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| [Palais Royal] "Contre la médisance il n'est point de rempart" {Francesco} | |
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Invité
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| Sujet: [Palais Royal] "Contre la médisance il n'est point de rempart" {Francesco} 15.06.11 21:56 | |
| « Oui, j'aime mieux, n'en déplaise à la gloire, Vivre au monde deux jours, que mille ans dans l'histoire. » — Moron, acte I, scène II, vers 229-230 Il y a des soirées où jouer ne relève pas d'un travail de longue haleine. Ah, La Princesse d'Elide, cette jolie comédie galante était toujours plaisante au public du Palais Royal : Euryale, prince d'Ithaque, amoureux de la Princesse d’Élide, et Arbate songouverneur,lequel, indulgent à la passion du Prince, le loua de son amour, au lieu de l'en blâmer, en des termes fort galants. Joséphine n'avait pas la prétention de jouer la princesse, juste Cynthie, la cousine de la princesse. Alors quand elle n'était pas sur scène, la demoiselle aidait les autres rôles à changer de costumes, à coiffer et aussi à remaquiller. Malgré les subventions de Monsieur, il ne fallait pas croire que les comédiens étaient riches, parfois ils fabriquaient eux-même leurs costumes. La comédienne adorait coudre alors, au manoir du dramaturge, quand elle ne répétait pas, elle cousait, ses robes de scène voire ses robes de tous les jours. Et quand on le lui demandait gentiment, elle pouvait aussi faire celles des autres. Un bel exemple : Claire, qui jouait la princesse d'Elide sur scène, portait un costume fait main par Joséphine elle-même. C'était une petite fierté pour la jeune femme qui regardait son amie jouer gracieusement sur scène.
Mademoiselle La Grange avait appris beaucoup de choses lors de sa vie à Aix en Provence. Lorsque l'on grandit dans une maison close, cachée des clients qui n'en aurait fait qu'une bouchée, il fallait bien l'occuper. Alors la jolie brune passait son temps à lire, s'instruire et coudre. Elle ne pouvait pas jouer de la musique le soir, sa mère avait trop peur que cela attire des hommes dans sa chambre, elle ne pouvait toucher à son instrument que pendant la journée. Et les sorties étaient rares, davantage au fil des années. Autant dire que partir chez sa tante fut presque un soulagement. Et après, sa vie d'aventures, Joséphine pouvait bien avoué que ses multiples talents avaient sauvé sa vie, cela lui avait évité de faire la manche et avait limité les moments humiliants. Aujourd'hui, elle pouvait combiner deux passions et ne pouvait que s'en satisfaire …
Durant tout l'acte II, elle fut sur scène et jouait comme si demain, tout devait s'arrêter. Elle vivait pour son art et Molière lui avait fait assez confiance pour la faire entrer dans la troupe. Et puis, elle pouvait davantage parler d'amour avec conviction, puisque son cœur battait à nouveau pour un garçon.
Je sais qu'en défendant le parti de l'amour, On s'expose chez vous à faire mal sa cour; Mais ce que par le sang j'ai l'honneur de vous être S'oppose aux duretés que vous faites paraître, Et je ne puis nourrir d'un flatteur entretien Vos résolutions de n'aimer jamais rien.
Elle ne paraissait qu'à l'acte II et à l'acte V, elle pouvait donc profiter du spectacle en coulisses. Par curiosité, elle regarda les spectateurs dans la salle mais ne reconnut pas de visages « familiers », ceux qui vont à la comédie très régulièrement. Parfois, ce n'était pas plus mal, certains étaient particulièrement collants et sans gêne. Enfin, voici la fin du spectacle, une dernière révérence et le rideau tomba devant eux. Comme ils jouaient à Paris, la plupart se dépêchaient pour se changer et aller faire la fête ! Joséphine n'avait pas envie de courir les tavernes, ce n'était pas son genre et puis elle commençait à fatiguer. Alors qu'elle finit de se changer, Joséphine sortit de derrière le paravent avant de se figer en voyant une ombre d'une connaissance.
Pas lui … murmura t'elle
Et le voilà qui fit irruption dans les loges presque désertes des comédiens. Sans parler, il puait l'arrogance et son visage allait dans ce sens là. Joséphine le connaissait bien qu'elle aurait aimé ne jamais croiser sa route : Francesco di Venezia. Pourquoi déjà le connaissait-elle ? Ah oui, sa bonne âme de justicière l'avait jeté dans la gueule du loup. Cet homme ne cessait de harceler Claire, une autre comédienne de Molière et faisait pression sur elle. Joséphine détestait cette injustice et lui avait dit ses quatre vérités à ce goujat, sans vraiment savoir qui il était. Ce n'est que plus tard, apprenant qu'il était ambassadeur vénitien que la demoiselle sut qu'elle courait un risque. Et pourtant, cela ne l'avait pas empêché de le rembarrer à chaque fois qu'elle le voyait rôder autour de l'hôtel de Molière ou là où se trouvait Claire. Et aujourd'hui, il était de retour. Son tempérament sanguin ne la disposait pas à la retenue pour la jeune femme. Pourtant, elle ne fonça pas directement sur lui, tenta de se calmer en prenant les costumes posés à droite à gauche pour ranger grossièrement ces loges tout en l'interpellant.
Si vous venez applaudir la troupe, cela est trop tard. Si vous voulez vous salir les mains à ranger, ne touchez à rien, vos mains sont sûrement plus noires que le sol. Et si vous avez l'âme à jouer au maître chanteur, Claire est déjà partie, grand bien lui fasse !
Et avec un regard bien noir qui voulait tout dire, Joséphine tentait de faire abstraction de cet être immonde. Mais cela ne durerait pas longtemps, elle le connaissait, il allait répliquer par une phrase cinglante juste pour la provoquer. Et elle allait évidemment lui jeter des insultes au nez.
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| | | Francesco Contarini
« s i . v e r s a i l l e s »Côté Coeur: Je m'aime tellement ! Quoique, il est possible que je l'aime elle aussi...Côté Lit: C'est open bar ! Entrée gratuite pour les libertinsDiscours royal:
• DON JUAN • Revenu des Enfers
► Âge : 27 ans
► Titre : Nobilis Homo vénitien, Ambassadeur déchu, Banquier de la Main de l'Ombre & bras droit de Victor d'Amboise
► Missives : 710
► Date d'inscription : 16/01/2011
| Sujet: Re: [Palais Royal] "Contre la médisance il n'est point de rempart" {Francesco} 09.07.11 14:32 | |
| Alors que le rideau tombait sur la troupe de Molière, le public continuant de leur faire un triomphe, Francesco s'empressa d'enfiler ses gants de soie noir, de rajuster sa cape moirée sur ses épaules et de saluer poliment quelques connaissances avant de se diriger discrètement vers les coulisses. Il fallait qu'il confit à cette sotte de Claire Ornelle une missive de la plus haute importance destinée à Hector de Valois. Malgré le fait que la jeune femme soit parfois bien maladroite dans l'art de la discrétion, il continuait à la garder à son service sous la menace du chantage. Rien que de penser aux yeux larmoyants et apeurés de la jeune femme donnait envie de rire au vénitien... "La pauvre enfant !" pensa Francesco, cynique. Tout cela à cause d'une amourette avec un mousquetaire..Ce qu'il pouvait être dénué de romantisme ! Oui, Son Excellence était tout sauf fleur bleue ! Il pressa le pas dans les couloirs étroits du théâtre, il devait retrouver plus tard dans la soirée à Versailles sa belle Duchesse de Longueville qui était certainement la seule femme pour laquelle il avait un profond respect. Après tout ils étaient complices dans le complot comme dans leurs âmes ou entre les draps ! Elle lui ressemblait tant ! Impatient d'être débarrassé de cette corvée pour retrouver sa délicieuse amie, il bouscula sans ménagement un comédien qui sortait tout juste des loges puis entra sans même prêter attention aux insultes du moins que rien. D'un air hautain, restant sur le seuil, son regard balaya la pièce avec un léger rictus de dégout. Personne. Il avait pourtant été catégorique : elle devait l'attendre dans les loges ! Quelle piètre sous-fifre ! Elle verra ce qu'il en coûte de désobéir au Prince de Venise ! Sentant la colère monter en lui comme un enfant capricieux à qui on refuse un jouet, il se retourna prestement dans un claquement de talons lorsque une voix se fit entendre derrière lui.
"Si vous venez applaudir la troupe, cela est trop tard. Si vous voulez vous salir les mains à ranger, ne touchez à rien, vos mains sont sûrement plus noires que le sol. Et si vous avez l'âme à jouer au maître chanteur, Claire est déjà partie, grand bien lui fasse !"
A ces mots, un sourire moqueur se dessina sur les lèvres de l'italien avant qu'il se tourne vers la propriétaire de cette voix. Joséphine Lagrange. L'amie dévouée de Claire rangeait la loge comme la plus triste des servantes. "Quelle audace !" Pensa Francesco. Elle était bien la seule personne d'aussi basse condition à lui parler sur ce ton. Il repensa au jour elle s'était interposée la première fois entre lui et son amie comédienne. Il se rappela comme il était outré d'un tel manque de respect envers sa personne si supérieure à cette souillon ! Toutefois, malgré son orgueil blessé, il ne manqua pas de relever que ce visage lui était bien familier. Il faudrait qu'il tâche de connaitre l'explication d'un tel malaise...
"Allons Signora, dit Francesco d'une voix doucereuse. Je ne suis point un valet, je laisse toujours ce travail au autres, vous vous en doutez. Après tout, vous le faites avec un tel talent que je ne voudrais point gâcher votre performance !" Ajouta-t-il sur un ton acide, en examinant du bout des doigts les tissus des costumes restés sur le dossier d'une chaise comme on examine quelque chose d'étrange.
"Comme cela est triste, soupira-t-il en rejetant avec lassitude la manche d'un costume de Dorimène, comme pour se parler à lui même. Bien que cette conversation est des plus...passionnante, sauriez-vous m'indiquer où se trouve cette "charmante" Mademoiselle Ornelle ?" Demanda l'Ambassadeur d'un ton dur et insistant.
Il fallait impérativement que la lettre parvienne au Duc de Valois ce soir. En effet, faisant parti des plus grandes fortunes des mains de l'ombre, il finançaient régulièrement les projets du Duc...Quand il ne devait pas en donner à ce misérable Cédric de Portau ! La pensée de ce cloporte le répugna au plus haut point. S'impatientant devant le silence de la comédienne qui continuait à ranger la loge, Francesco laissa un peu de côté la bienséance et la politesse :
"Perdonami d'insister Signora. Où est Claire Ornelle ?" Ordonna le Vénitien, menaçant.
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