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| Les jolis mensonges et leur écrin de verdure [PV Morgan] | |
| Auteur | Message |
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| Sujet: Les jolis mensonges et leur écrin de verdure [PV Morgan] 14.03.12 18:56 | |
| Au printemps, Versailles voyait éclore sur ses pelouses verdoyantes de bien étranges fleurs. Elles battaient de l’éventail et poussaient des éclats de rires cristallins. Le doux bruissement de leur pétales aux couleurs pastels s’élevait dans l’air en une ritournelle des plus raffinées, tandis que ces belles plantes arpentaient les allées des jardins. Les courtisanes se faisaient en effet une joie de voir revenir les beaux jours et leur promesse de festivités imminentes. Et la Galerie des Glaces se voyait délaissée au profit des bosquets. Gisela passait les trois dernières semaines de l’hiver à songer aux robes qu’elle pourrait porter au printemps. Pour la plupart, elle les concevait elle-même, étant extrêmement douée de ses dix doigts lorsqu’il s’agissait d’exécuter de fins ouvrages féminins. Malgré cela, elle n’avait nulle intention de coudre quoique ce soit aujourd’hui. En effet, ce matin, elle s’était aperçue honteusement qu’elle n’avait pas demandé à voir son fils depuis plus d’une semaine. Parfois, à force de vivre dans l’effervescence des salons, à force de passer son temps à discuter avec de grands esprits, elle en oubliait tout simplement l’existence du petit garçon. Oh, je vous vois déjà faire les gros yeux, lecteur, la condamner sévèrement. Quelle mère abandonnerait ainsi son enfant au milieu de servantes ? Quelle mère pourrait supporter une séparation si longue ? Ne jetez point, je vous prie, sur ma pauvre Gisela votre regard venu du vingt-et-unième siècle, et tâchez plutôt de vous mettre à la place d’une courtisane à la Cour du Roi Soleil. Avec la conscience de ne pouvoir que bien peu de choses dans ce monde taillé pour les hommes, Gisela se disait la seule chose qu’elle pouvait réellement faire pour son fils, c’était d’être une courtisane exemplaire. Et cela l’arrangeait fort bien, me rétorquerez-vous. Et vous aurez raison. Oui, cela l’amusait d’échanger des ragots avec ses meilleures amies, il lui plaisait bien d’être présente à toutes les fêtes, d’être la mieux habillée, la plus gaie de toutes les personnes du monde. Mais pourriez-vous mettre votre main à couper qu’elle ne faisait vraiment tout cela que par égoïsme ? Suivre l’étiquette à la lettre, dire certaines choses aux uns et surtout pas aux autres, sourire à tout le monde comme si tout allait toujours parfaitement bien et ne surtout jamais se plaindre de quoique ce soit. N’être que pure image. Croyez-le ou non, mais Gisela se disait que tout ce qu’elle faisait aujourd’hui serait bon pour l’avenir de son fils. En conséquence, elle ne se permettait jamais un faux pas en public.
Ah, mais puisque vous voulez absolument en revenir à la mère indigne, la voici : elle écrivit à Nina de Langlois pour lui dire qu’elle souhaitait se promener avec le petit garçon dans les jardins, cet après-midi. Et elle comptait bien se faire pardonner son manque de présence auprès de lui. G I S E L A – « Que souhaitez-vous faire, mon ange ? », demanda-t-elle au petit en lui souriant tendrement. Ils venaient de descendre l’allée centrale des jardins et bifurquèrent à droite, pour s’enfoncer dans les bosquets, où ils trouveraient davantage de tranquillité. Sur le chemin, Gisela avait du s’arrêter trois fois pour saluer des courtisans, et à chaque fois, ils lui proposèrent de se joindre à eux pour faire ceci ou cela. En temps normal, elle aurait accepté les trois invitations et sa journée aurait été bien remplie. Mais aujourd’hui, elle s’était contentée de les remercier et de décliner poliment leurs offres, expliquant qu’elle avait prévu de passer l’après-midi avec son fils. « Comme il est adorable », disaient les dames. « Il fait plus que son âge », affirmaient les messieurs. Cet enfant avait l’incroyable capacité de charmer instantanément son entourage. En cela, il tenait de sa mère. Mais lui, il était la pureté incarnée. Il était tout à fait désintéressé et angélique. Il était bien plus beau et mieux élevé que les autres enfants des courtisans que Gisela avait eu l’occasion de rencontrer. Les uns, timides, pleurnichaient lorsqu’on s’adressait à eux, les autres, idiots, ne savaient pas aligner trois mots correctement. Le jeune héritier de la couronne du Danemark faisait, sans même en avoir conscience, d’ores et déjà honneur à sa noble famille. L’ E N F A N T – « Pouvons-nous jouer à cache-cache, Maman ? »
Ses beaux yeux sombres frangés de longs cils se mirent à briller de malice, lorsqu’il posa cette question à sa mère. Il était rare de le voir aussi épanoui. D’habitude, il n’avait jamais vraiment l’air d’un enfant. Il donnait parfois l’impression de porter en lui un lourd fardeau, et quand Gisela l’interrogeait, il prenait un air grave et résigné qu’aucune mère ne souhaiterait voir sur le visage de son fils, et disait : « Tout va bien, Maman ». Parfois, il lui faisait peur. Il tenait plus du divin que de l’humain, à certains moments. La jeune femme, dans ses moments d’intense paranoïa, se demandait si, au fond, il savait. Lorsqu’il posait sur elle un regard si profond, elle croyait parfois y voir se refléter une étrange expression. Quelque chose qui semblait vouloir dire : « Je vous pardonne ». Et cela la terrorisait. Cependant, elle se ressaisissait rapidement et chassait ces idées folles de son esprit. Il était tout à fait impossible qu’il devine quoique ce soit. Ce n’était qu’un enfant. G I S E L A – « Avec grand plaisir, mon doux. Si vous voulez, je vais fermer les yeux pendant que vous irez vous cacher avec Nina. » Le petit garçon secoua la tête. L’ E N F A N T – « Non… Je veux compter, et vous allez vous cacher. » Gisela acquiesça, puis demanda à Nina d’aider son fils à compter. Le petit prit un air offusqué qui fit rire sa mère. Mais il n’était pas question de le laisser tout seul. On n’abandonne pas un si jeune garçon au milieu des bosquets, surtout pas quand cet enfant est le fils d’Edouard du Danemark. Enfin, à peu de choses près… Quoiqu’il en soit, Gisela interdisait à ses domestiques de le laisser ne serait-ce que trois minutes sans surveillance. Sa pire crainte était que de malveillantes personnes le kidnappent. Comprenez : la successions au trône du Danemark étant plus que complexe, on pouvait s’attendre au pire venant des ennemis de son époux. D’habitude, Gisela n’était pas du genre à croire en la vilenie d’autrui. Ni aux complots, d’ailleurs. Mais Edouard laissait parfois supposer que les choses étaient excessivement compliquées, lorsqu’il parlait de la couronne du Danemark. Et comme il ne lui en disait que rarement davantage, Gisela craignait toujours le pire.
La dame fit signe à son fils de mettre les mains devant ses yeux pour ne pas tricher, et lorsqu’il commença à compter, elle commença à chercher un endroit où se cacher. Cela faisait assez longtemps qu’elle n’avait plus joué à cache-cache, et elle constata assez rapidement qu’elle manquait d’imagination en ce qui concernait ses cachettes. Une partie de colin-maillard aurait été plus raisonnable, mais, après tout, elle devait bien cela à son fils, et lui laisser choisir le jeu était la moindre des choses. Néanmoins, les dessins géométriques des jardins à la française lui permirent de se trouver un coin où se tapir. Elle s’agenouilla derrière un buisson touffu, et s’assura que la traîne de sa robe ne dépassait pas, puis attendit son fils silencieusement. En entendant des pas approcher de l’endroit où elle se trouvait, elle crut qu’il l’avait déjà trouvée, et s’apprêta à le féliciter pour ses talents d’enquêteur…
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| | | Morgan Stuart
« s i . v e r s a i l l e s »Côté Coeur: Cela peut vous paraître étrange mais j'en ai un. Il est bien caché, je le réserve à qui m'aimera vraiment. Et pour mes enfants.Côté Lit: Vous voulez une liste ? Ce sera même un recueil !Discours royal:
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► Âge : 30 ans
► Titre : Duc de Richmond, de Lennox, de Gloucester, Comte de March, cousin de Charles II d'Angleterre
► Missives : 720
► Date d'inscription : 15/02/2012
| Sujet: Re: Les jolis mensonges et leur écrin de verdure [PV Morgan] 21.03.12 22:56 | |
| « … Ah Versailles, quel monde incroyable ! Oui, on pouvait bien parler de monde à part, un micro-cosmos, loin du reste de la France, même du monde ! Et pour le croire, il fallait s'y rendre. Tout ce monde, toutes ces règles, je n'ai jamais vu cela. Pourtant, je peux me vanter d'avoir vu plusieurs cours d'Europe mais nulle n'égale celle de Versailles. Je suis difficilement impressionnable, tu le sais bien, mais je dois bien m'incliner devant tant de grandeur, mais aussi de mégalomanie de la part d'un souverain ! De la part beaucoup d'autres, ce serait ridicule, mais Louis le Quatorzième a le physique et l'esprit pour cela. Vois tu notre bon roi Charles, régir tous ces lords ? Assurément, nous aurions le droit à une autre révolution … Si j'admire cela d'un œil extérieur, je ne supporterais pas de faire le moindre pas sans une règle à effectuer.
Donne moi de tes nouvelles, mon cher frère et embrasse notre mère.
Affectueusement,
Morgan »
La journée avait bien débuté avec la session du courrier. Morgan, assit derrière son secrétaire, avait fini la rédaction d'une lettre pour son frère Andrew. Si son aîné ne sortait plus depuis la bataille des Dunes, il était devenu un homme très instruit et la correspondance entre les deux frères était dense et toujours intéressante. Andrew donnait des nouvelles de l'Angleterre et de la famille, Morgan lui parlait du front de la guerre – du moins de ce qu'on lui disait – et surtout de Versailles. Le duc de Lennox était aujourd'hui incapable de sortir, sa mère et Morgan le confinaient dans un manoir non loin de Londres pour que personne ne voit son visage marqué, que personne ne se moque de lui. Il avait accepté son sort et voyageait au travers de Morgan, envoyé aux quatre coins de l'Angleterre par Charles II, puis en Europe et le voici aujourd'hui à Versailles. Une lettre ne suffisait pas, il y avait tant à dire en ces lieux. Morgan racontait le mode de vie des français, parlait de ses demandes d'alliances pour la guerre anglo-hollandaise, puis il parlait bien sûr des femmes et des fêtes ! Si Andrew demandait souvent des nouvelles de Rebecca, le duc aimerait tellement revoir sa nièce, mais Morgan ne lui répond jamais à ce sujet, il attendait d'attraper Rebecca et récupérer leur petite Roxanne avant d'écrire quoi que ce soit à ce sujet ! Relisant une dernière fois, le duc de Richmond plia la lettre et apposa son cachet avant de la tendre à un messager qui, après une révérence, quitta le cabinet pour se rendre à Londres.
Il faisait beau temps aujourd'hui, c'était idéal pour une promenade et, bien que la France regorge d'endroits magnifiques où marcher nonchalamment, Morgan avait un gros faible pour les jardins de Versailles. Cette parfaite maîtrise de la nature était la parfaite image de son propriétaire. Ces « jardins à la française » comme on disait si bien ne valaient pas son opposé, les « jardins à l'anglaise » plus sauvage mais tout aussi charmants, mais ils avaient le mérite d'être parfaits en toute saison. Déjà habillé d'un costume bleu nuit, Morgan ne fit qu'arranger ses boucles brunes et se chaussa avant de se rendre en plein cœur de la Cour de France, dans son carrosse aux armoiries Stuarts. Il ne manqua bien sûr d'aller saluer sa cousine, la belle Henriette, cette demoiselle pleine d'esprit qui avait toujours le bon mot et toujours quoi raconter. Le bonheur absolu fut de parler leur langue maternelle, au grand dam de l'entourage de la princesse. Bien sûr, Henriette entretenait une correspondance avec son frère, Charles II d'Angleterre, et elle en donnait des nouvelles à Morgan qui lui avait davantage de nouvelles de Jacques. Ils se complétaient bien pour la famille Stuart et leurs aventures.
Puis elle le laissa à regret et Morgan enchaîna plusieurs conversations au gré de sa descente de l'allée centrale avant de s'enfoncer dans les bosquets. Il y avait toujours des courtisans à un croisement, certaines demoiselles gloussaient quand Morgan les saluaient avec un charmant sourire et toujours l’œillade de séducteur. A force de marche, il pénétra dans un bosquet et vit derrière un buisson, une silhouette cachée. Amusé de voir quelqu'un caché de la sorte et curieux d'en connaître le visage. Après tout, une dame – car la robe ne laissait pas de doute sur le sexe de la personne cachée (quoique ! ) – derrière un buisson de la sort, c'était loin d'être courant dans les jardins versaillais. Il ne la vit que de dos, avec de magnifiques cheveux blonds. Avec pareille description, cela pouvait être la moitié des femmes de Versailles. Mais quand elle se retourna, Morgan reconnut la jeune femme : Gisela, la jolie princesse suédoise mais aussi danoise de par son mariage. S'il la connaissait ? Bien sûr, peut être trop bien pour la bienséance. Après tout, coucher avec la femme de son cousin, ce n'était pas bien brillant. Mais que voulez vous, donnez à Morgan une fête, de l'alcool et une jolie femme, il était presque inévitable qu'il la désire. Surtout que Gisela était vraiment belle, même avec le visage surpris, tel un petit animal apeuré. Morgan esquissa une révérence polie avant de briser le silence, d'un ton moqueur.
« Je connaissais des histoires de lutins ou d'animaux merveilleux cachés derrière les buissons, mais jamais je n'ai entendu que les princesses s'y cachaient aussi. Désormais, je ferais mieux de les surveiller, je pourrais faire d'autres agréables rencontres. »
Son sourire en disait long sur l'amusement de la situation, il était tellement facile de faire un bon mot dessus qu'il n'avait pas pu s'en empêcher. Et mieux, il continuait !
« De qui vous cachez vous, Princesse ? D'un dragon ou d'un chasseur ? »
S'il savait qu'elle jouait avec leur fils. Car Morgan ignorait totalement l'existence de cet enfant, il était persuadé que le petit prince était bien le fruit de l'union entre Édouard et Gisela. S'il le voyait, Morgan pourrait y voir son portrait craché. Le tout pour la princesse était que père et fils ne se croisent pas …
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| Sujet: Re: Les jolis mensonges et leur écrin de verdure [PV Morgan] 27.03.12 21:44 | |
| Et pourquoi diable le sort s’acharnait-il toujours sur elle ? Notre Gisela venait de tressaillir en entendant la voix d’un jeune homme, qui lui parlait de contes merveilleux, de petits animaux, et d’elle ignorait quoi d’autre encore. Qu’avait donc l’Angleterre pour que Morgan of Richmond s’en échappe toujours dès que l’occasion s’en présentait ? Ne pouvait-il donc pas rester sagement là-bas et la laisser en paix, à Versailles. Oh, quoi encore ! La politique ! Les hommes aujourd’hui n’ont que ce mot à la bouche. Ils voyagent, ils parlent, ils signent des traités, et voilà. C’est d’un ennui, c’est d’un plat. C’est à croire qu’il n’y avait plus un seul monsieur galant en Europe, que l’esprit chevaleresque était relégué au rang de topos littéraire ! Jadis… Oh, elle aimerait croire que c’était il y a vraiment très longtemps… Mais, il y a quelques années, ce monsieur-là lui avait fait croire que tout espoir n’était pas mort, qu’il y avait encore des hommes capables d’aimer la vie pour ce qu’elle contient de doux et de naturel. Elle avait cru que, contrairement à son époux, le Duc ne passait pas son existence à parler frontières et succession. Et à chaque fois qu’elle entendait le son de sa voix, elle se souvenait qu’elle s’était fourvoyée, qu’elle avait méchamment piétiné sa promesse de fidélité envers son époux à cause de pauvres illusions de jeune femme qui n’aime guère s’ennuyer. Aujourd’hui encore, elle aimerait pouvoir affirmer que, si c’était à refaire, elle agirait autrement. Mais, au fond, elle n’en était pas certaine. M O R G A N – « De qui vous cachez-vous, Princesse ? D’un dragon ou d’un chasseur ? »
Oui, certes, il avait toujours le mot pour rire. Mais Gisela ne put répondre à sa petite taquinerie que par un sourire légèrement crispé. Son fils devait être entrain de la chercher. Et s’il la trouvait en présence du Duc, elle allait devoir les présenter. Cet enfant ressemblait tellement au bel Anglais que ce dernier aurait sans doute la désagréable impression de se trouver face à un sosie miniature. Ou peut-être pas ? Peut-être qu’il ne se rendrait compte de rien ? Avec l’aide de Dieu… Mais notre jolie blonde secoua la tête comme pour chasser ces vains espoirs de son esprit. Non. Il y penserait forcément. Le petit garçon n’avait pas le type Danois. Il avait dans le visage quelque chose de Gisela, si on cherchait bien, et sa façon de s’exprimer ressemblait beaucoup à celle d’Edouard, qu’il prenait pour modèle. Mais, hormis ces détails, cet enfant ressemblait davantage au monsieur qui se trouvait désormais en face de la jeune femme. C’en était même un peu troublant. Quoiqu’il en soit, ladite Princesse tâcha de se composer un visage posé, se redressa précautionneusement, puis exécuta une révérence souple et gracieuse, mais plutôt rapide. L’instant d’après, elle fondit sur le jeune homme, le prit par la main, et l’entraina avec elle un peu plus loin, derrière les buissons, en jetant autour d’eux des regards furtifs. Elle s’agenouilla de nouveau et intima à son compagnon de l’imiter. G I S E L A – « De mon fils, répondit-elle en chuchotant. Nous jouons à cache-cache, et vous risquiez de me rendre repérable si vous étiez resté debout au milieu des jardins à faire la conversation à un buisson… »
Après ces brèves explications, elle réussit enfin à lui sourire franchement. Elle avait beau avoir été prise de panique en voyant apparaître le Duc, elle constatait néanmoins qu’elle s’en était assez bien sortie. A présent, elle n’avait plus qu’à prier pour que son fils ne la trouve point de si tôt. Mais, désormais, elle commençait également à espérer qu’aucun autre courtisan ne passerait à proximité. Imaginez qu’on les aperçoive tous les deux, accroupis derrière les arbres, à faire des messes basses… Que penserait-on ? Tenez, Gisela n’avait absolument pas pensé à cela avant d’entrainer le jeune homme au fond d’un bosquet. Et à présent, elle avait un peu honte de ses manières et de la situation dans laquelle elle les avait mis tous les deux. A propos, elle avait gardé la main de son compagnon entre les siennes, et, en en faisant la constatation, elle eut un mouvement de recul et la lâcha prestement. Ses joues s’empourprèrent légèrement, comme elle était de plus en plus mal à l’aise. Elle n’était pas une femme aguicheuse, et, contrairement à ce que vous pourriez penser, elle était bien élevée et restait assez pudique. Cependant, comme à chaque fois qu’elle était affreusement gênée, un beau sourire illuminait son visage. C’était un sourire tout à fait particulier que vous ne verrez pas sur le visage de beaucoup de courtisanes. C’était le genre de sourire qui semble demander pardon mais qui en même temps demeure assez charmant pour tenir lieu d’excuses en lui-même. G I S E L A – « Monsieur, dit-elle doucement, je viens de m’apercevoir que cette situation est tout à fait inconvenante. Je vous prie de m’excuser de vous avoir entrainé à ma suite, et de considérer que ce geste était un bien malheureux réflexe, du à ma surprise d’être découverte ici. Maintenant, si vous souhaitez fuir et me tenir pour folle, ce ne sera à mon avis que légitime. »
Evidemment, elle plaisantait. Un peu. Car, après tout, si le jeune homme pouvait s’en aller, les choses seraient plus simples. Elle n’aurait pas à expliquer à son fils… lui expliquer quoi, au juste ? Ce monsieur est —doit être— à ses yeux un simple Duc, un cousin de son père éventuellement. Gisela n’avait rien à lui expliquer de plus. Mais la jeune femme avait toujours un peu peur de son fils. De ses beaux yeux noirs qui laissaient croire que le garçon était omniscient. Néanmoins elle essayait de ne pas y songer. Actuellement, elle se demandait ce qu’elle allait bien pouvoir dire à ce monsieur, si malgré tout il choisissait de rester (aussi fou que ce projet puisse paraître !). Quel genre de conversation pourraient-ils bien entretenir ? Parler du « bon vieux temps » étant absolument exclus (sans quoi la demoiselle deviendrait réellement démente), Gisela essayait de trouver un sujet de discussions qui soit correcte et raisonnable. Elle avait l’impression que trop de sujets étaient sensibles, tout à coup. Elle qui aimait tant faire la conversation, d’ordinaire, demeura coite et silencieuse un petit moment, comme si elle était en proie à d’intenses réflexions. Finalement, elle jugea bon de laisser son camarade de jeu prendre la poudre d’escampette ou alors entamer lui-même la discussion qui lui paraitrait la plus appropriée. Oui, en voilà une bonne idée. Cela lui éviterait peut-être de devoir regretter amèrement d’avoir dit des choses inconsidérées…
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| | | Morgan Stuart
« s i . v e r s a i l l e s »Côté Coeur: Cela peut vous paraître étrange mais j'en ai un. Il est bien caché, je le réserve à qui m'aimera vraiment. Et pour mes enfants.Côté Lit: Vous voulez une liste ? Ce sera même un recueil !Discours royal:
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| Sujet: Re: Les jolis mensonges et leur écrin de verdure [PV Morgan] 16.04.12 13:48 | |
| Il était bien rare de voir des princesses cachées derrière les buissons. Mais après tout, il y avait bien des histoires d'un roi d'Angleterre caché en haut d'un chêne avec son cousin alors rien n'est véritablement impossible. Seulement, à Versailles, cela n'arrivait que très peu souvent, ou Morgan ne sortait pas assez souvent pour le remarquer, ce qui était bien dommage, surtout quand ladite princesse était une de ses connaissances. Et quelle connaissance ! Gisela du Danemark était sa cousine par alliance, doublé d'une jolie jeune femme qu'il connaissait bien, trop bien même. Les soirées qu'il avait passé en sa compagnie était certes délicieuses, mais surtout interdites. Si lui n'avait cure de son mariage, même à l'époque où cela s'était passé, il n'en était pas de même pour la princesse. Elle aimait son mari – et avait raison car Édouard était un type bien – et n'avait aucune raison d'aller voir ailleurs en temps normal. Mais la musique dansante et l'alcool n'aidaient pas à la fidélité, ni les baisers du Stuart. Leurs nuits furent leur petit secret, ils n'en avait jamais reparlé depuis, on ne parle pas de cela quand on est bien élevé après tout. Sans l'oublier, Morgan avait continué sa vie, avec l'agréable souvenir en tête, sans savoir que leur relation avait laissé un autre souvenir, plus physique et plus palpable : un enfant. Comment pouvait-il s'en douter ? Comment pouvait-il imaginer qu'il était le père du futur héritier de la couronne du Danemark ? C'était à mille lieux de toute pensée !
En cet instant, il se contentait d'apprécier l'instant par un joli mot comme il aimait tant. Morgan regarda la jeune femme se lever pour lui faire une révérence et il lui répondit pas un salut poli et bien exécuté. Après tout, la bienséance était bien connu de Morgan. Par contre, il ne s'attendait pas à ce qu'elle lui prenne la main et qu'elle l'emmène se cacher avec elle derrière des buissons. Il la vit se cacher à nouveau et en fit de même, curieux de savoir ce qu'il se passait. Ses yeux noisettes ne la quittaient pas des yeux, cherchant des réponses muettes et commençait vraiment à se poser des questions.
« De mon fils. Nous jouons à cache-cache, et vous risquiez de me rendre repérable si vous étiez resté debout au milieu des jardins à faire la conversation à un buisson… » « Oh votre fils est avec vous ? Que c'est adorable. Il est vrai que parler à un buisson m'aurait fait passer pour un fou … » répondit-il, amusé de la situation.
Il riait silencieusement. N'y avait-il pas de quoi ? La future reine du Danemark à genoux derrière un buisson avec le cousin du roi d'Angleterre accroupi, c'était d'un cocasse ! Sur que le Fou du roi aurait de nombreuses blagues à faire à ce sujet si cela s'apprenait. Fort heureusement, il y avait peu de monde dans le bosquet et personne ne semblait les avoir vu, tant mieux. Si Morgan s'en moquait, il trouvait la situation amusante mais il ne dirait rien qui pourrait compromettre Gisela. Il n'était pas salaud à ce point là, Morgan Stuart pouvait avoir un cœur. Si, si je vous le promets. Et fut d'ailleurs bien étonné que sa main soit toujours dans celle de la princesse. Ils durent s'en rendre compte en même temps car elle lâcha sa main quand il la lui retira. Ce n'était qu'une erreur d'inattention, rien de plus. Ni l'un ni l'autre n'avait de sentiments c'était évident. Elle lui sourit, Gisela était très belle ainsi et Morgan lui rendit son sourire.
« Monsieur, je viens de m’apercevoir que cette situation est tout à fait inconvenante. Je vous prie de m’excuser de vous avoir entraîné à ma suite, et de considérer que ce geste était un bien malheureux réflexe, du à ma surprise d’être découverte ici. Maintenant, si vous souhaitez fuir et me tenir pour folle, ce ne sera à mon avis que légitime. » « Vous êtes toute pardonnée, madame. répondit le Stuart, toujours amusé par cette situation. Il y a bien longtemps que je n'ai plus joué à cache-cache. Ma partie la plus mémorable fut celle contre des parlementaires anglais en me cachant dans un arbre. Vous devriez essayer, cette cachette est infaillible. »
La discussion en chuchotement était clairement divertissante, cela changeait tellement de d'habitude. Pour un homme qui aimait avoir un quotidien chamboulé, là il était servi. Et continuait donc à faire la conversation l'air de rien. Il en fallait plus pour déstabiliser un Stuart de sa trempe !
« Il est un plaisir de vous revoir, même si la circonstance est des plus improbables. Comment vous portez vous, madame ? »
Se rencontrer à la Cour était le lot quotidien des courtisans de Versailles, qu'ils soient français ou étrangers, mais il était difficile d'avoir une vraie conversation. Et quand un homme et une femme étaient seul à seul pour discuter, tout le monde s'enflammait et imaginait les pires choses. Ils pourraient, quand l'homme était Morgan, le tombeur de ses dames, le mauvais mari et l'amant opportun. Heureusement, il ne pensait pas seulement en matière de conquête féminine. Là, il n'en avait nullement l'intention. Les mauvaises langues pourraient dire que c'est parce qu'il l'a déjà eu, c'était faux. Juste qu'il savait qu'il y avait des femmes qu'on ne pouvait pas, ou plus, avoir, il n'était pas un idiot fini non plus ! Ils avaient l'air malins tous les deux. Cela ferait une belle fable de La Fontaine dont on pourrait se délecter. Cela n'empêchait pas Morgan de continuer à parler tout bas, éternel sourire aux lèvres, guettant au travers des feuillages l'arrivée du bambin.
« Il me plairait de voir votre fils. Votre époux m'en a dit du grand bien et à quel point il était fier de son fils. Et puis ce n'est pas tous les jours que l'on croise un futur roi du Danemark ! »
Il ne savait pas à quel point ses mots pouvaient paraître durs pour Gisela. Morgan n'avait aucune idée que cet enfant était le sien et voulait simplement voir l'enfant de son cousin, comme tout curieux qu'il était. Mais s'il le verrait, il saurait tout de suite qu'il en était le père vu que le petit était le portrait craché de ce père biologique qui en ignore l'existence. Il y avait donc deux parties de cache-cache : une entre l'enfant et la mère et une entre la mère et le père pour cacher l'enfant. Que la partie commence !
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