L’hôtel de Longueville était calme ce soir. Le carrosse de Gabrielle avait quitté la petit cour pavée, rassurant un instant Paris sur la tranquillité des lieux. Le bruit des sabots s’arrêta net et avant que le valet en livrée n’ait pu ouvrir la portière, Paris avait déjà sauté à bas du carrosse et tendait une main galante vers la jeune femme qui descendit. Aux yeux de Paris, Perrine avait cet atout de se fondre dans chaque rôle qui pouvait lui être assigné. Il savait que Gabrielle l’utilisait allègrement en plus de son rôle de femme de chambre et ce soir-là encore, sa prestation comme demoiselle d’Harcourt prouvait son talent.
L’hôtel silencieux les accueillit tous deux, mais le jeune prince se contenta d’un bref geste de la main envers le maître d’hôtel encore levé, pour lui signifier son congé du soir. Guidant Perrine vers l’escalier une fois l’homme parti, Paris grimpa à sa suite les étages, s’arrêtant un instant au palier menant aux appartements de Gabrielle. -Cette fois-ci, nous visiterons le second, si tu le veux, lui proposa-t-il doucement à l’oreille. N’attendant pas la réponse de la jeune femme, il la poussa doucement par la hanche jusqu’au second palier à l’étage du dessus. Ce qu’il y a de bon en cette maison est que mes gens comprennent lorsqu’ils doivent prendre eux-mêmes leur congé, souligna-t-il amusé en traversant les couloirs simplement éclairés de chandeliers finement ciselés d’or.
Ils étaient seuls. Entièrement seuls dans cet immense hôtel et savourant ces instants, Paris s’approcha de la jeune femme, déposant un baiser furtif à la naissance des épaules, non sans retenir ses mains de glisser sur ses hanches. -Nous avons la nuit pour nous, cela te convient-il, lui murmura-t-il ? Viens…
Il recula d’un pas, prenant entre ses doigts la main de la jeune femme et l’attira vers la porte ouvragée menant en son privé. Il la poussa d’un geste, puis une seconde ouvrant sur sa propre chambre. Le lit soigneusement plissé, les rideaux du baldaquin tirés, l’on pouvait croire que nul n’habitait ici depuis de longues semaines, mais c’est ce que Paris aimait dans cette vie où son insouciance quotidienne régissait les gestes des valets et servantes. Ce soir, Perrine ne faisait pas partie de ces gens de l’ombre qui œuvrait silencieusement. Elle n’était pas non plus Perrine d’Harcourt, mais simplement celle que Paris avait emmené ici, là où nulle autre n’avait encore pénétré. A ses yeux, cela signifiait beaucoup et dans ce doux aveuglement, il doutait peu de la réaction de Perrine devant cet honneur unique qu’il lui avait réservé.
Il referma doucement la porte avant de revenir d’un pas vers la jeune femme dont il prit à nouveau les mains dans les siennes, n’osant écouter son propre cœur qui pourtant battait plus vite que d’ordinaire. -Toi et moi savons que demain tu ne pourras à nouveau être mademoiselle d’Harcourt, dit-il sérieusement, plantant son regard clair dans les prunelles fauves de la jeune femme. Il ne pu toutefois retenir un sourire. Nous n’avons qu’une nuit avant que le charme ne se rompe, ajouta-t-il, précurseur du futur conte de Perrault. Mais son regard eu une brève lueur ennuyée. Je préfère te voir ainsi, Perrine, plutôt que vouloir ressembler à Gabrielle. Elle a un esprit bien trop sombre pour toi…Veux-tu vraiment lui ressembler ?... Il laissa sa phrase en suspens, surpris peut-être lui-même de ces griefs lancés contre son aînée ; mais il ne pouvait douter combien il se trompait au sujet de Perrine, ne voyant là que deux noisettes qu’il dévorait des yeux.
Leurs visages se faisaient face et doucement, Paris s’approcha de Perrine, lui volant un nouveau baiser, pendant que ses mains poursuivaient le travail commencé dans le carrosse. Dénouer les rubans d’une robe était un jeu d’enfant pour le jeune homme qui s’arrêta pourtant un instant, lançant un regard taquin à la jeune femme. -Mais peut-être mademoiselle d’Harcourt a-t-elle une vertu à protéger ? Non ? Poursuivons donc, car demain nous devrons tous deux vaquer à nos occupations routinières…à quelle heure dois-tu rejoindre ma peste de sœur, demanda-t-il à brûle-pourpoint, s’arrêtant dans son ouvrage autour de la robe ?
Dernière édition par Paris de Longueville le 08.08.12 23:42, édité 1 fois
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Sujet: Re: Faisons pâlir tous les marquis de Sade... [Perrine & Paris] *Terminé* 04.03.12 23:18
Ce n’est qu’à la façon dont les cahots du carrosse s’apaisèrent que Perrine réalisa que le trajet prenait fin. Perdue dans ses pensées, et surtout, dans les prunelles bleues de Paris, il lui semblait n’avoir rien vu de la ville qu’ils venaient pourtant de traverser. Levant la tête, elle observa un instant la cour de l’hôtel Longueville, déserte. Gabrielle ne semblait pas être rentrée, et la grande bâtisse veillait en silence, en attendant que l’on vienne l’animer. Un sourire aux lèvres, elle mit sa main dans celle que lui tendit le jeune homme et sortit de la voiture aux armes des Longueville, prenant garde à ne pas abîmer sa robe. Cette soirée avait quelque chose d’irréel, et ce plus encore depuis qu’ils avaient quitté le temple de la Comtesse des Barres et les complots de Monsieur. Jusque là, Perrine était presque dans son élément, n’avait fait que sortir de l’ombre dans laquelle elle se trouvait habituellement. Mais ce tête à tête avec le prince pour lequel elle ne pouvait nier sa trop grande affection… Elle savait parfaitement ce qui allait se passer, et aussi ferme sa résolution lui avait-elle paru lorsqu’elle avait décidé de céder, de ne pas donner à cette nuit plus d’importance qu’elle pensait qu’elle n’en avait ; elle le sentait : cette résolution faiblissait de minute en minute.
Elle faiblissait même si bien que Perrine se laissa entraîner par le jeune homme, ignorant la lutte qui se jouait encore en elle entre sa fierté et ses sentiments. Habilement, elle dissimula ses traits au majordome que Paris renvoya rapidement, et le suivit dans les escaliers. « Cette fois-ci, nous visiterons le second, si tu le veux, lui glissa doucement le jeune homme à l’oreille alors qu’ils atteignaient le palier de Gabrielle. » Sans doute était-ce l’instant ou jamais de mettre fin à cette mascarade. Perrine s’était promis de ne jamais figurer sur la trop longue liste des conquêtes de Paris ; ces mêmes conquêtes qu’elle prenait un malin plaisir à faire fuir dès que l’occasion se présentait. Mais elle avait tant de mal à aller à l’encontre de cette tendre inclination qu’elle avait pour lui qu’elle avait réussi à se convaincre que cette nuit pourrait l’en guérir, lui prouver qu’il ne s’agissait là que d’une passade, peut-être provoquée par ses rêves de grandeur, et que si son cœur battait si vite, cela n’était dû qu’à l’excitation de la soirée passée auprès d’un prince de France. La mauvaise foi, cette grande amie, n’était jamais bien loin.
Aussi se contenta-t-elle d’adresser un sourire mutin à Paris, se laissant guider vers le second étage. Une nuit, il ne s’agissait que d’une nuit… « Ce qu’il y a de bon en cette maison est que mes gens comprennent lorsqu’ils doivent prendre eux-mêmes leur congé. - Oui, il arrive aux domestiques de se montrer intelligents, répondit-elle avec humour, une lueur amusée au fond des yeux. » Laissant là ce trait qui risquait de lui rappeler qu’elle n’était rien d’autre qu’une domestique elle aussi, elle se détacha un instant du jeune homme le temps de passer une porte, et ne retint pas un frisson lorsqu’il s’approcha à nouveau, et déposa un baiser à la base de son cou. « Nous avons la nuit pour nous, cela te convient-il ? murmura-t-il contre son oreille. - Ne la laissons pas plus filer, elle me semble déjà bien avancée, souffla-t-elle en retour, sans chercher à prendre garde à ses paroles. Sa fierté et ses belles résolutions menaient là un combat perdu d’avance. - Viens… »
Là encore, elle se laissa entraîner, lui abandonnant sa main, et franchit le seuil de pièces qu’elle n’avait guère l’occasion de visiter. A l’inverse du château normand dont elle connaissait les moindres recoins, Perrine s’en tenait généralement à l’étage de Gabrielle. Mais ça n’est pas tant les appartements en eux-mêmes qui tirèrent un éclat à ses prunelles que le fait que Paris lui ouvre sa propre chambre. Face à lui, elle planta son regard brillant dans le sien, alors qu’une fois la porte refermée, il se rapprochait à nouveau. Elle serra ses mains, incapable de résister à ces sentiments qui l’entraînaient. « Et bien, je devrais me faire passer pour une d’Harcourt plus souvent, lança-t-elle à la fois amusée et amère, tant la situation lui rappelait ce qui la séparait de Paris. - Toi et moi savons que demain tu ne pourras à nouveau être mademoiselle d’Harcourt. Nous n’avons qu’une nuit avant que le charme ne se rompe, répondit d’ailleurs le jeune homme, tirant une moue indéfinissable à la demoiselle. Je préfère te voir ainsi, Perrine, plutôt que vouloir ressembler à Gabrielle. Elle a un esprit bien trop sombre pour toi…Veux-tu vraiment lui ressembler ? » A ces mots, Perrine fronça les sourcils un instant, puis d’un geste, effleura la joue du jeune prince. Un doux sourire lui avait échappé. Elle était loin, si loin d’être l’ange qu’elle avait parfois la sensation qu’il voyait en elle. Si Gabrielle avait l’esprit sombre, le sien ne manquait pas de diabolisme non plus, il suffisait pour en être sûr de remonter à l’origine du grand voyage que les deux intrigantes entreprendraient dès le lendemain.
Mais ce soir, Perrine ne voulait pas penser à Gabrielle. Pas plus à elle qu’au sort de la favorite, à la Saintonge qui les accueillerait bientôt. Ce soir, rien ne l’éloignerait de Paris. « Laisse donc ta sœur là où elle est, Paris, protesta-t-elle doucement. Oublie-la : ce soir, ne je te veux que pour moi. » Comme pour donner plus de résonnance à ses paroles, elle lui rendit son baiser, l’une de ses mains jouant dans les cheveux du jeune homme qui s’ingéniait à dénouer quelques uns des rubans qui retenaient sa robe. Un instant il s’interrompit, une lueur malicieuse au fond des yeux. « Mais peut-être mademoiselle d’Harcourt a-t-elle une vertu à protéger ? lança-t-il, attirant sur les lèvres de Perrine une moue tout sauf vertueuse. Non ? Poursuivons donc, car demain nous devrons tous deux vaquer à nos occupations routinières… à quelle heure dois-tu rejoindre ma peste de sœur ? » Très légèrement, Perrine s’éloigna, dardant sur lui un regard presque perplexe. N’allait-il donc jamais l’oublier ? Elle ne pouvait, de plus, donner une réponse honnête à cette question. Dès les premières heures le lendemain, Gabrielle, Perrine et quelques rares domestiques partaient pour la Saintonge, mettre à exécution un projet dont le jeune Longueville ne pouvait connaître les rouages.
« Cela, tu le sauras si je suis encore à tes côté à ton réveil ou non, murmura-t-elle, mutine. Mais cesse de penser à demain, je t’en prie ! » Cette dernière phrase lui avait échappé, comme une moitié d’aveu. Demain, elle ne serait plus mademoiselle d’Harcourt. Demain, comme il l’avait si bien dit, le charme se rompait ; et elle regretterait d’avoir cédé à ces sentiments, elle en était toujours persuadée, sans issue. Elle aurait été folle d’espérer autre chose… du moins tentait-elle de s’en convaincre. Une étincelle trahissant ses pensées au fond des yeux, elle mit à nouveau fin à la distance qui les séparait, et l’embrassa encore tandis que ses mains s’appliquaient à le débarrasser de sa veste. « Si nous n’avons que cette nuit, alors je ne veux pas la perdre à songer à ce qui pourrait ou non arriver demain, lui glissa-t-elle au creux de l’oreille, en caressant tendrement sa joue, un sourire sincère aux lèvres. »
Paris de Longueville
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Sujet: Re: Faisons pâlir tous les marquis de Sade... [Perrine & Paris] *Terminé* 11.06.12 2:04
Paris s’étonna presque de la réaction de Perrine. Lui ? Trop souvent parler de Gabrielle ? L’idée était saugrenue ! Mais lorsqu’il senti la jeune fille s’éloigner doucement de lui, il lâcha le lacet de la robe, se mordant la lèvre. Avouer un tort était une chose peu commune, mais Perrine avait certainement raison, et son cœur à cet instant le lui prouvait. -Cela, tu le sauras si je suis encore à tes côté à ton réveil ou non, lui répondit-elle d’une voix mutine. Mais cesse de penser à demain, je t’en prie ! Ne pas songer au lendemain ? Mais imaginer croiser Perrine dans les couloirs de l’hôtel sans pouvoir lui adresser un mot autre que les phrases consensuelles que leur demandaient leurs rangs respectifs était bien trop difficile. Paris aimait contrôler cela, profiter de chaque heure selon le nombre de minutes qu’il restait. Et plus encore lorsque Perrine était en face de lui et qu’ils se trouvaient seuls dans cette chambre. Même si demain elle serait à nouveau Perrine Harcourt, il ne voulait rien perdre de cette nuit. Il ne répondit à la jeune femme que par un regard d’excuse, baissant légèrement les yeux face au visage réprobateur de Perrine. -Tu sais que dès demain, tout ceci sera bien différent, dit-il simplement alors qu’elle s’approchait à nouveau. Mais les lèvres de la jeune femme sur les siennes l’empêchèrent de poursuivre et il laissa ses mains ôter sa veste. Posant un regard enfiévré sur Perrine, il l’aida en ôtant un à un les boutons de son veston, retirant ses chaussures. -Si nous n’avons que cette nuit, alors je ne veux pas la perdre à songer à ce qui pourrait ou non arriver demain. -Si nous perdons celle-ci, je me lancerai dans une bataille pour qu’il y en ai une autre, répondit-il, lançant un défi au destin capricieux. Il se plaça dans son dos, délaçant promptement le corset et ôtant tous ces attirails. Que les femmes pouvaient porter d’accessoires ! Ces pièces avait toujours impressionné le jeune homme et parfois, lui venait l’idée d’une grande fête où chacun ne serait vêtu que du strict nécessaire…autant oublier quelques complications ! -Tiens, reprit-il doucement à l’oreille de Perrine, un jour je ferais une fête grecque…et tu seras mon unique Hélène. Je perdrais moins de temps à découvrir ce que tu caches sous ces étoffes…cela te plairait-il ? Il embrassa la nuque de la jeune femme, dénouant les derniers lacets du jupon qui tomba à terre dans un gonflement d’étoffes. Oui, ce bal serait une excellente idée, il entrevoyait déjà Perrine dans sa tenue hellène.
Mais il s’arrêta alors, l’observant en chemise qui laissait entrevoir ses formes. Tel Christophe Colomb découvrant les Amériques, il venait de dévoiler ce qu’il avait tenté d’approcher depuis de nombreuses années. Une terre promise, un continent nouveau, une île dont le sable n’attendait qu’à être foulé. La chevelure de la jeune femme tomba doucement sur ses épaules en une cascade brune lorsque Paris ôta les épingles qui la maintenaient. Ils étaient bien loin de leurs 5ans, de leurs jeux d’enfants. Ce jeu-là était bien plus intéressant, à présent. Sa silhouette était même bien plus gracieuse que ce qu’il avait pu imaginer depuis de si longues années, les formes d'ordinaire cachées sous ses robes lui apparaissaient plus gourmandes encore. Plus aucune jeune femme n’existait à présent, pas même celle qui le détournait chaque fois de ces buts et qui, certainement, serait la dernière informée de ce qui se passerait ici-même. Faisant glisser une main sur la hanche de Perrine, il revint face à elle, relevant doucement son menton de son index, puis l’embrassa une courte seconde, avant de plonger ses yeux dans les prunelles pâles de la camériste. -En oubliant toute la mauvaise foi dont tu es capable, demanda-t-il amusé, me pardonnes-tu la distance que j’ai mise entre nous ? Tu sais à présent que je ne voulais en rien te blesser, que seuls… il s’arrêta un instant, comme gêné, ne trouvant les mots exacts. Ou plutôt, ne parvenant pas à prononcer les mots dictés par son cœur….seuls mes…sentiments à ton égards me retenaient…, termina-t-il d'une voix hésitante. Il avait rompu toute ambiguïté, tout malentendu qui durait depuis tant d'année, et qui se dressait tel un obstacle. Si difficiles à lâcher, les mots avaient toutefois passé sa gorge, même s'ils laissaient un goût bien particulier sur son palais. Il s'était bien plus dévoilé qu'il ne l'avait jamais fait et il ne pouvait reculer à présent...même si cette idée n'était alors pas envisageable. Loin des barrières, des codes sociaux et des classes, Paris préférait bien plus suivre son cœur que son rang. Telle sa mère avant lui, il ne plaçait sa confiance qu'en ses sentiments et ce soir, ceux-ci ne lui montraient que le visage de Perrine.
Comme pour se faire pardonner par avance ces mots, il posa délicatement sa main sur la joue de Perrine, ne détachant son regard du sien. Il pouvait rester ainsi de longues minutes, contemplant simplement ce qu'il avait tant désiré, puis rejeté stupidement. De corps ou d’esprit, jamais Paris n’avait été plus dénudé devant une camériste ! Il glissa alors sa main dans la sienne, fermant ses doigts autour de la fin paume de la jeune femme et l’attira vers le lit dont les épaisses tentures sombres de velours vert étaient relevées. Les draps de soie encore tirés, il semblait attendre paisiblement les deux amants. -Il est temps que nous nous excusions l’un à l’autre, ne crois-tu pas, murmura-t-il à son oreille avant d'embrasser la joue de la jeune femme?
Spoiler:
et ouais, tout ça pour ça
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Sujet: Re: Faisons pâlir tous les marquis de Sade... [Perrine & Paris] *Terminé* 18.06.12 22:37
Perrine savait pertinemment ce à quoi elle s’exposait en se laissant prendre à ce qui menaçait de n’être plus seulement un jeu. Mais elle était allée bien trop loin, et le regard que posa Paris sur elle était bien trop ardent pour qu’elle trouve la force de s’arrêter maintenant. Et pourtant, elle ne pouvait s’empêcher de penser, et de craindre les conséquences qu’aurait la nuit qui se profilait. Sans doute cette tenace lutte d’un reste de bon sens contre les sentiments qui l’emportaient, tenait-elle à ce qu’elle savait, elle, de quoi serait fait ce « demain » qu’évoquait Paris. Et ce départ, ce voyage qui n’avait rien d’innocent et comblait jusque-là son insatiable esprit d’intrigante, lui semblait soudain bien plus terne. D’un baiser, elle l’empêcha de continuer, de disserter plus longtemps de ce qui se passerait ou non au matin. Perrine ne pouvait plus reculer, alors elle fonçait tête baissée dans le délicieux piège qu’elle s’était longtemps obstinée à fuir et ne voulait plus entendre parler d’un quelconque lendemain. La nuit, et le charme de mademoiselle d’Harcourt seraient si courts… « Si nous perdons celle-ci, je me lancerai dans une bataille pour qu’il y en ait une autre, répondit le jeune prince. »
Perrine ne répondit pas, et se contenta de fermer les yeux alors que dans son dos, les doigts habiles de Paris couraient sur les lacets de la robe. Evidemment, il s’avéra aussi habile à cet exercice que la camériste qu’elle était, mais Perrine se garda du moindre commentaire à cet égard. Cette nuit, il était à elle – et uniquement à elle. « Tiens, lui souffla-t-il, un jour je ferais une fête grecque…et tu seras mon unique Hélène. Je perdrais moins de temps à découvrir ce que tu caches sous ces étoffes…cela te plairait-il ? » Un sourire, et un rire mutin échappèrent à la demoiselle qui tenta d’imaginer quelques grands noms de la cour, réunis dans une même pièce, tous habillés de toges grecques. Et Paris, pour lequel l’on ne saurait imaginer autre costume que celui du héros dont il portait le nom. « Je me laisserai volontiers enlever, et tu pourras faire ce que tu voudras de ma toge… répondit-elle, alors que les dernières pièces de sa robe tombaient doucement sur le sol. »
Un frisson la parcourut, un frisson qui n’avait rien de désagréable – au contraire. Combien de fois avait-elle songé à ce moment en se traitant de folle, et de naïve. Ça n’était pas tant le fait de passer la nuit avec Paris qu’elle n’osait espérer – s’il n’y avait pas eu ces troubles sentiments, sans doute la chose se serait-elle déjà produite – mais surtout de ne pas y figurer uniquement comme une conquête de plus. Ce soir, ce qu’il lui avait dit dans les jardins du Temple de la comtesse des Barres, ses gestes, tout se dotait d’un goût bien différent de celui de la simple passade. Et comme pour dissiper ses derniers doutes, il l’embrassa furtivement avant de plonger son regard dans le sien. « En oubliant toute la mauvaise foi dont tu es capable, me pardonnes-tu la distance que j’ai mise entre nous ? demanda-t-il comme en écho à cette scène avortée dans les appartements de Gabrielle. Tu sais à présent que je ne voulais en rien te blesser, que seuls….seuls mes…sentiments à ton égards me retenaient… »
Il y eut un court silence, alors. Un éclat traversa les prunelles de Perrine qui n’eut justement pas assez de mauvaise foi pour imputer les battements soudains dans sa poitrine à autre chose qu’aux mots du jeune homme. Elle oublia aussitôt et enfin toutes les raisons qu’elle avait bien pu se donner pour ne pas céder aux élans douteux de son cœur, et relégua loin, bien loin toute la prudence accumulée jusque-là de peur de se heurter à un mur. Au fond, qu’attendait-elle d’autre que ces mots de la part de Paris ? Un sourire maladroit étira ses lèvres alors que sur sa joue, la main du jeune homme lui tirait un nouveau tressaillement. Posant sa propre paume sur celle-ci, elle trouva enfin le moyen d’articuler quelques mots – elle auxquels les mots ne manquaient jamais ! « Toute ma mauvaise foi ne tenait qu’à mes… propres… sentiments, répondit-elle dans un souffle. Nous sommes quittes, je crois… ? »
Peu important les règles qu’ils brisaient ce soir : aux yeux de Perrine, elles n’avaient plus lieu d’être. Les rôles sociaux auraient bien pu être inversés que cela n’aurait rien changé. Après tant de froideur, de tentatives maladroites et d’éclats, au diable les codes ! Personne n’était là pour juger. Doucement, la camériste en chemise se laissa entraîner vers le grand lit. « Il est temps que nous nous excusions l’un à l’autre, ne crois-tu pas ? lui glissa Paris, ce à quoi elle répondit par un nouveau baiser enfiévré. - Je vous prie d'accepter toutes mes excuses, prince... répondit-elle en le débarrassant un peu plus de sa chemise entre chaque mot. » Tant de défenses érigées, tant de résolutions… tout ce qui avait pu pousser Perrine à creuser encore et encore le fossé que le jeune homme avait mis fut balayé en quelques secondes. Elle oublia le lendemain, son départ pour un long voyage aux issues incertaines. Elle ne songea plus à rien si ce n’est à lui.
Ainsi, cédant aux appels des draps plissés, les deux amants se trouvèrent-ils pour la première fois.
NC -26 ans:
Leurs étreintes laissèrent à Perrine un sourire rêveur, qui se blottit sans y penser dans les bras de Paris pour le reste d’une nuit déjà fort avancée. Elle dormit peu, et s’éveilla avant les premières lueurs du jour. Les yeux encore voilés de sommeil, elle resta de longues minutes sans bouger, observant à loisir le prince endormi. Il n’en fallut pas plus aux angoisses et aux questions étouffées pour revenir, plus mordantes encore que la veille. Ce qu’ils s’étaient dit la veille lui laissait un arrière-goût amer, et pourtant, elle n’avait que rarement été si sincère qu’en ces instants-là. L’idée du départ qui approchait à trop grands pas lui noua la gorge, et celle de sa mission plus encore. Etait-ce là une pointe de culpabilité ? Perrine serait morte plutôt que de l’admettre, mais le fait était là.
A cette pensée, elle détourna le regard et, silencieuse comme une ombre, se leva. Tiraillée par trop de sentiments contradictoires, elle mit le temps de retrouver ses affaires et de se glisser sans bruit jusqu’à sa petite chambre pour se composer le visage neutre qu’il conviendrait de montrer à Gabrielle. Pourtant, alors que les derniers préparatifs s’achevaient, et que la petit et discrète équipée quittait l’hôtel des Longueville, c’est vers la chambre de Paris que volèrent les songes et les regrets de Perrine.
Spoiler:
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Paris de Longueville
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Sujet: Re: Faisons pâlir tous les marquis de Sade... [Perrine & Paris] *Terminé* 08.08.12 23:40
-Toute ma mauvaise foi ne tenait qu’à mes… propres… sentiments, répondit-elle dans un souffle. Nous sommes quittes, je crois… ? Les sentiments de Perrine. Ces mots, Paris les avait attendu presque sans espoir. Toutes ces heures passées à l’observer plutôt qu’à étudier ; toutes ces soirées où il regrettait qu’elle ne fut là, tous ces espoirs déçus par cette seule barrière qu’était la classe sociale ! Il les entendait enfin et savait qu’il les conserverait jalousement. Ils étaient bien plus précieux que toute amitié et étaient ce sésame qui lui permettait enfin d’oser songer à un quelconque avenir. Elle l’avait lentement suivi jusqu’au lit et ôtant lentement les bretelles de sa chemise, posa ce regard dont il avait tant rêvé dans le sien. - Je vous prie d'accepter toutes mes excuses, prince... La robe était tombée et devant lui se dressait Perrine, telle qu’il l’avait toujours désirée. Elle, entière, dans toute sa beauté. Nue, dans chacun des sens de ce terme. Il pouvait poser mille mots sur ce nom, mais ce soir, il n’en n’avait que deux qui lui suffisaient. Sans artifice, sans mauvaise foi, sans préciosités inutile. Elle était dénudée de tout ce qui l’éloignait de lui et bientôt, il ôta ce qui pouvait encore leur rappeler combien leurs différences les séparaient. Il observa les formes de la jeune femme d’un regard tendre, bien plus gourmandes qu’il ne les avait parfois imaginé et il la mena sur les draps. -Sans en connaître la raison, je t’excuse de tout…même des fautes à venir. , murmura-t-il à son oreille.
Bientôt, seuls les draps furent témoins de leurs excuses mutuelles.
Intermède musical.
Spoiler:
La nuit allait certainement bientôt se coucher elle-même lorsque la tête de Perrine vient se blottir contre son épaule. Passant un bras tendre autour de la jeune femme, il la serra contre elle, comme pour retenir ce qui demain lui serait ôté par ce qu’on appelait « réputation ». Ecoutant silencieusement la respiration calme de Perrine, ses propres pensées les bercèrent bientôt et il la rejoignit à son tour auprès de Morphée.
-Monsieur, levez-vous, vous allez être en retard ! La route pour Versailles est longue aujourd’hui et n’oubliez pas que vous devez être présent au lever du roi ! Paris sortit une tête mal réveillé de sous les draps et les yeux plissés pour se protéger du soleil, tenta de se remettre la situation. Son valet de chambre ? Ici ? Totalement réveillé en une seule seconde, il se retourna de l’autre côté du lit…vide. Il ne sut si ce soupir était de soulagement ou d’inquiétude, mais il bénit Perrine d’avoir eu la force de quitter la chambre avant que ce trublion en livrée ne vienne le déranger. Le regard morose, il voulut se renfoncer sous les draps, mais l’autre fut plus vif et lui présenta chemise et culotte. -Allez au diable Vauvert, marmonna le jeune prince en attrapant sa chemise. -Monsieur a donc passé une courte nuit ? -Vauvert… -La chambre bleue n’est pourtant pas… -VAUVERT ! Mes bas !
Il lança un œil noir au valet de chambre qui resta impassible. Maugréant contre sa mère qui le lui avait imposé, après avoir entendu quelques retours sur la passivité du précédent, il termina d’enfiler ses vêtements, passa chaussures et dentelles avant de coiffer quelques mèches en bataille. Le nez sur son miroir, il lança un regard à Vauvert debout derrière lui. -Ma sœur est-elle déjà prête ou voyagerons-nous ensemble ? -Elle est partie, monsieur, précisa Vauvert. -Parfait. Il me sera plus simple d’éviter cette sorcière à Versailles. -Non….je veux dire monseigneur, que mademoiselle est partie tôt ce matin. Pour son voyage. -Quoi ? Elle ne m’a rien dit quant à sa date de départ ! -Elle a pourtant quitté l’hôtel avec une petite malle et celle de sa camériste. -Perrine ?! Paris se retourna d’un seul coup. -En effet.
Atterré, il se laissa tomber dans le fauteuil et d’un geste de la main, signifia à Vauvert son congé. Ainsi, Perrine ne s’était pas éclipsée par prudence, elle était simplement….PARTIE ! Sans un seul mot, ni note, ni prévention ! Elle l’avait quitté comme l’on quittait un amant d’une seule nuit. Ses mots d’hier étaient donc pure vénalité ? Elle ne croyait donc pas à ce qu’elle lui avouait ? Et lui ! Comme un bleu, un idiot, il s’était laissé aller à croire qu’elle avait pu nourrir quelques sentiments pour lui. L’imbécile !
Il jeta rageusement un mouchoir de soie sur la table et repoussa sa chaise brusquement avant de sortir de sa chambre. -Vauvert, appelez pour faire préparer mon carrosse. Tant pis si ces deux maléfiques ne sont pas là pour quelques jours, j’aurai une paix relative, râla-t-il en descendant les escaliers ! A leur retour, elles ne perdrons rien de mon attente.
*** Topic terminé ***
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Sujet: Re: Faisons pâlir tous les marquis de Sade... [Perrine & Paris] *Terminé*
Faisons pâlir tous les marquis de Sade... [Perrine & Paris] *Terminé*