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 Quand les vénales se font la guerre

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Sofia Farnèse


Sofia Farnèse

« s i . v e r s a i l l e s »
Côté Coeur: Je l'ai fermé par sa faute. Seul lui pourrait le rouvrir un jour ...
Côté Lit: Je ne suis pas de celles qui se couchent pour un sourire. A peine pour un diamant, mais souvent pour la passion.
Discours royal:



♈ LA BELLA FARNESE ♈
Più bella cosa non c'è

Âge : 24 ans
Titre : Princesse Farnèse, Princesse Chimay par mariage
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Date d'inscription : 03/09/2011


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MessageSujet: Quand les vénales se font la guerre   Quand les vénales se font la guerre Icon_minitime25.11.14 21:42

Quand les vénales se font la guerre 22kcoj

« La violence de la femme est dans ses charmes.  »
La vénale est un spécimen à part dans la faune sauvage des cours d’Europe. Toujours à la pointe de la mode, elle est à l’affut de la moindre nouveauté qui pourrait faire sensation à la Cour, avec laquelle tout le monde pourrait la voir. Notamment la population mâle de qualité supérieure, et pourquoi pas ses rivales, pour mieux les écraser et montrer sa domination. Si les vénales peuvent cohabiter dans un même environnement sans s’entretuer à coup d’épingles à chapeaux tranchants, poignards à la jarretière ou poison dans le champagne, c’est parce qu’il y avait une règle simple à respecter : chacun ses galants, et on ne va pas voir si l’herbe est plus verte ailleurs, à moins que ledit galant ne se tourne de son plein gré vers une autre dame, encore mieux s’il donne congé à la première avec une dernière lettre et un cadeau d’adieu. Dans ce cas là, aucune jalousie, la première vénale part à la recherche d’une nouvelle proie. D’ailleurs, il ne faut pas trop de vénales dans une même cour, les dernières arrivées, si elles n’ont pas d’expérience ailleurs, peuvent se faire pourrir par les autres, qui pourraient éventuellement s’allier. Si la nouvelle venue a aussi la tendance à se faire lutiner un peu trop souvent, elle passe de la catégorie vénale à celle de catin, sauf s’il s’agit d’un véritable commerce de son corps et en toute discrétion. Ainsi étaient les lois, non écrites mais approuvées par les plus intelligentes d’entre elles, souvent celles qui duraient le plus. Même s’il pouvait arriver que ces lois soient brisées, après tout, elles n’étaient qu’humaines sous leurs robes de taffetas, leurs dentelles, leurs corsets et leurs beaux bijoux …

En cette belle matinée nancéienne, le soleil illuminait les deux pièces au service de la princesse Farnèse, ravie de cette exposition plein est, profitant ainsi du soleil du matin et pouvoir rester au frais dans la journée, en cas de grosse chaleur. Saviez-vous qu’il pouvait faire si chaud dans l’est ? Sofia avait parfois l’étrange impression de se retrouver en Italie, avec cette lourdeur du temps, ce soleil de plomb et pas même un petit vent venu de la mer pour calmer tout ceci ! Quelle ville affreuse en y pensant bien … heureusement que Sofia se considérait comme en congés et ne se donnait pas la peine de participer à toutes les invitations et divertissements. Elle ne s’obligeait qu’à se rendre à l’office du matin, car on pouvait être vénale et catholique, avant de retourner à ses appartements et retirer la belle robe écrue dentelée, lui préférant une robe de chambre de soie bordeaux à motifs d’arabesque surpiqués noirs. Assise dans un confortable fauteuil, la princesse se mit à lire son courrier, et se passionner pour les gazettes, savoir ce qu'il se passait dans cette guerre, mais aussi en Italie. L'annonce de la mort du Pape fut un choc, dire que des rumeurs le disaient assassiné, pauvre Pape. A la lecture d'un article sur quelques rebondissements de l'affaire, Sofia ne put s'empêcher de faire un signe de croix, grissini en main, avant que ce dernier ne finisse dans sa bouche. On ne parlait pas d'elle, c'était triste, les gens ne savaient pas ce qu'ils rataient …

La journée passa doucement, avec quelques lectures, la visite de son frère toujours le bienvenu pour faire la conversation et partager une collation, avant de se préparer pour le soir. Le duc de Lorraine profitait qu'une partie de l'Europe soit dans sa ville pour organiser régulièrement des fêtes, avec musique et douceurs pour divertir toutes ces personnalités. A part à Versailles en temps de paix, on ne croisait pas beaucoup d'autrichien danser avec une espagnole, ou un danois parler théâtre avec un lorrain, sur fond de musique venue d'Italie ! Et c'est dans cette joyeuse ambiance qu'apparut Sofia, au bras de son frère Alessandro, cachant son agacement d'avoir du attendre plus d'une demi-heure que sa cadette finisse de se préparer en ne cessant de répéter que cela ne servait à rien d'arriver à l'heure. C'est donc dans une magnifique robe rouge vermillon relevée de dentelles sur le décolleté ovale et les manches, de jolis pendants à ses oreilles et une magnifique rivière de diamants autour du cou, que des cadeaux de galants, tout comme la bague en rubis à son majeur droit. Autant dire qu'elle illuminait la pièce, et en jouait bien évidemment.

« Tu restes sages, promets le moi.  demanda son aîné, un peu inquiet de voir sa sœur balayer la salle des yeux.
Mais non ! » lâcha t'elle, exaspérée sans le regarder.

S'amuser et flirter étaient de sages occupations, l'italienne n'en voyait pas le mal. Si cela se passait en présence de personnes de qualité ! A dire vrai, elle cherchait sa proie du moment, le bel Edouard du Danemark, ce nordique qu'elle faisait tourner en bourrique et qui ne devait plus en pouvoir d'attendre et se languir. A première vue, le prince était aux abonnés absent, mais il fallait toujours avoir un plan B et d'ailleurs le voici, le charmant Charles-Antoine du Châtelet, membre de la prestigieuse famille lorraine du même nom, commandant des armées et bel homme, un brin dépensier mais tant que c'était pour lui faire des cadeaux, Sofia s'en moquait un peu. Seulement voilà, le marquis n'était pas seul, en compagnie d'une femme presque aussi coquette et enjôleuse qu'elle. Vous vous rappelez que la vénale n'aime pas qu'on empiète sur son territoire ? En voici une démonstration.

Lâchant son chaperon de frère partit discuter avec des espagnols, la Farnèse s'approcha de son galant avec un doux sourire feint comme elle en avait l'habitude. Le naïf la croyait aussi douce qu'un agneau, mais il s'agissait surtout d'une sacrée actrice !

« Oh, princesse, quel plaisir de vous voir ici. Il semblait plus gêné qu'heureux mais qu'importe. Je vous présente Lady Richmond. Madame, voici la princesse Farnèse, revenue d'Italie il y a peu.
Madame. »salua la princesse avec un sourire plus que faux.

La conversation se poursuivit quelques instants avant que le marquis ne fut sauvé inopinément par un compatriote et s'excusa auprès de ses dames, qu'il revenait dans quelques instants. Le silence glacial, doublé des regards accusateurs en disaient longs ! Chacune observait l'autre, Sofia connaissait la duchesse de nom, enfin surtout celui de son mari réputé volage, ce qui ne faisait pas du meilleur effet sur une réputation, à moins d'en jouer la martyr. C'est sur cela que la jeune femme attaqua, tout sourire aux lèvres.

« Votre mari est absent ? Oh pardon, il est vrai qu'il a été blessé durant la dernière bataille,, elle profita de sa pause pour boire une gorgée, Il est admirable de voir un homme s'estropier au nom de l'art de la guerre. Cela change des femmes en profitant pour prendre la clé des chambres … enfin des champs.  »

Elle se rappelait à présent, le prince Édouard avait mentionné le nom des Richmond une fois ou deux. Si elles appartenaient à la même espèce, elles devaient avoir les mêmes proies de choix. Attention, risque de crêpages de vénales …
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Rebecca Stuart


Rebecca Stuart

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Côté Coeur: Quelle question ? Au plus offrant bien sûr !
Côté Lit: On n'y fait pas comme chez soi et certainement pas son mari !
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Shine like a diamond

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Titre : Comtesse of Rosyth, Duchesse of Richmond
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MessageSujet: Re: Quand les vénales se font la guerre   Quand les vénales se font la guerre Icon_minitime12.12.14 19:35

Quand les vénales se font la guerre Tumblr_lk6l88LFXW1qaxq9po1_500

« De même que l'homme est un loup pour l'homme,
la femme est un serpent pour la femme.  »

Jamais elle n'aurait pensé ça, qu'être une maîtresse pouvait apporter autant de plaisir ! Laissons de côté, celui purement sexuel - certes le prince avait été un très bon amant mais il ne l'avait touchée qu'une seule fois - pour nous pencher sur celui que mettait la duchesse au dessus de tous : la jouissance matérielle. Oui l'argent à foison ! N'était-ce pas merveilleux ? Elle demandait, elle obtenait ! Jamais ses coffres n'avaient été autant remplis de bijoux, de robes ou de manchons de la plus belle fourrure ! En échange de quoi, tous ces présents ? Trois fois rien, humilier le plus possible Gisela de Danemark, le temps que la répudiation d'avec son époux soit rendue officielle et qu'il puisse la renvoyer sur ses terres. En effet, l'héritier du trône du Danemark ne pouvait laisser son orgueil ainsi bafoué, et donc ce dernier mettait sous les yeux de sa femme, sa tendre complicité avec la duchesse de Richmond.

Aussi à la Cour de Nancy, on murmurait bien sûr sur cette nouvelle et fraîche "amitié" qui ne dupait personne et ce n'était pas pour déplaire à Rebecca. Dès qu'elle faisait son entrée dans les salons, elle narguait les uns, méprisait les autres ! Il fallait profiter de cette faveur et des privilèges qu'elle donnait, avant qu'elle ne passe ! Et d'ailleurs pourquoi passerait-elle ? Il faudrait encore quelques semaines avant que l'adultérine ne rejoigne ses maudites contrées, et beaucoup de choses pouvaient se passer entre temps ! D'utile, la belle brune pouvait devenir indispensable après tout !  Son seul regret était de ne pas pouvoir se séparer de Morgan en revanche, du moins pas encore, car hélas le mariage catholique n'apporte pas que des bienfaits !  Mais fort heureusement, la jeune femme n'avait pas signé ce contrat moral qui l'aurait lié pour des années encore à son mari, oui heureusement ! Il restait donc un espoir pour qu'elle en soit un jour débarrassée ! Restait à savoir, si ça se ferait dans des larmes de sang ou à l'amiable. Pour l'instant, Rebecca aurait parié sur la première hypothèse au vu de leurs relations ! D'ailleurs, il ne s'étaient pas revus depuis ce fameux matin où sortant de la tente d'Edouard ils avaient échangé un regard quasi haineux,  mais ce n'est pas elle qui se serait plainte de cette nouvelle séparation ! C'était du pain béni au contraire, loin de lui, loin de la Main de l'Ombre, elle vivait pleinement !

Enfin, au milieu de cette passe idyllique, il y avait tout de même un petit bémol ! Lorsqu'Edouard n'était pas présent et c'était le cas ce matin là puisqu'il était retenu par une audience, elle devait faire la conversation puisque tous se pressaient autour d'elle ! Et oui parfois, quelle corvée ça pouvait être ! Prenons par exemple ce Charles-Antoine du Châtelet, beau, riche mais ce dernier avait une voix haut perchée très désagréable  ainsi que des tics tout aussi agaçants.

- Savez-vous que tandis que le prince du Danemark répudie sa femme, Elena de Sotomayor obtient l'annulation de son mariage d'avec ce benêt de Lillebonne ? Ne trouvez-vous pas cela comique ? lui apprit-il avec un rire insupportable.
- En effet, monsieur Molière trouverait là une bonne inspiration pour l'une de ses pièces,  répondit-elle avec un sourire ô combien hypocrite, tout en s'éventant avec grâce.

Dire que cela faisait une demi-heure qu'elle lui parlait. Personne ne viendrait donc la sauver ?

Peut-être évoqua t-elle cette personne un peu trop fort, car celle-ci vint, mais sous des traits qu'elle ne s'attendait pas à voir. A la vue de l'inconnue, une précieuse coquette, aussitôt ses yeux se plissèrent comme pour mieux cerner … une rivale ? Une vénale sait en reconnaître une autre, au premier regard ! L'allure ne trompe jamais et si l'on a encore quelques doutes, il suffit de regarder les habits et les bijoux  qu'elle porte ! Plus une femme est désirée, plus on la  couvre d'or et de diamants ! Et qui se laisse désirer autant qu'une femme sachant bien manipuler les hommes ? Enfin, pour être tout à fait certain de ce trait de caractère, il suffit de bien examiner les sourires feints qui dupent les hommes mais qui n'abusent pas les comédiennes de la même espèce !

- Oh, princesse, quel plaisir de vous voir ici, s'exclama alors son interlocuteur en voyant cette dame.

Princesse ? Déjà ce rang ne lui plaisait pas, cela voulait dire qu'elle était peut-être d'un rang inférieur au sien, et Rebecca n'aimait pas se sentir inférieure !

- Je vous présente Lady Richmond. Madame, voici la princesse Farnèse, revenue d'Italie il y a peu.
- Madame, dit simplement la jeune fille en la saluant.

Ah c'était donc elle la fameuse Sofia que Gisela avait voulu écarter d'Edouard, en employant ses services ? Elle savait maintenant à quoi s'en tenir  !

- Je suis enchantée de faire votre connaissance, répondit  tout aussi hypocritement Rebecca.

Pour combien de temps était-elle ici ? Visait-elle encore le prince ? Il lui fallait savoir, mais comment, surtout lorsque Charles restait avec elles ! Il fallut attendre qu'un des hôtes du salon ne l'appelle pour qu'elles se retrouvent seules. Les échanges de regards froids reprirent alors de plus belle, tandis que leur bouche restaient hermétiquement fermées. Combien de temps ce silence dura ? Des minutes, des siècles ? La duchesse n'aurait su le dire, mais il était pesant. Et lorsque Sofia Farnèse le brisa, ce ne fut que pour cibler directement un point que tout le monde savait sensible  : son mari.

-  Votre mari est absent ? Oh pardon, il est vrai qu'il a été blessé durant la dernière bataille.
- En effet.
- Il est admirable de voir un homme s'estropier au nom de l'art de la guerre. Cela change des femmes en profitant pour prendre la clé des chambres … enfin des champs.

Petite peste ! Si elle n'avait pas été profondément agacée, elle l'aurait presque applaudie pour ce jeu de mots qui lançait définitivement les hostilités !

- Vous savez, ces femmes font également preuve de tout un art, mademoiselle. Avec un peu d'audace, prendre la clé des champs peut toujours vous ouvrir la porte providentielle. D'ailleurs celles qui ne possèdent pas ce talent de serrurerie se la voient souvent claquer au nez et doivent s'en repartir la queue entre les jambes !

Bien entendu, même si elle parlait par métaphores, la duchesse faisait référence à ce que l'on ignorait nullement ici et ailleurs : la façon dont la princesse avait été chassée de la maison de la Reine. Coup bas pour coup bas, Rebecca avait décidé de ne pas y aller de main morte non plus, mais toujours avec le sourire comme son alter ego.  Cependant les luttes donnent soif, ce fut à son tour de boire une gorgée de vin pour mieux revenir à l'attaque.

- Mais dites-moi, puisque nous parlons de malades, comment se porte il Signore Morosini ? Blessé à votre charme certain, j'espère qu'il n'a pas été trop estropié lui-même par votre si injuste chute  ? lança Rebecca en portant la main à son cœur, comme si elle se souciait vraiment du sort de l'amant de la Farnèse, ainsi que du sien.  Oh allons, tout ceci n'est pas très gai, alors que la journée est radieuse, conclut-elle d'un revers de main comme pour chasser sa précédente question, nous devrions être plutôt d'humeur à trinquer, qu'en pensez-vous ?

Rebecca fit donc tinter son verre contre celui de la jeune fille.

- A votre santé princesse, prenez en soin, car par malheur dit-on hormis votre beauté c'est à peu près tout ce qu'il vous reste ! s'exclama t-elle suffisamment haut pour être entendue par quelques convives, le tout avec un air faussement désolé.

Les vipères étaient définitivement lâchées … Laquelle des deux injecterait à l'autre le plus de venin, telle était désormais la question !
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Sofia Farnèse


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MessageSujet: Re: Quand les vénales se font la guerre   Quand les vénales se font la guerre Icon_minitime21.01.15 0:49

Vous savez, la politesse et l'hypocrisie sont souvent de pair ! On salue pour ne pas mal paraître mais on aurait bien passé son chemin, ou alors voir son interlocuteur au bout d'une corde. Entre vénales, la seconde solution était souvent de mise. Sans forcément se connaître, il y a quelque chose de bestial au niveau de la rivalité, une guerre de territoire sans merci derrière les éventails et les bouches ourlées de rouge. Sofia gardait le sourire mais n'avait pas hésité à regarder lady Richmond de haut en bas, pour voir la richesse de ses parures, son niveau de vie … oui on voyait cela sur une femme … Du moins une femme de bon goût, pas une bigote trop prude pour mettre un diamant à son doigt, pauvres filles. Mais laisser deux femmes de leurs rangs ensemble, était-ce une bonne idée ? Charles quitta la conversation – sans doute content de ne plus se trouver dans une guerre froide – et les deux femmes se retrouvèrent entre elles, libres de se juger, mais toujours avec classe, on ne s'insultait pas en pleine réception, bestiales mais pas sauvages, tout de même ! Toujours aussi agréable, l'italienne lança les hostilités, tablant sur la facilité, c'est à dire le mariage chaotique des Richmond, et de l'adultère de Rebecca. Mais ce n'était que le début, car l'écossaire n'hésita pas à sortir la carte de la disgrâce de Sofia :

« Vous savez, ces femmes font également preuve de tout un art, mademoiselle. Avec un peu d'audace, prendre la clé des champs peut toujours vous ouvrir la porte providentielle. D'ailleurs celles qui ne possèdent pas ce talent de serrurerie se la voient souvent claquer au nez et doivent s'en repartir la queue entre les jambes ! »

C'était dit avec de jolies tournures, Sofia serra ses doigts délicats autour de son verre, comme pour se contenir. C'était son gros point sensible, la blessure la plus récente et la plus humiliante. Cette place chez la reine lui tenait au cœur, même si ce n'était pas la grosse ambiance tous les jours (voire jamais), mais il y avait le prestige de la place ! C'est ce qui l'avait en partie pousser à partir pour Rome, avant de revenir à Nancy. Que de voyages à cause de cette histoire … mais pas le temps de se morfondre, l'autre reprit ses attaques, plus féroces :

« Mais dites-moi, puisque nous parlons de malades, comment se porte il Signore Morosini ? Blessé à votre charme certain, j'espère qu'il n'a pas été trop estropié lui-même par votre si injuste chute  ?
Il est comme les chats de sa cité, toujours à retomber sur ses pattes.
Oh allons, tout ceci n'est pas très gai, alors que la journée est radieuse, nous devrions être plutôt d'humeur à trinquer, qu'en pensez-vous ?
Avec plaisir.
dit-elle en levant son verre, un grand sourire hypocrite aux lèvres.
A votre santé princesse, prenez en soin, car par malheur dit-on hormis votre beauté c'est à peu près tout ce qu'il vous reste !
Et à votre mariage, lady, qu'il soit prospère car il serait dommage de vous voir fermer les portes des grandes fêtes à cause d'une chute sociale. »


C'était bas, mais vu qu'elle attaquait sur sa position, Sofia en faisait de même. Heureusement, la princesse avait toujours plus d'un tour dans son sac, et il fallait bien faire tomber ses atouts quand il le fallait, pour claquer le bec à son adversaire. Et voici le premier de la liste.

« Je n'ai pas que la santé et la beauté, j'ai aussi de bons amis, des soutiens de poids. Savez vous ce qu'est un ami, lady Richmond ? demanda t'elle en sirotant une petite gorgée avant de reprendre, gonflée d'orgueil. Lorsque je reviendrais à Versailles, je sais qu'une place m'attend chez Madame la duchesse d'Orléans, une femme d'un goût excellent et d'un humour acide. Oh mais vous la connaissez, n'est-elle pas la cousine de votre époux ? Qu'il est étrange que vous ne soyez pas à ses côtés … »

Le ton était faussement plaintif, Sofia était même ravie qu'elles ne soient pas dans la même Maison royale lorsque la guerre se terminera. On disait que la princesse n'appréciait pas particulièrement sa cousine, et son mari n'a pas dû appuyer son nom face à Henriette d'Angleterre …  Enfin le malheur des uns faisait le bonheur des autres, c'était une bonne philosophie pour la Farnèse, après tout, son propre malheur ravissait certaines personnes, pourquoi ne pas faire pareil ?

Sofia regarda d'un peu mieux sa rivale, en particulier ses bijoux. Après tout, tout bonne vénale savait soutirer des cadeaux, de préférence chers et précieux, mais contrairement à ce qu'on peut imaginer, ce ne sont pas les plus riches ou les plus élevés socialement qui étaient les plus généreux. Disons qu'un prince ira dans l'élégant, un duc sera sans doute plus tape à l'oeil, voir gros pour espérer attraper sa belle ! Après ce n'était pas toujours vrai, il y avait des princes bling bling et des ducs un peu plus discrets, mais s'il fallait faire des cases, Sofia les voyait comme ça. Et ce qui attirait l'oeil était le grand collier de perles, peu discret, même s'il lui allait bien, les perles sont toujours intemporelles. Et autant entrer dans le vif du sujet ?

« Jolies perles, il a du goût … du moins le goût de ne pas se tromper. C'est très joli, simple. Peut être un peu trop. Mais vous avez raison de jouer la simplicité, ça doit vous rappeler vos origines modestes dans le nord. »

Il est sûr qu'avec ses diamants autour du coup, la princesse Farnèse en jetait un peu plus quand on les regardait. Dire qu'elle avait failli mettre des perles aussi, cela aurait été un comble ! Son second choix était tout de même bien plus réussi ! Tout comme sa rivale, Sofia n'était parée que de cadeaux, pas question de dépenser son argent dans des bijoux, puisqu'on les lui offrait ! Ce serait idiot tout de même …

« Un conseil tout de même, les diamants sont intemporels. Et ils habillent tout de même plus un cou, ou même un poignet. En même temps, les princes savent gâter les princesses … »

Cette dernière réplique, avec son grand sourire carnassier, était toujours une attaque. Si elle avait entendu parler de Rebecca et Édouard ? Vaguement, mais si c'était bien cette Rebecca là, il y avait un souci, il y avait une vénale de trop autour du prince danois …
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Rebecca Stuart


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MessageSujet: Re: Quand les vénales se font la guerre   Quand les vénales se font la guerre Icon_minitime01.04.15 18:13

« Et à votre mariage, lady, qu'il soit prospère car il serait dommage de vous voir fermer les portes des grandes fêtes à cause d'une chute sociale. »

La mâchoire de la duchesse de Richmond se contracta soudainement. C'était la seconde fois que la Farnèse l'attaquait sur le terrain de son mariage et deux fois donc qu'elle faisait mouche ! La peste savait décidément y faire ! En effet, la chute sociale, n'était-ce pas ce qu'elle craignait le plus en ce monde ? Heureusement, même si elle se séparait dans un avenir proche de Morgan, n'y avait-il pas d'autres hommes prêts à tout pour l'épouser, ne serait-ce que le prince de Rohan par exemple !  Elle ne serait certes plus la cousine du roi d'Angleterre mais conserverait  tout de même de grands privilèges.  Mais aurait-elle seulement l'envie de se remarier après tout ça ? Oui pourquoi le ferait-elle, alors qu' elle ne perdrait pas tous droits et pouvoirs, n'était-elle pas la mère de l'héritière  du duché de Richmond  après tout ? Enfin à moins que son cher époux remarié ne donne naissance à un fils légitime celui-là bien sûr … Buvant une gorgée de champagne, elle déglutit à cette seule pensée. Pourtant Dieu savait que ce n'était pas demain la veille que tout ça arriverait et que de toute façon unis tous deux selon le rite catholique, elle saurait vendre très cher son consentement à leur séparation ! Il ne fallait donc pas s'en faire et laisser glisser les mots mielleux et fielleux de l'italienne.

- Vos vœux me touchent profondément, lui répondit-elle simplement bien qu'avec ironie.
« Je n'ai pas que la santé et la beauté, j'ai aussi de bons amis, des soutiens de poids. Savez vous ce qu'est un ami, lady Richmond ?  »

Un sourire comme gravé sur ses lèvres, Rebecca la laissait débiter ses paroles remplies d'orgueil attendant le bon moment pour rétorquer à son tour, telle une chatte à l'affût d'une souris. Et justement c'était le moment.

- Des amis ? lança t-elle avec un rire moqueur. Dieu, comme c'est démodé ! Compter des alliés est tellement mieux,  ceux là sont plus encore des soutiens de poids comme vous dites, car ils nous ont coûté leur poids en or. Il n'y a rien de plus efficace ! Quoi qu'il en soit, je suis ravie qu'il vous reste autant d'amis ! Après votre dégringolade malheureuse qui l'eut crû, et si donc vous savez vous contenter de cela quand vous reviendrez à Versailles, grand bien vous fasse !

Elle agrémenta sa réponse d'un revers de la main, comme si elle balayait avec dédain ce " cela ", ces fameux amis, loin de se douter de la contre-attaque de son interlocutrice.  

« Lorsque je reviendrais à Versailles, je sais qu'une place m'attend chez Madame la duchesse d'Orléans, une femme d'un goût excellent et d'un humour acide. Oh mais vous la connaissez, n'est-elle pas la cousine de votre époux ? Qu'il est étrange que vous ne soyez pas à ses côtés … »

La duchesse s'efforça de ne pas perdre ce fameux sourire. Cette nouvelle élévation de la Farnèse l'ennuyait au plus haut point, déjà parce qu'elles auraient donc sans doute l'occasion de se recroiser à la Cour mais aussi parce qu'elle serait donc dans la Maison de la princesse Henriette. Or, avant même de l'avoir vue au moment de son arrivée en France l'épouse de Monsieur lui était déjà insupportable. Aujourd'hui, c'était encore pire ! Enfin au moins, étant deux pestes, ces deux-là s'étaient bien trouvées  !

-  C'est sans doute que je n'ai pas besoin de son appui, moi, rétorqua fièrement la duchesse.  Mais je vous félicite, vous avez su trouver le lot de consolation auquel vous raccrocher après … quel terme utilisiez-vous tout à l'heure, ah oui une chute sociale  ! Je comprends que vous ne la souhaitiez à personne, vous semblez tellement connaître le sujet !  

Elle marqua une pause mais ce n'était pas fini, elle avait déjà en tête de quoi la ridiculiser …

- Je dois tout de même vous dire que je suis déçue, la duchesse d'Orléans vraiment ? Jusqu'à présent vous misiez tout sur vos amants, plus que sur une charge pour gravir les échelons, c'est tout au moins ce que dit la rumeur … A moins que vous n'espériez donner le vice italien à votre nouvelle maîtresse ? Avec un mari tel que le sien, cette maladie pourrait être contagieuse c'est vrai, conclut-elle avant de partir dans un fou rire, dissimulée derrière son éventail.

Durant quelques instants, on entendit que les mouches voler, Sofia l'observait de haut en bas avec une attitude dédaigneuse.  Rebecca se fit alors encore plus droite qu'un i tout en chassant gracieusement les larmes de rire qui auraient pu gâcher son teint. Soudain l'attention de la Farnèse s'arrêta sur son cou et plus précisément sur son collier. On pouvait déjà lire sur son visage qu'elle allait remonter à l'assaut !

« Jolies perles, il a du goût … du moins le goût de ne pas se tromper. C'est très joli, simple. Peut être un peu trop. Mais vous avez raison de jouer la simplicité, ça doit vous rappeler vos origines modestes dans le nord. »

De quel droit se permettait-elle de lui parler de ses origines modestes ? Malgré deux reines de France à leur actif, les Médicis n'étaient-ils pas des marchands à l'origine ? C'était un comble !  Le visage de Rebecca s'empourpra à cette insulte déguisée, mais elle se refusa de répondre à cette pique sinon elle aurait pu l'en étrangler …

- Oh vous parlez de cette babiole ? Oui je n'ai pas voulu sortir tous les rangs de ma rivière de perles tout de suite, je ne les mettrais que pour le souper, une étoile ne brille de mille feux que la nuit c'est bien connu ! Et puis, celles qui ont déjà tout montré en revanche n'ont plus rien pour surprendre, n'est ce pas ?

De quoi parle mieux une vénale si ce n'est de bijoux ? Cette vipère pensait-elle, qu'elle, Rebecca Stuart, se contentait de parures insignifiantes ? Elle, porter des choses simples ? Laissez la rire, c'était bien mal la connaître !  D'ailleurs, elle en avait encore réclamé une de façon fort habile à Edouard ce matin !

« Un conseil tout de même, les diamants sont intemporels. Et ils habillent tout de même plus un cou, ou même un poignet. En même temps, les princes savent gâter les princesses … »

La garce ! Il n'y avait plus aucun doute à avoir, Gisela avait bien eu raison de se méfier. Rien que par cette phrase, la jeune femme venait clairement de signifier qu'elle donnerait cher pour être gâtée par le prince de Danemark, puisque la princesse, c'était elle ! Seulement, elle-même était là ! Oui, elle était là et défendrait sa place bec et ongles ! A la manière des duels épiques qui ne se vivraient que bien  plus tard lors de la ruée vers l'or, Rebecca lançait sans avoir besoin de le faire directement, un défi à l'italienne ! Et si elle l'avait dit avec des mots, cela aurait été : Chasse-moi donc si tu le peux !

Ainsi, ses yeux plissés plantés dans les siens, les secondes s'écoulèrent.

Ce fut l'intervention d'un serviteur tenant dans entre ses mains un coffret, qui interrompit un moment leur guerre froide.

- Madame de Richmond, on m'a chargé de vous remettre ce présent.

Un écrin ! Sans aucun doute il s'agissait des bijoux promis par Edouard  ! Tout les courtisans présents sauf sans doute la princesse qui à peine arrivée à Nancy ne savait rien de sa liaison, n'ignoraient pas d'où ce cadeau venait.  Rebecca jubila intensément, ses prunelles s'illuminant comme jamais. Puis elle ouvrit cette magnifique boîte satinée, pour y découvrir un bracelet et des boucles d'oreilles incrustés des plus beaux rubis.

- Regardez ces merveilles, s'exclama t-elle narquoise en mettant la parure pratiquement sous le nez de son interlocutrice. Vous qui êtes experte en la matière, n'est-il pas vrai que si les diamants sont intemporels ils paraissent tout de même froids, comme si on les offrait à une personne à laquelle on voudrait dire adieu ? Tandis que les rubis eux témoignent d'une véritable passion !

Dégrafant avec un soin extrême de ses accroches le dit bracelet et provocante à souhait, elle osa le tendre à Sofia en même temps que son poignet droit.

- Auriez-vous l'obligeance de me le mettre, ma chère ?

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Sofia Farnèse


Sofia Farnèse

« s i . v e r s a i l l e s »
Côté Coeur: Je l'ai fermé par sa faute. Seul lui pourrait le rouvrir un jour ...
Côté Lit: Je ne suis pas de celles qui se couchent pour un sourire. A peine pour un diamant, mais souvent pour la passion.
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MessageSujet: Re: Quand les vénales se font la guerre   Quand les vénales se font la guerre Icon_minitime29.07.15 19:36

Il n'y avait rien de pire que laisser deux vénales faire conversation, surtout quand elles convoitaient le même homme, davantage quand celui-ci était un prince, héritier du trône ! Jugements, piques, tout était bon pour rabaisser l'autre et garder son ego intact. Sofia savait que son scandale donnait de grandes fenêtres d'ouverture pour son ennemie anglaise, et même si elle encaissait encore assez mal les coups, l'italienne savait retomber sur ses pattes et rendre la pareille. Après tout, après son exclusion temporaire à Versailles, elle cherchait à faire peau neuve, et la Lorraine semblait assez proche pour faire un retour en fanfare quand la guerre se terminera, assez vite l'espérait-elle. Nancy ne garderait pas longtemps cet attrait éphémère, ni tous ces hommes près d'elle. Par contre si un boulet de canon pouvait emmener lady Richmond, la princesse ne serait pas contre …

Sans vraiment de discrétion, la jeune italienne avait jaugé sa rivale des pieds à la tête, savoir ce que les hommes pouvaient lui trouver, et surtout lui donner. Il est vrai qu'elle avait une certaine élégance, une belle robe mais tout ceci manquait cruellement d'accessoires. Et comme l'on disait souvent, les accessoires ne sont jamais accessoire ! Cela manquait de bijoux, de mettre en avant cette gorge ma foi jolie, ces mains fines et ces oreilles. Il faut dire aussi que Sofia adorait les bijoux, et sa collection lui permettait de paraître presque indécente en pierreries. Si un jour, elle venait à faire mauvaise fortune, elle avait de quoi revendre à foison pour vivre une vie convenable pour ses vieux jours. Mais des perles ? D'une banalité presque à en pleurer, et Sofia ne manqua pas de faire mouche un instant en rappelant les origines de la Richmond, dont le visage s'empourpra quelques instants. C'était toujours un petit point de gagné, même si aucune d'elle ne laisserait l'avantage à l'autre.

« Oh vous parlez de cette babiole ? Oui je n'ai pas voulu sortir tous les rangs de ma rivière de perles tout de suite, je ne les mettrais que pour le souper, une étoile ne brille de mille feux que la nuit c'est bien connu ! Et puis, celles qui ont déjà tout montré en revanche n'ont plus rien pour surprendre, n'est ce pas ?
En effet, mais celles qui ont peu l'étalent du mieux qu'elles le peuvent. »


Bien sûr, elle ne parlait pas d'elle-même, bien qu'elle n'ait pu emmener toutes ses parures, Sofia avait de quoi briller sans tourner en rond pendant des semaines. Et puis, avec sa cible danoise, la jeune femme espérait faire le plein, pour les prochains jours. Édouard du Danemark, la pomme de la discorde. Lorsqu'elle mentionna le mot prince, sans même dire un mot, elle sut que sa rivale comprenait de qui il s'agissait. Et le silence entre elles ne fut plus qu'éloquent, elles se regardaient en chien de faïence, et cela aurait pu durer très longtemps sans l'intervention, avec un écrin. L'atout venait d'être posé dans le jeu, Rebecca gagnait de l'avantage avec ce magnifiques bracelet et ces boucles d'oreille sublimes, avec ces rubis. L'anglaise n'en pouvait plus et aurait sans doute mis la tête de la Farnèse dans l'écrin si elle avait pu ! Et à en croire les armoiries sur l'écrin, il s'agissait bien du prince du Danemark. Sofia garda un sourire crispé à cette vision. Jalouse ? Terriblement, mais il ne fallait rien laisser transparaître.

« Regardez ces merveilles. Vous qui êtes experte en la matière, n'est-il pas vrai que si les diamants sont intemporels ils paraissent tout de même froids, comme si on les offrait à une personne à laquelle on voudrait dire adieu ? Tandis que les rubis eux témoignent d'une véritable passion !
Ou un bain de sang …
répondit-elle à voix basse avant de reprendre. Les rubis ne sont pas mon grand domaine, je les préfère dans mon intérieur. Savez vous qu'on pense que ce sont des diamants contenant le sang du Christ ? Aussi beaux soient-ils, je n'aimerais pas avoir le Seigneur Jésus aussi proche de mon oreille. 
Auriez-vous l'obligeance de me le mettre, ma chère ? »


Pardon ?! Les yeux noisettes de l'italienne s'ouvrirent tout grand devant un tel toupet ! La prenait-elle pour une camériste, une chambrière ? Si elles ne se trouvaient pas en public, Sofia lui aurait jeté à la figure avant de l'insulter copieusement. Mais là, elle ne pouvait pas le faire, ce qui était bien dommage , elle prit donc sur elle-même et se saisit du magnifique objet, en essayant de ne pas paraître trop impressionnant du bel objet, mais son regard ne pouvait rester que sur les jolies pierres tandis qu'elle entourait le poignet de lady Richmond du bel objet.

« Faites attention tout de même, une des pierres a un crapaud … Et puis, exprès ou non, elle pinça la peau de l'anglaise avec le mécanisme de fermeture, ce qui la fit sursauter. Oh, mille excuses. »

Elle n'en pensait pas un mot sur les excuses, purement pour la forme bien sûr. A dire vrai, le bracelet était d'une élégance folle, le rubis apportait une touche de couleur sur la peau pâle, mais le modèle fit sourire la princesse italienne, qui se mit à rire doucement la jeune femme sous l’œil interloqué.

« Pardon madame de vous rire au nez, et je devrais m'offusquer, mais me voici flattée. Elle se tut un instant pour retenir un rire en passant la main devant sa bouche. Mais voyez vous ma chère, vous passez derrière moi. Monsieur le prince m'a offert précisément le même bracelet, en diamant cependant, avant même son départ en Lorraine. A votre tête, on dirait que vous ne croyez pas ! Voulez vous que j'envoie ma camériste pour avoir la preuve ? »

Certes, Rebecca possédait des boucles d'oreilles en plus, mais cela n'était que fioritures. Sofia se relevait encore une fois et même décida d'enfoncer le clou avec un petit sourire hautain.

« Qu'il doit être difficile d'être l'éternelle seconde … »

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Rebecca Stuart


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Côté Lit: On n'y fait pas comme chez soi et certainement pas son mari !
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MessageSujet: Re: Quand les vénales se font la guerre   Quand les vénales se font la guerre Icon_minitime20.04.16 16:52

Émeraudes, diamants, saphirs, Rebecca n'ignorait pas toutes les légendes entourant ces pierres précieuses et des bijoux même en règle générale. Ne disait-on pas que l’alliance se mettait justement à l’annuaire parce qu’une veine y conduisait directement au cœur, métaphore certaine de l’attachement à l’être aimé? Une tradition qui remontait aux romains parait-il. La duchesse en riait à chaque fois qu’elle y songeait, car si elle portait encore la sienne, ce n’était certainement pas par affection pour Morgan mais bien par devoir. Aussi, même si la répartie de sa rivale fit mouche quant à la forme, le fond ne la surprit pas.  La référence au sang du Christ contenu dans les rubis lui était bien connue !

- C’est sans doute pour cette raison que nous autres anglais avons rompu avec l’église de Rome il y a un siècle, seuls les simples d’esprit pourraient croire encore à de telles balivernes ! se moqua t-elle insinuant ouvertement que Sofia faisait partie de cette «  race » là.

Soit, Rebecca était catholique de par sa naissance écossaise mais sa religion n’était pas inscrite sur son front et puisqu’elle était l’épouse du cousin du roi d’Angleterre, celui-là même qui devait défendre la foi anglicane aux yeux de son peuple malgré ses croyances personnelles, elle aurait pu après tout se convertir ! Mais pour éviter toute autre remarque impertinente ou des questions indiscrètes quant à ce sujet et surtout pour la provoquer, elle lui avait donc tendu son poignet.

La duchesse se délectait de la réaction de la Farnèse. Son sang paraissait bouillir en elle, oui elle avait sciemment voulu la rabaisser à l’état d’inférieure, de domestique afin de lui prouver qu’elle ne lui faisait ni de l’ombre, ni peur ! Une audace qui encore une fois payait car il ne faisait aucun doute que si toutes deux s’étaient retrouvées seules dans cette galerie, elles en seraient peut-être venues aux mains ! Quel plaisir par conséquent de la voir se contenir devant tout ce beau monde, tandis que Sofia attachait le fermoir du bijou autour de sa main droite. Certes, pour se venger de son toupet, la princesse accrocha sa peau et cela bien entendu lui fit mal mais elle n’en laissa presque rien paraître, souriant avec la pire des hypocrisies à ses fausses excuses.

« Pardon madame de vous rire au nez, et je devrais m'offusquer, mais me voici flattée. »

Le rire de cette petite peste l’insupportait. Elle l’aurait volontiers giflée de son éventail pour qu’elle cesse. Quand donc cette fille qui ne pouvait se mesurer à sa propre beauté, à son caractère s’avouerait-elle vaincue ? D’autres s’étaient déjà enfuies pour bien moins que ça à la cour d’Angleterre. Avait-elle perdu de ce pouvoir d’humiliation? Pourtant non ! Alors pourquoi ? La ténacité de l’italienne l’étonnait tout de même! Si elle ne l’avait pas haïe d'être un obstacle, elle aurait pu l’admirer …

« Voyez vous ma chère, vous passez derrière moi. Monsieur le prince m'a offert précisément le même bracelet, en diamant cependant, avant même son départ en Lorraine. A votre tête, on dirait que vous ne croyez pas ! Voulez vous que j'envoie ma camériste pour avoir la preuve ? »

Était-ce vrai ? Malgré son visage fermé, celui qu’elle arborait depuis l’enfance pour qu’on ne devine pas lorsqu’on la touchait voir pire lorsqu'on la blessait, Rebecca grimaça un instant et ne répondit rien. Elle hésitait. Si elle la mettait au défi, si en effet la camériste revenait avec le bijou jumeau, l’affront serait public et elle serait la risée de toute la cour de Nancy. Ceci était absolument hors de question !

« Qu'il doit être difficile d'être l'éternelle seconde … »

Son silence momentané avait malheureusement permis à la Farnèse de décocher une autre flèche de son carquois de fiel. Il lui fallait se relever pour ne pas perdre cette bataille !

- Qui peut bien se soucier d’être la première si ce n’est Michèle de Bourgogne et d’autres stupides oies blanches bien sûr  ...

Sofia était loin d’être l’une d’entre elles au vu de ses dents acérées qui auraient pu rayer le sol tout de marbre qu’il soit, pourtant elle n’avait pas reculé à faire cette comparaison insultante.

- De mon côté, je ne me préoccupe que d’être la meilleure, que d’être la dernière ! lança t-elle en relevant la tête avec dédain.  

Ça y est, ses forces d’attaque lui revenaient et telle une bête blessée, elle qui l'avait été dans son orgueil, la duchesse se faisait donc encore plus dangereuse.

- Si le prince vous a fait ce présent avant moi, ne serait-ce pas plutôt à vous de vous inquiéter d’être l’éternelle chassée ? répliqua t-elle enfin un sourire carnassier aux lèvres.

Au loin,  on entendit soudain des portes s’ouvrir une à une et des pas se rapprocher. Il s’agissait très certainement d’Edouard. Tant mieux !  Elle allait pouvoir asséner un dernier coup à la Farnèse ! Elle se releva donc de l'élégant fauteuil, témoin privilégié de leur joute verbale et alla à la rencontre de son royal amant. Elle exécuta une révérence et ce dernier lui tendit galamment le bras. Quelques pas plus tard, elle osa arrêter leur marche à hauteur de sa rivale quand d'autres auraient continué leur chemin. C'était ainsi, Rebecca ne faisait jamais rien d'ordinaire, chose qui par conséquent la rendait si unique.

- Monseigneur, sans doute connaissez-vous ma nouvelle amie Sofia Farnèse ? Nous nous sommes découvert des goûts en commun, ironisa t-elle avec un toupet là aussi peu banal. Sa conversation est aussi enrichissante que ces merveilleux bijoux que vous m’offrez.  D’ailleurs, pardonnez-moi de vous abandonner ma chère, je sais que vous auriez aimé jouer aux échecs avec moi mais on m'a confié que vous êtes sans pareille dans ce domaine. Tentez votre chance une autre fois !

Elle déchaînait sa moquerie et ses sous-entendus autant que Sofia l’avait fait avec elle. Aucun cadeau ne pouvait être fait entre vénales, n’est ce pas ? Certes, elle pouvait bien entendu lire sur le visage d’Edouard que non seulement il connaissait la jeune femme mais aussi qu’elle lui plaisait, cependant que lui importait cette attirance ! Ce qui importait vraiment à cette seconde c’était de remettre Sofia à sa place, de la laisser sur la touche, de lui montrer tout simplement que celle qui avait les faveurs d’Edouard, c’était elle.

Et même si on ne pouvait pas exclure que la princesse puisse peut-être parvenir à le mettre dans son lit à cause de la chair faible des hommes, elle devrait désormais compter avec elle. S’éloignant triomphante de l’italienne, Rebecca espérait que le message était clair. Leur guerre serait acharnée et si les apparences n'étaient pas trompeuses, elle aurait enfin le plaisir d'avoir une adversaire à sa taille !

Fin pour Rebecca

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Côté Lit: Je ne suis pas de celles qui se couchent pour un sourire. A peine pour un diamant, mais souvent pour la passion.
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MessageSujet: Re: Quand les vénales se font la guerre   Quand les vénales se font la guerre Icon_minitime20.07.16 13:12

Au loin, on pourrait penser à une conversation animée entre deux femmes du monde, mais plus on s'approchait (du moins ceux qui l'osaient), plus on se rendait compte de la tension qui régnaient entre ses deux femmes. Derrière les sourires se cachaient de véritables crocs prêts à mordre s'il le fallait. Heureusement que l'étiquette existait et qu'on était bien loin des combats à mort pour déterminer qui était le plus fort. Depuis, on avait inventé la stratégie, la bassesse et les insultes derrière les éventails. Cela marchait plutôt bien, cela devenait un sport de haut niveau dans les cours européennes, et les deux femmes tenaient le haut du panier.

Si Rebecca tenait l'avantage d'avoir un cadeau en direct, Sofia menait par un travail en profondeur depuis plusieurs mois, le prince danois mangeait dans le creux de sa main et il n'y avait besoin que d'un claquement de doigt qui ne tarderait pas à venir. Il ne fallait pas non plus trop tirer sur la corde, la princesse avait eu un petit sursis avec la guerre et le départ d’Édouard, mais maintenant qu'ils se retrouvaient tous les deux à Nancy, il ne valait mieux pas le faire attendre, surtout avec cette gourgandine dans les parages. Après des années à s'amuser ainsi, la princesse Farnèse connaissait toutes les stratégies, surtout quand il s'agissait de séduire un homme mais aussi d'écarter les probables concurrentes. Et quitte à jouer ce jeu dangereux, on ne retenait aucun coup ni bassesse. Elle venait de le montrer en trouvant un défaut dans une pierre et pincer la peau de l'anglaise par « accident ». Oui, vous trouvez ça gentil mais nous ne sommes qu'au début après tout … Elle poursuivi pour donner un nouveau tacle en précisant qu'elle possédait le même bracelet, en diamant, bien plus noble. Et elle ne mentait pas. Bon d'accord, on pourrait pinailler qu'il n'était pas exactement le même, le prince avait tout de même la délicatesse de varier un peu les cadeaux, mais il suffisait de se rendre chez le même joaillier, ce dernier ne pouvait pas faire des bracelets extraordinaires tous les quatre matins voyons ! Mais le silence après ce coup bas marquait un petit triomphe de l'italienne, celle-ci ne laissa rien paraître sinon un fin sourire triomphant avant de se placer devant elle tout naturellement et reprendre un air faussement amical.

« Qui peut bien se soucier d’être la première si ce n’est Michèle de Bourgogne et d’autres stupides oies blanches bien sûr  … De mon côté, je ne me préoccupe que d’être la meilleure, que d’être la dernière !
Joli discours … digne des meilleurs perdants, mais il paraîtrait que le plus important est de participer. J'espère que vous appréciez votre participation. »

Mais l'anglaise avait de la répartie, elle ne se laissait pas faire la bougresse !

«  Si le prince vous a fait ce présent avant moi, ne serait-ce pas plutôt à vous de vous inquiéter d’être l’éternelle chassée ? Cette phrase eut l'effet d'un rire sur Sofia.
Absolument pas, et encore moins par une parvenue ! »

La joute aurait pu durer bien plus longtemps et dieu sait où elle aurait conduit, mais voici que l'objet de la discorde venait de faire son entrée dans l'arène. Le prince arrivait et comme une pauvre gourde, Rebecca accourut vers le prince. Quelle bassesse de se montrer ainsi et d'aller au devant d'un homme, rien de plus pathétique et cela fit lever les yeux au ciel de Sofia. Alors que les deux s'avançaient vers elle, l'anglaise tenta de faire son intéressante autant qu'elle le pouvait alors que la princesse fit une belle révérence au prince tandis que l'autre crachait son venin sans beaucoup de subtilité, mais qui échappa à son altesse apparemment.

« Votre altesse, il est toujours un plaisir de vous savoir parmi nous. Je serais bien venue vous saluer mais les princesses ont un pas plus doux que les autres dames, sans doute une question d'éducation, je fais confiance à ma mère pour cela. Elle ne regarda pas Rebecca pendant cette petite conversation avant de se tourner vers elle avec un sourire faux. Nous reprendrons notre partie plus tard, madame, je sais que vous tenez à votre fou mais tant que je garde mon roi … »

A ce mot, elle regarda Édouard avec un sourire ravissant, puis elle vit les deux la quitter. L'air de rien, et il était toujours amusant de jouer dans les basses besognes, elle tendit son pied vers la traîne de Rebecca et une couture se défit très légèrement. Sans que ce soit trop voyant, ni trop vile comme mesquinerie, surtout de la part d'une femme de son rang, elle savait que lorsqu'il y a un trou, celui-ci ne se résorbe pas, mais aime s'agrandir. Sans que l'anglaise perde sa robe au cours d'une danse – il ne fallait pas se surestimer non plus – il y aurait de quoi causer de petits tracas et surtout, avoir l'impression de porter une robe de qualité médiocre, presque plus scandaleux encore que de montrer une cheville.

Mais si Sofia n'avait pas peur de la Stuart, elle ne voulait pas non plus la sous-estimer, cette femme n'avait pas belle naissance mais les dents longues et elle s'accrocherait au danois comme une moule à son rocher, comparaison peu flatteuse mais à la hauteur de ce que pensait Sofia de sa prétendue rivale. En attendant, la Farnèse retourna à ses occupations mondaines, ne cherchant pas du tout à attirer le regard du prince, ni même à chercher ce que les deux faisaient. Mais elle gardait dans un coin de sa tête qu'il fallait passer à la vitesse supérieure avant la prochaine bataille. La princesse ne se resta pas seule bien longtemps, voici qu'un espagnol vint lui conter fleurette et l'inviter à danser. S'il n'était pas aussi beau que le prince, il avait la décence d'être bon danseur et cultivé. Pour la soirée et pourquoi pas quelques cadeaux, cela suffirait …

FIN

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