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 lazin' on a sunny afternoon [PV Rebecca]

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MessageSujet: lazin' on a sunny afternoon [PV Rebecca]   lazin' on a sunny afternoon [PV Rebecca] Icon_minitime19.04.15 13:56


Chambord. C’était la première fois depuis bien des années que Ferdinand y retournait, la dernière fois devant remonter  facilement dix ans, quand Louis n’était encore qu’un tout jeune roi et que Versailles n’était encore qu’un vague projet dans sa tête déjà bien pleine. A cette époque-là, la cour était encore relativement mobile, et le majestueux château de François Ier n’était qu’une étape parmi d’autres sur le chemin de la cour dans ses pérégrinations. Ferdinand avait suivi le mouvement, comme tous les autres, encore tout joyeux de sa fraîche nomination en tant que Bouffon royal – et plus de dix ans après, voilà qu’il était de retour, sa position plus assise que jamais après du monarque. La guerre était terminée, la Lorraine était défaite, la France victorieuse, et les soldats fatigués avaient pu rentrer chez eux profiter de leur victoire et de repos bien mérité. Chambord s’annonçait comme des vacances, auxquelles il ne disait pas non. Ferdinand était loin d’être un homme de guerre, et s’il ne reculait pas devant le danger, il n’était que peu partisan des boucheries organisées qu’on appelle guerres et qu’on justifie par la raison d’Etat. Ces longs mois de batailles incessantes l’avaient amaigri et épuisé, et il n’était pas fâché de revenir à sa vie tranquille versaillaise, entre complots et tentatives d’assassinat bien plus distrayantes que les canons et les fusils. Et puis Chambord. Chambord, cela voulait dire la belle vie, les parties de chasses, de cartes, les bals et les ballets, les festins – bref, la vie de château au sens noble du terme. Ferdinand s’en réjouissait d’avance.

Le trajet avait été des plus agréables de Versailles à Chambord. Comme à son habitude le Fou avait distrait l’assemblée, composée dans son périmètre de Louis, de son cher frère, et de quelques ducs de moindre importance qui avaient essuyé ses provocations sous le rire exalté de Philippe d’Orléans sur lequel Ferdinand pouvait toujours compter pour rire du malheur des autres. Talonnant son cheval, il allait et venait dans le cortège, racontant des histoires aux uns, chantant des chansons paillardes aux autres, leur récitant des poèmes de son cru et pas toujours aimables, électron libre incapable de tenir en place plus de cinq minutes au même endroit. Retenu plusieurs mois dans cette foutue guerre, le Fou était de retour plus impatient que jamais, comme pour rattraper ces longues semaines de torture dans lesquelles il n’avait pu être ce qu’il était le mieux. Ah ça, il n’avait pas aimé, la guerre. Les canonnades, les hennissements des chevaux, les cliquetis grinçants des épées et les cris de rage et de douleur hantaient encore ses souvenirs et ses nuits malgré l’air bienheureux qu’il affichait depuis son retour. Le Bouffon n’avait pas le droit de faire triste mine. Il était une image, une projection du pouvoir, ou plutôt du contre-pouvoir : laisser paraître que la guerre l’avait affecté le placerait dans une position de faiblesse que ses nombreux ennemis ne manqueraient pas d’exploiter à la première occasion. Alors il avait repris sa place aux côtés du roi comme si de rien n’était, comme si la guerre n’avait été qu’un détail balayé du revers de la main.

A Chambord il avait hérité d’une chambre à côté de celle du roi – une vieille habitude qu’ils avaient prise à mesure que l’importance de Ferdinand dans l’entourage du monarque s’était consolidée, passant de simple fou à presque maître espion. L’on s’était installé, l’on avait célébré l’arrivée de la cour dans le vieux château, puis chacun avait vaqué à son occupation, prenant ses marques dans ce nouvel environnement qui apportait une bouffée d’air frais bienvenue à la cour qui s’efforçait d’oublier les difficultés de ces derniers mois. Et Ferdinand avait une idée bien précise de comment il pouvait se changer les idées. Après tout, La Reynie lui avait confié une tâche avant son départ pour la guerre, et Ferdinand était impatient de reprendre sa mission et retrouver la délicieuse Pauline, sa protégée dont le sourire et l’inimitable lancer d’assiettes avaient été parmi les souvenirs auxquels il s’était accroché dans la bataille. Il n’avait pas eu l’occasion de la revoir depuis son retour, mais ses oreilles toujours attentives avaient entendu dire qu’elle avait suivi la cour à Chambord. Quel décor plus enchanteur pour leurs retrouvailles ? En plus, sa ‘mission’ était une excuse toute trouvée pour aller l’aborder et se rappeler à son bon souvenir.

Le lendemain de leur arrivée, Ferdinand était sorti vers onze heures et, à force d’interrogatoires subtils, avait fini par retrouver la trace de la charmante Pauline et s’était présenté à sa chambre. Lorsque la domestique lui avait ouvert, il avait appris qu’elle était sortie profiter des jardins et qu’il la trouverait certainement là-bas. Ni une ni deux, le Fou avait mis le cap sur les vertes étendues de Chambord à la recherche de la jeune femme. Il ne lui avait pas fallu bien longtemps pour la retrouver, absorbée dans la contemplation d’arbres fleuris – et coup de chance, seule. Ferdinand attendit quelques instants avant de l’aborder, contemplant silencieusement le cou gracile, les mèches châtains qui s’échappaient de sa coiffe, le cœur accélérant un peu sous son pourpoint vert. Diable, ça faisait longtemps qu’il ne s’était pas senti aussi intimidé face à une femme. Bien entendu il avait déjà ressenti ça, ce pincement au cœur, ces papillons dans le ventre, la naissance de ce petit quelque chose qui lui faisait penser qu’il était bien ridicule, à son âge, de tomber dans le piège de la romance. S’agissait-il seulement d’une romance, d’ailleurs ? Ou se plaisait-il juste à entretenir l’idée qu’à trente-six ans, il pouvait encore espérer quelque chose de plus qu’une relation éphémère ou une vie de vieux garçon entouré de son roi et de son chat – aussi distrayants l’un que l’autre ?

Rassemblant son courage à deux mains, il franchit les derniers pas qui les séparaient et se posta à ses côtés, un grand sourire sur le visage.

« Quelles merveilles que ces arbres florissants, n’est-ce pas ? Il paraît que Chambord regorge d’autres surprises du même acabit. Si vous cherchez un guide, je connais par cœur le moindre recoin du château. » lança-t-il avec sa bonne humeur coutumière, celle que Pauline lui connaissait et que même des assiettes lancées furieusement n’avaient pas réussi à entamer. Lorsque les yeux noisettes de la jeune femme se posèrent sur lui, surprise, Ferdinand se senti revigoré. Elle était encore plus jolie que dans ses souvenirs ; ses yeux de biche plus brillants encore, ses joues plus roses, ses traits plus délicats. Une rose rouge au milieu des roses blanches. Si son cœur rata un battement, il n’en laissa rien paraître et reprit de plus belle.

« Avouez que je vous ai manqué. Mais ne vous inquiétez plus de rien : votre chevalier servant est de retour pour reprendre fidèlement son poste à vos côtés. J’espère que vous êtes prête à me supporter à nouveau autrement que par notre petite correspondance. Je suis bien plus divertissant en chair et en os que sur le papier. » sourit-il avant de lui prendre la main pour y déposer un baiser léger. Puis il releva les yeux sur elle, laissant la délicate main lui échapper. « Merci pour vos lettres pendant la guerre. Je n’ai que rarement eu l’occasion de vous répondre, mais sachez que chacune de vos missives a été une lueur d’espoir dans l’obscurité du champ de bataille. »

Rapidement, la lueur mélancolique qui s’était allumée dans ses yeux disparus. Hors de question de laisser ces sombres souvenirs gâcher leurs retrouvailles – il voulait paraître aussi joyeux et insouciant que d’habitude, il savait que c’était ainsi qu’elle le connaissait, qu’elle avait besoin de lui. Elle que la vie n’avait pas épargnée, qu’il savait triste et parfois effrayée, il ne voulait pas ajouter encore à sa peine. Alors il pensait au présent, au lieu de ressasser le passé. Le Fou tendit le bras à sa compagne, haussant un sourcil sans se départir de son sourire.

« Alors, qu’en dites-vous ? Prête à me supporter à nouveau, ou bien dois-je me méfier des assiettes et autres couverts volants ? »
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