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| On peut refuser les amis mais pas l'amour [élodie - cédric] | |
| Auteur | Message |
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Philippe d'Artagnan
« s i . v e r s a i l l e s »Côté Coeur: Après avoir souffert ces dernières années, ma belle Elodie le remet en marche ♥ Côté Lit: Je suis fidèle à l'amour et à un seul être. Et je l'attendrais.Discours royal:
Ҩ PRINCE CHARMANT Ҩ Je te promets la clé des secrets de mon âme
► Âge : 25 ans
► Titre : Duc de Gascogne
► Missives : 638
► Date d'inscription : 01/06/2008
| Sujet: On peut refuser les amis mais pas l'amour [élodie - cédric] 10.07.11 21:49 | |
| « On peut faire beaucoup avec la haine, mais encore plus avec l'amour. » … Ce n'est qu'une leçon d'escrime, mon cœur n'a pas besoin de s'emballer de la sorte. Peu importe ce que je peux penser, ce que je ressens, je ne devrais pas, cela n'est pas compatible avec mon état. Pourtant, la revoir est presque vital pour moi. Ce n'est pas qu'une simple leçon d'escrime aux yeux de mon cœur, ça doit l'être pour ma raison. La revoir va permettre d'oublier ces derniers jours désastreux, ces nuits particulièrement mouvementées où je me sens épié. J'ai vu une ombre dans les feuillages, deux fois même. Et je me suis fait attaquer en plein jour par un homme masqué. Tout cela ne peut être l'objet du hasard, surtout pas quand Cédric revient dans ma vie avec ce sourire hypocrite et sa proposition d'amitié. Tout se mélange, j'ai parfois l'impression de devenir fou …
Il s'agissait d'une journée presque comme les autres. Philippe, perturbé par cette impression d'être espionné la nuit et de savoir que quelqu'un rôde autour de sa maison, ne dormait plus correctement. En pleine nuit, éclairé d'une bougie, il se rendait dans la chambre de son fils Arthur, s'asseyait à côté de son lit, le regardait dormir puis s'endormait ainsi pendant quelques heures, cela dépendait de la rapidité de Barnabé à prendre le petit avant que celui-ci ne pleure pour réclamer son déjeuner. Ce matin là, Philippe s'était réveillé tard, une couverture sur les genoux que le vieil homme avait du lui mettre. Il s'étira et se leva pour se rendre au rez de chaussé, là où le vieil homme et le bébé se trouvaient.
« Enfin levé ! Encore mal dormi ? » « Je me suis endormi encore trop tard. » « As tu vu quelque chose ? Toi qui me parlait d'un rôdeur … » « Pas cette fois mais j'ai cette impression qu'on nous observe, c'est terrifiant et malsain … Mais n'en parlons plus. Quel jour sommes nous ? » « Vendredi, pourquoi ? »
Malgré lui, Philippe se mit à sourire et se tourna pour contempler son fils entrain de faire la sieste. Lui au moins était paisible, c'était toujours cela de gagner. Il ne répondit pas à la question du vieux serviteur et se dirigea vers la cuisine pour se faire un copieux petit déjeuner. Barnabé arrêta de faire du rangement, fixa Philippe en croisant les bras, attendant une réponse.
« Quoi ? Pourquoi me regardes tu ainsi ? » « Je ne voudrais pas perturber ton repas mais … Tu manges. » « Et ? Je suis un être humain, je dois manger pour vivre. » « Oui mais là, tu manges beaucoup. Cela n'est pas normal. » « Juste, j'ai une leçon d'épée. Je dois avoir de la force pour au moins tenir la lame ! » « C'est certain mais tu aurais pu me prévenir que ton frère venait. » « Ce n'est pas Alexandre qui sera mon professeur … » « Qui alors ? » « Quelqu'un d'autre. »
Le ton de la dernière phrase permit de couper court à la conversation. Barnabé tenta d'insister mais Philippe ne voulait pas démordre de son silence ni de son repas. Cela était idiot, son père de substitution verrait bien Élodie quand elle arrivera. Mais il voulait éviter les sous-entendus, les regards qui voulaient tout dire, il voulait retarder cela le plus possible. La jeune femme arriverait en fin d'après midi, il y avait de quoi s'occuper en attendant. L'après midi passa rapidement, Arthur s'était réveillé et Philippe occupait ses fonctions de père, il y avait du courrier à répondre et Barnabé à aider dans certains tâches. Difficile de s'ennuyer dans ce manoir. Puis les deux hommes avaient toujours de quoi discuter, surtout quand Philippe redescendit, s'étant brièvement fait la toilette et changé de chemise après avoir aidé Barnabé au potager. Il s'était coiffé plutôt correctement, avait descendu son épée et sifflotait.
« Comment s'appelle t'elle ? » « De quoi parles tu encore ? » « Philippe, ne joue pas à l'innocent, je te connais par cœur. Au lieu de me dire que tu as une leçon d'escrime, tu aurais pu me dire que tu avais un rendez vous et me dire le nom de cette jeune femme. » « Ce n'est pas un rendez vous, j'ai vraiment une leçon d'escrime. Élodie a bien voulu … » « Élodie ? C'est un bien joli prénom » Dit Barnabé en lui coupant la parole.
Philippe piqua un fard qui fit rire le vieil homme. Il n'allait pas s'aventurer dans cette voie, il savait que le jeune homme se refermerait comme une huître. Avant il était déjà secret sur ses aventures, ses coups de cœur. Il avait mis plusieurs mois avant de parler d'Emmanuelle, c'est pour dire ! Et depuis son retour, Barnabé se demandait si Philippe avait eu une aventure. En deux ans, il en eut au moins une puisqu'Arthur était maintenant de ce monde mais son fripon préféré comme il l'appelait, semblait à des années lumières de se chercher une compagne, même pour une nuit. Pourtant, il avait les mêmes réactions que lorsque le serviteur le taquinait à l'époque où il fréquentait Apolline, puis aussi Emmanuelle. Il rougissait, ne voulait pas en parler et semblait impatient de la voir arriver. « Au moins, cela ne peut lui faire que du bien … » songea Barnabé tout en reprenant ses activités. Philippe était à son bureau, finissait quelques missives mais ses yeux azurs ne cessaient d'aller entre la fenêtre et l'horloge. Avait-elle oublié ? Il soupira et replongea dans sa correspondance. Arthur dormait à point fermé dans un couffin sur un fauteuil. Faudrait-il qu'il lui en parle ? Tout en écrivant, d'Artagnan songeait à ce secret que personne ne connaissait, cet enfant caché du monde auquel il s'était attaché. Il attendait qu'Alexandre vienne, que l'oncle connaisse enfin ce neveu avant de le montrer aux yeux du monde. Mais Elodie serait bientôt là …
« Philippe ? »
Le jeune homme sortit de sa rêverie, se rendant compte qu'il n'avait pas écrit un mot, que sa plume était suspendue en l'air depuis plusieurs minutes, assez pour tâcher la feuille.
« Mademoiselle de Froulay est à la porte, elle t'attend pour ta leçon. » Puis il chuchota tout bas « Et elle est très jolie. »
Philippe rougit à nouveau et rangea grossièrement son bureau pour se rendre dans l'entrée où l'attendait la jeune femme. Malgré sa raison, son cœur battait trop fort et son esprit se mit à penser qu'Elodie n'avait pas besoin de tous les artifices des femmes du grand monde, son naturel la rendait belle. Il lui fit un large sourire en la voyant.
« Bonjour et bienvenue dans la demeure des d'Artagnan. Je suis désolé, j'étais absorbé dans mon courrier, je serais venu vous ouvrir moi-même. »
Et les pensées qu'il avait eu précédemment sur la présentation de son fils fondit comme neige au soleil. Il s'empara de son épée et montra la porte d'entrée.
« Nous serons mieux dans le jardin, près du bois. Dans ce vestibule, cela ne sera pas bien pratique. »
Il se trouva idiot d'une telle réplique et heureusement qu'il n'avait pas vu Barnabé et son large sourire complice.
« Amusez vous bien les jeunes. Et ne vous blessez pas ! »
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| Sujet: Re: On peut refuser les amis mais pas l'amour [élodie - cédric] 11.07.11 18:00 | |
| « Je crois qu’il est inutile de continuer pour aujourd’hui, Eric… »
A ces mos, la jeune femme déguisée sous les traits du mousquetaire ainsi interpellé leva la tête de la lame qu’elle inspectait avec affectation, dévisageant un instant son ami et professeur en matière de bottes et passes d’armes subtiles, l’air étonnée. Il y avait à peine une demi-heure que leur séance matinale et quotidienne avait débuté, ils étaient seuls dans la cour de l’hôtel des mousquetaires et rien ne semblait être différents des matins précédents. Alors pourquoi arrêter ?
« Nous avons à peine commencé... Quelque chose ne va pas ? - Vous êtes préoccupé mon ami, vous ne vous battez plus, répondit Beauharnais avec un sourire amusé qui fit froncer les sourcils à son interlocutrice. - Etrange, j’avais justement l’impression d’être entrain de me battre, railla-t-elle, perplexe. - Mais pas comme d’habitude. Avez-vous seulement remarqué que j’ai réussi à vous toucher ? »
Instinctivement, Elodie porta la main à sa joue, se rendant soudain compte de la vague et infime brûlure qui en émanait. Sous ses doigts, elle sentit aussitôt le mince filet de sang qui s’en échappait et eu presque l’air surprise en découvrant sur ses doigts les quelques gouttes carmins qu’ils y avaient récolté. Non, en effet, elle n’avait rien remarqué. A la moue contrariée qui tordit ses lèvres, Beauharnais lui administra une légère tape sur l’épaule avant de s’éloigner vers les bâtiments de la caserne. Délicatesse ou indifférence, il eut la bonne idée de ne pas faire le moindre commentaire, laissant la jeune femme qu’il prenait – comme tous – pour un homme s’adresser d’intérieures remontrances pour son manque d’attention. Non pas que la légère éraflure qui ornait maintenant sa joue soit foncièrement douloureuse – d’ici quelques minutes, elle pourrait même l’avoir oubliée – mais se rendre compte d’avoir rêvasser au combat l’avait toujours agacée et en plus, si quelqu’un la croisait ici, puis plus tard lorsqu’elle aurait retirer sa casaque et ses chausses, la marque qu’elle ne pourrait faire disparaître pourrait s’avérer être gênante. Certes, il y avait peu de chance pour qu’une telle rencontre se produise, au regard de sa destination du jour. Mais enfin… elle ne le savait que trop bien, l’imprévu avait cette drôle de faculté à tomber de la façon la plus inattendue possible.
Il était tôt, cependant, peut-être sept heures, et elle avait encore le temps d’y songer. Récupérant les affaires qu’elle avait déposé sur le sol, elle imita son compagnon d’armes et retourna vers sa chambre. Dans quelques heures, elle serait de patrouille, et rentrerait juste à temps pour avoir le temps de repartir, de changer de costume et de se rendre au manoir des d’Artagnan. Le hasard voulut que ces pensées lui traversent l’esprit au moment où elle croisa son lieutenant, qu’elle salua brièvement avant de reprendre le chemin des dortoirs. Ce manoir, elle l’avait déjà vu mais sous l’identité d’Eric, et non de la jeune femme qu’elle était réellement. Ce dont il ne faudrait évidement pas souffler mot à Philippe – mais l’idée ne l’avait pas même effleurée. Etrangement, face au Duc, le mensonge sur lequel tenait en équilibre la totalité de sa vie à Versailles lui pesait de plus en plus. Elle aurait donné beaucoup pour avoir non seulement le courage, mais aussi l’inconscience de tout lui avouer – mais de cela il n’était pas question. Elle tenait trop à lui, quoi que puisse en penser l’once de raison qu’il lui restait encore, pour tenter le diable en faisant un aveu dont elle redoutait plus que tout les conséquences. Le moment viendrait… plus tard, se plaisait-elle à songer, ignorant absolument tout de ce que l’avenir lui réservait. Oh, oui, il viendrait. Mais sans doute bien plus tôt qu’elle ne l’imaginait.
Ce qui ne fut pas le cas de l’heure à laquelle elle devait avoir quartier libre. La journée s’étira en longueur, lui laissant plus de temps que nécessaire pour ressasser, en plus des sentiments qu’elle refusait de voir en face, les derniers évènements et cette soirée à la couronne de blé. La serveuse, Philippe et sa fiancée lui revenait un peu trop souvent en mémoire, et malgré le doute qu’avait fini par faire planer les mots du jeune homme, Elodie ne parvenait se débarrasser totalement d’une certaine… amertume. Certes, elle aurait dû s’en doutait – elle s’en doutait d’ailleurs, mais avait été bien trop naïve pour écouter ne serait-ce qu’une fois la voix de la raison. Et pourtant, impossible d’ignorer la déception à cette idée. Tout comme il lui était impossible de ne pas se rendre au rendez-vous fixé en fin d’après-midi pour la leçon d’escrime promise. Elle y avait pensé, il fallait le dire. Mais à défaut de cette autre chose qu’elle ne voulait pas admettre, elle ne voulait pas perdre l’amitié de Philippe, et surtout, ne pouvait se dissimuler l’envie de le voir à nouveau. Leur balade, interrompue par les brigands, laissait derrière elle un arrière goût d’inachevé, le même qu’à chaque fois que leurs rencontres s’achevaient, il y avait un an, en Gascogne. La patrouille s’achevait lorsqu’Elodie s’adressa à elle-même cette pensée : tu es incorrigible.
Rapidement, elle regagna sa chambre et y déposa tout ce qui ne lui était pas indispensable pour faire chemin jusqu’à son auberge. A savoir la casaque, le chapeau trop reconnaissable et tout ce qui appartenait à l’uniforme des mousquetaires. Vêtue comme un simple jeune homme, elle enfonça un feutre sombre sur sa tête, récupéra sa monture aux écuries et, prenant soin d’éviter son frère qui ne manquerait pas de la soumettre à un interrogatoire trop long pour le temps qu’il lui restait, s’élança hors de la cour de la caserne en direction de la ville qui grouillait toujours. Arrivée non loin de l’auberge, elle attacha son cheval dans une ruelle attenante et pénétra dans le lieu bien plus calme que ses précédentes résidences. Le maître de la maison ne lui prêta pas la moindre attention, trop occupé à sermonner gentiment sa fille qui venait de renverser un plateau et, discrètement, elle gagna la chambre dont elle conservait toujours la clé sur elle. Un coup d’œil à une horloge placée dans le couloir lui indiqua qu’elle avait juste le temps qu’il lui fallait pour se débarrasser de la poussière de la journée et se changer. Fort heureusement, elle ne possédait dans son léger trousseau aucune de ces robes trop compliquées à mettre ou enlever pour se permettre de le faire seule. De ce qu’elle possédait au manoir familial, elle n’avait emmené que le plus simple, et rares étaient les fois où elle se permettait un achat. Les moments qu’elle passait loin de la caserne et de sa vie de mousquetaire se faisaient bien trop peu pour qu’elle se préoccupe de ces détails. Pourtant aujourd’hui, c’est perplexe qu’elle ouvrit la malle posée au pied du lit. Parfois, elle regrettait ses robes, il fallait l’avouer.
Optant pour quelque chose qui na la gênerait pas pour se battre – et elle ne pouvait décemment pas se présenter devant Philippe habille comme un homme – elle s’habilla rapidement, avant de s’adresser une moue dans le miroir. Sur sa joie, l’éraflure encore rouge attira un instant son regard. Elle tenta de la dissimuler avec ses cheveux, mais elle était bien trop mal placée pour cela et finalement, elle renonça. Elle trouverait bien quelque chose si la question lui était posée. Vive, elle attrapa un manteau qui ne lui servirait que pour dissimuler son épée le temps du voyage, puis descendit. Le tenancier, cette fois, lui adressa un signe jovial. Etrange, il connaissait bien la jeune femme, mais ignorait tout de son alter ego masculin qui venait pourtant… aussi souvent. Tant mieux, après tout. Et après une réponse rapide, elle sortit et alla retrouver sa monture. Elle ne serait pas en retard, ou presque. Elle avait assez confiance pour ça dans la rapidité et la souplesse de sa chère Viola – en hommage à la pièce de Shakespeare – qui ne l’avait jamais déçue. Elle appréciait tout particulièrement cette héroïne, travestie en homme tout au long de la pièce…
Le trajet fut rapide, ce qui eut au moins l’effet de ne pas lui laisser trop de temps pour songer. Réfléchir, dans cette situation, ne faisait que lui retourner un peu plus esprits et accroître les doutes et troubles qui donnaient tant de mal à sa raison. Arrivée à quelques pas du manoir, elle descendit de cheval et se trouva soudain nez à nez avec un vieil homme qui la dévisagea avec un drôle de sourire. Lui rendant la pareille, Elodie se présenta, mais n’eut pas même besoin d’annoncer qu’elle venait voir Philippe pour que son interlocuteur aille appeler le Duc. Invitée à pénétrer dans le vestibule, elle jeta un regard autour d’elle. Tout était comme dans son souvenir, et silencieux. Alexandre était à la caserne, évidement et ses enfants devaient sans doute se trouver à Versailles avec leur mère. Ne semblait rester ici que le domestique qu’elle avait croisé, et Philippe qu’elle aperçut soudain en haut de l’escalier. Sans qu’elle ne puisse rien y faire, un grand sourire étira ses lèvres, sa vision effaçant un instant tout ce qui la taraudait depuis ce qu’elle avait entendu à la couronne de blé.
« Bonjour et bienvenue dans la demeure des d'Artagnan. Je suis désolé, j'étais absorbé dans mon courrier, je serais venu vous ouvrir moi-même. - Bonjour, répondit-elle simplement en balayant d’un geste insouciant ses excuse, sourire aux lèvres. »
Etait-elle réellement incapable de lui tenir rigueur de ce qu’elle avait appris ? L’idée aurait presque pu la faire rire si elle ne l’avait pas renvoyée à sa naïveté.
« Nous serons mieux dans le jardin, près du bois. Dans ce vestibule, cela ne sera pas bien pratique, reprit le jeune homme en se saisissant de son épée. - En effet, j’en doute, répliqua-t-elle, mutine, apercevant au passage la mimique amusée du vieil homme qui gardait un œil sur eux. - Amusez-vous bien les jeunes ! Et ne vous blessez pas ! lança-t-il d’ailleurs. - Je vous promets de le ramener un seul morceau ! J’essaierai de ne pas trop le bousculer… »
Un éclat de rire plus tard à cette gentille boutade, le vieil homme retournait à ses occupations et Elodie sortait, suivant Philippe en direction du jardin. Un instant silencieuse, elle l’observa. Comptait-il lui parler un jour de sa fiancée, au détour d’une conversation. Elle lui avait bien parlé de son aversion pour le mariage, après tout.
« Alors, avez-vous eu le temps de redécouvrir Versailles ? demanda-t-elle l’air de rien. Vous avez sans doute beaucoup de gens à y revoir… »
Le ton, neutre, n’aurait que difficilement su trahir le fond de sa pensée. Arrivée dans le jardin, elle se débarrassa du manteau dans lequel elle s’était enveloppée, découvrant l’épée qui ceignait sa taille. Tenue peu conventionnelle, quand on y pensait. Mais il y avait longtemps que porter une lame autour d’une robe lui était devenu habituel. Tirant l’arme, elle leva un sourire énigmatique vers Philippe.
« Eh bien… battons-nous ! lança-t-elle. C’est encore la meilleure façon de donner une leçon d’escrime. »
Souplement, elle tomba en garde. Un observateur aurait sans douté trouvé la scène on ne peut plus… étonnante et inattendue. A cette pensée, Elodie eut une moue. Elle ignorait, en effet, qu’ils étaient observés…
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| | | Philippe d'Artagnan
« s i . v e r s a i l l e s »Côté Coeur: Après avoir souffert ces dernières années, ma belle Elodie le remet en marche ♥ Côté Lit: Je suis fidèle à l'amour et à un seul être. Et je l'attendrais.Discours royal:
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| Sujet: Re: On peut refuser les amis mais pas l'amour [élodie - cédric] 14.07.11 13:49 | |
| « Je vous promets de le ramener un seul morceau ! J’essaierai de ne pas trop le bousculer… »
Cela fit rire le jeune homme alors qu'il sortait dans le jardin. Cela pourrait s'avérer difficile car Élodie semblait bien manier l'épée, était parfaitement à l'aise une lame à la main, contrairement à Philippe qui n'aimait pas se battre. Disons qu'il savait se défendre, il l'avait prouvé lors de l'embuscade des brigands durant leur précédente balade, mais avait toujours esquivé les enseignements d'escrime de son père. A l'époque, le jeune homme se cachait derrière sa mère ou trouvait toujours une excuse acceptable. Les rares fois où Charles arrivaient à mettre une épée entre les mains de son cadet, les leçons tournaient à la dispute. Charles ne lui apprenait rien, il voulait juste voir comment il se battait. Mais que valait un adolescent face à un grand mousquetaire ? De plus, Philippe détestait que son père le bouscule, n'utilise pas cette pédagogie dont sa mère avait tant le secret. Rapidement, le jeune homme jetait son épée et partait. A l'époque, il y avait encore sa mère pour le protéger. Puis quand celle-ci a quitté ce monde, Charles avait de nouveau voulu faire de son fils un homme. Sauf qu'il le poussait dans ses retranchements et que Philippe ne se laissait plus faire, et là les disputes éclataient, plus violentes à chaque fois. Peut être que s'il avait su son avenir, l'actuel Duc de Gascogne aurait pris sur lui pour apprendre à parer les coups un peu mieux qu'il savait le faire … Mais il ne serait pas aujourd'hui en compagnie d'Élodie. Il eut un petit sourire en la regardant avancer à ses côtés.
Oui, il fallait apprendre à accepter ses choix et se dire que, quoiqu'il puisse penser, rien ne changerait. Et puis la jeune femme était comme un cadeau tombé du ciel, toutes leurs discussions et leurs promenades l'avaient aidé à relever la tête doucement mais Élodie faisait partie de sa vie, qu'il l'accepte ou non. Il aurait beau crié sur les toits qu'il ne se passait rien, Barnabé avait vu du premier coup d'œil ce que pouvait ressentir le jeune homme. Cela était presque trop transparent, tout le monde pouvait deviner ses sentiments. Sauf Élodie, évidemment. D'ailleurs, celle-ci lui fit la conversation
« Alors, avez-vous eu le temps de redécouvrir Versailles ? Vous avez sans doute beaucoup de gens à y revoir… » « Non, je n'ai pas eu véritablement le temps de faire grand chose, le temps me file entre les doigts ! Pourtant, vous avez raison, j'ai du monde à voir. J'ai eu le bonheur, ou malheur, je ne saurais comment qualifier, de voir un ancien ami mousquetaire qui m'a entraîné. J'y ai vu votre frère aussi d'ailleurs. »
Comment pouvait-il se douter qu'il s'agissait d'elle ? Qu'elle avait vu ses agissements sans savoir véritablement ce qui s'était passé ? Ce genre de questions étaient à des kilomètres de l'esprit de Philippe. Seul un mauvais visage passa aussi dans sa tête, le genre de rencontre qu'il aurait voulu éviter.
« En fait, j'ai autant fait de bonnes que de mauvaises rencontres. Parfois, je me dis que je devrais ne pas sortir de chez moi, j'éviterais certains abrutis. Mais j'aurais beaucoup à perdre aussi … »
Il lui fit un sourire amical, car c'est principalement d'elle dont il parlait. Si Philippe n'était pas sorti à Versailles et rencontré Marc, l'aurait-il revu ? Il n'y aurait pas eu cette promenade, cette leçon et il ne l'aurait peut être pas retrouvée de sitôt. Alors oui, il y avait beaucoup de négatif mais finalement, elle rééquilibrait la balance qu'il ne pouvait pas regretter.
Au fond du jardin, tous deux étaient à l'abri des regards, protégés par le manoir. Il faudrait vraiment les chercher pour les voir se battre. Non pas qu'il avait honte, Philippe n'avait pas la même mentalité que la plupart des hommes de son époque, mais il pensait davantage à Élodie. Que dirait-on si des gens voyaient une fille se battre ? Peut être s'en moquait-elle mais il valait mieux se protéger des autres, leurs réactions sont souvent disproportionnées pour quelque chose qui n'était, finalement, pas si grave. Ce qui était davantage étonnant et de voir une épée accrochée à la hanche d'une jeune femme en robe. Ce n'était pas quelque chose que l'on pouvait voir tous les jours et Philippe ne put réprimer d'esquisser un grand sourire face à la scène, un poil comique ma foi.
« Eh bien… battons-nous ! C’est encore la meilleure façon de donner une leçon d’escrime. » « Je fais confiance à l'experte. » Répliqua t'il, toujours souriant.
A son tour, il tomba en garde et commença le combat en attaquant par un coup droit, aussitôt contrecarrer par la lame de la jeune femme. Philippe s'en sortait pas si mal, il était agile et se déplaçait facilement, il avait juste un peu plus de mal à se défendre mais tentait des parades qui lui permettaient de prendre l'avantage pour une durée assez courte. Il était plus facile d'avoir le dessus sur des personnes moins fortes, comme lors de l'embuscade durant leur promenade où les brigands ne savaient pas se battre autrement qu'en traître. Mais face à une personne entraînée par des mousquetaires, il était difficile de rivaliser. Vous allez me dire, Philippe est frère ET fils de mousquetaire. Cela était vrai mais contrairement à Élodie, il n'avait jamais eu le goût pour les armes et n'apprenait que parce qu'il savait que cela lui était nécessaire. Le combat se durcit au fil des croisements de lames et Philippe avait bien du mal à retrouver un semblant de domination, passant son temps entre les parades et les esquives, il tentait bien quelques ripostes mais tout était mis en échec par une Élodie plus que concentrée sur son jeu d'épée. A tel point que Philippe finit désarmé. Un poil mauvais joueur mais conscient de ses lacunes, il fit une moue indescriptible, entre la déception et l'amusement.
« Je devrais assumer ma défaite mais vous êtes diablement dure avec moi pour un premier combat. »
Philippe lançait cela sur le ton de la plaisanterie, sans penser un seul instant qu'Elodie pouvait peut être se ressasser les évènements à la Couronne de Blé. Après tout, il ne savait qu'elle s'y trouvait et ne pensait pas qu'Éric lui raconterait tout, ni même qu'elle serait touchée par une telle attitude. Il reprit son épée et était bien décidé à se revanche.
« Je ne me laisse pas abattre, recommençons. »
Le deuxième combat pouvait commencer, Philippe devait se montrer plus appliqué, ne pas se laisser dépasser par les attaques de la jeune femme et savoir les esquiver pour mieux reprendre le dessus. Facile à faire le plan dans sa tête, plus difficile à mettre en pratique quand on n'aime pas vraiment toucher les armes et se battre. Plus concentré, il enchainait davantage de coups droit et de coupés mais restait toujours sur la défensive. Jusqu'à un bruit derrière lui. Instinctivement, il tourna la tête sans plus se préoccuper un instant de son combat. Un instant où la jeune femme aurait bien pu le blesser s'il ne s'était pas esquivé de justesse et était tombé au sol. Pourtant, au-delà du combat, il tourna la tête vers là où le bruit s'était produit. Quelqu'un était là, il en était sûr. Toujours ce rôdeur.
« N'avez vous pas entendu ? » Demanda Philippe en se relevant et s'époussetant.
Pourtant, plus rien ne bougeait à l'horizon, les bois proches du manoir semblaient désert de toute trace humaine. Il secouait sa tête, on allait le prendre pour un fou à force.
« Je vous promets que cela n'est pas une feinte mais j'ai vraiment entendu du bruit. Et, cela peut paraître insensé mais j'ai une mauvaise impression depuis quelques jours. Comme si quelqu'un rôdait autour du manoir. » Il tourna à présent la tête vers Elodie avec un sourire, voulant dédramatiser tout cela. « Et voilà qu'à cause de lui, vous avez bien failli me blesser ! »
S'il savait qu'ils étaient véritablement observés ...
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Invité
| Sujet: Re: On peut refuser les amis mais pas l'amour [élodie - cédric] 16.07.11 0:18 | |
| « Non, je n'ai pas eu véritablement le temps de faire grand chose, le temps me file entre les doigts ! Pourtant, vous avez raison, j'ai du monde à voir. J'ai eu le bonheur, ou malheur, je ne saurais comment qualifier, de voir un ancien ami mousquetaire qui m'a entraîné. J'y ai vu votre frère aussi d'ailleurs. - Ah oui ? répondit-elle vaguement, jouant un étonnement distrait. »
A ce petit jeu, elle devait prendre garde. Faire comme si – bien que dans cette situation, la chose lui soit difficile – elle n’avait rien vu de tout ce qui s’était passé, oublier Eric et ne pas prononcer la moindre phrase pouvant la trahir. Elle l’avait déjà été par un nom, une fois, et ne tenait pas à renouveler l’expérience. Aussi n’insista-t-elle pas, se contentant d’un sourire évasif, jugeant dangereux de se lancer sur une pente aussi glissante que celle-ci. Elle le savait, un détail pouvait toujours lui échapper et bien que donner pour explication que son frère lui avait raconté sa soirée – ce qui serait étrange, étant donné qu’elle était sensée les fuir – lui sembla un instant tentante, elle y renonça à l’instant même où elle imagina ce qui pourrait en découler. Si elle laissait trop paraître ce qu’elle ne pouvait s’empêcher de ressentir, il risquait de le perdre. Qu’il puisse être fiancé, ou même mariée, elle s’en était doutée. Alors autant profiter des simples moments qu’elle pouvait passer avec lui… sans trop ressasser une vaine déception.
« En fait, j'ai autant fait de bonnes que de mauvaises rencontres. Parfois, je me dis que je devrais ne pas sortir de chez moi, j'éviterais certains abrutis. Mais j'aurais beaucoup à perdre aussi… »
A son sourire, Elodie répondit par une mimique semblable mais resta silencieuse. Elle était moins bavarde, c’était évident. Mais il s’agissait là de la façon la plus discrète qu’elle avait trouvée pour se dissimuler. Rapidement, ils gagnèrent les jardins bordés par le bois, dans lequel se perdit un instant le regard de la jeune femme, par pur réflexe et sans but réel. Si elle avait su qu’ils n’étaient pas seuls, peut-être aurait-elle tenté de percer la sombre masse que dessinaient les troncs et leurs feuillages, mais ignorant tout et ne cherchant rien, elle se contenta de détailler l’ensemble de l’endroit, un sourire vague aux lèvres. Ici ils seraient tranquille, et si elle se moquait bien de ce que pourraient penser telle ou telle personne à la voir se battre aussi bien qu’un… mousquetaire, par exemple, autant ne pas s’attirer plus d’ennuis qu’elle n’en avait déjà – et en aurait encore. Elle ne faisait rien de foncièrement mal, n’allait à l’encontre d’aucune loi aujourd’hui. Mais les entorses aux mœurs bien rodées qui sévissaient à la Cour comme ailleurs attiraient parfois un châtiment pire encore que ceux dispensés pour de banals crimes. La rumeur et les médisances, lorsqu’elles s’amplifiaient, étaient sans doute les conséquences les plus à craindre de chacun de ses actes, qu’il s’agisse d’Elodie ou de n’importe qui.
Mais ici, aucun risque – a priori. Son arme à la main et son éternel sourire énigmatique aux lèvres, la jeune femme invita donc Philippe à se battre – puisqu’ils étaient là pour cela. En garde, elle attendit qu’il porte le premier coup et le combat s’engagea vivement. Concentrée, elle ne se rendit peut-être pas même compte de la façon dont elle se mit, peu à peu, à enchaîner bottes et astucieuses passes, dont beaucoup lui venaient de Beauharnais. L’habitude, sans doute, mêlée à la rancœur, toujours. Se battre, que ce soit à l’entraînement ou contre de réel adversaire, n’est jamais anodin. Il y a toujours quelque chose derrière les mouvements imprimés à la lame. De la concentration lors des leçons, de l’agressivité lors des vrais combats, une volonté de survivre également. Et aujourd’hui s’y mêlait une once de colère peu être, qui pourtant ne paraissait pas sur ses traits concentrés. Ce ne fut que lorsque l’épée saute des mains du jeune duc qu’Elodie prit conscience de la façon dont elle s’était battue. Immobile, vaguement essoufflée, elle se força à esquisser un sourire amusé devant la mine de son adversaire. Elle se rappelait avoir vu presque la même sur moue sur les lèvres de son frère, la première fois qu’elle l’avait battu. Première fois d’une longue série, soit dit en passant.
« Je devrais assumer ma défaite mais vous êtes diablement dure avec moi pour un premier combat, lança Philippe en plaisantant. - Je voulais vous tester, répondit-elle aussitôt. »
Ce qui n’était pas totalement un faux prétexte pour justifier sa rudesse. Au moins, il savait à quoi s’en tenir, et elle aussi. Se morigéna intérieurement, elle le laissa récupérer son arme et annoncer qu’il ne se laisserait pas abattre de la sorte avant de retomber en position. Cette fois, tout comme il serait sans doute plus efficace, elle se promit de prendre garde à ce qu’elle faisait, et de ne pas se laisser dépasser par des sentiments qui, encore une fois, n’avaient pas lieu d’être. Placée à son tour, elle lança cette fois le premier assaut, retenant légèrement ses coups sans toutefois le ménager. Un sourire aux lèvres, elle le vit parer un coup droit qui avait déjà plusieurs fois fait ses preuves en combat. Mousquetaires ou non, adepte des armes ou non, il ne pouvait le nier il avait quelque chose dans le sang. Quelque de chose de… d’Artagnan. Un d’Artagnan particulièrement distrait néanmoins. Lorsqu’il détourna soudain la tête, Elodie jouait sur une botte. Aussi en s’en rendit-elle compte que lorsqu’il esquiva de justesse sa lame, même s’il dû pour cela perdre l’équilibre. Le premier instant de frayeur passé, elle s’immobilisa, fronçant les sourcils, prête à singer le maître rappelant son élève à l’ordre, mais la façon dont il semblait scruter les bois fit mourir les mots sur ses lèvres.
« N’avez-vous pas entendu ? demanda-t-il en se tourna vers elle, après s’être relevé. »
Négative, elle secoua la tête. Un bruit, dans des bois tels que ceux-ci, pouvait venir de n’importe quoi. Les animaux grouillait, et jusqu’à ce qu’il ne s’explique, elle garda les sourcils froncés, ne comprenant pas ce qu’il pouvait y voir d’alarmant.
« Je vous promets que cela n'est pas une feinte mais j'ai vraiment entendu du bruit. Et, cela peut paraître insensé mais j'ai une mauvaise impression depuis quelques jours. Comme si quelqu'un rôdait autour du manoir. Et voilà qu'à cause de lui, vous avez bien failli me blesser ! »
Cette fois, ce fut au tour d’Elodie de jeter un regard dans direction de la forêt, un peu plus inquisitrice que la dernière fois. Mais à ses deux prunelles perçantes, rien ne répondit que le tranquille mouvement des feuillages et la masse sombre qui s’enfonçait derrière les premiers rangs d’arbres. Rien qui puisse justifier une telle crainte, mais une mauvaise impression était une mauvaise impression. Et elle, qui se méfiait constamment, ne pouvait que comprendre ce qu’il voulait dire. Ramassant l’épée qu’il avait fait tomber à ses pieds et la lui rendant, elle laissa un sourire lui échapper à la dernière phrase du Duc.
« Ne vous en faites pas… je maîtrisais totalement la situation, fanfaronna-t-elle faussement. J’ai promis de vous ramener entier, tout de même. Votre famille risquerait de m’en vouloir ! »
Subtile allusion à sa famille. Se déciderait-il à lui en parler ? Sans rien laisser paraître, elle se laissa légèrement tomber par terre, assise sur le sol. Les combats deux combats avaient duré un certain temps et il était inutile de continuer sans donner quelques remarques. Mais distrait de la leçon, son esprit s’attarda sur ce qui préoccupait Philippe.
« Quant à votre rôdeur… avez-vous essayé de le surprendre ? demanda-t-elle en levant les yeux vers lui. Vous en auriez le cœur net. Un duc de Gascogne les siens doivent avoir assez d’ennemis pour que cette idée ne soit pas totalement insensée… »
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| | | Philippe d'Artagnan
« s i . v e r s a i l l e s »Côté Coeur: Après avoir souffert ces dernières années, ma belle Elodie le remet en marche ♥ Côté Lit: Je suis fidèle à l'amour et à un seul être. Et je l'attendrais.Discours royal:
Ҩ PRINCE CHARMANT Ҩ Je te promets la clé des secrets de mon âme
► Âge : 25 ans
► Titre : Duc de Gascogne
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► Date d'inscription : 01/06/2008
| Sujet: Re: On peut refuser les amis mais pas l'amour [élodie - cédric] 22.07.11 21:10 | |
| Si elle voulait le tester, c'était bien réussi. Élodie se battait très bien, avait plusieurs bottes efficaces et savait s'en servir. Philippe avait plus observé que participé aux cours d'escrime, il avait regardé son père et son aîné se battre et, de par ce fait, savait bien esquiver les coups. Ce n'était pas pour autant qu'il savait véritablement se battre, le jeune homme pouvait simplement sauver sa peau en cas de besoin. Pas de quoi casser trois pattes à un canard, surtout quand le nom de d'Artagnan résonne constamment dans vos oreilles. S'il ne reniait pas son nom, le Duc ne le criait pas sur les toits car il y avait toujours quelqu'un qui avait une histoire à raconter sur son père et/ou sur ses camarades. Si parfois cela était plaisant, c'était surtout pesant, surtout quand on ne veut pas ressembler à son père. De nombreuses personnes avaient levé les yeux en l'air quand il voulut entrer dans les ordres et on se moqua même de lui quand il parlait voyage et aventure. S'il ne savait pas se battre, il n'irait jamais loin lui avait-on dit. Hasard ou chance, Philippe ne s'était jamais fait attaquer sur les routes, ou alors par des brigands tellement peu crédibles qu'ils s'enfuyaient au moindre pas en avant du jeune Duc. Pas de grande victoire sur la racaille, c'était certain. Alors, les occasions de se battre sont finalement assez rare et, en y repensant, tenir quelques minutes face à une demoiselle bien entraînée par ses deux frères relevaient d'une mini-victoire.
La leçon aurait pu continué normalement, à croiser le fer et enchaîner bottes, parades et autres esquives sans que grand chose ne vienne les perturber. C'était sans compter la facilité de déconcentration de Philippe au moindre bruit autour de sa maison. Certains diront que c'est normal : des animaux vivent dans ces bois et donc ils font du bruit. Seulement, ce n'était pas le même bruit et puis ces différentes bêtes ne vous espionnent pas. Cette sensation d'être épié commençait à l'irriter au plus haut point. Généralement, cela se produisait le soir ou la nuit, mais si cela s'y mettait en journée, il y aurait de quoi devenir fou. En tout cas, il avait failli être blessé s'il ne s'était pas déporté sur un côté avant de perdre l'équilibre. Ce n'aurait pas été de la faute de la jeune femme, Elodie ne faisait que se battre pour faire avancer leur leçon, Philippe aurait du la prévenir. Il ne lui en voulait pas. D'une part parce qu'il en était incapable de lui en vouloir pour quoi que ce soit et aussi parce qu'il cherchait véritablement quelqu'un dans ces bois. Une silhouette, une ombre, un signe pour être sûr que ce n'était pas le fruit de son imagination. Et pourtant, scrutant les alentours des son regard azur, rien ne se profilait, c'était à peine si le vent faisait frémir les feuillages.
« Ne vous en faites pas… je maîtrisais totalement la situation. J'ai promis de vous ramener entier, tout de même. Votre famille risquerait de m’en vouloir ! »
Cela eut pour effet de laisser un léger rire échapper de la bouche de Philippe. Il eut en tête l'image de Barnabé poursuivant la jeune femme avec un ustensile de cuisine.
« Je doute que quelqu'un puisse vous en vouloir. Si mon père serait là, il vous dirait même que ce serait ma faute si vous m'aviez blessé car je n'étais pas assez attentif. Et puis, je vous fais confiance, vous ne me feriez pas de mal. »
Il resta debout, sa tête allant d'Élodie qui venait de s'asseoir aux bois où il ne voyait rien mais espérait vraiment que quelque chose bouge pour courir après cette chose, cette personne, mettre enfin un visage sur cette paire d'yeux qui le fixait trop souvent à son goût. Mais vraiment, rien ne se passait. Un long soupir s'échappa et il tourna finalement le dos à ces feuillages où rien ne semblait vraiment vivre. S'il savait qu'il avait bel et bien raison, cela le soulagerait. S'asseyant à son tour, il écouta la jeune femme sans la quitter des yeux.
« Quant à votre rôdeur… avez-vous essayé de le surprendre ? Vous en auriez le cœur net. Un duc de Gascogne et les siens doivent avoir assez d’ennemis pour que cette idée ne soit pas totalement insensée… »
Il hocha la tête. Les trois hommes de la famille d'Artagnan n'étaient finalement les plus aimés du monde. Charles, le père, avait connu autant d'ennemis que d'aventures et si certains étaient bien morts, on ne sait jamais ce que la haine peut donner comme force aux survivants. Seulement, l'illustre mousquetaire avait disparu et si quelqu'un surveillait les alentours, il avait bien du le remarquer. Alexandre ayant suivi les traces de son père, pouvait se montrer aussi dérangeant pour certaines personnes. Sans que cela ne le surprenne, le nom de Ruzé vint en tête. Mais là encore, Ruzé étant ami avec Philippe, il le voyait mal agir de la sorte, davantage car il le savait tête brûlée. Restait lui, Philippe. En tant que Duc d'un riche et vaste territoire, il y avait de quoi faire des envieux, le jeune homme savait que sa politique ne plaisaient pas aux vieux comtes et barons sur son territoire. Perdu quelques instants dans ses pensées, il secoua la tête négativement.
« La liste serait tellement longue que cela serait presque indécent de les citer ! répondit-il enfin avec un faux détachement Pourtant, je vois personne qui pourrait se montrer assez fourbe pour cela. Quoique … »
Le nom de Portau lui vint. Il n'arrêtait pas de penser à cette agression dans la forêt et l'apparition ''fortuite'' du Comte peu après. Puis cette manière de se montrer mielleux avec lui, cela en devait trop faux et hypocrite, quoiqu'en pense les autres. Mais on ne peut pas accuser comme ça.
« Non, cela ne sert à rien de chercher un nom. Il faudrait que je le débusque moi-même. Mais généralement, ce fourbe agit de nuit. J'ai déjà vu une silhouette avant de me coucher. Mais je ne peux pas sortir dans la nuit noire avec ma lanterne et mon épée. Je ne peux pas prendre le risque de laisser le manoir sans sécurité. Ses habitants m'y sont bien trop précieux pour me laisser aveugler par l'envie de trouver mon traqueur. Je l'aurais un jour mais je ne sais pas encore quand … »
Il était davantage songeur ces derniers jours et cela se voyait sur sa façon de se comporter. Comment imaginer les bouleversements de ces derniers jours ? Entre le rôdeur et son fils, il ne savait plus vraiment où donner de la tête. Sans oublier Élodie et leurs retrouvailles. Sa vie, son avenir, sa santé et son coeur ne savaient plus où aller, tout se chamboulait et, bien sûr, Philippe gardait pour lui toutes ses pensées, idées et sentiments. Il était un d'Artagnan en somme, même s'il savait un peu mieux vivre avec tout cela et même l'évacuer.
Puis, il reprit un sourire sympathique et tenta de reprendre le fil de son cours d'épée. Après tout, la jeune femme n'était pas venu pour entendre ses théories paranoïaques étranges. Et il était tellement plus plaisant qu'elle parle, cela lui permettait de se concentrer sur elle et ne plus penser au reste.
« Mais reprenons où en étions nous ? A quel point suis-je désespérant en matière de combat ? Enfin de combat loyal, je sais me battre à mains nus, je sais au moins faire quelque chose. »
Ce sens de l'auto dérision montrait bien qu'il ne se sentait pas si en confiance que cela. Cette hantise de ne pas avoir su se battre au moment où il le fallait l'avait marqué et il avait peur que cela se reproduise un jour ou l'autre. S'il n'y avait pas beaucoup de personnes à qui il tenait réellement, ces rares là lui étaient plus précieux que le reste du monde …
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| Sujet: Re: On peut refuser les amis mais pas l'amour [élodie - cédric] 27.07.11 13:25 | |
| Elodie aurait voulu pouvoir se détacher de tout ça, penser à autre chose et simplement s’amuser à donner un cours d’escrime à l’ami qu’était Philippe. Après tout, ce qu’elle avait entendu à la couronne de blé ne pouvait que mettre un point aux sentiments qu’elle refusait d’admettre, aux doutes qui la tiraillaient et en quelques sortes, remettre les choses à plat, comme lorsqu’ils s’étaient rencontrés en Gascogne. Mais voilà, Elodie était une jeune femme obstinée, et ce dans tous les domaines, qu’elle le veuille ou non. Et si les choses dites face à Eric étaient, à ses yeux, on ne peut plus claire, elle ne pouvait s’empêcher de vouloir en avoir le cœur net. Le Duc ne lui avait jamais parlé de sa famille, et encore moins d’une fiancée. Tout comme elle ne lui avait jamais rien révélé de l’identité de ce frère qui lui ressemblait tant. Tous deux se connaissaient tout en ignorant ce qu’il y avait sans doute de plus important, drôle de situation. Et si elle aurait aimé qu’il se confie, cela ne pourrait malheureusement qu’être une confidence à sens unique. Comment avouer ce qu’elle cachait ? De toutes les personnes que fréquentaient Elodie ou Eric, les seules à connaître la mascarade l’avaient deviné, même François à qui elle comptait, de toute façon, tout expliquer. Non, définitivement, elle ne pouvait prendre le risque de dire à Philippe ce qu’elle dissimulait déjà avec tant d’application au deuxième frère d’Artagnan.
« Je doute que quelqu'un puisse vous en vouloir. Si mon père était là, il vous dirait même que ce serait ma faute si vous m'aviez blessé car je n'étais pas assez attentif. Et puis, je vous fais confiance, vous ne me feriez pas de mal. »
Un sourire étira les lèvres de la jeune femme à l’idée de d’Artagnan père la voyant entraîner son fils à l’épée. Elle n’avait jamais vu l’homme en question, mais en avait assez entendu pour avoir une idée du personnage qu’il pouvait être. Il ne faisait nul doute que la situation ne lui plairait pas beaucoup, pensait-elle. A vrai dire, à part eux deux et le vieux domestique qu’elle avait vu un peu plus tôt et qui lui avait semblé plus amusé qu’étonné, il était fort possible que personne ne conçoive le fait qu’une femme puisse donner une leçon d’escrime à un homme – et encore moins un d’Artagnan. Alors qu’une femme puisse battre un homme lors de cette même leçon… inutile d’en parler.
« Vous me faite confiance ? Hum… le Duc de Gascogne blessé par une jeune femme… méfiez-vous, je pourrais me rendre célèbre ! plaisanta-t-elle avec un clair éclat de rire. »
A son tour, Philippe s’assit, cessant un instant de regarder les bois vers lesquels revenait toujours ses deux prunelles azures. L’observant un instant, Elodie changea de sujet, évoquant ce qui semblait réellement l’inquiéter. L’idée qu’il puisse être épié paraissait peut-être vaguement folle, mais avec tout ce qui se tramait à Versailles, les ordres parfois étranges que les mousquetaires recevaient et ces rumeurs de complot parfois un peu plus sûres que de simples rumeurs… tout semblait possible à la jeune femme et plus rien ne l’étonnait dès qu’il était question de fourberie. C’était un fait, parmi les nombreux ennemis que pouvaient s’être fait le jeune homme, ils s’en trouvaient certainement un ou deux assez méprisables pour s’abaisser à ce genre de stratagème. L’espionnage était monnaie courante à la Cour et dans ses environs, quelle qu’en soit la raison. Alors contre un Duc… Mais un bruit dans les bois pouvait également venir de tout et n’importe quoi.
« La liste serait tellement longue que cela serait presque indécent de les citer ! Pourtant, je vois personne qui pourrait se montrer assez fourbe pour cela. Quoique… »
Les apparences sont trompeuses, pourtant. Et c’est souvent de là où on les attend le moins que les viennent les plus sûres trahisons. La laissant réfléchir un instant, Elodie jeta un nouveau regard sur le parc qui les entourait, silencieux alors que quelques minutes plus tôt encore, on pouvait y entendre résonner les bruits de lame. Silencieux, et visiblement vide de toute âme, si ce n’était les leurs. Vaguement, ses prunelles s’égarèrent sur le manoir et à nouveau, elle ne put s’empêcher de se demander quelle famille il abritait.
« Non, cela ne sert à rien de chercher un nom. Il faudrait que je le débusque moi-même. Mais généralement, ce fourbe agit de nuit. J'ai déjà vu une silhouette avant de me coucher. Mais je ne peux pas sortir dans la nuit noire avec ma lanterne et mon épée. Je ne peux pas prendre le risque de laisser le manoir sans sécurité. Ses habitants m'y sont bien trop précieux pour me laisser aveugler par l'envie de trouver mon traqueur. Je l'aurais un jour mais je ne sais pas encore quand… »
Elodie hocha la tête, songeuse à son tour. Cette histoire avait quelque chose d’étrange qui lui fit un instant oublier le cours d’escrime. Elle avait toujours eu de l’imagination à revendre, et les histoires les plus alambiquées ne tarderaient pas à s’échafauder dans son esprit si elle se laisser aller. Mais rapidement, un sourire étira à nouveau les lèvres de Philippe, qui laissa là rodeurs et soupçons, revenant à la raison de la présence de la jeune femme ici – raison ou prétexte. Lui donner ces leçons était un moyen comme un autre d’être certaine de le revoir.
« Mais reprenons où en étions nous ? A quel point suis-je désespérant en matière de combat ? Enfin de combat loyal, je sais me battre à mains nus, je sais au moins faire quelque chose. »
Désespérant ? Elle n’irait certainement pas jusque là. Il avait ça dans les veines, qu’il le veuille ou non. Elle en connaissait de plus mauvais que lui qui n’avaient pourtant pas montré de réticences à s’entraîner avec leurs pères. Une moue amusée tordit ses lèvres.
« Je pense avoir vu bien plus désespérant que vous ! répondit-elle, enjouée. Il y a quelques points techniques… mais pour ça, rien n’est jamais perdu. Ce qui vous manque, Philippe, c’est surtout un peu de confiance… à moins que vous n’ayez hésité à frapper parce que vous aviez une femme face à vous ! »
Un rire lui échappa. S’il y avait bien une personne face à laquelle il pouvait ne pas retenir ces coups, c’était elle. Si elle manquait parfois de force, elle avait pour elle bien d’autres avantages pour compenser ; et trouvait toujours hautement amusant de voir ses camarades mousquetaires pris au dépourvu par sa souplesse ou sa ruse au combat, quand beaucoup misaient sur la rudesse de leurs coups.
« Faite confiance à votre lame ! Au combat, elle est votre meilleure amie et votre plus fidèle alliée, vous pouvez en être sûr. C’est comme ça que vous assurerez vos coups. »
La confiance. C’était la première chose qui lui avait appris François lorsqu’il avait réellement commencé à l’entraîner, dépassant le stade de leurs simples jeux enfantins. Avoir la sensation que l’épée n’est que le prolongement de son bras, de pouvoir la maîtriser parfaitement… c’était l’essentiel. La technique venait après, de même que les bottes et tout ce qui faisait d’un soldat un soldat accompli. La confiance. Une base… en toute chose.
« Puis-je vous poser une question, Philippe ? demanda soudain Elodie sans parvenir à retenir ses mots. Un instant, elle laissa le silence s’installer, mais, bien conscience de ne plus pouvoir reculer : Vous ne m’avez jamais parlé de votre fiancée… lâcha-t-elle. »
Vivement, elle détourna les yeux. Mais quelle idiote ! Pourquoi, pourquoi fallait-il qu’elle ne sache pas tenir sa langue ? Piquant un fard, elle reprit la parole. Elle lui devait une explication, aussi mensongère soit-elle.
« Je… j’étais à la couronne de blé l’autre soir, j’y ai une chambre. Je vous ai vu, avec mon frère et les autres mousquetaires… commença-t-elle, les yeux soudain intensément intéresser par une petite tache sur la garde de son épée. J’ignorais que vous étiez fiancé, souffla-t-elle repensant avec amertume à la jolie serveuse avec laquelle il était parti. Amertume qu’elle ne put s’empêcher de laisser paraître sur ses traits. Je pensais que… enfin, hum, cette femme a beaucoup de chance, malgré toutes les Valentine possible… »
Mon Dieu. Avait-elle réellement dit cela ?
Dernière édition par Elodie de Froulay le 03.08.11 12:48, édité 1 fois |
| | | Philippe d'Artagnan
« s i . v e r s a i l l e s »Côté Coeur: Après avoir souffert ces dernières années, ma belle Elodie le remet en marche ♥ Côté Lit: Je suis fidèle à l'amour et à un seul être. Et je l'attendrais.Discours royal:
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| Sujet: Re: On peut refuser les amis mais pas l'amour [élodie - cédric] 01.08.11 1:07 | |
| Penser à autre chose qu'au rôdeur, cela n'était pas chose facile pour Philippe qui dormait mal depuis deux nuits. S'il le trouvait, malgré toute la piété chrétienne qu'il avait, le jeune homme se ferait un plaisir de l'étrangler de ses mains. Cela était à un si haut degré qu'il pouvait avoir du mal à ménager sa colère. Un peu comme cette mauvaise impression qu'il a avec Cédric, voilà pourquoi ce fut le premier nom qui lui vint en tête, c'était la pire personne qui lui était donné de rencontrer ces derniers mois. Ce sourire mielleux, ses yeux fourbes et toujours ses visites impromptues en Gascogne, sa rencontre hasardeuse de la dernière fois … Cet homme n'était pas clair et Philippe ne démordrait pas de son instinct même s'il ne pouvait pas en parler à grand monde. Alexandre ? Il faudrait déjà qu'il vienne mettre un pied au manoir et puis Portau était son ami d'enfance … Barnabé ? Le vieil homme avait déjà bien à faire, ne se risquerait pas à prendre le parti d'un des deux frères et il aurait bien raison. Élodie ? Il ne voulait pas l'embêter avec ses problèmes, elle avait sûrement bien mieux à faire qu'entendre un d'Artagnan exprimer ses mauvaises impressions sur quelqu'un qu'il connaissait depuis tout petit, bien qu'il n'ait jamais été son ami. Le duc devrait d'abord régler cette affaire lui-même, débroussailler cette histoire, mener sa petite enquête avant d'accuser qui que ce soit. Cela pourrait se retourner contre lui. Il ne croyait pas si bien penser …
Mais avant tout cela, il y avait la leçon d'escrime. Élodie maniait l'épée mieux que certains hommes, elle n'avait rien d'une demoiselle en détresse à sauver, elle s'en sortait merveilleusement bien toute seule. Philippe aurait pu avoir son niveau s'il s'en était donné la peine. Ce qu'il n'avait pas fait évidemment. On ne l'avait pas élevé pour être un professionnel des armes, du moins sa mère n'avait jamais voulu que son petit Philippe se blesse. Alexandre avait toujours rêvé de marcher sur les pas de son père et elle n'avait pu aller contre ça, Charles prenant l'aîné sous son aile, à sa façon bien sûr, et Marie-Béatrice tournait le jeune Philippe vers les arts, les sciences et la religion. Le schéma était simple : l'aîné aurait les terres, les armes et le cadet la religion. Tout était tracé et rien n'aurait du changer. Mais le benjamin de la famille avait aussi la bougeotte, le rêve de voyager et avait fait la promesse à sa mère qu'il s'arrêterait de voyager après avoir assouvi ses rêves pour se poser. La mort prématuré de sa mère avait tout bouleversé dans les projets du jeune garçon et lorsqu'Alexandre renonça au titre de Duc, Philippe dut dire adieu à la religion pour saluer l'accueil de ce nouveau titre qui l'enchaînait à une terre et surtout, à des codes de noblesse à respecter. Dans tout ce chemin, l'épée n'avait pas de grande fonction. Il savait croiser globalement le fer et s'il se battait, c'était principalement contre des brigands, les désarmer ne relevait pas de grands exploits en règle générale. Pourtant, aujourd'hui, tant de choses avaient changé et il avait besoin de s'améliorer, de ne plus hésiter au combat et de se battre dignement. Certains lui riraient au nez en imaginant le mot dignité et le fait d'apprendre avec une femme dans une même phrase. Peut être était-ce du à son éducation ou à ses voyages, Philippe se montrait bien plus ouvert d'esprit que la plupart des hommes, et femmes, de son époque. Et il faut bien vous avouer que s'il avait demandé à Élodie de lui donner quelques leçons, c'était davantage pour la revoir. S'il devait prendre des cours d'escrime, il aurait pu largement le faire avec Alexandre qui se serait donné une joie de lui enseigner ! Alors autant joindre l'utile à l'agréable, Philippe avait fait un excellent choix.
« Je pense avoir vu bien plus désespérant que vous ! Il y a quelques points techniques… mais pour ça, rien n’est jamais tordu. Ce qui vous manque, Philippe, c’est surtout un peu de confiance… à moins que vous n’ayez hésité à frapper parce que vous aviez une femme face à vous ! »
Il se mit à rire de bon cœur avec elle. Il est vrai que dans les premiers coups, le jeune homme y avait pensé, mais le goût du risque et l'ambiance fit qu'il en fit abstraction, il se battait face à une personne d'excellent niveau, pas seulement à une femme. Quant à la confiance, on pouvait bien lui trouver l'excuse de ses deux dernières années pour comprendre que Philippe avait beaucoup perdu de son assurance, ce qu'il montrait n'était qu'un écran de fumée, une illusion …
« Faite confiance à votre lame ! Au combat, elle est votre meilleure amie et votre plus fidèle alliée, vous pouvez en être sûr. C’est comme ça que vous assurerez vos coups. » « Je retiens ce précieux conseil, je tâcherais de m'en souvenir à l'avenir. Je pense avoir appris plus de vous en quelques minutes que de mon père en de multiples leçons avortées. Pour cela merci. »
Les leçons avec le paternel n'avaient rien d'une partie de plaisir ! Philippe était encore jeune et Charles, bourru comme on le connait, ne faisait pas dans la dentelle, hurlait sur son cadet mais il n'y avait aucune pédagogie, cela ne donnait pas envie d'apprendre à moins d'en avoir vraiment envie, comme Alexandre. Philippe avait toujours fui les leçons, détestant cette agressivité paternelle ainsi que ses hurlements sur son garçon. Cela semblait bien loin …
« Puis-je vous poser une question, Philippe ? Vous ne m’avez jamais parlé de votre fiancée… »
Philippe la regarda avec de grands yeux surpris, il ne s'attendait pas à cela. Et comment … ?
« Je… j’étais à la couronne de blé l’autre soir, j’y ai une chambre. Je vous ai vu, avec mon frère et les autres mousquetaires… J’ignorais que vous étiez fiancé. Je pensais que… enfin, hum, cette femme a beaucoup de chance, malgré toutes les Valentine possible… » « Oh … » lâcha t'il.
Pris à son propre piège, il devait lui avouer. Cela ramenait à tout raconter, même le plus difficile. Il baissa à son tour ses yeux azurs et laissa quelques secondes de silence. D'un coup, il regarda à nouveau Élodie, l'air grave mais aussi presque triste, comme un repenti.
« Sachez tout d'abord que ce que vous avez vu la dernière fois n'était qu'une vague mascarade. Je vais tout vous expliquer et j'espère que vous comprendrez. »
Mais par où commencer ? Il n'avait raconté son histoire que deux fois, à Barnabé et Alexandre. La famille en somme. Il allait devoir prendre sur lui, raconter tout, jusqu'à ce petit mensonge à la Couronne de Blé, cette tromperie publique qu'il avait allègrement bien joué. A nouveau son regard se posa sur le sol, un long soupir s'échappa de ses lèvres et il ne put s'empêcher de jouer quelques instants avec ses mains, les torturer machinalement.
« Il y a presque trois ans que je me suis fiancé. J'ai rencontré mademoiselle de la Sayette ici, à Versailles. Depuis que je suis devenu Duc, j'ai abandonné de faire carrière en religion et j'avais donc la tâche ardue de trouver un jour une jeune femme pour me marier. Je vous avoue que je n'y pensé pas vraiment, j'avais vingt et un ans, je ne pensais qu'aux voyages et tenait à ma liberté comme à la prunelle de mes yeux. Mais forcé de constater qu'on ne dirige pas ses sentiments. Mon père, après m'avoir ri au nez, avait consenti à notre mariage. » Il se tut, se rappelant de ces instants et savait que le plus dur serait la suite. Il releva une nouvelle fois la tête. « Contrairement à ce que vous avez cru voir l'autre soir, je suis toujours resté fidèle, jamais je n'aurais commis un quelconque adultère. Je suis croyant et j'ai un honneur. »
Il avait du mal à avancer dans son histoire mais il dut s'y résoudre. Ses yeux se perdirent à nouveau sur l'herbe à ses pieds et son visage fut plus sérieux que jamais. Jamais Philippe ne pourrait oublier ces instants là …
« Après le consentement de mon père, il me restait à avoir l'acceptation des parents d'Emmanuelle. Nous partîmes donc tous deux en carrosse pour se rendre non loin de Poitiers. Nous n'avions pas fait cinquante kilomètres que des brigands nous tendirent une embuscade. » Il se mordit la joue et le soupir qu'il vint à pousser fut presque plaintif. « Il fallait bien se défendre, je suis sorti me battre mais je trébuchai sur une pierre et alors que la mort allait s'abattre sur moi, ce fut Emmanuelle qui se jeta sur moi … et reçut un coup mortel. »
Le silence, qui ne dura que quelques secondes, parut une éternité à ses yeux, d'ailleurs ses derniers commençaient à voir pointer les larmes mais il les ravala pour poursuivre.
« Ensuite, je suis parti en Gascogne, mon père m'ayant bien pris le soin de m'enguirlander sur mon irresponsabilité, mon manque d'honneur et l'horreur que je pouvais bien faire à la famille … Quand nous nous sommes rencontrés en Gascogne, cela faisait un an que j'y vivais sans avoir de nouvelles des miens. Vous m'avez connu dans un bien piètre état, quoique meilleur que les trois premiers mois passés là-bas. Mon père a bien pris soin d'étouffer cette affaire. Imaginez : un fils d'Artagnan sauvé à cause d'une femme qui y a laissé sa vie. Cela faisait sûrement tâche sur la réputation familiale. » lâcha t'il avec amertume.
Il l'avait toujours mauvaise à propos de son père et lui en voulait de ne jamais avoir répondu à ses lettres. Philippe, nerveux, préféra se lever pour faire quelques pas, tourner en rond pour ainsi dire et lâcher un nouveau soupir à fendre l'âme.
« Personne, ou presque, ne connait cette histoire. Je n'aime pas m'étendre sur mon malheur, je ne veux pas qu'on me plaigne ni qu'on s'apitoie sur mon sort, je l'ai fait suffisamment. » Il la regarda à nouveau, un sourire bien triste au coin de la bouche. « Je vais vous raconter ce qui s'est véritablement passé à la Couronne de Blé : Jean m'avait présenté une jeune femme, charmant il est vrai, mais ne m'intéressant pas. Je suis resté poli et souriant, puis mon ami a commencé à se montré curieux sur mon absence d'alliance. Et plutôt que d'expliquer la réelle situation, j'ai préféré fuir et la serveuse m'a suivie dans mon plan. Je lui ai demandé de sourire, rire même à un moment, pendant que je lui expliquais ma situation. Quand nous sommes sortis dehors, je l'ai certes accompagnée chez elle, mais je l'ai laissée là et je suis rentré au manoir. Cela était une mise en scène bien fourbe mais nous avons tous des secrets, des cadavres dans nos placards que l'on veut cacher. »
Il s'accroupit juste à côté d'Élodie et la regarda dans les yeux. Malgré le mal qu'il avait en lui d'avoir raconté son histoire, il ne pouvait s'empêcher de la trouver magnifique
« Je vous l'ai raconté car j'ai confiance et que je n'ai pas à vous mentir. Vous comprenez maintenant mon attitude l'autre soir, tout autant que vous savez pourquoi j'apprends à me battre. Je ne supporterais pas de perdre encore un proche sans que je ne puisse rien faire … »
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| Sujet: Re: On peut refuser les amis mais pas l'amour [élodie - cédric] 03.08.11 15:12 | |
| « Oh… »
Obstinément, Elodie garda les yeux baissés sur la garde de son épée, regrettant soudain amèrement de s’être laissé emporter. Quand on ne sait pas tenir sa langue lorsque l’on parle, jeune fille, on essaye de se taire. Etrange moment, certes, pour repenser aux conseils de son précepteur. Mais une fois de plus, elle était bien obligée de constater qu’il n’avait pas tout à fait tort. La question était lancée, cependant, quels que soient les remords qu’elle puisse immédiatement en tirer. Et lorsqu’au même moment qu’elle, Philippe leva les yeux, elle ne put s’empêcher de regretter un peu plus ses paroles, tout en sachant parfaitement qu’il était inutile de revenir en arrière.
« Sachez tout d'abord que ce que vous avez vu la dernière fois n'était qu'une vague mascarade. Je vais tout vous expliquer et j'espère que vous comprendrez. »
Son air, triste, poussa la jeune femme à s’intéresser de nouveau à cette maudite tâche brune qui, décidément, ne voulait pas partir, bien qu’elle n’ait pas cessé de la frotter presque convulsivement. Elle ne savait rien de l’histoire qui allait lui être racontée, ne pouvait seulement s’en douter… mais par instinct, elle sentit qu’elle avait mis le doigt sur un sujet douloureux, et soulevé des questions qu’il ne lui appartenait pas de poser. Sans oser lever les yeux sur lui, elle jeta néanmoins un regard aux deux mains du Duc, qui se tordaient l’une l’autre avec à peu près autant de conviction que ce qu’elle tentait de rendre impeccable la garde de son épée. De loin, à un observateur ignorant la teneur de leurs propos, la scène aurait presque pu paraître drôle. Agacée, Elodie lâcha soudain sa lame, rassemblant assez de courage pour tourner franchement la tête vers Philippe qui, regard baissé, reprenait la parole.
« Il y a presque trois ans que je me suis fiancé. J'ai rencontré mademoiselle de la Sayette ici, à Versailles. Depuis que je suis devenu Duc, j'ai abandonné de faire carrière en religion et j'avais donc la tâche ardue de trouver un jour une jeune femme pour me marier. Je vous avoue que je n'y pensais pas vraiment, j'avais vingt et un ans, je ne pensais qu'aux voyages et tenais à ma liberté comme à la prunelle de mes yeux. Mais forcé de constater qu'on ne dirige pas ses sentiments. Mon père, après m'avoir ri au nez, avait consenti à notre mariage. »
Elodie eut un sourire sans joie à l’évocation du père d’Artagnan. Elle ne l’avait jamais réellement vu, bien qu’elle côtoyât l’un de ses fils plus que régulièrement, étant sous ses ordres aux mousquetaires. Mais étrangement, après tout ce que sa légende racontait, elle parvenait presque à l’imaginer en père un peu bourru, et parfois dur. Sans doute est-ce là le lot des héros.
« Contrairement à ce que vous avez cru voir l'autre soir, je suis toujours resté fidèle, jamais je n'aurais commis un quelconque adultère. Je suis croyant et j'ai un honneur. - Je le sais… souffla-t-elle doucement. »
Ce fut au tour d’Elodie de détourner le regard et de baisser la tête, honteuse de l’avoir cru. Elle le connaissait pourtant, bien qu’elle ignorât ce qui le rendait si nostalgique parfois. Elle connaissait son honneur, avec tout ce qui la troublait chez lui… Ces sentiments, qu’elle ne parvenait définitivement pas à nier totalement, l’avaient rendue aveugle évidement, et sans qu’elle n’ose se l’avouer, le fait que Philippe et cette Valentine aient seulement joué une petite farce à laquelle tous les mousquetaires présents avaient cru la soulageait. Seulement elle le sentait, ça n’était pas là le plus important de l’histoire.
« Après le consentement de mon père, il me restait à avoir l'acceptation des parents d'Emmanuelle. Nous partîmes donc tous deux en carrosse pour nous rendre non loin de Poitiers. Nous n'avions pas fait cinquante kilomètres que des brigands nous tendirent une embuscade, continua-t-il, avant de lâcher un soupir qui poussa Elodie à le dévisager à nouveau. Instinctivement, elle se doutait de la suite. Il fallait bien se défendre, je suis sorti me battre mais je trébuchai sur une pierre et alors que la mort allait s'abattre sur moi, ce fut Emmanuelle qui se jeta sur moi… et reçut un coup mortel. »
La jeune femme ne répondit rien, laissant un bref silence s’installer, devinant cependant l’émotion dans les yeux de Philippe. Discrètement, elle se mordit la lèvre, détourna la tête presque par pudeur. Quelques secondes plus tôt, elle regrettait ses paroles. Maintenant elle s’en voulait de l’avoir forcé à parler – car c’était, par sa question, ce qu’elle avait fait. Mais elle comprenait, enfin. Elle comprenait pourquoi est-ce qu’il avait l’air si mal lorsqu’elle l’avait rencontré en Gascogne, vers quels souvenirs volaient parfois ses pensées et pourquoi ce sourire qu’elle aimait tant lui voir s’effaçait soudain, par moments. C’était donc cela… Prise au dépourvu, elle posa à nouveau les yeux sur lui, sans savoir que faire que le laisser continuer.
« Ensuite, je suis parti en Gascogne, mon père m’ayant bien pris le soin de m'enguirlander sur mon irresponsabilité, mon manque d'honneur et l'horreur que je pouvais bien faire à la famille… Quand nous nous sommes rencontrés en Gascogne, cela faisait un an que j'y vivais sans avoir de nouvelles des miens. Vous m'avez connu dans un bien piètre état, quoique meilleur que les trois premiers mois passés là-bas. Mon père a bien pris soin d'étouffer cette affaire. Imaginez : un fils d'Artagnan sauvé à cause d'une femme qui y a laissé sa vie. Cela faisait sûrement tâche sur la réputation familiale. »
Il se leva vivement, visiblement nerveux, suivit par les prunelles d’Elodie qui ne pouvait que rester silencieuse. Elle ne savait que trop à quel point les scandales pouvaient entacher des familles entières – ne mettait-elle pas un point d’honneur à un cacher un elle-même ? Mais cette femme l’avait sauvée, et pour cela, Elodie se prendre presque à la remercier, bien qu’elle y ait laissé la vie. Il n’y a guère que l’amour qui puisse conduire à de telles extrémités… rien de scandaleux, aux yeux de la jeune femme qui se contenta d’acquiescer alors que Philippe faisait les cent pas.
« Personne, ou presque, ne connait cette histoire. Je n'aime pas m'étendre sur mon malheur, je ne veux pas qu'on me plaigne ni qu'on s'apitoie sur mon sort, je l'ai fait suffisamment, soupira-t-il avant de se tourner à nouveau vers Elodie qui l’observait toujours, une moue sans joie tordant ses lèvres. Je vais vous raconter ce qui s'est véritablement passé à la Couronne de Blé : Jean m'avait présenté une jeune femme, charmant il est vrai, mais ne m'intéressant pas. Je suis resté poli et souriant, puis mon ami a commencé à se montré curieux sur mon absence d'alliance. Et plutôt que d'expliquer la réelle situation, j'ai préféré fuir et la serveuse m'a suivie dans mon plan. Je lui ai demandé de sourire, rire même à un moment, pendant que je lui expliquais ma situation. Quand nous sommes sortis dehors, je l'ai certes accompagnée chez elle, mais je l'ai laissée là et je suis rentré au manoir. Cela était une mise en scène bien fourbe mais nous avons tous des secrets, des cadavres dans nos placards que l'on veut cacher. »
A nouveau, elle posa les yeux sur son épée. Non seulement elle avait cru à cette petite mascarade, mais en plus elle avait trouvé le moyen de s’en sentir blessée… alors qu’il n’y avait rien qui puisse le justifier. Une fois de plus, elle avait été idiote. Une idiote jalouse, qui plus est. Et ça, elle ne pouvait plus le nier – ce qui revenait à ne plus pouvoir nier beaucoup de choses… mais de là à les avouer. Doucement, Philippe se baissa à ses côté, et croisa un regard que cette fois, elle ne lui déroba pas, perdue dans ses deux yeux azurs.
« Je vous l'ai raconté car j'ai confiance et que je n'ai pas à vous mentir. Vous comprenez maintenant mon attitude l'autre soir, tout autant que vous savez pourquoi j'apprends à me battre. Je ne supporterais pas de perdre encore un proche sans que je ne puisse rien faire… »
Elodie eut un discret sourire, dissimulant la gêne qui l’envahit tout à coup. Philippe s’était confié, lui avait tout avoué… alors qu’elle avait commencé par lui mentir, une fois de plus. Elle était bien à la Couronne de Blé, certes, mais il n’y avait pas plus d’Eric qu’elle ne se sentait digne de sa confiance. Elle hocha la tête, cependant, reprenant la parole avec un petit silence.
« Je suis désolée, souffla-t-elle, sincère. Je n’aurais pas dû vous poser une telle question… ni même rester à vous écouter, l’autre soir. J’aurais aimé connaître cette femme… ajouta-t-elle avec un autre léger sourire. »
Détournant les yeux, elle continua à jouer distraitement avec son arme, les yeux perdus dans le parc qui l’entourait. Le secret qu’elle lui cachait, elle aussi, avait soudain pris plus de poids encore qu’il n’en avait déjà. Peut-être était-ce le bon moment, mais elle lui avait menti d’innombrables fois, ne serait-ce que pour justifier ses absences lors de ce mois passé en Gascogne, et avait recommencé aujourd’hui, comme lorsqu’ils s’étaient retrouvés à Versailles, et lors de leur dernière balade… Elle craignant sa réaction plus que tout autre, mais lui, lui avait tout dit…
« J’ai un aveu à vous faire, moi aussi, souffla-t-elle soudain, en tourna à nouveau la tête vers lui. Elle resta un instant silencieuse, hésita, ouvrit la bouche… puis renonça, se traitant une nouvelle fois d’imbécile. Elle ne pouvait tout simplement pas lui dire qui était Eric… et ne pouvait décemment pas revenir en arrière, une fois de plus. Je… j’étais jalouse… enfin, hum, peinée que vous ne m’ayez pas dit que vous aviez une fiancée, tenta-t-elle de se rattraper. Mais je comprends, maintenant. »
D’un sourire maladroit, elle tenta de faire oublier sa bévue, se traitant intérieurement de tous les noms d’oiseau qu’elle connaissait. Voilà qui était fâcheux. Jamais elle n’avait voulu dire une chose pareille.
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| | | Cédric de Portau
« s i . v e r s a i l l e s »Côté Coeur: Il a servi il y a des années avant de complètement le ferme. Mais la revoir me fait redevenir ... humain ?Côté Lit: Sans courir après les dames, il se porte à merveille ! Discours royal:
B E L Z E B U T H l'associé du diable
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| Sujet: Re: On peut refuser les amis mais pas l'amour [élodie - cédric] 04.08.11 20:16 | |
| « Tout homme est un criminel qui s'ignore. » On a tous nos petits plaisirs. Certains aiment paresser au lit, d'autres manger des gourmandises, se faire beau/belle, faire une promenade à cheval … Bref, tout le monde a un petit plaisir qu'il ne renoncerait pour rien au monde. Mais il y a des gens dont ce fameux petit plaisir est en quelque sorte tordu, malsain et complètement psychopathe. En ces trois mots, Portau est décrit. Bien sûr, lui aussi aime les plaisirs simples mais les plus insensés et horribles sont ses préférés. En ce moment ? S'amuser à tourner en bourrique quelqu'un, le rendre pour l'instant paranoïaque. Ce quelqu'un, c'est Philippe d'Artagnan. Depuis le plan horrible qu'il a monté dans sa tête, le jeune Duc de Gascogne est sa cible depuis tout ce temps. Le plan est pourtant cible : décrédibiliser Philippe en le rendant instable mentalement – voire fou – et avoir la Gascogne pour lui lorsqu'il révèlera aux d'Artagnan qu'il fait parti de leur famille. Mais voilà, ce plan prend du temps, il faut de la patience, de la réflexion et une multitude d'idées malsaines pour parvenir à ses fins. Pour commencer, il s'amusait à guetter dehors le soir, à faire un petit peu de bruit pour alerter le jeune homme, se montrer comme une silhouette dans la nuit et puis ne plus bouger dans la pénombre et fixer sa fenêtre. Cela pouvait prendre une partie de la nuit, il s'en moquait, il avait tout son temps et n'était pas vraiment pressé. Parfois, il faisait ça aussi de jour. Mieux, il avait carrément attaqué Philippe dans la forêt en étant masqué puis lui était apparu comme si de rien n'était. Philippe devait le croire responsable, Portau aura toujours un alibi plausible à lui raconter, toujours pour le contrecarrer et le déstabiliser davantage. Alors quand il se leva ce matin-là, Cédric était tenté d'aller à son petit plaisir, dans les bois autour du manoir d'Artagnan, jouer le rôdeur puis rentrer comme si de rien n'était.
Habillé simplement, comme un noble de province sans réelle fortune, le jeune homme cacha sous sa cape noire pour se fondre dans la masse des feuillages. Aller à ce manoir était si facile, il connaissait le chemin par cœur, toute son enfance se trouvait dans cette maison, l'époque insouciante où il jouait avec une épée de bois avec ses deux amis et écoutait les histoires de leurs pères avec une attention sans faille. C'est là aussi où il eut ses plus grandes punitions car, c'est bien connu, quand on met des garçons du même âge ensemble, soit ils s'associent pour des bêtises soit ils se battent. C'était la bonne époque, c'était tellement loin aussi … Achevant de repenser au passé, Cédric fit un détour et attacha sa monture à un arbre non loin de la route pour se faufiler dans les bois sans bruit. Il arriva au bon moment, Philippe était dehors en compagnie de quelqu'un. Il fallait avouer que Cédric ne s'attendait pas à ce que ce soit une demoiselle ! Le gascon était doté d'une grande fidélité de coeur et jamais Cédric ne l'avait vu en compagnie d'une autre femme. Il faut dire aussi qu'il ne l'espionnait pas depuis longtemps mais il le connaissait suffisamment pour savoir que, depuis la disparition de sa fiancée, Philippe portait un certain deuil et était malheureux comme les pierres. En s'approchant un tout petit peu plus, assez pour rester à distance mais aussi pour voir et bien entendre.
« Eh bien… battons-nous ! lança-t-elle. C’est encore la meilleure façon de donner une leçon d’escrime. »
Cédric dut se retenir de rire. Il prenait une leçon d'épée avec … une femme ! Il dut se mordre la lèvre et pouffa légèrement, trouvant cette situation ridicule à souhait. Elle se battait bien, trop bien pour une femme. Quant à Philippe, s'il savait se défendre, il n'avait pas le niveau de cette inconnue. Cédric continuait d'observer la scène avec amusement et voulut presque applaudir lorsque le gascon perdit le premier combat. S'il était battu par une femme, il ne serait pas trop difficile de se débarrasser de lui après l'avoir rendu fou. Oui, Portau avait déjà tout prévu dans sa tête sauf … En les observant davantage, les deux jeunes gens s'échangeaient des regards, il n'était pas difficiles que Philippe semblait charmer par cette demoiselle. Et que cela semblait réciproque. Le pire, c'est qu'aucun d'eux n'avait du le remarquer. Il ne fallait pas que Philippe ait quelqu'un, pas maintenant, Cédric avait prévu de l'isoler, de le rendre seul face à sa famille, la jeune femme était de trop. Il faudrait trouver un moyen de l'éloigner …
« Je ne me laisse pas abattre, recommençons. »
Si Philippe voulait se battre, il fallait aussi qu'il assume ses blessures. C'est pendant ce combat précisément qu'il décida de faire un peu de bruit pour attirer l'attention du jeune homme en se déplaçant furtivement. Cela eut pour effet de le déstabiliser. Dommage, si la jeune femme l'aurait blessée, cela l'aurait arrangé. Mais Philippe était encore bien agile pour un sac d'os mélancolique, peut être le sous-estimait-il.
« Je vous promets que cela n'est pas une feinte mais j'ai vraiment entendu du bruit. Et, cela peut paraître insensé mais j'ai une mauvaise impression depuis quelques jours. Comme si quelqu'un rôdait autour du manoir. »
La bonne nouvelle était que Philippe était réceptif à sa technique machiavélique. Ce garçon était bien le digne fils de son père, un instinct sans faille. On disait que c'était le talent des grands, il faudrait donc s'en méfier. Philippe n'était pas stupide, Portau le savait bien et c'est pour ça qu'il agissait de manière aussi vile et détournée, car cela n'était pas du ressort intellectuel mais des émotions, et on a tous du mal à contrôler nos émotions, cela est bien connu. Il continua son espionnage mais cela n'avait plus le même impact, il voyait bien que cette jeune femme captivait d'Artagnan. Dans son cerveau démoniaque, Cédric pensa que cette demoiselle serait peut être finalement utile si elle restait un moment aux côtés de Philippe. Il fallait réfléchir à tout cela, adapter son plan en fonction de ces nouvelles variables.
« Il y a presque trois ans que je me suis fiancé. J'ai rencontré mademoiselle de la Sayette ici, à Versailles … » Et voilà qu'il va jouer au fiancé endeuillé … murmura Cédric à lui-même en levant les yeux au ciel.
Son histoire, il la connaissait vu que c'était lui qui avait décidé de ce sort. C'est sous les ordres de Cédric que les brigands ont attaqué ce carrosse, seul Philippe devait mourir. A l'époque, Cédric était bien plus impatient qu'aujourd'hui, mais son plan ayant échoué, il avait du changer de tactique. D'ailleurs, il avait perdu la trace de Philippe jusqu'au jour où il le retrouva en Gascogne. Si le jeune homme ne lui avait rien dit de son chagrin, ce fut un de ses domestiques qui lui avait conté les cauchemars du Duc, sa tentative de suicide et tous ses malheurs. Alors, il connaissait ce passage de sa vie et n'avait pas envie de l'écouter encore longtemps.
« Personne, ou presque, ne connait cette histoire. Je n'aime pas m'étendre sur mon malheur, je ne veux pas qu'on me plaigne ni qu'on s'apitoie sur mon sort, je l'ai fait suffisamment. » Tu aurais mieux fait d'aller te pendre, cela aurait été plus vite. Murmura-t'il avant de se lever et quitter les bois sans faire un bruit.
Il aurait du repartir, d'ailleurs c'est ce qu'il fit avant de repenser à cette jeune femme inconnue. Il fallait qu'il connaisse au moins son nom, voit mieux son visage pour la cerner et préciser son plan. Cédric fit donc demi-tour avec sa monture pour revenir au manoir d'Artagnan. Il fit peu de bruit et descendit de son cheval pour toquer à la porte. Il ne voulait pas déranger Philippe, il fallait que celui-ci vienne sans savoir qu'il était là. Lorsque Barnabé lui ouvrit la porte, il était bien surpris de voir quelqu'un devant sa porte et davantage lorsqu'il le reconnut.
« Cédric ? Comme tu as grandi ! » Bonjour Barnabé. Cela faisait longtemps, répondit-il avec un sourire innocent. Philippe est-il là ? « Oui il est dans le jar … Ah voilà qui arrive ! »
Lorsque d'Artagnan arrivait à sa hauteur, on voyait clairement qu'il n'était pas ravi de voir Cédric ici. A l'inverse, Portau l'accueillit avec son plus beau sourire hypocrite. Même s'il le détestait profondément, il devait se montrer amical en public. Là, encore cela faisait parti de son horrible plan.
Philippe, bien le bonjour ! lança t'il joyeusement.
Puis il tourna le regard vers Élodie – dont il ne connaissait pas encore le nom – et il avait bien fait de revenir sur ses pas : la jeune femme était encore plus belle de près. Une nouvelle fois, il sourit mais celui-ci sembla davantage sincère.
Hé bien, même pas tu nous présentes. Tout de même ! Il retira son chapeau et de son autre main saisit celle de la belle. Mademoiselle, je me présentes : Cédric, comte de Portau et ami de Philippe. J'ai toujours su qu'il avait du goût envers les demoiselles, vous êtes absolument ravissante.
Il lui fit un baise-main et se redressa, toujours le sourire aux lèvres. Quoi de mieux pour faire enrager Philippe que de séduire sa belle ? Et Cédric ne ferait pas cela à contre coeur car il disait vrai, Philippe avait vraiment bon goût en matière de femmes …
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| | | Philippe d'Artagnan
« s i . v e r s a i l l e s »Côté Coeur: Après avoir souffert ces dernières années, ma belle Elodie le remet en marche ♥ Côté Lit: Je suis fidèle à l'amour et à un seul être. Et je l'attendrais.Discours royal:
Ҩ PRINCE CHARMANT Ҩ Je te promets la clé des secrets de mon âme
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► Titre : Duc de Gascogne
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| Sujet: Re: On peut refuser les amis mais pas l'amour [élodie - cédric] 15.08.11 19:41 | |
| Jamais il n'aurait pensé se confier aussi franchement à quelqu'un. Encore moins à Élodie. Mais Philippe lui devait la vérité, il ne voulait qu'elle subisse ses mensonges, qu'elle croit des choses fausses à son sujet. Alors parler, tout avouer qu'elle sache, enlever le voile sur un mystère. La jeune femme avait connu d'Artagnan en Gascogne à un des pires moments de sa vie et lui ne lui avait jamais parlé de son lourd fardeau quotidien, de ses cauchemars, de ses nuits presque sans sommeil de peur de faire ces mêmes cauchemars … Finalement, il était un peu un mystère à ses yeux. On ne connaît en fait les gens que ce qu'ils veulent bien montrer et eux n'étaient amis que sur ce qu'ils s'étaient dit, ce qui n'est pas toujours le plus important. Avoir du mal à faire le deuil d'une fiancée n'était pas une banale information, cela remettait en cause toute sa vie. Et maintenant qu'Élodie était dans sa vie, son cœur était partagé et il ne savait plus comment réagir, que faire et que dire. Alors commencer par dire la vérité, tout la vérité, rien que la vérité.
Même si elle faisait mal. Surtout si elle faisait mal, il fallait qu'il exorcise ces foutus démons une bonne fois pour toute. Son frère Alexandre avait raison, il fallait aller de l'avant, ne plus se retourner. Alors peut être que la première étape est de parler, de raconter les côtés sombres de sa vie à une personne qui vous est chère. Comme Philippe le faisait avec Élodie. Bien sûr, il ne raconta pas tout en détail, ne voulant pas l'effrayer sur les premières semaines de son exil, ses sorties pour trouver la mort et sa tentative de suicide un soir de désespoir. Peut être lui en parlera-t'il, un jour. Si elle lui pose la question, si elle s'inquiète des cicatrices sur ses poignets … Oui, il lui dirait, mais pas aujourd'hui, pas maintenant, rester dans les grandes lignes semblait plus essentiel, plus important à ses yeux. A ses yeux azurs qui luttaient pour ne pas que les larmes montent. Cette histoire le torturait toujours, cela faisait toujours mal mais ce n'était pas le moment de s'effondrer, il avait son histoire à raconter …
« Je suis désolée. Je n’aurais pas dû vous poser une telle question… ni même rester à vous écouter, l’autre soir. J’aurais aimé connaître cette femme… « Vous n'avez pas à vous excuser. Je préfère en parler que vous entendiez des mensonges ou que vous restiez sur les apparences de l'autre soir. »
Comment lui en vouloir ? Philippe ne pouvait pas, et puis elle n'avait rien fait de mal. Écouter les conversations n'était pas un crime, la curiosité faisait rarement de mal. Bien sûr, il la croyait, ne pensait pas un seul instant qu'Élodie et Éric n'étaient qu'une personne. Et si proche d'elle, accroupi à ses côtés et la regardant dans les yeux, Philippe pouvait tout pardonner.
« J’ai un aveu à vous faire, moi aussi. », souffla-t-elle soudain
Philippe la regarda, attendant cette révélation. Après tout, ils étaient bien lancés alors autant continuer sur cette bonne voie. Le jeune duc ne la quittait pas des yeux, attendant patiemment.
«Je… j’étais jalouse… enfin, hum, peinée que vous ne m’ayez pas dit que vous aviez une fiancée. Mais je comprends, maintenant. »
Le mot « jalouse » le fit rosir les joues. Se pouvait-il qu'elle … ? Mais la jeune femme se reprit pour dire autre chose que ce que Philippe attendait. Son cœur battant trop fort s'était emballé trop vite. Qu'il était idiot, elle ne pouvait pas lui faire une déclaration, pas après ce qu'il venait de dire. Et puis non, Philippe n'imaginait pas qu'Élodie puisse être attirée par lui. Philippe sous-estimait son charme naturel et était bien aveugle car tout le monde qui pouvait les voir aurait compris ce qui se passait entre les deux. Un peu déçu, il baissa les yeux et eut un petit sourire, à la fois peiné et amical.
« Mais je ne vous ai pas tout dit … » reprit-il.
Il y avait tant à dire sur la vie de Philippe d'Artagnan qu'il ne savait même pas quoi lui confier davantage. Puis l'image de son fils lui vint en tête. Peut être comprendrait-elle davantage son manège de l'autre soir s'il lui montrait pourquoi il s'était échappé plus tôt, faisant croire à tous qu'il partait avec une jeune femme. Alors, après quelques secondes de silence, il se releva et tendit la main à Élodie.
« Je vais vous montrer, prenez ma main. » continua t'il avec un petit sourire.
Il n'arrivait pas à dire qu'il était devenu papa il y a peu, que cela lui était tombé sur le coin du nez sans qu'il ne prévoit rien, sans avoir eu des nouvelles de la mère … Peut être qu'en lui montrant Arthur, cela passera mieux, qu'elle comprendrait peut être mieux. Il ne savait pas mais se sentait incapable de le dire de vive voix, alors autant aller à l'essentiel et montrer ce qu'il avait à avouer. Ils retournaient tous deux au manoir, en silence. Silence détestable aux yeux du gascon qui tenta de faire la conversation vainement.
« J'espère qu'après ce que je vous ai dit et ce que vous verrez, vous … »
Il coupa net en voyant la silhouette au loin devant la porte de sa maison, avec Barnabé. Ce dernier le montra d'un geste du menton.
« Oui il est dans le jar … Ah voilà qui arrive ! »
Lorsque la silhouette se retourna, Philippe changea radicalement de visage. Ses traits se durcissent et son soupir fut plus de l'autre de l'exaspération qu'autre chose. D'ailleurs il marmonna :
« Pitié, pas lui … »
Pourtant, Cédric était bien là, grand sourire sur les lèvres, content d'être là. Mais que venait-il faire au manoir ? Il n'était pas le bienvenu, du moins pour Philippe qui n'avait pas confiance en cet être, trop amical pour être honnête et un sourire toutes dents dehors pour être sincère. Décidément, Philippe ne pouvait pas encadrer Portau et lui montrait suffisamment pour qu'il comprenne. Mais non, Cédric insistait !
Philippe, bien le bonjour ! « Hum … Bonjour Cédric. Que … » Hé bien, même pas tu nous présentes. Tout de même ! Mademoiselle, je me présentes : Cédric, comte de Portau et ami de Philippe. J'ai toujours su qu'il avait du goût envers les demoiselles, vous êtes absolument ravissante. « Rectification, Cédric est l'ami de mon frère Alexandre et une vague connaissance à moi. »
Cela avait le mérite d'être clair, Philippe ne voulait pas être ami avec un type dans son genre, c'était au-dessus de ses forces. Pourtant, il tenta de prendre sur lui pour faire les présentations. Le ton neutre de sa voix et l'absence de sourire démontrait pourtant son hostilité à l'individu.
« Cédric, je vous présente mademoiselle Élodie de Froulay. Une amie, elle. » reprit-il en insistant bien sur le mot amie, avant de reprendre. « Maintenant, dis moi ce que tu fais là. »
Il n'aimait pas cet homme et encore moins la façon dont il regardait Élodie. Cela promettait si Cédric restait un peu plus longtemps …
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| | | Invité
Invité
| Sujet: Re: On peut refuser les amis mais pas l'amour [élodie - cédric] 22.08.11 17:25 | |
| « Vous n'avez pas à vous excuser. Je préfère en parler que vous entendiez des mensonges ou que vous restiez sur les apparences de l'autre soir. »
En effet, s’il y avait bien une chose dont Elodie n’avait pas à s’excuser, c’était d’avoir épié la conversation du Duc avec les mousquetaires ; pour la simple et bonne raison qu’elle n’avait rien eu à épier. Il y avait bien d’autres points, en revanche, sur lesquelles elle lui devrait des excuses. Sur la façon outrée dont elle lui mentait. Depuis qu’elle avait quitté le manoir familial, la vie entière de la jeune femme était un mensonge ; mais un mensonge qui ne lui avait jamais semblé aussi lourd que ce jour-là, face aux aveux qu’elle venait d’entendre. Jusque là, jusqu’à ce qu’elle ne fasse une seconde fois la rencontre de Philippe, par pur hasard, dans les rues de Versailles, jamais elle n’avait regretté un seul instant tout ce qu’il lui fallait inventer pour maintenir le tissus de faussetés qui couvrait Eric. Un frère de plus, une sœur qui ne devrait pas se trouver à Versailles, des mystères qui n’avaient pas lieu d’être… Même à François, elle mentait. Ses absences de la caserne, les rêveries qui la laissaient songeuse… Depuis combien de temps n’avait-elle pas dit une chose sincère ? Longtemps, jusqu’à ce mot malheureux, cet aveux qui n’en était pas un. « Jalouse ». Si elle avait été un peu moins aveugle, et un peu moins honteuse de sa lâcheté, peut-être aurait-elle vu les pommettes de Philippe rosir un instant. Mais, prunelles baissées vers ses mains vaguement nerveuses, elle laissa passer l’occasion d’arrêter de se persuader qu’elle était la seule à nourrir les sentiments qui la troublaient tant. Surtout après ce que venait de lui raconter le jeune homme…
« Mais je ne vous ai pas tout dit… reprit-il soudain. »
Vivement, Elodie leva la tête, posant un regard interrogateur sur lui. De jouer distraitement avec la garde de son épée, ses doigts s’étaient arrêtés, et si au fond elle était heureuse que le Duc accepte de lui confier ce qu’il avait sur le cœur, elle ne put s’empêcher de se sentir lâche à nouveau. Elle ne demandait qu’à être honnête avec lui… mais comment ne pas en redouter le prix ?
« Je vais vous montrer, prenez ma main. »
Au sourire du Duc, la jeune femme ne put retenir le sien et, lâchant son arme qu’elle retrouverait bien plus tard, attrapa la main qu’il lui tendait pour se redresser. Inconsciemment, elle ne la lâcha pas immédiatement, les yeux un instant perdus dans les prunelles azures de Philippe. Ça n’est que lorsqu’elle parvint à détourner le regard qu’elle récupéra sa main, la laissant sagement retomber le long de son corps, iris rivées sur le sol. Un silence s’installa, un brin gêné. Malgré elle, malgré sa raison lui hurlant de cesser d’y songer, Elodie cherchait encore les mots justes pour lui avouer ce qu’elle avait sur le cœur, et la vaste mascarade qu’était Eric de Froulay, mais la voix du jeune homme la sortit soudain de ses pensées alors qu’ils atteignaient les limites du parc.
« J'espère qu'après ce que je vous ai dit et ce que vous verrez, vous… commença-t-il, avant de s’interrompre, prunelles soudain posées sur l’entrée du manoir. »
Curieuse, Elodie leva à son tour les yeux, pour apercevoir le serviteur qu’elle avait vu plus tôt et, de dos, une nouvelle silhouette. Un instant, elle craignit qu’il ne s’agisse d’Alexandre, redoutant qu’il reconnaisse Eric sous ses traits, mais lorsque qu’il se retourna, son visage demeura inconnue, quoi rappelant vaguement les traits de la famille d’Artagnan. Coïncidence, sans doute…
« Pitié, pas lui… marmonna soudain Philippe, lui attirant un regard étonné de la part de la jeune femme. Elle leva les yeux vers lui, elle resta un instant surprise face à la façon dont ses traits, soudain durs, s’étaient fermés. - Qui est-ce ? souffla-t-elle, avant de dévisager une seconde fois le nouveau venu. »
Un grand sourire aux lèvres, il attendit que les deux jeunes gens soient à porté de voix pour s’approcher à grands pas du Duc, les bras ouverts. Elodie l’observa de la façon la plus neutre possible, légèrement et volontairement à l’écart. Peut-être n’était-elle pas objective, poussée par l’hostilité évidente de Philippe face à ce visiteur, mais ce sourire dans lequel il montrait toute ces dents lui semblait un peu trop carnassier pour être honnête.
« Philippe, bien le bonjour ! s’exclama-t-il néanmoins, l’air franchement amical. - Hum… Bonjour Cédric. Que… répondit le Duc, bien moins ravi et rapidement interrompu. - Hé bien, même pas tu nous présentes, reprit le nouveau venu avant de saisir la main d’Elodie. Tout de même ! Mademoiselle, je me présente : Cédric, comte de Portau et ami de Philippe. J'ai toujours su qu'il avait du goût envers les demoiselles, vous êtes absolument ravissante. Sur ces paroles, il lui fit un baisemain, alors qu’elle posait sur lui un regard intrigué. Courtoise, néanmoins, elle lui adressa un sourire avenant, et allait répondre lorsque Philippe repris la parole. - Rectification, Cédric est l'ami de mon frère Alexandre et une vague connaissance à moi, asséna-t-il, témoignant assez clairement de ses sentiments envers le fameux comte de Portau. Cédric, je vous présente mademoiselle Élodie de Froulay. Une amie, elle. »
Inutile de les connaître de longue date pour se douter que quelque chose n’allait pas entre les deux jeunes hommes. Si Philippe n’était pas discourtois, il n’en n’était néanmoins que très clair sur la façon dont il considérait Cédric, et celle-ci n’était pas amicale.
« Enchantée, lâcha néanmoins la demoiselle, avec un signe de tête pour le comte. »
Tour à tour, elle les observa. Si Philippe était visiblement loin d’être ravi de cette visite, Portau, en revanche, portait sur les lèvres un sourire qui se voulait tellement franc que sans l’hostilité de d’Artagnan, Elodie n’y aurait peut-être vu que du feu. Ce visiteur impromptu avait néanmoins contre lui aux yeux de la jeune femme le très désagréable don d’interrompre sa conversation avec Philippe, à l’instant précis où il l’entraînant dans le manoir pour lui faire part de ce qu’il voulait lui confier. Une furtive moue aux lèvres, elle repoussa distraitement une mèche de cheveux en arrière.
« Maintenant, dis-moi ce que tu fais là, exigea presque durement Philippe. »
Surprenant un regard de Cédric à son intention, Elodie fronça les sourcils, sentant une certaine tension commencer à s’installer.
« Peut-être voulez-vous que je vous laisse… ? demanda-t-elle, levant les yeux vers le jeune Duc. - J’avais préparé une petite collation, intervint soudain le vieil homme. Il y en a bien assez pour trois, si vous le souhaitez… »
[HJ : j’espère que l’idée de la collation vous va, j’ai cherché un moment avant de trouver de quoi les pousser à rester ensemble ]
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| | | Cédric de Portau
« s i . v e r s a i l l e s »Côté Coeur: Il a servi il y a des années avant de complètement le ferme. Mais la revoir me fait redevenir ... humain ?Côté Lit: Sans courir après les dames, il se porte à merveille ! Discours royal:
B E L Z E B U T H l'associé du diable
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► Titre : Comte de Gan
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| Sujet: Re: On peut refuser les amis mais pas l'amour [élodie - cédric] 24.08.11 23:02 | |
| « Rectification, Cédric est l'ami de mon frère Alexandre et une vague connaissance à moi. »
Tout était dit dans cette phrase. Philippe montrait clairement qu'il ne pouvait pas encadrer le Comte de Gan. Ses raisons étaient totalement justifiées dans sa tête, celle de Portau aussi, mais que pouvait penser les autres qui les regardaient, ne comprenant pas l'animosité de Philippe envers l'autre ? Cédric se délectait de ce genre d'instant, il savait que mis bout à bout, Philippe serait le grand perdant. Voilà pourquoi le grand blond ne perdait pas de sa superbe face au pique du d'Artagnan.
« Cédric, je vous présente mademoiselle Élodie de Froulay. Une amie, elle. »
Sûr que Cédric n'était pas son ami. Le comte détestait ce jeune homme et comptait bien lui faire payer sa trop grande réussite. Il avait déjà tenté de le tuer mais l'avait fragilisé en tuant sa fiancée. Malheureusement, il avait l'air de s'en remettre quand on voyait la belle Elodie à ses côtés. Les yeux azurs de Cédric préférèrent reporter leur attention sur cette jeune femme qui avait l'air de se sentir de trop. Sentait-elle aussi cette tension ? Enfin celle qui émanait de Philippe, Cédric continuait de sourire et rester le plus poli possible.
Enchantée. Lâcha t'elle enfin. Mais tout le plaisir est pour m … Maintenant, dis-moi ce que tu fais là. N'ai-je pas le droit de venir dire bonjour ? Allons, Philippe, ne sais tu plus recevoir des invités ?
Son sourire devait faire bouillir le d'Artagnan à l'intérieur et, rien que d'y penser, Cédric s'en délectait. Même s'il avait envie de faire ravaler sa fierté à ce gamin, l'étrangler pour en finir, il fallait se contenir, jouer cet éternel jeu, davantage un piège dont les filets se refermeraient bientôt sur Philippe.
Peut-être voulez-vous que je vous laisse… ? J’avais préparé une petite collation. Il y en a bien assez pour trois, si vous le souhaitez… Quelle excellente idée ! Tout cela me rappelle tellement de souvenirs.
Là, il ne mentait. Cette maison respirait ses souvenirs d'enfance, l'époque innocente où il n'avait en tête que jouer avec ses amis, Raoul et Alexandre, à s'imaginer mousquetaires du Roi, vivre les aventures de leurs pères. Il avait vécu ses plus beaux fous rires, ses plus grandes disputes. A l'époque, c'était une parfaite maison familiale : un jardin qui semblait tellement immense quand on est haut comme trois pommes, des goûters gargantuesques et une imagination débordante de la part des trois garçons. Il est vrai que Philippe était plus jeune, il ne jouait pas avec eux mais partait parfois en expédition avec les trois garnements pour le plaisir de l'aventure et du risque. C'était aussi une des raisons qu'il avait pour intégrer cette famille d'Artagnan : avoir encore une part d'enfance. Alexandre le comprendra, il en était certain. C'est sur cette pensée que Cédric passa la porte, ses yeux se posaient partout.
Rien n'a changé ici, c'est fou. Depuis quand tu n'es pas revenu ? Trop longtemps, il y a une dizaine d'années …
Mais plutôt que repenser à son enfance, Cédric se tourna vers Élodie avec un charmant sourire. Qui était-elle et comment pouvait-elle connaître un d'Artagnan ? Elle semblait si mystérieuse …
Je ne savais pas que Philippe avait des amies aussi jolies. Je serais venu plus tôt sinon ! Êtes vous une amie de longue date de notre cher Duc ?
Sur la table, le vieil homme avait fait les choses en grand. Il n'y en avait pas pour trois mais au moins le double ! C'était une des raisons de rester un peu plus longtemps entre ces murs. S'asseyant sur une des chaises, Cédric tentait de contrôler ce flot de souvenirs remontés du fond des âges. Il ne fallait pas croire, Portau pouvait être l'homme le plus froid du monde, un être cruel et dénué de scrupules, il n'en était pas moins humain. Disons qu'il avait été heureux jusqu'à ce que son père vienne le chercher de force chez les mousquetaires pour le contraindre à se terrer à Gan, au fin fond du royaume, loin de ses rêves et de ses amis. La seule personne qu'il a réellement côtoyé durant ces années était Hector. Son père devait se retourner dans sa tombe, lui qui trouvait Hector comme un jeune homme poli et aimable, un « bon exemple » selon ses propres mains … Porthos aurait mieux fait de laisser son fils poursuivre ses rêves de mousquetaires, jamais il n'aurait tourné de la sorte. Cette pensée lui revenait parfois en tête, presque comme un vague à l'âme. Et là, entrer dans la maison de ses souvenirs lui donnait davantage l'envie de mettre son plan à execution : se faire passer pour l'enfant illégitime de Charles. Le père serait dur à convaincre, Alexandre serait sûrement de son côté. Mais Philippe ne lâcherait rien, il était trop teigneux et trop malin, voilà pourquoi il devait être écarté, avant d'être supprimé dans l'indifférence la plus totale de sa famille.
Finalement, ses yeux se posèrent à nouveau sur le petit couple face à lui. Philippe n'avait toujours pas l'air de démordre de sa position, alors il restait à charmer la jolie jeune femme, lui montrer qu'il était un garçon charmant et qu'il était beaucoup mieux que cet avorton de d'Artagnan. Mais la première chose qui lui vint en tête était un souvenir.
Je suis certain que Philippe ne vous a jamais parlé de moi, mademoiselle de Froulay. Pourtant, nous avons passé des longues après midi sous le même toit. Il est vrai qu'il était plus jeune que nous mais, Philippe, tu partais bien à l'aventure, avec Alexandre, Raoul et moi. puis il reporta son attention sur la jeune femme. Il avait déjà le goût de l'aventure qui ne l'a jamais quitté. Contrairement à son frère et moi-même.
Il commença à manger, espionner derrière les fourrés creusaient l'appétit. Puis Barnabé était un excellent cuisinier, il faisait à merveille des desserts, un véritable festin pour les enfants. Il mangea sa part de tarte à la pomme avec plaisir, un véritable délice pour les papilles.
J'espère que tu lui as raconté tes voyages, Philippe ! Ton frère m'a souvent répété que ta chambre était truffée de tes souvenirs. J'espère que tu ne les conserves pas à l'abri des regards, il y a des choses qui se montrent … il se tut un instant avant de rependre Même si tous les trésors ne doivent pas valoir votre beauté, mademoiselle.
Et le voilà qu'il complimentait Élodie ! Elle méritait des compliments, elle était vraiment très belle. Et savoir que Philippe enrageait intérieurement était encore meilleur. D'ailleurs, il ne se concentrait plus sur son hôte mais sur la jeune femme qui avait toute son intention et droit aux plus charmants sourires.
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| | | Philippe d'Artagnan
« s i . v e r s a i l l e s »Côté Coeur: Après avoir souffert ces dernières années, ma belle Elodie le remet en marche ♥ Côté Lit: Je suis fidèle à l'amour et à un seul être. Et je l'attendrais.Discours royal:
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| Sujet: Re: On peut refuser les amis mais pas l'amour [élodie - cédric] 28.08.11 18:18 | |
| « Qui est-ce ? » « Un imbécile. » répondit Philippe en serrant les dents.
Cédric ne pouvait pas tomber à pire moment. Quoiqu'il pourrait venir à n'importe quel moment, ce ne serait jamais le bon, sauf peut être pour lui mettre un bon coup de bottes au derrière pour le virer hors de la propriété familiale ! Quel sourire hypocrite à souhait, quelle mascarade leur jouait Portau, comme si Philippe pouvait être dupe, c'était véritablement mal le connaître. Il ne faisait rien pour paraître sympathique, il n'avait pas envie de faire plaisir à un type de son espèce. Comment Alexandre pouvait rester ami avec un tel homme ? Il ne comprenait pas et ne voulait même pas faire l'effort ! Surtout à cet instant, quand Cédric posa les yeux sur Élodie. Le voilà qu'il faisait le joli cœur ! Sans qu'il puisse réfléchir, la jalousie s'empara de son être et il dut se contenir pour ne pas être impoli ou lui mettre son poing en pleine face. Philippe n'avait plus ressenti une telle jalousie depuis si longtemps, avait oublié à quel point cela pouvait être violent, pas sûr qu'il supporte cela bien longtemps. Pauvre Élodie qui se retrouvait entre les deux hommes, ne sachant pas vraiment quelle attitude adopter. Mais comment être plus aimable dans un tel instant ? Il ne supportait pas cet homme et encore moins lorsqu'il regardait la jeune femme de la sorte.
« N'ai-je pas le droit de venir dire bonjour ? Allons, Philippe, ne sais tu plus recevoir des invités ? »
Il voulut répondre mais ses yeux le faisaient pour lui. Si cela aurait été possible, Philippe l'aurait tué sur place rien qu'avec son regard azur devenu sombre. Il était tendu, droit comme un i et les traits fermés, bien loin du garçon aimable que tout le monde connaissait habituellement.
« Peut-être voulez-vous que je vous laisse… ? » « Oh non, ne … » « J’avais préparé une petite collation. Il y en a bien assez pour trois, si vous le souhaitez… » « Quelle excellente idée ! Tout cela me rappelle tellement de souvenirs. »
Philippe lança un regard pleins de reproches envers Barnabé qui haussa les épaules et invita les jeunes gens à pénétrer dans la demeure des d'Artagnan. Qu'un tel rat mette un pied chez lui l'horripilait, il aurait préféré rester seul avec Élodie, il avait tellement à lui dire, à lui montrer. Mais hors de question que le jeune homme fasse quoi que ce soit face à Cédric, sait on jamais ce qu'il pourrait dire ou faire. Pourtant, durant leur enfance, on ne pouvait pas dire qu'ils étaient ennemis. Philippe était plus jeune mais se souvenait qu'Alexandre était un grand frère prévenant, que Raoul l'avait souvent traité de bébé et que Cédric restait en retrait. Un peu trop secret pour être un ennemi mais pas assez méchant pour qu'un enfant de quatre-cinq ans puisse le détester. Ce n'était que ces dernières années que cela s'était envenimé, quand Portau avait rendu plusieurs visites impromptues à Lupiac, il avait des manières et des regards … comme s'il repérait les lieux, qu'il se croyait chez lui. Bref, ce n'était pas du tout au goût du jeune d'Artagnan qui, à l'époque où il était mal en point, ne s'était pas gêné pour le mettre à la porte.
Et à cette table, Philippe s'installa aux côtés d'Élodie pendant que Cédric se mettait face à elle. D'un seul coup, le jeune Duc semblait ne plus exister, Cédric n'avait d'yeux que pour la jeune femme. Et voilà des sourires, des bons mots. D'Artagnan serra les poings sous la table mais tentait de ne rien laisser transparaître. Il n'avait même pas faim, cela lui coupait l'appétit. Pourtant, tout ce qui était sur la table pouvait faire saliver de nombreuses personnes, Barnabé voyait toujours trop grand, il voulait tellement que Philippe retrouve ses forces et son physique d'avant. Sûr que dans sa chemise encore trop grande, il ne faisait pas vraiment le poids face à Cédric.
« Je suis certain que Philippe ne vous a jamais parlé de moi, mademoiselle de Froulay. Pourtant, nous avons passé des longues après midi sous le même toit. Il est vrai qu'il était plus jeune que nous mais, Philippe, tu partais bien à l'aventure, avec Alexandre, Raoul et moi. Il avait déjà le goût de l'aventure qui ne l'a jamais quitté. Contrairement à son frère et moi-même. » « Je ne vous suivais dans vos excursions que parce que je savais que je ne serais pas puni. Qui punirait un enfant qui suivait ses aînés ? »
Philippe ne disait pas tout. Petit, le jardin et la forêt autour étaient des lieux d'explorations qui lui étaient interdit, jamais sans un adulte. Alors quand les trois enfants allaient à l'encontre des règles, Philippe en profitait car sa mère connaissait son désir d'aventures et ne lui en tiendrait pas rigueur. Puis les ''grands'' finissaient toujours par se battre, c'était davantage cela qui balançait dans leurs punitions. Le petit dernier avait juste droit à un petit sermon sur les dangers des environs. Finalement, être le cadet avait bien des avantages. Ce fut Cédric qui le tira de ses légères pensées.
« J'espère que tu lui as raconté tes voyages, Philippe ! Ton frère m'a souvent répété que ta chambre était truffée de tes souvenirs. J'espère que tu ne les conserves pas à l'abri des regards, il y a des choses qui se montrent … Même si tous les trésors ne doivent pas valoir votre beauté, mademoiselle. »
Mais de quoi se mêlait-il ? Qu'il aille au diable ! Philippe enrageait, il bouillonnait au fond de lui. Un jour, il trouverait un moyen d'éloigner ce sale type loin de lui et de ses proches. Il tourna un instant le regard vers Elodie. Et elle, qu'en pensait-elle ? Il ne voulait pas l'influencer, peut être la mettre en garde. Mais de quoi ? Qu'il ne pouvait pas le supporter à cause d'un mauvais pressentiment ? C'était idiot …
« Je montre quand on me demande mais ce que je conserve n'a pas forcément une grande valeur financière, davantage valeur sentimentale. » Il baissa les yeux vers sa chaîne avant de reprendre en tournant la tête vers la jeune femme avec un ravissant sourire. « Il est vrai que je vous ai souvent parlé de mes voyages mais, si vous le souhaitez, je vous montrerais tout ce que j'ai pu ramener. »
Dans sa chambre, il y avait des tapis, des tableaux, des malles entassées avec quelques bijoux, des livres, des tissus, des lettres, des bibelots. Tout ne pouvait pas avoir sa place dans sa chambre, alors il les rangeait pour un jour, quand il pourrait tout descendre à Lupiac. Bientôt peut être.
Puis quelque chose tiqua Philippe, repensant à ce que venait de dire Portau. Il ne put s'empêcher de poser la question, sans prendre réellement de gant.
« Cédric, tu n'as pas le goût de l'aventure mais tu as bien du voyager pour me rendre toutes ces visites sans prévenir. Cela ne te plaisait donc pas ? Car il en faut de la motivation pour se rendre jusqu'à Lupiac ! »
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| | | Invité
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| Sujet: Re: On peut refuser les amis mais pas l'amour [élodie - cédric] 04.09.11 21:30 | |
| Un imbécile, c’était le mot qu’avait utilisé Philippe pour désigner le nouveau venu. Mais au bout de quelques instants de cette conversation qui, elle le sentait, tenait en équilibre précaire sur une pente plus que glissante, Elodie ne s’empêcher de penser que s’il s’agissait d’un imbécile, au moins était-ce un imbécile heureux. Comment nommer autrement un homme gardant un tel sourire et une amitié si évidente – un peu trop d’ailleurs – que celle que montrait le comte de Portau face à la toute aussi évidente inimitié de Philippe ? A moins d’y voir au contraire une habile tentative de manipulation de la part d’un intrigant loin, très loin d’être un imbécile. Difficile à dire, et ce que la jeune femme ignorait, c’était que l’avenir ne tarderait pas à lui démontrer qu’elle aurait mieux fait de trancher tout de suite pour la seconde option. N’est pas un imbécile heureux qui veut. Intriguer s’avère parfois tellement plus simple… Dans le monde aux dorures cachant bien des zones d’ombre de Versailles, du moins. Tout le monde, ici, en était conscient. Mais bien fou serait l’homme à aller gratter toutes ces magnifiques façades. Il était de notoriété publique que les curieux de ce genre n’avaient qu’une durée de vie très limitée à la Cour. Au sens figuré… et propre. Après tout, tout ce beau monde qui complotait sous la coupe du Roi Soleil n’en était pas à son premier cadavre. Certains avaient même tendance à prendre de l’avance…
« Quelle excellente idée ! Tout cela me rappelle tellement de souvenirs. »
Si elle avait eu ne serait-ce qu’une vague idée de qui était réellement le personnage qui jouait au gai luron devant elle et ce que qu’il avait déjà fait, Elodie aurait presque pu sourire de l’ironie avec laquelle cette réplique intervint dans le cheminement de ses pensées. Mais, ignorante, elle se contenta de tourner un instant la tête vers Philippe qui, lui, fusillait des yeux le vieil homme qui venait de proposer une collation. Il fallait admettre que, de ce côté-là, les trois jeunes gens étaient loin du parfait goûter entre amis… Les mets, alléchants, étaient là. Le grand manoir familial aussi, la table en bois massif… le décor collait. Ne manquait finalement que les vieux amis. Et si Portau se donnait l’air de pouvoir, à cet instant, être ami avec n’importe qui, il n’en était certainement pas de même du Duc dont les traits s’étaient un peu plus fermés. Quant à Elodie… pour une jeune femme ayant toujours un mot pendu aux lèvres et le don de s’adapter aux situations précaires que lui imposaient sa vie, elle se faisait bien muette. Mais que dire face à un si évident malentendu ?
« Rien n'a changé ici, c'est fou. - Depuis quand tu n'es pas revenu ? - Trop longtemps, il y a une dizaine d'années… »
A son tour, la demoiselle jeta un regard autour d’elle. Elle était déjà rentrée dans ce manoir, mais sous un tout autre costume, et accompagnée de bien différentes personnes… Un sourire énigmatique étira un instant ses lèvres, éphémère, s’effaçant aussitôt que lui revint ce qui la tiraillait depuis que Philippe s’était confié. Au fond, peut-être aurait-elle fini par tout avouer au Duc, si Cédric n’avait choisi exactement ce moment pour faire son apparition. Fallait-il voir là le seul point positif de la visite du comte de Portau ? De plus prétentieux y auraient même trouvé un signe, sans doute, mais ça n’était pas le cas d’Elodie qui, elle, regrettait la tranquillité du parc et de quelques passes d’escrime.
« Je ne savais pas que Philippe avait des amies aussi jolies, lança soudain Cédric, tourné vers la jeune femme, un grand sourire aux lèvres. Je serais venu plus tôt sinon ! Êtes-vous une amie de longue date de notre cher Duc ? » L’intéressée hésita un instant, mais ne se trouvant finalement pas la moindre raison recevable de ne pas répondre à cette question : « Il y a un peu plus d’un an… répondit-elle, évasive. Nous nous sommes retrouvés ici. Versailles est si petit, finalement ! »
A nouveau, elle se tourna vers Philippe, un léger et charmant sourire aux lèvres – qui lui était évidemment bien plus destiné qu’à son autre interlocuteur – avant de qu’ils ne s’assoient tous autour d’une table bien trop chargée pour trois personnes. Et dire qu’ils étaient supposés n’être que deux. Un régiment de mousquetaires y aurait trouvé son bonheur, elle en était à peu près certaine. Un instant de silence s’imposa, silence qu’elle mit à profiter pour dévisager à nouveau le Comte, puis revenir à Philippe, avant de chercher une accroche sur la table remplie, jouant distraitement et du bout des doigts avec un pan de nappe. Pourquoi avait-elle la désagréable impression que, lorsque personne ne parlait, la tension n’en était que plus pesante ?
« Je suis certain que Philippe ne vous a jamais parlé de moi, mademoiselle de Froulay, réprit Portau, la poussant à revenir sur son impression. Non, la tension était pesante tout le temps. Pourtant, nous avons passé des longues après midi sous le même toit. Il est vrai qu'il était plus jeune que nous mais, Philippe, tu partais bien à l'aventure, avec Alexandre, Raoul et moi continua-t-il, non sans ensuite revenir une énième fois vers Elodie. Il avait déjà le goût de l'aventure qui ne l'a jamais quitté. Contrairement à son frère et moi-même. - Je ne vous suivais dans vos excursions que parce que je savais que je ne serais pas puni. Qui punirait un enfant qui suivait ses aînés ? »
Voilà qui réglait le problème du commentaire auquel la demoiselle n’aurait su que répondre, et surtout, qui lui tira un nouveau sourire. Qui irait punir un enfant suivant ses aînés, en effet ? Elle ne pouvait qu’acquiescer, ce qu’elle fit, en songeant que si ses parents avaient vu une quelconque objection à ce qu’elle ne joue comme elle l’avait fait avec François, elle ne serait pas là.
« J'espère que tu lui as raconté tes voyages, Philippe ! Ton frère m'a souvent répété que ta chambre était truffée de tes souvenirs. J'espère que tu ne les conserves pas à l'abri des regards, il y a des choses qui se montrent… Même si tous les trésors ne doivent pas valoir votre beauté, mademoiselle. - Les avez-vous vus, pour en être aussi sûr ? répondit Elodie sur un ton qu’elle voulait amusé. »
Diplomate, elle s’empêcha de froncer les sourcils, mais n’en pensait pas moins. Rêvait-elle ou le Comte de Portau lui faisait-il la cour ? Dans bien d’autres situations, elle s’en serait amusée, réellement. Mais il y avait dans cette pièce trop de tension pour ça. Et face au sourire que lui adressa Philippe, Cédric pouvait toujours jouer le joli cœur, il ne pourrait définitivement rien lui tirer d’autre qu’un… vague amusement.
« Je montre quand on me demande mais ce que je conserve n'a pas forcément une grande valeur financière, davantage valeur sentimentale. Il est vrai que je vous ai souvent parlé de mes voyages mais, si vous le souhaitez, je vous montrerais tout ce que j'ai pu ramener. - Avec plaisir ! »
A son tour, elle lui sourit, puis revint à la tarte aux pommes que lui avait servie le vieil homme. Délicieuse, soit dit en passant mais à cet instant, malheureusement, elle n’avait pas assez faim pour lui faire honneur, au contraire du Comte qui, lui, mangeait à sa guise les merveilles disposées sur la table.
« Cédric, tu n'as pas le goût de l'aventure mais tu as bien du voyager pour me rendre toutes ces visites sans prévenir. Cela ne te plaisait donc pas ? Car il en faut de la motivation pour se rendre jusqu'à Lupiac ! »
Elodie aurait volontiers ajouté quelque chose si un bruit n’avait pas attiré son attention derrière elle. Un juron de la part du domestique qui venait visiblement de renverser quelque chose dans le petit résidu qui devait faire office de garde-manger la poussa à se lever.
« Besoin d’aide ? demanda-t-elle en s’approchant, laissant le Comte et le Duc à leur conversation. »
Lassée d’avoir la sensation d’être épiée par Portau tant il lui accordait de regards et d’attention, elle disparut dans la petite pièce avec un certain soulagement, et se baissa aussitôt pour aider le vieil homme qui n’avait finalement fait tomber que deux ou trois petites choses en remuant un peu trop rapidement un plateau. Gardant une oreille sur la conversation des jeunes gentilshommes qu’elle entendait de là où elle se trouvait, elle badina vaguement avec le chef cuisinier du jour, laissant échapper un échapper un éclat de rire franc et clair lorsqu’il brandit ce qu’il cherchait : un pot en verre contenant du lait. Voilà qui complétait à merveille le tableau un brin nostalgique du goûter entre vieux amis dans le manoir de leur enfance… si ce n’est qu’ils n’étaient pas exactement de vieux amis, visiblement. Du moins, pour Philippe, la chose était certaine. Prenant le plateau, elle le laissa y disposer trois verres et quelques sablés de plus avant de revenir vers la pièce où se tenait la table déjà bien chargée. Une fois une place dégagée, elle déposa le plateau.
« Je pense qu’il y a sur cette table de quoi tenir un siège ! s’exclama-t-elle en retournant s’asseoir à côté de Philippe. »
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| | | Cédric de Portau
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| Sujet: Re: On peut refuser les amis mais pas l'amour [élodie - cédric] 08.09.11 14:42 | |
| Les trois jeunes gens autour de la table offraient une scène digne d'une grande tragédie : Philippe serait un homme torturé par ses démons, Cédric le méchants voulant la belle de l'homme torturé et Élodie la jolie princesse prise entre deux feux. Puis le vieux Barnabé, le domestique indispensable de toute bonne pièce de théâtre. Ce serait comme une scène jouée autour d'un repas où l'homme torturé retiendrait sa colère mais chacun de ses gestes trahissaient sa haine envers le méchant homme. Ce dernier se montrait aimable et courtois, un masque hypocrite et qui se détournait de son ennemi caché pour séduire la jolie princesse. Si ces trois là auraient eu leur table sur des tréteaux de bois, sûr que toute la salle serait suspendue à leurs lèvres pour en découvrir le dénouement.
Il y a un peu plus d’un an … Nous nous sommes retrouvés ici. Versailles est si petit, finalement ! Le monde est petit finalement. Philippe est bien chanceux …
Dans sa tête, Cédric avait déjà la fin de cette tragédie : le gentil torturé finirait ses jours dans une cellule de l'Hôtel Dieu à sombrer dans la folie, peut être même que la mort le prendra au tournant – après tout, qui se soucierait d'un fou ? – tandis que le méchant gagnerait les terre et, pourquoi pas, la belle. Portau n'était pas dupe, il voyait bien que quelque chose se tramait entre ces deux là, des sentiments amoureux qu'aucun d'eux ne semblait vouloir exprimer. Dans cette brèche du silence, il saurait s'engouffrer. Et quand bien même, Philippe oserait un jour faire le premier pas, Cédric ne dira pas son dernier mot. Tout sera bon à prendre pour sa vengeance, pour rendre fou ce petit Duc qui n'avait même pas daigné mourir quand il aurait pu le faire. Cela aurait pu être beaucoup plus simple. Le comte avait toujours appris à rebondir, savoir s'adapter aux situations. Il saurait se montrer patient pour arriver à ses fins car il n'était pas question d'abandonner en si bon chemin. d'Artagnan le détestait, cela se lisait dans son regard, il ne cachait rien. Cédric se montrait jovial et amical, souriant et bon ami … Qui croiront les gens lorsque ces deux personnalités seront confrontées ? Le garçon instable rempli de haine ou le frère illégitime qui a tout fait pour s'insérer dans sa famille ?
Je ne vous suivais dans vos excursions que parce que je savais que je ne serais pas puni. Qui punirait un enfant qui suivait ses aînés ?
Cédric haussait les épaules sans se dégager de son sourire. Philippe avait toujours le dernier mot, il savait rebondir. Sa mère l'avait élevé pour en faire un homme d'Église ou un homme de lettres. Son éducation ressortait à chacune de ses phrases, il savait faire mouche comme on disait si bien. Ce n'était pas pour autant qu'il fallait abandonner. Cédric continua sur sa lancée, souriant à Élodie et s'adressant le plus aimablement du monde à son ''ami'', sans jamais rien montrer de sa colère. Peut être qu'un éclair haineux pouvait traverser son regard bleu, mais il fallait bien l'observer, cela était si furtif. Alors, inlassablement, Cédric relançait la conversation pour faire parler un Philippe trop en colère et une jeune femme assez timide, prise entre les deux garçons sans trop savoir le pourquoi du comment.
Les avez-vous vus, pour en être aussi sûr ? Malheureusement non, mais je connais assez Alexandre pour savoir qu'il ne me mentirait pas sur un tel petit trésor. Je montre quand on me demande mais ce que je conserve n'a pas forcément une grande valeur financière, davantage valeur sentimentale. Il est vrai que je vous ai souvent parlé de mes voyages mais, si vous le souhaitez, je vous montrerais tout ce que j'ai pu ramener. Avec plaisir ! Et moi, n'ai-je pas le droit de voir aussi ?
Cédric observait tout et avait bien vu ce petit geste, infime mais rempli de nombreux sens : Philippe baissant les yeux sur sa chaîne. Tous ceux qui le connaissaient avaient des connaissance en commun savaient ce que cela signifiait. Philippe avait toujours porté la croix de sa mère autour du cou, une petite croix en or sans extrême valeur pécuniaire mais qui symbolisait bien l'amour maternelle. Et cette bague … On pouvait aisément savoir qu'il s'agissait de sa bague de fiançailles. Cédric l'avait déjà croisé, anneau au doigt, avant son exil. Là encore, pas d'extravagance ni de prix sulfureux mais un bijou symbolique. Cet idiot était trop sentimental, trop sanguin et trop expressif avec son cœur plutôt qu'avec sa tête. Cela le perdra … D'ailleurs, c'était sur cette corde sensible que Cédric comptait jouer, et gagner bien sûr ! Et même cette pensée assassine n'empêchait pas Cédric de goûter aux délices sur la table. D'ailleurs, peu de choses lui coupait l'appétit. Souvent il pouvait dévorer un festin après avoir tué un pauvre homme. Imperturbable comme dit précédemment, et ce sourire amical, absolument pas sincère, n'avait pas quitté une seule fois son visage, jusqu'à présent.
« Cédric, tu n'as pas le goût de l'aventure mais tu as bien du voyager pour me rendre toutes ces visites sans prévenir. Cela ne te plaisait donc pas ? Car il en faut de la motivation pour se rendre jusqu'à Lupiac ! »
Juste là, il perdit son gentil sourire pour prendre un air presque surpris, outré. Enfin faussement outré, il n'aimait pas le ton menaçant de d'Artagnan. A l'intérieur, il jubilait, le Duc perdait progressivement son sang froid, cela ajoutait un peu plus de crédibilité à Cédric qui resta silencieux le temps de finir sa bouchée de tarte. Élodie quitta la table pour aider Barnabé un peu plus loin. Sentait-elle cette tension palpable autour de cette table ? Sans aucun doute. Seul à seul, Cédric put enfin répondre, l'air plus sérieux.
Qu'oses tu insinuer ? Je te signale que mon domaine est sur cette route, il est normal que je vienne te rendre visite ! Quelle excuse de prendre Gan comme alibi, lui qui détestait ce lopin de terre ! Je ne comprends pas ton ton si agressif. Vraiment.
Quel vilain menteur ! Il ne sourcillait pas un instant, même face au regard foudroyant de Philippe. Il avait même envie de sourire pour se moquer de cette ridicule attitude, il aurait voulu lui dire de continuer ainsi, qu'avec une telle haine, il gagnerait … Mais non, impassible, l'air même grave, Cédric ne pliait pas.
Et je ne veux pas être mesquin, mais je suis quand même le seul à être venu te voir ! Comment peux tu être ingrat à cette visite ?
Il savait qu'il touchait une corde sensible de Philippe. Cette solitude était encore marquée sur le visage du gascon, tout comme sur ses vêtements trop grands. Mais il ne fallait pas trop en faire, toujours verser le venin à petite dose, pour faire davantage effet.. Voilà pourquoi il rebondit sur autre chose.
Tu fais bien de ma parler de Gan d'ailleurs ! Je pense avoir un incapable pour gérer mes terres et il se demande si tu as bien reçu le versement des impôts que le comté doit à la Gascogne. Après tout, mes terres sont sur les tiennes …
Déjà qu'il haïssait Gan mais devoir payer à Philippe des impôts lui était insupportable. Il était sûr que son comptable avait tout fait mais c'était toujours une occasion pour que Philippe parte quelques instants, à moins qu'il avait la réponse en tête. Non, qu'il parte, Cédric aurait le loisir d'être seul avec Élodie. La jeune femme revenait avec un plateau encore remplit de bonnes choses et d'un verre de lait pour chacun. De quoi continuer pour longtemps cette collation.
Je pense qu’il y a sur cette table de quoi tenir un siège ! Je pense que ce bon vieux Barnabé veut nous engraisser pour je ne sais quoi !
Il émit un rire amusé et son visage se détendit à nouveau. Cette parenthèse de sérieux était absolument parfaite, Cédric avait pu dire assez de choses pour se faire davantage détester l'air de rien. Mais l'heure était revenu de retourner à parler avec la demoiselle, en apprendre un peu plus d'elle. Alors ses yeux se reportèrent sur elle.
Dites moi, mademoiselle, Froulay … n'y a t'il pas des mousquetaires dans votre famille ? Ce nom ne m'est pas inconnu.
Après tout, Cédric avait été lui-même mousquetaire il y a des années et puis en fréquentait aujourd'hui. Certes il fréquentait Ruzé, pas forcément l'homme le plus intègre de la garnison mais cela était suffisant pour avoir entendu ce nom quelque part. Élodie n'était pas au bout de ses surprises, Cédric semblait curieux de la connaître. Il ne semblait pas d'ailleurs, il était curieux ! La jeune femme n'en avait pas fini avec ses questions.
Je ne vous ai jamais vu à la Cour. Versailles ne vous enchante guère ? Pourtant une si belle demoiselle aurait plus que sa place !
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| | | Philippe d'Artagnan
« s i . v e r s a i l l e s »Côté Coeur: Après avoir souffert ces dernières années, ma belle Elodie le remet en marche ♥ Côté Lit: Je suis fidèle à l'amour et à un seul être. Et je l'attendrais.Discours royal:
Ҩ PRINCE CHARMANT Ҩ Je te promets la clé des secrets de mon âme
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| Sujet: Re: On peut refuser les amis mais pas l'amour [élodie - cédric] 09.09.11 21:09 | |
| « Il y a un peu plus d’un an… Nous nous sommes retrouvés ici. Versailles est si petit, finalement ! »
Philippe hocha la tête machinalement. Déjà une année qu'ils se connaissaient, qu'ils s'étaient rencontrés en Gascogne par le plus grand des hasards et que, depuis ce jour, Élodie n'était plus sortie de sa tête. Philippe n'avait cessé de se convaincre qu'il fabulait, qu'il ne pouvait pas l'aimer et que, même si c'était le cas, ce serait à sens unique … Une année à tenter de mettre ses pensées au clair, se justifier à lui-même mais toujours repenser à la jeune femme lorsque son esprit vagabondait un peu trop. La jeune femme lui avait redonné un peu goût à la vie, il se sentait mieux à ses côtés, oubliait ses problèmes et ses malheurs, les mettait de côté le temps d'une balade avec elle. Un peu de répit dans son âme constamment torturée ne faisait jamais de mal … Et aujourd'hui, c'était encore le cas, Philippe lui ouvrait même une partie de lui-même, un côté sombre qu'il détestait mais avec lequel il devait bien cohabité. Tout cela aurait du continué, lui montrer une partie de sa vie pour prouver qu'il avait confiance en elle, qu'il tenait à Élodie. Mais pourquoi Cédric s'en était-il mêlé ? Pourquoi ce sale type apparaissait toujours quand il ne fallait pas ? A croire qu'il était programmé pour pourrir la vie du cadet d'Artagnan !
Philippe prit un biscuit pour le manger car s'il répondait à Portau, il allait l'insulter et il ne voulait pas arriver là. Le jeune homme tentait de se contenir par politesse et parce que, malheureusement, il n'avait aucune raison valable de lui coller un poing dans sa face. Sa seule excuse serait que la tronche de Cédric ne lui revenait pas, mais ce n'était pas suffisant. Puis, il essayait de se contenir auprès d'Élodie, qui sait ce qu'elle penserait si elle le voyait se laisser aller à la haine ? Mais il fallait croire que ce sale type faisait exprès de chercher les ennuis, de pousser d'Artagnan dans ses retranchements. Un jour, Philippe le frapperait sans aucune once de culpabilité, peu importe ses convictions. Il fallait parfois voir plus loin et un peu de lâcher prise, un peu de violence ne tuerait personne. Vraiment, Portau était un horrible personnage qui se permettait de s'immiscer dans toutes les conversations, même dans celle que Philippe partageait avec la seule femme de la maison.
« Avec plaisir ! » « Et moi, n'ai-je pas le droit de voir aussi ? » « Tout le monde ne peut rentrer dans ma chambre. Tu laisseras le loisir à Alexandre de t'expliquer ce qu'il y a à l'intérieur. »
Le ton restait froid, mais on pouvait y dénicher quelques intonations haineuses masquées. Philippe se contenait de ses forces et n'avait même plus assez faim pour manger autre chose. Ce type lui coupait l'envie de se régaler de tous les mets sur la table. Son sourire hypocrite, sa tête en général ne lui revenait pas. Philippe sentait que cet homme lui planterait un couteau dans le dos. Au sens propre ou au figuré ? Qui sait ce que cet homme était capable de faire …
La tension était palpable autour de cette table, personne ne pouvait l'ignorer. Les deux hommes ne pouvaient pas se voir, même si d'Artagnan le montrait davantage que son invité. Élodie se leva pour s'en aller aider Barnabé. Par bonté d'âme ou pour échapper un moment à cette guerre silencieuse ? Elle seule le savait mais les voilà tous les deux, à se regarder dans les yeux. Là, Philippe serait encore moins aimable, il détestait ce côté théâtrale que prenait Cédric ! Il resserra ses poings en entendant la réponse de Portau.
« Qu'oses tu insinuer ? Je te signale que mon domaine est sur cette route, il est normal que je vienne te rendre visite ! Je ne comprends pas ton ton si agressif. Vraiment. » « Et je ne comprends pas pourquoi j'ai l'impression que tu me prends pour un imbécile. Vraiment. Ton ''domaine'' comme tu dis est plus à l'abandon qu'autre chose et tout le monde sait que tu détestes cet endroit. »[/b]
Et paf, le ton était donné. Philippe ne démordrait pas de sa haine contre Portau et tenterait de toujours contrecarrer les plans de son ennemi, ses moindres paroles et ses moindres gestes. Son instinct ne pouvait pas le trahir, on ne peut pas détester un homme comme ça, surtout quand on connait Philippe ! Il y avait quelque chose qui se tramait, le duc ne savait pas quoi mais il y avait forcément quelque chose. D'ailleurs, Cédric avait perdu son sourire, prenait cet air grave qui le rendait méchant de visage, loin de cette tête angélique qu'il voulait montrer tout à l'heure. Se montrait-il menaçant, sous le vrai jour, sa vraie personnalité ? Pour d'Artagnan, il ne faisait aucun doute que le véritable Portau était un être vil, sournois et qu'il avait plus un tour dans son sac pour jouer un mauvais tour.
« Et je ne veux pas être mesquin, mais je suis quand même le seul à être venu te voir ! Comment peux tu être ingrat à cette visite ? »
Alors là ! Voilà qu'il enfonçait le clou dans son cœur meurtri ! Cédric touchait un point sensible et il le savait, le gascon en était sûr ! Mais là, il avait plus mal qu'autre chose. C'est vrai que sa seule visite avait été cet ennemi en face de lui. Il n'en voulait plus vraiment à Alexandre, mais c'était à son père qu'il en voulait. Pendant ces deux années, Philippe avait attendu ne serait-ce qu'une lettre, même brève, histoire qu'on pense à lui, qu'il n'était pas vraiment seul. Non, rien. Blessé, Philippe baissa les yeux. Il n'avait pas digéré cette histoire, Philippe avait besoin de retrouver son père pour s'expliquer sinon il ne pourrait jamais passer au travers de cette histoire. Que répondre ? Rien car là, Cédric avait raison … C'était horrible à admettre pour un garçon aussi fier que d'Artagnan mais il ne pouvait rien dire pour une fois … Mais l'autre continuait à parler, changeant de sujet comme quelqu'un changerait de chemise. Cet homme était imperturbable et fit lever les yeux de Philippe pour l'écouter à nouveau. Il n'avait pas le choix, ils étaient tous les deux et rien pour le distraire de son attention, malheureusement.
« Tu fais bien de ma parler de Gan d'ailleurs ! Je pense avoir un incapable pour gérer mes terres et il se demande si tu as bien reçu le versement des impôts que le comté doit à la Gascogne. Après tout, mes terres sont sur les tiennes … » « Si tu savais un peu mieux gérer tes terres, tu saurais où vont tes misérables rentes. »
Et voilà comment un d'Artagnan blessé pouvait remonter la pente en un clin d'œil. C'est à ce moment précis qu'Elodie refit son apparition avec un plateau remplit de bonnes choses encore
« Je pense qu’il y a sur cette table de quoi tenir un siège ! » « Je reviens » lança t'il d'une petite voix, sur un ton sec et dur.
Repoussant sa chaise en arrière, Philippe quitta presque à regret la table. Laisser Élodie seule avec Cédric ne lui inspirait pas confiance alors il se dépêcha de gravir les escaliers retrouver les comptes envoyés par ses conseillers. Là-haut, Philippe s'arrêta un bref instant dans la chambre d'Arthur, cet enfant qu'il apprenait à connaître. Il gigotait dans son sommeil et ce petit instant fut une brève parenthèse de paix dans ce combat sans bruit avec Cédric. Mais comme il fallait redescendre rapidement, le jeune homme se rendit dans la pièce d'à côté. Généralement, Philippe préférait travailler en bas, dans le salon, l'éclairage était meilleur et le jeune homme pouvait discuter avec Barnabé. Mais tout se stockait ici, sur un grand secrétaire. Le tout était de retrouver la missive avec les comptes pour les impôts gascons. Philippe rechercha dans les derniers courriers reçus et à force de patience, il remit la main dessus. Redescendant à toute vitesse, le jeune homme ne voulait pas laisser Portau trop longtemps avec la belle demoiselle, surtout s'il lui faisait la cour. Posant le courrier ouvert sous le nez de Portau, il lui montra la ligne où était le comté de Gan.
« Tu as payé tes impôts, félicitations. »
Il replia son courrier et le posa sur une commode non loin de la table avant de se rasseoir. Il n'était plus question de quitter la table et il avait un but maintenant : faire partir Cédric pour se retrouver seul avec Elodie et reprendre leur conversation.
« Qu'ai je manqué en mon absence ? » demanda t'il en regardant Elodie, un léger sourire sur les lèvres.
C'est à ce moment là qu'un événement inattendu allait donner une nouvelle tournure à la collation : des pleurs d'enfants retentirent dans le manoir. Barnabé monta au premier étage et réapparut quelques instants plus tard avec un bébé dans ses bras. Philippe se sentit gêné l'espace d'un instant, il n'avait pas voulu qu'Élodie l'apprenne de la sorte mais Arthur ne pouvait pas deviner tout cela, il était bien trop jeune. Il se racla la gorge et regarda Élodie avec un air désolé et intimidé.
« C'est ce que je voulais vous montrer tout à l'heure … » « Je crois qu'il a faim, prends le quelques minutes. »
Philippe se leva à nouveau pour prendre son petit bout entre ses bras le plus délicatement possible. Il n'y avait pas de doute possible sur la ressemblance : ces mêmes yeux bleus, ces cheveux clairs et cette petite bouille … L'enfant était le portrait craché de Philippe.
« Voici Arthur. Mon fils. »
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| Sujet: Re: On peut refuser les amis mais pas l'amour [élodie - cédric] 11.09.11 13:10 | |
| C’était palpable : des trois personnes réunies autour de cette table, il y en avait une de trop. Ce dont doutait cependant Elodie, lorsqu’elle se leva pour aller aider le domestique, c’était qu’il s’agisse d’elle. Si elle quittait les deux hommes l’espaces de quelques instant, ça n’était pas poussée par la sensation d’être de trop, mais plutôt par les lourdes tensions qu’il aurait fallu être aveugle et sourd pour ne pas noter. Des tensions qui, cette fois, la dépassaient. Elle n’avait aucune idée de qui pouvait bien être ce Cédric de Portau, ne l’avais jamais ne serait-ce que croisé et ignorait ce qui poussait Philippe à se montrer si dur et fermé. Cependant, elle connaissait assez le jeune duc pour se douter qu’il y avait bel et bien une raison à cette hostilité et ne pouvait s’empêcher de trouver le comte bien trop souriant pour être honnête. Il se disait ami, mais le voir conserver avec une telle obstination l’attitude qu’il arborait depuis qu’il avait d’Artagnan face à lui, même devant l’évidente froideur de ce dernier, donnait à Elodie l’impression qu’il avait, derrière ce naturel calculé, quelque chose de bien plus sombre à cacher. Mais pouvait-elle réellement juger de qui que ce soit sur une simple sensation ? Et surtout, juger en ce sens ? Elle avait, jusque là, presque toujours eu raison de se fier à son instinct… et n’aurait peut-être pas dû, cette fois, faire une exception. La première impression, c’était un fait, est bien souvent la meilleure. Le comte de Portau, elle s’en rendrait compte assez tôt, n’échappait pas à la règle.
Profitant de l’instant de paix offert par le terrain neutre qu’était le garde-manger, la jeune femme ne put s’empêcher de chercher à entendre la conversation qu’elle avait laissée, tout en plaisantant vaguement avec le vieil homme qui n’en finissait plus de remplir la table. Sourcils froncés et regard posé sans les voir sur les objets qu’elle tenait à l’aider à ramasser, elle ne chercha pas le moins du monde à dissimuler sa curiosité – mais le domestique, dont elle ignorait encore le nom, pourrait-il lui tenir rancœur de vouloir savoir ce qui se passait à côté ? A bien l’observer, elle aurait presque parié qu’il en faisait de même, depuis qu’ils étaient tous entrés.
« Qu’oses-tu insinuer ? Je te signale que mon domaine est sur cette route, il est normal que je vienne te rendre visite ! Je ne comprends pas ton ton si agressif. Vraiment. - Et je ne comprends pas pourquoi j'ai l'impression que tu me prends pour un imbécile. Vraiment. Ton ''domaine'' comme tu dis est plus à l'abandon qu'autre chose et tout le monde sait que tu détestes cet endroit. »
Et bien, voilà qui donnait un tour plus sérieux à la conversation, et quelques détails à Elodie qui s’arrêta un instant, échangeant un regard avec son interlocuteur redevenu muet. En silence, elle secoua la tête, se reprochant vaguement sa curiosité. N’était-ce pas également pour les laisser parler seuls de ce qu’ils pouvaient bien avoir à se dire qu’elle avait quitté la table ? Raison pour laquelle elle tenta de reprendre son anodine conversation avec le domestique, lâchant simplement un rire franc mais un brin nerveux à la vue du pot à lait et des trois verres qu’il parvint enfin à extirper d’un coin improbable d’une étagère. Il disposa le tout sur le plateau, et Elodie eut juste le temps d’entendre les dernières répliques de la conversation avant de sortir du garde-manger – et quelles répliques.
« Tu fais bien de ma parler de Gan d'ailleurs ! Je pense avoir un incapable pour gérer mes terres et il se demande si tu as bien reçu le versement des impôts que le comté doit à la Gascogne. Après tout, mes terres sont sur les tiennes… - Si tu savais un peu mieux gérer tes terres, tu saurais où vont tes misérables rentes. »
De marbre, arborant un sourire amusé quant aux merveilles déployées par le vieil homme, elle se contenta d’amener un autre sujet en déposant le plateau sur la table. Intriguées, néanmoins, ses deux prunelles se posèrent un instant sur chacun des jeunes hommes.
« Je pense que ce bon vieux Barnabé veut nous engraisser pour je ne sais quoi ! répondit Cédric à l’instant même où Philippe se levait. - Je reviens. »
L’espace d’un moment, la jeune femme suivit le Gascon des yeux, l’observant disparaître dans l’escalier. Le silence eut à peine le temps de s’installer sur la table qui portait plus mets qu’elle ne semblait pouvoir en contenir, et Elodie avait juste tourné la tête vers le comte que déjà, il avait récupéré l’un de ses grands sourires, tranchant avec le ton grave et presque haineux de la conversation qui venait de s’achever.
« Dites moi, mademoiselle, Froulay… n'y a t'il pas des mousquetaires dans votre famille ? Ce nom ne m'est pas inconnu, demanda-t-il, attirant une moue indéfinissable sur les lèvres de la belle. - Si… mes deux frères, répondit-elle vaguement, tout en cherchant à quel moment elle pouvait bien avoir croisé cet homme à la caserne. En vain. Alors comment pouvait-il avoir entendu son nom ? »
Néanmoins, la jeune femme ne posa aucune question, ne souhaitant pas relancer la conversation… Encore une fois, elle avait la sourde sensation que moins elle en disait, mieux elle se porterait. Ce Portau avait le don de la mettre mal à l’aise, et plus encore maintenant qu’ils n’étaient que deux autour de la table. Du bout des doigts, elle attrapa un sablé posé devant elle, occupant négligemment ses mains alors que Cédric continuait à se renseigner.
« Je ne vous ai jamais vu à la Cour. Versailles ne vous enchante guère ? Pourtant une si belle demoiselle aurait plus que sa place ! lança-t-il à nouveau, attira un sourire courtois sur les lèvres d’une Elodie un instant muette. Question pertinente, mais à laquelle elle hésita quant à la réponse. Oh, elle n’en était plus à un mensonge près. Le tout était de choisir correctement le mensonge en question. - Je préfère la ville à la Cour, où je suis de toute façon inconnue, lâcha-t-elle vaguement en songeant non sans une certaine ironie qu’il valait bien mieux que les choses restent ainsi. François et elle – et Eric, finalement – n’étaient pas les seuls Froulay à Versailles. Mais cela, hors de question, évidement, de le souligner. »
La conversation – si l’on pouvait réellement appeler conversation cette série de questions et de vagues réponses – roula quelques instants encore. Distant, Elodie réussit à grand peine à contenir un sourire soulagé lorsque les pas de Philippe se firent à nouveau entendre dans les escaliers. Rapide, il pénétra à nouveau dans la pièce où se tenaient les discussions, plantant ce qui ressemblait à une lettre sous le nez de Portau.
« Tu as payé tes impôts, félicitations, asséna-t-il avant d’aller poser son papier sur une console. Qu’ai-je manqué en mon absence ? demanda-t-il ensuite, se tournant vers la jeune femme. »
Elodie desserrait les lèvres pour répondre qu’il ne s’était rien dit de particulièrement important, quand un évènement inattendu la coupa. Soudain, les pleurs d’un enfant se mirent à résonner dans le manoir, faisant mourir sur ses lèvres les mots que la belle s’apprêtait à prononcer. Intriguée, elle tourna la tête en direction des escaliers, puis posa deux prunelles interrogatrices sur Philippe. Il y eut un instant de silence, durant lequel le fameux Barnabé monta rapidement à l’étage et en redescendit… un bébé au bras. Soufflée, Elodie n’eut cette fois pas la présence d’esprit de cacher sa surprise et garda un moment les prunelles fixées sur le nouveau né qui s’était arrêté de pleurer à l’instant où tout ce monde s’était mis à lui accorder tant d’attention. Un nouveau né dont les traits… et surtout les yeux ne trompaient pas.
« C'est ce que je voulais vous montrer tout à l'heure… La jeune femme tourna à nouveau la tête vers Philippe, qui se leva pour prendre l’enfant dans ses bras. Avant qu’il ne le dise, à les voir tous les deux ainsi, elle comprit. Voici Arthur. Mon fils. - C’est… il est adorable, balbutia vaguement une Elodie sincère mais une fois de plus à court de mot. »
Un instant et par pur réflexe, elle posa le regard sur Cédric qui s’était étrangement tu – et dont elle avait allègrement oublié la présence. Mais bien plus occupée par cette nouvelle découverte que par ce que pouvait bien penser Portau, elle revint au père et à son fils… bien trop jeune pour être également celui de cette Emmanuelle dont il avait accepté de lui parler. Jugeant la question indélicate, elle retint les mots qui lui brûlaient les lèvres.
« Quel âge a-t-il ? demanda-t-elle simplement avec un sourire presque attendri lorsque son regard croisa celui, familièrement bleu, de l’enfant, sans être elle-même certaine de ce qu’elle en pensait. »
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| | | Cédric de Portau
« s i . v e r s a i l l e s »Côté Coeur: Il a servi il y a des années avant de complètement le ferme. Mais la revoir me fait redevenir ... humain ?Côté Lit: Sans courir après les dames, il se porte à merveille ! Discours royal:
B E L Z E B U T H l'associé du diable
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| Sujet: Re: On peut refuser les amis mais pas l'amour [élodie - cédric] 13.09.11 19:16 | |
| Dur de ne pas réprimer un sourire lorsque Philippe baissa les yeux. Touché. La solitude de d'Artagnan se lisait toujours sur son visage, même s'il semblait reprendre du poil de la bête. Cédric se souvenait de la silhouette cadavérique de d'Artagnan lors de sa première visite à Lupiac. Au-delà de tout, il fut d'abord choqué de le trouver aussi maigre, pâle et fatigué. Il ressemblait à un homme prêt à passer l'arme à gauche. Bien sûr, son esprit démoniaque reprit bien vite le dessus, il était ravi de le voir dans ce sale état, espérant même que la Mort le fauche. Mais non, cet idiot s'était accroché et il était face à lui. Si fragile malgré son fort caractère, Philippe ne pourra pas résister à son plan machiavélique. Déjà, il ne cachait pas sa colère, et bientôt, ce serait de la paranoïa avant de sombrer dans la folie. Et s'il ne veut pas être totalement fou, Cédric s'arrangera pour le faire croire aux yeux de tous … Tout était déjà prévu et il n'y avait aucun obstacle en vue pour l'instant.
Si tu savais un peu mieux gérer tes terres, tu saurais où vont tes misérables rentes. Quelle agressivité ! Je veux juste être sûr, je ne veux pas passer pour un malhonnête.
Comme s'il ne l'était pas déjà, tiens ! Non, Cédric était un garçon fiable et fidèle … à Hector de Valois et à ses armes, voilà tout. Cela était déjà un bon début. Après, il n'était que traîtrise, mensonge et vilénie. Et il allait user de tous ses talents pour piéger d'Artagnan et lui faucher ses terres au passage. Mais pas le temps de continuer la conversation entre les deux hommes, Élodie revenait avec un plateau où trônaient encore de la nourriture et des verres de lait. Une parfaite collation pour une excellente après midi, de quoi remettre un sourire sur le visage de Portau qui tourna la tête vers la jeune femme.
« Je pense qu’il y a sur cette table de quoi tenir un siège ! » « Je reviens »
Philippe se leva brusquement et monta les escaliers sans prononcer un mot. Allait-il vraiment chercher le papier des impôts ? Peut être imaginait-il que cela ferait partir un Cédric un peu trop envahissant. C'était mal connaître le comte qui aimait bien les murs de cette maison . Alors, pendant que le gascon avait déserté la table, Cédric pouvait reprendre sa conversation avec Élodie, toujours ce sourire sur les lèvres. Il en devenait presque trop insistant mais il planait autour d'elle un mystère qu'il n'arrivait pas à percer, comme si elle cherchait à préserver un secret. Ou tout simplement était-elle timide. Quoi qu'il en soit, Cédric se mit à lui poser des questions mais ne reçut que des réponses évasives.
Si… mes deux frères. Il me reste encore quelques connaissances chez les mousquetaires. Voyez vous, je l'ai moi-même été quelques temps. Vous devez être fière de vos frères.
Pourquoi ressassait-il toujours son passage chez les Mousquetaires ? Cela lui semblait tellement lointain, c'était un souvenir, un bon souvenir, un souvenir humain, avant qu'il ne plonge totalement du mauvais côté. Cela pouvait paraître incongru, mais à l'époque mousquetaires, Cédric était encore quelqu'un de bien … Les gens qui ne le connaissaient pas à l'époque pourraient ne pas y croire, Portau semblait tellement vil et si méchant. Alors le voir entrer dans la garde du Roi, se plier à la discipline, cela ne collait pas avec la personnalité qu'il affichait aux yeux des membres du complot.
Je préfère la ville à la Cour, où je suis de toute façon inconnue Ah, Paris est une ville vivante, mais dangereuse. Alors, vous fréquentez les salons ?
Cette demoiselle l'intéressant et cette façon de répondre évasivement, elle gardait le mystère autour d'elle. Si cela pouvait rebuter quelques personnes, cela ne dérangeait absolument pas Cédric qui cachait lui aussi beaucoup de lui-même en société et restait souvent évasif sur ses activités nocturnes. Car non, cela ne se disait d'expliquer des méthodes de tortures ou comment se procurer de l'arsenic ! Il fallait bien cacher un peu quelques activités répréhensibles pour bien se montrer à la Cour ! Comme à cet instant, il n'allait pas faire peur à la jeune femme en racontant son plan. De toute façon, il n'aurait pas eu le temps car une feuille de papier fut mis sous son nez, il eut juste un mouvement de recul pour lire quelques mots. Philippe avait retrouvé la preuve de paiement de ses impôts.
Tu as payé tes impôts, félicitations. Voilà une bonne chose de faite alors ! Qu’ai-je manqué en mon absence ? Pas grand chose, nous …
Cédric suspendit ses mots lorsqu'il entendit les pleurs d'un enfant. Pourquoi y avait-il un enfant dans cette maison ? Peut être un des enfants d'Alexandre, cela paraissait probable après tout. Marine déposant ses bambins au manoir, ils faisaient la sieste et là le petit se réveillait, il n'y avait pas de quoi véritablement s'inquiéter. Pour un homme qui pensait tout connaître de son ennemi, Portau allait bien être surpris. Car quand Barnabé descendit avec un bébé dans ses bras, le comte reçut comme un coup de massue sur le crâne. Un bébé ? Bouche bée, il ne put que fixer ce petit être, incapable de penser ou d'articuler le moindre mot. Puis il regarda Philippe aller jusqu'à l'enfant. Et les voyant si proches l'un de l'autre, il n'y avait plus de doute et d'Artagnan confirma.
Voici Arthur. Mon fils. C’est… il est adorable Tu as … un fils ?
Second coup de massue. Non seulement Philippe avait un enfant mais en plus, il avait un fils ! Cela contrecarrait tous les plans de Portau. Tout était chamboulé, rien n'allait plus. Écarter Philippe, cela était relativement simple mais que faire de cet enfant ? Car il serait l'héritier de la Gascogne et éliminer un bébé … Non, Cédric n'avait jamais éliminé d'enfant et n'avait jamais pensé à le faire. Mais là, que pouvait-il bien faire ? Il n'écoutait plus vraiment la conversation autour de lui, son cerveau tentait de trouver une solution à cet obstacle de taille. Il se reprit et posa ses yeux azurs sur Philippe avec un sourire hésitant.
Félicitations … Comme on dit.
S'il se montrait impassible, Cédric bouillonnait à l'intérieur. Voilà qu'un gamin se mettait en travers de son chemin ! Il devait partir au plus vite, voilà pourquoi il se leva et tenta d'adopter une attitude naturelle et se remit à sourire plus ou moins normalement.
Je dois rentrer, j'ai quelques obligations … Philippe, je te dis à bientôt. Il le salua d'un signe de la tête avant de se tourner vers Elodie. Mademoiselle de Froulay, au plaisir de vous revoir.
Il lui fit un large sourire, remit son chapeau et quitta le manoir des d'Artagnan. Rapidement, il monta sur son cheval et partir vers sa propre demeure. Durant tout le voyage, il ne cessa de blasphémer et de maudire d'Artagnan pour lui mettre des bâtons dans les roues. D'une manière ou d'une autre, il l'aura sa Gascogne, qu'importe les moyens …
- Spoiler:
Je vous laisse les tourtereaux mais je serai bientôt de retour ... pour vous jouer de mauvais tours
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| | | Philippe d'Artagnan
« s i . v e r s a i l l e s »Côté Coeur: Après avoir souffert ces dernières années, ma belle Elodie le remet en marche ♥ Côté Lit: Je suis fidèle à l'amour et à un seul être. Et je l'attendrais.Discours royal:
Ҩ PRINCE CHARMANT Ҩ Je te promets la clé des secrets de mon âme
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| Sujet: Re: On peut refuser les amis mais pas l'amour [élodie - cédric] 15.09.11 0:24 | |
| Et voilà, l'heure de vérité était venue. Philippe montrait son fils pour la première fois à des gens. Seuls Barnabé et lui étaient au courant de la réelle existence d'Arthur, le jeune homme voulait d'abord en parler à son frère, le nommer parrain et puis enfin le reconnaître aux yeux du monde. Là il serait officiellement un d'Artagnan. Encore un garçon, à croire que les filles n'avaient pas leur place dans la famille. Le petit bébé dans ses bras, Philippe craignait la réaction d'Élodie. Il se moquait de Portau comme de l'an quarante, peu importe ce que lui pensait, il ne faisait pas parti de ses amis, n'avait pas d'importance à ses yeux. Depuis quelques jours, l'enfant était presque devenu le centre du monde pour le Duc, apprenant à le connaître, découvrir le métier de père, savoir comment s'occuper d'un enfant. Il passait des heures à le regarder dormir, cela l'apaisait. Et quand Arthur pleurait, le nouveau papa oubliait tous ses propres soucis pour accourir vers son fils, paniqué de savoir ce que petit être pouvait bien avoir pour hurler aussi fort. Souvent, c'était juste parce qu'il avait faim, parfois parce qu'il voulait de la compagnie. Le vieux Barnabé, qui avait vu Alexandre et Philippe bébés puis s'étaient occupés des enfants d'Alexandre, savait comment s'y prendre et guidait Philippe avec patience et amusement. S'il restait hésitant dans beaucoup de situations, le gascon apprivoisait ce petit enfant, lui laissait une place dans sa vie et commençait à lui imaginer un avenir. Mais avant de savoir ce qu'il serait à quinze ou vingt ans, il fallait d'abord se poser la question de quoi demain sera fait ! Alors voilà Arthur présenté à Élodie et, sans le vouloir, à Cédric.
C’est… il est adorable. Tu as … un fils ?
Il ne fit qu'hocher de la tête, ne sachant que répondre à la question de Portau. Il fit à peine attention à son visage stupéfait. Après tout, il y avait de quoi ! Qui aurait imaginer Philippe d'Artagnan père alors qu'il n'était pas marié ni en couple ! Le voilà avec un enfant illégitime sur les bras. Si tout le monde pouvait s'offusquer de cette conduite indigne d'un homme de son rang, Philippe y voyait là un message. Celui de se battre et d'avoir enfin un véritable motif pour vivre, une raison d'avenir. Lui qui avait passé deux années à totalement se laisser sombrer, il n'était plus question de se donner la mort ou de plus trouver de raison à se lever le matin. Arthur était entré dans sa vie comme un boulet de canon et il ne voulait pas qu'il en sorte de sitôt ! Philippe posait ses yeux attendris sur ce petit être qui le fixait à présent et lui fit un sourire avant de relever la tête.
« Quel âge a-t-il ? » « Trois mois. Mais je ne connais son existence depuis peu. »
A peine une semaine mais il s'en sortait finalement pas si mal, pour l'instant. Bien sûr, intérieurement il paniquait de ne pas faire quelque chose correctement, mais c'était le lot de tout parent qui se préoccupe de sa progéniture après tout.
« Félicitations … Comme on dit. » « Merci, comme on dit aussi. »
Si la tension s'était apaisée, Philippe restait toujours aussi peu amical mais avoir l'enfant contre lui le calmait et cela lui donnait un peu plus de constance. Il voulut s'approcher d'Elodie et reprendre la parole mais Cédric se leva de sa chaise.
Je dois rentrer, j'ai quelques obligations … Philippe, je te dis à bientôt. Mademoiselle de Froulay, au plaisir de vous revoir.
Et Cédric sortit, Philippe ne le quitta pas des yeux, son regard était plus qu'explicite sur cet individu. Une fois la porte claquée, il lâcha un soupir de soulagement. Sans Portau sur son dos, il allait pouvoir véritablement retrouver le sourire et reparler à Élodie comme si de rien n'était, ou presque. Barnabé réapparut, prêt à donner de quoi manger à l'enfant. Tout en prenant Arthur des bras de son maître, il ne put s'empêcher de faire un sermon.
« Tu aurais pu quand même te montrer un peu plus aimable avec Cédric. Ce n'est pas un étranger, nous le connaissons depuis toujours. » « Je n'aime pas sa façon d'être. Tu ne l'as pas vu … là-bas. Et encore, je me suis montré bien aimable comparé à d'autres fois. » « Il n'empêche. Et Alexandre ne sera pas content de la façon dont tu traites son ami d'enfance. »
Tandis que Philippe leva les yeux tout en haussant les épaules, Barnabé se mit dans le salon voisin, dans un fauteuil pour donner à manger à l'enfant, tout en laissant bien sûr la porte ouverte. Philippe se rassit enfin à côté d'Élodie, lui adressant un charmant sourire. Elle en connaissait davantage sur lui. Peut être un peu trop ? Après tout, on ne connaît jamais assez les gens qui nous entoure.
« J'espère ne pas vous avoir fait peur après cette après midi. Il est vrai que je vous en ai plus révélé sur moi aujourd'hui que depuis que nous nous connaissons. » Il tourna les yeux un instant en direction du salon avant de reprendre. « J'ai appris l'existence d'Arthur voilà une semaine. Sa mère n'a pas bien tenu longtemps après sa naissance, et sa tante ne pouvait pas s'occuper d'un enfant supplémentaire … Imaginez mon air surpris de découvrir son existence ! Personne ne sait qu'il est ici. Et j'aurais aimé que l'autre imbécile ne le sache pas. »
Savait-elle au moins qui était Cédric ? Certes, il s'était présenté mais ne comprenait peut être pas pourquoi ils se connaissent depuis si longtemps, que Barnabé lui fasse des remontrances et que Philippe puisse le détester ainsi. Prenant entre ses mains une petite cuillère, le gascon la faisait tourner machinalement entre ses doigts. Il fallait essayer d'être assez neutre pour qu'elle puisse se faire son propre avis. Philippe ne voulait forcer Élodie à détester Portau, mais il fallait la mettre en garde malgré tout.
« Vous avez du me trouver odieux avec Portau. J'ai mes raisons mais je ne pense pas que vous sachiez de qui il s'agit véritablement. Cédric est le fils de Porthos et il a passé beaucoup de temps ici avec mon frère à jouer aux mousquetaires, rêver à marcher sur les traces de nos pères. Et si aujourd'hui, Alexandre et lui restent amis, il n'a jamais été le mien. » Il avait beaucoup à dire sur Portau sans vraiment savoir quoi. « Si je peux me permettre … qu'avez vous pensé de lui ? »
Et si elle l'appréciait ? Philippe serait déçue, tenterait de la mettre en garde mais ne pourrait rien faire d'autre. Mais si elle pensait comme lui, voyait au-delà du garçon souriant un peu trop amical, il se sentirait moins seul à se battre contre des moulins à vent. Barnabé revint tranquillement, le bébé semblait repu de son repas et le vieil homme redonna l'enfant à son père. Une nouvelle fois, les deux se regardèrent puis Arthur tourna ses yeux azurs vers Élodie avant de lui faire un grand sourire.
« Voyez, il vous apprécie déjà. Cet enfant a bon goût. » « Il tiendra de son père ! » Lança Barnabé de la cuisine.
Philippe se détendit complètement et se mit à rire. Revoilà le vrai Philippe, loin du tendu, crispé garçon en présence de Portau …
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| Sujet: Re: On peut refuser les amis mais pas l'amour [élodie - cédric] 16.09.11 19:38 | |
| « Tu as … un fils ? »
La question avait de quoi être posée, en effet. Et pourtant, impossible de douter. Le nourrisson et Philippe se ressemblaient bien trop pour qui quiconque puisse émettre des réserves quant à leur parenté. Traits pour traits. Elodie tourna vaguement la tête vers Cédric, dont l’air ahuri tranchait presque violemment avec les dizaines de sourires trop affables qu’il avait déployé depuis son arrivée. En cherchant bien, sans doute aurait-elle-même pu déceler une pointe de contrariété dans les traits de Portau, mais elle était bien trop surprise elle-même pour y prendre garde, et ses prunelles se posèrent à nouveau sur le père et son fils dont les pleurs s’étaient arrêtés à l’instant même où il avait posé les yeux sur les trois acteurs de cette étrange scène. Curieux, il semblait les dévisager et avait presque l’air goguenard qu’arborent ceux qui, ravis et fiers d’eux, viennent de réserver une surprise de taille à leur entourage. Et dans le cas présent, surprise était un terrible euphémisme. Cela dit, Elodie ne put retenir un sourire amusé en croisant les des yeux bleus d’Arthur. En voilà un qui faisait son entrée dans le monde d’une drôle de façon… Et malheureusement, elle ne pouvait se douter du point auquel cette pensée se révèlerait juste. Bien que « drôle » ne soit sans doute pas le terme le plus appropriée.
« Trois mois. Mais je ne connais son existence depuis peu, répondit Philippe lorsqu’elle l’interrogea sur l’âge du nourrisson. Elodie hocha doucement la tête, adressant un sourire au jeune homme. - Il vous ressemble énormément ! »
Que dire d’autre ? Elle avait la sensation que, malgré le changement de sujet l’occupation qu’était devenu Arthur, l’atmosphère n’avait cessé de s’alourdir – et surtout que le duc n’en dirait guère plus en présence de Portau. Un Portau qui semblait d’ailleurs avoir du mal à revenir de sa surprise, et dont les yeux ne s’étaient pas encore détachés du tout nouveau venu. A croire qu’il ne s’en remettrait pas.
« Félicitations… comme on dit, lâcha-t-il simplement avec un sourire qui dépareillerait presque face à l’attitude qu’il avait réussi à conserver face à la froideur de Philippe quelques minutes plus tôt à peine. - Merci… comme on dit aussi. »
Voilà qui avait au moins le mérite d’être clair. Elodie, baissant les yeux vers la table toujours aussi remplie, attrapa la première chose qui lui tombait sous les doigts pour occuper sa main, alors qu’un nouveau silence s’installait. Pourtant, ils auraient certainement eu tous beaucoup à dire à cet instant précis – seulement, pour que chacun puisse parler librement, il y en avait toujours un de trop à cette table. Et contre attente, ce fut Cédric qui mit fin à l’épineux problème en question en se levant soudain, tentant de retrouver son air trop affable et ses grands sourires.
« Je dois rentrer, j'ai quelques obligations… lâcha-t-il enfin. Philippe, je te dis à bientôt. Mademoiselle de Froulay, au plaisir de vous revoir. - Au revoir, oui… répondit-elle vaguement, afin de rester courtoise, alors qu’il leur tournait le dos. »
Et aussi rapidement qu’il était entré, il sortit de la cuisine. La porte s’était à peine refermée derrière lui qu’il sembla à Elodie que l’ambiance de la pièce venait d’être libérée d’un sérieux poids. Aussitôt, elle leva les yeux sur Philippe dont le regard trahissait allègrement ses sentiments envers Portau et qui laissa échapper le sourire soulagé qu’elle-même avait retenu. Elle n’avait pas la moindre idée de ce qui pouvait bien se passer, ou s’être passé entre les deux jeunes hommes, mais il y en avait au moins un des deux qui jouait une mauvaise comédie. Et étrangement, si on le lui avait demandé, Elodie aurait tranché pour le comte de Gan. Brisant le silence apaisé qui venait de s’installer, Barnabé fit irruption dans la pièce, avec à la main de quoi nourrir Arthur. La belle observa un instant ses traits sévères alors que, récupérant l’enfant des bras de son père, il sermonnait ce dernier.
« Tu aurais pu quand même te montrer un peu plus aimable avec Cédric. Ce n'est pas un étranger, nous le connaissons depuis toujours, gronda-t-il. - Je n'aime pas sa façon d'être. Tu ne l'as pas vu… là-bas. Et encore, je me suis montré bien aimable comparé à d'autres fois. - Il n'empêche. Et Alexandre ne sera pas content de la façon dont tu traites son ami d'enfance. »
Elodie ne put s’empêcher de songer qu’il était difficile d’imaginer l’Alexandre qu’elle connaissait si intègre être ami avec Cédric, mais garda le commentaire pour elle. Après tout, qui était-elle et que savait-elle de cet homme pour juger aussi rapidement ? Elle était la première à le savoir… les apparences n’étaient pas toujours ce qu’elles voulaient bien faire croire. Cependant, il était bien là le problème. L’apparence amicale que s’était donnée Portau ressemblait à l’un de ces masques que l’on emprunte pour cacher ce que l’on a vraiment en tête. Secouant vaguement la tête pour sortir de ces pensées hâtives, la jeune femme posa les yeux sur Philippe qui s’était à nouveau assis auprès d’elle.
« J'espère ne pas vous avoir fait peur après cette après midi. Il est vrai que je vous en ai plus révélé sur moi aujourd'hui que depuis que nous nous connaissons, lança-t-il en lui adressant l’un de ces sourires qui parvenaient immanquablement à en attirer un identique sur ses propres lèvres. - Au contraire… j’en suis heureuse, répondit-elle, sincère. C’était vrai. Bien que ce qu’elle avait appris aujourd’hui ne soit pas forcément des plus joyeux, elle ne pouvait nier être ravie d’en savoir plus sur le jeune homme. - J'ai appris l'existence d'Arthur voilà une semaine. Sa mère n'a pas bien tenu longtemps après sa naissance, et sa tante ne pouvait pas s'occuper d'un enfant supplémentaire … Imaginez mon air surpris de découvrir son existence ! Personne ne sait qu'il est ici. Et j'aurais aimé que l'autre imbécile ne le sache pas. »
Elle laissa échapper une moue plus ou moins explicite. Ça, elle s’en doutait. A croire que Cédric avait parfaitement calculé son moment pour découvrir le fils de Philippe… aussi estomaqué en ait-il été.
« Vous avez du me trouver odieux avec Portau, continua soudain d’Artagnan, jouant négligemment avec une cuiller. J'ai mes raisons mais je ne pense pas que vous sachiez de qui il s'agit véritablement. Cédric est le fils de Porthos et il a passé beaucoup de temps ici avec mon frère à jouer aux mousquetaires, rêver à marcher sur les traces de nos pères. Et si aujourd'hui, Alexandre et lui restent amis, il n'a jamais été le mien, expliqua-t-il. Si je peux me permettre… qu'avez vous pensé de lui ? »
Elodie fronça les sourcils, dans une expression éloquente, et ouvrait la bouche pour répondre quand Barnabé passa à nouveau la porte de la cuisine avec Arthur. Gardant sa réponse pour plus, elle leva les yeux, laissant échapper un autre sourire lorsque Philippe l’eut au bras. S’il y avait bien une image qu’elle ne s’attendait pas un jour à voir, c’était celle-ci. Elle resta silencieuse, jusqu’à ce que l’enfant ne tourne les yeux vers elle pour lui adresser un immense sourire. Doucement, elle lui effleura le nez du bout des doigts, comme elle se rappelait avoir vu ses parents le faire avec elle, tirant un gazouillement heureux au nourrisson.
« Voyez, il vous apprécie déjà. Cet enfant an bon goût ! lança Philippe. - Il tiendra de son père ! »
La voix de Barnabé tira un éclat de rire sincère aux deux jeunes gens. Elodie tourna la tête vers la cuisine, mais ne pouvant voir le vieux domestique, elle revint au duc. A nouveau, elle ne put réprimer l’idée qu’elle aimait par-dessus tout son sourire joyeux, mais détourna bien vite les yeux pour les poser sur Arthur qui, sans savoir pourquoi, s’était joint à l’hilarité générale et tourna vers elle la même mimique que quelques secondes plus tôt.
« Un véritable séducteur en herbe, ce garçon ! commenta-t-elle en se penchant sur lui, amusée, et en le laissant jouer avec ses doigts. »
Il tenait de son père, en effet. Elle resta un instant à l’observer, lui souriant également, avant de revenir à Philippe, un brin plus grave, mais la main toujours accaparée par le nourrisson.
« Quant à Portau… pour être totalement franche, je l’ai trouvé bien trop souriant pour être honnête, fit-elle avec une moue éloquente. Elle n’avait pas non plus apprécié les regards auxquels elle avait eu droit, surtout en présence de Philippe, mais de cette pensée, elle ne souffla mot. Je n’ai pas l’habitude de porter un jugement aussi rapide mais… je dois avouer qu’il ne m’inspire guère confiance. Ai-je raison ? »
D’autant plus qu’il avait eu le sombre et très désagréable don de les interrompre. Mais là encore, elle se tut, ne pouvant admettre une telle pensée sans reconnaître également ce qu’elle ressentait réellement pour le jeune homme – bien qu’il soit de plus en plus difficile de tout nier, aussi déraisonnable la chose puisse-t-elle être. A nouveau, elle baissa les yeux vers Arthur dont le regard ne cessait de naviguer entre les deux jeunes gens, curieux. Elle lui adressa d’un petit signe, prise d’un instant maternel qu’elle ignorait posséder – et comment lui en vouloir ? Jamais elle n’avait songé aux enfants. Ce qui, au regard de sa situation, aurait été du dernier ridicule.
« J’espère ne pas avoir à le croiser une seconde fois, conclut-elle enfin pour achever sa pensée au sujet de Portau. »
Sage espérance, certes. Mais il est malheureusement des cas désespérés…
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| | | Philippe d'Artagnan
« s i . v e r s a i l l e s »Côté Coeur: Après avoir souffert ces dernières années, ma belle Elodie le remet en marche ♥ Côté Lit: Je suis fidèle à l'amour et à un seul être. Et je l'attendrais.Discours royal:
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| Sujet: Re: On peut refuser les amis mais pas l'amour [élodie - cédric] 25.09.11 14:39 | |
| Au contraire… j’en suis heureuse.
Elle ne fuyait pas, cela était un premier point. La vie du cadet d'Artagnan n'avait rien d'un conte de fées malgré son physique de prince charmant. Au-delà du nom et des titres qui pouvaient attirer de nombreuses prétendantes, Philippe cachait une âme torturée, un passé difficile à effacer et pouvant faire fuir les personnes qui pouvaient connaître ne serait-ce qu'une partie. Et pourtant Élodie restait, malgré l'histoire de sa défunte fiancée, de son fils arrivé de manière impromptue dans sa vie … Qui sait ce que l'avenir allait lui réserver. Si Philippe avait pu entrevoir un petit bout de son avenir, il aurait sûrement regretté une des fois où il avait tenté de mettre un terme à sa vie. Mais nous n'en étions pas encore là, une période d'accalmie lui ferait du bien à l'âme et au cœur, avant de reprendre une longue descente aux enfers à laquelle il n'avait rien demandé. Tout ça à cause de Cédric. Bien sûr, il ne savait pas que cet être affreux allait être le principal acteur du malheur de d'Artagnan mais cela ne l'étonnerait pas qu'il en fasse partie. Philippe tenta d'expliquer brièvement qui était Portau, ce qu'il en pensait. Il ne voulait pas influencer Élodie mais elle n'était pas stupide, la jeune femme avait bien du voir ce que le Duc ressentait pour Cédric, cette animosité face à un homme qui était souriant, peut être trop à son goût. Peut être le comprendrait-il car il semblait le seul à voir le vrai visage de cet ennemi et il ne cherchait pas à insister, surtout auprès d'Alexandre. Alors, il restait seul dans sa certitude, son instinct le trompait rarement.
Lorsque le gascon eut son fils dans ses bras, Barnabé jeta un petit coup d'œil aux deux jeunes gens et au bébé entre eux. Le vieil homme eut un petit sourire, il voyait là le tableau d'une jolie famille, il appréciait la jeune demoiselle, simple, jolie et sans prétention. Comme Philippe en somme. Le serviteur de la famille d'Artagnan cherchait à protéger celui qu'il appelait son petit fripon, ce même qui était à présent Duc de Gascogne, il voulait lui redonner goût à la vie et était certain que cette demoiselle pourrait l'aider sans qu'il ne lui dise quoi que ce soit. Pendant ce temps là, Philippe regarda Elodie penchée sur Arthur, jouant avec lui.
« Un véritable séducteur en herbe, ce garçon ! » « Je vais devoir le surveiller de près ! Sait-on jamais » répondit-il amusé.
Elle était belle avec ce sourire, tellement enjouée et naturelle. Philippe ne la quittait pas du regard, un petit sourire sur les lèvres. C'est vrai qu'ils se ressemblaient tous les deux sur beaucoup de points, voilà pourquoi ils s'étaient de suite entendus. Les sentiments avaient évolué, que le gascon le veuille ou non mais il n'arrivait pas à accepter cette évidence, ne voulait pas se retrouver avec le cœur plein d'un amour non-réciproque, tout cela était encore trop flou, trop difficile à s'avouer. Même si les choses changeaient tellement vite … Mais déjà la discussion reprenait un tournant sérieux. La jeune Froulay n'avait pas encore répondu à la question de savoir ce qu'elle pensait de Cédric. Il ne voulait pas se montrer trop indiscret mais il était de nature curieux et voulait savoir si la jeune femme pensait comme lui ou alors comme tous ces autres. Si elle lui disait qu'elle l'avait trouvée sympathique, Philippe se sentirait vraiment seul dans sa position et, peut être qu'il serait amené à revoir son jugement.
« Quant à Portau… pour être totalement franche, je l’ai trouvé bien trop souriant pour être honnête. Je n’ai pas l’habitude de porter un jugement aussi rapide mais… je dois avouer qu’il ne m’inspire guère confiance. Ai-je raison ? »
Philippe poussa un long soupir. Il était ravi qu'elle partage son avis mais cela confirmait son intime conviction que Portau était un être dangereux. Et quand une personne de cette trempe est votre ennemi, il faut s'attendre à de nombreuses répercussions, jamais réjouissantes et parfois mortelles. Il lança un regard inquiet sur Arthur, trop jeune pour se défendre, puis releva ses yeux azurs sur la jeune femme, avec une expression à la fois inquiète et sérieuse. « J’espère ne pas avoir à le croiser une seconde fois. »
« J'aimerais vous dire que nous avons tort tous les deux. Pour tout avouer, Cédric est venu me rendre visite durant mon exil en Gascogne. Nous n'avons jamais été amis, juste des connaissances d'enfance et, entre les murs de Lupiac, il prenait ses aises, posait des questions un peu trop précises, trop intrusives. Je n'aime pas juger hâtivement non plus mais vous l'auriez vu … » Il leva les yeux au ciel, se rappelant de ses visites. « Je sais qu'Alexandre ne me croira jamais. Pensez vous, il voit son ami d'enfance comme une personne intègre, de la même trempe que nos pères. Alors, je ne sais ce qui m'attend mais Portau a quelque chose derrière la tête. »
Il hésita un instant, regardant ailleurs. Il repensa à la manière dont il lui avait parlé quand ils étaient tous les deux à table puis l'insistance de ses regards sur Elodie. Une vive jalousie s'immisça en lui.
« Vous comme moi, je pense que nous allons malheureusement le revoir. Moi car il n'a pas l'air de me lâcher et vous … Il n'y avait qu'à voir comment il vous regardait, vous souriait. Il était clair que lui plaisiez. »
Une pointe de jalousie dans sa voix le trahissait mais c'était au-dessus de ses forces de lutter sur tous les fronts. Il n'avait pas du tout apprécier l'attitude de Cédric, et ce dernier n'était pas stupide, il avait tout compris. Portau avait découvert deux points faibles de son adversaire. Philippe allait devoir se protéger mais ne pensait pas que l'autre agirait de manière aussi vile dans un certain futur. Il se leva pour poser Arthur, qui était calme, dans une sorte de lit placé dans le salon. Le petit avait mangé, vu son monde, l'étape suivante, Philippe la laissait volontiers à Barnabé. Il n'était pas encore véritablement prêt à se retrouver face aux culottes sales de son fils, surtout dans un pareil moment. Et puis, il devait bien s'avouer qu'une partie de lui s'était un peu trahi, faire deux-trois pas l'aiderait à remettre les idées en place. Mais non, il n'arrivait ni à se débarrasser de sa haine envers Portau ni de sa jalousie. Il se rassit face à Élodie, tentant un petit sourire maladroit.
« J'espère ne pas vous faire peur mais, je vous en prie, faites attention à vous. Je m'attends à tout de la part de cet homme. »
Et, sans réfléchir un instant, il rapprocha le haut de son corps et sa tête vers Élodie, lui saisit les mains et la regarda droit dans les yeux. Ils étaient proches l'un de l'autre, trop par rapport à d'habitude.
« Si je vous dis cela, c'est que je ne veux pas qu'il vous arrive le moindre malheur, encore moins par ma faute. Vous perdre me serait dévastateur. »
Le cœur l'emportait sur la raison. Si la raison restait sur ses positions de non-sentiments, son cœur montrait bien à Philippe que la jeune femme n'était pas qu'une amie, elle était bien plus …
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| Sujet: Re: On peut refuser les amis mais pas l'amour [élodie - cédric] 26.09.11 1:47 | |
| Elodie n’avait pas la moindre idée de ce que pouvait être venu chercher Portau en jouant les grands amis alors qu’il était clair qu’il n’était pas le bienvenu ; mais intuitivement, quelque chose lui soufflait de se méfier de cet homme. Pour quelle raison ? Elle n’en avait pas la moindre idée, mais si elle avait des doutes quant à ce sombre instinct, l’attitude de Philippe suffisait à en dissiper une grande partie. Certes, elle ne connaissait pas ce Cédric – pas plus que des quelques minutes qu’ils avaient passé assis à cette table. Mais ces quelques minutes avaient suffi, et visiblement, elle n’était pas la seule à nourrir une telle méfiance à son égard. Au moins seraient-ils deux. Car il suffisait de remonter jusqu’à Barnabé et son petit sermon pour être certain que leur avis ne faisait pas majorité.
« J'aimerais vous dire que nous avons tort tous les deux, reprit Philippe, un éclat vaguement inquiet au fond des yeux. Pour tout avouer, Cédric est venu me rendre visite durant mon exil en Gascogne. Nous n'avons jamais été amis, juste des connaissances d'enfance et, entre les murs de Lupiac, il prenait ses aises, posait des questions un peu trop précises, trop intrusives. Je n'aime pas juger hâtivement non plus mais vous l'auriez vu… Je sais qu'Alexandre ne me croira jamais. Pensez-vous, il voit son ami d'enfance comme une personne intègre, de la même trempe que nos pères. Alors, je ne sais ce qui m'attend mais Portau a quelque chose derrière la tête. »
A nouveau, la jeune Froulay fronça les sourcils, et hocha légèrement la tête. Le tout était de savoir quoi… si tant est qu’il ait vraiment quelque chose derrière la tête. De nature raisonnable – lorsque n’intervenaient ni ses sentiments ni ses envies de jouer les mousquetaires – elle préférait ne pas s’embarquer dans de fumeuses considération qui, peut-être, n’était que le fruit de leur imagination à tous deux. Après tout, Cédric pouvait parfaitement n’être qu’un imbécile heureux, comme elle l’avait d’abord pensé. A cette idée, une moue fugace lui échappa. Etrangement, elle ne parvenait à s’y résoudre… et ignorait combien la suite des évènements lui donnerait raison ; combien Portau allait se révéler loin, très loin d’être un imbécile. Elle espérait en vain, certes. Mais sans doute aurait-il effectivement mieux valu que plus jamais elle ne croise sa route.
« Vous comme moi, je pense que nous allons malheureusement le revoir. Moi car il n'a pas l'air de me lâcher et vous… Il n'y avait qu'à voir comment il vous regardait, vous souriait. Il était clair que lui plaisiez. »
A cette réplique, Elodie ne put s’empêcher de baisser les yeux, les reportant soudain sur Arthur. Etait-ce de la jalousie qu’elle percevait dans sa voix… ? Non, sûrement pas. Et pourtant, s’il y avait bien une chose qu’elle ne pouvait nier, c’était qu’elle aurait aimé qu’il s’agisse de cela. Elle avait beau être remarquablement douée lorsqu’il s’agissait de se mentir à elle-même, elle ne pouvait définitivement tout éternellement nier en bloc. Elle avait bien plus que de l’amitié pour d’Artagnan, et sans doute était-ce une des raisons pour lesquelles il ne lui avait suffi que de quelques moments pour prendre Portau en grippe. Ses regards, ses attentions… Jamais elle n’avait été gênée par les avances qu’on avait bien pu lui faire – Longueville et du Perche en premier lieu, d’ailleurs. Mais pas là, pas en présence de Philippe, et surtout pas par un homme aussi… un homme tel que Portau. La jeune femme n’avait pas encore de mots clairs pour décrire ses sentiments pour le comte de Gan ; mais encore une fois, la chose ne tarderait pas. Et les mots seraient sans doute bien plus durs qu’elle ne pouvait l’imaginer.
« Il se pourrait qu’il soit grandement déçu, alors, répondit-elle enfin, évasive, tout en évitant le regard de Philippe. »
C’était peu de le dire. A nouveau, elle attrapa la première chose qui lui passait sous la main, en jouant distraitement du bout des doigts. Manie qui la prenait un peu trop souvent à son goût, ces derniers temps. Mais elle n’y pouvait rien : troublée, elle devait s’occuper les mains. Rapidement, Philippe se leva, pour aller déposer son fils dans une sorte de berceau qu’elle pouvait apercevoir de là où elle se trouvait. Le temps de se ressaisir, la jeune femme se redressa légèrement, contemplant sans vraiment y prendre garde la silhouette du duc jusqu’à ce qu’il ne lui fasse de nouveau face. Là, elle lui adressa un fin sourire, tout en tentant de s’arrêter de jouer avec la serviette dont elle s’était emparée plus tôt. Satanée habitude ! Un instant de silence s’était installé. Même de la cuisine, plus un son ne parvenait. A croire que Barnabé s’était arrêté pour les écouter, idée qui tira une moue furtive à Elodie. Avait-elle seulement conscience qu’ils étaient bien les deux seules personnes à ne pas avoir compris ce qui se passait entre eux ? Certainement pas. Et pourtant, même Portau avait pu s’en rendre compte. Lâchant sa serviette, elle observa Philippe s’asseoir à nouveau, un sourire hésitant aux lèvres.
« J'espère ne pas vous faire peur, reprit-il, mais, je vous en prie, faites attention à vous. Je m'attends à tout de la part de cet homme. »
Elodie aurait volontiers répondu qu’il serait bien surprenant qu’elle puisse être victime de quoi que ce soit venant de sa part, sinon de quelques approches telles que celles tentées aujourd’hui, mais le geste de Philippe fit mourir les mots sur ses lèvres avaient qu’elle ne les ait prononcés. Doucement, il s’approcha, bien plus qu’il ne l’avait fait, et lui prit les mains. Noyées dans ses prunelles azures, la jeune femme resta figée, serrant imperceptiblement les mains qui avaient saisi les siennes. Troublée ? Elle l’était ; et ce, visiblement. Mais pour rien au monde elle ne se serait détaché du regard de Philippe à cet instant, aussi inquiétants ses mots puissent-ils être.
« Si je vous dis cela, c'est que je ne veux pas qu'il vous arrive le moindre malheur, encore moins par ma faute. Vous perdre me serait dévastateur, souffla-t-il, annihilant l’espace d’un court moment toute possibilité de réponse de la part d’Elodie. »
Il aurait été si simple, à ce instant, de se rapprocher un peu plus encore, et de mettre fin à ses doutes sérieusement ébranlés. L’idée, elle ne pouvait le nier, traversa l’esprit de la jeune Froulay qui sentit ses joues rosir sans pouvoir y faire quoi que ce soit.
« Je… je ferai attention, balbutia-t-elle enfin, tout en se maudissant de se laisser si facilement submerger par le trouble. Mais promettez-moi d’en faire autant… ajouta-t-elle, en rougissant un peu plus. - Mademoiselle, vous aviez oublié… oh, pardonnez-moi ! »
Brusquement, Elodie sursauta, et tourna la tête vers le vieux domestique qui ne faisait plus de bruit en cuisine pour la simple et bonne raison qu’il était passé au jardin. Entré en brandissant l’épée que la jeune femme avait laissée dans le parc, il eut un sourire attendri qui poussa la belle à baisser la tête, ses mains ayant soudain quitté celle de Philippe – à regret.
« Merci, souffla-t-elle à Barnabé qui déposa l’arme sur le seul coin de table qui n’était pas couvert de nourriture et rejoignit en silence la pièce qu’il avait quitté. »
Elodie le suivit du regard, avant de jeter un œil sur sa lame, puis d’oser revenir au duc. L’heure tournait, et celle de reprendre ses quartiers à la caserne arrivait. Pourtant, elle avait la sensation d’avoir passé si peu de temps avec le jeune homme… Sans doute la faute était-elle à rejeter sur Cédric. Un imperceptible soupir au bord des lèvres, elle adressa un sourire maladroit à Philippe.
« Il faut que je rentre, lâcha-t-elle, presque ostensiblement déçue. Mais voudrez-vous prendre une nouvelle leçon ? »
Elle eut un léger rire, tout en se levant. Avec une aisance trahissant l’habitude, elle noua son arme à sa ceinture et enfila le manteau qu’avait rapporté Barnabé avec l’épée. Fin prête, elle se tourna une dernière fois vers le duc, luttant contre des mots qu’elle ne parvint toutefois pas à retenir.
« Je suis heureuse de votre retour à Versailles, Philippe, confia-t-elle dans un sourire on ne peut plus sincère. A bientôt ! »
Et là-dessus, elle tourna enfin les talons, s’entaillant légèrement la lèvre lorsqu’il ne put plus la voir. La porte du manoir d’Artagnan se referma derrière elle, et rapidement, elle retrouva sa monture, installée devant un honorable tas d’avoine. Elodie sourit, se mit lestement en selle et donna des jambes pour s’éloigner, une soudain évidence en tête : elle avait définitivement plus que de l’amitié pour Philippe.
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| | | Philippe d'Artagnan
« s i . v e r s a i l l e s »Côté Coeur: Après avoir souffert ces dernières années, ma belle Elodie le remet en marche ♥ Côté Lit: Je suis fidèle à l'amour et à un seul être. Et je l'attendrais.Discours royal:
Ҩ PRINCE CHARMANT Ҩ Je te promets la clé des secrets de mon âme
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► Titre : Duc de Gascogne
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| Sujet: Re: On peut refuser les amis mais pas l'amour [élodie - cédric] 06.10.11 0:24 | |
| « Il se pourrait qu’il soit grandement déçu, alors … »
Cela n'était jamais bonne âme de se satisfaire du malheur d'autrui mais savoir que Cédric n'avait aucune chance avec Élodie le rassurait. Même si la jeune femme ne l'aimait pas, Philippe n'aurait pas supporté qu'elle tombe dans les bras de ce sale type. Déjà, si elle était prise ailleurs, cela lui ferait du mal, mais Portau était vraiment la pire des solutions. Heureusement, cela n'était pas le cas et un fin sourire se dessina sur les lèvres de Philippe. Plus le temps passait auprès de la jeune femme, plus d'Artagnan sentait que sa raison fondait comme neige au soleil. Foutu principe auquel il se tenait comme à sa raison de vivre … Il avait tant de choses à lui dire, Philippe ne savait pas vraiment où commencer ni quoi faire, le jeune homme ne fit que la regarder, incapable de la quitter des yeux.
Philippe s'était rapproché d'Élodie pour la mettre en garde. Tout était sorti du cœur, sans réfléchir, un véritable cri de l'âme, loin de toute sa raison qui le bousculait habituellement. Tout était tellement sincère, Philippe ne supporterait pas qu'il arrive malheur à la jeune femme. Il fallait avouer qu'il y avait une sorte de malédiction féminine dans la famille d'Artagnan et après l'épisode Emmanuelle, d'Arty avait peur qu'Élodie soit aussi prise dans ce tourment maudit, surtout avec Portau dans les parages … Il ne suffisait de pas grand chose pour que ces deux là s'embrassent enfin. Mais ni l'un ni l'autre n'allait bouger, chacun certain que l'autre ne ressentait pas la même chose.
« Je… je ferai attention. Mais promettez-moi d’en faire autant… » « Je … » « Mademoiselle, vous aviez oublié… oh, pardonnez-moi ! »
Philippe tourna la tête vers Barnabé, l'épée d'Élodie à la main, visiblement surpris de voir les deux jeunes gens si proches. Le rouge monta aux joues du jeune duc comme s'il était un enfant pris en flagrant délit. Leurs mains se délièrent, malheureusement pour le jeune homme qui avait apprécié ce chaleureux contact. Philippe regarda Barnabé qui quitta la pièce. Que ce serait-il passé s'il n'était pas intervenu ? Le jeune homme ne voulait pas savoir. Enfin si, il aurait bien voulu mais c'était fini. Ses yeux azurs se tournèrent à nouveau vers Élodie. Elle regardait son épée puis leurs regards se croisèrent. Décidément, Philippe perdait la raison mais dans le bon sens, il commençait à être évident que ses sentiments n'étaient pas faux, pas juste un rêve. Mais c'était déjà l'heure de se quitter, malheureusement …
« Il faut que je rentre. Mais voudrez-vous prendre une nouvelle leçon ? » « Contre toute attente, ce sera avec grand plaisir ! » lança t'il dans un rire. « Que dites vous de la même heure, mercredi ? »
C'est vrai que pour une première leçon, ce fut chaotique. Mais le jeune homme n'allait pas se laisser abattre. Et Philippe ne pouvait pas gâcher une occasion de revoir la jeune femme. Sans Cédric cette fois, juste tous les deux. Ils s'entendaient si bien, discutaient si naturellement et puis … Il était de plus en plus difficile de cacher ses sentiments, cette après midi avait montré plus d'avancée dans ses sentiments que dans toute une année ! La voir se lever lui laisser un goût amer, le Duc aimerait la voir rester, il aurait presque envie qu'Élodie partager le repas avec eux. Mais elle se rhabillait déjà, mettait son manteau et attachait sa lame autour de ses hanches. La déception sur le visage de d'Artagnan était plus que visible, même s'il souriait pour la bienséance. Se levant à son tour, ses yeux azurs ne quittaient un instant la demoiselle, sachant pertinnement qu'elle partait sous peu.
« Je suis heureuse de votre retour à Versailles, Philippe. A bientôt ! » « Cela m'a fait plaisir de vous voir, Élodie. »
Lui rendant son sourire, Philippe la regarda partir. A présent seul dans la cuisine, il ne put s'empêcher de se rendre à la fenêtre pour la regarder une dernière fois avant qu'elle ne quitte le domaine. Lâchant un long soupir, il retourna s'asseoir et joua machinalement avec un couteau, ne toucha pas à la nourriture devant lui. En quelques instants, il s'était replongé dans ses pensées. Et quelles pensées ! Il repensa à ce rapprochement entre eux deux, la façon dont ils étaient si proches, son cœur battant la chamade en sentant la chaleur des mains de la jeune femme contre les siennes et ce manque déjà trop grand alors qu'Élodie venait de partir il y a quelques minutes. Immobile à part ses mains jouant avec l'instrument tranchant, Philippe repensait à cet après midi, chaque image revenait en tête, tout comme chaque sentiment et à chaque battement de paupières, le sourire de la jeune femme revenait, permettant au cœur de partir au quart de tour un peu plus fort à chaque fois.
Puis il se leva, toujours silencieux, changea de pièce et appuya son épaule contre une poutre pour regarder son fils dormir paisiblement. Lui au moins n'avait pas encore de problème de cœur, pas de soucis de conscience ni de problèmes existentiels. Après avoir fait son beau et mangé, il dormait à poings fermés. Il était adorable et sociable, les sourires qu'il avait fait à Élodie montrait qu'elle était de confiance, même si Philippe n'en doutait pas un seul instant … Lâchant un nouveau soupir, il fit de nouveau quelques pas avant de se laisser tomber dans le gros fauteuil de son père, qu'il réquisitionnait pour l'occasion. Il n'avait toujours pas prononcer le moindre mot mais son regard en disait long sur les milliers de pensées qui traversaient son esprit. Barnabé vint le voir et s'assit sur une chaise à côté de lui.
« Je sais à quoi tu penses … » « Non, tu ne sais rien. » « Je sais ce que j'ai vu . Quand je vous ai interrompus, mademoiselle de Froulay et toi, vous étiez sur le point de … » « De rien du tout. Je la mettais juste en garde pour qu'il ne lui arrive rien. » trancha t'il, l'air grave.
Le vieil homme secoua la tête, laissa planer quelques secondes avant de reprendre la parole.
« Qu'est ce que tu as à ruminer comme ça alors ? » « Je … Oh, Barnabé, tu sais bien ce que j'ai ! » « Tu es amoureux. Ne le nie pas … Voilà, tu rougis, au moins cela a le mérite d'être clair. Pourquoi ne l'assumes tu pas ? » « C'est tellement contraire à mes principes … » « Quel principe empêche donc d'aimer ? »
Philippe secoua la tête, se leva et sortit du manoir pour faire quelques pas. Barnabé avait raison, il y avait tellement plus que de l'amitié qu'il éprouvait pour Élodie. Il avait pensé à elle tellement de fois en Gascogne, elle avait pesé dans la balance quant à son retour et maintenant, elle était une raison pour aller de l'avant. C'était certain, il aimait la jeune femme. Mais avant, il allait devoir en parler à quelqu'un, une personne qui pourra lui dire si aimer une autre personne alors que sa fiancée est décédée il y a peu (deux ans, tout de même !). Et là, il ne voyait qu'une personne qui pourrait le guider sur la bonne voie. Sous peu, un homme d'église aura le droit à la confession d'un d'Artagnan amoureux …
FIN |
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