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 [Vannes]Le goût du secret procède toujours d'un grand sentiment de supériorité. [RP unique]

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Emmanuelle de Vaunoy


Emmanuelle de Vaunoy

« s i . v e r s a i l l e s »
Côté Coeur: Le souvenir d'un homme et d'une enfant.
Côté Lit: Un homme aussi froid que le glace pourvoit à le réchauffer en ce moment
Discours royal:



    Princesse sombre
    Du Royaume des ombres.


Âge : 28 ans
Titre : Dame de Noirange, comtesse de Vaunoy
Missives : 288
Date d'inscription : 06/08/2011


[Vannes]Le goût du secret procède toujours d'un grand sentiment de supériorité. [RP unique] Empty
MessageSujet: [Vannes]Le goût du secret procède toujours d'un grand sentiment de supériorité. [RP unique]   [Vannes]Le goût du secret procède toujours d'un grand sentiment de supériorité. [RP unique] Icon_minitime18.07.12 16:09


Un homme est plus fidèle
au secret d'autrui
qu'au sien propre ;
Une femme au contraire
garde mieux son secret
que celui d'autrui.
[Vannes]Le goût du secret procède toujours d'un grand sentiment de supériorité. [RP unique] Jeremy10 && [Vannes]Le goût du secret procède toujours d'un grand sentiment de supériorité. [RP unique] 2zdx0e10


Vannes, 22 décembre 1666

Il n’y avait rien de plus palpitant que de déternir bien plus de secrets qu’on en laissait entendre. Tenir entre ses doigts les clefs du pouvoir. Jouer avec comme un chat fait rouler sa pelote. Le faire mûrir, grossir pour le rendre plus palpitant qu’un coeur vivant. Le secret, base des plus sourds complots et du pouvoir le plus grand.
Quiconque détenait la moitié de ce que contenait la mémoire de l’évêque de Vannes pouvait sans l’ombre d’un scrupule détrôner certains hommes de leur piédestal.

Les âges ne l’avaient mûri. Les années l’avaient poussé dans cette réclusion, parfois bien trop loin de ce qu’il appelait encore ses amis, uniques personnes qu’il ne pouvait duper sans en ressentir quelques maux de conscience. Les ans qui pesaient sur ses épaules se comptaient au nombre de rides qui creusaient son front marqué par les sceaux brisés. Mais son regard sombre n’avaient rien perdu de cet éclat luisant sur le jais. Il fallait croire que posséder autant de pouvoir à défaire entre ses longs doigts maintenait l’homme éveillé.
Faire et défaire les Grands. Construire et détruire des cathédrales humaines. Tel avait été son lot d’inquiétudes depuis que le vieux franciscain avait poussé son dernier soupir dans cette petite auberge. La duchesse de Chevreuse à ses pieds n’était qu’un lointain souvenir qu’avait balayé sa gracieuse rivale frondeuse et bien d’autres affaires politiques.
Il avait oeuvré seul toutes ces années de gloire. Dans l’ombre des grands, sa main tenait ces fils invisibles, tel un marionnettiste mais les années qui se comptaient sur son visage marqué l’avait poussé à s’ouvrir.

Elle était venu comme un ange. Un ange noir, victime de la cruauté d’ennemis sans nom. Une âme encore innocente, tout juste bercée de quelques secrets encore avouables. La mort l’avait hélas épargnée, laissant cette carcasse comme vide de toute vie, à la volonté plus faible qu’un oisillon nouveau-né. Il avait été si aisé de la prendre à ses côtés. Un charme sombre et déroutant, un esprit qui sommeillait encore mais qu’un seul nom pouvait définir.
Il avait de la mémoire de ces années de Fronde et le nom que cet ange déchu portait n’avait pu qu’attiser ses désirs. S’il fallait partager, ce serait elle.

Il l’avait faite renaître, lui avait donné un nom et une place. En unique témoin, le duc son père, courbé sous le poids des années, avaient, comme pour une jeune mariée, donné la main encore pure de sa fille. L’évêque de Vannes avait trouvé plus qu’une compagne: une âme et un esprit dévoué. Il avait fallu éloigner quelques témoins, mais lorsque l’on détient le pouvoir de bâtir des trônes, il est aisé d’éloigner quelques frivoles.
Le temps avait fait son oeuvre. Si belle et magnifique, si troublante et dangereuse. Encore pleine de scrupules et douée d’une compassion qu’on ne pouvait éteindre. La rancoeur de la vie la poussait au vice nécessaire.


Assis dans son épais fauteuil, les bras balants sur les accoudoirs, les yeux posés sur les dalles du salon, René d’Herblay, évêque de Vannes, général des Jésuites et ancien mousquetaire connu sous le nom d’Aramis, songeait, une fois n’était pas coutume, à son avenir.
Il avait préparé son ange noir à cela, mais ne savait si ces épaules seraient assez solides pour le poids de ces affres. Elle était de la dixième heure, en savait assez pour être un danger pour leurs ennemis, mais ne touchait pas encore du doigt l’ultime point qui pouvait la propulser.

Du moins, pas encore. Son tour venait, glissant silencieusement.

Fermant les yeux, il poussa un profond soupir et après avoir fait signe au vieux Bazin d’ouvrir la porte, il ramena ses mains croisées sous son menton, levant le regard vers la fenêtre.

-Monseigneur, vous savez que cette absence prolongée de la cour pourrait laisser courir les langues, annonça Emmanuelle en pénétrant dans la pièce. Elle ôta d’un geste sa cape qu’elle tendit à Bazin et se retourna vers son mentor. Merci Bazin, lâcha-t-elle succinctement. Elle tourna le regard pour s’assurer que la porte se refermait.
-Que souhaitiez-vous me confier qui vaille ce déplacement, monseigneur?
-Des choses que je ne puis coucher sur le papier, madame, répondit Herblay en se retournant vers elle. Approchez, prenez un siège.

Emmanuelle obtempéra alors que l’évêque lui-même tournait son siège pour lui faire face. Il semblait bien âgé, ratatiné dans un épais manteau de fourrure pour contrecarrer les plans du froid qui s’abattait sur le royaume.
-Notre oeuvre avance comme nous le souhaitions, commença-t-elle. Eléonore Sobieska nous suit dans cette affaire, Sola n’aura pas de sang sur les mains.
-C’est parfait. Comment procéderez-vous?
-Comme vous nous l’avez indiqué, nous retrouvons le chevalier d’Amaretto à Rome. Nous prendrons un bâteau à Marseille, j’ai déjà pris contact avec un marchand peu bavard et avare en curiosités.
-Quels noms?
-Je ne pouvais compromettre ma couverture. Cela fut conclu sous le nom de madame de Bièremont.
-Aucune trace?
-Je suis une Sérigny, monseigneur, s’amusa-t-elle. Chaque nom de chaque famille me fut appris et avec, les extinctions de noms. Bièremont n’a plus vu de descendants depuis les heures glorieuses de la Fronde. Tué à Charenton.
-Ah! Je ne me rappelle que de Châtillon. Le pauvre homme.
-Sa femme, à ce qu’on dit, en fut moins affectée, lâcha Emmanuelle d’une voix railleuse. Mais baste. Le marchand nous embarque pour Rome.
-Amaretto...au Vatican?
-C’est exact. Nous ne resterons pas à Rome. Il faudra agir en une seule journée. Un autre bâteau marchand a été contacté grâce au premier. Il repart de Rome dans la nuit, expliqua-t-elle.
-Alors...Sola et Sobieska?
-Je ne puis avoir de sang sur les mains, monseigneur, fit-elle d’une voix plus grave.
-Vous en aurez pourtant si vous partez à Rome, répliqua l’évêque en plantant son regard dans celui de la jeune femme. Il est toujours temps de vous retracter, mais je ne puis garantir la suite des évènements concernant les deux que nous avons engagé.

Emmanuelle se crispa. Elle n’avait pas été ainsi éduquée. C’était Louise, la belliqueuse, pas elle! Elle, elle était la douce, la romantique, la placide cadette. Elle était celle pour qui son coeur battait à la vue d’un bel homme, celle qui papillonnait en lisant des lettres courtoises. Celle qui se languissait des absences de son mari et pouvait jouer de nombreuses heures avec un poupon.
Mais n’avait-elle pas changé, toutes ces années? Herblay ne l’avait-il pas poussé à dévoiler son véritable caractère? Cette facette sombre, cette nature dénuée de scrupules, n’était-ce pas celle de son père? Le duc avait touché aux plus lourds complots de ce siècle, avait trempé ses lèvres sur le calice de l’intrigue, avait failli perdre son honneur. Son père, derrière ce masque juste et droit, n’était-il pas d’un esprit retors et calculateur? Ses enfants ne lui ressemblaient-ils pas?

Elle releva les yeux sur Herblay qui ne l’avait quitté du regard.
-Je reste. Mais je n’y toucherai pas. Je ne ferai que guider leurs mains, répondit-elle d’une voix froide.
-Cela me suffit, je n’attendais de vous que cette parole, madame, répliqua l’évêque dans un sourire.
-Pour quelles autres raisons?
-Celle de l’avenir, madame. Je me fais vieux.
-Votre esprit ne l’est pas, laissez-moi vous l’assurer.
-Mais mon corps, si. Vous accomplissez pour moi de nombreuses tâches que je ne puis compter.
-Je n’ai eu d’autre choix toutes ces années.
-Vous êtes baignée jusqu’au cou dans les affaires qui maintiennent l’ordre.
-Je puis donc encore respirer.
-Mais pour combien de temps?
-Autant qu’il vous plaira. Et jusqu’à ce que ma fille soit à mes côtés.
-Ainsi, vous abandonnerez tout? Et votre nom?
-J’ai appris à ne plus craindre mes ennemis.
-Et tout ce que vous savez?
-Je le garderai en mon sein.
-Qui en sera donc le garant?
-Vous, monseigneur!
-Et si je viens à redevenir poussière?
-Vous trouverez une âme bien aussi sombre que la vôtre, monseigneur!
-Pas autant que la vôtre l’est.

Emmanuelle s’arrêta et eu un petit rire amusé.
-Parlez sans détours. Le pot s’amenuise.
-Soyez mon successeur.
-Votre...
La jeune femme s’arrêta, le sourcil froncé, observant une trace de raillerie dans le visage de l’homme.
-Je suis une femme, balbutia-t-elle!
-C’est un ordre laïc.
-Je....je n’en n’ai pas les épaules! ni la force! ni le courage!
-Ah! Vous qui êtes depuis tant d’années à mon service? Vous êtes mes yeux, ma voix et mes oreilles et vous prétendez ne pas pouvoir porter cela?!
-Vous rendez-vous compte de ce que ceci inclut comme pouvoir?
-Je le porte depuis des décennies.
-J’en suis incapable, monseigneur, protesta-t-elle!
-Bien sûr que vous l’êtes, madame, répondit-il l’oeil brillant. Vous êtes encore en vie alors que vous aviez tout perdu. Vous êtes venue jusqu’à Vannes pour me rencontrer. Vous espérez encore retrouver votre trésor le plus cher et vous gardez espoir en tout. Votre âme est bien plus blanche que la mienne et votre esprit encore vivace. Vous connaissez tous ces grands d’Europe et vous touchez du doigts les secrets les plus sombres. Il y en a encore, mais ce que vous allez accomplir est certainement le point culminant de ce que nous pouvons atteindre.
-Monseigneur....
-Je connais le nom du futur Pape, madame, le coupa Herblay d’une voix égale.
Elle s’arrêta dans son élan, lâchant un profond soupir.
-Acceptez, je vous en prie. Vous pourrez retrouver toutes vos lettres, votre nom. Vous posséderez un pouvoir que nul autre ne détient.
-Peut-être est-ce cela qui m’effraie, avoua-t-elle.

Elle ferma les yeux un instant, réfléchissant silencieusement. Face à elle, il savait d’avance sa réponse et sachant qu’aucun autre argument ne serait plus nécessaire, il se tut à son tour.
Le silence s’écoula de longues secondes. L’on entendait que quelques oiseaux au dehors et les bruits de Bazin au rez-de-chaussée.
Tout ce pouvoir...toutes ces possibilités...tous ces secrets, ces informations qu’elle détiendrait. Après tout, ne vivait-elle pas dans le mensonge toutes ces années? Pourquoi n’en serait-elle pas capable? Elle se le prouvait en ce moment-même, face à son mentor.
Relevant les yeux vers lui, elle s’aperçu qu’il ne l’avait quitté du regard, affichant ce même sourire d’intelligence que le jour où elle l’avait rencontré.
Hochant lentement la tête, elle su sa décision.
-D’accord. Mais après l’élection.
-Cela sera fait selon vos désirs, madame, répondit Aramis, la poitrine ôtée d’un poids.


***
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