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 Ce jour où ils ont bien failli s'entendre ... (PV : Morgan, Rebecca, Edouard)

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Rebecca Stuart


Rebecca Stuart

« s i . v e r s a i l l e s »
Côté Coeur: Quelle question ? Au plus offrant bien sûr !
Côté Lit: On n'y fait pas comme chez soi et certainement pas son mari !
Discours royal:




Shine like a diamond

Âge : 24 ans
Titre : Comtesse of Rosyth, Duchesse of Richmond
Missives : 418
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MessageSujet: Ce jour où ils ont bien failli s'entendre ... (PV : Morgan, Rebecca, Edouard)   Ce jour où ils ont bien failli s'entendre ... (PV : Morgan, Rebecca, Edouard) Icon_minitime12.10.13 17:24

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16 mai 1667

Enfin elle pouvait quitter Paris, cette surveillance très étroite autour de Christian de Sudermanie avait été un calvaire, pour lui d'abord certes mais pour sa geôlière aussi.  Elle n'aimait pas avoir retenu en otage non seulement un prince - ne risquait-elle pas gros malgré toutes les précautions qu'elle avait prises ?  - mais plus que tout une vieille femme. Si Rebecca était une ambitieuse notoire, dénuée de beaucoup de scrupules, certains tout de même lui restaient et en particulier le respect pour l'âge. Si le prince ne s'était pas défendu bien contraint de faire ce qu'elle lui commandait, pour cette gouvernante, elle n'aurait eu aucune peine à la supprimer sans que celle-ci ne puisse faire quoi que ce soit. Si ennemis elle avait, la duchesse de Richmond aimait pouvoir leur donner leur chance de se mesurer à elle et après advienne que pourra. Et c'est précisément ce qu'elle comptait faire avec cette Sofia di Parma ! Gagner la partie avec facilité l'aurait profondément déçue, Rebecca aimait le défi en somme !  Sans concurrence, sans essuyer des revers avant de se relever avec orgueil et rendre pour coup pour coup, la vie devient si monotone. Il lui fallait quelques épices à mettre dans son existence, surtout après des mois d'obéissance aveugle au mystérieux chef de la conspiration, afin de gagner sa confiance. Et tout ce mal pourquoi d'ailleurs ? Pour bien peu de choses en vérité. Déjà la nouvelle se répandait comme une traînée de poudre au sein du complot, le chef était mort. Elle n'en savait pas plus comme toujours, mais cela lui suffisait. Rebecca ne connaissait pas encore son identité, mais comptait en tout cas sonder bientôt un des hommes avec lequel elle s'entendait le mieux, ce cher Rohan. Il se battait officiellement aux côtés du roi de France en Lorraine. Bien loin de se pencher à cette heure sur l'avenir du complot - n'était-elle donc pas encore qu'une subalterne de qui on se méfiait ? - elle avait tout de même une curiosité toute naturelle à assouvir.  Qui donc, avait-elle servi jusque là ?

Ce voyage qu'elle avait entrepris vers le front lorrain, après avoir relâché en pleine nature et toujours masquée le prince suédois et sa gouvernante - pourquoi les aurait-elle gardés tous les deux, puisqu'ils n'étaient plus d'aucune utilité ? - avait donc plusieurs buts. Le premier était de se rendre auprès de son époux Morgan. Depuis plusieurs semaines où avant son départ pour la guerre, ils avaient consulté un prêtre pour le bien de leur fille, les mots de l'ecclésiastique ne la quittaient plus.  Pouvaient-ils réellement sauver ce mariage sans amour, sans confiance et surtout sans aucun respect ? Le duc de Richmond la méprisait pour l'avoir épousé pour son argent et ses titres, et elle, elle ne ressentait que du dédain pour lui à cause de ses tromperies. Et peut-être parce qu'il ne s'agissait que d'un homme, tout juste bon selon l'écossaise à lui offrir une vie décente. Malgré quelques exceptions, Rebecca considérait les hommes qu'en fonction de la richesse de leurs terres, mais même lorsqu'ils lui mangeaient dans le creux de la main, ils étaient répugnants. Répugnants de vice, car elle n'ignorait pas ce qu'ils attendaient d'elle.  Alors était-ce possible cette réconciliation, comme le leur avait conseillé avec sagesse ce prêtre ?  Il était vrai qu'ils avaient tous deux dit : " Jusqu'à que la mort nous sépare. " Et malgré tout, subsistait une sorte de tendresse peut-être, elle n'aurait pas su nommer ce sentiment, faible sentiment, mais il était là tout de même. Il n'avait été jusqu'ici que le seul homme avec qui elle avait partagé ses nuits, et il était un père aimant. Elle ne pouvait pas nier cela. Un lien indéniable et dépassant le mariage, les unissait. Peut-être que pour Roxane parce qu'elle était fervente catholique, et pour un relatif calme au sein du ménage, il fallait essayer.

Son second objectif était donc d'aller questionner Louis de Rohan sur la question de la Main de l'Ombre et de son dirigeant. Il ne lui refuserait pas ce renseignement et peut-être lui dirait-il, ce que lui comptait faire à présent. Son troisième but était de rencontrer enfin Edouard du Danemark, puisqu'elle avait un accord avec la princesse Gisela. Tous deux échangeaient des courriers depuis quelques temps, des missives tout à fait délicieuses où elle savait jouer avec efficacité sur les goûts et les déplaisirs du prince. L'épouse princière avait fait apparemment d'elle, un portrait très flatteur à son mari. Le prince brûlait de faire sa connaissance.  Ainsi qu'elle même d'ailleurs, afin de mettre en place beaucoup plus de stratagèmes pour le séduire. Dès qu'elle se serait présentée à Morgan et aurait échangé quelques mots avec lui, elle conviendrait d'une rencontre. Enfin la dernière et ô combien importante mission qu'elle avait à accomplir, concernait Derek de Saxe. La duchesse n'avait guère oublié la visite de la mystérieuse dame qui lui avait demandé de se venger de cet énergumène. Or si lui, elle n'avait pas à le séduire - cela était déjà fait, puisqu'il ne rêvait plus que de la mettre dans son lit - elle devait oublier toutes les piques que jusque là, elle lui avait dites et se montrer beaucoup plus douce, afin de jouer avec lui, comme avec une marionnette.  Elle devrait redoubler de patience et d'habileté, mais perfectionniste, manipulatrice et donc comédienne, elle  se donnerait tous les moyens d'y parvenir.

Rebecca pensait à tout ceci, tandis que son attelage parcourait les dernières lieues jusqu'à Verdun. Ils avaient dû contourner plusieurs villes, afin d'échapper aux français et leur périple durait depuis l'avant veille au soir. Ils étaient partis de nuit et avaient préféré prendre des routes parfois très rocailleuses mais plus sûres. Vers les midi en ce seize mai, ils parvinrent enfin avec son cocher, au camp lorrain. Des dais avaient été installés dans la cité et tout autour.  Descendant le marche pied, aidée par son brave Matthew, elle porta aussitôt son mouchoir à son nez. L'infirmerie ne devait pas être loin, une odeur de mort venait de lui soulever le cœur. Elle déambula un instant entre les tentes imposantes, à la recherche de celle possédant les armoiries des Richmond. Après plusieurs minutes de marche elle la trouva, non loin de celle de Brandebourg. Alors qu'elle s'apprêtait à y rentrer, deux lanciers lui interdirent le passage.

- You shall not pass, my lady ! Who are you ?
- You fool ! I am the Duke's wife ! Out of my way !

Et les deux sous-fifres, l'ayant reconnue sans doute après qu'elle ait fait chuter sa cape sur ses épaules, la laissèrent passer. D'un pas décidé, elle pénétra donc sous le dais et y trouva son mari entouré de cartes, de plans de troupes et de plusieurs autres dizaines de documents militaires. Il les étudiait. Elle le fixa un instant et se fit violence pour ne pas prononcer une seule parole qui aurait pu provoquer sa colère. Il fallait se montrer diplomate et puisque l'un des deux époux devait faire le premier pas, pour le bien de sa fille, et le leur, elle se fit donc tout à fait courtoise.

- Bonjour Morgan. Je suis heureuse de vous voir vivant et surtout en un seul morceau. Belle journée n'est ce pas ?

Décidément, la première approche était très difficile. Elle se racla la gorge avant de reprendre.

- J'espère que je ne vous interrompt pas. Dès que je suis arrivée ici, j'ai voulu vous le faire savoir et m'entretenir peut-être avec vous, pour que nous parlions de choses sérieuses et importantes. Mais je puis repasser plus tard si c'est ce que vous souhaitez.

Elle voulait en effet, ne pas le déranger ni le forcer outre mesure à avoir un quelconque échange avec elle. Rien de bon n'en serait ressorti, et il fallait qu'il soit à peu près dans de bonnes dispositions afin de négocier le futur de leur couple.
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Morgan Stuart


Morgan Stuart

« s i . v e r s a i l l e s »
Côté Coeur: Cela peut vous paraître étrange mais j'en ai un. Il est bien caché, je le réserve à qui m'aimera vraiment. Et pour mes enfants.
Côté Lit: Vous voulez une liste ? Ce sera même un recueil !
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MessageSujet: Re: Ce jour où ils ont bien failli s'entendre ... (PV : Morgan, Rebecca, Edouard)   Ce jour où ils ont bien failli s'entendre ... (PV : Morgan, Rebecca, Edouard) Icon_minitime20.10.13 22:40

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« En mariage, trompe qui peut. »
Les troupes en marche pour la prochaine bataille s'était installée depuis plusieurs jours non loin de Verdun, lieu de la prochaine bataille. Officiellement, les français n'arriveraient pas avant quatre ou cinq jours, de quoi préparer les troupes et mettre en place la parfaite stratégie pour ettre un bon coup de pied aux français hors de la Lorraine pour qu'ils repartent chez eux. Morgan était fier d'avoir été un des protagonistes de la bataille de Toul, d'avoir redirigé ses hommes derrière les remparts et d'avoir mené l'artillerie d'une main de fer. Il voulait conserver son prestige, sa notoriété et, surtout, donner du prestige à son royal cousin, Charles II d'Angleterre. L'enjeu était à la foi personnel et politique, il ne valait mieux pas se louper. Avec son cousin Jacques d'York, frère du roi, ils entreprirent des méthodes un peu drastiques, mais efficace : cela faisait quelques jours qu'on interdit l'import d'alcool au camp, et on avait renvoyé le matin même les demoiselles sans vertu chez elles, ou dans les campements voisins. Connaissant Richmond, on pourrait penser que sans ses deux pêchés mignons, il serait bien peu de choses. Que nenni ! L'anglais se sentait un peu renaître avec cette guerre et concentrait ses efforts sur la stratégie et l'entraînement. Si boire aux repas était bien banal, aucun anglais n'avait pu se plaindre du duc de Richmond sur son comportement, peu l'ont vu comme un déchet humain imbibé de whisky, une fois ou deux au grand maximum. Quant aux femmes, il pouvait bien se passer quelques jours de leur agréable compagnie, le duc retournerait vers elles une fois la bataille terminée, cela était aussi simple ! En attendant, il avait une guerre à mener. Et se plaisait à cette vie simple, ne pas jouer les courtisans à longueur de journée, ne pas chercher comment impressionner la galerie par ses habits, il ne vivait qu'en chemise, pantalon et bottes, cela était l'idéal. Il avait laissé pousser ses cheveux et un peu sa barbe, il n'avait pas vraiment la tête à prendre soin de sa petite personne, à dire vrai.

Le souverain Charles avait fait une escale lorraine le mois dernier mais l'essentiel des commandements étaient dirigés par Jacques et épaulés par Morgan, sans oublier quelques autres anglais excellents militaires, mais ils étaient le haut de la hiérarchie de ce camp, c'était donc évident que les deux se retrouvent quotidiennement pour plusieurs heures de palabres, de dérouler des cartes, d'imaginer différents stratégies, que les idées changent d'un jour à l'autre. Il était bien difficile de les suivre, le secrétaire du duc d'York chargé de prendre des notes avait bien du mal à comprendre comment les anglais allaient finalement attaquer les français. C'est qu'ils prévoyaient plusieurs cas de figures, au fil de l'arrivée de différents espions et messagers sur l'avancée des français, même si ces derniers se faisaient rares ces derniers jours. Ils auraient peut être du s'en méfier mais on ne pouvait pas penser à tout, il y avait déjà assez à gérer ! Aujourd'hui, les deux hommes se retrouvèrent dans la tente de Morgan : Jacques avait passé en revue ses hommes et Morgan avait encore aidé Alfie dans ses leçons de tir. Il était temps de partir aujourd'hui de cavalerie, où placer les régiments et comment les diriger. Leur cousin, le prince Rupert, commandant de la cavalerie, vint donner son avis aussi, les trois hommes étudiaient les cartes, tentèrent de se mettre d'accord sur les possibilités d'attaque. La discussion dura un petit temps avant que Rupert s'en aille, laissant les deux cousins à continuer de discuter, et le secrétaire prenant des notes sans ne plus comprendre s'ils s'étaient mis d'accord ou non.

Peu importe, il y avait encore beaucoup de choses sur lesquels discuter, puis aussi voir avec les autres camps, pouvoir se mettre d'accord. Avec les germaniques, cela passerait, les bavarois aussi. Mais les lorrains … rien que d'y penser, Morgan était dégoûté. Charles IV de Lorraine voulait que cela soit SA guerre, il voulait tout contrôler et passait son temps à stalker les différents chefs de clan pour donner son avis, mettre son nez là où cela ne le concernait pas et n'hésitait pas à critiquer les tactiques de chacun, certain que la sienne était meilleure. Vu ses antécédents, cet homme ne devait pas avoir bonne mémoire et se prenait beaucoup pour ce qu'il n'était pas !

Une personne se fit entendre à la porte et instinctivement, les deux cousins se regardèrent, presque horrifiés. Si c'était le lorrain, ils en auraient pour des heures. Mais ils n'allaient pas interrompre leur discussion pour lui et, dos à l'entrée, les deux anglais poursuivaient leur discussion, Jacques pointant du doigt certains lieux stratégiques avant de tourner la tête pour voir la silhouette entrer. D'habitude, le lorrain ne se gênait pas pour faire du bruit et parler fort. Cette discrétion fut donc trop étrange pour ne pas savoir qui se tenait là, sans dire un mot, à attendre qu'on l'invite à parler, ce qui n'était pas vraiment le genre de la personne. Manquant un peu à ses politesses, Jacques ne fit d'abord qu'une tape sur l'épaule de Richmond pour qu'il se tourne, puis une seconde fois, tout en saluant silencieusement Rebecca. Là seulement, l'anglais tourna la tête et fut surpris de voir son épouse ici, du moins maintenant.

« Bonjour Morgan. Je suis heureuse de vous voir vivant et surtout en un seul morceau. Belle journée n'est ce pas ?
Bonjour Rebecca, il ne put dire que cela sur le coup, d'une grande neutralité.En effet, c'est une bonne journée. Une journée à voyager pour vous, apparemment. »

Pour une fois, il n'y avait pas de grand haine, même s'il se disait qu'il était étonnant que sa femme ne crache pas des crapauds et des serpents à chaque parole, aussi mauvaise qu'elle est. Il faut dire qu'il n'avait pas vraiment eu le temps de penser à l'arrivée de son épouse. Certes, Rebecca devait venir à Nancy, ils avaient été un peu obligé de rencontrer un homme d'église, une sorte de médiateur pour les couples dans leur genre. Morgan avait capitulé un peu malgré lui, à tenter de faire des efforts, pour mieux pouvoir partir en Lorraine loin d'elle. Mais comme toujours, la réalité vous rattrape. Et la tension entre mari et femme se sentait à des kilomètres.

« J'espère que je ne vous interrompt pas. Dès que je suis arrivée ici, j'ai voulu vous le faire savoir et m'entretenir peut-être avec vous, pour que nous parlions de choses sérieuses et importantes. Mais je puis repasser plus tard si c'est ce que vous souhaitez.
Non, restez, je préfère ne pas laisser traîner ceci. il se tourna vers Jacques qui repliait les cartes, n'ayant pas confiance en sa cousine par alliance. Peux tu nous laisser, s'il te plaît ?
Oui je dois aller voir l'artillerie et fuir notre grand ami. Madame. » Il salua brièvement Rebecca et quitta la tente, laissant les époux ensemble.

Il y eut un silence, un peu pesant. Les deux ne s'étaient pas retrouvés face à face, sans témoin et manière civilisée depuis bien longtemps. Cela n'avait été dérangeant ni pour l'un ni pour l'autre, il fallait bien l'avouer, mais il était peut-être temps d'avoir une conversation d'adultes, ou du moins de tenter de prendre ses responsabilités. Mais au-delà de cette union, catastrophique, à sauver, Morgan pensait surtout à la seule chose qu'ils avaient réussi à faire de bien : leur fille. Il s'en était toujours voulu de cette gifle, donnée par colère et qui ne lui était pas destinée. Aujourd'hui, s'il faisait tout cela, ce n'était pas pour espérer une place au paradis ou faire plaisir à la papauté, mais pour retrouver sa fille. Et c'était aussi ce qui lui semblait le plus important pour commencer la discussion.

« Avez vous emmené Roxanne avec vous ? Il me plairait de la voir. D'espèrer voir sa fille l'adoucissait, cela se voyait à son visage. Vous pourrez être logées à Nancy, je vous ferais une missive pour que vous puissiez avoir des appartements corrects toutes les deux. Et Roxanne aura aussi l'occasion de jouer avec son frère. »

Aïe, cela pouvait coincer. Il est vrai que si Morgan n'avait pas sa fille auprès de lui, il avait son fils bâtard, issu de sa liaison avec avec Elizabeth, la femme de Seymour, qu'elle lui avait confié et qu'il trimbalait partout. Le petit Andrew, bientôt trois ans, était à Nancy avec sa nourrice, mais aussi le frère de Morgan, Henry. Pour les prochains jours, la famille Stuart allait être réunie à Nancy … Tout en parlant, l'anglais se dirigea vers son bureau et ouvrit un tiroir d'où il sortit quelques feuilles noircies par son écriture. Il redevenait bien sérieux après la parenthèse paternelle et s'approcha de chaises de fortune – les fauteuils seraient un peu déplacés dans ce confort spartiate – pour inviter son épouse à s'asseoir, avant de lui tendre ces feuilles, tandis qu'il s'appuyait sur son bureau.

« Puisque nous avons décidé librement de nous remettre ensemble, je pense qu'il est bon de mettre sur papier les clauses de notre mariage, comme un pont entre ciel et terre, entre vous et nous. Il l'observa étudier les multiples clauses. Je ne vais pas vous enfermer où que ce soit, certaines recommandations sont pour moi, que vous voyez ma bonne foi. Les efforts, tout comme les torts, sont des deux côtés. »

C'était sans doute la première fois que Morgan avoir des torts dans ce mariage. Il y a encore quelque mois, Rebecca était le diable incarné, l'enfer sur terre, la responsable de tous ses maux. Mais en y réfléchissant, et même s'il pensait toujours qu'elle était diabolique, l'anglais accordait qu'il n'avait pas vraiment mis tous les moyens pour être un bon mari, du moins à partir du moment où il avait compris qu'elle ne l'aimait pas, qu'elle l'avait manipulée pour l'épouser. Et puisqu'il était difficile, en tant que catholiques, d'annuler ce mariage, autant faire quelque chose de convenable, un mariage de pur raison, pas pour les beaux yeux de l’Église, mais pour leur fille. Un jour, ils envisageraient peut être une séparation, Morgan n'avait pas l'intention de se remarier, mais pour l'instant, ils essayaient de bien faire les choses. Il l'observait réagir au fil des lignes, parfois hochant positivement, d'autres fronçant les sourcils.

On pouvait, en vrac, lire : une vie commune mais avec chambres séparées, des visites réglées, chronométrée même, pour donner un sembler de vie de couple en apparence, une clause précisément bien qu'il ne se passerait rien de physique entre eux, une rente pour madame en tant que duchesse de Richmond, une clause sanctionnant l'état d'ébriété de Morgan pouvant causer un préjudice moral à Rebecca, une interdiction pour madame de s'afficher en public avec un homme (mais par pour monsieur, à qui cela ferait suspect au vu de sa réputation), … Il y avait tout et rien, de quoi faire sauter au plafond la duchesse tout comme du bon à accepter. Ils allaient avoir de la discussion, du débat pour mettre bien les termes du contrat, Morgan le savait et leva les yeux au ciel d'avance avant ce croiser les bras.

« Des suggestions ? demanda t'il en arquant un sourcil. Sachez, si cela peut vous faire plaisir, que ma mère n'approuve pas du tout et m'a suggéré simplement de vous envoyer dans les colonies des Caraïbes pour les plantations. De toute façon, c'est ma mère, j'vais pas la faire tabasser par la garde ni autre, juste être en désaccord. Mais j'ai déjà eu mon quota d'insultes par elle, j'espère ne pas avoir autant de vous. »

Il faut dire qu'Eleonor du Portugal n'avait jamais apprécié les femmes dans la vie de son fils, et elle en ferait autant de ses frères. Il n'y a que ses filles qu'elle ne critiquait pas, vu que c'était elle qui avait choisi les époux, forcément. Mais ce seize mai était un jour à marquer d'une pierre blanche, les Richmond arrivaient à discuter sans se hurler dessus et allaient se mettre d'accord sur le couple. Enfin, presque …
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MessageSujet: Re: Ce jour où ils ont bien failli s'entendre ... (PV : Morgan, Rebecca, Edouard)   Ce jour où ils ont bien failli s'entendre ... (PV : Morgan, Rebecca, Edouard) Icon_minitime09.11.13 0:15

Concentrée qu’elle était sur la question cruciale de leur mariage, Rebecca n’avait guère porté son attention à celui que pourtant, elle avait promis à Monmouth d’évincer loin du trône. Un sourire poli mais à la fois crispé se dessina sur ses lèvres, lorsqu’elle l’aperçut sortant du dos de Morgan. Elle exécuta une légère révérence pour donner au change. Il ne fallait pas que ce bellâtre se doute de quoi que ce soit, par un geste ou un mot méprisant. Cela aurait mis sa grande entreprise en danger. Elle aurait d’ailleurs à s’entretenir très rapidement avec cette peste de Megan Campbell concernant leur machination. Rebecca apportait dans ses bagages, non seulement ses plus belles toilettes afin de séduire Edouard de Danemark mais qui plus est donc la lettre. Cette fameuse lettre écrite soi-disant par Jacques d’York et dont on espérait, qu’elle puisse causer sa perte aux yeux du roi d’Angleterre, son frère.

" Oui je dois aller voir l'artillerie et fuir notre grand ami. Madame. "

Rebecca répondit tout aussi brièvement à son salut. Une révérence suffisait amplement, et puisqu’il sortait, elle n’allait se ridiculiser en restant les genoux fléchis devant son mari.  Cela aurait pu lui donner de fausses impressions de soumission. Elle ne venait certes pas en ennemie, mais en aucun cas en vaincue. Sans doute le savait-il d’ailleurs que la partie ne serait pas facile. Depuis quelques temps, ils parlaient à cœur ouvert et le nombre fois où il l’avait traitée de vipère, ne manquait pas.  Les deux époux Richmond ne connaissaient que deux attitudes : les insultes ou bien le silence.  En effet, ils pouvaient tout aussi bien se taire lorsqu’ils étaient en présence l’un de l’autre, tout simplement car ils ne supportaient plus.  La lassitude de leurs querelles laissait présager le calme avant une nouvelle tempête, voilà tout. Et ce silence pesant qui suivit le départ du prince anglais du dais de Morgan fit craindre le pire à Rebecca.  Parviendraient-ils réellement à un accord ?

« Avez-vous emmené Roxanne avec vous ? Il me plairait de la voir. Vous pourrez être logées à Nancy, je vous ferais une missive pour que vous puissiez avoir des appartements corrects toutes les deux. Et Roxanne aura aussi l'occasion de jouer avec son frère. »

Rebecca connaissait l’amour de son mari pour sa fille, voilà une chose qu’elle ne lui enlevait pas.  De plus, elle ne reniait en aucun cas la promesse qu’elle lui avait faite au cours de leurs houleuses retrouvailles, mais était-ce le moment opportun de conduire l’enfant jusqu’ici ? Au milieu des canons et des morts ? En somme au cœur même de la guerre, sur le front. C’est son cœur de mère qui avait alors parlé et avait décidé de laisser l’enfant à Paris, non pas son égoïsme. Mais malgré tout, même si elle avait amené la petite fille à Nancy,  elle n’aurait sans doute pas permis à l’héritière en titre du duché de Richmond de rencontrer … son illégitime de frère ! Tout adorable qu’il soit très certainement ! De ça, elle n'en savait rien, elle ne l'avait jamais vu. Quoi qu'il en soit, nous n’étions pas à la cour d’Henry IV où les enfants bâtards étaient imposés à la reine Marie de Médicis et au futur Louis XIII.  Rebecca voulut rétorquer sa désapprobation de manière virulente, mais elle se mordit les lèvres, faisant appel à toute sa diplomatie.

- Je n’ai pas voulu exposer notre fille à trop de dangers. J’espère que vous comprendrez cette précaution. Je n’oublie pas la parole que je vous ai donnée.  Vous la reverrez. En attendant ce jour, elle a tenu à vous adresser un petit billet de sa main.

Retirant ses gants dans lesquels ses mains étaient jusque-là emmitouflées, elle en sortit également un papier. Elle s’approcha de son époux et le lui donna. Sur celui-ci se trouvaient écrits les mots suivants : " Je vous aime de tout cœur, mon cher père. Vous êtes un vrai héros. Votre Roxanne à qui vous manquez. "  Loin était le temps où leur fille encore effrayée, d’un mouvement d’humeur de la part de son père avait encore peur de lui. La duchesse avait su maintenir sa fille dans son amour filial. Certes, elle peinait à lui expliquer son absence, mais la guerre était arrivée à point nommé. A présent, Roxanne avait une explication et n’en admirait que davantage son père.  S’il ne pouvait être présent, ce n’était pas parce que sa mère avait peur qu’il la lui arrache, en jetant la dite maman dans un couvent, mais bien parce qu’il combattait sur son fier destrier. Jamais Rebecca n'aurait dit à Roxanne, les intentions passées de Morgan à son égard. Enfin, elle souhaitait de tout cœur qu'il n'avait en effet plus ce projet en tête ... Comme par réflexe de défense, Rebecca fixa quelques instants une dague posée sur le bureau de Morgan et s'en rapprocha discrètement au cas où. Qui pouvait dire, s'il n'allait pas tenter de s'emparer d'elle pour la traîner hors de la tente après tout ? Il l'avait bien fait dans ce cul de sac parisien !

Enfin, elle restait en priorité dans un esprit de paix et peut-être aurait-elle rapidement une date de retrouvailles à donner à sa fille, lorsqu’elle reviendrait à Paris. Mais pour cela, il fallait donc en revenir à leurs négociations.  Après avoir laissé Morgan prendre connaissance du mot, Rebecca revint à la charge, toujours avec calme et patience.

- Il me semble que vous alliez dire quelque chose ?  Je vous écoute.
« Puisque nous avons décidé librement de nous remettre ensemble, je pense qu'il est bon de mettre sur papier les clauses de notre mariage, comme un pont entre ciel et terre, entre vous et nous. »
- Je le pense aussi.

Et sans plus attendre, elle entreprit d’étudier les feuilles qu’à son tour Morgan venait de lui tendre. Ses yeux balayaient avec une très grande attention les différents souhaits de son époux et ce dont elle bénéficiait, elle.

« Je ne vais pas vous enfermer où que ce soit, certaines recommandations sont pour moi, que vous voyez ma bonne foi. Les efforts, tout comme les torts, sont des deux côtés. »
- Je vous remercie de me laisser ma liberté.

Le ton aurait pu être sarcastique, il ne le fut pas. Elle lui était réellement reconnaissante d’abandonner cette volonté de l’enfermer au couvent. Elle n’ignorait pas qu’il avait tout pouvoir sur elle, puisqu’il était l’époux.  Et Rebecca fut d’autant plus satisfaite, que pour la première fois, elle entendait de la part même de son mari, qu’il avait eu des torts.  Au vu de ses grands efforts, elle n’allait donc pas faire la fine bouche … si ce n’est sur certains détails bien entendu, mais elle y reviendrait.  

- Je constate en effet, votre bonne foi. Je reconnais également mes  torts. Mais il faut cesser cette guerre à distance où chacun, seul témoin des grands coups qu’il donnait, ne pouvait discerner où le sort inclinait ! Ne tentons plus le diable, disons nous plutôt : et le combat cessa faute de combattants.

Rebecca laissa sa phrase en suspens, comme pour laisser Morgan y réfléchir. De son côté, elle relisait à nouveau les différentes clauses. Une rente dont elle était la bénéficiaire, un interdit de prendre un amant, un paragraphe concernant les tendances à l’alcoolisme de son mari et dont elle pouvait se sentir choquée ou victime. Tout cela était généreux, mais malgré tout plusieurs choses la gênaient. Comme cette phrase concernant les amours pas vraiment clandestines de Morgan. Rebecca était ouverte par la force des choses, mais avait certaines limites.

« Des suggestions ? Sachez, si cela peut vous faire plaisir, que ma mère n'approuve pas du tout et m'a suggéré simplement de vous envoyer dans les colonies des Caraïbes pour les plantations. De toute façon, c'est ma mère, j'vais pas la faire tabasser par la garde ni autre, juste être en désaccord. Mais j'ai déjà eu mon quota d'insultes par elle, j'espère ne pas avoir autant de vous. »

Le visage de la duchesse se crispa à la seule mention d’Eléonore du Portugal. Cette pimbêche ne l’avait jamais appréciée et d’ailleurs c’était réciproque. Ce comportement de sa part, ne l’étonnait absolument pas.  Rebecca se hâta de mettre les choses au clair à ce sujet.

- Charmante perspective que celle de vivre dans les colonies, non je ne vous insulterai pas, mais sachez que je ne la supplierai pas de me pardonner quoi que ce soit. Je préfère mourir debout, que de vivre à genoux ! Sans doute est-ce là ma fierté écossaise mais je ne vous dois des comptes qu’à vous et à notre fille. J’ose espérer que votre mère pourra supporter notre accord avec le temps, même si elle ne me supporte pas. D’ailleurs, puisque vous parliez d’autres termes à apporter …

Il était temps de faire part de ce qu’elle pouvait proposer à son époux et de ce qu’elle désirait.  Elle se lança sans plus attendre.

- Je montrerai à votre famille le plus grand respect, et ce même s'ils viennent m'insulter. Je n'aurai aucune attitude agressive ou revancharde. Sachez aussi que mon train de vie ne sera pas excessif. Je saurai me tempérer que ce soit en bijoux, en robes ou attelages. Au quotidien, je ne porterai que des vêtements communs bien que convenables et ne ferai des dépenses que lors des réceptions.

Voilà qui était un très grand effort pour Rebecca, elle se souvenait encore et sans doute Morgan aussi, de quelques piques bien acerbes lancées au visage de sa belle mère. Mais désormais donc, elle serait d'une exquise courtoisie si elle rencontrait les Richmond de nouveau. Quant à se restreindre en matière de luxe, n'était-ce pas la meilleure preuve de sa bonne foi ? On pouvait sacrément dire, que ça lui coûtait !

- Nous pourrons nous séparer définitivement lorsque Roxanne sera plus en âge de comprendre, je ne ferai pas de difficultés. En attendant, je vous serai bien entendu fidèle, comme je l’ai toujours été d’ailleurs. Et je ne vous ferai aucun reproche concernant vos infidélités …  En revanche si vous pouviez être plus discret et ne pas m’imposer une sorte de favorite officielle, je vous en serai gré. Pour le bien de notre fille, il ne faudrait  pas que deux femmes se retrouvent sous le même toit et qu'elle soit perturbée par sa présence !

La duchesse craignait effectivement que cette Seymour, ne vienne réclamer une position de maîtresse en titre. Rebecca ne supportait plus d'être humiliée en subissant de plein fouet les nombreuses aventures de son mari, qu'elles soient récentes ou anciennes ! Ces femmes s'exhibaient au bras de son mari parfois même ! Le mot discret qu'elle venait d'employer, n'était vraiment pas anodin ! C'était un véritable sujet à traiter que celui de la place d’Andrew et surtout de cette femme. Serait-elle gourmande ?

- Enfin, je voudrais que Roxanne ne soit pas lésée. Sommes-nous d’accord sur le fait que notre fille reste bel et bien l’héritière de votre titre et de vos terres, malgré la naissance d'un mâle ? Même s’il ne s’agira jamais que d’une femme, elle peut tout à fait reprendre les rênes du duché, Mary Tudor et sa sœur Elizabeth ont bien régné sur un royaume après tout.

Mais puisqu’il ne fallait pas faire que réclamer mais également offrir quelque chose en retour, Rebecca se fit donc extrêmement violence. Elle décida de céder sur un point très épineux, et qui ne l'enchantait guère quelques instants plus tôt.

- De mon côté, je m'engage à laisser Roxanne rencontrer son frère et s’amuser avec lui autant qu’elle le voudra. Je ne mets plus aucun obstacle à cela. Je sais que vous y tenez. Vous pourrez faire venir cet enfant en visite chez nous, quand bon vous semblera. Je n'assisterai pas à vos jeux voilà tout. J'accepte donc, tant que sa mère n’est pas autorisée à l'accompagner pendant ces moments là, et tant que vous m'épargnez un surnombre d'enfants illégitimes. S'il vous plait ...

Tout était dit, mis sur la table des négociations, sauf si Morgan avait d'autres volontés à mettre en avant. Dans ce cas Rebecca était toute ouïe. Quoi qu'il en soit à les voir ainsi, on aurait davantage cru à des partenaires en affaires plutôt qu’à des époux unis depuis plus de cinq ans.
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Morgan Stuart


Morgan Stuart

« s i . v e r s a i l l e s »
Côté Coeur: Cela peut vous paraître étrange mais j'en ai un. Il est bien caché, je le réserve à qui m'aimera vraiment. Et pour mes enfants.
Côté Lit: Vous voulez une liste ? Ce sera même un recueil !
Discours royal:



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show me your dark side

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MessageSujet: Re: Ce jour où ils ont bien failli s'entendre ... (PV : Morgan, Rebecca, Edouard)   Ce jour où ils ont bien failli s'entendre ... (PV : Morgan, Rebecca, Edouard) Icon_minitime28.11.13 18:48

« Je n’ai pas voulu exposer notre fille à trop de dangers. J’espère que vous comprendrez cette précaution. Je n’oublie pas la parole que je vous ai donnée.  Vous la reverrez.
Je le comprends. répondit l'anglais, visiblement déçu, bien que compréhensif.
En attendant ce jour, elle a tenu à vous adresser un petit billet de sa main. »

Prenant le petit mot, Morgan lit les quelques phrases de sa petite fille, une écriture appliquée mais enfantine, délicate et si douce. Il la relit plusieurs fois, avec un petit sourire touché par cette délicate attention. Le Stuart avait de nombreux défauts, mais pas celui d'être un mauvais père. Il adorait sa fille, la chair de sa chair qu'il n'avait pas vue depuis plus d'une année, depuis que son épouse s'était enfuie avec elle pour la France. Elle devait avoir grandi, être une jolie petite fille. Repliant le mot, Morgan s'en alla le ranger dans une petite boîte en bois simple, la préciosité n'avait pas vraiment sa place en ces lieux. Dans cette petite boîte à l'air insignifiante se trouvait pourtant de grands trésors pour Richmond. Le petit mot rejoignait le portrait de la petite Roxanne, exécuté à Londres par Peter Lely, mais aussi du petit Andrew, la lettre d'Elizabeth lui confiant la garde de leur enfant (au cas où elle voudrait le lui reprendre) et une pile de courrier en tout genre, notamment avec ses sœurs restées en Angleterre, ainsi que quelques babioles, des souvenirs d'anciens bons moments. Bref, c'était une petite cachette aux merveilles du Stuart.

Mais il ne fallait pas oublier la principale raison de la venue de Rebecca, à savoir cette réconciliation, former à nouveau un couple, pas vraiment uni, mais du moins bien moins déchiré qu'il ne l'était jusqu'à présent. Il était temps de mettre les querelles et les rancœurs de côté et d'assumer leurs responsabilités. Aucun des deux n'avait fait un mariage forcé, Rebecca l'avait planifié par son plan et Morgan était tombé dedans, il n'y avait donc eu aucun forcing pour se rendre devant l'autel. Et pourtant, pour l'anglais, ce n'était pas le meilleur parti qu'il avait pris pour femme, Rebecca n'était pas d'une grande famille, pas bien riche, il aurait largement trouvé mieux, mais c'est elle qu'il avait choisi, autant faire avec, car il n'était pas sûr du tout qu'on accorde une annulation de mariage ou un divorce. Et cette réconciliation lui permettra aussi de revoir sa fille, ce qui était sa priorité numéro un. Il s'assit sur une chaise et attendit le verdict de son épouse quant à ces conditions, mûrement réfléchies entre deux stratégies, dont la bonne tournure des phrases et les différentes conditions ne devaient léser aucune des deux parties. Difficile pour un homme aussi fier de faire abstraction de sa rancœur mais avec un peu de tempérance, il semblait que l'exercice avait réussi. En tout cas, il n'y avait aucune objection jusqu'à l'instant.

« Je constate en effet, votre bonne foi. Je reconnais également mes  torts. Mais il faut cesser cette guerre à distance où chacun, seul témoin des grands coups qu’il donnait, ne pouvait discerner où le sort inclinait ! Ne tentons plus le diable, disons-nous plutôt : et le combat cessa faute de combattants.
Je suis ravi de voir que nous sommes d'accord, il était temps depuis toutes ces années. Vous êtes mariée, comme moi ; vous savez que la monstruosité peut prendre des formes très diverses, nous les avons expérimenté, il est temps que cela cesse. »

En effet, il était plus que temps. Surtout quand il voyait à quel point sa mère le poussait dans le sens inverse, c'est-à-dire de jeter son épouse dans le premier couvent et ne plus la laisser en sortir. Morgan était d'accord avec cela au départ, mais voir sa mère aussi virulente dans ce sens l'avait amené à réfléchir. Eléonor du Portugal était trop extrême dans ses propos et aller dans son sens était souvent une bien mauvaise idée. C'était comme si on laissait une jeune fille approcher un loup déguisé en mère-grand, cela ne pouvait finir que mal. Cela avait fait davantage réfléchir le jeune duc et finalement, il avait fait l'exact opposé de ce qu'il avait prévu à la base. C'était sans doute plus civilisé et moins avilissant pour Rebecca, et surtout pour leur fille. La mention de la mère fit crisper Rebecca, ce qui amusait Morgan, aucune fille n'avait eu l'approbation à ses yeux. A l'écouter, Morgan aurait dû épouser une bonne catholique, pieuse et tout juste sortie du couvent, juste bonne à pondre des rejetons et faire du point de croix. Palpitant ...

« D’ailleurs, puisque vous parliez d’autres termes à apporter …
Je vous écoute. Malgré tout, il s'attendait au pire.
Je montrerai à votre famille le plus grand respect, et ce même s'ils viennent m'insulter. Je n'aurai aucune attitude agressive ou revancharde. Sachez aussi que mon train de vie ne sera pas excessif. Je saurai me tempérer que ce soit en bijoux, en robes ou attelages. Au quotidien, je ne porterai que des vêtements communs bien que convenables et ne ferai des dépenses que lors des réceptions.
N'oubliez pas qu'il vous reste des bijoux à Whitehall dont vous pourrez retrouver l'usage quand il vous plaira. Je ne vous demande pas de vous astreindre, vous ferez ce que vous voudrez de votre rente, mais je n'épongerais aucune dette, je tiens à être clair. » précisa t'il, sur un ton poli mais franc.

Ce contrat ne servait pas à réduire une partie sous l'ordre de l'autre, juste d'établir un juste équilibre. Il lui fournissait de quoi vivre convenablement, selon son rang, si elle voulait dépenser plus, il n'en serait pas tenu responsable. Morgan connaissait trop bien le goût de sa femme pour le luxe, il la voyait mal avec des vêtements communs, sans un détail luxueux, à Versailles ou à Whitehall, il la connaissait trop bien pour la croire trop sincère dessus. Qu'elle s'habille comme elle le souhaite, ce sera ses dépenses personnelles ! Il ne voulait pas entrer dans les détails de la vie de son épouse, chacun serait assez libre de son côté. Mais la plus importante dans l'histoire était leur fille, qui était d'ailleurs la raison de la réunification du couple, sans enfant, rien de cela n'aurait été faisable, il aurait pu facilement répudiée l'écossaise pour absence d'héritier. D'ailleurs, c'était Roxanne sur laquelle Rebecca se montrait plus pointilleuse, ce qui était assez étonnant en un sens, Morgan la considérait comme une égoïste, mais pas tant que ça finalement, elle restait une bonne mère malgré ses défauts.

« Nous pourrons nous séparer définitivement lorsque Roxanne sera plus en âge de comprendre, je ne ferai pas de difficultés. En attendant, je vous serai bien entendu fidèle, comme je l’ai toujours été d’ailleurs. Et je ne vous ferai aucun reproche concernant vos infidélités …  En revanche si vous pouviez être plus discret et ne pas m’imposer une sorte de favorite officielle, je vous en serai gré. Pour le bien de notre fille, il ne faudrait  pas que deux femmes se retrouvent sous le même toit et qu'elle soit perturbée par sa présence !
Vous ai-je déjà fait cela ? interrogea Richmond, un peu plus sur la défensive. Je ne nie aucunement ma vie, mes maîtresses mais tout de même, de là à faire cohabiter ... Je suis tout de même un peu plus civilisé que cela. Avec tout le respect que je leur porte, ne me confondez pas avec mes cousins. »

Il faut dire que Morgan avait une certaine tendance aux femmes mariées. Elizabeth Seymour, mariée au Lord du même nom, était durant un temps, sa maîtresse, celle qu'il aimait véritablement. Mais jamais il ne s'était présenté publiquement avec elle, il l'aurait bien fait mais la jeune femme avait refusé. La Cour d'Angleterre avait beau le savoir, il y avait une frontière entre les histoires de cour et se présenter publiquement comme une femme adultère. Puis, il l'avouait sans complexe, il y aurait sans doute assez d'une femme dans le manoir Richmond, ce serait déjà un assez grand changement ! Après, vu qu'il se considérait comme célibataire à Versailles, il s'était affiché à plusieurs reprises avec des belles femmes, notamment la délicieuse Anne de Gallerande. Mais s'il fallait faire l'effort de la discrétion, Morgan ne pouvait pas dire non et se leva à la recherche de quoi écrire pour rajouter cela, sans sourciller.

Rebecca continua sur sa lancée à propos de Roxanne, de son héritage, de son demi-frère ... Silencieux, il cherchait un écritoire pour que l'écriture soit plus lisible. Pourtant, la mention, sans dire le nom bien sûr, d'Elizabeth, le surprit. Il haussa les épaules, reprit les feuilles pour écrire les nouvelles conditions, en s'appliquant dans les marges qu'il avait prévu, sachant certains changements.

« Roxanne est mon héritière, elle sera titrée duchesse de Richmond et Lennox. A ma mort, le titre de duc de Gloucester retournera à la couronne, il était celui de mon défunt cousin. Quant à Andrew, il sera comte de La Marche, lâcha t'il en finissant d'écrire, comme s'il récitait une leçon avant de lever les yeux vers la jeune femme. Et ne vous inquiétez pas pour lady Somerset, si elle a l'occasion de venir, ce que je doute fortement, ce ne sera que pour venir voir Andrew. »

Cela avait le mérite d'être clair, aussi clair qu'un protestant voyant un bûcher durant le règne de Mary Tudor. Roxanne était sa seule fille légitime, elle aurait tout. A moins qu'il se remarie, mais il fallait déjà un jour réussir à casser cette union, et avoir à nouveau l'envie de se marier, ce qui n'était pas gagné, il avait été cruellement échaudé …  Finissant d'écrire les dernières modifications, Morgan se leva et reposa le matériel sur son bureau entassé de paperasses et présenta le document terminé d'un geste de la main.

« J'ai ajouté vos demandes, je pense que nous pouvons signer. Ladies first. »

Si seulement tout pouvait bien se dérouler de la sorte ...
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Édouard du Danemark


Édouard du Danemark

« s i . v e r s a i l l e s »
Côté Coeur: Brisé... la vérité est si douloureuse !
Côté Lit: Un vrai défilé... surtout en ce moment.
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MessageSujet: Re: Ce jour où ils ont bien failli s'entendre ... (PV : Morgan, Rebecca, Edouard)   Ce jour où ils ont bien failli s'entendre ... (PV : Morgan, Rebecca, Edouard) Icon_minitime25.01.14 21:40



Ce jour où ils ont
bien failli s'entendre...

Édouard Morgan et Rebecca







La douceur du mois de mai avait plongé le camp lorrain dans une ambiance paisible. Les soldats, vaillants et courageux, semblaient plus vivants, plus vigoureux. Le soleil baignait le campement de ses rayons, apportant aux hommes et aux femmes un réconfort dans ces temps troublés. La guerre, si on la disait nécessaire, affectait le moral des troupes, bien plus que nécessaire. Personne ne savait vraiment qui allait sortir vainqueur et comment demain allait être. Pour l'instant, après la bataille de Toul, l'heure restait au statut quo. On murmurait cependant qu'une bataille d'envergure se profilait. Elle allait encore apporter son lot de souffrances et de morts. Édouard ne parvenait pas à comprendre que la situation continue de se détériorer. Il avait beau tenté de raisonner Frédéric, son demi-frère et accessoirement Roi du Danemark, rien n'y faisait. Il en était résolu à se trouver au milieu des Anglais, avec qui il n'avait aucune affinité. Tout ça pour quelques promesses d'alliances et de contrats commerciaux dont ils auraient bien pu se passer. Le fait de s'allier avec la vermine britannique constituait pour le Prince une erreur colossale. Il ne leur faisait pas confiance. L'Anglais avait une tendance à la couardise et à la tromperie. C'était dans sa nature propre, enfoui au fond de lui, dans ses gênes. Il acceptait difficilement la coopération qu'on lui imposait. Et comme Frédéric en rajoutait une couche en ne le chargeant pas de la diplomatie, domaine où il excellait, le jeune homme n'en était que plus lassé. Une fois dans sa vie, il aurait bien aimé que sa famille l'écoute et qu'elle se range à son avis. Après tout il était l'héritier et même s'il détestait l'idée de devoir, un jour, monter sur le trône, il restait de bon conseil ! Frédéric n'avait pas toléré qu'il lui désobéisse et tente d'aller à l'encontre de sa volonté à la Cour de Versailles. Alors pour le punir, il le condamnait à rester dans un rang purement militaire. Édouard était un bon combattant mais il exécrait la guerre. Il trouvait que c'était la pire façon de régler une rivalité et un conflit. En vérité, ça ne réglait rien du tout, ça ne faisait qu'attiser les haines et à laisser un tas de braises potentiellement dangereuses à chaque fois. L'Europe ne vivait de toute façon que pour la guerre. Et ce n'était pas les fameuses expéditions envoyés à travers les océans qui allaient apaiser les choses. Les nouvelles richesses seraient le prétexte de demain pour justifier les invasions et les massacres de population. Le Prince avait l'impression de ne pas vivre dans le bon monde, à la bonne époque, même s'il ne se privait d'aucun plaisir de la vie.

Après son réveil, il se rendit dans la tente commune où toutes les stratégies étaient abordées. On évitait de parler du camp adverse trop longtemps, car ça soulevait des questions et celles-ci demeuraient sans réponse. Cela inquiétait les troupes. Et un soldat nerveux, n'est pas un soldat efficace. On savait que les français fidèles au Roi Soleil allaient attaquer. Mais quand ? Et surtout où ? Certains disaient Nancy, d'autres Toul mais quelques uns parlaient de Verdun, un endroit stratégique, qu'Édouard avait apprécié visiter d'ailleurs. A être ici, à guerroyer, autant en profiter pour voir un peu du pays et trouver de la distraction dans une auberge ! Deux jours plus tôt, le Prince était aller trouver un peu de plaisir auprès de filles de joie, dans la plus grande discrétion évidemment. Il n'était pas allé au bout de la chose, il s'était simplement contenté de discuter, de plaisanter, de séduire sans que ça ne débouche sur quelque chose de plus intime. Il fut sévèrement rabroué par son supérieur hiérarchique, un Général danois profondément agaçant, parce qu'il avait un air rêveur pendant cette réunion. Cette humiliation publique ne lui plut absolument pas et il se jura intérieurement de faire laver cet affront, plus tard... A peine fut-il sorti qu'un laquais vint le trouver, visiblement essoufflé. Il lui fit sa révérence sous le regard dur de l'héritier. Que se passait-il donc pour qu'on lui envoie un gueux ici ? Qui était-ce et surtout pour quelle raison, il avait cet air catastrophé ? Il tenait une lettre entre ses mains. Édouard plissa légèrement ses yeux bleus pour voir si elle lui était adressé, mais il ne put rien distinguer. Voyant que l'autre reprenait sa respiration il se montra patient... vingt secondes puis il le toisa avec sévérité. Allons donc ! Il lui faisait perdre son temps ! Comme s'il n'avait que ça à faire ! Irrité par l'incident qui avait précédé, ulcéré par le fait que son frère ne veuille pas mieux le considérer, ça n'était vraiment pas le moment de venir faire l'imbécile à ses pieds. Sa voix gronda donc, faisant fi des politesses auxquelles il était abonné depuis sa plus tendre enfance :

- Pourquoi vous êtes là ? Vous m’avez acheté un poney ?

Le laquais en resta estomaqué. Il ne comprenait pas de quoi Édouard lui parlait. Mais il perçut son agacement grandissant. Aussi, lui donna-t-il la lettre avec quelques consignes :

- Son Altesse, la Princesse du Danemark m'a demandé de vous remettre ceci... Elle n'a pas souhaité venir vous la remettre en main propre à cause des combats... Hum... Elle m'a dit de vous conseiller sur le fait qu'il était préférable que cette missive soit ouverte à l'abri des regards, dans vos appartements.

- Tiens donc ! Et pour quelle raison ? Je lis mes correspondances où je le veux et quand je le veux, donnez-moi ça et levez le camp, j'ai autre chose à faire qu'à vous entendre respirer !

Que lui voulait Gisela pour ne pas se déplacer elle-même et entourer cette lettre d'un secret ? Édouard se posait des questions et en pensant au fait qu'elle était peut-être à nouveau enceinte, il héla le laquais et lui donna quelques pièces. L'homme parut ravi mais inquiet... il n'appréciait pas les sautes d'humeur. A la hâte, Édouard rejoignit son campement. Dans les tentes réservées à la Maison Oldenbourg et à ses suivants, rarement l'ambiance avait été aussi orageuse et exécrable. A l'intérieur, des gens s'agitaient dans tous les sens, inquiets, le visage fermé et particulièrement tendu. On savait qu'Édouard vivait mal sa mise à l'écart. Mais ce qui inquiétait le plus ici, c'était davantage l'ouragan qui allait leur tomber dessus. Le Prince ne remarqua pas les visages fermés. Tous savaient ce que contenait cette lettre, ils en avaient eu vent bien avant le jeune homme. Celui-ci regagna sa couche et se jeta dessus en respirant le parfum de son épouse sur le papier. Gisela et lui s'étaient mariés quelques années plus tôt, après un arrangement entre la Suède et le Danemark pour mettre fin à la guerre. Et même si le Prince n'était pas un homme fidèle, la naissance de son fils les avaient particulièrement liés l'un à l'autre. Ils s'aimaient bien, ce qui restait rare dans la plupart des unions politiques. Édouard brisa le sceau et ouvrit l'enveloppe. Il déplia la lettre qui tenait sur une seule page, plutôt courte. Il fut tenté de lire directement la fin pour savoir s'il était père à nouveau mais il se força à commencer depuis le début. Et voici ce qu'il découvrit :

Mon Prince,

Avec le coeur lourd et chargé d'émotions, je vous adresse cette missive. Je sais que vous avez une vie difficile sur le front et que le malheur de la guerre vous affecte profondément. Je me désole que votre frère n'ait pas écouté vos propos raisonnables et qu'il tente de vous exclure de son cercle...

Vous êtes un homme exceptionnel, tout à fait charmant, attentionné, doux, intelligent. Mon amour à votre égard est toujours aussi grand. C'est pour cette raison que je me dois aujourd'hui d'être sincère et de vous avouer la terrible vérité.

J'espère que vous saurez me pardonner ma faute, que vous n'en serez pas blessé, même si les années ont fait que je vous connais et que je suis persuadée du contraire. La nouvelle que je vais vous annoncer va vous bouleverser mais mon coeur m'interdit de taire plus longtemps ce lourd secret qui me hante. Mon âme se salit dans le mensonge depuis trop de temps et je ne puis plus le tolérer.

Que votre Altesse me pardonne, mais je lui ai été infidèle. Je me suis laissée séduire par le verbe et le corps d'un Duc anglais, il y a quelques années, Morgan of Richmond. De cette union naquit celui que je fis passer pour votre enfant. J'aurais voulu que ce secret ne soit jamais porté à votre connaissance, mais je ne peux continuer à vous mentir, car je vous aime.

J'ai trompé votre confiance, et je le regrette profondément. Je n'ai hélas pas trouvé le courage de vous l'annoncer de vive voix, mon coeur se brise à l'idée que vous soyez meurtri, mais ce fardeau n'en était que trop lourd à porter.

J'implore votre pardon, votre indulgence. Si vous décidez de me les accorder, retrouvons-nous dans cette belle demeure de Saxe, rien que tous les deux.

Votre dévouée et aimante, Gisela.

Édouard pâlit. Il s'était redressé sur son lit de fortune en relisant la lettre à plusieurs reprises comme pour être bien sûr de ne pas avoir mal compris les mots. Il porta une main à son coeur, qui soudain lui faisait atrocement mal. Un cri rauque lui échappa alors que les larmes sortaient en même temps. Trahi... trahi par celle qu'il aimait, certes par défaut, mais qui était son amie d'enfance. La douleur de cette révélation était inimaginable. S'il pouvait pardonner l'infidélité de Gisela avec un autre homme, il ne pouvait concevoir qu'elle lui ai menti depuis si longtemps. Tous les rouages se mirent en place dans sa tête... Il se souvenait des gens qui les croisaient, lorsqu'ils étaient en famille, avec celui qu'il croyait être son fils. Et tout le monde s'étonnait que l'enfant soit brun alors que tous deux étaient blonds. Gisela répondait avec un aplomb extrêmement convaincant qu'elle était brune lorsqu'elle était toute petite. En réalité les choses étaient plus laides. Ce garçon n'était pas son fils, mais celui d'un autre... pire... d'un anglais ! Alors que l'une des servantes du Prince s'approcha de lui pour le consoler, Édouard essuya ses larmes et son visage passa au rubicond. Ses mâchoires se serrèrent, alors qu'il voyait dans sa tête le visage goguenard de Morgan. La servante lui tendit un mouchoir qu'il rejeta. Il se leva d'un bond, le visage marqué par la fureur. De toute sa vie, jamais il ne s'était énervé. Il avait toujours privilégié la diplomatique à la bagarre. Mais c'était un homme, touché de plein fouet dans son orgueil et le Prince, s'il était très aimé de ses suivants et de son peuple, n'en restait pas moins un être humain, même dans ses réactions à chaud. Il se tourna vers la servante qui comprit de suite et lui donna son épée, qu'il accrocha à sa ceinture. D'un ton extrêmement sérieux, il lança :

- Ah le printemps! La nature se réveille, les oiseaux reviennent, on crame des mecs. Je vais le brûler... je vais le tuer !

- Altesse, s'il vous plait... restez raisonnable... je vous en prie...

- Taisez-vous donc ! Je vois que vous semblez tous au courant ! Personne n'a jugé bon d'en informer le Prince cocu n'est-ce pas ? Je retiens, je réglerais mes comptes avec vous dès que j'aurais étrangler cette pourriture de bâtard britannique ! Hors de mon chemin !

Affolés, les serviteurs s'écartèrent, laissant sortir le jeune homme. La situation était inédite. Jamais ils n'avaient vu ce garçon si doux se transformer en un "monstre". La coupe débordait. Il ne pouvait laisser passer cet affront ni même retenir cette envie irrépressible de casser le nez d'un Anglais. L'affaire allait se régler entre le Duc et lui, d'homme à homme. Alors que le jeune homme approchait de la tente de Richmond, les gardes s'interposèrent :

- Navré Altesse, mais le Duc de Richmond est actuellement occupé.

- J'ai une affaire urgente dont je dois lui parler. Et il est au courant de ma venue, tenez, il m'a envoyé cette lettre.

Il la lui montra rapidement, sans qu'il ne puisse lire, si tant est qu'il avait reçu une quelconque éducation dans sa jeunesse. Le soldat hésita puis s'écarta. Il trouvait Édouard tendu mais il mit ça, à tort sur le compte des affaires et des rumeurs d'une attaque imminente. Le Prince se dirigea vers la tente de Morgan où il entra sans se signaler. Il le trouva en compagnie d'une femme. L'infâme ne perdait pas de temps ! Il sentit la colère le prendre au corps, mais il s'approcha, tout en se contenant. Surpris par cette irruption soudain, le Duc sembla sur le point de dire quelque chose. La voix, soudain sinistre et dure de l'héritier du trône du Danemark trancha l'air.

- Eh, toi l'Anglais, as-tu déjà dansé avec le diable au clair de Lune ?

Tel un coup de canon, il envoya son poing dans la mâchoire de Morgan. Il y eut un bruit au moment du choc, comme si un os se cassait. Vu l'impact, le Duc tomba sur les fesses. Édouard tempêta :

- Non ? Jamais ? Regarde, il y a un début à tout ! Et ce n'est pas encore fini, relève-toi ! Que je t'apprenne à coucher avec ma femme !!!

.pinklemon


Dernière édition par Édouard du Danemark le 30.01.14 2:05, édité 1 fois
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Rebecca Stuart


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Côté Coeur: Quelle question ? Au plus offrant bien sûr !
Côté Lit: On n'y fait pas comme chez soi et certainement pas son mari !
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MessageSujet: Re: Ce jour où ils ont bien failli s'entendre ... (PV : Morgan, Rebecca, Edouard)   Ce jour où ils ont bien failli s'entendre ... (PV : Morgan, Rebecca, Edouard) Icon_minitime26.01.14 17:26

" Vous êtes mariée, comme moi ; vous savez que la monstruosité peut prendre des formes très diverses, nous les avons expérimenté, il est temps que cela cesse. "

Ah Morgan et ses piques teigneuses ! Elle si habituée à ce qu'on la couvre de compliments, ne put que se vexer qu'on lui lance cela à la face ! D'autres se seraient damnés pour l'avoir pour femme et malgré son appétit pour le luxe ! Mais non cet alcoolique notoire ne s'en sentait pas flatté le moins du monde et n'en remerciait pas le ciel, pire  il prétendait que c'était monstrueux ! Quelle galanterie ! Mais pouvait-elle attendre quoi que ce soit de son époux, il était égal à lui même ! La lèvre supérieure de Rebecca ne  put que se retrousser de mépris, mais elle se tut ! Il ne fallait pas tout gâcher ! Et elle devait bien admettre que malgré son indélicatesse légendaire, son mari avait parfaitement raison ! Etre liée à lui jusqu'à sa mort, était bien une chose abominable, mais si on l'on pouvait atténuer, aujourd'hui et maintenant, cette aberration, il était grand temps oui ! Elle ne pouvait qu'acquiescer en son for intérieur, le fond à défaut de la forme qu'il y avait mise !

"  N'oubliez pas qu'il vous reste des bijoux à Whitehall dont vous pourrez retrouver l'usage quand il vous plaira. Je ne vous demande pas de vous astreindre, vous ferez ce que vous voudrez de votre rente, mais je n'épongerais aucune dette, je tiens à être clair. "

Rebecca jusque là blessée dans son orgueil donc, retrouva comme par enchantement le sourire !  Voilà une phrase qui épongeait quelque peu l'affront, qu'il venait de lui faire ! Dès que les mots  bijoux, argent étaient prononcés, ils avaient une vertu quasi magique aux oreilles de l'écossaise, sauf s'il s'agissait d'en être privée bien entendu. Il est vrai qu'elle avait fait le grand effort de vouloir se restreindre pour sauver les meubles avec Morgan, mais oui il s'agissait bien là d'un effort ! D'une épreuve même ! Mais si elle n'avait pas à subir le manque de luxe, tant mieux n'est ce pas ?  Ainsi, la duchesse était libre de profiter de son or, quel bonheur ! Tel oncle Picsou, elle avait déjà à l'esprit de s'immerger dans un bain rempli d'écus, dès qu'elle toucherait cette rente que Morgan lui promettait. Et elle pouvait avec un tel traitement, endurer sa présence encore quelques temps !

- N'ayez aucune crainte, vous n'aurez à vous plaindre d'aucune dette, j'aime trop l'argent pour le dilapider en un claquement de doigts. Je préfère le garder !

C'était bien la première fois qu'elle parlait aussi franchement à son mari, mais Dieu que cela faisait du bien ! Après tout, ils mettaient cartes sur table non, alors pourquoi se serait-elle sentie gênée ? Elle n'avait plus rien à dissimuler, il connaissait parfaitement son caractère, ses ambitions. Leurs différends semblaient tassés, ou du moins endormis pour le bien de leur fille. Leur fille, voilà sans doute le sujet que Rebecca avait tenté d'exposer avec le plus de  tact et de diplomatie tout en restant hermétique au marchandage ! Il n'était pas question, qu'elle soit lésée pour qu'un bâtard que la nature avait simplement doté d'un sexe masculin, prenne sa place et son héritage ! Son message en la matière avait été ferme et limpide. Morgan semblait l'avoir très bien compris et fort heureusement,  ils étaient d'accord sur la question ! Dieu lui-même aurait pu croire à un miracle, car jamais ô grand jamais, ils n'avaient été d'accord. Sinon ce jour là !

" Roxanne est mon héritière, elle sera titrée duchesse de Richmond et Lennox. A ma mort, le titre de duc de Gloucester retournera à la couronne, il était celui de mon défunt cousin. Quant à Andrew, il sera comte de La Marche.  "

C'était sans doute trop d'honneur pour ce petit vaurien, mais cela ne la concernait plus vraiment ! Tant que Roxanne demeurait l'héritière sans aucun équivoque et que son père mettait ça par écrit, le reste l'importait très peu ! Elle supporterait le garnement, voilà tout ! Il fallait bien qu'elle se fasse violence sur une des volontés de Morgan, il ne s'agissait pas d'une rencontre d'agrément mais bien d'un contrat où chacune des parties avait des avantages et des inconvénients. Le plus dur certainement serait de s'y tenir, mais au moins étaient-ils parvenus déjà à se parler en toute civilité ! Un pas immense venait d'être fait et Rebecca songea à cette minute, qu'il ne fallait décidément désespérer de rien dans l'existence, pas même d'un mari !

" J'ai ajouté vos demandes, je pense que nous pouvons signer. Ladies first.  "

Le nez jusque là plongé dans les paperasses, le duc s'était levé pour lui tendre la plume trempée déjà dans l'encre. Elle s'avança vers la table, tandis qu'au dehors des voix se faisaient entendre. Sans doute des entraînements avaient-ils lieu pour se préparer à la prochaine bataille. Elle n'y prêta donc pas attention immédiatement, se déganta et se pencha sur le parchemin afin de le signer. Elle n'eut que le temps de tracer les deux premières lettres de son prénom, puisqu'un homme fit tout à coup irruption dans la tente. Déconcentrée par cette entrée soudaine, une tâche d'encre noya ce qu'elle venait d'écrire. Elle se redressa pour distinguer de plus près le nouvel arrivant, et ses yeux brillants de colère ne lui laissèrent rien présager de bon ! En effet ...

- Eh, toi l'Anglais, as-tu déjà dansé avec le diable au clair de Lune ?

L'apostrophe n'avait rien d'aimable ! Le coup de poing qui fendit l'air et faillit bien assommer Morgan le fut encore moins ! La duchesse poussa un cri de stupéfaction ! La plume qu'elle tenait encore vola dans les airs, tandis que ses mains se posaient sur sa bouche grande ouverte, comme celle d'une carpe ! Son époux était tombé à la renverse et sur son postérieur plus précieusement, à cause du choc !  Rebecca furieuse que l'on s'en prenne ainsi à sa moitié, qu'ils s'entendent ou non, s'approcha à grandes enjambées du dément !

- Est-ce que vous êtes par hasard le fils de l'oncle de votre grand mère, elle-même cousine de votre père ? Etre un consanguin dégénéré et avoir eu des fous furieux dans votre arbre généalogique serait la seule excuse que vous pourriez avoir, espèce de ...

Mais on ne l'écoutait pas, écumant de rage, l'intrus semblait attendre que Morgan se relève pour le tuer sans d'autres formes de procès !

- Non ? Jamais ? Regarde, il y a un début à tout ! Et ce n'est pas encore fini, relève-toi ! Que je t'apprenne à coucher avec ma femme !!!

Le visage jusque là très agacé de Rebecca, se décomposa ! Elle pâlit sérieusement en l'espace de quelques secondes ! Et ce n'était plus la peur qu'on s'en prenne au père de sa fille qui l'envahissait, mais bien la honte ! Fébrilement, elle jeta un œil désespéré à l'entrée du dais, nul doute que les gardes qu'elle avait entendus tout à l'heure, s'en donnaient à cœur joie ! Ils devaient tout écouter ! Elle avait été la risée de la cour anglaise et à présent elle serait celle du camp anglais, danois, germanique, toutes les nationalités qui pouvaient compter les ennemis de la France et qui étaient regroupées ici ! La nouvelle du coup de poing allait se répandre comme une traînée de poudre ! Son orgueil plus que blessé déjà étouffait son cœur et ce fut à son tour de ressentir une colère démesurée. Qui était cet homme ? Qui était ce malheureux cocu ? Pendant des années, Rebecca s'était attendue à ce genre de réactions de la part d'un mari trompé, mais jusque là aucun n'avait été d'un rang assez élevé pour pouvoir se permettre un tel affront ! Il ne s'agissait pas d'un gant mais bien d'un poing à la figure ! Par conséquent, cet inconnu devait être aussi voire mieux né que Morgan pour s'y risquer. La curiosité d'en apprendre davantage se mêla à son courroux.

Se retournant tout à coup vers son mari, elle ne lui demanda absolument pas comment il se sentait mais se délecta d'apercevoir un léger filet de sang au coin de sa bouche.

- Qu'avez-vous fait encore Morgan ? Serez-vous donc toujours aussi stupide, il fallait bien qu'un jour  tout ça arrive, vous auriez dû pourtant vous en douter ! Vous savez quelle différence il y a entre un con et un voleur ? C'est qu'un voleur, de temps en temps, ça se repose. Mais apparemment dès qu'il s'agit de femmes, vous ne vous reposez jamais et voilà le résultat ! Vous allez vous rendre ridicule auprès de tous vos soldats mais le pire c'est que vous me fassiez subir ça à moi, oui à moi votre femme qui apprend une fois encore, qu'elle est cocue et par la bouche d'un autre cocu ! Vous êtes un vrai minable, 0 multiplié par 0, voilà ce que je pense de vous, faites la soustraction !

Son franc parler, elle qui avait côtoyé bien des mendiants crottés, reprenait le dessus. Elle posa furieusement ses mains sur ses hanches et son regard balaya la tente, allant de Morgan à l'inconnu.

- Et d'ailleurs qui est cet homme ? Qui êtes-vous monsieur ? Je déplore que nous fassions connaissance comme ça, couronnés que nous sommes de nos cornes, mais je tiens à vous remercier pour ce que personne n'avait jamais encore fait ! BRAVO monsieur !

Et elle l'applaudit bruyamment ! Il était à présent très clair, qu'aucune négociation ne pourrait plus avoir lieu entre les deux époux avant bien longtemps ! La goutte venait de faire déborder le vase, c'était la tromperie de trop !
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Morgan Stuart


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MessageSujet: Re: Ce jour où ils ont bien failli s'entendre ... (PV : Morgan, Rebecca, Edouard)   Ce jour où ils ont bien failli s'entendre ... (PV : Morgan, Rebecca, Edouard) Icon_minitime06.04.14 15:53

« N'ayez aucune crainte, vous n'aurez à vous plaindre d'aucune dette, j'aime trop l'argent pour le dilapider en un claquement de doigts. Je préfère le garder !
Excellente initiative. » lâcha Morgan doucement, sans réel sarcasme.

Elle l'avait épousée pour son argent après tout, si l'anglais ne l'avait compris que trop tard, il n'était pas prêt de l'oublier à présent ! Et puisqu'il fallait assumer aujourd'hui, autant ne rien se cacher. Rebecca avait été d'une redoutable franchise, cela changeait tellement de d'habitude, Richmond ne pouvait que l'approuver. Ce contrat de mariage préparait de nouvelles bases pour les années à venir, pour l'éducation de leur fille et pour cesser de se déchirer, cela ne les mènerait nul part, autant devenir des adultes une fois pour toute et mener une vie de couple relativement normale, et finalement assez libre. La seule contrainte de Morgan était que son épouse n'aille pas voir ailleurs, ce n'était pas grand chose ! Il pensait à la réputation mais surtout à une éventuelle grossesse. Qui sait, les femmes pouvaient bien dissimuler leurs jeux, après tout le dicton « maman sûre, papa peut-être » était bien basé sur quelque chose ! Morgan n'avait aucun doute sur Roxanne, elle était sa fille à n'en pas douter. A ce titre, il était tout à fait normal qu'elle soit son héritière universelle, malgré son autre fils, Andrew, qu'on ne pouvait pas mettre au même rang pour cause de bâtardise.

Les changements, annotations et compromis étaient à présent écrits sur papier, tout était officiel, il ne manquait que leur signature. Personne n'aurait pu penser qu'ils étaient capables de trouver un terrain d'entente ! A dire vrai, le seul qu'ils avaient concernait leur petite Roxanne, et tout se basait sur elle, refusant de lui faire vivre un calvaire. Sans enfant, le couple se serait tout simplement séparé, et aurait tout fait pour annuler leur mariage. Chose peu évidente à l'époque, le mariage était sacré, une union que seul Dieu pouvait défaire théoriquement. Mais la vie des humains étaient compliquée et semée d'embûches, on ne pouvait pas toujours se plier aux vertus catholiques, surtout eux deux : lui pêchait par luxure et colère, elle par orgueil et avarice, cela commençait assez mal. Comme quoi, même deux pêcheurs pouvaient être sauvés par des vertus, faisant preuve de justice et d'humilité en cet instant.

Non vraiment, alors que Rebecca se mettait à signer, rien n'aurait pu mieux aller. Sauf l'irruption d'un homme dans la tente ! Tournant la tête, Morgan ne comprit pas au premier abord pourquoi Édouard du Danemark venait jusqu'ici, l'air colère.

« Eh, toi l'Anglais, as-tu déjà dansé avec le diable au clair de Lune ?
What the … » mais il fut coupé par un coup violent.

Porté à la mâchoire, le coup de poing était d'une rare violence, et d'une grande rapidité. Pas le temps de répliquer ni de se protéger, le choc du coup le fit tomber au sol, sans avoir le temps de comprendre ce qu'il se passait. Il le sut bien assez vite :

« Non ? Jamais ? Regarde, il y a un début à tout ! Et ce n'est pas encore fini, relève-toi ! Que je t'apprenne à coucher avec ma femme !!! »

Ah oui, il avait un peu oublié cette histoire à dire vrai, elle datait d'il y a quelques années ! Reprenant ses esprits en se relevant, les sourcils froncés, il ne fallait pas chercher à faire le malin, sinon il pourrait amèrement le regretter. En plus du mari cocu, Morgan avait aussi son épouse contre lui à présent. Seul contre deux, on se croirait presque à un faux procès d'un protestant destiné à mourir au bûcher de Mary Tudor. Et en plus sa femme en rajoutait une couche, histoire de l'enfoncer davantage.

« Qu'avez-vous fait encore Morgan ? Serez-vous donc toujours aussi stupide, il fallait bien qu'un jour tout ça arrive, vous auriez dû pourtant vous en douter ! … »

Et elle continua ainsi à le réprimander comme on l'aurait fait à un enfant. L'espace d'un instant, Morgan se crut face à sa mère, c'était déstabilisant, puis cela le mit dans une colère qu'il réprima, serrant les poings. Comment une femme ayant tellement de choses à se reprocher pouvait lui faire la morale de la sorte ? Il prit une longue inspiration, regardant les deux face à lui, la vipère crachant son venin et le dragon danois, prêt à le frapper à nouveau.

« Vous faites quoi, tous les deux ? Le procès et la mise à mort d'une histoire datant de trois années ? Comme si cela vous intéressait, madame, comme si votre orgueil était davantage blessé par cela, ne jouez pas la comédie. Comme si vous ne me connaissiez pas. Et puis, est-ce ma faute si notre père a fait les hommes moins puissants que Lucifer ? Je ne me dédouane pas ; je me connais voilà tout, et vous aussi madame.  »

Ce n'était pas comme s'il ne l'avait pas déjà fait en Angleterre. L'affaire Élisabeth Seymour avait eu suffisamment de retentissement à Londres, cela avait généré assez de dégâts et de scandale ! Non seulement une liaison avec une femme mariée, mais surtout un enfant était né de cette union et il avait fallu l'intervention du roi pour que cette histoire ne finisse pas en duel entre le mari trompé et l'amant. Aujourd'hui, c'était encore plus délicat, on ne pouvait pas se battre contre le futur roi du Danemark sans provoquer un incident diplomatique … du moins plus gros qu'il ne l'était ! Alors que Rebecca demanda qui pouvait bien être l'homme cocu, Morgan ne laissa pas le temps au prince de répondre, il le fit avant, parlant à Édouard.

« Vous m'avez frappé Édouard, que voulez vous de plus ? Mettre l'Angleterre à feu et à sang sur un motif d'adultère danois ? Un peu de mauvaise foi le Richmond, mais il ne recula pas quand ce dernier avança pour le frapper, Morgan lui retint le poing. Je n'ai pas d'excuse, mon comportement a été stupide, je le conçois. Malheureusement, aussi prince danois que vous êtes, vous n'étiez pas à l'abri de ce genre. Évitez le scandale, que tout le monde le sache. Croyez moi, cela vous pénalisera davantage que moi, j'ai malheureusement une assez grande réputation pour qu'on trouve cela normal. Mais pas pour vous, ni votre femme. »

Le souvenir londonien de l'affaire Seymour avait eu un trop grand impact dans la Cour, imaginez ici au milieu des soldats venus de plusieurs royaumes différents, cela se propagerait comme une traînée de poudre, et il n'y aurait rien de pire que devenir la risée de l'Europe, et puis entacher les relations entre anglais et danois. Relâchant le poing d’Édouard, il fit un pas en arrière.

« Et puis, qui le sait, à part nous quatre ? Il n'y a pas non plus d'incident grave, je ne vous ai pas fait un gamin dans le d… il vit le visage d’Édouard et comprit. Édouard et Gisela avait eu un héritier, et si on comptait entre son aventure avec la princesse et la naissance, approximativement, cela correspondait. Richmond ouvrit grand les yeux, complètement décontenancé. Holy shit … »

Là, en effet, cela changeait la donne. Si l'héritier était un bâtard Stuart, rien ne va plus …
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Édouard du Danemark


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MessageSujet: Re: Ce jour où ils ont bien failli s'entendre ... (PV : Morgan, Rebecca, Edouard)   Ce jour où ils ont bien failli s'entendre ... (PV : Morgan, Rebecca, Edouard) Icon_minitime15.04.14 0:02



Ce jour où ils ont
bien failli s'entendre...

Édouard Morgan et Rebecca







Édouard fulminait. Sa journée avait viré au cauchemar quelques instants plus tôt. Tout ça, à cause du type qui se tenait devant lui. La pillule ne passait pas, pas plus que l'envie de le tuer, là immédiatement sur place. De mémoire danoise, jamais le prince héritier n'avait perdu ses nerfs. Le petit personnel qui l'accompagnait d'ordinaire avait immédiatement accouru autour de la tente anglaise, livide. Ils le savaient, quand tout ça serait terminé, chacun allait en prendre pour son grade. Lui cacher la vérité était la pire des offenses. Ici, dans le camp lorrain, tandis que d'autres s'affairaient, attirés comme des mouches sur une bouse bovine, on restait surpris de voir deux alliés se disputaient. A la base, Edouard n'avait jamais eu beaucoup d'estime et d'affection pour les anglais mais là, devant ce cas d'adultère et de tromperie, de déshonneur, il entendait bien que son demi-frère, Frédéric III agisse contre ces couards ! Rebecca semblait prendre son parti et tomber des nues mais le Prince ne savait pas du tout qu'il s'agissait de celle avec qui, jusqu'à présent il avait entretenu une liaison manuscrite par correspondances interposées. Il n'y réfléchissait guère même si le lien était évident à faire, à tête reposé en tout cas, loin d'être aveuglé par la jalousie. Il écouta Morgan bavasser sur l'intérêt qu'ils avaient à garder cette affaire secrète. Se moquait-il de lui ? Une envie irrépressible de lui éclater la tête le prit au corps. Il envoya son poing mais l'autre le stoppa et le retint, de justesse. L'anglais avait de bons réflexes, et pas visiblement que dans le pantalon !

La fureur et la rage embrasaient le regard bleu, d'ordinaire si doux et prévenant, du malheureux cocu. La souffrance que lui avait infligé cette nouvelle le mettait dans un état second. Il n'arrivait toujours pas à croire que son petit garçon soit le fils d'un autre, pire le bâtard d'un Anglais !!! Une hérisie, un crime de lèse-majesté ! Et bien entendu, il en oublia que lui-même n'avait pas hésité à passer dans le lit de nombreuses femmes, cocufiant sa femme sans vergogne et sans scrupule. Et que les bébés qui étaient nés après, ne seraient jamais reconnus même si quelques uns, sans doute, venaient bien de lui. Incapable de passer outre cet affront, de se calmer, il écouta son désormais ennemi juré, relativiser toute cette affaire. Et sa langue de serpent ne tarda pas à nier l'existence d'un enfant... Le danois le foudroya du regard. S'il avait pu le tuer rien qu'avec ses yeux, il l'aurait fait volontiers, même si l'idée que ce minable s'en sorte avec si peu de douleur l'aurait rendu fortement amer. Et Richmond se rendit soudain compte du fin mot de l'affaire, dans un blasphème. La voix déformée par la hargne, aggravée par sa gorge nouée, Édouard vociféra faisant fi des potentiels témoins extérieurs à ce spectacle et qui allaient s'en régaler :

- Allez au Diable !!! Brûlez en Enfer !!! Je n'ai que faire de votre Angleterre qui brûle déjà de honte de savoir que vous avez osé copuler comme un sinistre sauvage que vous êtes avec l'épouse du Prince du Danemark ! Avec MA FEMME !!! Pourriture de britannique ! Ce n'est pas l'Angleterre que je vais mettre à feu et à sang, c'est votre misérable tête de vipère, de satyre ! Je le jure devant Dieu, je vais vous le faire payer. Vous allez découvrir, comme le disait Monsieur le frère du roi : le supplice de l'empale est un jeu qui commence si bien et se finit si mal ! Allez ! Sortez votre épée, espèce de pleutre !!! Non, pas la lame qui vous sert de cerveau, l'autre ! Allez la chercher que nous réglions cela d'homme à homme !!!

Le coup partit, mais cette fois, ce ne fut guère un coup de poing que Morgan reçut. Non, l'atteinte était beaucoup plus basse, beaucoup plus surprenante dans un combat d'homme à homme. Mais Richmond avait piétiné l'honneur d'Édouard alors le Prince n'allait pas s'empêtrer dans de vaines tentatives pour retrouver son lustre et sa réputation. Il s'avança et envoya son genou directement dans la virilité de son adversaire, le pliant en deux. Ne lui laissant pas le temps de reprendre sa respiration, Édouard l'empoigna par le col. A cet instant précis, tout pouvait basculer, tomber. Rebecca était toute proche, assistant à cette scène digne du plus grand spectacle d'arène que l'on ait pu se voir jouer autrefois dans la rome antique. Le danois lui dit, sans la regarder, ses yeux ne parvenant plus à quitter cet homme qu'il mourrait d'envie d'étrangler.

- Madame, sortez de cette tente, afin que le sang ne vous éclabousse. Il serait dommage que vous soyez encore plus souillée par ce misérable cloporte. Votre place n'est guère en ce lieu. Vous savez sans doute trop d'honneur et d'importance pour demeurer aux côtés d'un tel déchet. A ce stade, c’est pas une relation d’esprit à esprit, c’est une relation d’esprit à thon.

Sans même se soucier qu'elle obéisse ou non Edouard projeta Morgan sur la table. Il était méconnaissable, personne ne l'aurait reconnu, mais là, l'Anglais avait dépassé les bornes. Pire, qu'il fasse comme s'il n'était pas au courant l'agaçait au plus haut point. Sur l'invective, le Prince du Danemark sortit son épée de son fourreau et la pointa en direction de Morgan, bien déterminé à en découdre. Au dehors, même si on ne voyait pas les images, on se taisait. La situation était explosive. Si Edouard gagnait le duel, on allait enterrer un Duc anglais ce soir... Si Morgan l'emportait, les représailles contre l'Angleterre allaient être terribles et Morgan allait sans doute se retrouver dans une situation intenable. Dans les deux cas, Édouard n'avait rien à perdre. De toute façon, il était aveuglé par la colère, par cet excès de testostérone qui donne souvent aux hommes un comportement puéril et dangereux.

- Alors l'Anglais, on pâlit à l'approche de la mort ? Tu ne peux pas trembler devant moi sans perdre le bas de ton pyjama ! Et si dans la panique tu casses ta mécanique, ne me dis pas cesse quand tu passes à la caisse : j'ai perdu, je comprends pas, ça m'embête ! Je suis pas dans mon assiette !


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MessageSujet: Re: Ce jour où ils ont bien failli s'entendre ... (PV : Morgan, Rebecca, Edouard)   Ce jour où ils ont bien failli s'entendre ... (PV : Morgan, Rebecca, Edouard) Icon_minitime30.09.14 16:44

- Vous faites quoi, tous les deux ? Le procès et la mise à mort d'une histoire datant de trois années ?

Rebecca se mordit les lèvres pour ne pas riposter que c'était plutôt sa mise à mort à LUI, qu'elle désirait plus que tout à cette minute ! Trois ans ? … Eh bien ses souvenirs étaient particulièrement bons pour tout ce qui concernait une autre personne qu'elle, SA FEMME !  Non elle n'était pas jalouse, Dieu l'en gardait bien, mais son orgueil était une fois de plus mis à mal, contrairement à ce que pouvait penser Morgan ! Et d'ailleurs oui, comment pouvait-il songer que cette liaison ne pouvait pas la toucher, plus que celles qu'il avait eues avec d'autres femmes, comme cette insignifiante Elizabeth Seymour … Ne s'agissait-il pas de bien d'autre chose ? Ne s'agissait-il pas d'une princesse, d'une future reine ! Au cours des siècles passés, bien des guerres avaient été déclarées pour moins que cela ! Et c'est lui le cousin d'un roi, qui prenait donc autant à la légère d'offenser aussi cruellement un fils de monarque ! Quelle insouciance ! Quel culot !

- Vous m'avez frappé Édouard, que voulez vous de plus ? Mettre l'Angleterre à feu et à sang sur un motif d'adultère danois ?

La duchesse ne put s'empêcher de rouler des yeux ! Voilà que son mari provoquait qui plus est son adversaire, plutôt que de faire acte de contrition ! Quel sot ! Ne voyait-il pas que ce dernier était plus que jamais capable d'en découdre avec lui ?! Que justement peut-être à cette minute, il serait prêt à de telles extrémités ?! Et si demain le Danemark ne soutenait plus l'Angleterre et les Lorrains, qui sait quel drame pouvait en découler ?! Mais non, à cette heure la politique et la diplomatie étaient bien loin d'habiter cette cervelle d'oisillon ! Seules comptaient les démonstrations de mauvaise foi !

- By Saint Georges, protégez nous de tant de crétinerie !

Désormais assise sur le coin le plus éloigné de la table, où ils avaient failli signer tout à l'heure ce contrat d'entente, Rebecca joignit les mains bien haut. Elle n'avait jamais été aussi excédée ! Mais le pire restait malheureusement à venir …

- Et puis, qui le sait, à part nous quatre ? Il n'y a pas non plus d'incident grave, je ne vous ai pas fait un gamin dans le d… Holy shit !

Son mari soudain décontenancé comme pris par un affreux doute, la fit se redresser instantanément … Le visage de la jeune femme se décomposait et pâlissait à vue d'œil ! Non non, ça ne pouvait pas être possible ! Un enfant avec n'importe qui, des bâtards n'importe où mais pas l'héritier d'un trône ! Pas ça ! Quelle honte !

- WHAT ?!

Voici le seul mot qui put à cet instant sortir de sa gorge  devenue sèche par cette révélation terrible … En revanche, ce fut un déluge d'insultes que lui prodigua le prince danois. Et ce qui devait arriver, arriva … Edouard du Danemark le provoqua bientôt en duel, puis lui assena plusieurs coups dont un au bas ventre avant de l'empoigner sévèrement par son pourpoint ! Quels sauvages !

- Madame, sortez de cette tente, afin que le sang ne vous éclabousse. Il serait dommage que vous soyez encore plus souillée par ce misérable cloporte.

Un instant, elle fut tentée d'obéir et de sortir du dais royal,  elle n'appréciait guère la violence, mais elle aurait dû alors souffrir les regards moqueurs  ou pire les compatissants, car tout le camp lorrain devait à présent être au courant ! Non, autant rester ici et profiter de voir tout de même son époux en si fâcheuse posture ! Elle pouvait bien supporter ce spectacle puisque le prince la vengeait si bien ! Un sourire sadique d'ailleurs se dessina  sur ses lèvres !

- Partir, vous n'y pensez pas ! Au moment le plus intéressant ? Mon honneur a été autant foulé aux pieds que le vôtre, je veux rester ! J'ai supporté la vue de cet individu depuis des années, je peux bien supporter la vue de son sang ! Et puis … Il faut bien que quelqu'un soit là … après … pour le repos du guerrier que vous êtes !

Rebecca presque roucoulante s'était avancée, et venait de poser sa main sur l'un des bras si musclés d'Edouard ! Tout à coup imperturbable, comme à chaque fois qu'elle chassait l'homme, la jeune femme chercha à planter son regard sensuel dans le sien ! Elle espérait de tout cœur, que la vengeance qu'elle désirait et qui était une revanche typiquement féminine serait comprise par celui-ci, malgré la haine qui l'aveuglait ! Cocus pour cocus, pourquoi ne partageraient-ils pas les mêmes draps ? Elle s'était toujours refusée par conviction à tromper Richmond, mais à situation exceptionnelle, mesure exceptionnelle, non ?  Et cette Gisela qui l'avait tant méprisée et lui avait dicté ses volontés comme on le fait à une domestique : séduire son époux sans coucher, s'en mordrait bientôt les doigts ! Pourquoi se contenter d'un seul contrat rompu aujourd'hui, lorsqu'on peut faire d'une pierre deux coups ?

Soudain, Edouard projeta Morgan, celui-ci s'écrasa sur la table où elle était assise quelques instants plus tôt. Malheureuse table, elle était pourtant d'un bois magnifique et avait dû coûter une fortune … Le prince tira son épée et en menaça son mari. La situation devenait véritablement critique , qui que ce soit qui en sorte vainqueur, c'était donc l'incident diplomatique à coup sûr ! Ne serait-ce pas mettre en péril la mission qu'elle devait mener à bien , avec ce poison de Megan pour le compte de Monmouth ? Malheureusement si … Ainsi puisque ces messieurs n'obéissaient qu'à leurs bas instincts de mâles, il fallait qu'elle insiste pour cette solution, qu'elle venait de lui proposer à demi-mots ! Tant pis, si cela voulait dire garder Morgan en vie ou même sans aucune véritable égratignure pour son comportement ! Car oui, un souffle coupé c'était bien peu tout de même ...

Elle se plaça donc entre l'épée et son mari.

- Monseigneur ! Je comprends votre rage puisque je ressens la même  ! Mais tout bien réfléchi, pensez à votre réputation ! Ne donnez pas à cet homme qui vous a déjà bien ridiculisé par ses frasques, le plaisir de vous humilier un peu plus ! Même si vous réparez aujourd'hui l'affront, vous ne l'effacerez pas et tout à l'heure, lorsque vous sortirez, vous n'empêcherez pas les rires sur votre passage !

Rebecca poussa légèrement le poignet d'Edouard sur le côté afin d'éloigner sa lame, puis sans la moindre retenue enroula alors ses bras autour de son cou. Dieu que c'était bon de flirter sous le nez de son mari ...

- Lui, mort, vous en faites une victime ! Vous, mort, votre vengeance sera bien courte ! Alors qu'avec moi, elle sera froide et donc délicieuse ! Quittons ce dais tous les deux au vu et su de tous, et regagnons votre tente, votre lit pour y passer la nuit ! Alors je vous le promets, ceux dont on rira demain : ça sera mon mari et votre femme !

Cette proposition murmurée à son oreille, elle la laissa en suspens ! Cette fois-ci l'avait-il entendue ? Accepterait-il ? Entendrait-il la voix de la raison ?
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Ce jour où ils ont
bien failli s'entendre...

Édouard Morgan et Rebecca







La colère aveuglait Édouard au point de lui faire oublier qu'il était en guerre aux côtés des Anglais et des Lorrains contre le Roi de France. Une guerre qu'il souhaitait clore le plus vite possible, d'abord parce qu'il la trouvait stupide et ensuite parce qu'il n'avait rien d'un militaire. Bien que vaillant et entraîné, le combat avec Richmond était un peu inéquitable. Il avait sans doute moins d'expérience à l'épée, puisqu'il était plus jeune et qu'en plus, il préférait les plaisirs de la vie à la violence. D'un autre côté, pour Morgan, faire du mal au Prince héritier du Danemark, c'était se compromettre et risquer de très sévères représailles. Frédéric III, bien que froid et apathique, ne transigeait jamais avec l'honneur de sa maison. Il était ferme et déterminé à laver sa couronne de toute éclaboussure. Et plus prompt à prendre les armes... d'ailleurs, Edouard était là parce qu'il avait témoigné son opposition à une entrée en guerre. Il s'agissait d'une sorte de punition, pour la discipline, pour la forme. Au fond, le jeune homme, à côté de son demi-frère était quelqu'un de bon et de gentil, qu'il ne fallait pas énerver. La rancune aussi tenace qu'une tâche de graisse sur la soie, il n'en démordait jamais. Quand Rebecca prit la parole pour exprimer son refus de sortir, elle le fit de telle manière que le Prince croisa son regard. Il fut surpris d'y déceler autant d'intensité. Tout dans son attitude flattait son égo. Il ne l'avait pas surdimensionné, mais quand il s'agissait de fierté, il ne disait pas non pour fanfaronner. Naturellement et de façon presque mécanique, il bomba légèrement le torse. Le repos du guerrier. Il ne disait pas non, surtout pas avec l'anglaise qu'il essayait de séduire depuis des semaines !

Ce rentre-dedans n'était pas subtil. Il s'en moquait, au contraire. Il trouvait intéressant que la situation se retourne contre Morgan. Il avait l'air tellement pathétique... Pour enfoncer le clou, Édouard voulait faire en sorte de pousser son rival au bout du supplice. Lui infliger les pires blessures, le centuple de ce qu'il vivait ! Plus de contrat de mariage, plus de bonheur idyllique et de cordialité dans son couple. A voir Rebecca le flatter, il n'avait qu'une envie, faire en sorte que tout le monde sache qu'il était humilié, par la force et par l'honneur. Tout le camp connaîtrait la vérité et Morgan ne pourrait plus faire un mot sans rougir de honte. S'il s'était écouté, Édouard aurait entrepris les choses sérieuses ici-même, sur cette table, comme un sauvage. Mais son éducation le lui interdisait, il avait un rang à défendre, des manières qu'il n'abandonnait pas, du moins avec les dames. Il avait dégainé son épée, prêt à blesser cet individu, voire à le tuer si nécessaire. Mais contre toute attente Rebecca s'interposa, sauvant ainsi la mise à son bientôt ex-compagnon. Le Prince fronça farouchement les sourcils. Pourquoi diable risquait-elle sa vie pour lui ? Il comprit rapidement qu'en vérité, elle voulait une vengeance, une vraie, froidement calculée et appliquée, pour ruiner et pourrir sa vie. Quelle femme ! Édouard avait des yeux pétillants, à la fois séduits et admiratifs. Il était conquis par ce courage et cette force. Il baissa son épée quand elle plongea entre ses bras pour s'y lover. Agréable contact... Etait-ce la colère ou bien le désir qu'il sentait monter en lui ? Les deux sans doute, le second apaisant la première. Oui, il allait avoir sa revanche...

- Quel grand et splendide eunuque ! Trahir la confiance de ta Dame, t'en servir de bouclier pour sauver ta misérable existence ! Voilà l'archétype même de l'anglais insolent, mal éduqué, du chien couinant la queue entre les jambes ! Jadis tes ancêtres étaient emplis de courage. Mais n'aies crainte, demain, je ferais le nécessaire pour que ton bâtard sache quel pitoyable sous-homme tu es ! Il préfèrera sans doute porter le nom de sa mère pour ne pas mourir de honte ! Compte sur moi pour lui dire que Morgan Stuart est un lâche, un couard... Quand il aura grandi, tu n'auras pas de femme pour te protéger des crachats qu'il t'enverra à raison au visage. Sur mon sang et mon âme, je te le jure, je vais être ton bourreau, celui qui chaque nuit viendra te faire pleurnicher comme une fillette de terreur. N'oublie pas mon visage, n'oublie pas mes paroles, ne sous-estime pas ma mémoire.

Il rangea l'épée et sans prévenir, il attira Rebecca près de lui pour l'embrasser à pleine bouche. Ses yeux bleus restèrent ouverts et fixèrent le malheureux anglais devant lui. Leur éclat était sombre, qui aurait pu croire que cet azur si dur appartienne à cet enfant danois, toujours souriant, de bonne humeur et plutôt amical ? Édouard finit par mettre un terme à cet échange charnel qui annonçait des événements hautement plus torrides dans les heures à venir. D'un mouvement robuste et assuré, il souleva Rebecca de terre et la porta dans ses bras en sortant de la tente. Dehors, les soldats s'étaient regroupés, pour écouter ce qu'il se disait sous la tente. Quand Édouard sortit, personne n'osa prononcer un mot. Il traversa le campement, non sans exposer fièrement Rebecca, comme un trophée. Le couple arriva dans la tente danoise et le Prince la conduisit à l'intérieur de sa couche. Il la posa doucement sur le matelas de paille entouré de draps et il la regarda quelques instants, en commençant par défaire sa chemise, très doucement. Il n'était plus en colère. Celle-ci avait laissé la place à une excitation bien compliquée à cacher d'ailleurs pendant la traversée. Désireux d'être gentleman jusqu'au bout, Édouard prit une rose dans un vase voisin et la lui tendit avec ces mots prononcés sur un ton doux et sincère :

- Madame, je vous demande d'accepter mes excuses pour le mal que cette situation a pu vous faire. Je n'avais pas l'intention de vous nuire, de vous briser le coeur. Si tel fut le cas, je vous prierais de m'en absoudre... Acceptez ce qui va suivre comme ma volonté de me racheter...

Il se pencha vers elle pour l'embrasser une nouvelle fois, loin des conventions, loin de la bienséance. Cet échange d'abord contrôlé devint vite animal. Quelques minutes plus tard, enlacés l'un contre l'autre, leurs corps ne faisant plus qu'un, Rebecca et Édouard s'adonnèrent au plaisir de la chair, lui n'hésitant pas à râler son plaisir à plein poumons, elle, ne pouvant retenir ses gémissements. A l'extérieur, les soldats se regardaient avec des yeux mi-amusés mi vicelards... ils auraient bien aimé pouvoir faire de même... Mais tous les regards moqueurs se dirigeait vers le dais de Morgan, auquel parvenait de façon un peu lointaine mais parfaitement audible les cris de jouissance des deux cocus.

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