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| "Mon fils, qui était mort, est revenu!" [Amy&Emmanuelle] | |
| Auteur | Message |
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Emmanuelle de Vaunoy
« s i . v e r s a i l l e s »Côté Coeur: Le souvenir d'un homme et d'une enfant.Côté Lit: Un homme aussi froid que le glace pourvoit à le réchauffer en ce momentDiscours royal:
Princesse sombre Du Royaume des ombres.
► Âge : 28 ans
► Titre : Dame de Noirange, comtesse de Vaunoy
► Missives : 288
► Date d'inscription : 06/08/2011
| Sujet: "Mon fils, qui était mort, est revenu!" [Amy&Emmanuelle] 11.04.15 2:13 | |
| La lune s’était levée doucement dans le ciel, éclairant faiblement les derniers nuages du soir, qui estompaient les timides rayons du soleil. Se couchant, il projetait encore une ombre rosée sur les murs du château et les ombres s’agrandissaient, jusqu’à disparaître dans l’obscurité enveloppante. Les cours étaient vides de toutes âmes, mais l’on pouvait distinguer des sons et des bruits de sabots résonnant sur les pavés, alors que des cochers les hélaient pour repartir. Les flambeaux s’agitaient dans la brise du soir, et au travers des vitres du château, les ombres, à la lueur des torches, traversaient les galeries, avant de s’évanouir dans la nuit. Le château s’endormait doucement aux yeux extérieurs, mais Emmanuelle savait qu’à l’intérieur, une nouvelle vie recommençait pour certains. Pour trois, en particulier. Elle fit rester son cocher en place et s’enveloppant dans sa cape légère, elle resserra son étreinte autour du petit paquet qu’elle portait, et s’avança vers les portes gardées. Une simple lettre cachetée lui permit de passer la porte aisément et accompagnée d’un valet, elle parcouru la galerie basse, avant de grimper quelques degrés et d’atteindre la porte ouvragée du ministre des Finances. Emmanuelle ne pouvait se permettre que quiconque ne sache réellement ce qu’elle tenait dans ses bras fermés, ni à qui elle devait le remettre. Depuis ses premières actions en France au sein de l’Ordre, il n’y avait qu’un homme qui avait gardé le secret, lui avait ouvert des portes et l’avait aidé à ses missions ; il lui en avait confié quelques-unes et leurs intérêts s’étaient souvent rejoints. Jean-Baptiste Colbert était de ces araignées travailleuses et silencieuses. -Madame, je suis heureux que vous ayez reçu mon pli de réponse. Je dois dire que si, à première vue, votre demande m’a intrigué, je dois avouer que je n’ai plus de doute quant à la nature de ce que vous détenez ce soir. N’ayez crainte, comme toujours ceci restera entre nous.-Je sais que vous avez à cœur les intérêts du roi, monsieur, répondit Emmanuelle. Vous savez ce que je réclame en échange de cette aide. Si la duchesse de Guyenne est un inestimable soutient, le vôtre me sera important, de par tout ce que nous avons pu accomplir ensemble. -Et nous accomplirons encore, je l’espère, dit Colbert en prenant galamment la main de la jeune femme. J’ai cru entendre que des changements avaient eu lieu au sein de l’Ordre. Sont-ce des rumeurs ? -Sachez simplement que vous pourrez obtenir de moi une aide différente, mais tout aussi précieuse, que celle que je vous ai souvent donnée. J’attends de même en retour, je n’aime pas l’ingratitude, répondit-elle dans un léger sourire. -A nouveau, je vous assure de toute ma fidélité, votre compagnie est précieuse pour la France, dans ces agitations. L’un et l’autre savaient qu’il n’y avait là que des sentiments politiques et diplomatiques, mais ils étaient ainsi certains de ne pas faire sombrer une amitié plus sincère, et l’enfouir dans des amertumes que seule la rancœur pouvait faire vivre. Colbert et Emmanuelle étaient utiles l’un à l’autre, tant que leurs accords avaient le même intérêt : la France, la Couronne, et soi-même. -Dès que la duchesse aura retrouvé ce qui lui est cher, je prendrai les dispositions nécessaires pour que vos biens soient de nouveau remis à votre nom. Emmanuelle lui adressa un regard de gratitude et se dirigea vers la porte que lui ouvrait le ministre. -Vous savez que ma reconnaissance sera à la hauteur de vos efforts. -Je le sais. Allez, madame, la duchesse ne se languit de trop. Emmanuelle quitta le bureau par la porte d’alcôve, sentant son petit paquet remuer dans ses bras, sous sa cape de voyage. Resserrant son étreinte, elle souleva néanmoins un coin de la couverture d’une main, observant l’enfant dont la poitrine se soulevait doucement. Il y avait bien longtemps qu’elle n’avait tenu dans ses bras une créature si frêle et innocente qu’elle en avait presque oublié la sensation. Son instinct de mère s’était relevé d’un assoupissement, dès qu’elle avait pris l’enfant dans ses mains, que celui-ci avait posé sur elle ses grands yeux intrigués. Le cœur d’Emmanuelle avait manqué de défaillir, mais son étreinte s’était resserrée autour de cet être sans défense. Elle n’avait pu protéger sa fille, mais elle protégerait celle d’Amy. Connaissant le chemin menant aux appartements, elle longea les boudoirs privés dans les couloirs sombres et atteignit l’étage où demeurait la duchesse de Guyenne. A chaque marche qu’elle gravissait, elle sentait son cœur cogner dans sa poitrine, et chaque marche gravie était comme un pas de plus vers une nouvelle ère de son existence. Elle avait été fille, femme, mère, veuve…en remettant l’enfant à Amy, s’ouvrirait une porte vers une autre vie, une existence auprès de son enfant, avec son identité, ses biens, son passé. Mais comme un enfant qui n’ose prendre une décision importante, Emmanuelle craignait presque de retrouver ce qu’elle avait été. Chaque pas qu’elle faisait dans le petit couloir sombre la rapprochait d’une vie qu’elle avait oubliée, mais qui ne serait plus jamais la même. Elle arriva enfin devant la porte du boudoir privé de la duchesse de Leeds, et doucement, frappa quelques coups convenus, avant de voir la figure d’une camériste ouvrir la porte. -Je viens voir la duchesse de Guyenne, annoncez Madame de Vaunoy. -Madame m’a déjà prévenue. Entrez. La jeune femme s’effaça pour laisser passer Emmanuelle, puis s’éclipsa derrière la porte. Elle m’a demandé de vous laisser seules, refermez simplement la porte derrière vous. Emmanuelle acquiesça et fit tourner la clef dans la serrure une fois la camériste fermée, avant de s’avancer vers la pièce faiblement éclairée. L’enfant remua dans ses bras, comme s’il avait senti le dénouement. Dans le boudoir, comme attendant le messie, Amy de Leeds attendait. La lettre que lui avait envoyée Emmanuelle, annonçant heure et date, gisait sur un guéridon, entr’ouverte. -Madame, salua Emmanuelle en s’inclinant légèrement, encombrée par l’enfant, voici ce que je vous ai promis. En pleine santé, en pleine vie, n’attendant plus que vous. Et sans ajouter un seul mot, elle dégagea ses bras de son manteau, retira la couverture qui entourait l’enfant, et remis le petit paquet entre les mains de sa mère. -Il n’y a pas plus sage que cet ange, madame, dit simplement Emmanuelle. Dieu a tendu son bras au-dessus d’elle pour la protéger, et a guidé notre instinct pour ramener à vous l’enfant prodigue. Elle le remettant définitivement dans les bras maternels, Emmanuelle traça un signe de croix sur le front de l’enfant. Elle sera, je pense, à jamais protégée par les anges. |
| | | Amy of Leeds
« s i . v e r s a i l l e s »Côté Coeur: Mère enfin apaisée et femme comblée mais pour combien de temps encore ?Côté Lit: Le Soleil s'y couche à ses côtés.Discours royal:
♠ ADMIRÉE ADMIN ♠ Here comes the Royal Mistress
► Âge : A l'aube de sa vingt septième année
► Titre : Favorite royale, comtesse of Leeds et duchesse de Guyenne
► Missives : 7252
► Date d'inscription : 10/09/2006
| Sujet: Re: "Mon fils, qui était mort, est revenu!" [Amy&Emmanuelle] 06.05.15 17:27 | |
| Comme à l'accoutumée, la journée d'Amy ne lui avait laissé aucun répit. Distribuer des faveurs, entendre des plaintes, faire semblant d'y compatir tout en commentant certains ragots faisaient en effet, écouler les heures aussi sûrement qu'un grain dans un sablier. Mais jamais ô grand jamais, la duchesse ne se serait plainte de ce quotidien. Au contraire, elle s'en délectait, elle avait retrouvé toutes ses griffes et nul ne s'y trompait. Punir les uns, gratifier les autres, il s'agissait d'un jeu de pouvoir qui lui permettait d'oublier sa détresse, telle une alcoolique se raccrochant à un verre. Quoique l'oublier ? Non, la supporter aurait été plus juste ! Car pas une seule minute passait sans qu'elle ne pense à cet autre fruit de ses entrailles, celle dont elle cachait encore l'existence à Louis par raison d'Etat, pour ne pas qu'il y ait pression sur lui. Mais qu'il était difficile de lui cacher cette vérité depuis des mois ! Ah … lui pardonnerait-il d'avoir mis certaines personnes de confiance au courant, telle Emmanuelle de Vaunoy ou encore Colbert . Car oui le précieux ministre avait été mis au courant à la fin de la guerre pour que les recherches avancent … La favorite avait confiance en Emmanuelle bien entendu, mais ne fallait-il pas avoir plusieurs cordes à son arc ? De plus, en tant que serviteur zélé du roi, l'homme en noir avait consenti à gardé le secret exactement pour la même raison qu'elle ! De son côté, Amy lui avait promis qu'au jour béni des retrouvailles avec l'enfant, elle ferait en sorte de le couvrir d'éclat. En revanche, si les fameuses retrouvailles tardaient trop … Amy n'avait pas eu besoin d'en dire plus, Colbert avait blêmi et la conversation s'était finie en ces termes. Pourtant, en ce jour de septembre tandis que la Cour s'apprêtait à quitter le palais pour rejoindre Chambord, aucune nouvelle de l'enfant ou même de celle qui l'avait kidnappée ne lui était parvenue. Elle s'était résolue à rencontrer le ministre dès le lendemain, peu avant le déménagement afin de le pousser dans ses retranchements. Mais les facéties du destin en avaient décidé autrement … Après le petit dîner du roi, la duchesse s'était retirée dans ses appartements et la princesse Marie, sa surintendante, avait régalé toute sa suite en faisant donner un récital privé. Au terme du cinquième morceau, une de ses dames de compagnie s'était alors approchée et lui avait tendu un pli cacheté. - Madame, voici une missive pour vous. Le domestique qui me l'a remise m'a clairement signifié qu'elle était de la plus haute importance. Intriguée, la favorite décacheta le courrier et y lut les plus belles lignes jamais tracées. Emmanuelle avait réussi. Elle lui amenait son enfant ce soir même, dans son boudoir. Aussitôt, Amy se leva de son fauteuil de velours, tentant d'apaiser les tremblements d'impatience et de joie s'étant soudain emparés de tout son corps. - Je suis fatiguée. Retirez-vous je vous prie, je me contenterai d'une seule de mes caméristes pour me déshabiller. Madame de Gallerande, veuillez prendre dans ma cassette personnelle la somme pour payer ces messieurs. Merci pour ce moment, dit-elle enfin aux artistes, je ferai de nouveau appel à vous. Après quelques saluts, tous et toutes obéirent non sans murmurer. Personne n'était dupe, on savait que ce papier entre les doigts d'Amy avait causé ce brusque changement dans son attitude. Les courtisanes tentaient déjà de deviner ce qu'on lui avait écrit. Elles ne le pourraient pas. Qui l'aurait pu ? Le silence installé, n'ayant pas pu encore faire un pas en direction du boudoir à cause de sa fébrilité, Amy avait porté à son cœur palpitant à tout rompre, le pli salvateur. Oui salvateur, car elle ne vivait plus vraiment depuis cet affreux jour qui l'avait séparée de sa chair, de son sang. Mille pensées se bousculaient dans son esprit, et la plus délicieuse était celle de la rencontre des deux jumelles, lorsqu'elle présenterait au dessus de son berceau Isabelle à sa petite Mathilde. Elle sourit des larmes coulant sur ses joues, tandis que la femme de chambre qu'elle avait gardée à ses côtés s'apprêtait à délacer son corset. - Non plus tard, j'attends quelqu'un. C'est d'ailleurs vous qui la recevrez, il s'agit de madame de Vaunoy, vous la ferez alors directement entrer dans mon boudoir et nous laisserez seules. - Bien madame, répondit la domestique en s'éclipsant. Puis ce bonheur lui donnant des ailes, alors que quelques instant plus tard il l'avait pétrifiée sur place, elle courut jusqu'au point de rendez-vous. Amy déposa la missive sur l'un des meubles et attendit. Les minutes lui semblèrent passer comme des siècles, tandis qu'elle arpentait nerveusement la pièce. Enfin, la camériste apparut et fit place à son amie. Son regard encore très humide se posa immédiatement sur son long manteau et sur la forme arrondie qui se trouvait en dessous. Son bébé se trouvait là et gigotait adorablement. - Madame, voici ce que je vous ai promis. En pleine santé, en pleine vie, n’attendant plus que vous. Et sans tarder davantage, Vaunoy chassant son habit lui permit de voir l'enfant qu'elle chérissait depuis son premier cri comme la prunelle de ses yeux. La petite dormait tel un chérubin. La duchesse s'approcha à pas de loups, elle avait si peur que tout ceci ne soit qu'un rêve, encore un ! Mais lorsque le précieux paquet passa des bras de son amie aux siens, elle sut qu'aucun songe ou hallucination ne la trompait. La chaleur de ce petit corps ne pouvait pas être irréelle. - Je ne sais comment vous exprimer ma gratitude. Merci. Merci de tout cœur. Ma chérie, votre maman est là désormais. Elle est aussi calme que les premiers jours où je l'ai eue près de moi, s'enthousiasma t-elle, la voix étranglée par l'émotion. -Il n’y a pas plus sage que cet ange, madame, confirma Emmanuelle. Dieu a tendu son bras au-dessus d’elle pour la protéger, et a guidé notre instinct pour ramener à vous l’enfant prodigue. - Vous avez raison, et si j'ai été contrainte au moment de ma confession au catholicisme, je ne douterai plus en Ses miracles. Je Le louerai comme jamais je ne l'ai fait, à partir de cet instant. Son interlocutrice garda le silence après un signe de croix, la duchesse se sentant seule au monde avec son bébé ne put pendant quelques minutes lui adresser un mot de plus. Elle goûtait pleinement à ses retrouvailles, caressant son petit nez, baisant ses joues, arrangeant son bonnet de dentelle. C'est la vision d'un pendentif autour du cou de l'enfant qui la fit légèrement sortir de cette extase. Ce bijou venait très certainement de la maudite brune qui lui avait arrachée Mathilde. De qui d'autre sinon ? Cette misérable avait-elle voulu s'approprier l'affection de son enfant par des présents pour sans doute mieux la manipuler à l'avenir ? Il y avait peu de doutes ! La garce qu'elle avait eue sous les yeux durant toutes ces semaines n'avait eu qu'un seul geste d'humanité, celui de lui tenir la main pendant son accouchement. Le reste n'avait été que calculs malsains et cruels. Par conséquent, même si sa joie était toujours à son paroxysme, la colère et la haine lui firent également bouillir le sang. - Dites moi, avez-vous mis la main sur cette femme ? Le mot femme avait été lancé avec tellement de mépris, que cela sonnait comme une insulte. - Oui madame. - Qui est-ce ? questionna Amy d'une voix qui aurait sans doute effrayé beaucoup de monde. - Julie de Roberval, la sœur du nouvel Intendant de la Marine en Bretagne. Le nom tomba comme un couperet. Sous le choc de la révélation, la favorite en déglutit et dut s'asseoir. Les Roberval avaient été ses amis, Arthur était d'ailleurs celui auquel, elle était le plus attachée depuis cette traversée de plusieurs mois ! Elle avait été trahie et ce n'était pas la première fois hélas. Mais cette fois-ci, sa réaction serait bien différente, elle ne se contenterait pas d'une légère intrigue afin d'humilier le coupable, non cette fois-ci, elle ferait payer cet acte de Judas au prix fort ! La tête de cette fille tomberait au sens propre du terme et sa race maudite qui ne manquerait pas de supplier pour sa grâce, ne serait pas épargnée ! - Cette vermine est-elle à la Bastille ou au Châtelet ? - A la Bastille. - Bien, pour ce soir je dois présenter sa fille au roi, mais avant demain j'aurai fait en sorte qu'elle soit transférée au Châtelet. N'est ce pas là après tout, que l'on torture les criminels ? Les yeux azur de la favorite venaient de s'illuminer dangereusement et un rictus cruel déforma sa si belle bouche. - Je veux qu'elle parle, qu'elle livre ses complices parce qu'on ne met pas au point un tel enlèvement seule et qu'elle finisse sur l'échafaud ! Louis sera sans doute de cet avis. La duchesse scellait le destin d'une personne tout en berçant l'enfant blotti dans ses bras, deux attitudes opposées l'une à l'autre, mais cette dernière ne s'en rendait pas même compte. Elle allait enfin se venger et était aveuglée par cette victoire après le terrible calvaire qu'elle avait subi ! - Je vous remercie encore une fois Emmanuelle pour ce que vous avez fait. Je dois, comme je viens de vous le dire, écourter notre entrevue, mais sachez que je n'oublierai pas ! Demandez et vous obtiendrez ! Au revoir mon amie. Tenant toujours sa fille contre elle, elle sortit du boudoir sans appeler la camériste, prit elle-même un manteau pour dissimuler l'enfant car personne d'autre ne devait savoir avant le roi, et sortit de ses appartements pour gagner la chambre de son amant. FIN |
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