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 Le lieutenant et la prostituée, par une belle après-midi d'hiver

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Gabriel N. de la Reynie


Gabriel N. de la Reynie

« s i . v e r s a i l l e s »
Côté Coeur: Son travail est son seul amour...et éventuellement son fils!
Côté Lit: Quand il a le temps et qu'il est d'humeur, une dame galante et consentante, mais jamais elle devra passer avant sa charge!
Discours royal:



Justicier en chef
La perfection au masculin

Âge : 41
Titre : seigneur de la Reynie, lieutenant général de police
Missives : 260
Date d'inscription : 26/10/2012


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MessageSujet: Le lieutenant et la prostituée, par une belle après-midi d'hiver   Le lieutenant et la prostituée, par une belle après-midi d'hiver Icon_minitime04.12.12 2:38

Le bureau du lieutenant de police était encore et toujours envahit par un capharnaüm indescriptible. Sa table de travail était à peine visible sous le fatras de papiers divers. Monsieur Nicolas de la Reynie était nonchalamment assis sur son fauteuil. Il lisait chacun des papiers un à un. Lorsqu’ils venaient faire le ménage dans la pièce, les servantes avaient pour instruction de ne toucher à aucun papier. Malgré le désordre apparent, de la Reynie savait où se trouvait chaque document et lesquels soulever pour tomber dessus. Ceux de ses subalternes qui avaient tenté de mettre la main sur l’une des fiches dans le bureau du lieutenant, avaient rapidement renoncé.

Cette fin d’après-midi d’hiver était particulièrement froide et tandis que les occupants du bâtiment cherchaient soit à s’occuper soit à inventer un prétexte quelconque pour rentrer plus tôt chez eux. Ils devaient se montrer très inventif car le lieutenant ne tolérait pas les tirs-au-flanc et punissait très sévèrement ceux qui ne semblaient pas suffisamment motivés par la sécurité des citoyens de Paris. De plus, la journée n’avait pas été de tout repos : plus tôt dans la matinée, la police avait été appelée pour mâter une révolte des prostituées. Elles s’étaient attaquées à quelques mousquetaires dans la ville, visiblement sans raison, et en avaient blessés sérieusement quelques-uns. Elles avaient été plus difficiles à attraper que certains bandits et les gardiens de la paix étaient rentrés exténués après les avoir déposées à la Salpêtrière.


- Pour quel motif ces femmes se sont-elles attaquées à des hommes armés ? avait demandé le lieutenant de police lorsqu’on l’avait informé de l’affaire.
- Je l’ignore monsieur, avait répondu d’un air fatigué le commissaire Brunet, sûrement un client qui avait refusé de payer !
- Vous voulez dire, reprit donc la Reynie sans se départir de son calme, que des femmes qui pratiquent une activité illégale se sont regroupées afin de s’attaquer à des hommes œuvrant au service du roi dans le seul but de récupérer quelques pièces d’or ?

Louis-Henri Brunet n’était pas un mauvais policier. Dans sa jeunesse, il avait fait partie de la maréchaussée et avait arrêté un grand nombre de déserteurs qui tentaient de piller des villages. Étant donné qu’il avait résisté aux côtés de la Reynie durant la Fronde, sitôt que celui-ci était entré en fonction, il s’était rappelé à son bon souvenir. Il avait ainsi espérer obtenir un bon poste confortable qui lui éviterait le terrain et où il pourrait couler des jours heureux en attendant la vieillesse. À vrai dire, il était fatigué d’être un homme de terrain. Seulement s’il avait abandonné sa fougue, sa jeunesse et sa vitalité au profit d’une quarantaine mal conservée et d’un embonpoint dû à la cuisine – délicieuse mais un peu trop nourrissante – de son épouse, il n’en était rien de la Reynie. Celui-ci ne se rendait que très rarement sur le terrain, mais il était toujours un travailleur infatigable. Il avait offert à son ancien compagnon d’arme un poste de commissaire, autrement dit il était responsable de la sécurité de toute une zone de Paris, le premier à blâmer en cas de débordement de ses troupes et celui qui était chargé de faire les allers-retours avec l’hôtel de police pour rendre des comptes au lieutenant général. Et la Reynie exigeait d’être informer de toutes les affaires chaque semaine et les commissaires étaient chargés de le tenir au courant en cas d’arrestation massive. Chacun des dix-sept bougres qui avaient obtenu ce poste passaient donc leurs journées à rendre des comptes à la Reynie qui, pour leur plus grand désespoir, retenait parfaitement chacun de leurs mots et leur demandait régulièrement où en était chaque affaire, même la plus insignifiante. Et, sans qu’ils ne sachent comment, la Reynie était au courant lorsque l’un d’eux ne l’informait pas de ce qui se passait espérant ne pas devoir ouvrir une enquête fatigante. Le lieutenant se permettait également de leur faire quelques suggestions lorsqu’ils étaient bloqué de façon à ce que justice soit faite dans des délais plus que raisonnables.

Voilà pourquoi le pauvre Brunet, transpirant malgré le froid d’avoir dû monter l’escalier jusqu’au bureau de la Reynie, se retrouvait une fois de plus en train de justifier son impuissance face à son nouveau métier.


- Bien monsieur, nous tâcherons de tirer cette affaire au clair !
- Voilà précisément ce que je voulais vous entendre dire, Brunet ! répondit la Reynie avec un léger sourire. Et tenez-moi au courant de vos avancements !
- Oui monsieur, comme d’habitude, dit Brunet d’une voix lasse.
- Justement non, Brunet ! Pas comme d’habitude ! D’habitude vous me contraigniez à me renseigner moi-même et je suis las d’avoir recours à ces pratiques !
- Monsieur de la Reynie ! s’offusqua Brunet, je puis vous assurer sur la vie de ma tendre épouse et de mes chers enfants que je ne vous cache rien !
- Alors ça, répondit la Reynie en prenant un document sur son bureau et se plongeant dedans, madame votre épouse et vos petits peuvent dormir sur leurs deux oreilles : « rien », c’est précisément ce que vous me cachez ! Vous ne savez rien car vous ne faites rien ! Qu’il n’en soit point ainsi pour cette fois !
- Bien monsieur ! répondit Brunet en transpirant de plus belle.

Il quitta donc l’hôtel de police en cette fin de matinée en maudissant ce lieutenant trop zélé pour y revenir beaucoup plus tard dans l’après-midi, précisément au moment où le lieutenant se plongeait dans ses papiers en s’installant plus confortablement dans son fauteuil à la lueur des premières chandelles, celles que l’on allume au coucher du soleil, lorsque l’on vint lui annoncer le retour du commissaire Brunet. Celui-ci entra d’un air timide dans le bureau de la Reynie :

- Je vous écoute, dit la Reynie sans lever les yeux de ses notes ne fut-ce que pour proposer un siège au malheureux commissaire.
- C’est concernant cette affaire avec les catins de ce matin…commença Brunet en regardant la chaise libre avec espoir.
- Oui ? répondit distraitement la Reynie sans le regarder, vous avez découvert pourquoi elles s’en sont prises à ces hommes ?
- Non, monsieur.
- Vous m’avez fait peur Brunet, pour un peu j’aurai cru que vous aviez résolu une affaire sans que je ne doive vous presser !

Brunet encaissa le sarcasme avec toute la dignité qu’un homme qui n’en possédait pas pouvait se le permettre et attendit la suite.

- Eh bien, vous n’êtes pas venu jusqu’ici uniquement pour m’informer que vous n’en saviez pas plus, cela, j’aurai pu le deviner seul ! Que venez-vous faire ici ? reprit la Reynie en levant les yeux cette fois.
- C’est que l’une de ces filles, monsieur, désire vous parler !
- Me parler ?

Cette fois, la Reynie était sincèrement étonné. Il connaissait certaines prostituées, bien entendu. Bien que leur métier soit interdit par la loi, elles avaient accès aux secrets les mieux garder de beaucoup de citoyens et formaient donc un réseau de renseignement des plus précieux. Il les laissait donc donner libre cours à leur vice en échange d’informations et ensuite, il faisait venir les commissaires pour leur dire où enquêter. Mais de là à ce que l’une d’elle le réclame directement. C’est alors qu’il sut précisément de qui il s’agissait.

- Oui monsieur, elle dit que vous ne récoltez que ce que vous avez semé et hurle bien des choses à votre égard ! Nous avons tenté de la faire taire…
- Que les gardiens cessent de perdre leur temps, rien ne peut faire taire Rose ! l’interrompit la Reynie.
- Ah bien, monsieur, répondit Brunet qui finissait par savoir qu’il ne finirait jamais d’être étonné par le lieutenant de police.
- Eh bien, faites-moi conduire à la Salpêtrière !
- Maintenant, monsieur ?
- Oui, maintenant !

" Une fois de plus, cette tête de mule a refusé de m’écouter ! "

La Reynie connaissait bien Rose Beauregard, elle était la plus efficace des prostituées à son service, ses mouches de satin comme il les appelait. La jeune femme avait un tel culot qu’elle était l’une des rares personnes du petit peuple à l’appeler par son prénom. Et à vrai dire, elle avait beau l’exaspérer la plupart du temps, il l’appréciait. Quelques jours plus tôt, elle était venue le trouver pour l’informer que des mousquetaires profitaient de leur statut pour houspiller les filles follieuses, les violentant, les forçant parfois à exercer gratuitement leur art. Il pensait qu’il devait y avoir un rapport avec cette histoire lorsque Brunet était venu lui parler ce matin mais il espérait qu’en faisant parler les jeunes femmes, il trouverait un moyen de punir les mousquetaires sans transgresser la loi. Seulement, lorsque sa mouche préférée était venue lui en parler, il lui avait répondu :

- Rose, je ne peux rien faire et tu le sais ! Votre métier est hors-la-loi et si des hommes de sa Majesté vous malmène lorsque vous le pratiquez, je ne vois pas en quoi je puis les en empêcher ! Je t’en prie, ne t’en mêle pas ! Reste bien en-dehors de tout ça.

Ignorant les hurlements de colère de la jeune femme, il s’était promis de trouver une solution sur le long terme : après tout, il avait certains des mousquetaires dans le collimateur depuis un moment. Mais évidemment, lorsque les prostituées s’étaient rebellées, Rose avait été de la partie ! En arrivant à la prison, il demanda à ce qu’on la lui amène et qu’on les laisse seuls.

- Il faut quelqu’un pour votre sécurité monsieur, glapit le commissaire, vous n’imaginez pas la furie que…
- Si, Brunet, si, j’imagine parfaitement, je vous remercie ! Laissez-nous seuls !

Sitôt que la jeune femme fut introduite dans le parloir et que ses instructions furent suivies, il entama la conversation :

- Quand finiras-tu par faire ce que je te demande ?
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Rose Beauregard


Rose Beauregard

« s i . v e r s a i l l e s »
Côté Coeur: Pas de coeur, cela ne cause des troubles de l'humeur et c'est trop fragile. Car quand on le brise, ça fait si mal, un coeur.
Côté Lit: Je ne compte plus les hommes, seulement les pièces qu'il laisse une fois qu'ils ont fait leur affaire.
Discours royal:



    Ô la belle ÉPINE
    pleine de rose


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Titre : Prostituée ; Princesse de Schwarzenberg (faux titre)
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MessageSujet: Re: Le lieutenant et la prostituée, par une belle après-midi d'hiver   Le lieutenant et la prostituée, par une belle après-midi d'hiver Icon_minitime16.12.12 15:57

On peut penser ce que l'on veut du métier de prostituée : que cela était facile, que l'on gagnait des fortunes et que les clients savaient se tenir. Rose vous dirait non aux trois clichés qu'elle détestait qu'on lui lançait. Se prostituer n'était pas une chose facile et ne faisait pas d'elle une fille facile. Il n'était pas donner à tout le monde de vendre son corps de la sorte, il fallait un certain mental pour l'accepter, de s'oublier un peu pour quelques pièces, et ce n'était pas parce qu'on couchait pour de l'argent que le client devait faire n'importe quoi, ne différenciant pas prostituée et traînée. La fortune n'était malheureusement pas au rendez vous. Peut être pour ces demi-mondaines, celles qui œuvraient chez les riches et avaient l'avantage d'avoir un titre à la Cour pour se le permettre discrètement mais où tout se savait finalement. En y réfléchissant Rose aurait du faire pareil, faire du tapin de luxe, elle y aurait gagné au change sans aucun doute. Car avec le pourcentage que prenait la maquerelle, il ne restait souvent que la moitié des gains qui fluctuaient en fonction du nombre de clients, de ce qu'ils voulaient, du temps passé avec eux … Rose avait l'avantage d'être très belle et aussi connue dans sa maison close, ce qui faisait qu'elle avait beaucoup de clients mais pouvait choisir. Mais sa double vie lui faisait puiser dans ses économies, qui n'étaient pas si immenses malgré le travail fourni … Quant au dernier, non tous les hommes ne savaient pas se tenir ! En témoigne l'altercation de la matinée.

Le matin, la maison close était fermée et c'était le moment du ménage, rangement et tâches ménagères quotidiennes. Les filles briquaient et rangeaient quand on vint cogner à la porte. Christine, la maquerelle sans âge, ouvrit et tomba sur une troupe d'hommes, des mousquetaires précisément.

Ah, messieurs, vous venez un peu tôt !
Mais y a pas d'heure madame pour l'amour ! railla l'un d'eux.
Si, il y en a un. Comme il y a un prix.

Et elle voulut fermer la porte mais l'un d'eux en empêcha et poussa pour entrer à l'intérieur. Rose se trouvait dans le salon à épousseter quand elle décida de s'en mêler, avec son franc-parler et son caractère.

Elle a dit que c'était fermé ! Ils recrutent à la connerie chez vous.
Toi on t'a pas sonné … mais on pourrait faire autre chose.
Dans tes rêves le laideron. Et encore !

Et c'est ainsi que débuta une bataille acharnée pour empêcher ces hommes d'entrer. Toutes les filles, ayant appris plus ou moins à se défendre à force d'attaque, avaient toutes une petite arme de fortune pour pouvoir frapper en cas de besoin. Elles étaient plus nombreuses mais surtout plus enragées, en ayant assez de ces hommes sans éducation qui se croyaient tout permis à cause de leur rang ! Rose n'avait jamais hésité à frapper, ni avec ses poings, si avec cette espèce de batte en bois qui cassa des dents à l'un d'eux. Des prostituées contre des mousquetaires, on avait tout vu dans Paris ! Cela commençait à rameuter les foules qui ne comprenaient pas l'affaire mais regardaient le spectacle d'un œil avide. Cela aurait pu durer si une des filles ne se mit pas à hurler :

LA POLICE ! Courons !

En effet, la prostitution n'était pas bien légale, l'Île d'Or ne restait ouverte qu'avec l'appui de certaines personnes hautement placées qui y avaient leurs habitudes. Mais le lieutenant de police La Reynie se moquait de ce genre de favoritisme et faisait régner la justice. Alors si les jeunes femmes restaient dans leur maison, à la limite il fermait les yeux, mais faire du tapage dans les rues de Paris, ça n'allait plus. D'un coup, les jeunes femmes se mirent à courir dans tous les sens, empruntant différentes rues pour fuir aux policiers. Rose avait fait de même, connaissant très bien le sort qu'on infligeait aux filles de sa condition : l'enfermement à La Salpetrière. Seulement, toutes ne purent pas s'échapper et Rose avait pris du retard car un mousquetaire avait tenté de la retenir, déchirant une partie de son jupon et la voilà qui courait avec une partie de sa jupe fendue jusqu'à mi-cuisse. Et même quand on l'attrapa, elle continua de se débattre telle une furie, mordit même l'un d'entre eux mais rien n'y fit, elle serait enfermée avec les autres. Le passage en charrette dans Paris montrait aux yeux de tous qui elles étaient et Rose ne baissaient pas pour autant les yeux, les mains liées et incapable de bouger.

La Salpetrière était un endroit détestable où l'on enfermait les gens qu'on ne voulait pas voir dans Paris : les mendiants, les vagabonds, les bohémiens et surtout les prostituées. Tout cela sous le couvert de religieux faisant la morale aux filles de joie. Et quelle humiliation que de devoir changer ses vêtements pour ces robes blanches, prendre un bain comme pour purifier et avoir tout ce sermon sur la vertu et le chemin de vie de ces débauchées qui n'iront pas au paradis. Rose y avait été enfermée plusieurs fois mais, fort heureusement on ne la condamnait jamais, elle ressortait souvent assez vite. Et là, elle avait une nouvelle carte qu'elle jeta en interpellant un policier.

Hé toi, dis au lieutenant La Reynie de venir !
Et pourquoi il se dérangerait pour toi ?
Parce qu'il me connaît et que s'il vient pas, je ferais un scandale !

L'homme ne fit que lui rire au nez et partit. Bien, puisqu'en demandant gentiment, on obtenait rien, Rose passa le reste de la journée à hurler qu'elle voulait voir le lieutenant-général de police, bouscula même une sœur qui lui demandait de se calmer. Personne ne la ferait taire, tant qu'on ne répondra pas positivement à se requête. Toute la journée, ce fut le même scandale, cette rengaine où elle ne s'arrêtait. Si, on crut un moment qu'elle s'arrêtait mais Rose buvait juste pour mieux reprendre ses revendications. A tel point qu'un homme vint la voir en milieu d'après midi, un commissaire de police si elle reconnaissait bien l'habit.

C'est toi qui fait tout ce raffut ? Que veux tu ?
Vous n'avez clairement pas inventé la poudre dans la police. Je veux voir ton chef ! hurla t'elle, comme si elle ne l'avait pas assez répété
Monsieur de La Reynie a des affaires et …
Je me fous de ce qu'il a à faire ! Cet imbécile m'a mis en prison, il va m'en sortir ! Je ne suis pas une dinde qu'on met en cage et s'il me laisse ici, il aura à faire à moi !

L'homme acquiesça et partit. Avait-il compris celui-ci ? Il n'avait pas l'air bien intelligent mais cela la calma quelques minutes avant de reprendre ses revendications, jusqu'à ce qu'on la sorte de sa salle pour lui dire que le lieutenant de police était là. Comme quoi, cela servait de réclamer encore et encore, Rose eut un petit sourire mais restait malgré tout en colère alors qu'elle entrait dans la pièce où Gabriel se trouvait. Elle le toisa du regard et resta à l'autre bout de la pièce, croisant les bras.

Quand finiras-tu par faire ce que je te demande ?
Quand je l'aurais décidée. Je resterais pas entre ces murs avec ces bonnes femmes qui me font la charité alors que je n'ai fait que me défendre !
lâcha t'elle avec fureur. Pourquoi est-ce toujours nous qui devons subir l'enfermement alors pour une fois, nous étions tranquilles ? Je ne sais pas comment les mousquetaires sont recrutés mais c'est certainement pas sur l'intelligence et la politesse ! Un peu comme tes policiers !

Elle poussa un soupir rageur et fit les cent pas. Il était hors de question qu'elle reste là. Elle avait une autre vie et de l'argent à gagner, aucun temps à perdre entre quatre murs à recevoir la charité.

Gabriel, tu vas me faire sortir d'ici et chercher les vrais coupables. Je ne paierais pas pour des sales types qui ne savent pas se tenir ni pour l'incompétence de tes hommes. On a pas frappé des mousquetaires sans raison, y a pas marqué sauvage sur mon front. Ils nous ont attaquées ce matin alors qu'on ne travaillait même pas ! Ils ont voulu forcer l'entrée, on a fait que se défendre ! Ce n'était que justice !

Le dernier mot fut martelé plus fort que les autres. Ce n'était pas parce qu'elle était marginale qu'elle ne devait pas pouvoir bénéficier d'une certaine justice aussi !
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Gabriel N. de la Reynie


Gabriel N. de la Reynie

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MessageSujet: Re: Le lieutenant et la prostituée, par une belle après-midi d'hiver   Le lieutenant et la prostituée, par une belle après-midi d'hiver Icon_minitime02.01.13 3:17

Gabriel devait s’accrocher au souvenir des exploits de Rose, tous ceux où elle lui avait fournit des informations cruciales et l’avait aidé à avancer dans les enquêtes les plus délicates pour ne pas la planter là, derrière les barreaux afin de lui apprendre la vie. Son seul défaut était son manque évident de discrétion et le fait qu’elle ait clabaudé à tout vent qu’elle connaissait personnellement le lieutenant de la Reynie n’allait pas arranger ses affaires. Déjà, il avait permis qu’elle le tutoye et avait finalement décidé d’en faire autant. Elle se permettait beaucoup de choses avec lui car elle lui était utile mais il ne fallait pas qu’elle dépasse les bornes. Mais c’était trop demander à la sulfureuse Rose, toujours prête à exploser. À quoi pensait-il lorsqu’il lui avait demandé de rester calme quoiqu’il arrive ?

Il s’assit calmement tandis que la jeune femme gigotait comme une possédée. Si elle continuait à agresser tout le monde, ce n’est plus à la Salpêtrière qu’il devrait aller la chercher mais directement chez un prêtre exorciste ! Il lui avait demandé gentiment de respecter ses instructions et elle s’était évidemment mise en colère.


- Quand je l'aurais décidée. Je resterais pas entre ces murs avec ces bonnes femmes qui me font la charité alors que je n'ai fait que me défendre !
- À t’écouter, c’est toujours de la faute des autres !
- Pourquoi est-ce toujours nous qui devons subir l'enfermement alors pour une fois, nous étions tranquilles ? Je ne sais pas comment les mousquetaires sont recrutés mais c'est certainement pas sur l'intelligence et la politesse ! Un peu comme tes policiers !


Sur ce dernier point, Gabriel ne pouvait pas vraiment lui donner tort, un coup d’œil à la porte lui rappela Brunet qui faisait pourtant partie des plus capables de ses recrues. Quant aux mousquetaires, beaucoup mourraient non pas en mission mais en se battant en duel, ce qui était aux yeux de la Reynie, la mort la plus stupide qui soit. Il avait tenté d’intervenir dans le recrutement des mousquetaires mais s’était violemment heurté à un mur.

- Ne le prends pas de haut je te prie, dois-je te rappeler que votre métier est parfaitement illégal et que si je faisais correctement mon travail, cela fait longtemps que j’aurai fait fermé la maison de tolérance qui vous abrite toi et tes amies ?

Il jugea inutile de rajouter qu’il les protégeait car les prostituées lui étaient utiles ! Il pouvait dire ça à n’importe laquelle de ses semblables mais pas à Rose. La jeune femme était déjà suffisamment énervée, il ne fallait donc pas rajouter de l’huile sur le feu.

- Gabriel, tu vas me faire sortir d'ici et chercher les vrais coupables. Je ne paierais pas pour des sales types qui ne savent pas se tenir ni pour l'incompétence de tes hommes. On a pas frappé des mousquetaires sans raison, y a pas marqué sauvage sur mon front. Ils nous ont attaquées ce matin alors qu'on ne travaillait même pas ! Ils ont voulu forcer l'entrée, on a fait que se défendre ! Ce n'était que justice !
- Tu as fini ?
demanda le lieutenant de police, étrangement calme à côté de la jeune femme en fureur qui se tenait à ses côtés.

- Premièrement Rose, permets-moi de te rappeler que c’est toi qui travaille pour moi et non l’inverse alors je te prierai de cesser de m’aboyer des ordres à tout va!

Il n’avait jamais autant dû rappeler ce point avec aucune de ses mouches. Néanmoins il avait prit le parti de garder son attitude insupportablement détendue et il poussa le vice jusqu’à lui adresser un petit sourire chaleureux.

- Et calme-toi avant de proclamer haut et fort que tu n’es pas une sauvage, ton attitude pourrait prêter à confusion !

Il espérait de toute son âme que la jeune femme saisirait le message et arrêterait de hurler.

- Je veux autant que toi arrêter ces malfrats. Certes, tu n’es pas tombée sur le plus qualifié de mes hommes, nous sommes d’accord. J’aurai donc plus que jamais eu besoin de toi mais je ne peux plus compter sur tes services maintenant, cela te plairait-il de savoir pourquoi ?

Rien dans le ton du lieutenant de police ne laissait supposer qu’il était en colère contre la jeune femme. Et pourtant, il était furieux. Son flegme en avait trompé plus d’un, ceux-ci avaient cru inutile de le craindre. Bien mal leur en pris et il espérait que Rose ne commettrait pas la même erreur.

- Car tu as hurlé à qui voulait l’entendre que tu connaissais personnellement le lieutenant la Reynie, m’a réclamé de toutes tes forces à travers la prison. Tu voudrais faire savoir à toute la pègre de Paris que tu fournis des informations à la police que tu ne t’y serais pas mieux prise ! Tu es une femme intelligente Rose, ce genre d'erreur n'est pas digne de toi!

Une excellente informatrice, une mouche des plus bourdonnantes, et voilà qu’elle avait grillé sa couverture sur un coup de tête. Gabriel était en colère. Il y avait bien une solution pour rattraper les choses de ce côté-là mais il savait qu’elle n’accepterait jamais de s’y résoudre.

- J’aurai appris ce qui t’es arrivée ce matin, n’as-tu donc pas compris que je sais absolument tout ce qui se trame à Paris et dans les environs ? Je l’aurai su et je serai venu te délivrer discrètement, sans faire de vagues. Mais maintenant, que va-t-il se passer si je te rends la liberté directement ?

Il lui laissa le temps de digérer ses paroles avant de continuer.

- Mais non, tu as manqué de patience, une fois de plus ! Alors tu as alerté toute la Salpêtrière jusqu’à ce que je vienne. On sait jusque dans mon hôtel de police que nous nous connaissons désormais ! Si je te délivre en plus, on ne laissera aucun doute sur la question !

Il se leva et commença à arpenter le bureau en faisant mine de réfléchir. Mais il avait déjà tout pensé.

- Donc tu resteras en prison pour un petit temps. Je te ferai simplement transférer dans une cellule individuelle afin que personne ne commandite ton meurtre histoire d’éviter que tu ne me racontes ce qui se passe ici !Et puis, avouons-le, un peu d'isolement te sera profitable

La Reynie devait bien avoué qu’il éprouvait un plaisir coupable en observant la réaction de Rose face à ses décisions mais il devait jouer la plaisanterie à fond s’il voulait sortir sa mouche de là tout en effaçant son ardoise.
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Rose Beauregard


Rose Beauregard

« s i . v e r s a i l l e s »
Côté Coeur: Pas de coeur, cela ne cause des troubles de l'humeur et c'est trop fragile. Car quand on le brise, ça fait si mal, un coeur.
Côté Lit: Je ne compte plus les hommes, seulement les pièces qu'il laisse une fois qu'ils ont fait leur affaire.
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MessageSujet: Re: Le lieutenant et la prostituée, par une belle après-midi d'hiver   Le lieutenant et la prostituée, par une belle après-midi d'hiver Icon_minitime24.02.13 17:00

À t’écouter, c’est toujours de la faute des autres !

C'est vrai que Rose n'était pas du genre à se remettre perpétuellement en question et il était souvent plus facile d'accuser le reste du monde que de reconnaître ses propres torts. Mais là, clairement, ce n'était pas sa faute, elle n'avait fait que se défendre face à des sales types qui pensent profiter de leur uniforme pour se croire tout permis ! Pour qui se prenaient-ils ? Hommes du roi ou pas, la politesse existait, même face à des prostituées, qui avaient aussi le droit à un peu d'humanité. Rose ne demandait pas qu'on la traite en princesse, mais un non, c'est non, point barre. Et qu'on ne respecte as cette simple règle mettait la jeune femme hors d'elle. Depuis toujours, Rose Beauregard avait été une tête brûlée, une fille qui ne se laissait pas marcher sur les pieds, pour la simple bonne raison qu'elle ne voulait pas être considérée comme une moins que rien. Cela pouvait vous paraître en contradiction avec son métier mais à ses yeux, ce n'était pas incompatible. Quelques pièces ne donnaient pas le droit aux hommes de tout se permettre, et avant tout, avant d'être une prostituée ou une femme, elle était un être humain. Avec une âme, des sentiments et une cause à défendre, et peu de gens le comprenaient. Qu'importe, s'il fallait taper du poing, elle le ferait, s'il fallait s'indigner, elle s'indignerait aussi ! La preuve en cet instant où elle s'était lancée dans une tirade explicative de son geste pour montrer qu'elle ne pouvait pas toujours être en tort et qu'il fallait cesser de voir les hommes en uniforme comme des jolis agneaux incapables de faire du mal.

Tu as fini ?
Pas vraiment mais tu as l'essentiel.
répondit elle d'un air fier.
Premièrement Rose, permets-moi de te rappeler que c’est toi qui travaille pour moi et non l’inverse alors je te prierai de cesser de m’aboyer des ordres à tout va!
Je …
Et calme-toi avant de proclamer haut et fort que tu n’es pas une sauvage, ton attitude pourrait prêter à confusion !


Cela la stoppa net dans son discours. La bouche entrouverte, prête à aboyer de nouveau, elle se stoppa dans son élan et finalement referma la bouche et fronça les sourcils avant enfin de soupirer comme pour capituler temporairement. Cette attitude valait mille mots pour comprendre ce qu'elle pensait, que la jeune femme n'était pas contente mais que Gabriel avait raison …

Je veux autant que toi arrêter ces malfrats. Certes, tu n’es pas tombée sur le plus qualifié de mes hommes, nous sommes d’accord. J’aurai donc plus que jamais eu besoin de toi mais je ne peux plus compter sur tes services maintenant, cela te plairait-il de savoir pourquoi ?
Dis toujours.
Car tu as hurlé à qui voulait l’entendre que tu connaissais personnellement le lieutenant la Reynie, m’a réclamé de toutes tes forces à travers la prison. Tu voudrais faire savoir à toute la pègre de Paris que tu fournis des informations à la police que tu ne t’y serais pas mieux prise ! Tu es une femme intelligente Rose, ce genre d'erreur n'est pas digne de toi!
Faux ! J'ai dit que TU me connaissais … La nuance est de taille quand on sait que tu traques les prostituées et les trouble-fêtes et que je suis un mélange des deux. Et dis pas ce qui est digne ou pas de moi, tu n'as pas à me juger. Tu ne sais pas ce qu'il se passe ici, tu ne viens qu'en parade.


Elle était en colère, le ton dur était sans appel, tout comme son regard vert qui s'était assombri et aurait bien lancé des éclairs si cela aurait été possible ! Et peu importe ce que disait le lieutenant de police, perdant lui aussi son calme, rien ne la fera changer d'avis. Il serait venu, mais quand ? Rose refusait de rester dans cet établissement, elle avait arpenté ces couloirs et vécut dans ces cellules plus d'une fois, elle s'en souvenait que trop bien et refusait de rester une seconde de plus entre ces murs. Puis comment cela se passerait-il sans elle à l'Île d'Or ? S'ils revenaient ! Et son fils ? Rose avait promis à Catherine qu'elle passerait voir son fils, Raphaël devait se faire une joie de revoir sa mère, lui qui a été souffrant quelques temps et Catherine ayant refusé que Rose s'expose. Et elle avait beau voir Gabriel de La Reynie mécontent de son attitude, elle pensait qu'il pourrait la faire sortir quand même, que ce n'était qu'un sermon pour essayer de la contrôler une fois de plus, tenter de la raisonner vainement.

Donc tu resteras en prison pour un petit temps. Cette phrase tomba comme un couperet. Je te ferai simplement transférer dans une cellule individuelle afin que personne ne commandite ton meurtre histoire d’éviter que tu ne me racontes ce qui se passe ici ! Et puis, avouons-le, un peu d'isolement te sera profitable.
Tu … me laisses ici ?
lâcha t'elle, incrédule.

Non, elle ne s'attendait pas à ça, pas à un tel sort de la part de son « patron », de celui qu'elle informait de temps à autre. Cela se voyait sur son visage toute la surprise de ces paroles. D'un coup, la tigresse se calma et après la colère, ce fut une sorte de tristesse infinie et d'incompréhension. Elle restas silencieuse de longues secondes, essayant de se contenir et de retrouver une certaine dignité.

Et combien de temps vas tu me laisser ici ? demanda Rose, toujours abasourdie par la nouvelle.

Elle ne pouvait pas rester entre ces murs, ce n'était pas elle, ce n'était pas sa façon de vivre, ce n'était pas sa place ! Elle haïssait ces lieux, les personnes qui étaient sensés « l'aider » mais qui ne faisait que la juger et lui faire de vaines morales, stupides et de façon si arrogante, comme si ces personnes savaient vraiment ce qui était bien et comment la vie se passait dans Paris. Après avoir avalé difficilement sa salive et pris une bonne respiration, Rose s'avança vers Gabriel, plus calme mais non mois menaçante.

Parce que tu crois que j'ai peur qu'on essaie de me tuer ? Je me fous de ta cellule individuelle, tu pourrais même me mettre le roi en garde du corps que je trouverais ça stupide. Au contraire, m'isoler me rendra plus suspecte encore. Si les gens pensent que je te connais, je saurais les envoyer se brosser, tu sais bien que la bave du crapaud n'empêche pas la caravane de passer.

Non, elle n'était pas contente, tout son corps tendu le montrait bien ainsi que le sérieux de son visage. Elle n'avait peur de personne en ces lieux, et encore moins qu'on la tue.

Mais me laisser ici est la pire des erreurs. Je suis beaucoup plus utile dehors. Et comment feront les filles sur ces pervers reviennent ? Elles savent se défendre que quand on les motive, sinon ce ne sont que des dindes, adorables et sans méchanceté, mais pas bien futées. Et mon fils ? Toi qui a un enfant, tu devrais savoir que je ne peux pas encore repousser de le revoir, sinon quelle mère indigne je ferais. Laisse moi sortir … ou aide moi à m'évader si tu préfères.

Demander à l'homme le plus intègre de la police d'aider à une évasion pouvait paraître insensé mais Rose n'avait rien à perdre en proposant toute idée susceptible de la faire sortir d'ici plus vite !

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Gabriel N. de la Reynie


Gabriel N. de la Reynie

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Côté Coeur: Son travail est son seul amour...et éventuellement son fils!
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MessageSujet: Re: Le lieutenant et la prostituée, par une belle après-midi d'hiver   Le lieutenant et la prostituée, par une belle après-midi d'hiver Icon_minitime12.03.13 1:17

Le lieutenant de la Reynie ne se serait pas donner autant de mal pour chacune de ses mouches : si toutes avaient eu le même comportement que Rose, cela fait longtemps qu’il les aurait laissé tomber. Rose avait donc de la chance de lui être si précieuse. Il espérait sincèrement que cette fois-ci, la leçon porterait ses fruits et qu’elle apprendrait à se dominer. Ce n’était pas pure cruauté qu’il jouait à ce petit jeu mais bien dans son intérêt. Il espérait sincèrement qu’elle finirait par s’en rendre compte. Il connaissait peu de personnes aussi fières que la prostituée et il l’aimait bien pour cette force de caractère. Le problème c’est que cela lui jouait souvent des tours et attirait un peu trop l’attention alors que son travail demandait un minimum de discrétion. Néanmoins, il ne se sentit pas fier en la voyant se décomposer. S’il n’avait aucun scrupules à briser les rêves des criminels et se sentaient heureux en les voyant renoncer à leur orgueil, il aimait bien Rose. Elle était turbulente, pas dangereuse. Il s’en voulait un peu de la voir comme ça, un petit peu seulement.

- Et combien de temps vas-tu me laisser ici ?
- Le temps qu’il faudra pour que les choses se tassent. Si tu étais restée tranquille, tu serais déjà dehors mais en clabaudant à tout vent que tu…pardon, que JE te connaissais puisque tu préfères, tu auras toute la vermine sur le dos dès que tu mettras le nez dehors. Si je fais ça, c’est pour ta sécurité.
- Parce que tu crois que j'ai peur qu'on essaie de me tuer ?
- Je sais que tu n’as peur de rien, dit-il avec un petit sourire.


Ce n’était pas cruel, mais il admirait sincèrement le courage de la jeune femme.

- Je le sais bien, insista-t-il. Mais je ne veux pas qu’il t’arrive quelque chose, que veux-tu, tu m’es précieuse ! Aussi iras-tu dans cette cellule individuelle.
- Je me fous de ta cellule individuelle, tu pourrais même me mettre le roi en garde du corps que je trouverais ça stupide. Au contraire, m'isoler me rendra plus suspecte encore. Si les gens pensent que je te connais, je saurais les envoyer se brosser, tu sais bien que la bave du crapaud n'empêche pas la caravane de passer.


Le lieutenant avait négligé en improvisant son histoire, le fait que si Rose frémirait à l’idée d’être enfermée dans une cellule individuelle, celui que ce n’était pas la meilleure des idées ne lui échapperait pas.

- Mais me laisser ici est la pire des erreurs. Je suis beaucoup plus utile dehors.
- Pas tant que les gens te soupçonneront. Laisse-moi faire !
- Et comment feront les filles sur ces pervers reviennent ?
- Elles savent se défendre, il suffit de voir l’état des mousquetaires de ce matin. Tu sais que j’en suis presque à les plaindre ?
- Elles savent se défendre que quand on les motive, sinon ce ne sont que des dindes, adorables et sans méchanceté, mais pas bien futées.


Le lieutenant de police n’était pas tout à fait d’accord : certes, la plupart des compagnes de Rose n’avaient pas l’air plus malignes que ces horribles petits chiens que certaines dames promenaient partout à la Cour mais certaines parvenaient parfaitement à s’en sortir. La seule chose qu’il leur reprochait, était leur manque d’honnêteté et leurs aptitudes à commettre quelques larcins. Il n’y avait pas à dire, ces filles-là, c’est moins intelligent qu’un dauphin mais ça vole !

- Et mon fils ? Toi qui a un enfant, tu devrais savoir que je ne peux pas encore repousser de le revoir, sinon quelle mère indigne je ferais. Laisse-moi sortir … ou aide-moi à m'évader si tu préfères.

Il est vrai que depuis la naissance de son fils, le lieutenant de la Reynie avait du mal à feindre l’indifférence lorsque l’on parlait d’enfant. Et Rose le savait. Mais comme Gabriel n’avait réellement l’intention de laisser la jeune femme en prison, il n’eut aucun problème à ne pas flancher. D’ailleurs, s’il avait décidé de ne pas la laisser pourrir en prison, c’était en partie à cause de son fils. Il aimait son petit Florent, mais il se sentait faiblir parfois à cause de lui.

- Il fallait y penser avant de commencer à t’énerver comme tu l’as fait ! Je n’ai absolument aucun intérêt à te faire évader – et j’en ai assez de le répéter. Que veux-tu : pas de bras, pas de chocolat ! Quant à te faire évader, je ne vais même pas perdre mon temps à y répondre.

Gabriel observa sa mouche, se demandant si la leçon n’avait pas assez durer. Il est vrai que la jeune femme semblait réellement ébranlée. Ce n’était pas très gentil de sa part, mais Gabriel se sentit satisfait de voir qu’il y avait quand même quelque chose qui pouvait ébranler Rose. Il ne devait donc pas lui dire tout de suite qu’il avait effectivement l’intention de la faire évader. Cela ne l’étonnait pas en vérité : la jeune femme ne devait pas être le genre à supporter d’être enfermée.

- Je t’aime bien Rose, crois bien que le fait d’en arriver là me désole au moins autant que toi. Je suis sûre que ton fils te pardonnera ton retard, je ne vais pas non plus te laisser ici indéfiniment. Tout va dépendre de l’ampleur des dégâts dehors.

Gabriel se leva et fit le tour de la cellule, sentant enfin sa colère s’apaiser. Il était de nouveau totalement maître de lui-même. Bien, pour que son plan marche, il fallait que Rose se remette à hurler. La jeune femme était trop intelligente pour être facilement manipulée, il devrait donc la faire sortir de ses gonds ! Heureusement, ce n’était pas un défi trop difficile. Il avait l’habitude de ce type de procédure !

- Ceci dit, qu’est-ce que tu espérais en pratiquant ce métier ? Il est parfaitement normal que tu te trouves dans ce genre de situation après, c’est même un miracle que tu n’aies pas eu plus d’ennuis avec la vie que tu mènes ! Tu viens me parler de justice alors vous êtes autant dans l’immoralité que l’illégalité ? Dis-moi Rose, était-ce si difficile de te lancer dans une activité respectable ? Parce que te vautrer dans la fange avec des hommes sales et peu recommandables tel le bon roi Henri prenant des petites paysannes en pleine campagne, mélangeant leurs puces et leurs poux, ce n’est pas un métier. Comment peux-tu regarder ton fils dans les yeux ?

Gabriel ne se sentit pas fier. Oh, il n’était pas aussi sentimental avec tout le monde, mais il appréciait réellement la jeune femme. Gentiment la manipuler était une chose, la blesser en était une autre. Quand il s’agissait d’une affaire où il devait extorquer des informations, il n’avait aucun scrupule, il pouvait même aller beaucoup plus loin que ça. Mais Rose était une alliée à qui il donnait une leçon pour reprendre le contrôle sur elle. Elle avait fait un peu trop de tapage, c’était sûr, mais elle ne méritait pas un tel traitement. Il se calma instantanément et s’approcha de la jeune femme :

- Pardonne-moi, tu ne méritais pas de tels propos. Que veux-tu, l’amour de la Justice m’a rendu un peu sans cœur, j’en ai peur ! J’ai peut-être une idée, mais j’ai besoin que tu hurles encore et toujours à l’injustice, comme tu sais si bien le faire.
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Rose Beauregard


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MessageSujet: Re: Le lieutenant et la prostituée, par une belle après-midi d'hiver   Le lieutenant et la prostituée, par une belle après-midi d'hiver Icon_minitime24.05.13 21:35

Rose n'aimait pas l'enfermement et ne voyait pas l'intérêt qu'on la laisse en ces lieux sordides, sans âme et surtout sans sa liberté. Certes, elle avait peut être fait une erreur, avait un peu trop ouvert sa bouche mais comment changer un tel caractère ? La jeune femme n'aimait pas que l'on empiète sur sa vie, qu'on l'empêche d'être tranquille, de vivre sa vie comme elle l'entendait. Cela valait pour les mousquetaires qui avaient attaqué, mais aussi contre le lieutenant-général de police face à elle. Au fond d'elle pourtant, elle savait que La Reynie faisait son travail, qu'il était un homme intègre et qu'il était difficile d'avoir des passe-droits avec lui. Mais que voulez-vous, Rose avait aussi son propre caractère et il était difficile pour ces deux-là de se comprendre parfois, surtout quand chacun restait campé sur ses positions, Rose la première.

Elle était tellement emmitouflée dans son fichu caractère qu'il était impossible pour elle qu'on la laisse en ces lieux où elle était passée plusieurs fois, y avait toujours gardé un mauvais souvenir. Alors elle pensait à toutes les suppositions, même à ce que l'homme de loi l'aide à s'évader.

Il fallait y penser avant de commencer à t’énerver comme tu l’as fait ! Je n’ai absolument aucun intérêt à te faire évader – et j’en ai assez de le répéter. Que veux-tu : pas de bras, pas de chocolat ! Quant à te faire évader, je ne vais même pas perdre mon temps à y répondre.

Le regard était plus que noir, mais c'était aussi pour cacher une certaine fragilité, la peur de revivre en ces lieux ces pénibles pénitences, ces sermons sans fin et ces nuits sans dormir car d'autres filles hurlent leur désespoir en pleine nuit. C'était aussi être humiliée, être considérée comme une moins que rien par des gens de Dieu qui devraient l'aider à trouver leur soi-disant bon chemin mais n'aidait qu'à s'enfoncer dans la culpabilité d'être une personne à part dans la société, une paria de la pire espèce. Ce genre de discours ne devrait pas toucher une femme si froide et indépendante que Rose mais pourtant c'était le cas, elle en avait plus qu'assez d'être rabaissée en ces lieux. Et pourtant, elle devrait se résoudre à y rester, Gabriel ne semblait pas porter sur l'évasion.

Je t’aime bien Rose, crois bien que le fait d’en arriver là me désole au moins autant que toi. Je suis sûre que ton fils te pardonnera ton retard, je ne vais pas non plus te laisser ici indéfiniment. Tout va dépendre de l’ampleur des dégâts dehors.
Et les dégâts ici, tu en fais quoi ? Tu ne sais rien de ce qui se passe entre ces murs, tout le monde s'en moque alors qu'ici, des gens qui disent vouloir aider ne font que briser des jeunes femmes. J'ai appris à encaisser les coups, pas tout à fait mais c'était bien là la fierté de la prostituée, mais il y a des filles qui sont fragiles, des petites choses avec des états d'âme à qui on martèle sans cesse qu'elles ne sont rien d'autres que des mauvaises filles et qu'elles brûleront en enfer. Alors tu vois, ce qu'il se passe dehors je m'en fous. Quoique tu fasses, même si tu avais des hommes compétents, Paris sera toujours remplie de fous et de dangereux individus, même en uniforme !


Le coup des hommes compétents étaient une petite pique car Gabriel avait beau être un homme intelligent, ce n'était pas toujours le cas de ses lieutenants, la plupart étant des imbéciles complets. Elle avait espéré qu'il redevienne d'ailleurs assez intelligent pour se rendre compte que la laisser là était une erreur. Elle le regarda se lever, croisa les bras et ne cessait le fixer d'un ton dur. Elle était dure, elle le disait elle-même : je plie, mais ne romps pas. Cela pourrait être sa devise.

Ceci dit, qu’est-ce que tu espérais en pratiquant ce métier ? Il est parfaitement normal que tu te trouves dans ce genre de situation après, c’est même un miracle que tu n’aies pas eu plus d’ennuis avec la vie que tu mènes ! Tu viens me parler de justice alors vous êtes autant dans l’immoralité que l’illégalité ? Dis-moi Rose, était-ce si difficile de te lancer dans une activité respectable ?
QUOI ?
Hurla t'elle.
Parce que te vautrer dans la fange avec des hommes sales et peu recommandables tel le bon roi Henri prenant des petites paysannes en pleine campagne, mélangeant leurs puces et leurs poux, ce n’est pas un métier. Comment peux-tu regarder ton fils dans les yeux ?

Ces propos étaient absolument odieux et ils laissèrent la jeune femme sans voix tellement cela la scandalisait. Elle se raidit et son regard si clair habituellement était rempli de haine. Lorsque Gabriel s'approcha d'elle pour lui parler, le geste partit tout seul : elle lui mit une gifle monumentale, peu importe qu'il soit l'homme le plus haut gradé de la police. C'était même hautement justifié pour la jeune femme, même si elle aurait pu éviter un tel geste si elle avait écouté les paroles de celui qui l'employait :

Pardonne-moi, tu ne méritais pas de tels propos. Que veux-tu, l’amour de la Justice m’a rendu un peu sans cœur, j’en ai peur ! J’ai peut-être une idée, mais j’ai besoin que tu hurles encore et toujours à l’injustice, comme tu sais si bien le faire.
Tu l'as bien méritée quand même
, murmura t'elle entre les dents.

Il s'était excusé, ne pensait pas ses paroles, cela était mieux que rien. La gifle était tout de même légitime aux yeux de la prostituée pour tout ce qu'il avait fait jusque là. Mais s'il avait une idée en tête, autant le suivre. Il fallait encore hurlé ? Soit, c'était dans ses cordes. Même s'il ne le pensait pas, le lieutenant-général de police avait sorti assez d'insultes pour qu'elle hurle à gorge déployé.

Moi au moins je peux regarder mon enfant dans les yeux, parce que je le vois, je ne fais pas mon métier jour et nuit. Et si je travaille ainsi, c'est pour lui ! Je suis pas une de ses cruches qui s'achètent des diamants en espérant un jour devenir une grande dame ! Je travaille pour faire de mon garçon quelqu'un qui aura à manger tous les jours ! Peu importe le métier qu'on fait tant qu'on le fait avec intégrité. Et je préfère encore écarter les jambes pour une pochtron que d'être insultée par un chef qui ne sort de son bureau que trois fois l'an ! cria t'elle avec entrain, même si la colère était passée, elle pouvait se défouler. Et ta justice, elle est belle ta justice ! Appliqué sans relâche au soin de me punir, au comble des douleurs tu m’as fait parvenir. Ta haine a pris plaisir à former ma misère ; J’étois né pour servir d’exemple à ta colère, pour être du malheur un modèle accompli. Tu m'insultes mais je suis une personne intègre et honnête, tu ferais mieux de jeter tes horreurs sur de vrais criminels.

C'était pas mal, elle revendiquait, critiquait la justice royale, disait en gros que La Reynie était un incapable, les gens devaient se demander ce qu'il se passait, que Rose était sacrément en pétard. Elle poussa un profond soupir après sa tirade les yeux au ciel, elle comprenait un peu les comédiens sur les planches, à jouer des émotions qu'ils n'ont pas toujours. Elle passa sa main sur son visage, et quand elle posa à nouveau les yeux sur l'homme face à elle, elle semblait plus calme.

J'espère que ça te suffira, je ne hurle pas sur commande, dit elle plus doucement comme pour ne pas se faire entendre. Vas tu me dire ton plan, à présent ?

Elle semblait curieuse de ce revirement de situation, lui qui disait que Rose resterait enfermée, qu'il ne l'aiderait pas, voilà que Gabriel avait une idée en tête. Elle se posa sur un coin de table pour l'écouter.

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MessageSujet: Re: Le lieutenant et la prostituée, par une belle après-midi d'hiver   Le lieutenant et la prostituée, par une belle après-midi d'hiver Icon_minitime15.10.13 1:02

Bon quoi, il était tout de même l’un des hommes les plus puissants de Paris, avait toute la confiance du roi et de son premier ministre, connaissait la plupart des secrets – même les plus sordides – de la ville, bref, un homme qui a une certaine importance. Pourtant il admettait qu’une simple prostituée le gifle. Elle l’avait dit elle-même, il l’avait bien méritée. Il admettait être allé beaucoup trop loin. Enfin bon, ça restait une bonne leçon d’humilité puisque ça lui rappelait que malgré son intelligence, le grand lieutenant de police pouvait se laisser complètement déborder par ses émotions. C’était aussi pour ça qu’il aimait travailler avec Rose, elle était, certes, impulsive mais elle n’hésitait pas à lui dire ses quatre vérités et, comme tout être humain, il en avait parfois besoin. Même s’il n’était pas question d’aller jusqu’à la remercier pour le soufflet qu’elle venait de lui asséner, il ne lui en tenait pas rigueur. Surtout que la jeune femme était complètement hors d’elle. Cela, il pouvait l’assumer, on fait tous des erreurs, n’est-ce pas ? Mais ce qui commençait à le faire légèrement culpabiliser, c’est qu’elle avait l’air sincèrement blessée. Il la laissa donc hurler tout son saoul, elle avait grand besoin de se défouler.

- Moi au moins je peux regarder mon enfant dans les yeux, parce que je le vois, je ne fais pas mon métier jour et nuit. Et si je travaille ainsi, c'est pour lui ! Je suis pas une de ses cruches qui s'achètent des diamants en espérant un jour devenir une grande dame ! Je travaille pour faire de mon garçon quelqu'un qui aura à manger tous les jours ! Peu importe le métier qu'on fait tant qu'on le fait avec intégrité. Et je préfère encore écarter les jambes pour un pochtron que d'être insultée par un chef qui ne sort de son bureau que trois fois l'an !
- Tiens donc, serai-je directement visé à présent ? Rassure-moi, je suis bien nommé dans la deuxième partie de ta phrase et pas la première…
- Et ta justice, elle est belle ta justice ! Appliqué sans relâche au soin de me punir, au comble des douleurs tu m’as fait parvenir. Ta haine a pris plaisir à former ma misère ; J’étois né pour servir d’exemple à ta colère, pour être du malheur un modèle accompli. Tu m'insultes mais je suis une personne intègre et honnête, tu ferais mieux de jeter tes horreurs sur de vrais criminels.


Gabriel sourit et la laissa reprendre son souffle. Il sut à son regard qu’elle n’était plus en colère, qu’elle avait simplement eu besoin de l’évacuer mais qu’elle crèverait plutôt que de le lui montrer. Il admirait la fierté dont elle pouvait faire preuve parfois. Il ne tiendrait qu’à lui de faire en sorte de le lui faire comprendre afin de rétablir leurs bons rapports.

- J'espère que ça te suffira, je ne hurle pas sur commande.
- C’était parfait, je savais que je pouvais te faire confiance. Puisqu’elle semble rétablie entre…
- Vas-tu me dire ton plan, à présent ?
l’interrompit-elle.

Le lieutenant de police dut reconnaître qu’il avait la fâcheuse habitude de faire mariner les gens, une détestable habitude qu’il avait prise en faisant les interrogatoires. Mais, ainsi qu’il était bon de s’en rappeler, Rose était une alliée qu’il avait assez malmenée pour l’heure. Il pouvait donc cessé de se comporter comme un infâme goujat.

- Je ne suis pas mauvais bougre, tu as également le droit de me gifler à nouveau, mais sois gentille de laisser des traces. Tu vois, il est vrai que dans chaque travail, il y a un élément au fond qui fait que l'on s'adapte une chose qu'on aime et chaque tâche peut devenir selon l'humeur un plaisir ! Tous les soupirs ne valent pas mieux qu'un sourire. C'est le morceau de sucre qui aide la médecine à couler en quelque sorte.

Alors qu’il s’apprêtait à mettre son plan à exécution, il crut bon tout de même de ménager le tempérament plutôt fougueux de la jeune femme.

- Bon, c’est à mon tour de crier. J’ai foi en toi, tu joueras parfaitement la comédie, mais n’oublie pas que je vais te sortir de là, donc, peu importe ce que je dirai, ne te désespère pas et fais-moi confiance pour une fois. J’ai beau n’être qu’un chef de bureau qui sort que trois fois l’an, tu sais que je ne te trahirai pas, n’est-ce pas ?

Gabriel poussa un profond soupir, prit son air le plus affligé et hurla :

- À moi ! Venez vite, on porte atteinte à la personne du lieutenant de police ! A moi !

Il fallut très peu de temps aux gardes pour entrer dans la salle et maîtriser Rose puisqu’elle n’était pas réellement une menace pour Gabriel.

- Ben ça, je vous avais prévenu monsieur le lieutenant, se rengorgea le commissaire Brunet, une vraie furie ! Et dangereuse avec ça !
- Oui, Brunet, je ne vous écoute pas assez, mentit Gabriel en prenant un air profondément affligé.

Voyant son mauvais commissaire rougir comme une pucelle, le lieutenant de police ne put s’empêcher de sourire. Mais il parvint à garder son sérieux et à se tourner vers Dantet, son âme damnée et l’une des seules personnes au monde à qui il accordait toute sa confiance. D’un simple regard, son secrétaire et homme à tout faire sut qu’il devrait jouer pour son maître.

- Bien, merci messieurs ! Entravez cette demoiselle très sérieusement, elle sera sévèrement punie pour ses actes et, par conséquent, elle m’accompagne au Grand-Châtelet. Si la Salpêtrière ne calme pas ses ardeurs, elle goûtera donc aux antiques geôles de l’hôtel de police.
- À vos ordres, monsieur le lieutenant de police, on va vous l’envoyer sous bonne escorte.
- Non, elle m’accompagne maintenant, avant d’avoir le temps de fomenter un plan. Je redoublerai de prudence et Dantet suffira bien pour tenir une femme. Merci à vous messieurs !

Malgré l’air blessé des gardiens, Gabriel fit comme il avait dit. Il faisait suffisamment confiance à l’intelligence de Rose pour qu’elle comprenne qu’il lui fallait jouer la comédie afin que les gardiens y croient au maximum. On verrouilla les portes du carrosse du lieutenant de police et on attacha plus sûrement la jeune femme. Dantet prit un air féroce en la tenant ce qui fait que personne ne doutait de la sécurité du lieutenant de police et on les laissa partir. Le carrosse se mit en branle et fila au plus vite. Après tout, le lieutenant de la Reynie était en compagnie d’une folle furieuse. Leur vitesse était telle que bon nombre de bonnes gens se firent éclaboussés de boue. Une fois qu’ils se furent éloignés de la prison, Gabriel fit signe à Dantet qu’il pouvait légèrement relâcher les liens de la jeune femme.

- Le moins que l’on puisse dire, c’est que nous formons un bonne équipe. Ne nous disputons plus et continuons à être extraordinaires ensemble plutôt que d’être ordinaires séparément, qu’en penses-tu ? Nous t’emmenons réellement au Grand Châtelet mais, une fois là-bas, au lieu de te conduire dans une geôle, Dantet te mènera à une sortie plus discrète. Tu rejoindras ton fils et restera cachée pendant quelques jours. Quand tu reparaîtras, tu diras que le méchant et redoutable lieutenant de police t’a privée de tous tes biens. Je ne pense pas qu’il te sera difficile de dire du mal de moi, rajouta-t-il avec un sourire. Mais tiens-toi tranquille désormais, je ne pourrais pas agir ainsi à chaque fois, c’est parce que je me comporte ainsi que très rarement que cela ne semble pas trop suspect.

Au moment d’arriver au Châtelet, Gabriel se décida à faire une dernière chose :

- J’espère que tu ne me tiens pas rigueur pour ce que je t’ai dit tantôt. Nous n’avons pas toujours la même conception de la moralité mais peu importe ce que je pense de ton travail, toi, je te respecte ! Puis-je toujours compter sur toi, comme avant ?

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