► 22 ans
► "Marquise" ...
► France
► Sans époux, ni attache...
« Il était une fois ... »Lorsqu’Hortense est née, elle ne pouvait pas deviner que sa vie serait aussi mouvementée.
Commençons par sa plus tendre enfance. La jeune Hortense est née dans une famille assez aisée et où elle ne manquait de rien. Son père, Claude de la Magdelaine, était un illustre maréchal de camp et participa à bon nombre de guerres en tant que tel. Il avait reçu de son illustre famille, une très vaste terre en Bourgogne, où il pouvait retrouver son épouse après les batailles.
En effet, contrairement à ce que l’on pourrait penser de lui, il n’était un bougre qui ne pensait qu’à la guerre. Il était également très proche de son épouse, Clothilde, à qui il offrit deux beaux enfants. Le premier, Jean-Baptiste fut choyé comme jamais. Le premier enfant étant un fils, rien ne pouvait faire plus plaisir à Claude. Clothilde, elle, bien qu’heureuse de donner un héritier à son époux, aurait voulu voir naître une fille, à qui elle aurait pu transmettre des secrets de familles. Pendant deux années, ils vécurent tous les trois, au rythme des batailles où devaient se rendre le père et des saisons parfois rudes qu’imposait la vie à la campagne.
Clothilde avait compris tardivement qu’elle était enceinte, et n’avait pas prêté attention à son mode de vie. Lorsque son ventre avait commencé à s’arrondir, elle cru d’abord que l’âge avançant, elle devenait comme toutes celles qui vivaient dans leur hameau. Jusqu’au jour où, un beau matin de mai, elle se sentie mal et tomba violemment sur le sol de sa cuisine. Ce jour, les trois personnes travaillant pour la famille s’étaient retirées pour se rendre sur le marché de la ville voisine. Elle s’était retrouvée seule, accompagné de son fils âgé de deux ans seulement. La panique la prenant, elle poussa un cri de détresse qui alerta un paysan qui passait le long de la demeure.
Il ne prit pas peur de sauter la barrière et d’aller vers le cri qu’il avait entendu. Il vit gisant sur le sol, une jeune femme qui semblait suffoquer. Il l’a prit dans ses bras, et ne sachant pas trop quoi faire, il la posa sur le sol, à l’extérieur, auprès du puis. Il remonta le seau rempli d’eau bien fraiche, et passa avec sa main quelques gouttes sur le visage de Clothilde. Elle revint peu à peu à elle, et ouvrit les yeux délicatement. L’inconnu lui sourit, et Clothilde ne pu s’empêcher de rire.
D’autres auraient hurlées, à la vue d’un homme qu’elles ne connaissaient pas. Dans le cas de la demoiselle, elle n’avait remarqué qu’une chose. L’homme d’un âge avancé, n’avait plus de dents de devant, et souriait comme s’il avait le plus beau sourire de toute la France. Elle lui somma de l’aider à se relever, et le remercia :
« Je vous suis sincèrement reconnaissante. Je ne sais pas ce qui m’est arrivé, mais dès que mon personnel de maison sera de retour, je les ferai appeler le médecin qui vit non loin d’ici. Je déteste être mal en point, sachant que mon époux va rentrer d’un jour à l’autre… »Elle le remercia encore, lui offrant un pain et des pots de confitures. Quelques instants plus tard, une des servantes accourue au chevet de Clothilde qui s’était allongée avec son fils… Elle était encore pâle, mais souriait vivement, se doutant de ce qui lui était arrivée. Elle pria la jeune femme d’aller à la rencontre du médecin, afin qu’il lui rende visite.
Quelques heures plus tard, il arrive à son tour auprès de la femme, en même temps que Claude, qui rentra plus tôt que prévu d’un combat, qu’il avait gagné. Il avait pris la décision de se rendre chez le médecin, avant de rentrer, à cause d’une blessure qui le faisait souffrir. Il y avait croisé sa servante, qui venait pour sa femme, et il oublia alors sa douleur.
« Que s’est-il passé ? Comment vous portez-vous ma mie ?
- Je me porte comme un charme !
- Mais pourtant, vous êtes tombée et vous souhaitez voir le médecin… Je ne comprends rien !
- Je pense connaître la raison de mon malaise, et je souhaitais en avoir la confirmation… »Elle se tourna vers le docteur, qui avait déjà bien remarqué les rondeurs de la jeune femme. Il s’approcha d’elle, et posa la main son ventre. Claude pensa d’abord à des maux d’estomac et qu’elle savait de quoi cela provenait. Mais il était bien loin du compte. Ces rondeurs n’étaient autres qu’un petit être qui se développait en elle. Lorsqu’il apprit la nouvelle, il en pleura de joie. Pourtant, un homme se devait d’être toujours droit et de ne jamais montrer ses sentiments en public, mais l’idée d’avoir un deuxième enfant le comblait au plus haut point. Il s’approcha de Clothilde pour l’enlacer et déposer un baiser dans ses cheveux. Il prit Jean-Baptiste dans ses bras et le lança dans les airs, en éclatant de rire. Il se sentait libre, après les combats qu’il avait vécu, cela n’était pas de trop.
Les mois passèrent et c’est donc lors d’un hiver très rigoureux que la jeune enfant vint au monde. Claude ne pu cacher sa déception, ce n’était pas un deuxième fils, mais une fille que sa femme lui avait donné. Ce qui faisait en revanche, les affaires de cette dernière. Elle avait tellement souhaité au fond d’elle avoir pour deuxième enfant, une petite fille, qu’elle ne pouvait plus s’arrêter de sourire et d’être attentive à son enfant. De plus, Hortense était assez chétive et elle avait grand peur qu’il lui arrive malheur. De par le froid, les fièvres étaient violentes dans les alentours, et beaucoup d’enfants étaient morts, pas assez forts pour résister. Clothilde fit en sorte de protéger ses enfants, ils restaient près du feu, et ne devaient en aucun cas sortir dehors.
Pendant les quatre premières années de sa vie, Hortense n’avait pratiquement jamais vu le jardin, ni les alentours. Jean-Baptiste, lui, pouvait sortir dès que les beaux jours arrivaient, mais seulement auprès de la marche qui donnait sur la cour près du puis. Claude, lorsqu’il était présent, s’en amusait et faisait exprès de mettre les enfants à jouer dans la cour de devant. Clothilde devenait rouge de rage, mais tout le monde finissait par en rire.
L’enfance d’Hortense fut donc assez douce. Bien qu’elle soit issue d’un monde noble, elle devait se plier à certaines contraintes de la vie à la campagne. Contrairement à celles qui vivait en ville, elle ne pouvait pas se rendre à de grandes réceptions et n’avaient pas beaucoup plus de privilèges que les gens moins aisés qui vivaient là. Et cela ne la dérangeait pas… au contraire, elle détestait par-dessus tout le faste et le luxe. Lorsque ses cousines lui rendaient visite, elle se moquait d’elle en les voyant dégoutées par la boue qui s’était collée à leurs souliers tout neuf.
Hortense était une enfant très terre à terre, et bien qu’elle soit obligée d’accomplir quelques tâches que sa mère lui imposait, elle avait aussi toute la liberté de découvrir la campagne accompagné de son grand frère. Ils avaient seulement deux ans d’écarts et étaient très proches. Ils s’entendaient à merveille et aimaient les mêmes choses : la nature, les animaux et les jeux en extérieur. Il n’était pas rare de voir les deux jeunes gens partir ensemble, main dans la main, vers la petite forêt qui bordait la maison. Ils y découvraient les noms arbres, et de fleurs qu’ils avaient appris dans les livres à la maison. Ils se rendaient au petit ruisseau qui coulait là, et comme si personne ne pouvaient les retrouver, ils s’inventaient des histoires incroyables. Ils aimaient aussi, simplement retirer leurs souliers et tremper leurs pieds nus dans l’eau fraiche. Leur mère détestait cela, au plus haut point, mais elle ne les empêchait pas. Elle savait que ses enfants étaient deux perles et qu’elle devait les laisser vivre et découvrir les choses comme bon leur semblait.
Claude était beaucoup plus strict mais étant moins présent, les enfants avaient tout leur temps pour profiter de leur liberté. Quand le père était de retour, les études devenaient alors le point important de leurs journées. Très tôt, Hortense se prit de passion pour la lecture. Elle pouvait dévorer des livres en quelques jours et ne s’en lassait jamais. Elle s’imaginait les personnages vivres dans son esprit, ce qui rendait l’histoire plus vivante. Elle rêvait d’une suite, qui lui paraissait la plupart du temps bien trop utopiste, mais elle aimait s’évader à travers la lecture, lorsqu’elle n’avait pas les moyens de le faire physiquement. Elle n’avait pas de livre préféré, elle disait qu’ils étaient tous différents et qu’on ne pouvait pas aimer un livre plus qu’un autre. Une histoire, peu importe laquelle, reste intéressante et passionnante quand on y met de la vie. Ce qui lui permit d’avoir une philosophie de vie, en grandissant, qui fut incroyablement juste.
Elle ne voyait rien comme une contrainte. Si elle devait faire une chose, elle s’y pliait et trouvait toujours un point positif qui lui donnait envie de continuer. Jusqu’au jour où, son père, fatigué, ordonna à son frère d’aller à Paris pour rendre visite à un ami de la famille. La ville était bien loin de la demeure familiale, et Hortense eut des difficultés à voir son frère, qui était presque un jumeau, partir très loin d’elle. Rien n’était positif dans cette histoire, et elle ne voyait pas pourquoi elle ne pouvait pas l’accompagner. Elle était bien trop frêle et utopiste, pour le comprendre. Il quitta la Bourgogne pour un long moment.
Hortense vécut plus calmement. Elle restait la plupart du temps enfermée, le nez dans les livres, aux côtés de sa mère. Elle aidait parfois la cuisinière, à faire des tartes pour passer le temps. Bien sûr, à coté de ses passe-temps, elle continuait à apprendre de sa mère, les façons de faire pour une jeune femme de son rang. C’est donc adolescente, qu’elle comprit qu’elle devait penser au fait, qu’un jour, son père lui présenterait un homme qui serait un jour son époux…
« Tu devras être une belle jeune femme, polie et cultivée, si tu veux un époux de ce nom ! »Cette phrase avait résonné dans l’esprit d’Hortense pendant des semaines... Cette année là, l’hiver avait été assez doux. Et l’anniversaire de la demoiselle se passait sous un ciel bleu azur et le soleil vint lui caresser le visage traversant le carreau de sa fenêtre. Elle ouvrit un œil, et aperçue que sur le pied de son lit, était posée une robe d’un bleu roi incroyablement éclatant et brodée de fils dorés. Bien qu’elle soit une fille plus proche de la nature, les robes ne la laissaient pas de marbre.
D’autant plus qu’elle n’était plus une enfant maintenant. Depuis plusieurs mois, elle savait que ses parents avaient cherché à lui trouver un futur époux. Autant dire qu’elle ne s’intéressait pas aux hommes. Pour elle le seul garçon intéressant, c’était son frère. Ils étaient toujours aussi proches l’un de l’autre. Jean-Baptiste était d’ailleurs revenu de Paris. Il y avait passé bien plus de temps que prévu. L’histoire avait voulu que l’ami de son père lui ait proposé plusieurs missions contre un peu d’argent. Lui avait déjà 18 printemps, et la campagne ne lui plaisait plus.
Il avait goûté à la vie citadine, et avait souhaité y rester jusqu’à l’année suivante. Lors de son retour, Hortense avait bien grandit. Elle avait les cheveux très longs, blond foncé, et un regard bleu-gris perçant. Elle qui avait toujours eu quelques rondeurs, s’était affinée, au point où ses robes semblaient toutes trop larges. Son frère eut du mal à la reconnaitre, mais leurs retrouvailles furent le plus beau moment que la famille avait pu vivre. La famille était enfin recomposée, et plus rien n’irait mal maintenant…Selon Hortense !
Elle passa donc la robe, et rejoint la pièce principale de la demeure. Un grand salon avec trois belles bibliothèques, et deux grands canapés où s’était installée sa famille. Sur tous les visages, on pouvait comprendre qu’une surprise se préparait. Hortense s’attendait à une surprise, un beau cadeau comme on lui faisait chaque année. Mais cette année, le présent n’était pas matériel, et il représentait quelque chose d’important, surtout aux yeux de ses parents. Elle observa son frère, souriant, sa mère la larme à l’œil et son père se levant en lui ouvrant grand les bras…
« Ma fille…Ô ma fille ! J’ai une nouvelle incroyable à vous annoncer. C’est un cadeau divin, il est arrivé ce matin même, jour de votre anniversaire… C’est un excellent présage pour la suite de votre vie mon enfant ! »Hortense s’avança encore, puis suivant le geste de son père, elle s’assied à ses côtés. Elle vit sur la table, une missive écrite de la main d’un certain Comte de Gan. Hors, elle ne savait pas du tout qui il était. Claude prit la lettre et lui tendit, elle la prit entre ses mains et débuta la lecture. Les premières lignes n’étaient qu’un monceau de flagorneries à l’attention de son père, et rien ne semblait changer la vie de la jeune femme. Elle sauta alors la moitié de la lettre pour tomber sur trois lignes qui la laissèrent bouche bée :
« Je vous prie Monsieur, de bien vouloir m’accorder la main de votre fille. Je vous promets de prendre grand soin d’elle, de la chérir et de l’honorer. Je vous remercie de me faire confiance, et de m’avoir choisi comme époux. J’aurai aimé que vous la laissiez à votre fille, pour qu’elle lise également ces quelques mots, si vous le permettez… »
La lettre continuait, mais elle s’en moquait. Le jour de son anniversaire, elle apprenait donc que son père avait contracté son mariage. Elle s’en doutait bien sûr, mais si rapidement, c’était tout de même surprenant. Elle n’était pas fâchée, l’homme en question semblait poli et d’une éducation convenable. Elle avait simplement peur de rencontrer un homme un peu trop vieux pour elle, comme la plupart du temps. Elle se redressa, un sourire timide aux lèvres…
« Et, l’avez-vous déjà rencontré père ?
- Non, pas encore, mais Jean-Baptiste m’a dit qu’il l’avait croisé à Paris ! »Elle se tourna vers son frère ainé, et lui prit les mains, elle semblait trépigner d’impatience et pour éviter de la faire languir bien plus encore, il décida de lui raconter le peu de choses qu’il savait sur ce comte de Gan :
« Hortense, je ne pourrais point t’en dire beaucoup… Je n’ai pas eu directement à faire à lui, mais lors d’un bal, il était dans mon cercle de discussion. C’est un jeune homme qui a mon âge à peu de choses près je pense, peut-être un peu plus vieux, mais pas d’inquiétude, il n’a pas l’âge de père !
Il est très gentil, et bien que la beauté masculine ne m’intéresse guère, je peux t’avouer qu’il ne fait pas parti des hommes les plus laids du pays. »Sachant se tenir devant ses parents, elle ne fit que répondre par un sourire. Mais au fond d’elle, la joie venait d’éclater. Son père était quelqu’un de bien, il avait fait attention à ce qu’elle soit mariée à un homme digne de son rang et qu’elle soit entourée de quelqu’un qui prendra soin d’elle. Comme elle aimait sa famille ! Il y avait toujours eu ce respect mutuel entre les membres de la famille, et surtout que son père bien que travaillant dans un monde très respectueux des règles, soit plus léger sur les coutumes avec sa fille.
Il devait venir bientôt, mais la lettre étant datée depuis déjà plusieurs semaine, il fallait s’attendre à ce qu’il arrive très bientôt… Et une surprise en entrainant une autre, le fameux Comte de Gan arriva dans la journée. Alors qu’ils étaient attablés pour le repas du midi, ils entendirent des sabots de cheval taper le sol de la cour arrière. Claude sortie rapidement, et la famille suivit rapidement. Clothilde s’exclama, et ordonna aux servants d’aider le jeune homme. Hortense ne comprenait pas très bien ce qui était en train de se passer. Pourquoi toute cette précipitation autour d’un jeune homme ?
Comme si l’idée lui avait transpercé le crane, elle comprit que cette personne était en fait, son futur époux. Elle resta en retrait, préférant observer la scène de la fenêtre. C’était un très beau garçon, blond avec de grands yeux bleu perçants. Il était bien bâti et semblait très poli. Il s’avança vers la mère de la jeune femme et se présenta :
« Bonjour Madame, je suis Cédric de Porto, Comte de Gan. Je suis ici pour rencontrer ma future épouse…Puis-je ? »D’avoir demandé la permission à sa mère, avant son père semblait une chose cocasse aux yeux d’Hortense, cependant, elle trouvait ça extrêmement attirant. Elle se recoiffa, déplissa sa robe et se tint droite. Elle avança sur le pas de la porte et posa son plus beau sourire sur ses lèvres rosées. Elle regarda le jeune homme timidement, derrière une femme qui ressemblait fortement à Clothilde se tenait également droite, un large sourire aux lèvres.
Finalement, Hortense se rendit compte qu’elle ne connaissait rien de ce jeune homme. Elle ne savait pas qui il était et d’où il venait. Elle avait entendu parler de Paris, mais y vivait-il ? Que faisait-il là bas ? Des tas de questions qui restaient en suspens. Les deux invités entrèrent dans la demeure et le père d’Hortense les invita à rejoindre la table pour la fin du repas. La jeune femme s’installa auprès du jeune homme qui semblait tellement timide qu’elle n’osa point lui parler. Mais le temps passant, elle devenait curieuse de savoir qui il était. Et surtout, de savoir s’il était aussi ravi qu’elle de cette union !
Ils passèrent un moment ensemble, à discuter. Mais il ne répondait pas, les seules réponses, Hortense les avait eu de la mère du jeune homme. Elle savait qu’il était le fils d’Athos, fameux mousquetaire. Mais, malheureusement, le silence pesant du jeune homme devenait insupportable pour Hortense et elle préféra le laisser de côté pour discuter avec les autres.
Comme elle était déçue de le voir si peu vif. Comment allait-elle pouvoir passer de bons moments avec un homme qui ne dit pas un mot et qui reste dans son coin à longueur de temps. Finalement, les deux visiteurs devaient retourner à l’auberge pour la nuit et repartir à l’aube. Hortense se sentie soulagé. Elle n’avait pas aimé cet homme, vraiment, elle ne le supportait pas. Elle monta dans sa chambre, ferma la porte derrière elle et pleura de toute ses forces. Son frère passa la tête par la porte, mais rien n’y faisait. Elle était tellement déçue.
Les jours passèrent, et la tristesse ne s’en allait pas. Elle allait devoir épouser un homme froid et distant. Comment imaginer faire sa vie, chacun de son côté quand pour sa part, Hortense avait toujours connu des parents amoureux. Elle ne sortait plus, Jean-Baptiste essayait de la faire sortir, il lui proposait des balades en foret, et tentait de lui faire retrouver le sourire. Mais rien ! Son père partait de plus en plus souvent à Paris et sa mère se retrouvait seule à coudre. La jeune Hortense sentait que la famille n’était plus si soudée et qu’elle en était surement la raison.
Un matin, elle entendit dans la cour les sabots d’un cheval taper le sol. Étrangement, le son lui était familier. Elle passa la tête par la fenêtre, et elle tomba sur le Comte qui était en train de descendre de son cheval. Elle se précipita dehors, il faisait froid, mais peu importe, elle était curieuse de voir qu’il était revenu la voir…
« Je suis heureuse de vous revoir Monsieur de Portau…
- Moi aussi Hortense… »Elle était de nouveau souriante, il lui proposa de l’emmener en balade, elle accepta. Ils passèrent une excellente journée, vraiment. Tout se passait bien. En rentrant à la maison de famille, personne n’était présent. Un mot sur la table indiquait que la mère et le fils étaient allés à l’auberge. Ils se retrouvaient seuls, et alors qu’Hortense prit un peu d’eau, elle senti une main prendre son poignet et elle se retourna face à Cédric. Oui, dans sa tête ce n’était plus le comte mais Cédric. Même si elle ne se permettrait jamais de l’appeler ainsi, au fond d’elle, elle avait découvert le vrai homme qui se cachait et elle se sentait capable de l’aimer et de l’épouser. D’autant plus quand il prononça les mots qui suivirent :
« Mademoiselle, je m'excuse de mon comportement, je ne fus pas préparé à cette union future. Mais je sais à quel point j'ai la chance que la Providence vous choisisse pour faire de moi votre mari.
- Monsieur de Portau, vos mots me touchent plus que cela ne le devrait. J'eus peur que vous ne m'aimiez point et qu'être à vos côtés durant le reste de nos jours soit une torture pour vous.
Soyez sans crainte, et buvons à notre future union. »Il tendit à la jeune femme une coupe de vin. Elle ne buvait pas, mais pour fêter l’occasion, elle trempa bien volontiers les lèvres dans le breuvage. Elle souriait, le regardant fixement dans les yeux… Elle ne su pas pourquoi, mais les yeux du jeune homme lui semblait bien étranges, elle sentait sa tête tourner, et tout autour d’elle était bien trouble. Elle se laissa tomber au sol, et ses yeux se fermèrent instantanément…
« Vis ta vie, et venges toi ! »Elle voyait un sourire, une main faisant ce mouvement d’un au revoir et rien d’autre. Cette scène repassait en boucle. Elle n’oubliait pas ce visage, Cédric de Portau, ce petit vaurien. Il n’était pas un homme, mais bien un monstre. La suite de l’histoire, Hortense ne s’en souvient plus. Du moins, c’est ce qu’elle fait croire. Elle sait parfaitement ce qu’il lui est arrivé. Le vin était surement empoisonné ; Il avait voulu la tuer, pour une raison ignorée en revanche.
Elle s’était retrouvée, gisant sur la rive d’une rivière, bien loin de chez elle. Sa robe trempée et elle très mal en point. Une famille de paysans passant par là, l’avait accueillie chez eux, le temps qu’elle se remette. Elle n’avait rien dit, se faisant passer pour une autre. Sa vie d’avant, elle allait la regretter. Elle n’avait revu personne, ni son père, ni sa mère et surtout pas son frère. Elle avait mal au cœur, rien que d’y penser. Mais elle souffrait surtout d’avoir été trahi et de ne pas savoir où elle pourrait retrouver celui qui avait voulu la tuer.
Plusieurs années passèrent, elle avait prit la route, jusqu’à Lyon. Chaque jour, elle se renseigna alors du temps qu’elle pourrait mettre pour rejoindre la ville de Gan et prit le temps de réfléchir à comment elle pourrait se venger ce cet être odieux. Il était originaire de là-bas et bien que vivant à Paris, sa mère y serait surement toujours. A l’aube de ses 22 printemps, Hortense qui se faisait maintenant appeler Garance de Balay, marquise de Condrieu, décida de quitter Lyon, sans rien dire. Elle prit son cheval, et prit la direction de Gan, une bonne fois pour toute. Ce n’était plus un rêve, mais une réalité.
Lorsqu’elle arriva, et qu’elle fut conduite au château, elle comprit rapidement que personne ne vivait plus ici. Elle apprit par les voisins qui vivaient un peu plus loin, que la dame était morte depuis quelques temps et que son fils, dit « le brave », était retourné vivre à Paris pour ses affaires. Elle devait donc rejoindre Paris, pour retrouver celui qui n’était qu’un imposteur. Elle voulait avant de se venger, de n’importe quelle manière, connaître la raison de cette agression.
A cause de lui, elle avait tout perdu. Elle n’avait plus foi en rien, elle ne croyait plus en l’amour, et elle avait perdu sa famille. Elle les imaginait parfois, la pensant surement morte, se demandant s’ils étaient conscients que le jeune comte y était pour quelque chose. S’ils avaient tenté de la retrouver ou s’ils s’étaient résignés à la mort… Toutes ses questions lui restaient en tête et tant qu’elle n’aurait pas reposé son regard dans celui de Cédric de Portau, elle ne pourrait pas se sentir paisible, pas comme avant.
La jeune fille douce et docile s’était transformée en jeune femme méfiante et parfois agressive. C’était donc sans aucune crainte, qu’elle quitta de nouveau la ville où elle avait posé ses bagages. Cette fois, c’était direction Paris, elle avait beaucoup voyage. Du nord, vers le sud, elle allait devoir remonter la France. Le plus difficile serait à venir. En effet, les saisons n’aidant pas et bien qu’elle soit assez forte pour braver les tempêtes, parfois, les hommes qui vous croisent ne sont pas très fins…
Un jour, alors qu’elle tentait de rejoindre la ville de Pau, elle croisa trois hommes à cheval. Elle ne se cachait pas, elle était une belle femme, mais sa préoccupation principale était bien à mille lieux de plaire aux hommes. Pourtant, c’était fort le cas, et eux le voyaient bien. Ils se mirent dans son chemin et empêchèrent son cheval de passer. Bien qu’en colère, et les prévenant qu’elle n’avait en aucun cas peur d’eux, le plus fort des trois descendit de sa monture. Il attrapa le bras de la demoiselle et la força à venir avec lui. Alors qu’il arracha un morceau de son vêtement, elle réussi à lui mordre le bras et à courir vers son cheval. Elle monta rapidement et réussit à s’enfuir.
Au loin, les hommes ne bougèrent pas, elle continua son chemin, mais à force de galoper, sa monture se fatigua, et elle se sentie obligé de s’arrêter sur le bas côté. Elle s’allongea alors dans l’herbe haute, et ferma les yeux un instant. Toujours ce même cauchemar récurrent. Cédric de Porto le sourire aux lèvres, lui faisant au revoir de la main, et l’eau qui la réveilla…
Mais cette fois, c’est une voix qui éveilla la jeune femme. Elle pensait à un homme comme les trois autres d’abord. Elle ouvrit les yeux et vit un grand jeune homme brun, se tenant droit. Il souriait, amusé de la voir ainsi. Sa robe déchirée et ses yeux à demi ouverts. Elle était allongée dans l’herbe, alors que le temps ne s’y prêtait pas vraiment. Hortense resta un long moment sans bouger puis elle se redressa sans avoir vraiment peur de l’inconnu face à elle. Il ne l’avait pas touché et ne lui avait rien dit d’autre que « Vous allez bien Mademoiselle ? ». Elle se doutait donc qu’il n’était un de ces bandits de la forêt qui lui voudrait du mal.
Elle se leva, et fit une révérence. Bien qu’elle ne soit maintenant plus aussi présentable que d’ordinaire, elle savait comment se tenir face à une personne qu’elle ne connaissait pas. Elle ne savait pas quoi lui dire. A vrai dire, son histoire était tellement incroyable qu’elle était certaine qu’on la prendrait pour une folle qui s’invente des histoires. Elle fit un sourire enjoué à l’homme et se présenta :
« Je suis Garance de Baley, marquise de Condrieu. Je suis confuse de me présenter à vous de la sorte mais je n’ai malheureusement rien d’autre à me mettre. J’ai du partir rapidement…Une bien longue histoire…Trop longue d’ailleurs ! Et j’allais y mettre un point final ! »Ces mots n’étaient pas ceux d’une demoiselle digne d’Hortense. Elle avait même naturellement donné son faux patronyme. Comme si, elle était devenue une vraie nouvelle personne. Comme si Hortense n’existait plus pour personne ! Le jeune homme lui posa alors des milliers de questions. Elle se sentie envahit par une sensation étrange, comme si, le fait qu’il énumère les choses de cette façon faisait remonter tout ce qu’elle avait enfouit. Elle rougit, puis dans un élan du cœur, elle s’approcha du jeune homme, l’agrippa aux épaules, et en le fixant droit dans les yeux, elle lui tint un discours violent, mais non dénué de sens…
« Écoutez, je ne sais pas qui vous êtes, mais vous devez me promettre de ne rien dire, de garder tout ce que mon cœur va vous avouer. Je n’ai parlé de cette histoire à personne. Malheureusement pour vous, cela tombe sur vous. Je me moque de votre nom, j’ai simplement besoin de vider la coupe qui va déborder ! »Elle lui expliqua tout depuis le début… Sa famille, le voyage de son frère à Paris, le jour de son anniversaire, le contrat passé avec la mère de son fiancé. Elle resta muette sur sa véritable identité, sur le nom de Cédric et sur la situation. Il n’avait pas besoin de le savoir et le fait d’avoir dit qu’il l’avait trahit, avait largement suffit à ce qu’elle se sente mieux.
Le jeune fut surprit et confus. Il se présenta alors, c’était Philippe d’Artagnan, un des fils du fameux Charles. Elle connaissait de nom cette famille, de par son père qui les tenait en héros. Et puis, elle savait que c’était une illustre famille de mousquetaire. Ce qui l’intéressa au plus haut point. Cédric était fils de mousquetaire d’après le peu d’information que sa mère avait donné. Peut-être qu’elle pourrait profiter de cette opportunité pour…
Finalement, elle fit le chemin jusqu’à Pau avec Philippe. Ils passèrent un excellent moment, et Hortense se sentait vraiment mieux. Les années avaient passées et elle savait maintenant quel serait son but dans la vie… Ils arrivèrent à Pau, la ville était jolie, et la jeune femme aurait refaire sa vie ici, en essayant d’oublier. Mais c’était bien trop difficile ! Quelques jours après leur arrivée, Hortense quitta la ville sans donner signe de vie à quiconque. Elle partie seule vers Paris. Le chemin était encore bien long pour une jeune femme sans accompagnateur, mais elle n’avait plus peur de rien. La vengeance la faisait avancer plus vite, de jours en jours. Elle voyait le visage du traitre et sa rage était encore plus forte.
Paris est à toi mon enfant …L’arrivée d’Hortense à Paris fut assez discrète. Elle ne connaissait personne, et n’avait pas de lieu où loger. Elle était de ceux qui n’avaient ni argent, ni vivres, et qui ne savaient plus comment faire pour vivre sereinement. Elle avait croisé souvent des prostituées, qui lui avaient dit de faire de même. Qu’elles gagnaient leurs vies ainsi et qu’elles ne s’en plaignaient pas. Hortense fut pétrifiée à l’idée de devoir gagner sa vie en vendant son corps à des hommes répugnants. Elle était convaincue de pouvoir trouver de l’argent par un autre biais. Mais bien qu’elle ne souhaite pas le faire, elle se lia d’amitié avec l’une d’entre elle. Elle s’appelait Nina, elle venait du Sud, et était venue à Paris pour se faire connaitre. Elle avait entendu parler de troupes d’acteurs qui se produisaient sur les scènes de Paris, et à la Cour. Rêvant de cette vie, elle s’était installée dans la ville.
Malheureusement, elle avait déchanté et avait du se prostituer pour vivre à Paris. Hortense avait entendu cette triste histoire, mais Nina était tellement gentille, qu’elle avait proposé d’héberger Hortense jusqu’à ce qu’elle trouve un logis. Ce qui arriva assez vite, puisque Nina lui proposa de prendre la chambre voisine, au départ d’une de ses amies. La personne responsable de cette maison demandait un loyer, mais Hortense et Nina trouvèrent chaque semaine des astuces pour éviter que la demoiselle ne doive débourser.
Hortense vivait donc dans une minuscule chambre, avec un lit, de quoi faire sa toilette et une cheminée pour ne pas mourir de froid. Quelques semaines après son arrivée à Paris, elle trouva un petit emploi chez le boulanger d’en bas. Elle apportait le pain chez les personnes ne pouvant se déplacer. Elle ne gagnait quasiment rien, mais en gardant un peu, elle avait pu s’acheter des tissus de toutes sortes. Elle s’était arrangée avec Nina, qui connaissait beaucoup de gens à Paris.
La jeune Hortense passa des semaines entières à coudre ses tenues, mais le résultat fut plus que convainquant. Elle pouvait aisément entrer à la cour et passer pour la fameuse marquise de Condrieu. En effet, si elle était à Paris, et que sa vie commençait à s’installer, elle gardait dans un coin de sa tête, le principal but de sa venue. Elle devait trouver Cédric et vite. Mais elle ne souhaitait pas le trouver directement, aller le voir et se venger, sans avoir réfléchit à un moyen aussi cruel que ce que lui avait fait…
Tous les jours, elle restait enfermée dans sa chambre, elle montait des plans, les tournaient dans tous les sens, pour arriver à des choses affreuses. Mais bien qu’elle ait vécu l’horreur, elle ne voulait pas devenir criminelle. Elle ne se voyait pas tuer quelqu’un. Elle ne se sentait pas l’âme d’une criminelle. Elle prit la décision d’écrire des lettres pour soulager son cœur… Simplement des morceaux de papiers, où elle y écrivait ses états d’âme.
Un jour où Nina était venue lui rendre visite, elle posa les yeux sur l’une de ces missives. Elle fut surprise, et sans retenue elle demanda à Hortense ce qu’était ce courrier :
« Garance, que se passe-t-il ? Tu ne vas pas faire quelque chose de regrettable ?
- Rien de mal je le jure, mais tu dois me promettre de garder cela pour toi !
- Bien sûr, mais racontes moi s’il te plait !
- Si je pouvais, je le ferais, mais s’il te plait, restes en dehors de tout ça. Je dois régler mes ennuis seule. Si cela peut te rassurer, je ne vais tuer personne, ni faire quoi que ce soit de criminel. Juste faire peur… »Lorsqu’elle prononça le mot « peur », elle comprit ce qu’elle devait faire pour se venger. Du moins, comment elle pourrait prendre contact avec Cédric, et commencer à revenir…
Revenir, c’était bien ce qu’elle souhaitait faire ! Faire peur à Cédric, lui rappelant les faits, devenant une ombre dans sa vie…Une ombre qui le ferait frémir, qui le ferait penser et même qui le ferait fuir ! Elle savait qu’une personne capable de tuer n’avait peur de rien. Certes, elle savait aussi, qu’il aurait plus tendance à vouloir chercher qui s’amuse de lui ! Mais elle était tellement déterminée, qu’elle s’attela à la tâche.
Il fallait trouver Cédric ! Comment faire ? Ici, elle ne connaissait personne… Mais les filles de joie avaient beaucoup de contacts ! Elle demanda à Nina, elle savait qu’elle pouvait lui faire confiance, et qu’elle aurait sûrement des informations précieuses. De son côté, Hortense écrivit des dizaines de lettres. Toutes anonymes, pour laisser planer un mystère qui pourrait l’effrayer. Sur ses lettres, elle ne parlait pas de l’incident. Elle lui disait simplement qu’elle le connaissait, qu’elle savait ce qu’il avait fait.
Elle se doutait qu’il avait certainement fait beaucoup de choses malsaines, et qu’en laissant un doute s’installer, il se poserait bien plus de questions. Quelques jours plus tard, son amie vint lui donner des nouvelles :
« J’ai trouvé ton homme ! Il vit à Paris, tu as bien de la chance…
- Je savais qu’il vivait à Paris, ce n’est pas ce que je t’ai demandé ! Sais-tu où il vit exactement…
- Calmes-toi… Je n’ai pas vu l’endroit, mais il parait qu’il vit dans un manoir non loin du château ! Le manoir de Bracieux ! Mais attention…Si tu dis que l’information vient de moi…
-Je te promets de garder l’information secrète ! »Maintenant qu’elle avait les informations nécessaires, elle pouvait commencer à envoyer ses courriers. Elle envoya tous ceux qu’elle avait déjà écrit, mais rien ne changea. C’était signe que cela fonctionnait, personne ne savait qui elle était…Mais cela pouvait également signifier qu’il s’en moquait.
Cela faisait maintenant plusieurs mois que la demoiselle était à Paris. Elle vivait bien malgré le manque de moyen, elle avait quelques amis, et restait toujours en retrait lors de ses promenades au château. C’est d’ailleurs lors d’une de ces dernières, qu’elle avait pu apercevoir au loin un homme ressemblant étrangement à Cédric de Portau… Elle s’était approchée, se cachant par-delà les arbustes longeant les allées. Elle aurait pu l’approcher, lui parler, l’agresser même… Mais non, elle préférait l’observer ainsi, elle pouvait lui envoyer des courriers plus ciblés, et peut-être l’effrayer encore…
Sa prochaine volonté ? Lui apparaître… Comme une ombre, comme un fantôme… Elle voulait le voir dans des situations embarrassantes, le rendre fou, et surtout qu’on le prenne pour un dément ! Qu’il souffre autant qu’elle a souffert ! Seule, ou accompagnée, elle n’en démordra jamais. Il devait payer pour ce qu’il lui avait fait subir…
« Que diable, vous êtes à Versailles ! »►
Un paradis ou un enfer versaillais ?Versailles ! Pour Moi, c’est un Paradis satanique. Les gens y sont fous ! Lorsque je suis arrivée, j’avais des raisons, je les ai toujours d’ailleurs ! Et j’avoue quelles sont aussi étranges que n’importe quelle personne vivant ici.
Alors oui, effectivement, comme dans toute les villes, il y a des gens bien, gentils et à l’écoute. Mais l’ambiance est pesante ici. Les gens veulent s’entretuer, ils se font des tours maléfiques, apprendre à faire des poisons et trouve des manœuvres dignes des plus grands tours d’espions. Je ne sais pas comment ils peuvent encore se regarder dans un miroir.
Je suis certes en colère, mais j’ai une vie des plus normales. J’ai commencé une nouvelle vie avec mon nom d’emprunt, je me présente ainsi et les gens semblent étonnés de me rencontrer. Comme s’ils n’avaient plus l’habitude d’être face à des gens « normaux ». S’ils savaient, je n’en suis pas plus une, mais au moins je me contiens.
Je pense que c’est un Paradis, simplement parce que tout est beau ici. Le château est d’une splendeur incroyable, tout est grand et décoré délicieusement. Je me verrais bien vivre ici, outre les gens que l’on croise, se balader dans les jardins reste mon plus grand plaisir. Imaginez, on trouve des fleurs si magnifiques, des arbres par centaines, et un nombre d’allées qui fait rougir de fatigue avant d’avoir commencé à y mettre un pied. Au loin, il ya une immense forêt, où j’aime m’inventer des histoires. J’y suis une vraie marquise, et un bel homme vient m’emporter sur sa monture, avant de me faire visiter les alentours que je connais bien mal. Et oui, Versailles reste propice au sentiment d’amour.
On y croise tellement de personnes. J’avoue que certains hommes vivant ici pourraient me plaire et feraient office de bons maris. Mais, j’ai d’autres préoccupations, et ils me font peur. Je n’ai confiance en personne ici. On entend tellement de choses affreuses, et j’ai vécu l’horreur. Comme s’en remettre ?! On ne le fait jamais vraiment…
Ce qui me rend bien triste, c’est d’avoir oublié comment on vit chez moi. Dans ma ville. Dans ma maison. Parfois, j’entends des gens qui viennent de la Bourgogne, mais je me dois d’éviter de demander quoi que ce soit. Je pourrais éveiller des soupçons, et je ne le souhaite pas. Ma vie est secrète et tant que je n’aurais pas eu ma vengeance, je me tairais, je me retiendrais et je garderai mes maigres souvenirs.
L’enfer est devenu mon Paradis, et j’avoue que je me souviens des mots de mon frère lors de son retour à Paris :
« Tout y est démesuré, et on s’habitue à cette vie sans limites et tellement facile… Je m’y plais ! »J’ai exactement la même sensation, je n’en partirai pas. Je resterai ici, à moins de devoir quitter les lieux rapidement. Mais tant que je le peux, je vivrai ma vie à Versailles, et je vivrai en tant que Garance, jusqu’à ce que je puisse le faire.
Comme quoi, la peur me fait avancer, et je pense faire maintenant partie de cette troupe d’acteurs que sont les habitants de Versailles !
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Vérité ou fantasme du complot ?Le seul complot que je connaisse est celui que je vais mettre en place pour le faire tomber. Outre celui-ci, j’ai vaguement entendu parler des personnes qui se ligueraient contre le Roi. Cela fait finalement peu de temps que je vis ici. Je n’ai pas vraiment eu le temps de comprendre ces « on-dit ». J’avoue ne pas savoir si le Roi est bon, ou s’il joue avec son peuple.
Je l’ai vu, une fois, de loin. Je me promenais dans un jardin et lui faisait sa promenade. J’avoue avoir ri ! Elles sont des dizaines à lui courir après, comme s’il était le soleil et que des tournesols le suivaient en fonction de sa position. A vrai dire, il est le Soleil, cela serait presque normal. Ceci n’a pas fonctionné sur moi, je m’en moque. J’ai d’autres idées en tête et me placer dans un camp n’est pas encore à mon programme. Pour cela, il faudrait que des gens me parlent, et que j’ai des amis.
Ceci dit, peut-être que je fouinerai un peu, d’ici peu… Au moins pour comprendre ce que les gens pensent vraiment, et me faire ma propre idée ! Mais je suis également consciente que s’en prendre à la figure royale signifie avoir des ennuis par la suite. Il est peut-être préférable que je reste à l’écart et que je ne me mêle pas de ces affaires.
Qu’ils s’amusent, moi, pendant ce temps, je suis libre d’imaginer mes propres scénarii et personne ne doute de ce que j’ai dans la tête.
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Plutôt colombe ou vipère ?Choisir entre Colombe ou Vipère, je ne peux guère. Je suis un peu des deux je pense. Du moins, on m’a poussé à devenir ce personnage troublé et dédoublé. J’ai deux personnes en moi, cela me gêne parfois. J’ai du mal à me dire que je suis née Hortense, et que cette jeune est morte, le jour où l’on m’a agressé. Aujourd’hui, je me suis pratiquement convaincu que je m’appelle Garance. C’est devenu une habitude. Comme si, à travers cette fille, je me sentais plus forte.
Garance est combattante, elle n’a peur de rien et sait se défendre. Elle est forte et ne vacille pas face à une difficulté. Les larmes sont parties depuis des années, et je sais hurler quand je le dois. La faiblesse n’est plus en moi, et je suis devenue un « roc ». Je me faufile dans les rues de la ville, j’entre au château sans que personne ne me voit. Personne ne me connait et le peu de gens à qui je parle ne sait même pas mon nom. Je suis méfiante et je ne lève jamais le nez plus haut que l’horizon.
Le bleu du ciel, je ne le connais plus. Je ne souhaite plus me sentir libre en observant les nuages, comme je pouvais le faire avant… Quand j’étais encore une enfant, et que personne ne m’avait pris mon insouciance. J’ai frôlé la mort, deux fois, le poison, puis la noyade ! Je n’oublierai jamais, je fais ce rêve récurrent… Comment rester colombe quand on a vécu l’horreur, seule !
Ma vie n’existe pas, je me la suis inventée pour vivre plus facilement. Je crains que l’on me reconnaisse, je crains de croiser Cédric, bien qu’au fond je le souhaite grandement. Je suis devenue une contradiction vivante. J’ai peur, mais je dois allée de l’avant.
La colombe est tout de même encore au fond de mon cœur. Je pleurs des nuits entières. En repensant à mes parents, que je n’ai pas revu, et à mon frère qui doit souffrir comme moi je souffre en repensant à lui chaque jour. C’est une chose horrible qui m’est arrivé, mais je suis en vie ! Eux ne peuvent même pas savoir que leur fille n’est pas morte ou n’a pas disparu ! J’aimerai leur expliquer, j’aimerai trouver du soutien auprès d’eux… Mais tout cela serait bien trop dangereux pour eux. On ne sait pas ce que Cédric pourrait leur faire !
J’aimerai que mon cœur batte de nouveau. Pour un homme, pour une amitié, pour un fou rire…J’aimerai reprendre une vie normale, même en tant que Garance, cela ne me dérangerait pas le moindre du monde. J’aimerai aussi un jour, faire revivre Hortense, pour me sortir de cette coquille que je me suis inventé. C’est difficile de devoir se dire qu’à cause d’une personne, on est obligé de vivre des choses que l’on n’a jamais souhaité plus tôt. Mais c’est ainsi, je ne m’en plains pas vraiment quoi qu’on puisse en penser !
Je ris, je chante, je cuisine, je me balade, et même si j'évite les rencontres, j'essaye de vivre une vie des plus normales, pour éviter d’éveiller les soupçons. La suite, je ne la connais pas encore, mais j’espère qu’elle me préservera un peu plus que jusqu’à aujourd’hui…
« Plus bas la révérence, plus bas. »► Prénom/pseudo: Po/Dans ma Boite
► Âge : 25 ans
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Ok (by Steph) ^^
► Comment avez vous connu le forum ? Vieille Histoire d'amour entre lui et moi!
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