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Emmanuelle de Vaunoy
« s i . v e r s a i l l e s »Côté Coeur: Le souvenir d'un homme et d'une enfant.Côté Lit: Un homme aussi froid que le glace pourvoit à le réchauffer en ce momentDiscours royal:
Princesse sombre Du Royaume des ombres.
► Âge : 28 ans
► Titre : Dame de Noirange, comtesse de Vaunoy
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► Date d'inscription : 06/08/2011
| Sujet: Oh les jolis fiancés ! 04.09.16 19:07 | |
| La jeune femme avait à peine poussé la porte de l'hôtel de Vaunoy, qu'une petite silhouette dévalait l'escalier et sans aucune étiquette ni maintien, se jetait dans les bras de l'arrivante. - Maman! A mon réveil, je vous ai cherché partout, et mademoiselle Pauline m'ayant avertie que vous étiez sortie, je n'ai eu de cesse de d'attendre votre retour avec impatience! Je crois même que j'en ai agacé cette pauvre demoiselle, mais je ne pouvais tout de même pas rester assise sans mot dire, alors que je guettais le moindre signe de votre arrivée!- Doucement Valentine, doucement, répondit la mère de l'enfant dans un sourire, tout en tendant sa cape légère à la femme de chambre. Elle se baissa pour prendre sa fille, qui n'était désormais plus une petite enfant, et l'embrassa tendrement sur la joue. - Qu'allons-nous faire aujourd'hui? Allons-nous rendre visite à la duchesse de Guyenne? Cela me ferait tant plaisir de la revoir! Ou alors, pourrions-nous simplement aller dans les jardins de Versailles? J'en ai entendu tant de bien par Monsieur de la Fère...et d'ailleurs, celui-ci me disait encore il y a peu que vous deviez connaître l'une de ses connaissances...je ne me rappelle plus du nom....il était prêtre, je crois, ou peut-être ma mémoire me fait-elle défaut! Déjà étouffée sous la loghorrée de sa fille, Emmauelle ne pu toutefois retenir un sourire, et prenant la main de l'enfant, la mena au petit salon où elles avaient leurs habitudes depuis leur retour, il y avait près d'un mois de cela. Le retour de Chambord avait précipité les prédictions d'Emmanuelle. L'honneur que lui avait fait le roi en lui rendant officiellement ses titres et les biens de son défunt époux, avaient enfin ouverts la porte aux projets de la jeune veuve. Par l'entremise d'Amy of Leeds, elle avait enfin vu Valentine revenir dans son foyer, et avait depuis ce temps cherché à renouer dix ans d'une vie séparée. Elle avait craint que la jeune fille, presque adolescente à présent, ne s'attache pas à elle et crée une distance compréhensive, mais il n'en n'avait rien été. Emmanuelle avait silencieusement loué le comte de la Fère d'avoir su préparer Valentine à son retour prochain, à sa rencontre avec sa mère; et cette dernière avait pu découvrir que dès l'identité de Valentine dévoilée, le comte avait mis les premières fondations à ces retrouvailles. Mère et fille s'étaient revues, comme si deux ans à peine s'étaient écoulés. Depuis près d'un mois, l'enthousiasme et la gaieté de Valentine rejaillissaient sur sa mère, et la soucieuse, taciturne et droite comtesse de Vaunoy retrouvait peu à peu une joie de vivre qui l'avait quitté dix années auparavant. Auprès de sa fille, Emmanuelle songeait enfin à un avenir apaisé. Toutefois, il restait tant à faire et à refaire, et c'est en pénétrant dans le petit salon que la comtesse réalisa que ce vieil hôtel de Vaunoy méritait quelques rafraîchissements. Les peintures n'avaient été changées depuis son précédent occupant, et l'on ne pouvait dire qu'Emmanuelle et son époux étaient restés bien longtemps en ces murs. Les tapisseries, les tentures, les tableaux...tout laissait à penser que le roi Louis XIII était encore de ce monde, et sans les chandeliers que la femme avait fait rajouter, l'atmosphère aurait glacé quiconque s'y aventurait. Sombre, sentant encore quelques odeurs d'ancien et de poussière, l'hôtel reprenait pourtant peu à peu vie depuis quelques semaines, dès lors qu'Emmanuelle avait pu réintégrer son ancienne demeure. Pourtant, elle n'osait toujours pas recevoir, même si le grand salon voyait sa nouvelle décoration presque terminée et que le hall était de nouveau présentable. Le seul invité respectable possible était donc... - Grand-Papa! Valentine s'était levée de près de la cheminéee où elle jouait avec un petit chiot, et se précipita dans les bras de son grand-père. Emmanuelle avait peu vu son père montrer autant d'émotion que lorsqu'il se trouvait avec sa petite-fille retrouvée, et elle se rassurait sur le coeur du duc. Il n'était pas aussi sec qu'il avait pu l'être par le passé. A chaque apparition de son père, elle ne pouvait que se rappeler d'Isabelle. Elle ne pu toutefois réprimer un sourire tendre en le voyant si proche de Valentine, et lui offrir un petit coussin pour son chiot. - Père, vous ne devriez pas tant la gâter, même à 13 ans un caractère peut devenir capricieux, s'amusa-t-elle en saluant son père. - Et qui lui a donc offert ce petit chien?- Je ne voudrais pas qu'elle s'ennuie lorsqu'elle ne travaille pas et que je remplis mes devoirs envers la duchesse de Guyenne, répliqua-t-elle. Elle l'invita à s'asseoir, fit signe au valet d'apporter quelques collations et attendit que Valentine se soit retiréee pour ses devoirs, non sans avoir auparavant embrassé mère et grand-père. - Je vous vois chaque jour, père, dites-moi donc ce que vous avez en tête concernant cette enfant, reprit Emmanuelle lorsque la porte se fut refermée. J'attends par ailleurs mon avocat, afin de régler quelques affaires liées à la successions, allez donc au fait sans détour.- Votre avocat? Chez vous? Ne pouvez-vous donc pas vous déplacer, ou est-ce réellement votre avocat?Emmanuelle ne pu s'empêcher de soupirer. Elle ne se surprenait jamais de se rappeler que son père était l'un des favori d'un roi, qu'il était craint d'un cardinal, et qu'en ce sens, il avait l'art de la cour et des intrigues. - Mes affaires passées ou présentes ne vous concernent en rien tant qu'elles ne touchent votre petite-fille, père. Vous oubliez parfois que je ne suis plus Emmanuelle de Sérigny, mais comtesse de Vaunoy et que par là, je suis libre de vous cacher ces affaires.- Mais certaines de vos affaires...religieuses...m'ont pourtant touché.- C'était imprévu. Je les gère, à présent, répondit-elle plus froidement. Mais dites-moi donc ce qui vous amène, s'il ne s'agit pas du futur de ma fille?- Il s'agit du votre, Emmanuelle.La jeune mère reposa la tasse qu'elle allait porter à ses lèvres et leva un sourcil circonspect. - Le mien? Ne suis-je donc pas assez grande pour m'en occuper par moi-même? - Soyez raisonnable, Emmanuelle. Vous êtes encore jeune, avez une fille qui a besoin d'un père...- Qui, pour le moment, a besoin de retrouver sa mère, coupa Emmanuelle avec vivacité! Une chose à la fois!- Laissez-moi finir, reprit avec force le duc, qui montrait là un visage bien connu d'Emmanuelle. Votre passé est sombre, incite aux plus grandes divagations. Vous connaissez aussi bien la cour que moi, et vous ne pouvez nier que tôt ou tard, l'on saura que votre nom est étrangement lié à celui de monsieur Colbert, ou à l'évêque de Vannes, d'étrange réputation! - Que proposez-vous pour cela, répondit sa fille avec amertume et non sans ironie? - Un autre nom, une nouvelle situation sera pour vous et pour la société un nouveau départ. Vous ne serez plus l'étrange comtesse de Vaunoy, veuve d'un époux disparu dans d'étrange condition, dont le retour s'est fait par les grâces du roi, mais l'épouse d'un homme respectable, reconnu dans la société, avec un statut et une vie dont les rumeurs ne peuvent s'emparer.Emmanuelle en avait trop entendu et se leva, excédée par les manières insolentes de son père. - N'en n'avez-vous donc jamais assez, que de vous mêler de la vie de vos enfants, même lorsque ceux-ci sont libres? Ne pensez-vous pas avoir assez fait de mal à Louise pour vos propres espérances, ou à Angélique dans ce même but? Ne pouvez-vous donc nous laissez en paix?!Elle avait crié, plus fort qu'elle ne l'aurait voulu, et réfréna sa colère face au visage impassible de son père. - Calmez-vous Emmanuelle, et considérez ce que je viens de vous dire. J'ai aujourd'hui convié une femme des plus respectables, dont le neveu se trouve peu ou prou dans la même situation que la votre. Une union serait des plus convenables, nous le pensons tous les deux...- Ah! Au moins je ne suis pas le seul dindon de la farce, s'exclama Emmanuelle dans un sarcasme! Le pauvre homme! Et vous conviez donc chez moi, à MON domicile, une personne que je ne souhaite recevoir? M'en auriez-vous seulement avertie? Je crois que...Mais le duc de Sérigny ne su ce que croyais Emmanuelle, car le valet venait de frapper plusieurs coups à la porte, annonçant l'arrivée de l'avocat de Madame la comtesse. Fâchée et de mauvaise humeur, Emmanuelle fit redescendre Valentine afin de tenir compagnie à son père, et mener le visiteur dans son bureau. Elle pénétra dans la petite pièce sombre et au style gothique assumé par feu son beau-père, et prit place derrière le vieux bureau d'acajou, recevant Benoît de Courtenvaux. - Asseyez-vous, je vous prie. Je vous remercie de vous être déplacé jusqu'ici, je ne pouvais hélas quitter mon hôtel aujourd'hui. Et je vous prie d'excuser la décoration de cette pièce, l'endroit a malheureusement été inhabité depuis le règne du feu roi Louis XIII, et nul n'a prit la peine de reconsidérer les peintures depuis.
Elle s'assit, observant son visiteur, toujours aussi droit, presque austère dans son attitude. Pourquoi avait-elle eu besoin de justifier les peintures de cette pièce? Peut-être constrastait-elle tant avec l'office de Courtenvaux qu'elle avait eu ce besoin de justification, pour ne pas se voir jugée sans raison. Courtenvaux... il était, il fallait l'avouer, de belle prestance et d'une évidente honnêteté, et c'était hélas le type d'homme que son père aurait certainement aimé lui faire épouser. Dieu merci, il ne l'avait vu lors de son arrivée! - Eh bien monsieur, reprit-elle, quelles nouvelles m'apportez-vous? |
| | | Benoît de Courtenvaux
« s i . v e r s a i l l e s »Côté Coeur: Une fois offert et mis à lambeaux, il est pour l'heure tout entier à son roi.Côté Lit: Je n'y tiens pas une collection ! Mais il n'est pas glacé non plus.Discours royal:
ϟ La Main au collet ϟ
► Âge : 32 ans et des poussiè... (Non pas ce mot maudit)
► Titre : Marquis de Courtenvaux, Magistrat parlementaire et avocat
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| Sujet: Re: Oh les jolis fiancés ! 29.12.16 17:46 | |
| Nicéphore entra dans la chambre de Benoît sans frapper à la porte et ouvrit les épais rideaux pour laisser pénétrer la lumière du jour. Seul lui pouvait se permettre une telle familiarité, ce n’était pas simplement une question de respect d’âge du plus jeune au plus ancien mais également une complicité d’enfant envers un domestique qui avait été une figure paternelle. Aussi, si le magistrat ronchonna intérieurement à cause de l’heure fort matinale, il n’en laissa rien paraître à son intendant.
Si le lever du roi était d’une précision d’horloger suisse et une succession de rituels, celui du marquis n’avait rien à lui envier.
- Les fenêtres du vestibule ont-elles été lavées ? Les bustes du salon ont-ils été bien époussetés ? s’assura-il comme à l'accoutumée, à peine avait-il trempé les lèvres dans sa tasse.
Nicéphore n’avait nul besoin d’entendre ce flot de questions concernant la tenue de la maison qui fusaient de la bouche de son maître, il avait pris le pli d’acquiescer de la tête pendant cinq bonnes minutes. Une fois rassuré sur tous ces points d’une importance capitale, Benoît s’assurait du bien être et du sommeil de ses chers enfants, surveillait par réflexe son ancienne blessure, puis se faisait habiller pour se rendre au parlement.
Ce matin-là pourtant, il ne le regagnerait pas avant plusieurs heures. Une missive reçue la veille le priait de se rendre à l’hôtel de Vaunoy, non loin du sien. Elle était signée de la main de sa propriétaire, Emmanuelle comtesse du même nom. Cette dernière lui avait demandé un entretien afin de connaître l’avancement de son affaire. En effet, la dame était sa cliente depuis quelques semaines et son cas n'était pas banal voire même très épineux. L’assassinat d’un pape, rien moins que ça ! La collaboration d’Emmanuelle avait conduit à l’arrestation puis à la mort de l’infâme coupable, Ulrich de Sola.
A ce terrible souvenir où il avait failli basculer de vie à trépas, tout comme son compagnon espion Luigi, Benoît fut parcouru de frissons. Nicéphore interpréta ce soudain mal-être comme un accès de maniaquerie et accentua tout à coup, les coups de brosse donnés à sa veste d’un gris clair et soyeux. Ce traitement le tira aussitôt de ses pensées et saisissant son dossier, il sortit de ses appartements.
- Je me rendrai chez la comtesse à pieds, inutile de faire venir mon équipage, articula t-il d’une voix forte à l’attention de son domestique tout en se dirigeant vers la porte de sa demeure.
A sa surprise, il trouva la dame de compagnie de la marquise de Sablé patientant dans l’entrée. Sans doute, était-elle porteuse d’une commission.
- Monsieur, votre tante regrette de ne pouvoir être présente à la plaidoirie que vous ferez cet après-midi, un vieil ami l’a invitée à passer la journée en sa compagnie.
Un sourire naquit au coin des lèvres de Benoît. Un vieil ami ou un ancien soupirant ? Pour que cet inconnu la retienne une journée entière, il devait y avoir davantage qu’une légère affection … L’idée même que sa tante soit courtisée l’amusait beaucoup. Il la taquinerait dès son retour comme il le faisait parfois, qu’importe si elle le forçait par la suite à lui présenter des excuses en alexandrins.
C’est sur cette joyeuse note que Benoît passa les grilles de son hôtel particulier et s’engouffra dans un Paris bruyant. Les différents marchands ambulants n’étaient pas présents dans la grande rue huppée de son quartier, mais on entendait leurs cris d’assez loin. Ce qui lui permettait de les éviter le plus possible car les côtoyer aurait été une véritable épreuve. Ses domestiques évoquaient des scènes dégoûtantes comme la découpe de poissons sur les étals. Certes, cela prouvait qu’ils étaient frais mais tout de même …
Le magistrat pressa le pas de peur d'assister à un tel spectacle et parvint à destination après une dizaine de minutes.
Lorsqu’il se présenta, le maître d’hôtel le fit pénétrer dans une pièce où la lumière manquait terriblement et dont le style laissait à désirer. Les peintures étaient par exemple si vieilles qu’elles avaient dû connaître le règne des premiers Capétiens. Tandis qu’il patientait, il remarqua enfin, ô horreur, une araignée entre les cors d’une tête de cerf empaillée. Elle n’était visible que de ses yeux d’expert mais justement cela suffisait à le mettre mal à l’aise, non pour l'animal mais pour la toile qu'elle tissait et qui ne manquerait pas de prendre la poussière … Il espérait que la dame se montrerait vite ! Grâce à Dieu, cette dernière était ponctuelle. Elle entra dans le bureau et lui offrit un siège. Un siège tout aussi défraîchi que le reste de la pièce.
- Je vous remercie de vous être déplacé jusqu'ici, je ne pouvais hélas quitter mon hôtel aujourd'hui. Et je vous prie d'excuser la décoration de cette pièce, l'endroit a malheureusement été inhabité depuis le règne du feu roi Louis XIII, et nul n'a prit la peine de reconsidérer les peintures depuis. - Je vous en prie comtesse, vous n’êtes en aucun cas fautive si notre siècle n’a donné qu’un seul Le Brun, répondit-il poliment même si ses yeux ne parvenaient pas à se détacher de ce décor trop vétuste à son goût.
Un court silence s’installa après les formalités d’usage.
- Eh bien monsieur, quelles nouvelles m'apportez-vous? - De bonnes nouvelles madame, déclara t-il tout en sortant quelques feuillets de son dossier. Votre témoignage a été très précieux à Sa Majesté. L’individu responsable de cet acte ignoble envers feue Sa Sainteté a été mis hors d’état de nuire. Le roi est ressorti plus auréolé que jamais aux yeux du Vatican.
Il lui tendit alors un papier officiel signé de la main de Louis XIV.
- Après avoir insisté auprès de lui et de son conseil restreint, que vous étiez venue de vous-même dans un élan de sincérité apporter des informations capitales à cette enquête, il est apparu que l’on ne pouvait vous reprocher d’avoir fait votre devoir de bonne chrétienne et de loyale sujette. C’est pourquoi, comme vous pouvez le constater, cette affaire est close. Sur ordre du roi.
Il lui adressa un sourire entendu puis aborda cette sorte d’avertissement dont on l’avait fait le messager.
- Cependant ... il met toute sa confiance en vous, pour que le nom honorable qu’il vous a rendu le reste à jamais.
Le message ne pouvait pas être plus clair mais et il se tut pour qu’elle mûrisse ses propos. A présent, il ne lui restait plus qu’à aborder un autre sujet délicat : ses honoraires, mais chaque chose en son temps n’est ce pas ? Sa devise était de laisser le client apprécier sa victoire à laquelle il avait participé ! Un moment de gloire à partager à deux en somme et forcément cela se savoure... |
| | | Emmanuelle de Vaunoy
« s i . v e r s a i l l e s »Côté Coeur: Le souvenir d'un homme et d'une enfant.Côté Lit: Un homme aussi froid que le glace pourvoit à le réchauffer en ce momentDiscours royal:
Princesse sombre Du Royaume des ombres.
► Âge : 28 ans
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► Date d'inscription : 06/08/2011
| Sujet: Re: Oh les jolis fiancés ! 22.02.17 19:26 | |
| A dire vrai, Emmanuelle n’attendait pas foncièrement de bonnes nouvelles, la Désillusion faisant partie de son avenir depuis de longues années. Elle avait peu à peu oublié ce que pouvait être un véritable espoir, tant de fois ce qu’elle avait recherché lui avait-il échappé au dernier instant. Elle avait eu cette vaine impression de courir après des fantômes, des nébuleuses, des ombres qui s’évanouissaient dès lors qu’elle tendait la main pour les toucher. La déception, qui l’avait si lourdement blessée les premières années de son deuil, avait fini par disparaître totalement, laissant place à une fatalité nouvelle. Aujourd’hui, ça n’était plus pour elle-même qu’elle oeuvrait, mais pour Valentine et son avenir. Son temps à elle s’éteignait lentement, touchant les ultimes années de sa vie, mais Valentine entrait de plain-pied dans la vie, et l’héritage qu’elle lui laisserait devait être inestimable, afin de lui donner les armes nécessaires pour affronter son avenir.
Retenant un soupir en songeant aux prévisions de son père, elle se contint toutefois et pris un petit crayon avec lequel elle joua distraitement, posant les yeux sur son interlocuteur. Etait-ce une idée qu’elle s’en faisait, ou Courtenvaux donnait-il toujours l’impression de sortir de la boutique de son tailleur ? Elle préféra répondre à sa sortie sur Lebrun par un petit sourire poli et hocha la tête courtoisement. -De bonnes nouvelles madame, déclara t-il tout en sortant quelques feuillets de son dossier. Votre témoignage a été très précieux à Sa Majesté. L’individu responsable de cet acte ignoble envers feue Sa Sainteté a été mis hors d’état de nuire. Le roi est ressorti plus auréolé que jamais aux yeux du Vatican.
Elle ne put s’empêcher de hausser un sourcil de surprise, avant qu’un sourire sardonique ne naisse dans un coin de ses lèvres, vite étouffé. Ainsi, Sola avait péri. Il ne restait que Sobieska, mais celle-ci ne parlerait pas, les Jésuites en savaient trop sur son compte, et l’ordre laïc pouvait se montrer très persuasif pour défendre ses intérêts. Elle en était même innocente. Lavée de tout soupçon, revenue en grâce aux yeux du roi….Roi qui n’avait donc guère manqué de récupérer les lauriers du geste salvateur. Roi qui ignorait la réalité-même de ce complot, du geste de deux de ses serviteurs, dont l’un aspirait à devenir prince de l’Eglise s’il le pouvait. L’ironie était assez merveilleuse pour qu’elle ne vienne à l’esprit d’Emmanuelle.
-Merci, fit-elle d’une voix contenue, s’efforçant de masquer une joie suspecte. Je suis heureuse que les honneurs aient pu rejaillir sur sa majesté. Je suis heureuse, également, que cette affaire n’ai pu ternir le nom de mon époux et de ma fille. Elle allait continuer, mais récupéra d’un œil intrigué les papiers tendus par le marquis. - Après avoir insisté auprès de lui et de son conseil restreint, que vous étiez venue de vous-même dans un élan de sincérité apporter des informations capitales à cette enquête, il est apparu que l’on ne pouvait vous reprocher d’avoir fait votre devoir de bonne chrétienne et de loyale sujette. C’est pourquoi, comme vous pouvez le constater, cette affaire est close. Sur ordre du roi.
A ses mots, elle ne put retenir un mouvement de désappointement, que son interlocuteur pouvait aisément percevoir. Elle se mordit la lèvre inférieure tout en parcourant des yeux les documents signés de la main royale. Main qu’elle avait si souvent protégée sans qu’il ne le sache. Ainsi, le roi était informé d’une partie de sa trahison. Jusqu’à quel point ? Elle-même ne s’était pas totalement ouverte à Courtenvaux, et il ne restait en vie que Sobieska et Herblay pour la trahir. L’un et l’autre ne le pouvait sans se rendre coupable soi-même, ne serait-ce que d’un odieux mensonge. Au lieu de se réjouir, elle resta un moment en silence, comme si soudain, le poids du regret du mensonge pesait sur sa poitrine. Avait-elle agi en bonne chrétienne ou en bonne jésuite ? Avait-elle été loyale à son roi ou à son ordre ? Pourquoi le roi lui avait-il pardonné sans lui adresser une seule remontrance, une seule et minime punition ? Elle songea à la figure du ministre Colbert, qui ne devait pas être innocent à cette affaire. S’il n’avait aucun doute sur l’innocence de Diane de Noirange, il était alors plus imbécile qu’il ne laissait paraître ! - Cependant ... il met toute sa confiance en vous, pour que le nom honorable qu’il vous a rendu le reste à jamais. La phrase était lâchée, telle un avertissement. Qu’avait dit Courtenvaux au roi ? Que croyait-il, au juste, de son implication ? Elle inspira longuement, et s’efforça de remiser ses questions au fond des abysses de son cerveau. Le roi lui avait pardonné. Elle était comme graciée. Valentine avait une mère innocente aux yeux du monde, qu’importait donc ce que Courtenvaux pensait d’elle ?
-Le roi, dit-elle enfin en pesant ses mots, est bien généreux à mon encontre. Il montre ici qu’il est véritablement le premier gentilhomme du royaume, en agissant comme tel auprès d’une ses mauvaises sujettes. Je m’efforcerai d’agir pour que le nom de mon défunt époux, et celui que porte ma fille, ne risque d’être de nouveau entaché. Elle esquissa un vague sourire et reporta son regard sur son avocat. Et vous monsieur, qu’en pensez-vous ?
Elle n’eu pas le temps d’avoir la réponse immédiate, car l’on gratta à la porte et après s’être excusée auprès de son hôte, Emmanuelle autorisa l’un des valets à entrer. -Monsieur le duc vous invite à le rejoindre, il souhaite vous avertir de l’arrivé de son hôte et m’a fait part de… -Bien, bien, merci, le coupa Emmanuelle en levant une main agacée. Dites au duc que je viens. Elle roula des yeux et lâcha un profond soupir. Vous me voyez contrite de mettre fin à notre conversation, monsieur, et surtout, de vous avoir fait venir jusque-ici pour un si bref entretien. Mon père n’est pas avocat, mais serait bien redoutable s’il embrassait la carrière de magistrat…Dieu merci, il tient bien trop à son ancienne noblesse pour accepter le moindre travail. Elle prononça ces derniers mots avec un brin de sarcasme. A nouveau, je ne saurai assez vous remercier pour ce que vous avez fait pour ma famille, et soyez assurée que toute question financière mise de côté, je reste à jamais votre débiteur, monsieur. Elle repoussa son siège et contourna le bureau, entendant au loin une conversation animée entre le valet, et ce qui semblait être son père. Elle se sentait confuse d’avoir fait se déplacer l’avocat pour un si court entretien, mais songeait qu’il serait inopportun de le faire rester plus que de raison. Tous deux sortirent de la pièce au moment où la haute silhouette de son père déboulait vers elle, suivie d’une seconde, féminine.
-Ah, ma fille ! Voici donc où vous étiez cachée ! Approchez, que je vous présente à notre hôte, que, j’en suis certain, vous apprécierez. Madame, fit-il à l’adresse de la femme et en tendant le bras vers Emmanuelle, ma fille, la comtesse de Vaunoy, qui nous revient depuis peu d’une province reculée. Emmanuelle, voici la marquise de Sablé, dont le nom ne vous est certainement pas inconnu, son esprit hantant nos salons parisiens.
Emmanuelle salua courtoisement la marquise et dans un geste poli, présenta le marquis que son père n’avait pu ignorer. -Mon père, le duc de Sérigny…monsieur le marquis de Courtenvaux, qui œuvre avec brio à remettre de l’ordre dans de poussiéreuses archives administratives.
Prise dans ces pompeuses salutations, elle n’avait pas encore remarqué la mine des deux invités… |
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| Sujet: Re: Oh les jolis fiancés ! | |
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