« s i . v e r s a i l l e s » Côté Coeur: Je l'ai fermé par sa faute. Seul lui pourrait le rouvrir un jour ... Côté Lit: Je ne suis pas de celles qui se couchent pour un sourire. A peine pour un diamant, mais souvent pour la passion. Discours royal:
♈ LA BELLA FARNESE ♈ Più bella cosa non c'è
► Âge : 24 ans
► Titre : Princesse Farnèse, Princesse Chimay par mariage
► Missives : 1402
► Date d'inscription : 03/09/2011
Sujet: [Chimay] Quand les princesses se marient. 04.04.16 18:44
« Les liens du mariage n’empêchent pas les vies décousues. »
Les murs de pierres recouverts de tapisseries n'arrivaient à donner une âme à la pièce. Pourtant, on ne pouvait dire que c'était laid : une grande cheminée ornée façon siècle dernier, plusieurs fenêtres donnaient sur un ravissant jardin, l'une d'entre elle était même en vitrail coloré, donnant à la chambre un caractère supplémentaire. Les tapisseries représentaient des scènes antiques, ravissantes et colorées elles-aussi. Parlons du mobilier, sublime, alternant l'ancien siècle et la dernière mode. Cette petite commode en chaîne sculptée avait appartenu, selon ce qu'on disait, à Charles Quint dans sa demeure dans les Pays Bas. Par contre, cette coiffeuse relevait du goût de maintenant, avec ces dorures et la marqueterie des plus luxueuses. Et peut-on parler du lit ? Spacieux, un peu haut qu'il fallait avoir une marche pour y monter, avec quatre colonnes entourées de soieries que l'on pouvait descendre pour se cacher à l'intérieur. Non cette chambre avait une jolie vie, mais si l'on demandait à la jeune femme allongée sur le lit, elle vous dirait qu'il n'y avait pas d'âme et que cela serait sa prison pour le restant de ses jours.
Sofia Farnèse exagérait peut être, sous le coup de la colère et de son sang chaud méditerranéen. Le prince de Chimay ne voulait pas en faire sa captive, seulement son épouse, ce qui était déjà beaucoup trop pour la jeune femme. Pourtant, elle ne pleurait pas. Allongée là, à fixer le haut de son lit, la respiration tranquille, pas une larme n'avait coulé depuis qu'elle était partie de Versailles pour se rendre à son mariage. Même avant d'ailleurs, elle n'avait pleuré qu'à l'annonce de son mariage, par surprise et désespoir sans doute. Mais toutes les larmes de son corps furent pour Francesco. Quand Alessandro lui avait annoncé sa mort, elle n'avait pas pu se retenir et avait pleuré dans le jardin comme une adolescente. Elle pleurait l'homme qu'elle avait aimé, puis haï, avant de l'aimer encore et de le haïr de sa nouvelle trahison. Mais l'amour, ce renouveau qu'elle avait senti, ne s'était pas estompé par la haine, et sa mort arrivait bien trop vite pour qu'elle ait trouvé la force de le détester encore, de vouloir le tuer une nouvelle fois. Elle avait pleuré plusieurs nuits durant, Graziella n'arrivait pas à savoir si c'était pour le mariage ou le vénitien alors ne disait rien, de peur d'une gaffe. Puis, quand elle n'avait plus une larme en elle, Sofia s'était résignée. A quoi bon après tout ? L'homme qu'elle aimait avait passé l'arme à gauche, et il ne l'aurait jamais épousé de toute façon. Malgré la tristesse, elle avait continué, et portait le deuil bien caché, car elle n'en avait pas le droit. Ainsi s'était fait son retour à la Cour, dans la détresse et l'annonce d'un mariage prochain. Chez Madame, on l'avait félicité. Si le prince de Chimay n'était pas jeune, il y avait un reste de beauté, de l'intelligence et surtout une grande richesse, il fallait voir le bon côté des choses. Tout se précipita quand on célébra les premières noces, avec un représentant du prince, pour garantir le mariage. Puis, alors que la Cour préparait ses malles pour Chambord, elle faisait les siennes pour Chimay, ce n'était pas la même ambiance.
Elle partit donc un matin avant l'aube dans un carrosse avec Graziella et son frère Alessandro, qui fit le trajet tantôt avec elles, tantôt à cheval pour se dégourdir. A son arrivée, elle fut accueillie par celui qui deviendrait son mari. Philippe de Croÿ-Chimay d'Arenberg n'avait plus sa jeunesse, mais se tenait bien et avait toutes ses dents, il fallait bien lui trouver des qualités. Il fut aussi poli et prévenant, même si cela pouvait être faussé. On montra les chambres à Alessandro puis à elle pour prendre un peu de repos. Et Sofia n'en était pas ressortie depuis, cela faisait deux jours. Elle feignait d'être malade, d'avoir sa maladie du mois pour rester seule, ou seulement avec Graziella qui lui apportait sa nourriture, un peu de lecture et racontait ce qu’elle voyait quand sa maîtresse l’autorisait. Malgré sa fausse maladie, les noces ne seraient pas repoussées, tout avait été préparé soigneusement pour dans trois jours et peu importe ce qu’il se passerait dans le reste du monde, la princesse Farnèse passerait devant l’autel. Dans son lit ou à sa fenêtre, la jeune femme restait mélancolique, le regard vide et une langueur dans ses gestes traduisant son état d’esprit. Personne ne venait la bousculer, son frère se gardait bien de pousser la porte de sa sœur si elle avait ses menstruations, il paraît que cela fait peur aux hommes. Quant au prince, il lui avait envoyé deux gentils mots où il priait qu’elle se sente mieux. Graziella avait répondu aux missives et imité la signature de sa maîtresse, pour la paix des ménages.
Après quatre jours enfermés, demain, il faudrait sortir, se montrer au monde, à Dieu et se marier. Dans l’après midi, on lui apporta sa robe de cérémonie. En temps normal, la jeune femme aurait tapé des mains devant une telle splendeur : voici une magnifique robe de soie blanche, rebrodée d’or et où les perles les plus fines étaient cousues sur la pièce d’estomac. Les dentelles les plus délicates entouraient le col et pendaient aux manches, elle brillait à la lumière comme une robe couleur soleil. Le futur époux avait choisi d’assortir les chaussures, dont la boucle en or se vantait de diamants incrustés. Quant aux bijoux, la parure de diamants où un rubis trônait au centre du l’énorme collier brillait comme l’explosion d’une étoile. Tout cela était d’un luxe inouï, une beauté outrageante, où Sofia se contenta d’hocher la tête d’approbation. Pour seule consolation, elle serait une jolie mariée. Dans la soirée, après avoir prié, elle souffla et se coucha, demain serait une très longue journée où il faudra jouer la comédie.
Elle n’avait pas eu une minute à elle dès son lever. Graziella et quelques jeunes dames s’attelait à la préparer. Lui prendre un bain, la préparer, l’habiller, la coiffer, la maquiller. En dernier cadeau, le prince de Chimay lui offrait une tiare tout en diamant, appartenant à sa mère. Dans sa robe immaculé et d’or, son visage solennel, elle ressemblait à une madone. Curieux, quand on connaît le passé de la belle ! Pour parcourir les mètres séparant le château à l’église du village, elle monta dans un magnifique carrosse tirer par quatre chevaux blancs avec des plumes sur la tête. Après une nouvelle inspiration, elle se résigna à montrer un visage aimable aux badauds sur son chemin, à faire quelques signes ; la foule grossissait, jusqu’à ne plus faire une masse aux abords de l’église. Le prince était déjà arrivé, en témoigne le carrosse avec ses armoiries. Son frère Alessandro l’attendait sur le perron, et les deux Farnèse pénétrèrent dans le lieu saint. Au niveau de l’autel, le prince de Chimay l’attendait dans son plus beau costume d’or lui aussi et distingué. Pendant tout cet instant, Sofia ne se souvint de rien, plongé dans ses pensées, cherchant du réconfort dans les prières, et à essayer de ne pas penser à Francesco. Trop tard.
Mais déjà unis, le nouveau couple de Chimay ressortit sous les hourra de la population. Dans un sourire de circonstance, Sofia continua de saluer alors qu’il fallait déjà retourner à la demeure pour les festivités. Danses, victuailles, rien n’était trop beau pour ce mariage princier. Il fallait montrer sa richesse et donc son pouvoir. La nouvelle princesse de Chimay dansa avec grâce, fit quelques bons mots mais se montra surtout bien plus douce de caractère qu’on avait du vanter au prince de Chimay, content sans doute d’avoir une épouse moins caractérielle qu’attendue !
Puis vint l’instant redoutée de tant de mariées : le moment de la première intimité avec son nouvel époux. Il faut dire que la plupart des jeunes femmes n’avaient jamais vu le loup et n’avait jamais été touchées. Sofia avait déjà connu des amants, des hommes sont passés dans son lit depuis quelques années, pas toujours des hommes experts en la matière, heureusement qu’ils payaient bien ! Mais le dernier homme qui l’avait touché était Francesco. Et s’il pouvait être vantard sur beaucoup de choses, Sofia pouvait confirmer son savoir-faire en matière de sexe. Elle essayait de ne pas y repenser, des frissons lui parcouraient le corps dès qu’elle imaginait ses mains sur son corps … Passer de la passion la plus brûlante à un devoir conjugal, quelle cruelle désillusion. Mais tel était le destin de la nouvelle princesse de Chimay …