprendre ses victimes. C'est à un si jeune âge qu'il développa quelques techniques que nous lui connaissons aujourd'hui... Vous en connaissez ? Le déguisement, oui, tu as raison petit. Le mensonge aussi, l'arnaque, l'escroquerie, la tromperie... et en quelques temps, il était devenu célèbre auprès de tous ceux qui venaient faire du commerce à Naples, aussi célèbre que le nom qu'on lui attribua à cette époque : Arturo Bonaventura. Mais vous connaissez ce nom, n'est-il point ? À Paris, c'est ainsi qu'il est le plus souvent nommé. Il n'est point un véritable parisien qui ignore ce nom plein de fantaisie, qui rappelle à la fois le nom d'un saint et celui d'un roi de Bretagne sur fond de campagne italienne. On l'appelle aussi Prince des Voleurs, quand les italiens lui préfèrent Il Rapinatore, surnom ô combien moins prestigieux. Il faut dire qu'il a longtemps sévi là bas, surtout du côté de Naples jusqu'à ce que même ses ruses ne suffisent plus. Alors, notre voleur, devenu un jeune homme s'en était allé vers d'autres horizons.
Dernière édition par Arturo Bonaventura le 29.09.16 12:33, édité 3 fois |
| | | Arturo Bonaventura
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| Sujet: Re: Arturo Bonaventura ⌘ Il ℛapinatore 22.09.16 15:05 | |
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Venezia
On raconte qu'après avoir quitté la cité qui l'avait vu naître, Bonaventura traversa l'Italie de long en large et en travers, sur le dos de la jument d'un petit bourgeois calabrais qu'il avait gagné aux cartes de manière malhonnête. À ce qu'on m'a raconté, il aurait eu à son compte deux ou trois arnaques du côté de Bologne mais personne n'en est certain. Lui qui n'était connu hors de Naples que des marchands itinérants disparût pendant quelques temps. Cependant, de l'autre côté de la péninsule, en 1653 – si ma mémoire est bonne – alors que la Serenissima fêtait les épousailles du doge et de la mer qui faisait vivre ses habitants, un autre nom commençait à se murmurer aux oreilles des plus riches de la cité. Silvano Trivisano, un petit noble inconnu de la famille d'un ancien doge, oublié de tous car mort depuis déjà cent ans. Un jeune homme, héritier de toute la fortune que son père, récemment décédé, avait accumulée dans ses exploitations de tabac dans le Nouveau Monde où lui-même assurait être né. Sa mère, d'après ses dires, était liée aux ducs de Ferrare et à toutes les grandes familles dont leurs épouses étaient issues car elles étaient filles d'un Roi de Naples, d'un Pape et même d'un Roi de France. Quelle ascendance prestigieuse, me direz-vous ! Et vous n'auriez point tort de vous laisser berner puisque toute la belle société vénitienne en fut elle-même charmée. Celui que l'on tenait pour un très lointain cousin de la maison de Valois, du Prince de Condé et, par alliance, de la duchesse de Chevreuse et du Roi d'Écosse et prétendant au trône d'Angleterre, était un homme de bonne compagnie qui racontait à qui voulait bien l'entendre mille anecdotes de son enfance passée sur un continent lointain. Le négociant qui me rapporta ces événements ajouta qu'il plût tant à cette haute société qu'on lui attribua plusieurs liaisons ici et là, de nouvelles relations à qui il ne parût point gênant de lui faire quelques prêts sans douter toutefois qu'il les rembourserait un jour. Mais il ne fit pas que plaire car il avait un don pour l'éloquence, un don qui l'aida à convaincre d'autres gentilshommes et gentes dames à investir de fortes sommes dans ses plantations américaines, lesquelles devaient lui rapporter une fortune digne du trésor perdu du légendaire prince Siegfried. Et on lui faisait confiance, comme cela, sans preuves, simplement parce qu'il présentait bien. Et durant trois longues années Trivisano se vit confier plus d'argent que je n'en vis passer entre mes mains en toute une vie. Trois longues années qu'il passa à récolter des fonds sans jamais en porter les intérêts à ses investisseurs, assurant pourtant que leur argent n'était point loin, que chaque jour qui passait les rapprocher un peu plus de la fortune, et il faut croire qu'il était alors un maître de rhétorique car on le crût sans peine et sans imaginer une seule seconde que cet homme si avenant pouvait se révéler être un fin brigand. Dieu seul sait si pareille mascarade aurait pu perdurer sans l'arrivée fort opportune d'un riche négociant napolitain. L'homme en question, voyez-vous, avait autrefois été un simple marchand bourgeois dans les rues de sa cité natale et avait réussi à faire fructifier son affaire à tel point qu'il en avait retiré un certain bénéfice. La rencontre fortuite se fit lors d'un après-midi dans la noble maison des Navagèro, tandis que le dénommé Trivisano discutait avec les filles de la Signora Navagèro, laquelle était, à ce qu'on se murmurait en ce temps là, l'une de ses nombreuses liaisons. Le marchand n'eut point fait un pas dans le grand salon où se tenait la bonne société vénitienne qu'il reconnut, sous ses apparats nobiliaires, le jeune voleur des rues de Napoli. « Il Rapinatore ! » s'était-il exclamé, « Bonaventura ! » mais avant qu'il n'ait eu le temps d'informer ses nobles compagnons de l'imposture, l'escroc s'était envolé. Il n'est point dit quelle méthode il usa pour se dérober à leurs yeux, mais je suppose qu'il aura fuit par une fenêtre ou tout simplement pris un escalier de service, réservé aux domestiques. L'imposteur, comme vous l'aurez deviné, était bel et bien Arturo Bonaventura, la vingtaine, les cheveux sombres et le regard malicieux, qui vivait depuis trois ans sous l'identité d'un noble sorti tout droit de son imagination, et l'on ne tarda point à découvrir que l'argent qui lui avait été confié durant ces trois années avait transité par maintes gens de réputation douteuse au travers de diverses activités plus sordides les unes que les autres : les mots « corruption » et « marché noir » se murmurèrent très vite dans les grands salons de Venise. C'est ainsi que la Signora Avogadro l'accusa d'avoir volé un portrait de son illustre ancêtre peint par Rafele lui-même, que le Signor Ottoboni se demanda enfin ce qui était arrivé à la ravissante parure de diamants qu'il avait offert à son épouse et que les frères Donà dalle Rose reconstituèrent enfin ce qu'il s'était produit le jour où leur plus précieuse pièce de collection leur avait été tragiquement dérobée. Le récit de son séjour à la Serenissima aurait pu s'achever sur pareil scandale mais ce ne fut point le cas. Outre le fait que la nouvelle fit le tour de la cité en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, il fut proposé une certaine récompense à qui rapporterait le voleur vivant devant ses victimes. Tout homme raisonnable, voyant ainsi sa liberté mise à prix, aurait immédiatement repris la route vers d'autres horizons. La vérité était qu'il n'avait jamais été raisonnable. On le vit ainsi profiter de la vie, de ses plaisirs dans les tavernes où il buvait presque jusqu'à rouler sous les tables mais aussi dans les rues quand, poursuivi par quelques gardes ou une poignée de gredins attirés par la récompense promise pour sa capture, il parvenait toujours à échapper à ses assaillants d'une manière ou d'une autre. Sa réputation grandissante ne l'empêcha guère de continuer ses affaires, il s'improvisa même prêteur sur gages, chose qu'il n'avait encore jamais fait jusqu'alors et qui, croyez-le ou non, s'avéra tout aussi lucratif que certains de ses petits larcins. Affublé de multiples identités, il continua à tromper son monde sans vergogne : parfois il était Cesare, le bagnard sicilien échappé de sa prison pour retrouver sa femme et ses enfants en Savoie ; ou alors il était Vittorio, le marchand florentin venu faire un peu de commerce dans les rues de Venise ; et parfois il pouvait être Pietro, un jeune prêtre dont la venue n'avait d'autre but que le salut des fidèles et la survie de l'Eglise catholique, apostolique et romaine, laquelle avait semblerait-il besoin de quelques menues monnaies pour subsister d'après ses inventions. Et les gens, bien entendu, étaient très naïfs. Quant à ses mensonges, fermement condamnés par les Saintes Écritures évidemment, il s'assurait bien de demander pardon en confession, puis il recommençait. Il arriva malheureusement ce qui devait un jour arriver : fuir devant ses ennemis ne le sauva pas, un soir où il faisait très chaud, quand il se retrouva au fond d'une impasse, encerclé par trois hommes armés qui souhaitaient récupérer l'argent qui leur avait été si sournoisement dérobé. Lui, hélas, n'était point homme à défaire trois adversaires en combat et, contemplant sa mort imminente, il regrettât de ne point avoir retenu de son Ouragan de maître quelques techniques de spadassin. Sa survie pour le moins douteuse ne fut due qu'à l'intervention des gardes de la cité qui, immédiatement, se saisirent de lui pour le jeter en cellule où il devait croupir jusqu'à passer devant les hommes compétents à juger l'escroc qu'il était. La nouvelle de son arrestation fit le tour des grands salons de Venise, réjouissant ses investisseurs trompés qui désespéraient qu'on leur fasse un jour justice. Ce qu'ils ignoraient encore au moment où ils fêtaient si joyeusement cette arrestation inespérée, c'est qu'ils allaient pouvoir attendre ce jugement encore longtemps. Il Rapinatore resta deux longs jours en prison, deux jours à croupir seul dans une cellule grisonnante qui, je suppose, lui donna encore plus envie de prendre son envol. Durant la nuit du deuxième jour, un garde soudoyé vînt le sortir en toute discrétion et le mit à la porte. Une femme qui dormait non loin de là raconta qu'elle avait vu Bonaventura grimper sur le dos d'un fier étalon noir, monté par un cavalier encapuchonné qui s'élança à vive allure vers la sortie de la ville. Malgré l'obscurité qui régnait alors, elle jura avoir reconnu, brodé sur le vêtement de ce fantomatique cavalier, le blason des Ruzzini. Or, ces mêmes Ruzzini avaient fréquenté les même salons que cet imposteur de Trivisano et leur fils, Alessandro, du même âge que notre protagoniste, était réputé pour avoir été son ami le plus cher, son compagnon de jeu et son confident. Ceux qui ont fréquenté les nobles vénitiens à l'époque où Bonaventura se fondait dans la masse, m'a-t-on dit, seraient prêts à en témoigner : là où le premier allait le second n'était jamais loin, ils partageaient un même goût pour la musique et le théâtre, riaient aux même plaisanteries et, d'après le seul témoin de l'évasion, ils restaient soudés même au delà de la trahison. Jamais on n'avait vu pareille relation depuis David et Jonathan. Oui, petit ? Comment ? Oh, parle plus fort, mon enfant, mon ouïe n'est plus aussi bonne qu'autrefois. Tu dis ? Est-ce que c'était vraiment Alessandro Ruzzini sur ce cheval cette nuit là ? Je ne saurais le dire, mon garçon. Il n'y eut que cette pauvre femme pour témoigner de la scène. Peut-être avait-elle rêvé... peut-être que Alessandro Ruzzini dormait profondément dans son lit cette nuit là... peut-être qu'aucun cavalier n'était venu chercher le Prince des Voleurs... peut-être s'en était-il allé d'une toute autre manière... Mais peu importe, car au matin il n'était plus en cellule. Et je peux vous assurer que cette nouvelle là aussi fit le tour de la Serenissima. Encore une fois, on n'entendit plus parler de lui et à raison : la colère des grands patriciens vénitiens était parvenue aux oreilles des royaumes alentours, personne n'ignorait qu'un maître du recel, du vol et de la tromperie voyageait alors dans la péninsule. Pendant quelques temps, les riches de la région furent pris d'une peur effrénée d'un homme qu'ils n'avaient jamais rencontré et qui, à ce qu'on leur avait rapporté, pouvait assumer n'importe quelle identité. Une peur qui n'avait plus lieu d'être puisque la dernière fois que l'on vit véritablement le Prince des Voleurs sur le sol italien, celui-ci s'apprêtait à monter sur un navire à direction du royaume d'Espagne, et l'année suivante il mit pour la première fois les pieds chez nous, à Paris. Et c'est ainsi, les enfants qu'aujourd'hui nos rues connaissent le même tourment qu'il fit subir à celles de Naples et de Venise en leur temps. LA FIN
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| Sujet: Re: Arturo Bonaventura ⌘ Il ℛapinatore 23.09.16 9:35 | |
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Parigi
Oui, elle a un don la Conteuse décidément. Un don pour conter les histoires, comme si elle les avait vécues. De ses récits naissent des légendes, des personnages que l'on admire ou que l'on hait, des croyances et des mensonges.
Arturo Bonaventura arriva à Salou à la fin de l'automne 1656, il est vrai. Salou, ancien repère de pirates, de quoi fournir davantage ses histoires fantasques et son imagination prolifique, mais il venait de frôler de peu ce qu'il avait redouté toute sa vie : l'enfermement. Dire qu'il était prêt à vivre une vie rangée était une belle exagération, il avait cependant amassé assez de richesses pour pouvoir vivre confortablement pendant quelques temps, jusqu'à ce que le scandale de son séjour vénitien finisse par s'essouffler de lui-même. Et il n'y serait pas seul puisque Alessandro devait l'y rejoindre deux mois plus tard.
Les jours s'écoulèrent très lentement, puis les semaines, les mois et pas de jeune vénitien à l'horizon. Il attendit. Longtemps. Jusqu'au jour où arriva cette missive, funeste missive, envoyée du port de Gênes lui annonçant que son ami – son tendre ami – ne viendrait pas. Jamais. Il avait préféré quitter la belle Venise pour que l'on perde sa trace, et prendre ainsi la mer depuis la ville qui vit naître un certain navigateur. Mal lui en prit car au même moment se déversait sur toute la côte ouest de la péninsule une terrible épidémie de peste qui devait ôter la vie à presque un demi million d'innocents. Et Alessandro, jeune homme de faible constitution, ne fut pas épargné par ce que certains désignèrent comme la colère divine. Son valet s'était chargé de transmettre la nouvelle avant de tomber gravement malade à son tour.
La vie, comme vous l'aurez constaté, était d'une totale injustice. Elle lui avait pris sa mère, et maintenant son ami, elle l'avait jeté tout jeune dans les rues pour y mourir de faim, de froid ou de maladie quand les plus riches vivaient dans l'opulence. Il était devenu voleur pour se nourrir, on le traitait de criminel quand alors ce n'était rien de plus qu'une question de survie. Et bien, criminel il était devenu. Un criminel que rien ne retenait à Salou et qui, la mort dans l'âme, reprit encore une fois la route pour arriver un jour de pluie de septembre 1657 à Paris.
La Conteuse, à l'époque, n'était pas encore la Conteuse mais elle tenait une simple auberge aux abords de la capitale, un établissement beaucoup plus respectueux que ce qu'elle avait pu diriger autrefois dans son pays natal. C'est dans cette auberge qu'il mit les pieds dés son arrivée, couvert de pluie, le regard vide d'un homme qui a perdu sa route et ne sait comment la retrouver. Et bien qu'elle ne le connaissait pas, elle le reconnut. Oui, elle reconnut le regard ténébreux et les traits un peu marqués d'une jeune fille de quatorze ans qu'elle avait vu mourir, une jeune fille aux cheveux d'or qui lui venait de Resina. Ce fut sans doute ce souvenir qui la poussa à l'héberger un temps gratuitement, bien qu'il n'en apprendrait la raison que bien plus tard. Tombé malade, que ce soit à cause de la pluie battante qui l'avait accueilli à Paris ou d'un chagrin qui le tourmentait plus qu'il n'aurait voulu l'admettre, ce fut encore notre tenancière qui vînt prendre soin de lui, quand bien même elle n'en avait pas l'obligation. Dans son délire fiévreux, il lui raconta ses aventures, ses tromperies, sa fuite et ce qui l'avait finalement amené jusqu'à la porte de l'auberge.
En effet, il n'y avait ni négociant de Martigues, ni piémontais, ni cousin de Padoue, ni orfèvre vénitien, ni bourgeoise florentine, ni fermier de Spolète, ni même écuyer napolitain. Rien de tout cela, si ce n'est les souvenirs entrecroisés d'une ancienne maquerelle et d'un petit escroc malade. Les enfants feront peu de cas de ce mensonge, puisqu'ils oublieront vite pareille histoire.
Tandis qu'il gardait le lit, elle vînt le divertir presque chaque jour avec des histoires sur les hauts personnages de Paris, sur le Roi, sur la Reine... c'est ainsi qu'elle s'efforça de lui redonner un peu le goût de vivre, le sens de l'aventure qui l'avait autrefois animé. Puis, après quelques temps, il s'en quitta l'auberge sans oublier de remercier celle qu'il avait pris l'habitude de surnommer La Cantastorie, « La Conteuse ».
Dans les mois qui suivirent, à coups de vols et d'escroqueries en tout genre, il se fit une petite réputation dans les rues de Paris, comme ça avait été le cas autrefois à Naples ou à Venise. La Conteuse ne tarda pas à entendre parler de lui parmi les clients de l'auberge, puis dans les rues de la capitale où il commençait à sévir. C'est à cette époque qu'il reprit sa petite activité de prêteur sur gages. Les gens venaient lui emprunter, et généralement ils s'en mordaient les doigts quand Arturo trouvait le moyen de leur soutirer davantage. Comme cette jeune et ravissante comédienne qui était venue le trouver pour mettre en gage une si jolie bague – une alliance de toute évidence – pour laquelle elle espérait obtenir une belle somme. Et elle n'avait pas tort. Malheureusement pour cette demoiselle La Grange, notre voleur avait un vilain défaut et bien des moyens de satisfaire ce dernier. C'est ainsi qu'au terme de quelques recherches ici et là, Bonaventura découvrit avec grande satisfaction le secret qui ombrageait un peu le passé de sa cliente, un secret qui devait plutôt bien se monnayer d'ailleurs. À son grand regret, hélas, la jeune femme ne revînt pas réclamer son dû et, au vu de l'histoire de ce bijou, notre homme douta qu'elle le fasse un jour alors il s'en alla lui-même la trouver au théâtre où elle officiait.
« Non ! Je vous en supplie, ayez pitié !
- Voyons, Signora, cela me peine autant que vous mais vous conviendrez, j'en suis certain, que je ne puis garder cette information pour moi seul...
- Je vous en prie, dîtes-moi ce que vous voulez en échange de votre silence ! Demandez et ce sera vôtre ! »
Peut-être aurait-elle dû peser ses mots... car la proposition qu'il lui fit – de devenir sa complice – sembla la remplir d'une horreur incroyable.
« Voler ? Moi ? Mais vous n'y pensez pas !
- Oh que si, j'y pense. Voyez-vous, sans remettre en question mon talent naturel pour la séduction, il s'avère que je ne suis pas au goût de tous, et je commence à être connu à Paris qui plus est. Tout cela ne facilite pas mes affaires. Je ne vous demande pas grand chose : faîtes un joli sourire, battez des cils, détroussez en toute discrétion et rapportez-moi le fruit de votre labeur. Cela ne vaut-il pas mieux que de voir votre petit secret ébruité ? Ni vous ni moi ne souhaitons voir une certaine personne faire irruption dans votre petite vie tranquille, n'est-ce pas ? »
C'était pour lui une manière tout à fait ordinaire de faire des affaires. Bien entendu, tous ses collaborateurs n'étaient pas aussi réticents que le pouvait-être Mademoiselle La Grange. Il y avait parmi ses collègues comédiens une jeune fille d'un prime abord tout aussi convenable qui se révéla bien plus intéressante qu'il aurait pu le croire. La petite Lucie – ainsi s'appelait-elle – était maligne, tout autant qu'il l'était, et bien plus discrète que lui, ce qui rendait sa présence bien inconvenante : il avait la concurrence en horreur. Mais vous savez ce qu'on dit : si vous ne pouvez pas battre vos adversaires, faîtes-en des alliés ! C'est de ce très bon conseil que naquit une belle et forte association.
Il faut dire que certaines de ses collaborations s'étaient révélées désastreuses. Pas pour lui, bien entendu. C'était le cas de ce jeune homme, un dénommé Beaufort, qui avait aussi eu vent de sa réputation et s'en était allé le voir avec un projet fou qui pouvait leur rapporter une somme colossale à tous deux. À la différence de Lucie – et ça il l'avait deviné dés le premier regard – ce garçon là était d'une crédulité incroyable pour un escroc. Arturo ne se serait jamais abaissé à le qualifier de stupide, ça pour sûr il ne l'était pas, mais il paraissait si sûr de sa réussite qu'il était plus qu'évident qu'il serait facile à berner. Et effectivement, ce fut d'une facilité déconcertante. Le problème c'est que les naïfs intelligents se rendent vite compte qu'ils se sont faits avoir, et pour peu qu'ils soient un tout petit peu teigneux, il n'y a pas moyen de se défaire d'eux. Beaufort était ce genre d'homme, un homme prêt à tout pour se venger de ce mauvais tour. Il Rapinatore savait bien entendu qu'il pouvait à tout moment le dénoncer aux autorités, mais compte tenu du passé peu reluisant de ce soit-disant marquis, il doutait fortement que cette menace vaille la peine de s'en soucier, quoiqu'il y avait pour sûr au moins un représentant de la loi dans cette maudite ville qui avait la ferme décision de le jeter en cellule : le lieutenant Loizet, probablement l'une de ses premières rencontres à la capitale. Il se souvenait encore de ce jour de mars où le lieutenant l'avait surpris en plein trafic au détour d'une ruelle peu fréquentée, s'en était suivie une course-poursuite folle à l'issue de laquelle il avait disparu au grand étonnement de son adversaire. Peut-être ce voleur était-il un peu sorcier au fond... Au début, il avait retrouvé le plaisir de fuir devant son assaillant, comme autrefois il le fit à Venise, mais très vite les choses étaient devenues bien difficiles, Loizet redoublant d'efforts pour lui tendre des pièges dans lesquels il finissait par ne pas tomber, heureusement. Il faut croire que Beaufort n'était pas le seul teigneux à qui le Prince des Voleurs devait avoir affaire.
Enfin, quand il était fatigué de faire autant d'efforts pour amasser quelques sous, Arturo allait fréquenter les tavernes pour y boire, danser, jouer de la musique et réciter des poèmes à qui voulait bien l'entendre. Lors d'une soirée de ce genre, il fit une nouvelle connaissance qui lui inspira une nouvelle passion : le jeu de cartes. Certes, il y avait joué – et triché – par le passé, mais jamais il n'avait affronté un adversaire aussi coriace que l'était Guillaume du Perche. À dire vrai, si leurs parties se déroulaient en bonne et due forme, du Perche aurait du gagner bon nombre d'entre elles mais ça, c'était un secret. Ce n'était pas comme si elles étaient vraiment le but de ses visites de toute façon, Arturo n'était pas dupe : à chacune de leurs rencontres, ce partenaire de jeu lui laissait un petit pourboire pour les quelques histoires qu'il avait à raconter au cours d'une partie, et ce n'était certainement pas pour ses talents de conteur (bien qu'il ait beaucoup appris à ce sujet de sa chère Contastorie).
Paris, hélas, perdait chaque jour un peu plus de son attrait pour un voleur tel que lui. Sa réputation grandissante ne l'aidait en rien et les investigations du lieutenant Loizet le mettaient un peu plus en péril à chaque fois qu'il mettait le pied dans les rues. Sans compter toutes les victimes de ses arnaques qui n'avaient toujours pas digéré l'affront qui leur avait été fait. C'est alors qu'une idée lui traversa l'esprit : il avait réussi à se faire passer pour un noble pendant 3 ans du côté de Venise, et cela aurait pu durer encore plus longtemps sans ce marchand napolitain. Ici, les italiens ne courraient pas les rues et étaient encore peu nombreux à la Cour. Il lui suffisait de se pomponner un peu et le tour était joué. Et c'est ainsi que le noble vénitien reprit du service, mais pas à Paris, non. À Versailles ! Là où se trouvait la belle société et, accessoirement, les plus gros pigeons. Christine de Bauffremont par exemple à qui il volait sans vergogne en se faisant passer pour un homme qu'il n'était pas, bien qu'il ignorait parfaitement qu'elle partageait l'ambition du lieutenant Loizet de le faire embastiller. Il y en avait bien d'autres, tous plus riches les uns que les autres, mais nul ne devait être plus riche que cette Marie de Shwarzemberg sur laquelle il avait jeté son dévolu. Quelle femme mystérieuse ! Et quelle meilleure façon de l'aborder qu'en lui faisant la cour ? Bien entendu, comme il s'y attendait, la princesse se montra un peu distante et demanda qu'il prouve son amour par la générosité. Vous qui commencez à le connaître devez sans doute savoir qu'Arturo n'était pas un homme fort généreux, mais le vénitien, de toute évidence, se devait de l'être. Il céda donc à plusieurs de ses caprices, sans rien recevoir en retour, espérant secrètement qu'il ne faudrait pas arriver jusqu'au meurtre pour qu'il retire des bénéfices de son comportement modèle. Mais il n'en était qu'à l'acte I de cette grande comédie, et Versailles s'ouvrait à lui, majestueux et grouillant de princes et princesses, de ducs et duchesses, et autres nobles à séduire et à tromper.
L'histoire touche à sa fin, je dois à présent vous quitter mais j'espère que vous avez beaucoup appris pendant les quelques temps que nous avons passés ensemble. Méfiez-vous, vous dis-je, car le Prince des Voleurs n'est jamais loin et ceux qui se pensent à l'abri sont souvent ceux qui se font détrousser en premier...
Dernière édition par Arturo Bonaventura le 07.10.16 0:48, édité 1 fois |
| | | Amy of Leeds
« s i . v e r s a i l l e s »Côté Coeur: Mère enfin apaisée et femme comblée mais pour combien de temps encore ?Côté Lit: Le Soleil s'y couche à ses côtés.Discours royal:
♠ ADMIRÉE ADMIN ♠ Here comes the Royal Mistress
► Âge : A l'aube de sa vingt septième année
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| Sujet: Re: Arturo Bonaventura ⌘ Il ℛapinatore 23.09.16 13:47 | |
| Bonjour et bienvenue officiellement sur ATV ! Si tu as la moindre question, le staff reste à ta disposition. N'hésite pas à nous contacter. ^^ Tu as également le flood des nouveaux si tu veux t'y exprimer plus publiquement. ^^ Ne t'inquiète pas si personne d'autre que moi ne vient pour l'instant t'accueillir, nos membres le feront après ta validation. Bonne inspiration pour la rédaction de ta fiche ! A très vite ! |
| | | Arturo Bonaventura
► Âge : 36 ans
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► Date d'inscription : 22/09/2016
| Sujet: Re: Arturo Bonaventura ⌘ Il ℛapinatore 03.10.16 21:07 | |
| Merci beaucoup (et désolée d'avoir pris autant de temps à répondre) Je dois prévenir que j'ai quelques problèmes avec internet depuis hier : comme je suis étudiante, j'utilise le wifi public et il se trouve que, depuis mon appartement, le réseau sur lequel je me connectais a récemment disparu donc je ne peux pas beaucoup accéder à internet. Je sais que ma date butoire est jeudi mais vu que je rentre ce week-end, serait-il possible de la repousser à samedi ou dimanche ? Je serais sûre d'avoir internet à ce moment là. En attendant je peux accéder au forum mais depuis mon portable et envoyer le reste de ma présentation par téléphone, ça me paraît un peu difficile ^^' Je suis en train de rédiger la dernière partie de mon histoire et je vais avoir besoin de lire les fiches de mes liens pour ne pas écrire n'importe quoi, mais depuis mon portable ça pourrait être un poil plus fastidieux que sur un ordinateur. Encore désolée pour ce fâcheux incident de dernière minute ^^' |
| | | Joséphine La Grange
Jusqu'ici, j'en avais peur
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| Sujet: Re: Arturo Bonaventura ⌘ Il ℛapinatore 04.10.16 22:59 | |
| Arturoooooooooooo!!!! *Joséphine frappe le monsieur avec sa poêle*
Bienvenue ♥ |
| | | Arturo Bonaventura
► Âge : 36 ans
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| Sujet: Re: Arturo Bonaventura ⌘ Il ℛapinatore 07.10.16 0:51 | |
| Aïe ! Merci Bon ben en fait le délai sera pas nécessaire : j'ai réussi, après de multiples tentatives dans tous les recoins de mon appart, à grapiller un peu de wifi. Bon, c'est pas encore assez pour faire charger une vidéo YouTube et ça prend des plombes pour ouvrir une page, mais j'ai réussi à poster la fin de ma fiche. Voili voilou ^^ |
| | | Amy of Leeds
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► Date d'inscription : 10/09/2006
| Sujet: Re: Arturo Bonaventura ⌘ Il ℛapinatore 18.10.16 16:23 | |
| Tu es validé !
Bienvenue à
Versailles !
Tout d'abord, toutes nos excuses pour ce délai, nous sommes un peu tous surchargés en ce moment. ^^ Ta fiche est vraiment tip top, tu t'es parfaitement approprié ce personnage haut en couleurs ! J'ai tout lu d'une traite et Arturo promet du lourd en rp ! Ton orthographe et ton style sont irréprochables aussi, il n'y a vraiment rien à redire tant sur la forme que sur le fond. Tout y est ! Je te valide donc avec grand plaisir ! Ci-dessous tu trouveras ce qu'il te faut pour faire tes premiers pas à la cour ! Mais si tu as la moindre question, surtout n'hésite pas à demander. Les portes du flood, des mini-intrigues si tu le souhaites et du rp te sont grandes ouvertes ! Bon fun parmi nous avec ce perso !
|
| | | Arturo Bonaventura
► Âge : 36 ans
► Titre : Voleur, faussaire & faux noble vénitien
► Missives : 27
► Date d'inscription : 22/09/2016
| Sujet: Re: Arturo Bonaventura ⌘ Il ℛapinatore 19.10.16 23:48 | |
| Merci beaucoup Je vais m'occuper des formalités dans les jours qui viennent. Très très heureuse d'être enfin des vôtres ! =) |
| | | Alexandre D'Artagnan
ADMIN SEXY and he knows it !
► Âge : 29 ans
► Titre : Ancien Mousquetaire - En recherche d'emploi !
► Missives : 1763
► Date d'inscription : 24/09/2006
| Sujet: Re: Arturo Bonaventura ⌘ Il ℛapinatore 13.11.16 15:09 | |
| Avec un peu de retard, bienvenue sur ATV !!! Je vais te recontacter sous peu... J'ai des liens et des RPs à te proposer. |
| | | Arturo Bonaventura
► Âge : 36 ans
► Titre : Voleur, faussaire & faux noble vénitien
► Missives : 27
► Date d'inscription : 22/09/2016
| Sujet: Re: Arturo Bonaventura ⌘ Il ℛapinatore 18.11.16 2:28 | |
| Merci beaucoup ^^
Et encore merci pour le contact parce que je suis en train d'écumer le forum pour trouver une idée de RP x) |
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| Sujet: Re: Arturo Bonaventura ⌘ Il ℛapinatore | |
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