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 Une dictature pour quelques rubans...

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Thimoléon de Choisy


Thimoléon de Choisy

« s i . v e r s a i l l e s »
Côté Coeur: Libre comme les cieux : il brûle comme l'enfer !
Côté Lit: Tous les anges et les démons de cette terre s'y étendent pour mon plus grand plaisir...
Discours royal:



    ANDROGYNE
    l'Allure stupéfiante.


Âge : 23 ans
Titre : Abbé de Saint-Seine - Comtesse des Barres - les yeux et les oreilles de la Cour...
Missives : 382
Date d'inscription : 02/08/2011


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MessageSujet: Une dictature pour quelques rubans...   Une dictature pour quelques rubans... Icon_minitime11.08.13 22:31


    Une dictature pour quelques rubans... Tumblr_mc4fko4cL91qib0lto4_400_zps4699b765Une dictature pour quelques rubans... Tumblr_mc4fko4cL91qib0lto6_400_zps8b0a4790

    LETTRE PREMIERE
    L’abbé François-Thimoléon de Choisy à S.A. le prince Philippe d’Orléans

    Voyez-vous mon bon ami, Versailles n’est plus la même sans vous. Que de peine mon cœur a ressentit depuis votre départ. La cour est bien vide, triste et morne. Et Athénaïs n’est pas là… L’ambassadeur vénitien a bien tenté de fêter en grandes pompes son anniversaire mais… Cela était d’un vulgaire m’a-t-on raconté ! Son Excellence aurai eu le soi-disant « bon goût » d’inaugurer une immense fontaine à son effigie et celle de votre cousine, la princesse Farnèse. Quelle impudence d’afficher ainsi sa fortune en pareil occasion ! Croyez bien mon ami que je ne m’y suis point rendu ! Tout part à vaux l'eau sans vous. Il nous faudra rétablir l’ordre et la justice de la mode en sa demeure à votre retour ! J’en fais une affaire personnelle ! Je ne pouvais tolérer davantage un tel supplice…Votre requête de votre précédente missive m’a sauvée d’un état plus désespéré que l’ennui.  Une duègne de plus dans mon salon pour se confesser : et je mourrai ! La dernière était d’ailleurs si sotte qu’elle m’a demandée si j’étais bien Monsieur l’abbé de Choisy (Une certaine « Vulfetrude » machin chose espagnole… Quelle gueuse : tout de même !). Ce à quoi j’ai répondu : « Non, je suis le Pape et j'attends ma sœur ! ». Elle n’a pas moufetée davantage, qu’elle s’est sauvée scandalisée. Enfin ! Aux grands mots, les grands remèdes quand on est proche d’un coup de sang. Laissons donc ces tracas journaliers profondément ennuyeux.

    Je me doute que vous vous demandez : comment se porte votre cher (et si beau) Château de Saint-Cloud ? Et bien, il était temps que votre chevalier servant arrive ! Ici l’anarchie s’était emparée de vos gens. C’est mon fidèle Lazarre qui m’en a informé. Apparemment, certains prenaient un malin plaisir à fouiller et se servir dans vos placards ! Quel scandale ! Tandis que d’autres n’hésitaient pas à se prélasser dans votre parc, les pieds dans vos bassins, tels des bovins en fin de vie… Imaginez le tableau ! Et pas un seul mignon pour arrêter ce massacre ! A l’annonce de cette image odieuse, je me suis empressé d’accourir chez vous pour rétablir l’ordre qu’il convient à une demeure princière. Ma vision d’horreur vint à se confirmer quand mon carrosse passa près de certains de vos gens qui étaient occupés dans l’herbe à manger vos pommes ! Mon sang ne fit qu’un tour ! J’ai sauté de mon carrosse et je n’ai pas hésité à frapper les premiers qui se trouvèrent sur mon chemin avec mon éventail. Maintenant il est tout abimé par leur faute ! Je ne vous cache pas que mes mots ont été de la même portée que mes coups : "Estimez-vous heureux qu'on vous laisse manger ... lépreux !" criais-je tandis que ces marauds se carapataient comme de vulgaires charognards. Heureusement pour eux que je portais une nouvelle robe (celle avec des broderies en perles dont je vous ai parlé ! Elle est splendide !) Sinon je les aurai poursuivi jusqu’aux enfers !

    Tout de même, je n’en avais pas encore conscience à ce moment-là, la tache qui m’attendait était bien plus importante que ces quelques gueux chapardeurs. En effet, vos mignons sont d’une indiscipline rare ! Vous auriez vu leurs têtes lorsque l’on annonçait mon arrivée… Je n’ai jamais vu autant de mines tristes depuis l’enterrement de mon père ! Avec quoi les nourrissez-vous ? De la paille ? Ils sont maigres comme des épingles à cheveux ! J’entends reprendre en main leur emploi du temps ainsi que leur régime. Un prince se doit d’être entouré de fiers Adonis. Certes, ils n’ont pas grand chose sous leurs perruques, mais on ne les paye pas pour cela ! N’est ce pas ? Voilà qu’il est déjà six heure et l’on m’apporte le souper. Adieu, mon très cher ami ! J’attends de vos nouvelles.

    Au Château de Saint-Cloud, le 12 avril 1667
    Votre ami dévoué.
    Thimoléon.
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Philippe d'Orléans


Philippe d'Orléans

« s i . v e r s a i l l e s »
Côté Coeur: Il a été brisé, piétiné et maintenant celui qui était à mes côtés est devenu mon ennemi. Quelle cruelle destinée !
Côté Lit: Le lit de mon palais est si confortable et accueillant !
Discours royal:



ADMIN TRAVESTIE
Monsieur fait très Madame

Âge : 27 ans
Titre : Prince de France, Monsieur le frère du Roi, Duc d'Orléans, de Chartres, d'Anjou, seigneur de Montargis
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MessageSujet: Re: Une dictature pour quelques rubans...   Une dictature pour quelques rubans... Icon_minitime17.08.13 0:11

Une dictature pour quelques rubans... Tumblr_inline_mnqoyezI2d1qz4rgp

« Vieille amitié ne craint pas la rouille. »


Camp français de Mauvages, 20 avril 1667.
Mon très cher ami,

Oh quel plaisir de recevoir cette lettre teintée de civilisation, de parfum et de Versailles ! Cela me fait tant de bien, un véritable ravissement au milieu de la crasse et la boue. Vous devriez m'écrire plus souvent, cela ferait du bien à mon esprit qui s'amenuise au fil des jours !

Versailles n'est vraiment qu'un nid de grossiers personnages quand il n'y a personne pour les diriger à la baguette. Sans surveillance, ils se conduisent comme des animaux. Il faudrait y mettre une règle à respecter quelque soit la situation : Ne soyez à la cour, si vous voulez y plaire, ni fade adulateur, ni parleur trop sincère  ; et tâchez quelquefois de répondre en Normand. Cela éviterait bien des désagréments et surtout de voir ces êtres devenir des sauvages. Nous ne sommes ni anglais ni italiens, il faut un peu de tenue, que diable ! Et puis quoi encore ? Ces dames se dégraferont bientôt le corsage comme des prostituées de bas étage pour jeter leur dévolu sur un des rares hommes présents ? Et pourquoi pas courir nu dans la Galerie des Glaces avant de se lutiner derrière les rideaux ! Cela arrivera un jour si personne n'est plus là pour stopper cette immoralité. Je vous prie de me tenir au courant de ce qui s'y passe, que tout soit consigné pour que je puisse, à mon retour (prochain, je l'espère), remettre dans l'ordre sans qu'aucun de ses mécréants ne soit épargné. Soit dit en passant, cela me divertira un peu, car ici point de distraction véritable !

Mais j'aurais préféré ne pas savoir que ma délicieuse demeure soit piétinée par des insolents de la sorte. Qui a osé toucher à mes fruits ? Et tremper ses vilains pieds dans mes fontaines ? Et pourquoi pas prendre un bain dans la grande cascade ! Je suis certain qu'ils en sont capables, les imbéciles qu'ils sont ! Ah, j'enrage qu'on piétine ce que je mets du temps à construire, je veux que mon beau château soit à mon image, de bon goût et bon ton. Pas que des mécréants que je sors de leurs ingrates familles profitent de mon absence pour se croire les maîtres ! Ils verront à mon retour de quel bois je me chauffe. Je me vois déjà les mettre en rang et leur hurler dessus : « Vous n'êtes qu'un tas de merde dans un bas de soie ». Non, je sais, vous allez leur dire, vous ! Je sais que cela vous fera plaisir, c'est cadeau ! Ces gens là sont des ingrats, je leur donne un magnifique logis, de beaux habits et un emploi convenable (ils auraient pu être dans une maison bien moins prestigieuse, et je suis un bon employeur), mais il faut qu'ils me volent et mettent à mal ma maison. Et ma femme ne dit rien ? Cette petite traînée doit s'être installée à Versailles, abandonnant mon chef d'oeuvres entre des mains de grands enfants qui ne savent pas se gérer eux-même. Quand vous y retournerez, prenez aussi soin de regarder mes cygnes. J'adore les cygnes et j'ai peur qu'ils leur fassent du mal, ils sont capables de tout, ce sont des vauriens. Quant à leur maigreur, je ne suis pour rien, je ne surveille pas leurs assiettes. Personnellement, la condition paysanne, j'me la taille en biseau, voyez. Ce n'est pas ma faute s'ils pensent que la maigreur les rendent plus beau. Cela me fait des économies de nourritures et de tailleur, puis je ne supporterais pas avoir des gros autour de moi, cela est affreux et va contraire à ma religion ! Tenez moi au courant de chaque détail de ce qu'il se passe chez moi, je veux tout savoir et encore une fois, donnez moi des noms, je vous prie. Il y a des claques qui se perdent, je vous jure …

Ah, que j'aimerais faire tout cela moi-même. Je pensais que la guerre serait d'un meilleur ton que celle-ci. Je ne veux guère critiquer la boue, la pluie (bien que cela fait friser mes cheveux), le confort spartiate, l'absence de mode, ni le fait de se battre mais j'avoue avoir bien du mal à me plonger dedans. Je sens bien que le roi mon frère me fait peu confiance, et que mes hommes sont parfois réticents. Heureusement que j'ai monsieur de Froulay avec moi. Vous vous souvenez de lui ? Mon nouveau capitaine des gardes, un charmant jeune homme brun avec des reflets roux et de très beaux yeux bleus ? Enfin un qui allie le charme et l'intelligence, cela manque souvent dans ma maison. Je sais que je peux compter sur lui car il m'est d'un grand soutien. Surtout après la bataille. Vous avez eu vent de la bataille qui s'est déroulé à Toul, je ne vous en fais pas un récit mais je dois vous parler d'un court moment qui m'a marqué, dans tous les sens du terme. Alors que j'avançais vers les troupes anglaises face à moi, voici que surgit de nul part, une sorte d'affreux bonhomme avance vers moi. Un anglais affreux, détestable et qui devrait mourir mille fois pour sa stupidité. Dans cette description ma foi objective, vous avez reconnu l'infect Surrey. L'ingratitude dans toute sa splendeur car il a voulu me tuer ! Moi ! Je l'ai sorti de son Milan décrépi, je lui ai fait une place à la Cour, et voilà que cet enfant veut me voler mon amant et à présent ma vie ! Et qui plus est, m'a défiguré ! Je suis affublé d'une affreuse cicatrice à la joue, immense et disgracieuse. Je suis devenu un monstre mon ami, un balafré comme certains gueux dans Paris. Je voyais ma jeunesse et ma beauté s'envoler, voilà qu'il me donne le coup de grâce, l'infâme personnage. Il mériterait d'être pendu par les pieds et martelé de coups de bâton, ou lapider en place publique. Ou mieux, brûler dans un feu de joie dans une de ces villes médiévales de la Champagne qui n'ont pas évolué depuis des siècles.

Écrivez moi vite, j'ai encore besoin d'avoir un peu de civilisation versaillaise, du moins ce qu'il en reste grâce à votre personne.

Votre ami de toujours,
Philippe de France.

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Thimoléon de Choisy


Thimoléon de Choisy

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MessageSujet: Re: Une dictature pour quelques rubans...   Une dictature pour quelques rubans... Icon_minitime03.10.13 20:52


    LETTRE II

    L’Abbé François-Timoléon de Choisy à S.A. le Prince Philippe d’Orléans

    Mon Dieu ! Qu’est-ce donc que j’apprends, mon cher ami ? Revenez, mon Prince, revenez ! Est-il possible que ce petit « rosebeef » puisse encore accomplir de telles abominations ? Et encore vis-à-vis de vous ! A quoi vous êtes exposé ! Vous ne serez jamais plus en sécurité qu’à Versailles !

    Pardonnez le retard de ma réponse. Cette nouvelle m’a abattue hier matin avec la violence d’un glaive ! J’étais au désespoir ! A tel point qu’il fallut à mon laquais, et certains de vos gens, me porter jusqu’à mes appartements et faire quérir le médecin. Je n’ai pas quitté mon lit de tout le jour et je n’ai trouvé la force de vous écrire que le lendemain matin. A l’heure où je vous écris ces lignes, la brume ne s’est pas encore levée sur votre parc de Saint-Cloud. Et je n’ai pas encore quitté ma robe de chambre de drap noir et mes cornettes de nuit ! Vous écrire est ma première mission. Votre image à l’agonie à tourmentée mes songes ! Si cela ne tenait qu’à moi, je serais accouru à votre chevet ce matin, sans même songer à mes coquetteries ! Je suis inquiet de votre santé. Donnez-moi, je vous prie, de vos chères nouvelles aussi souvent que possible. Un mot de vous suffit pour me tranquilliser.  

    Qu’il est vil ! Je n’ai jamais vu plus ingrat que cet anglais. Autrefois à votre service, sous votre humble protection, le voilà qui accourt pour vous égorger ! Je vous l’ai toujours dit et répéter : vos mignons sont comme les chiens, ils se doivent d’être dressés ! Il faut croire qu’une éducation sous le soleil d’Italie n’a pas arrangé la raison de cet avorton. Donnez-lui un sucre et il vous griffe au visage pour tout remerciement. A vous, qui avez reçu un pareil monstre chez vous, je vous promets bien qu’il ne mettra jamais les pieds chez moi ! Et je m’assurerais que c’est le parti que tous les honnêtes gens prendront avec lui, s’ils font ce qu’ils doivent.

    En parlant de dressage d’ailleurs, vous n’êtes pas sans imaginer que j’ai toujours fort à faire en votre domaine ! Afin d’accomplir au mieux la tache qui est la mienne, j’ai rapidement pris l’initiative de m’y installer jusqu’à votre retour. J’espère que cela ne vous dérange point. Je sais que je peux laisser mon Temple du Goût entres les mains de mon Lazarre sans le moindre souci. Votre épouse a déguerpie aussi sec à peine mes valises et mes malles posées sur votre plancher. Je ne l’ai même pas croisé : dois-je m’en inquiéter ?

    Vos cygnes, quant à eux, se portent à merveille ! Indubitablement, ce sont eux les mieux éduqués de Saint-Cloud. Vos mignons sont d’une indiscipline à toutes épreuves ! Et vous me connaissez… J’entends les mater avec autant de force que l’amour fraternel que j’ai à votre égard ! La moindre anicroche, la plus petite bévue protocolaire et je fais tâter de mon éventail ! Qui l’eut cru qu’un tel accessoire puisse diriger un régiment ? Comme vous me l’avez dit si bien avant votre départ : on peut être général et aimer la mode !

    Croyez bien que je suis cet adage avec ferveur. Je me veux être le général d’une armée admirée et admirable. Mon uniforme se compose généralement d’une robe noire et d’une jupe blanche. Je cache mon corps de moire d’argent, avec une cravate de mousseline, ma perruque poudrée, des boucles de diamants aux oreilles et des emplâtres de velours aux tempes. Je me borne à faire respecter cette rigueur vestimentaire à vos mignons. Point de chemise ouverte, de cravate mal nouée ou de perruques de travers ! Ils avaient prit de telles libertés vestimentaires que je dus prendre soin de fermer à clé toutes les portes de vos appartements. Je garde précieusement ces clés près de moi. Personne n’entre au paradis sans une invitation !

    En parlant de clé, je crois bien qu’il va falloir que j’instaure un même procédé avec le garde-manger. Ils s’empiffrent ! Cela m’a sidéré dès les premiers jours. Heureusement votre cuisinière, cette bonne âme, est venue s’en plaindre auprès de moi. C’est là que j’ai compris pourquoi vous les gardiez si maigrelets ! Comme je le disais dans ma précédente missive : tout part à vaux l’eau sans vous ! Mais ne vous faites point de soucis pour votre chef-d’œuvre, votre serviteur veille avec un œil acéré sur cette bande de sauvageons.

    Oh ! J’allais d’ailleurs oublier. En parlant justement de « chef d’œuvre » je suis malencontreusement tombé sur un portrait de vous dans vos appartements. Ne me dites tout de même pas que c’est VOUS qui avez commandé cette…croûte ? Je ne vous juge aucunement (vous me connaissez) mais tout de même : cela m’a fort surpris. Je ne savais pas qu’il était possible de se tenir de cette façon. Je connais vos talents pour jouer les dames, mais en arriver là est particulièrement excessif, surtout en tenue d’homme !... Et je dois vous avouer que j’ai bien ris… Un rire coupable bien sûr...

    Enfin ! A part cette surprise : je réserve encore quelques projets éducatifs pour la suite de mon séjour. J’entends en faire appliquer certains dès ce matin ! C’est donc sur ces quelques mots que je vous quitte : je m’en vais réveiller comme il se doit votre régiment, si paresseux (J’ai fais sortir tout spécialement votre cor de chasse qui prenait la poussière).  

    Au Château de Saint-Cloud, le 28 avril 1667.

    Votre serviteur et ami sincère,
    François-Thimoléon de Choisy.
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Philippe d'Orléans


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MessageSujet: Re: Une dictature pour quelques rubans...   Une dictature pour quelques rubans... Icon_minitime17.10.13 23:35

Camp français de Châlons, 12 mai 1667.

Mon adorable ami,

Que cela me fait plaisir, quelqu'un qui se soucie de mon triste sort ! Je me sens si seul et abandonné dans ce camp. Heureusement que je sais que vous êtes là pour moi. Mais ménagez vous la santé, votre petit coeur fragile n'a pas à pâtir de mes mésaventures, scandaleuses quand on sait ma généalogie ! Je vous rassure, je vais bien. Je me porte à merveille, même si l'on me retire tout mon confort et ma coquetterie, je me suis résigné à ne porter que de la dentelle à mes manches pour paraître un peu plus habillé. Adieu poudre, mouche et rubans, faites en bon usage de ceux de Saint-Cloud.

Vous avez bien fait de vous y installer, n'est-ce pas une délicieuse demeure ? Je remercierais toujours feu monsieur le cardinal de m'avoir pressé d'en faire l'acquisition. Saint-Cloud est un petit coin de paradis que je dois préserver à tout prix, je vous ordonne même d'en profiter. Loin de Paris et de Versailles, vous verrez comme vous y serez bien. Tant que vous serez là-bas, demandez à monsieur Le Nôtre de s'occuper de mon orangerie : la belle saison arrive et je ne veux point que mes beaux arbres restent dans l'ombre ! Quant à ma femme, laissez la partir ! Elle doit sans doute être à Versailles, à chercher d'autres amants, ou à Paris à faire salon. Ou l'inverse, je ne sais jamais son emploi du temps, mais tant mieux qu'elle s'en aille ! Elle pollue mon espace et ferait de même avec le votre ! Tant qu'elle est absente, pouvez vous aller dans ses appartements et récupérer le Le Lorrain qu'elle m'a volée ? Celui de l'arrivée de Cléopâtre. Cette mégère me l'a volée, je l'ai vu installé dans son boudoir ! A la place, choisissez une croûte à accrocher à la place, il y a du choix dans mes placards !

Ah qu'il est bon de vous imaginer en général de luxe face à la rangée de mignons indisciplinés ! Je vous imagine parfaitement bien. Ces garnements ne savent pas se tenir en société, incapable de respecter ne serait-ce qu'une tenue réglementaire. Je vais exiger un retour à l'uniforme, impossible pour eux d'en échapper. Vous contacterez mon couturier d'ailleurs, je veux quelque chose de sobre dans la forme, un beau gilet brodé, un pantalon cintré et une veste, sans brocard. Ce sont des mignons, pas des princes ! Point de velours ou de soieries, du sobre encore une fois ! Juste ... de la couleur ! Pour être repérable de loin, surtout quand ils essaient de faire le mur ou se cacher dans le parc. Du rouge ou du bleu, je ne sais. Qu'en pensez vous ? Je vous laisse le soin de tout négocier mais ne décidez rien sans mon avis, je veux tout savoir ! Mon ami, soyons extraordinaires ensemble, plutôt qu’ordinaires séparément , nous accomplirons de grandes choses et surtout de magnifiques tenues !

Je vous avais dit qu'ils ne cessaient de manger ! Je pense qu'une inspection dans leurs chambres ne serait pas du luxe, je suis sûr qu'ils ont un garde-manger de réserve. Puis il faudrait un peu d'hygiène là-haut, je suis certain que cela sent le fauve mal dégrossi. Je vois que vous prenez les choses à coeur, n'hésitez pas à les malmener un petit peu, ils ont besoin de cela pour être secoué ! Tout le monde pense que je maltraite mon personnel pour le plaisir, mais non ! Enfin un peu, je l'avoue, mais c'est aussi parce qu'ils ne font rien sans menaces ni coups. Des paresseux qui croient que tout leur est acquis parce qu'ils ont une particule, sont dans ma maison et ont un nom ridicule, d'une préciosité affligeante. Je vous donne les pleins pouvoirs les concernant : n'hésitez pas à le faire dégourdir les jambes dans le parc, surtout pas temps de pluie, cela les vivifie. Oh, et faites les lire, je n'aime pas être entouré d'ignares ! J'ai tellement hâte de savoir ce que vous allez leur faire, vous verrez à quelque point cela est plaisant d'être tout puissant en ces lieux !

Je vois que vous avez trouvé cette horreur de tableau. Je vous arrête tout de suite : je n'y suis pour rien ! Un peintre a sans doute voulu me flatter au travers d'un tableau pour que je devienne son mécène … non mais vous avez vu cette horreur ? J'y suis mi-guerrier mi-prostituée ! Et cette tenue ! Jamais je n'oserais, même les Valois n'ont pas osé porté si court, encore moins sur un champ de bataille. Je le gardais pour le mettre au feu, la guerre m'en a empêché. Laissez le cacher, nous le brûlerons ensemble, je me ferais une joie de le jeter au feu et ce serait un plaisir que ce soit avec vous.

Que cela me manque tout ce que vous me raconter : mon château, les histoires, … même mes gens me manquent ! Vous rendez vous compte, j'en viens à me dire que même le Bergogne a un caractère sympathique, caché quelque part sous sa montagne de bêtise et de niaiseries. Ce n'est pas que je n'aime pas les gens, mais je suis comme à l'étroit dans leur monde, je ne suis pas un militaire, bien que j'essaie d'assurer au mieux cette charge. Après tout, je me suis roulé devant le roi mon frère pour avoir un commandement, je l'ai eu, je dois faire au mieux. Oh mais mon cher Thimoléon, j'ai l'impression qu'on ne veut pas de moi. Louis refuse que je participe aux conseils de guerre, il me met de côté et je suis dans les derniers au courant. Moi, un prince de France, relégué à attendre que Turenne m'informe des stratégies mises en place. Pourtant, je fais un effort : j'ai mis de côté ma coquetterie, je vais voir mes soldats, les passer en revue et m'intéresser aux affaires militaires, mais rien n'y fait. Je me sens comme un pouilleux, un lépreux, un pestiféré de premier ordre alors que je ne mérite pas un tel sort. Rassurez moi mon ami, que je ne suis pas ainsi. Je ne tiendrais guère longtemps de la sorte, mais je ne me vois pas entrer dans la tente de mon frère sans y avoir été invité, cela serait un affront, une impolitesse de la plus haute espèce, et vous savez que je ne cautionne jamais le manque de respect à l'étiquette. Ah, que je suis tiraillé, j'ai l'impression d'être dans une tragédie ratée de Racine qui, lui, a le droit d'assister aux conseils pour soit-disant écrire l'histoire du roi ! Mais où va le monde si un gueux sachant faire trois pauvres vers peut y être et pas moi ? Je me bats tout de même, j'ai risqué ma vie à Toul ! Et je vais y retourner dans quelques jours, j'ai tout de même ma place dans un conseil de guerre !

Hé oui mon ami, je repars me battre. Les faits sont tels que je ne peux en dire trop, nous sommes non loin de Verdun où nos ennemis ont fait campement. Et puisqu'on ne sait jamais qui lit le courrier, je préfère pour l'instant garder toute information pour moi, mais je vous promets de tout vous raconter à mon retour. Si je suis vivant bien sûr. Et si jamais je meurs, le pape devra être disponible afin de me donner l’absolution. Et je compte sur vous pour des habits digne de mes funérailles. D'ailleurs, vous auriez mes bijoux, sauf la bague que Lorraine m'a offerte, qui est à mon doigt, et la parure de ma mère, mais vous le saviez déjà que je voudrais les avoir sur moi le moment venu. Je compte sur vous pour prier à ma survie, car je sais que ma femme ne doit pas faire grand chose en ce sens, et j'ai peu d'amis aussi précieux que vous. Vous aurez ainsi l'occasion de voir prier ma cousine Élisabeth, qui souhaite le ardemment sauver mon âme. Elle s'occupera de l'âme et vous de ma vie, je pense que cela est équitable. Mais ne vous en faites pas, je reviendrais. Après tout, j'ai la motivation non seulement de vivre, mais aussi de revoir mon chez moi. Vous avez beaucoup à faire, je veux en voir le résultat !

Prenez soin de vous Thimoléon, n'omettez aucun détail de vos projets dans ma demeure, j'ai hâte de retourner de la bataille pour vous lire !

Votre ami qui vous embrasse,
Philippe.
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Thimoléon de Choisy


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MessageSujet: Re: Une dictature pour quelques rubans...   Une dictature pour quelques rubans... Icon_minitime07.12.13 19:28


    LETTRE III

    L’Abbé François-Timoléon de Choisy à S.A. le Prince Philippe d’Orléans

    Enfin, mon cher ami, je trouve du temps pour vous écrire, à vous assurer de mon amitié, puisque, sans cela, vous seriez malheureux. Dieu, qu’il est bon de vous savoir en meilleur forme, bien que vous imaginer sans rubans et sans mouches m’est tout à fait impossible ! Mais comment faites-vous ? Vous dites que je dois prendre garde aux fragilités de mon cœur et à ma santé, mais je vous assure bien que vous vous trompez et j’espère que par cette lettre vous n’en douterez plus.  

    Vos gens vous manquent ? Si seulement vous étiez à mes côtés pour constater de leurs bêtises plus novatrices chaque jour, vous ne seriez pas si sentimentale… Attendez donc de lire ce que j’ai a vous rapporté de ces derniers jours. Ah ! Les fripons ! Les mécréants ! Vos mignons sont tous plus insupportables les uns que les autres ! Ils me donnent du fil à retordre mais je ne faiblis pas face à ma tache, bien au contraire. Je songe même déjà à rédiger, tel Machiavel et son Prince, un essai sur la parfaite maitrise d’une suite princière. Vous savez quelle différence il y a entre un con et un voleur ? C'est qu'un voleur, de temps en temps, ça se repose ! Vos mignons m’ont fait le pire affront qu’ils ont pu trouver l’autre matin. Alors que je les passais en revue comme chaque jour pour les vérifications réglementaires de leur tenue (d’ailleurs : je leur ai fais faire un uniforme rouge, saillant et très voyant !), l’un d’eux s’est permis de (j’ai beaucoup difficulté à l’écrire) se moquer ouvertement de ma tenue du jour ! Son nom est Philippe-Rizzoli ou Pierre-Armand quelque chose…Je ne sais plus. Ils ont tous des noms parfaitement invraisemblables vous ne trouvez pas ? Celui-là à été rebaptisé Pâquerette pour l’occasion (je prendrai soin de vous faire parvenir la liste de leurs nouveaux noms dans une prochaine lettre) J’étais pourtant vêtu de ma plus belle tenue « militaire », j’avais même pris soin d’agrémenter ma perruque d’un petit chapeau ravissant. Et voilà que cet idiot me trouve soudainement hilarant (on aura tout vu…). Ni une ni deux je l’ai attrapé par une oreille et je l’ai molesté autant que j’ai pu avec ma bible. Il pleurait, c’était pathétique.

    Toutefois je n’ai pas manqué de relever quelques sourires sur les visages de ses imbéciles de collègues. Il semblerait que vos mignons, malgré leur absence flagrante d’esprit, se trouvent bien plus intelligents que nous autre ! Devant tant d’impétuosité, je leur ai servis un discours plus menaçant que jamais : « Ô vous riez de la souffrance de votre ami ? Leur ai-je dis. Attendez donc de voir ce que je vous réserve pour l’après-midi : Vous pleurerez vos pères et vos mères, c’est moi qui vous le dis ! » Malgré toutes mes menaces, il est clair que ces avortons ne parviennent absolument pas à imaginer quel homme (femme ?) créatif je peux être en de pareilles occasions…

    Ainsi, j’ai donc convié votre suite (« trainé de force » serait bien plus exact mais Maman m’a toujours bien éduquée sur les bonnes manières comme vous le savez) sur la terrasse du Château. Il pleuvait des cordes, j’ai donc bien fait attention en restant assis dans un bon fauteuil, emmitouflé de fourrure et abrité sous une toile que l’on m’a gentiment installé. Ils étaient donc tous là, en rang d’oignons, tout grelotant (de peur ou de froid, difficile à dire) et détrempés à attendre mes instructions (Ah le pouvoir ! Quel superbe cadeau vous m’avez offert là mon cher ami ! Cela me va-t-il au teint ?). J’ai donc pris mon ton le plus impérieux et je leur ai dévoilé ma fantastique idée de divertissement pour leur journée : « Mes chers petits, leur ai-je dis. Vous voici aujourd’hui sur la terrasse d’un des plus beaux joyaux de la couronne de France. En tant que temporaire intendant de ce paradis des dieux, je me dois de veiller à la sauvegarde, à la sécurité et à la bonne tenue de la propriété de Son Altesse le Prince Philippe (ne suis-je pas émouvant ?). C’est pourquoi, en général fidèle et inflexible, aucun manquement au prestige de cet endroit ne doit être ignoré. Depuis que je suis là, je n’ai pu que constater, tristement, que vous êtes la honte de notre royaume, messieurs. Oui, vous pouvez regarder le bout de vos souliers et pleurer. Ressentez avec force tout l’échec qui sommeille en vous ! Dites adieu aux minables que vous êtes car, dès aujourd’hui, par ce temps salvateur qu’est la pluie : je me dois de laver vos péchés envers cette maison (quel poète !). Comme on le dit souvent parmi les rangs de l’église : le paradis n’est pas facile à atteindre. Des obstacles, des épreuves vont traverser votre route (l’un d’eux à éternuer à ce moment précis de mon discours, quoi de mieux pour le gâcher me direz-vous ? De vrais sans-gênes !) C’est pourquoi j’ai décidé que cette journée sera celle de l’inauguration de vos épreuves envers Notre Prince. Voyez cet immense parc qui nous entoure par sa splendeur : il sera le théâtre, je l’espère, de vos exploits. »

    Je n’ai pas réussi à voir si mon discours les avait ému ou non, avec toute cette eau difficile de différencier la pluie des larmes ! C’est agaçant ! Pour en revenir à leurs épreuves : la première était d’une simplicité enfantine. Quand on est aux services d’un Prince aussi prestigieux que vous, on se doit de faire preuve de vitesse. Je leur ai donc demandé sans tarder de faire la course aller-retour le long de l’allée de Marne aussi vite que possible en bravant les éléments de la nature. Je me suis dis que la pluie les maintiendrait éveillés. J’ai donc retourné mon joli sablier et je les ai regardés détailler comme de vrais désespérés. Marie-Madeleine s’est emmêlé les pattes dès les premières secondes… Je me passerai de longs commentaires à son sujet : étant automatiquement classé dernier de cette course il a été désigné de corvée pour tous les pots de chambres de la maison, domestiques compris. Pour le reste, c’est le Gauthier-Charles qui arrivé premier. Ils étaient tous crottés de la tête aux pieds (sauf Alexandre-Angélique qui a eut l’excentricité d’être crotté de la tête jusqu’à la taille ! Ne me demandez pas pourquoi c’est un mystère de plus…).

    Ces gamins pensaient que leur calvaire était terminé… Mais vous me connaissez, je ne sais pas m’arrêter !

    Pendant que vos gens semblaient mourir d’asphyxie en soufflant comme des bœufs, j’ai fais venir Gustave… Vous savez qui est Gustave n’est-ce pas ? Eux ne le savaient pas ce qui était d’autant plus hilarant ! J’ai donc pris un malin plaisir à faire les présentations comme vous vous en doutez : « Messieurs, je vous présente Gustave. Vous devriez le connaitre car c’est grâce à ses talents que vous pouvez vous remplir la pence comme des oies. (Adolphe-Casimir a cru que c’était le cuisinier… le pauvre) Non ce n’est pas le cuisinier, mais l’un de nos gens qui se charge de chasser les perdrix, les lapins, les cerfs… Vous savez quand on est au service de Monsieur, il faut aussi faire preuve de réactivité en cas de danger, n’est-ce pas Gustave ? Il vous faudra protéger le Prince au péril de votre vie ! Ainsi, votre second exercice de la journée sera d’échapper aux tirs de Gustave ! Surtout qu’avec de tels uniformes vous êtes des cibles faciles… Courrez mes lapins ! Courrez ! »

    Oui, je suis méchant. Mais il fallait éviter de se moquer de moi n’est-ce pas ? La peur est un remède imparable. Si vous aviez vu l’expression sur leurs visages souillés de terre… De la pure féérie ! C’est donc sans plus attendre que Gustave a préparé son fusil tandis que les mignons commençaient à courir en tout sens. Il semble qu’ils savent que courir en zigzaguant est efficace mais ils ont oubliés que cela ne l’est pas quand on est en groupe… J’ai exempté Gauthier-Charles de cette chasse à l’homme étant gagnant de la première épreuve. Il est donc resté à mes côtés et n’a pas manqué de se moquer de ses petits camarades désorientés. La petite peste que voilà !  Le mignon s’est mit à croire qu’il était mon préféré en m’offrant moultes compliments et autres flatteries. Vous savez comme je déteste l’hypocrisie… Alors qu’il n’arrêtait pas de se pencher à mon oreille je l’ai vite repris : «  Je t'apprécie mais j'ai horreur de sentir ton souffle humide. » lui ai-je dis, d’autant qu’il sentait une odeur de chien mouillé ! Dégoutant !

    Oh mon ami ! Que je vous rassure immédiatement : je n’ai pas vraiment ordonné à Gustave de tirer sur vos mignons (bien que le monde grâce au ciel, fournisse des gens qui ont bonne lame et bourse vide pour ce genre de besogne) ! Non… Il tirait simplement en l’air quand je le lui demandais… Mais ces garnements semblent trop bêtes pour tourner la tête. Ils étaient bien trop occupés à paniquer comme de vulgaires moutons. Ah c’était si drôle ! André et Henri Louis couraient n’importe comment à tel point qu’ils se sont rentrés dedans en s’assommant mutuellement au passage… Pathétique !

    Ne pensez-vous vraiment pas à changer de mignons ? Ceux-ci sont tellement défaillants ! En garder un ou deux pour le plaisir à la limite… Mais toute cette bande de dégénérés ? Je vous admire pour avoir tenue cette maison à flots aussi longtemps avec de tels désastres humains.

    Je ne peux pas vous laisser dire de vous que vous êtes un "pestiféré" mon ami ! Reprenez-vous ! Vous êtes Prince de France, Philippe, et personne ne pourra jamais vous enlever cela. Pas même votre frère ! Il est évident que je préfèrerais vous savoir ici avec moi et Athénaïs. Ce que fait votre frère à votre encontre n’est certainement pas des plus nobles. Racine ? Vraiment ? Il semblerait ce soit votre frère qui manque clairement à l’étiquette, tout royal qu’il est. Vous craint-il pour vous écarter de la sorte ? Voilà quelque chose qu’on ne lui connaissait pas ! Je suis convaincu que vous parviendrez à lui prouver votre valeur à ses côtés. Vous n’êtes pas de ceux qui abandonnent facilement, mon ami. Votre place est au conseil, revendiquez-là que personne n’est à remettre cela en doute, jamais !

    Je vous en prie, ne parlez pas de choses aussi funestes à votre encontre. Cela me fends le cœur ! Je serai dévasté par une telle nouvelle… Je prie chaque jour pour votre vie et votre retour. Nous aurons tant de choses à nous dire et à faire lorsque vous rentrerez ! Mes plus belles pensées vont vers vous.

    Au Château de Saint-Cloud, le 15 mai 1667.

    Votre fidèle général.
    Thimoléon.
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Philippe d'Orléans


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MessageSujet: Re: Une dictature pour quelques rubans...   Une dictature pour quelques rubans... Icon_minitime17.03.14 19:27

Camp de Chaumont, 20 mai 1667

Mon adorable ami de toujours,

Quand j'ai eu votre lettre, j'y aurais bien répondu mais point le temps de faire quoi que ce soit, nous devions déjà repartir, déplacer ce camp sans âme pour une prochaine destination. Cela aurait pu être un voyage morne et sans saveur – à l'égard de ce que servent les cuisiniers certains jours – mais avoir lu vos bons mots et surtout ces élans d'éducations envers mes mignons m'ont fait rire, oh oui tellement rire, que je ne pouvais m'empêcher de garder le sourire durant le voyage. Mieux, j'ai lu certains passages à certains de mes gens. Ma suite qui avait assez d'intelligence et de muscles pour aller à l'armée riaient eux aussi, ravis finalement de prendre les armes. Mon aumônier par contre, n'a pas beaucoup ri, trouvant cela cruel de malmener de pauvres âmes. C'est lui qui dit cela ! Je sais que Cosnac est votre ami, je ne veux pas vous en dire du mal.

Mais tout de même, cet homme veut me changer ! Il a parfois de bonnes idées en effet, comme celle de montrer au roi mon frère de quoi je suis capable. Mais fallait-il vraiment que j'aille dans les tranchées pour encourager mes hommes ? Une tranchée sale ? Je l'ai fait, j'ai pu voir la reconnaissance des miens, et puis quand Louis est venu à son tour, il faisait une de ses têtes ! Il s'attendait sans doute à me voir paresser dans ma tente. Je lui ai cloué le bec ! J'ai beau après avoir de la boue jusqu'aux genoux, je ne pouvais même pas hurler sur mon aumônier car cela avait réussi. Mais je vais vous le renvoyer, ce sera lui qui portera ma lettre. J'en ai assez qu'il soit dans mes pattes à m'observer et se permettre des conseils. Je sais qu'il sera bien mieux avec vous !

Mais pour en revenir à mes mignons, il me tarde de voir ces nouveaux uniformes, ils seront fort seyant à n'en pas douter ! Puis le rouge permet de les repérer plus facilement, ils ne pourront plus échapper à mon regard, car ils ont tendance à se cacher, vous avez dû le remarquer. Quant à cette méthode d'éducation, j'espère tout de même que votre tireur n'a pas tué ni mes oiseaux ni mes cygnes en tirant en l'air, ce serait fâcheux. Sur un mignon, ce n'est pas grave, ça se remplace, mais mes beaux cygnes beaucoup moins … Je vois que vous avez acquis leur respect, ou du moins leur crainte, vous savez à présent comment les éduquer, ils vont vous manger dans la main à présent. Et faites confiance à Gautier-Charles, c'est une petite fouine qui ne vous trahira pas, il est une sorte de fayot prêt à tout pour être récompensé, comme un chien recevant une confiserie. Les autres, en effet, sont pour la plupart des incapables, mais ils me distraient dans leurs bêtises, ils sont là pour cela. Et pour jouer de la musique aussi, ils font des concerts si vous leur ordonnez, monsieur Lully avait beaucoup apprécié, cela occupera vos soirées, et je sais qu'ils seront calmes.

Comme j'aimerais, si je pouvais, partir là-bas, à Saint-Cloud, revoir ma délicieuse demeure, vous y rejoindre et assister au martyr de ces écervelés. Tant que vous surveiller chez moi, faites sortir les orangers, le temps est clément et il est temps que mon jardin de l'orangerie retrouve ses couleurs de soleil. Vous êtes un chanceux, mon cher Thimoléon, de pouvoir mettre en eau ma cascade, de voir un tel panorama vers Paris et de vous délecter d'amusements. Ici, c'est tout de même assez triste, du moins pour les gens de goût. Je vois mes officiers perdre le goût de l'habillement, être débraillé, s'amuser aux cartes, à des jeux stupides ou courir la gueuse. Il n'y a que quand nous entrons dans une ville que la civilisation s'offre à moi. Avant-hier nous étions à Chaumont. Cette ville n'est pas la plus florissante ni la plus divertissante au monde – je crois que vous y êtes déjà passé – mais savoir qu'il va y avoir comédie et bal rend la ville plus belle et j'ai pu, le temps d'une soirée, touché du doigt un peu la Cour. Et d'avoir un peu trop bu. A tel point que j'ai fait un rêve étrange : j'étais au Louvre, je ne sais pourquoi, et je tombais nez à nez avec un homme dont le visage m'était familier. Il s'agissait de mon grand-père, feu le roi Henri IV, qui me proposait de galoper dans la Grande Galerie pour une chasse au renard, proposition que j'ai accepté. Quand je me suis réveillé, je ne savais pas quoi en penser …

Une chose où je peux donner mon avis par contre, c'est bien en matière de peinture. Le Brun a envoyé un apprenti faire les croquis et tableaux de bataille, je n'ai rien vu d'aussi immonde et, surtout, sans queue ni tête. Vous irez vous offusquer pour moi, ce peintre à deux sous, tout juste bon à représenter des pots de fleurs, m'a fait blond ! M'avez vous vu déjà blond ? Blonde oui, mais une bataille n'est pas l'occasion de revêtir sa plus belle robe et une longue perruque féminine ! J'ai donné mon avis mais ce petit avorton n'a pas changé le moindre détail de sa dernière œuvre en partance pour Versailles. Sauvez mon honneur, hurler à la face du monde cette erreur capillaire ! Je ne puis être blond ! Et pourquoi pas roux, comme mon grand-père tant que nous y sommes ! Quelle hérésie tout de même !

Je vais vous paraître redondant mais je dois vous laisser, bientôt une nouvelle bataille m'attend. Mais mieux encore, j'entre enfin au Conseil de guerre ! Il était temps tout de même, qu'on me montre un peu de respect et qu'on m'apprécie à ma hauteur. On peut être général et aimer la mode, je ne vois pas en quoi c'est incompatible. Je vous raconterais mes prochaines aventures sous peu, savoir ce qui m'est arrivé, qu'un autre hérétique ne me touche pas le visage, que je puisse pourfendre Surrey de mon épée ou autre joyeuseté de la guerre. Mon cher ami, priez pour moi et donnez moi de vos nouvelles, j'ai tellement besoin de cette bouffée de civilisation.

Votre tendre ami
Philippe


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Thimoléon de Choisy


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MessageSujet: Re: Une dictature pour quelques rubans...   Une dictature pour quelques rubans... Icon_minitime30.05.14 19:03

    LETTRE IV

    L’Abbé François-Timoléon de Choisy à S.A. le Prince Philippe d’Orléans

    Je parie bien que, depuis votre entrée au conseil de guerre, vous attendez chaque jour mes compliments et mes éloges ; j’espère que vous n’ayez point pris d’humeur de mon long silence. Ces derniers jours ont été des plus animés mais j’y reviendrais. Je ne commencerai qu’avec ce bien joli mot : Félicitations !

    Alors ? L’avez-vous embroché ? Pardonnez la rudesse de ses quelques mots mais je ne fais que penser à cela depuis votre dernière lettre. Votre Surrey est-il enfin en train de rôtir aux enfers ? Nous déboucherons une bonne bouteille de porto à votre retour pour fêter cela. Votre blessure se porte-t-elle mieux ? Faites vous encore des rêves étranges de votre aïeul ? Cela devait être dû à quelques fièvres sans doute. Ou peut-être est-ce le manque de divertissement ? Je peux vous envoyer un Marie-Adélaïde ou un Henri-Louis afin de corriger cela si vous le souhaitez.

    Voilà que vous m’étonnez ! Je sais mon ami Cosnac comme étant fin, sensé, habile, gai, pétulant et en tout un original. Mais il doit dire cela juste pour me contrarier. Je me demande bien s’il m’en veut de ma récente nomination comme confesseur de l’archiduchesse d’Autriche, la Wittelsbach. Qu’en dites-vous ? En tout cas ma mère n’en puis plus d’en parler lorsqu’elle donne salon ! A moins que la guerre rend votre aumônier des plus aigri. Je vais me charger de le dérider au plus vite. Malgré tout l’ennui qu’il vous cause : je suis ravi de voir que vous reconnaissez sa bonne foi envers vous.

    Tout parait, mon cher Philippe, devoir être tranquille dans ce pays ; et nous attendons, de jour en jour, la permission de vous voir enfin rentrer à Versailles. Mieux partagé que Janus lui-même, je crois posséder deux existences. Oui, mon ami, je suis en même temps très heureux et très malheureux. Je vous dois le double récit de mes peines et de mes plaisirs. J’ai pris l’initiative d’organiser une soirée à mon hôtel et j’ai eu toutes les peines de ce monde à l’organiser !

    Comme nous en discutions dans nos précédents échanges : il me fallait restaurer le prestige de notre Nation malgré cette période trouble dans laquelle nous sommes. Seulement, j’ai perdu récemment les derniers revenus qu’il me restait de mon abbaye de Saint-Seine aux jeux le soir dernier. Et je vous imagine déjà lever les yeux au ciel en lisant ces quelques lignes… Cela me fait grande peine. Le jeu est sans doute le pire de mes démons, bien plus que mes goûts vestimentaires. Me retrouvant presque sans le sou, la nouvelle n’a pas tardé à parvenir jusqu’aux oreilles aiguisées de ma très chère mère. Et la voilà qui a déboulée comme une furie à mon hôtel. Mme de Choisy est tout aussi encline que moi à risquer ses louis comme vous le savez, mais elle n’est jamais effrayée par les paradoxes. Elle me débite de longs discours, me prie de m’occuper d’avantage de mes relations que de mes plaisirs et va même jusqu’à exiger que j’aille vendre mon hôtel ! J’adore ma mère, je lui dois tout, je ne vous apprends rien. Mais je ne veux certainement pas perdre le peu d’indépendance qu’il me reste en déménagent de nouveau au Palais du Luxembourg. Qu’en pensez-vous ? Voilà encore quelques histoires qui feraient bien rire la cour. Heureusement que personne ne me soupçonne d’être la Comtesse des Barres, vous imaginez ? Comme il me manque, le temps de nos jeux d’enfants.

    Je ne veux point vous ennuyer trop longuement avec mes problèmes, mon ami. Soyons bref. Après m’être pris cette soufflante, ma mère songeant en permanence au prestige de notre famille, s’est empressée d’écrire une note à notre cousin le marquis d’Argenson puis une autre à « sa Reine de Pologne ». Je ne sais ce que contenait ses deux lettres mais figurez vous que quelques jours à peine ont suffit et me revoilà plus riche que la veille ! Je sais ma mère intelligente comme peu de gens le sont à la cour mais je me demande bien où elle trouve toute cette énergie et ces effets de manches. Les préparatifs de ma fête ont reprit de plus belle ! J’aimerai tant vous y voir. Pour conclure sur cette mésaventure, ma mère vous embrasse fort. Elle doit d’ailleurs écrire à notre Bon Roi, votre frère, en ce moment même.  

    Sur votre demande, je me suis bien rendu à l’atelier de Monsieur Le Brun afin de mettre les choses aux claires avec ces esquisses immondes que vous m’avez décrites. Je me suis donc permit quelques effets pour mon arrivée à l’atelier. Accompagné de l’ensemble des mignons, nous sommes arrivés sans prévenir personne et j’ai indiqué à Gauthier-Charles de nous annoncé. Voir la livrée écarlate de votre maison a dû faire pâlir plus d’un apprenti. Et voilà que les mignons ouvrent grand les portes de l’atelier avant de se ranger bien sagement pour me faire une haie d’honneur. Comme j’aime la mise en scène ! J’en abuse, certes, mais seulement pour le bien de votre cause. Ainsi j’entre lentement, vêtu de ma plus belle tenue d’abbé. Comme le dit si bien ce cher Colbert : Le noir c’est digne, le noir c’est sombre, le noir ça fait peur. Je me voulais plus austère que la mort. Je m’étais malgré tout autorisé l’extravagance d’un long jupon de dentelles en dessous et de manches de même. J’ai salué sèchement le maître Le Brun et lui ai rapidement exposé le sujet de notre affaire. Il parut étonné voir offusqué mais il ne broncha point avant d’appeler l’auteur des esquisses criminelles. Celui-ci sorti de sa cachette les yeux baissés, l’air honteux. Le Brun lui ordonna d’apporter son carton à dessins et je pus enfin voir ! Permettez-moi de vous dire que vos descriptions sont bien en deçà de la réalité de ce désastre artistique. Cet apprenti a vraiment de la bisque pleins les yeux. Vous avez fort bien fait de me prévenir car on ne voit que ça ! Une tignasse blonde de comédienne en plein milieu d’une campagne dévastée. L’avorton a osé me dire qu’il y voyait là de la poésie mais je me suis empressé de le gifler avec mon éventail.

    Monsieur Le Brun a protesté pendant que ce gamin pleurait. Mais je l’ai arrêté bien vite en lui disant que rien ne devait interférer dans des affaires princières et que j’avais reçu des ordres précis pour lui remettre les idées en place. Il nous faut vraiment tout faire en ce royaume ! D’ailleurs il nous faudra rédiger des lois artistiques à votre retour. Votre ministère se devra d’être ferme afin d’éviter ce genre d’abominations. Toujours est-il que j’ai réussi à endiguer la crise qui nous pendait au nez. J’ai relevé le menton de ce morveux et lui ai redemandé bien gentiment : « De quelle couleur sont les cheveux de notre prince d’Orléans ? ». Il m’a répondu « brun » à mon grand soulagement car je m’étais demandé tout de même s’il ne souffrait pas de problèmes de vue (un de ses yeux vrillait étrangement). Dans l’heure qui suivie, j’ai exigé que les esquisses soient corrigés sous mes yeux et me suis également accordé une petite personnalisation. Vous serez représenté de face, contrairement aux autres, ainsi on ne voit que vous (juste après votre frère bien entendu). Ainsi l’honneur est sauf ! J’espère avoir rempli ma mission comme il vous convient. N’hésitez pas à me faire part de quelques autres entreprises dont je me chargerais volontiers.

    Et voilà que je vous quitte ! L’horloge sonne déjà midi. L’heure est pour moi de retourner à mes préparatifs. Je veux que cela soit parfait. Je vais y exposer des expériences de Monsieur le duc de Sudernamie. Tant d’excitation, mon ami ! Après cela je regagnerai mon intendance de Saint Cloud. Je vous promets de vous faire part de tout cela dans ma prochaine lettre. D’ici là, je prie chaque jour pour votre santé et votre retour. Monsieur de Cosnac se joint à moi pour vous présenter ses respects. Adieu, cher Philippe !

    A l’Hôtel du Temple du Goût, le 27 mai 1667.
    Votre éternel serviteur.
    Thimoléon.

    P.S. Je vous envoi ci-joint, mon ami, la liste* promise des nouveaux sobriquets de vos mignons au cas où vous jugiez convenable de procéder à quelques nouveaux baptêmes.

    P.S.S. Vos orangers ont bien été sortis à ma demande et ils seront plus beaux que jamais cette année. Vos cygnes se portent à merveilles également.

    [*ndle : la liste ne nous ai point parvenu, cependant la correspondance du prince et de son ami reste tout à fait exhaustive à ce sujet par la suite. Le XVIIe siècle regorge de surnoms des plus inventifs.]
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MessageSujet: Re: Une dictature pour quelques rubans...   Une dictature pour quelques rubans... Icon_minitime03.05.15 17:03

Camp français, 30 juin1667.

Mon très cher Thimoléon,

Je m'excuse pour ce retard de réponse, vous savez bien que ce n'est pas mon genre mais j'étais dans l'impossibilité de vous répondre. J'ai reçu votre lettre la veille d'une bataille, je comptais vous répondre après celle-ci, sans penser que je mettrais presque un mois. J'espère que vous me pardonnerez.

Vous n'êtes pas sans ignorer ma mésaventure qui m'a conduit en Lorraine, je sais très bien ce qu'il se dit ici, et je n'ose imaginer comment je suis traité à Versailles. Je vous en prie, ne m'en parlez jamais, j'ai déjà trop subi pour écouter d'autres idioties. En revanche, je vous raconte ma version, la vérité, sans fadaise ni mensonge. Et à commencer que tout cela n'est pas ma faute, je ne suis que le pantin d'une vulgaire mascarade, une victime, un innocent. Voici que le jour de la bataille de Remiremont, je voulais briller, prouver à mon royal frère que je pouvais réussir à mener une armée, à briller avec la pointe de mon épée, que j'étais un bon militaire. J'avais eu quelques petits éclats, Louis a bien vu ma motivation au point d'enfin m'inviter à ses conseils de guerre, mais il me fallait la reconnaissance ultime, peu importe mon adversaire. Pourquoi ce jour là, je n'ai pas eu d'anglais ou d'espagnols face à moi, mais ces gueux de lorrains, dont leur chef n'était autre que mon tendre Lorraine ? Ne pouvant ni faire machine arrière, ni reculer, j'ai dû faire face à mon ancien amant, la guerre comptait plus que les sentiments en cet instant. Je me suis battu de toute ma vie, toute monde âme, au nom du roi, du sang qui coule dans mes veines. Je l'avoue, quand Lorraine est passé à quelques mètre de moi, je n'ai pu détacher mon regard de sa stature de sa beauté angélique au milieu de cette poussière et ce sang. Qui puis-je ? On ne peut oublier un homme qu'on a aimé toutes ces années, l'amour ne part pas d'un claquement de doigt.

Ce fut la dernière chose que j'ai vu avant de tomber au sol, après un coup à l'arrière de la tête. Je n'ai rien planifié, je n'ai jamais voulu cela, encore moins me réveiller dans un château médiéval humide en plein cœur de la Lorraine ! J'étais prisonnier, pas invité ! Bon d'accord, un invité de marque, j'échappais au cachot, au pain sec et à l'eau, à la promiscuité avec des prisonniers de bas étage. Loin de moi l'idée d'avoir planifié une rencontre avec mon amant au cœur de la guerre, surtout qu'il m'avait quitté ! L'idée d'y penser pouvait être tentante d'un point de vue des ragots de gazette, mais nous ne vivons pas dans un roman de précieuses. Après l'abattement, je suis entré dans une colère noire, hurlant sur Philippe de son idée stupide, qu'il n'avait pas pensé à ma réputation, aux dires des autres. Il s'en moquait, il s'en est toujours moqué et cela lui fit toujours défaut de toute manière. Pire que cela, il m'a laissé seul, avec ma amertume et ma détresse. Puis vous ne devinerez jamais qui a osé venir me voir, et m'adresser la parole. Surrey en personne est venu me porter mon repas, avec son air de vainqueur à deux sous. Il m'a étalé son bonheur avec Lorraine, leur histoire, m'a manqué de respect en m'appelant par mon prénom, osant des familiarités intolérables. On ne mélange pas les torchons et les serviettes ! Oh, rien que de repenser à cela, je suis dans une colère noire, ce garçon n'est autre qu'un pique-assiette, un avorton, une putréfaction qui ne mériterait pas d'exister si le monde était parfait, ou si je dirigeais un quelconque royaume. Dire que je l'ai tiré du ruisseau, je l'ai mis dans ma Maison, fait découvrir Versailles, les bonnes manières, le raffinement, et voilà qu'il me vole celui que j'ai aimé, m'insulte au point que je me suis rabaissé à me battre ! Mes plus bas instincts remontent quand je le croise …

Mais ne parlons plus de lui, il ne mérite pas notre attention. Le reste du temps de ma capture me parut interminable. J'ai entamé une grève de la faim, on me donnait tout de même de la lecture, et on n'autorisa plus Surrey à venir me voir, celui qui m'apportait mon repas était le marquis de Blainville. Vous le connaissez, ce garçon un peu gras, sans trop distinction, une girouette politique : il avait prêté serment à Louis avant de changer d'avis et partir en Lorraine. Saviez vous que cet homme sans charme avait pour maîtresse madame Labelette, une femme aussi belle qu'ambitieuse ? Il me racontait ses déboires : la belle avait quitté Versailles pour Nancy avant de repartir sur ses terres car son amant ne visait pas assez haut. Le pauvre homme était désemparé, pour une fois qu'il était aimé … Je me moquais de ses histoires comme de l'an 40 et pour seul conseil, je lui ai dit de faire un coup d'éclat. Cet idiot m'a écouté ! Lorsque l'on m'a enfin libéré, j'ai pu quitter la Lorraine pour retourner en France. De vous à moi, le roi croit mes paroles et c'est sans doute la seule opinion qui m'importe en ce bas monde. Figurez vous que je suis revenu alors qu'un siège se tenait, où il était impossible que nous gagnions. C'était sans compter le marquis, à nouveau girouette, qui a donné les plans de la ville contre une protection et un retour en grâce.

Quel coup d'éclat ! Une grande victoire pour célébrer mon retour ! Qu'il était bon d'entendre « Vive le Roi et vive Monsieur qui a gagné la bataille ! », cela a fait battre mon petit cœur d'une joie que je n'avais plus ressenti depuis trop longtemps. Je ne sais si cela va jouer dans ma réputation, mais mon ego se sent requinquer et mes hommes m'ont accordé plus de confiance. Quand même, vivement le retour à la maison …

Je sais au moins que ma demeure et ma Maison s'en trouve bien gardé avec vous à sa tête ! Que j'aurais aimé voir cette magnifique haie chez monsieur le Brun. Mais n'en faites pas trop tout de même, on vous accuserait de vanité et d'orgueil ! Je suis ravi que ces esquisses vont sans doute partir au feu. Monsieur Le Brun a du talent, cela est plus aléatoire pour ses apprentis, voilà pourquoi je préfères monsieur Mignard, beaucoup plus subtil et qui ne délègue pas pour les grandes personnes de notre monde. Si vous avez le temps, passez une commande chez lui pour un beau portrait de guerre, cela lui fera plaisir et je sais qu'il connaît mon meilleur profil !

Je rentre bientôt mon ami. Le temps que la lettre vous parvienne, je serais sans doute sur la route pour Versailles. Une dernière bataille se passe en ce moment à Vittel, où Louis se montre le grand roi de guerre qu'il a toujours voulu être, sans doute à peine la lettre terminée et envoyée, j'apprendrais une nouvelle victoire. L'idée d'un traité de paix se propage, les armées s'usent à une trop grande vitesse et tout le monde semble las du côté lorrain, du moins de ce que j'ai pu en voir. Je me languis de revenir à Saint-Cloud, retrouver mes collections, ma magnifique galerie et mes très chers orangers qui seront bientôt mûrs. Vous me trouverez sans doute changé, la Lorraine m'a fait perdre un peu de poids – ce qui n'a pas fait de mal – et sans doute fatigué les premiers jours. Si je sais que j'ai pu m'accomplir en tant que militaire, l'habit de courtisan me manque. Vous saurez bien assez tôt le retour des troupes et où se signera le traité. Qu'il me tarde de vous retrouver et repartir comme avant, dans nos futilités, l'opulence et le luxe de notre vie.

Portez vous bien, mon cher Thimoléon, et à très vite, je l'espère de tout mon cœur.

Votre ami de toujours,
Philippe.

FIN DE LA CORRESPONDANCE

En effet, le lendemain de l'envoi de la lettre, la victoire de Louis XIV sur les lorrains fut annoncé, tout comme le départ prochain pour Versailles où sera signé le traité. Philippe d'Orléans arriva cinq jours après que l'abbé de Choisy ait reçu cette dernière missive.
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