« Il était une fois ... »
Né dans la soie et l'abondance de bonnes choses, j'étais le seul héritier d'une famille qui, sous le règne de notre roi Charles II, bénéficiait d'une confiance sans limite de celui-ci. Cependant, comme nous étions si proche de celui-ci, nous devions vivre dans l’ombre de notre roi, pour notre seule protection. Cela ne m’empêcha pas de sortir m’amuser avec mon bon ami du Perche. Deux garçons de bonne famille le soleil levé ...et deux démons de la nuit, assoiffés de fête, de femmes et de folies le soir venu. Les damoiselles se jetaient presque littéralement à nos pieds à cette époque. Si bien que nous en avions trop pour nous même et que parfois, il nous venait l’idée de nous en échanger! La luxure et la gloire était notre principal convoitise en ce temps où les femmes ne se faisaient point prier pour remonter leurs jupons et se laisser prendre par nous, les hommes.
J’étais très jeune lorsque le roi Charles Ier fut décapité le 30 janvier 1649. À son retour de l’exécution, j’entendis mon père ,le coeur gros, discuter de comment son défunt roi fit face à son destin avec fierté et humilité. Sachant très bien comment Charles pouvait réagir avec grâce devant une foule qui ne lui voulait que du mal, il ne fut pas étonné de voir qu’il s’était vêtu de plusieurs chemises car, la morsure de l’hiver étant bien arrivé, il ne voulut surtout pas faire passer ses tremblements par ceux de la peur. Il sera donc mort décapité, et à jamais digne d’avoir porté le titre de Roi sur ses épaules honorables.
Mon père, ayant été très proche du roi, ce cher Cromwell alors nommé Lord Protecteur inquiet que le bon ami du monarque ne se fasse dangereux en ces terres à risque, l'envoya respira un tout autre air que celui du sol britannique. Il persuada mon père (avec des moyens de pressions) d’aller s’exiler en Amérique, lui promettant un poste très haut placé au sein de cette nouvelle société grandissante.
Onze années se succédera sous le règne militaire d’Olivier Cromwell , avant que le nouveau roi Charles II prenne place sur le trôle de l’Angleterre le 29 mai 1660, lors de son trentième anniversaire. Je quittais les Amériques pour assister à son couronnement, fièrement au coté de mon père qui se tenait droit pour faire bonne impression. Je voyais dans ses yeux une grande admiration pour son nouveau roi, malgré le fait que le précédent lui manquait toujours horriblement à chaque fois qu’il croisait son portrait sur les murs Royales.
Je ne fus pas mécontent en revanche de revenir en Amérique, car je n'y ai jamais vu d’aussi beaux paysages. De grands arbres peuplent ce pays qui me fait tant rêver depuis mon enfance. Ces rivières, abondantes de poissons, jouent une mélodie dès plus accueillantes.
Nous n’étions cependant pas les seuls à peupler ces divines terres. Les sauvages, tapis au sol, nous espionnaient jours et nuits. Parfois le soir, couché dans mon lit, je pouvais en entendre crier dans leur dialecte inusité.
À cette époque, je me doutais pas encore que le malheur rôdait autour de moi et que, quelques années plus tard, il me propagerait dans l'ombre, la honte et l'amertume.
La gloire de cette nouvelle vie m'aveuglait. Politicien à mes heures, je gagnais les coeurs de bons nombres de gens, mais surtout ceux des femmes qui s'accumulaient de semaines en semaines dans mon tableau de chasse de la gente féminine Américaine.
Ces femmes ...Étrangement beaucoup plus ouvertes d'esprit que bons nombres d'anglaises, ne cessaient de tomber comme des pétales de roses dans mes draps, dès que la lune se présentait à nous.
Mais tel est pris qui croyait prendre ...
Un soir, une femme s'endormit à mes côtés...D'une beauté pure. Une jolie blonde. Ses cheveux dorée m'enivrait à chaque fois qu'ils effleuraient ma peau...La seule qui passa plus d'une fois le seuil de ma porte ...Cette femme, cette déesse fini par me tuer. Non pas littéralement, mais presque. Sans le savoir, notre rencontre était liée par celui du sang. Tel père tel fils ...Nous n'y pouvions rien. Les Cresacre ayant toujours eu une libido plus qu'active, il ne fut pas surprenant que mon père eu une liaison avec la mère de cette jeune nymphe et qui s'avéra donc être ma soeur.
L'inceste.
Je ne pouvais me résumer à y croire. Pour me perturber davantage, j'appris qu'elle était enceinte de moi. Ma soeur, un enfant du même sang ...
La honte grandissait en moi. Je faisais le déshonneur d'une famille respectable et haut placée dans la société. Un homme que je croyais mon ami usa vicieusement de chantage pour m’extorquer de l’argent sinon il menaçait de tout révéler. Je n'osais imaginer l'impact de cette révélation qui créerait un scandale sans précédent. Mon père se rendit compte que mon argent diminuait de jours en jours, mais, il connaissait très bien ma réputation. Il crut que je m’adonnais encore à certaines frasques de jeunesse. Il eut alors l'idée de me fiancer afin de me calmer et je signais contraint et forcé, un contrat de mariage avec la famille of Leeds, puissante et loyale lignée d'Angleterre.
Je vécus fort mal ce stress. Je me sentais captif de ma propre vie. Je devais remédier à cette galère. Devenu sans le sous peu de temps après, Une seule idée me vint alors en tête.
Passer pour mort aux yeux de tous.
Malheureusement pour moi, j'en décidais ainsi le jour où je devais enfin voir mon épouse par procuration. Profitant de ce fait, je fis croire à mes parents qu’avec l’arrivée d'un cyclone, je ne pouvais faire autre chose qu’aller sauver Amy pour ne pas qu’elle se fasse prendre dans la tempête. Ma mère, émue par ma soudaine galanterie, me crut et je sortis donc sur ma monture, non pas pour sauver ma bien-aimée, mais pour partir à la recherche d’un mort récent gisant à terre, grâce aux fortes bourrasques de vent et à la pluie torrentielle. La chance me sourit quand, peu de temps après, j’en découvris un, écrasé par un arbre. Je descendis de mon cheval en prenant bien soin t’attacher son licou à une branche robuste et m’avançai lentement vers ce cadavre ensanglanté ...Les détails m’apparurent avec horreur. De ma taille et ma corpulence, je me pris à penser que cet homme aurait bel et bien pu être moi si j’étais sorti un peu plus tôt ...
Dégouté en premier lieu, mais déterminé par la raison, j'échangeai nos vêtements et déposai dans la poche de mon défunt veston le médaillon destiné à ma fiancée.
C'est ainsi que je suis depuis cette mort terrible, mort et enterré aux yeux de tous pour dissimuler les effets horribles de mon libertinage.
Car oui, non seulement ai-je commis l’inceste, mais bel et bien l’adultère aussi. Dépravé, aucun Dieu de ce monde n’aurait voulu de moi en son paradis. Mais une nuit, je sortis de ma cachette et allais par curiosité pure, voir les réactions des habitants du palais. J'espionnais aussi ma chère fiancée qui, dès que je l’aperçus, fit battre mon coeur plus que jamais dans ma poitrine. J’en étais devenu éperdu d’amour pour elle. Au travers de la fenêtre, je voyais se dessiner une jeune femme à l’allure féline. Ses gestes, doux comme ceux d’une reine me fit sourire plusieurs fois. Comme j’aurais aimer ouvrir cette fenêtre et la rejoindre pour enfin la prendre dans mes bras et consommer notre amour comme il aurait dû être ! Il était bon de rêvasser ...mais il en était moins de savoir qu’elle était courtisé par d’autres que moi. C’était légitime pour elle qui me croyait trépassé ...Cependant, pour moi ce fut un vrai calvaire. Elle ne semblait pas vraiment portée vers eux, ce qui me calmait un peu, mais l’idée qu’un jour elle se remarie sous mes yeux, sans que je puisse intervenir...Cette idée me rendait fou! J’en avais la rage au coeur !
Quand la haine me faisait trop mal, j’allais espionner d’autres membres de ma famille. J’ai pleuré en silence le soir où, à travers le carreaux de la fenêtre, je vis ma mère devant un de mes portraits, s’écrouler au sol en frappant de toutes ses forces les planches de bois sous ses pieds. Elle pleurait fort. Si fort que mon père ouvrit la porte dans un élan, et, la découvrant ainsi anéantie, ne put faire autre chose que fondre à son tour en la serrant dans ses bras.
Mon fils ...mon fils ...Mon unique fils ...mort!...
Ma mère ne cessait de crier cette phrase.
Quel gâchis ...quelle honte ...Faire aussi mal à ma famille, moi qui détestais voir les autres souffrir à ma place! Qu’ils souffrent à cause de moi me torturait l’esprit, pire que si j’étais devenu prisonnier de guerre. Peut-être aurait-il mieux valu mettre fin à mes souffrances alors ? mais non ...La seule personne qui me captura était moi-même et je fus trop lâche pour me donner la véritable mort.
Revenu dans mon antre, je ne faisais que penser à ce qui aurait dû arriver, la nuit où je feignis mon décès.
Nous aurions dû nous rencontrer, Amy et moi, en ce soir de tempête et de par notre union, nous aurions été les plus heureux du monde. Je lui aurais donné la lune et lui aurais fais un magnifique collier avec les étoiles ...Mais je ne suis plus qu’une pierre tombale pour elle ...Hélas ...hélas ...
Après le départ de ma fiancée pour la France, plus rien ne me retint à Philadelphie. Mon amour partie pour l’ancien continent, je décidai donc de partir à l’aventure à travers ce pays.
Mes rencontres furent des plus mémorables. En direction de la Virginie, je croisai dans les blés une famille de Powhatan qui, bien que réticente à mon approche au départ, finit par m’accueillir chez eux pendant quelques semaines. Là-bas, j’y appris comment ils vivaient et les moeurs de leur nation. La langue qu’ils parlaient, une forme d’Algonquin, était tout à fait fascinante. Ils me firent par d’une légende, celle de Pocahontas. Une femme qui aurait été la femme de l’honorable John Smith mais, qui par une soudaine maladie, mourra en mer en 1617, vingt trois ans avant ma naissance.
Apprendre de ce peuple était enrichissant, cependant, je ne devais pas rester sédentaire au risque de me faire deviner. Je décidai donc de repartir, laissant les Powhatans à leur vie d’avant mon arrivé et j’arrivai en Virginie peu de temps après à l’aide d’un kayak que ce peuple m’avait confectionner en guise d’offrande. Usé par les intempéries et les rochers, je n’eus d’autre choix que le laisser sur la rive avant de continuer mon chemin vers le village.
Le son d’un accordéon et d’un violon au loin attira mon attention. Je suivis donc la musique jusqu’à ce qu’une taverne se dessine à l’horizon. Heureux, j’y entrai et ne me fit pas prier quand un vieil homme au nez rougit par l’alcool me proposa une pinte.C’était coutume en ce lieu de payer une première bière aux nouveaux arrivants. Il s’avéra que cet homme fit office, la nuit suivante, de mon futur mentor. Il comprit que j’étais étranglé par l’argent donc m’offrit un poste d’horloger. Ce monsieur, Mc Lean de son nom, ne saura jamais à quel point il me fut bénéfique. Il mourra quelques mois plus tard d’une maladie de foie. Je me permis de prendre son nom de famille afin de couvrir mon anonymat ...
Il eu cependant le temps de m’apprendre tout les rudiments de ce métier et, par conséquent, devenu maître à la matière, je passais de simple horloger de village à celui d’horloger du protocole, poste offert par un trait haut placé de Versailles.
J'aurais pu continuer à vivre ainsi si, par malheur, je n’avais pas rencontré mon bon ami de toujours, Guillaume du Perche. Celui-çi m'annonça qu'Amy était devenue la favorite officielle du Roi de France. Je voulais faire alors comme le duc de Kent avait fait pour sa fiancée : Joan. C'est à dire débarquer à Versailles et récupérer MA FEMME. Guillaume me couvrit lorsque je dûs quitter la France, clandestinement, à bord d’un navire et me calma sur mes intentions. Il faut dire que six mois de traversée aident aux réflexions. Pauvre du Perche ...Le nombres de sacrifices qu’il dû faire pour moi ne peuvent plu se compter sur les doigts d’une main. Pourtant, je sais qu’il le fait de bon coeur. Nous avons toujours eu une certaine complicités ensemble qui ne s’invente point. Ayant fait les 400 coups étant plus jeune, nous nous connaissons comme si nous étions de véritables frères de sang.
Je ne pourrais parler de mes relations sans passer d'Eugénie de la Galaisière. Jamais je n’aurai pu compter une femme comme l’une de mes amies avant l’épisode honteuse d’inceste qui freina assez férocement mes ardeurs en ce qui concerne les damoiselles. Cette Galaisière deviendra au fil du temps une confidente exceptionnelle. Connaissant très bien ma très chère épouse par procuration, elle me parla d’elle chaque jour et continuera, me faisant part de ses nouvelles et je boirai ses paroles comme de l’eau. Sans sa présence, mes journées n’auraient pas été aussi agréables, surtout depuis que je dois me cacher chez du Perche.
Et pour finir dans mes nouvelles relations ...Cet impitoyable serpent. Ce vil de Nicolas de Ruze, envoyé à moi pour une raison encore nébuleuse bien que je soupçonne fortement ma très chère Amy de l’avoir envoyé à ma poursuite sans connaissance de cause ou du moins ...non fondée. Mousquetaire de métier, ce rustre de Ruze est prêt à tout pour me mettre la main au collet. Si bien que parfois, réussissant à me trouver, lui et moi engageons une solide bataille qui, bien qu’étant agile il perd toujours. En revanche, un mousquetaire n’en serait pas un s'il ne savait pas manier l’épée tel un maître des armes ! Moi même n’étant pas aussi fort que lui à ce jeu, il réussit à quelques reprises à me faire saigner. Rien de grave cependant, mais assez pour me faire prendre la fuite. Malgré ce qu’on en croit des rumeurs, une personne ayant vécue la moitié de sa vie dans la luxure et l’abondance n’a pas seulement l’esprit vif, mais a aussi un cardio du tonnerre, si vous voyez ce que je veux dire ...? Chacun ses atouts après tout !
Arrivé en France, et étant devenu maître à la matière, je passais de simple horloger de village à celui d’horloger du protocole à Versailles, poste offert par un trait haut placé de Versailles. L'exactitude est la principale qualité de Louis XIV, je lui suis donc indispensable.
Les gens qui me connaissent, savent de quoi je suis capable, et ce que je peux faire. Le sang facilement et rapidement en ébullition dans mes veines, mon agressivité n’a d’égal que ma force de caractère quand je suis en colère. Ce qui arrive assez fréquemment. Le sang chaud en moi provoque une rage et une impulsivité incorrigible, quand une situation conflictuelle arrive à moi. Cependant, jamais je n’oserais confronter de jour un duc ou une autre personne de la noblesse mais de nuit sous le masque, tout m'est permis ...
Surtout que ... grâce aux confidences d’Eugénie au sujet de la femme de mon coeur, je connais très bien ceux qui lui veulent du mal ou qui conspirent contre elle. Bien que dans l’ombre, je serai toujours près d’elle, la protégeant contre tous ceux qui auraient des idées noires envers elle. C’est pourquoi, parfois j’envoie un petit cercueil en bois, destiné aux malheureux qui ne se douteront pas de leur sort avant de me voir surgir de la pénombre pour les menacer directement et SÉRIEUSEMENT ! Je n'avais vraiment tué mais si cela devient nécessaire, je n'hésiterai pas !
J’ai aussi une tête de mule, comme dirait mon père. Il est très difficile de me raisonner lorsqu’une idée se dessine dans mon esprit. Cependant, ce trait de personnalité ne concerne que mes problèmes. Dès lors qu’une autre personne entre en jeu, je sais me tempérer. Étant altruiste de nature, je détesterais voir une personne qui m’importe subir à son tour les tords de mes conflits. Devenu silencieux depuis la fin de ma vie sociale, ceux qui me croisent chuchote souvent des Cet homme a l’air mystérieux cette homme ... et des Oh, ce qu’il semble sévère pour son jeune âge! ...Je ne puis les blâmer à vrai dire. Ils doivent avoir raison après tout. Les délices de la vie ont fini par faire de moi un être immonde, forcé de se tapir dans l’ombre le jour et de sortir le soir tel une infâme bestiole de la nuit ...
Je vous surveille, peuple maudit. Je suis les yeux qui voit tout, et les oreilles qui entendent vos pires insolences. Surveillez-vous, car qui sait ce qui pourrait vous arriver si vous touchez à un seul cheveux de ma chère Amy ...qui sait ce qu’une lame de faux trépassé pourrait faire avec votre carcasse de riche noble.
D'ailleurs, je n'ai pas pu résister à l'envie irrésistible de vous écrire chère Amy, pour vous dire que vous aviez un admirateur et protecteur secret. Vous m'avez répondu en me donnant rendez-vous en Guyenne, sans doute une marque de délicatesse pour me mettre en confiance. Je vais bien trouver une explication pour quitter momentanément mon travail et vous rejoindre !
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Une inceste. Un adultère. Un meurtre...Mon propre meurtre. Un deuil pour une jeune femme impuissante face à son destin. Les regrets d’une vie. L’amertume de celle-ci. Le loyauté d’un ami au courage sans conteste le plus admirable qui soit. Une nouvelle amitié. Un vicieux ennemi. Un amour arraché, souillé par mes frasques insouciantes. Une âme dans le noir, cherchant le soleil et le mouvement où l’air sera moins lourd et où le passé sera le passé pour laisser place à un présent fait d’amour, de bonheur et de passion ... Je ne peux pas mieux me résumer !