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 Il faut parfois savoir se montrer déraisonnable… | Philippe d'Artagnan

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MessageSujet: Il faut parfois savoir se montrer déraisonnable… | Philippe d'Artagnan   Il faut parfois savoir se montrer déraisonnable… | Philippe d'Artagnan Icon_minitime14.09.10 0:05


Il faut parfois savoir se montrer déraisonnable… | Philippe d'Artagnan Ffffm Il faut parfois savoir se montrer déraisonnable… | Philippe d'Artagnan KeiraKnighley
Le cri du sentiment est toujours absurde ;
mais il est sublime, parce qu'il est absurde.
Charles Baudelaire


C’est sur une note toute aussi tranquille que l’avait été le reste de la journée qu’une nouvelle fois, le soir tombait sur Versailles. Il n’était pas tard. Sept heures, peut-être un peu plus. Mais pourtant, déjà, la nuit ne tardait plus, reprenant doucement ses droits sur la grisaille du ciel, assombrissant peu à peu un ciel où, pour la première fois depuis deux jours, le soleil avait consentit à se montrer. Un soleil pâle, mal assuré presque, digne de l’heure tardive à laquelle il faisait son apparition, et que les affres sombres n’auraient sans doute aucun mal à dépasser et faire disparaître aussi facilement que s’il n’avait rien été d’autre qu’une livide étoile. Mais il tenait bon, vaillamment, inondant de quelques lueurs rosées les nuages aux gris nuancés qui le dissimulaient depuis longtemps. Les inondant doucement, sans le moindre accroc, semblable à la façon dont le jour s’était écoulé sur la ville et sa splendide demeure royale. Tranquillement. Luxe que, en ces temps troublés, rares étaient les journées à pouvoir se payer. Complots aux rumeurs angoissantes, ragots médisants, conversations animées, évocations de duels interdits… Depuis l’arrivée de cette Cour aux si différentes et vicieuses facettes, rares étaient les jours à pouvoir se targuer de n’avoir été secoués par aucun scandale ou autres bruits qui faisaient le quotidien des courtisans et dont se gavaient aussi bien les plus nobles comme les simples roturiers. Celui-ci, dont les heures coulaient lentement vers la fin, faisait exception à la règle. Aujourd’hui, rien de particulier, rien de notable ne s’était passé à Versailles. Un Versailles tranquille.

Trop tranquille, même, au goût de certains pour qui ce n’était plus doucement mais longuement que les minutes s’égrenaient. Du courtisan errant dans la magnifique prison dorée que le Roi Soleil avait bâtit pour sa Cour au marchant s’ennuyant sur son comptoir en passant par le paysan désœuvré… Chaque jour après tout, portait son lot d’ennui ou de langueur. Ou de fébrilité. Mais sans doute étaient-ils plus rares ceux qui, comme le mousquetaire qui pénétra vivement dans la cour de l’hôtel réservé à son corps d’armée, voyaient enfin venir la fin de la journée. Plus rares, oui ; et dont la frénétique envie de voir le soir tomber pouvait avoir de bien différentes raisons. Des raisons insoupçonnées, sans doute autant que pouvaient l’être celle du jeune homme qui sauta lestement à bas de sa monture lorsque cette dernière se fut arrêtée face aux écuries. Distraitement, il lui flatta l’encolure et, chose qu’il faisait rarement, laissa l’équidé aux bons soins d’un palefrenier qui passait par là. Eric de Froulay avait généralement plutôt à cœur de s’occuper lui-même de l’étalon qui lui était absolument nécessaire dans ce tout qu’il faisait, mais ce jour-là, visiblement, dérogeait aux règles. D’un sourire, le soldat remercia l’homme qui s’empara des rênes et, non sans avoir échangé quelques rapides mots avec lui, finit par tourner les talons pour regagner la cour de la caserne au milieu de laquelle joutaient quelques un de ses compagnons d’arme.

« Vous joindrez-vous à nous, Eric ? Il me semble avoir une revanche à prendre… lança d’ailleurs l’un d’entre eux en adressant un salut au jeune Froulay. »
Un sourire énigmatique, comme la chose lui arrivait souvent, au grand dam de son entourage qui la plupart du temps ne parvenait à donner de signification à cette mimique, étira ses lèvres tandis qu’il s’arrêtait un instant, observant les deux bretteurs du moment avant de passer à son interlocuteur. En effet, ce dernier avait une revanche à prendre sur leur dernier duel – si tant est que l’on puisse appeler ainsi une joute amicale. Revanche qu’il comptait bien lui offrir, certes, mais un autre jour.
« Navré, mais je crains d’avoir prévu… autre chose pour ce soir, lança donc l’intéressé. »
Il y eut un rire entendu parmi les témoins de ce petit dialogue, rire qui arracha une nouvelle fois ce rictus si particulier à la fine – trop fine – bouche du jeune homme. Inutile de chercher bien loin pour trouver à quoi les mousquetaires pouvaient bien penser d’une telle affirmation. Grand bien leur en fasse, du moment qu’ils ne s’évertuaient pas à réfléchir plus que cela. Que les autres réfléchisse, oui. Voilà ce qui était dangereux pour le jeune homme aux traits si… féminins pour être justement, ceux d’un homme. Que les autres réfléchissent à tout ce qui faisait d’Eric un si mystérieux personnage, tant au niveau de son physique presque androgyne – presque ? – que de la discrétion qui entourait sa vie en dehors de celle que menait tout mousquetaire. Oui, mieux valait qu’ils ne se perdent dans de fausses suppositions telles que celles qu’ils pourraient appuyer sur une réplique comme celle qu’il venait de lancer. Il, ou elle, d’ailleurs.

Sur cette information volontairement pleine de sous-entendus et ce sourire allant de paire avec, le soldat prit donc congé de ses camarades pour se rendre directement dans la chambre qui lui et son frère occupaient. Là, une fois seul, il se laissa un instant tomber sur le lit situé tout à droite de la pièce, laissant échapper un soupir. D’un geste mécanique, il passa une fine main dans la longue chevelure fauve qui venait de s’échapper de son feutre et qui, éparse sur le drap, aurait presque put le trahir si les hommes n’avaient pas été aussi persuadés d’avoir le monopole des armes. Ce qu’ils avaient, d’ailleurs, en apparence. Et en réalité aussi. Si l’on exceptait une personne. Elle – finalement. A cette pensée, comme souvent lorsqu’elle était seule, un vague rire amusé échappa à Elodie. Excepté elle, oui mais de cela, rares étaient les personnes à en avoir connaissance. Bien que la liste ne se soit dangereusement allongée, ces derniers temps. Et de noms plus ou moins dangereux. Au rire succéda une grimace sur le visage pâle de la jeune femme à la pensée du dernier en date. Une imprudence. Une imprudence qui avait d’ailleurs faillit lui coûter cher. Mais là, ce soir, n’était pas la question. Vivement, elle se redressa. Non, ce soir, cette casaque que, selon les mœurs, elle ne devrait pas porter et tous les ennuis qui allaient avec passaient au deuxième plan. Ce soir, et sa raison avait beau se rebeller contre la chose, Eric redevenait Elodie. Une Elodie aux sentiments on ne peut plus contradictoires…

Rapidement, la belle se débarrassa de son uniforme pour ne garder qu’un simple habit masculin par-dessus lequel elle passa un manteau sombre, dans les mêmes teintes que le feutre qui dissimulait ses longues mèches brunes. Adressant une prière à qui voudrait bien la recevoir pour ne pas croiser François ou – pire – Ruzé avant d’être sortie, elle quitta sa chambre pour se diriger à nouveau vers la cour, puis la grande grille qui marquait l’entrée de l’hôtel des mousquetaires, le tout d’un pas tranquille qu’elle s’efforça de contenir même lorsqu’elle se fut assez éloignée. Clairement, elle n’avait pas vraiment réfléchi à ce qu’elle était sur le point de faire. Tout comme elle n’avait pas réfléchi, deux jours plus tôt, à ce qu’elle avait déjà fait. Philippe. La chose avait beau être imprudente et déraisonnable au possible, ce nom suffisait à soulever en elle des sentiments qu’elle préférait ne pas essayer de démêler. Qu’elle préférait nier, assommant sa conscience d’excuses et de prétextes aussi fumeux et peu convaincants les uns que les autres. Qu’il y avait-il de mal à vouloir partager quelques heures avec un ami perdu de vue – mais pas de pensées – depuis un an ? Une balade, c’était tout. Une promenade, comme celles qu’ils avaient pu faire en Gascogne lorsque son devoir de mousquetaire ne l’appelait pas à ce qui était sensée être la seule raison de sa présence là-bas. La seule, oui. Raison qui n’avait plus lieu d’être depuis quatre jours lorsqu’elle s’était enfin décidée à quitter le jeune Duc qu’elle avait rencontré là-bas, il y avait de cela vaguement plus d’un an.

Plongée dans ses pensées, Elodie tourna machinalement au coin d’une des rues de la ville qu’elle avait fini par gagner, sourcils froncés. Ce qui se passait dans sa tête depuis que Philippe était réapparut n’avait absolument pas sa place. Et pourtant… Si elle savait à merveille contenir ses émotions, ses réactions et offrir aux yeux du monde l’image qu’elle désirait, ces sentiments troubles lui échappaient, tout comme lui avait échappée cette réplique. Ce subtil… rendez-vous, oui, à peine perceptible lorsqu’était venue l’heure de mettre fin à la situation d’équilibriste dans laquelle elle s’était retrouvée trois jours plus tôt. Entre un d’Artagnan qu’elle ne s’attendait pas à revoir et un Beauharnais qu’il fallait absolument duper. Non, vraiment, ce qui se passait était idiot. Une pure folie. Et pourtant, c’est sans tarder que la jeune femme poussa la porte de la couronne de blé. L’ambiance déjà animée du lieu l’enveloppa aussitôt, mais elle ne s’ay attarda pas. Aucun regard ne se leva sur elle, les entrées et sorties étant bien trop fréquentes ici pour s’en préoccuper. Il n’y avait qu’une semaine qu’elle avait décidé de prendre une chambre ici, afin d’y conserver tout ce qu’elle possédait de vêtements et autres accessoires qui, à la caserne, l’auraient immédiatement trahie. L’ancienne chambre avait perdu de sa… discrétion. Rapidement, elle gagna la petite pièce et s’y débarrassa de ce costume masculin devenu chez elle comme une seconde nature. Pour de bon et jusqu’à la fin de la soirée, Eric disparaissait, enfermé dans ce coffre duquel elle sortit de quoi redevenir véritablement Elodie.

Le pâle soleil descendait encore dans le ciel qui s’obscurcissait doucement lorsque la jeune femme ressortit, mante sur les épaules pour prévenir la fraîcheur de la soirée. Elle eut une pensée pour son frère. S’il la voyait, elle n’osait imaginer le sermon auquel elle aurait droit. Sermon tranchant de raison, d’ailleurs. François ne ferait que lui formuler tout haut ce que ses pensées s’acharnaient à lui faire comprendre. Et qu’elle ignorait royalement tout ayant parfaitement conscience de ce qu’elle faisait. Un capharnaüm de contradictions, voilà quel était l’état de ses sentiments. D’un pas décidé toutefois, Elodie prit la direction de la sortie de la ville, toute proche. Philippe serait-il là ? A cette pensée, elle ne pouvait empêcher un nœud inexplicable – ou qu’elle ne voulait pas expliquer – de se former au creux de son ventre. Aurait-il compris ? « Je connais promenade qui commence au pied d’un drôle d’arbre à Versailles… Je pense qu’elle vous plairait. » avait-elle laissé échapper lorsqu’ils s’étaient quittés, à la taverne. Tout le monde à Versailles connaissait ce drôle de tronc à la forme tourmentée qui siégeait à la sortie de la ville et auquel chacun prêtait divers noms et histoires. Aurait-il comprit ? Et s’il avait comprit, viendrait-il seulement ? Après tout, rien ne lui assurait qu’il désirait la revoir… La belle mit à peine quelques minutes à retrouver le lieu en question et, sans même qu’elle ne puisse les contrôler, ses deux prunelles en firent anxieusement le tour. Après tout, tout cela n’était sans doute que futilités.

Je fais l'entête et je me re-relis demain XD Je tombe là (x Encore désolée pour le retard --'

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Philippe d'Artagnan


Philippe d'Artagnan

« s i . v e r s a i l l e s »
Côté Coeur: Après avoir souffert ces dernières années, ma belle Elodie le remet en marche ♥
Côté Lit: Je suis fidèle à l'amour et à un seul être. Et je l'attendrais.
Discours royal:



    Ҩ PRINCE CHARMANT Ҩ
    Je te promets la clé des secrets de mon âme


Âge : 25 ans
Titre : Duc de Gascogne
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MessageSujet: Re: Il faut parfois savoir se montrer déraisonnable… | Philippe d'Artagnan   Il faut parfois savoir se montrer déraisonnable… | Philippe d'Artagnan Icon_minitime15.09.10 21:29


« Irais-je ou n'irais-je pas ? Etait-ce bien un rendez vous déguisé ? Je me souviens de cette phrase au mot près. ''Je connais promenade qui commence au pied d’un drôle d’arbre à Versailles… Je pense qu’elle vous plairait.'' C'est une pure folie et je ne sais dans quoi je m'engage, sur quel terrain je glisse. Tout ce que mon coeur veut faire est contraire à ma morale, à ma raison. Je sais d'ailleurs que mon coeur gagne toujours et je le redoute, je lutte de toute mes forces. Elle est ce souffle de vie qui fait battre à nouveau mon être sans que je ne le veuille. Elle chamboule ma cruelle vie par son sourire, sa présence. Elle n'a pas à être qui que ce soit, elle seule suffit. Elodie … »

Philippe sortait enfin du manoir. Certes pour s'installer dans le jardin mais passer du confiné au grand air était un net changement pour Barnabé, vieux serviteur de la maison qui s'était donné pour mission de redonner goût à la vie de celui qu'il appelait « mon fripon ». Il faut dire que Philippe n'y mettait pas franchement du sien. Venu à Paris pour retrouver son père, il attendait qu'Alexandre puisse avoir une permission pour s'en aller à l'aventure. Donc en attendant, le cadet se tournait les pouces. Pas d'humeur à se promener, il tournait en rond dans le manoir, répondait à son courrier de Gascogne où on lui donnait des nouvelles, rédigeait son journal ou lisait. Mais la plupart du temps il restait à contempler à travers la fenêtre, attendre que le temps passe, et justement il ne passait pas. Alors Philippe aidait Barnabé, à la cuisine, à la cueillette ou au jardinage. Rien de bien passionnant en somme, mais suffisant pour l'occuper et sortir de son état de légume. Et puis il parlait, là encore que des banalités, point de grande confidence. Le fait qu'il ouvre la bouche faisait sourire le vieil homme, il ne supportait pas le silence en sa compagnie et en avait marre de meubler la conversation pour un rien, ne rien avoir en retour que des monosyllabes. Son fripon revivait un peu. Cela prendrait du temps, tous les moyens étaient bons pour le faire avancer.

Aujourd'hui, il le voyait pensif, dans la lune. Penché en avant, les bras servant d'appui sur les genoux, Philippe observait le parterre de fleurs sans vraiment le regard. Son regard azur partait bien plus loin que le rose des roses. Barnabé se demandait bien à quoi il pouvait penser, ce qu'il avait encore en tête. Il avait bien vu parfois ses changements d'humeur, plus fréquents que d'habitude. Le jeune d'Artagnan se prenait à sourire parfois avant de se refermer subitement. Et ce, depuis qu'il s'était baladé dans la ville de Versailles. Le vieil homme ne s'aventurait pa à lui poser la question, il connaissait trop bien le jeune homme pour le voir détourner la conversation ou se plonger dans un mutisme. Alors, il le laissait faire mais restait intrigué. Il faut dire qu'il s'agissait d'un programme des plus graves. Pas le duché ni son père, mais quelque chose touchant au plus profond de lui-même : une femme. Cela peut paraître d'un banal pour certain mais lorsque l'on a la morale de Philippe d'Artagnan, une simple demoiselle posait un problème majeur. De par son éducation et ses lectures, il restait persuadé que l'on ne vit qu'un seul grand amour. Une fois trouvé, on le sait, on le chérit, on l'épouse et on loue le ciel pour cette merveille. Certains ne le trouvent jamais, d'autres le perdent en cours de vie. Dans le second camp, le jeune homme avait vu sa belle mourir sous ses yeux, elle s'était sacrifiée pour qu'il ait la vie sauve. Un amour perdu, il devrait vivre le coeur creuvé pour le reste de sa vie. Vie qu'il avait cherché à abréger, en provoquant la mort par autrui puis par lui-même. C'était sans compter sur la cruauté – la bienveillance ? – du destin, plaçant sur son chemin non pas une, mais deux filles sur sa route. La première, il lui a sauvé la mise un soir d'orage, elle est devenue sa bouffée d'oxygène et ils sont devenus inséparables, la soeur qu'il n'a jamais eu. La seconde nous intéresse davantage. A la base, il n'était qu'une rencontre fortuite. Puis elle devint une amie, une présence indispensable, avec une intense envie de la revoir et un déchirement de la quitter. Il ne voulait pas se l'avouer, ni même penser à la véritable nature de ses sentiments. Il ne pouvait pas, il n'avait pas le droit. Et il n'était absolument pas sûr que ce soit réciproque … Quand bien même, cela n'était pas possible à ses yeux. Pourtant son coeur battait plus fort lorsqu'il pensait à elle, quand son visage se dessinait dans son esprit. Elodie … Cette même fille revue quelques jours auparavant, celle là qui lui proposa subtilement une promenade qui aurait lieu ce soir même. Etait-ce vraiment un rendez vous ? Ou simplement une proposition de promenade à faire seul ? La seule solution serait d'y aller, mais s'y rendre donnait un temps d'avance à son coeur, ce que la raison ne voulait pas. Compliqué le garçon ! Alors assis sur un banc du jardin, les yeux sur les roses, il pesait le pour et le contre, ne cessait d'osciller entre la vérité et se voiler la face. Une promenade, ce ne sera qu'une simple promenade comme ils en faisaient avant, en Gascogne.

Philippe se leva seulement quand Barnabé l'appela pour manger. Amaigri depuis ces deux dernières années, son estomac ne stockait pas grand chose. Le vieil homme le forçait pour reprendre des forces et se remplumer. Tous deux à table, ils discutèrent de choses et d'autres comme à l'accoutumé. Le temps passa et le soleil se coucha lentement, la nuit commençait à pointer le bout de son nez. L'heure approchait de son rendez vous et d'Artagnan ne savait toujours pas ce qu'il avait décidé. Après avoir débarassé la table, Philippe remonta dans sa chambre, s'assit sur son lit et prit sa tête entre ses mains. Après un long soupir, il se releva, ouvrit son énorme armoire et en sortit une chemise propre et une longue cape noire. Dans une de ses malles qu'il ouvrit, le duc en sortit un petit couteau. Il ne se déplaçait rarement de lui sans une arme. Il savait peu se servir d'un mousquet, se promener avec une épée à la hanche n'était pas son genre. Il n'aimait pas les armes en général mais celle-la le rassurait en cas d'attaque. Devant le miroir, il se recoiffa pour paraître un peu mieux qu'il n'était puis sortit. Dévalant les escaliers, il prit ses bottes pour les chausser avant de partir.

« Où vas tu comme ca ? »
« Je sors, j'ai promis à quelqu'un de le rejoindre. »
« Et … ce couteau ? »
« J'apprends à être prévoyant. »
« Vas tu voir … Une fille ? »
« Barnabé ! »
« Je te demande. Tu as changé de chemise, tu t'es recoiffé et tu souris. Tu vas voir une fille. Tu as le droit, tu pourrais me le dire. »
« Hum … J'y vais. »

La cape autour du cou et les bottes aux pieds où se cachait dans l'une d'elle le couteau, il était fin prêt à partir. Il sella son cheval, le valeureux Hébé, ce cheval en avait plus vu que cent hommes et dix vies ! Sa décision fut presque prise naturellement. Comme toujours le coeur l'emportait sur l'esprit et d'un coup de bottes, il partit au galop sur la route de Versailles. Sa tête ne cessait de répéter de faire demi-tour, le coeur battant à tout rompre lui hurlait le contraire. Un autre coup de bottes fit accélerer la bête. Le chemin semblait presque interminable. Enfin, dans la presque pénombre, l'arbre sinueux, tordu et si original se profilait à l'horizon. Personne ne semblait l'attendre. Etait-il arrivé trop tôt ? Trop tard ? Est ce que seulement quelqu'un l'attendrait ! Petit tour et Philippe descendit de sa monture, attacha la bride à une branche basse. Puis, son petit naturel aventurier entreprit d'escalader cet arbre sans véritable forme et s'installa sur une branche, puis attendit. Le feuillage n'empêcha pas sa vision mais si quelqu'un venait, il serait difficile de le voir. Les minutes, impossible d'en déterminer le nombre, passèrent avant qu'une silhouette se dessina dans l'horizon, les pas cassèrent le silence. Puis le profil de la personne se montra enfin. Sans le vouloir, le coeur de Philippe s'emballa un peu trop. Elle était venue ! Cela n'était pas un mirage, il ne rêvait pas ! Les souvenirs de leurs précédentes balades remontèrent à la surface, tout fut si violent, si intense que le jeune homme en perdit l'équilibre. Heureusement, ses réflexes le sauvèrent et il se rattrapa de justesse, accroché à la branche les jambes dans les vides, juste retenu à la force de ses bras. Pour une entrée originale, il avait réussi. Et avec le sourire ! Comment ne pas l'avoir en sa compagnie.

« Bonsoir ! »

Il lâcha sa branche et retomba sur les pieds sans égratignures. Il se sentit gauche face à elle, si belle et si douce. Son aura lui faisait un bien fou, cela lui donnait l'envie de ne jamais la quittait.

« J'espère ne pas vous avoir fait peur, j'ai manqué d'équilibre l'espace d'un instant. C'est un plaisir de vous revoir, j'ai eu peur de mal avoir compris et de m'être trompé de jour. Comment allez vous ? »

Il gardait ce joli sourire sincère et doux à la fois. Il était difficile de faire abstraction de ces sentiments lorsque celle que l'on convoite se trouve sous ses yeux, vous a donné rendez vous et vous cherchait du regard.
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MessageSujet: Re: Il faut parfois savoir se montrer déraisonnable… | Philippe d'Artagnan   Il faut parfois savoir se montrer déraisonnable… | Philippe d'Artagnan Icon_minitime21.09.10 23:40

Une promenade. Après tout, ça n’était rien qu’une promenade. Il n’y avait pas là de quoi se poser mille et une questions et tergiverser comme elle l’avait fait et le faisait encore. Une balade, une simple balade, à l’image de celles qu’ils avaient pu faire en Gascogne, ce qui semblait à Elodie à la fois des siècles comme quelques jours à peine auparavant. Un an plus tôt, pourtant. Là, jamais elle n’avait hésité à aller le retrouver, jamais aucun problème n’avait semblé se poser. Tout avait été si… naturellement. Il n’y avait absolument aucune raison à ce que les choses aient changé depuis. Non, rien ne devait avoir changé… Alors, pourquoi ce rendez-vous donné de manière si subtile, si indicible ? De sorte que la jeune femme pourrait très bien prétendre ne jamais l’avoir donné sans que l’on y trouve quoi que ce soit à redire ? C’était comme si, tout en cédant à l’impulsion déraisonnable de son cour, elle s’était donné la possibilité de pouvoir réfléchir, encore. Et revenir en arrière, ce que ces sentiments s’étaient refusé à faire. Non, définitivement, il y avait quelque chose. Quelque chose de plus, quelque chose qu’elle ne pouvait ni ne voulait se résoudre à comprendre. Quelque chose qui fit se nouer plus encore le nœud qui se tordait en elle lorsque ses prunelles constatèrent qu’il n’y avait, autour de l’arbre tourmenté, pas autre âme qui vive que la sienne. Du moins, visiblement.

Etait-elle là trop tôt ? L’avait-elle déjà manqué ? Ou alors, plus probable, était-elle la seule à avoir réellement prit pour rendez-vous une phrase, qui, finalement, n’en était pas véritablement un ? Après tout, peut-être était-elle-même la seule à y avoir songé… ou bien à avoir envie de le revoir ? Tant de questions se posaient. Des questions qu’elle aurait voulu pouvoir balayer d’un simple geste en les reléguant au rang de futilités à côté de tout ce qui, dernièrement, semblait prendre un malin plaisir à se compliquer dans sa vie. De pouvoir à vouloir, cependant, il était un fossé. Un fossé que cette masse trouble et contradictoire de sentiments creusait et recreusait sans arrêt. Aussi était-elle là. Seule avec ce grand tronc à la forme si particulière, à se demander si ou non elle devait attendre un homme qui ne viendrait peut-être pas. Un homme, oui. Dieu que ce simple fait suffisait à embrouiller les choses… S’agaçant elle-même de ce manque de décision et de certitude, Elodie leva les yeux au ciel. Bien lui en prit sans doute, car ses prunelles brunes avaient à peine dépassé les premières branches de l’arbre qu’un bruissement attira son attention sur celui-ci. Un bruissement, puis brusquement, une ombre qui sembla en chuter. Surprise, Elodie, qui s’était arrêtée à quelques pas, eut un vif mouvement de recul avant de détailler avec une moue perplexe la silhouette qui se dessinait, encore retenue à l’arbre par les bras. Moue qui s’effaça bien vite lorsque, sans que la chose ne prennent trop de temps, la jeune femme reconnut l’ombre de Philippe…

« Bonsoir ! »
Il était venu. Un sourire étira aussitôt, sans même qu’elle ne puisse songer à y faire quoi que ce soit, les lèvres carmins de la demoiselle qui l’observa se laisser retomber sur ses pieds. De son côté, le jeune duc également souriait. Ce sourire qu’elle aimait tant à voir s’installer sur ses traits, qui suffirait presque à lui seul à effacer toutes les questions qu’elle se posait. Il était venu. Malgré le temps écoulé depuis ce mois qu’ils avaient passé ensemble, malgré le terrible trouble de cette petite phrase lancée dans la taverne…Oui il était là. Et aussitôt, la boule angoissait qui lui nouait la gorge s’envola.
« J'espère ne pas vous avoir fait peur, j'ai manqué d'équilibre l'espace d'un instant. C'est un plaisir de vous revoir, j'ai eu peur de mal avoir compris et de m'être trompé de jour. Comment allez vous ? reprit-il sans qu’elle n’ait songé à répondre à son salut. »
Un léger éclat de rire s’échappa un instant de la gorge d’Elodie, qui chassa de son visage quelques mèches fauves dans un geste automatique. Un geste qu’elle savait si bien réprimer lorsqu’il était indispensable de se faire passer pour un homme mais en la présence de Philippe, c’était comme si tout ce qui concernait Eric disparaissait. Avec lui, elle était la jeune femme qu’elle avait toujours été, sans la moindre ambigüité, sans que le moindre de ses gestes n’ait à être calculé, réfléchit afin de ne pas la trahir. Non… et pourtant, le danger n’était jamais loin. Et Philippe d’Artagnan restait le frère d’Alexandre. Mais au diable les mousquetaires ! Pour ce soir, du moins… et encore, c’était sans savoir ce que la soirée pouvait bien leur réserver.

« Voilà qui s’appelle soigner son entrée ! Toutes mes félicitations ! lança Elodie, toujours rieuse. Je vais bien, je suis heureuse que vous soyez venu, ajouta-t-elle dans un sourire qui n’appuyait que trop bien ses paroles, j’avais peur de ne pas avoir été assez claire… »
Ou bien trop claire, justement. Mais inutile de s’y attarder. L’espace d’un instant, elle le dévisagea. IL avait maigri, semblait-il, depuis qu’elle avait quitté la Gascogne et sans trop de doute pouvait-elle devinait qu’il y avait quelque chose derrière ce regard parfois absent qu’elle n’avait pas manqué de lui remarquer de temps à autre, quelque chose de sombre sans doute. Pourtant, jamais leurs conversations ne s’étaient arrêtées sur ce genre de sujets. Pas plus qu’évidement elle ne lui avait parlé d’Eric et de cette mascarade qu’était sa double vie. Avec lui, elle se sentait bien, comme une bouffée d’air frais au milieu de ce jeu étouffant de duperies qu’elle menait sans cesse, de main de maître souvent, mais personne, pas même le plus habile manipulateur, n’était à l’abri de perdre une manche.
« Et vous ? Comment se passe votre retour à Versailles ? demanda-t-elle à ensuite. »
Y resterait-il longtemps, comme elle se prenait à l’espérer ou était-ce à son tour d’être simplement de passage ? Il fallait l’admettre, durant cette année passée loin de lui, elle avait un peu trop souvent pensé au jeune duc. Bien plus qu’elle ne l’aurait dû… Ecartant ces pensées, elle jeta un regard au ciel qui s’assombrissait. Il était certainement temps d’y aller, la nuit ne tarderait plus et les campagnes perdaient de leur sûreté déjà toute relative. D’un sourire, elle l’invita à la suivre.
« J’espère ne pas m’être trompée en pensant que cette promenade vous plairait… L’endroit est encore plus beau de nuit, fit-elle en désignant d’un regard les vastes étendues qui se découpaient en ombres noires sur le ciel vespéral. »
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MessageSujet: Re: Il faut parfois savoir se montrer déraisonnable… | Philippe d'Artagnan   Il faut parfois savoir se montrer déraisonnable… | Philippe d'Artagnan Icon_minitime14.10.10 12:13

Etait-ce réellement qu'une simple promenade ? Philippe, perché sur sa branche, se posa d'un coup la question. Lorsque l'on réfléchit trop pour prendre une décision, c'est qu'il y a anguille sous roche. Il le savait, cachait les sentiments qu'il ressentait pour celle qui lui avait proposé implicitement une promenade à la pointe de la nuit. Les accepter serait se confronter à la réalité, de faire des choix encore plus difficiles où il ne se sentait pas encore prêt de les assumer. Et puis, tellement certain qu'on ne pouvait tomber amoureux qu'une seule fois qu'il se sentait aller droit dans un mur. Elodie, si belle et adorable, ne pouvait mériter qu'un garçon bien meilleur que lui. Lorsqu'il se regardait dans un miroir, avec son corps amaigri et ses cernes creusés, il avait bien du mal à imaginer qu'une demoiselle si vive et douce puisse vouloir de lui. D'ailleurs, le jeune duc était persuadé qu'il n'y avait rien de réciproque, Elodie le prenait en amitié, ni plus ni moins. Philippe s'en satisfaisait déjà bien, aucune raison que les choses évoluent puisque lui niait tout en bloc et qu'elle ne pouvait pas l'aimer. D'Artagnan se trompait sur toute la ligne …

Enfin debout sur la terre ferme après sa presque chute et son entrée fracassante, il l'avait en face de lui. Impossible de stopper ce coeur battant la chamade, de ne pas sourire et de ne pas admirer le rire de la demoiselle. Il résonnait comme un doux tintement de cloche, une musique divine agissant comme un baume sur les blessures de son corps, coeur et âme ; autant dire qu'il y avait beaucoup à soigner chez le garçon qui oubliait tout à cet instant. Ses yeux azurs l'observaient se débarasser de ses mèches, un geste typiquement féminin, rien de bien particulier, mais elle avait une façon de faire hypnotisante pour le garçon dont le sourire s'agrandit à sa remarque son entrée. Avant, Philippe adorait soigner ses entrées, avec un bon mot ou en faisant la surprise. Qu'importe la façon, il aimait ne pas faire comme les autres. Bien sûr, il avait abandonné cela depuis bien longtemps, ou ne le faisait que rarement. Là, c'était totalement involontaire, indépendant de sa volonté, il avait juste perdu l'équilibre et s'était rattrapé de justesse pour ne pas tomber au sol. Finalement, toute cette maladresse lui permis d'entendre le doux rire de la jeune femme, celui qui résonnait encore dans sa tête lorsque ses pensées s'égaraient trop loin, jusqu'à elle. Son esprit ne lui avait pas joué des tours, il ne lui avait pas menti sur ce rire sincère et si doux. Elle était « heureuse » qu'il soit venu. Cela paraissait stupide mais à cet instant, Philippe s'accrochait à la moindre parole de celle qui lui faisait face, il en avait besoin. Son visage, leurs promenades et tout ce qu'elle avait pu boulverser lors de son passage en Gascogne ressortait bien trop souvent dans ses pensées. Il avait espéré l'oublier, pour ne pas souffrir davantage et pourtant, quand son frère lui avait demandé de remonter avec lui, le jeune homme eut Elodie dans ses premières pensées, espèrait la retrouver. La voilà devant lui, souriante et si jolie qu'il ne pouvait que sourire à cet instant.

Son retour à Versailles … Il ne lui avouerait pas cet ennui de rester ici, d'attendre un frère pour partir dans une mission dont il ne connaissait que peu les détails, qu'il n'osait pas revenir à la Cour car il avait entendu des rumeurs à son propos … Cela lui passait un peu au-dessus de la tête à cet instant. Oui, là, maintenant, il était heureux d'avoir quitté son domaine, d'avoir eu le courage de revenir dans la demeur familiale car il avait pu la revoir précédemment et là, ils allaient partager une promenade. Alors il mettrait de côté sa partie sombre, préférant profiter de ce bon moment. Qui sait lorsque cela se reproduira ? Là encore, valait mieux pas y penser. Et lorsqu'elle l'invita à le suivre, il le fit volontiers. Regardant tout autour de lui, la douceur des lieux plongées à moitié dans l'obscurité donnait un sentiment d'un autre monde, celui que voient seulement ceux qui s'y aventurent. Ils seraient deux ce soir et Philippe lui emboîta le pas.

« Je ne doute pas de ce que vous allez me montrer, vous avez toujours eu bon goût. Après tout, la Gascogne vous a plu, une étendue de campagne dont certaines personnes de la ville ne peuvent supporter. Rien que pour cela, je vous fais une confiance absolue. » Lorsque certaines pensées vinrent lui souffler qu'il n'était pas seulement là pour la beauté des paysages, il préféra reprendre que de s'égarer à nouveau. « Et tout a tellement changé ici qu'une petite remise à niveau ne peut me faire que du bien. Lorsque je suis parti, la ville n'était pas aussi étendue et cet arbre devait être trop loin dans les champs pour que je puisse le connaître. Puis … Je suis ravi de partager à nouveau une promenade avec vous. »

Cette dernière phrase sortit de sa bouche juste après l'avoir pensée, pas le temps de se taire ou de réprimer quoi que ce soit. Il se maudit intérieurement de ne pas se montrer un peu plus raisonnable mais connaissait trop bien son coeur, il lui jouait bien trop de tours, il était trop fort pour lutter sur le long terme. Philippe eut un petit sourire maladroit mais sincère. Après tout, il n'avait dit que la vérité et cela ne pouvait pas être interprêté. Si Elodie ne partait pas en courant, c'est qu'elle était contente d'être ici, même si cela n'était pas pour les mêmes raisons.
Ils empruntèrent un sentier, lui la suivait sans savoir où ils se rendaient mais le but n'avait pas d'importance, seul le moment présent en avait à cet instant. Philippe pouvait parler tranquillement, sans que personne ne puisse écouter, il pouvait être lui-même, ce qui n'était pas le cas de la vie de tous les jours. Plutôt que de s'apitoyer sur son sort comme ce qu'il faisait au manoir, ici il était heureux ; par sa seule présence, elle lui faisait un bien fou, une bouffée d'oxygène qu'il lui rendait un peu la vie. Là encore, il s'en saisissait, ce soir il était véritablement vivant.

« Vous me parliez de mon retour à Versailles, je vais vous avouer qu'il était en quelque sorte, brutal. Mon frère est venu me chercher au fin fond du royaume car notre père avait disparu. Je n'avais pas beaucoup de choix, rester m'aurait fait culpabiliser, autant revenir ici … »

Il eut un petit silence en repensant à tout ce qui s'était passé entre les murs de Lupiac lorsqu'Alexandre avait pointé le bout de son nez, les enchaînements de quiproquos, la colère de chacun pour finalement comprendre qu'aucun des deux ne savait la vérité sur l'autre. Là encore, plutôt que de s'absenter dans sa tête, il reprit avec un beau sourire, avec bonne nouvelle à l'appui.

« Je ne peux dire que je regrette car ici m'attendait de bonnes surprises. Vous souvenez lorsque je vous parlais de ma filleule et nièce ? J'eu l'immense surprise d'apprendre que pendant mon absence, je suis devenu une nouvelle fois oncle, d'un petit garçon cette fois çi ! Les retours ont du bon pour cela. En attendant que mon frère puisse se libérer pour partir à la recherche de notre père, je remets dans la peau de l'oncle un peu gâteux. Ils savent jouer avec les sentiments ces enfants. »

C'est vrai qu'il voulait rattraper le temps perdu avec Aurore qu'il avait un peu abandonné et découvrir ce petit Guillaume qui prenait les traces de son papa. Comme Philippe ne projetait aucun mariage pour l'instant, il n'était pas prêt d'avoir lui-même un enfant alors il s'occupait de ceux de son frère. C'était aussi un moyen de distraction au lieu d'attendre que le temps passe …

« Et vous, qu'avez vous fait depuis votre retour ici ? En une année, vous avez sûrement des choses à me raconter. »

Il détestait parler de lui à tort et à travers. Philippe pouvait raconter ses voyages dans les moindres détails mais sa vie restait assez confidentielle. A choisir, il préférait écouter. Et lorsqu'il s'agissait d'Elodie, il pourrait le faire pendant des heures, tout le reste de la nuit si elle le souhaitait.
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MessageSujet: Re: Il faut parfois savoir se montrer déraisonnable… | Philippe d'Artagnan   Il faut parfois savoir se montrer déraisonnable… | Philippe d'Artagnan Icon_minitime05.11.10 0:07

« Le cœur a ses raisons que la raison ne connait point. » ne tarderait pas à écrire Pascal. Et pourtant, si la phrase qui gagnerait si aisément les conversations et ferait encore, par son implacable justesse, parler d’elle pour nombre d’époques à venir n’était pas encore née, Elodie pouvait déjà l’éprouver, pleine et entière. Et sans mettre dessus les mêmes mots que le talentueux penseur, elle n’avait déjà que trop conscience de son sens. Son cœur avait ses raisons ; et ces dernières excluaient, justement, toute forme de… raison. Sans doute était-ce là tout le problème d’une jeune femme dont les dernières années passées à Versailles l’avaient contrainte à n’agir que selon ce qui semblait le plus raisonnable. Et ce à cause d’une folie sans nom, dangereuse qui avait plusieurs fois manqué de lui coûter la vie – et bien pire encore. Son quotidien dédoublé, sans doute, pouvait-il illustrer cette phrase avant même son existence. Mais la plus parfaite imagine restait sans doute cet irrésistible sentiment que lui dictait son cœur, et ce en dépit de toute raison. Elle le savait, il y avait dans cette rencontre, dans les émotions qui l’avaient poussée à donner ce rendez-vous à Philippe plus qu’une simple amitié. Elle le savait, mais ne pouvait s’y résoudre. Une folie, tout cela n’était rien de plus qu’une folie. Certes. Mais qu’elle devait bien admettre être incapable de regretter. Là, aux côtés du jeune homme qui hantait parfois – souvent – ses pensées, sur ce sentier dont elle connaissait tous les méandres pour les avoir tant de fois parcourus, libre de tout de masque ou presque… Tant pis pour la folie. Il était une chose selon laquelle elle avait toujours vécu. Pour Elodie, vivre du remord d’avoir fait quelque chose valait beaucoup mieux que d’essuyer les regrets de n’avoir rien fait.

« Je ne doute pas de ce que vous allez me montrer, vous avez toujours eu bon goût. Après tout, la Gascogne vous a plu, une étendue de campagne dont certaines personnes de la ville ne peuvent supporter. Rien que pour cela, je vous fais une confiance absolue. »
Il avait raison, rares étaient les citadins à savoir apprécier la campagne. Elle-même avait une préférence marquée pour l’agitation si nuancée, passionnante et imposant de la ville. D’un sourire néanmoins, elle le remercia du compliment. La Gascogne et le mois qu’elle y avait passé ne lui laissait pas le moindre souvenir d’ennui ou autre sentiment tout aussi négatif, comme l’on aurait pu s’y attendre de la part d’une versaillaise. Sans doute la présence du jeune duc jouait-elle beaucoup dans ce constant ; bien plus qu’elle n’était en mesure de l’admettre. Mais regarder autour d’elle, en cet instant, suffisait à la convaincre qu’il y avait beaucoup à voir aussi, à se balader dans ces immenses étendues désertes. La sombre silhouette des arbres se détachant sur le ciel d’encre, le silence feutré que leur voix ou le bruit de leurs pas pouvait à peine troubler… Elle savait et avait déjà apprécié ces choses là. Mais savoir Philippe à ses côtés donnait à ce tableau un tout autre enchantement. Un enchantement… déraisonnable.
« Et tout a tellement changé ici qu'une petite remise à niveau ne peut me faire que du bien. Lorsque je suis parti, la ville n'était pas aussi étendue et cet arbre devait être trop loin dans les champs pour que je puisse le connaître. Puis … Je suis ravi de partager à nouveau une promenade avec vous. »
Doucement, elle tourna un instant la tête vers lui. Pourquoi, elle ne saurait-elle-même le dire. Mais cette dernière phrase qui semblait lui avoir échappé avait ce quelque chose qui suffisait à faire reprendre à son cœur une course effrénée. Quel était ce petit quelque chose, là restait – du moins l’aurait-elle voulu – la question. Si l’on dit que l’amour rend aveugle, ça n’est bien souvent que parce que l’on ne souhaite ou n’ose le voir.

« Il y avait longtemps, oui… répondit-elle sourdement, détournant involontairement les yeux. Mais vous avez raison, Versailles grandit tellement vite que s’y je n’y prêtais pas un peu attention, je m’y perdrais ! se reprit-elle ensuite, pâle tentative à dissimuler son trouble. »
D’instinct, elle emprunta un sentier qui s’enfonçait un peu plus dans la campagne, laissant définitivement derrière eux les dernières lumières de la ville. Pour seule lueur, brillait dans le ciel déjà sombre un clair de lune qui semblait avoir sentit l’occasion de rayonner, allongeant devant eux de longues ombres qui parfois, se rejoignaient l’une l’autre en fonction des caprices du sentier. La promenade n’était pas longue, mais ils ne marchaient pas vite, semblant tous les deux vouloir faire durer l’instant. Et ils ignoraient ce que la nuit leur réservait de ses plus obscurs desseins.
« Vous me parliez de mon retour à Versailles, je vais vous avouer qu'il était en quelque sorte, brutal. Mon frère est venu me chercher au fin fond du royaume car notre père avait disparu. Je n'avais pas beaucoup de choix, rester m'aurait fait culpabiliser, autant revenir ici … »
Elodie hocha la tête, laissant, durant le silence que laissa le jeune homme, ses penser se tourner un instant durant son lieutenant. Un lieutenant qui jamais ne devait se douter de ce qui se tramait derrière la casaque du mousquetaire qui lui avait, il y avait un certain maintenant, sauvé la mise. Alexandre d’Artagnan, dont la réputation du paternel n’était plus à faire. La belle ignorait cependant sa disparition. A vrai dire, si ce n’est ce que l’on racontait de son histoire, l’on ne savait que peu de choses sur d’Artagnan père. Sans qu’elle n’y prenne garde, les prunelles d’Elodie s’étaient un instant arrêtées sur les traits de Philippe, sur lesquels s’étira un beau sourire. Et Dieu qu’elle aimait ce sourire. Un baume au cœur à lui tout seul.

« Je ne peux dire que je regrette car ici m'attendait de bonnes surprises. Vous souvenez lorsque je vous parlais de ma filleule et nièce ? J'eu l'immense surprise d'apprendre que pendant mon absence, je suis devenu une nouvelle fois oncle, d'un petit garçon cette fois çi ! Les retours ont du bon pour cela. En attendant que mon frère puisse se libérer pour partir à la recherche de notre père, je remets dans la peau de l'oncle un peu gâteux. Ils savent jouer avec les sentiments ces enfants. »
La moue rieuse et entendue qui firent se tordre un instant les lèvres de la jeune femme, sans doute ne pouvait-il la comprendre. Ou du moins lui était-il impossible de lui donner son sens réel. Philippe ignorait – et mieux valait qu’il ne découvre rien non plus – à quel point Elodie connaissait sa famille. Ses liens avec Alexandre en avait également fait l’amie de sa femme qu’elle avait parfois l’occasion de croiser. Elle avait déjà pu apercevoir Aurore et Guillaume d’Artagnan… de même qu’elle avait eu vent des ambitions de la fillette. Devenir comme son père, au plus grand dam de sa mère. Une femme, mousquetaire ? Allons bon ! Et encore une fois, elle ne pouvait retenir cette grande mimique amusée qu’on lui voyait de temps en temps. Qui ne tarda pas cependant à disparaître.
« Et vous, qu'avez vous fait depuis votre retour ici ? En une année, vous avez sûrement des choses à me raconter. »
S’il savait. Certes, elle aurait pu avoir un nombre incalculables d’anecdotes, de combats et autre détails du même acabit à lui conter… si elle l’avait pu. Si elle n’avait pas risqué de la sorte… de perdre beaucoup de choses. Lui et leur amitié comprise, peut-être, comme elle le craignait avec son frère ? Et pourtant, que ne donnerait-elle pas pour pouvoir se confier pleine et entière, de temps à autre, la chose n’étant plus même possible avec son frère qui ignorait – hélas plus pour longtemps – qu’Eric cédait de temps en temps à la place à Elodie de Froulay. Et vice versa, en ce qui concernait le jeune duc. Légèrement, elle avait de nouveau tourné la tête vers lui. Et sur ses lèvres, un sourire énigmatique et mutin à la fois, emblème de mystère qu’elle avait fait, faisait et ferait sans doute sur sa situation.

« J’ai pris le large quand j’ai vu le mot mariage se profiler à l’horizon, fit-elle avec du rire dans la voix. De telles pensées n’étaient certes pas convenables à une jeune femme de son âge. Mais elle était presque certaine qu’il ne lui en tiendrait pas rigueur. Je ne veux pas vivre selon les choix des autres, confia-t-elle ensuite. »
Il n’y avait dans ces paroles aucun mensonge. Son avenir était la première des motivations qui l’avaient poussée à s’enfuir de chez elle pour aller vivre une vie qui aurait du lui être interdite. Et d’ailleurs, elle ne comptait pas lui mentir. Elle n’avait qu’à omettre deux ou trois détails et les choses seraient les mêmes.
« J’ai un peu voyagé mais Versailles et Paris sont restés mes lieux de prédilection ; j’y suis d’ailleurs toujours comme vous pouvez le voir. En dépit de ce que pourraient en penser mes frères… Vaguement, elle fronça les sourcils. … que je ne tiens d’ailleurs pas au courant de tout ce que je fais. Ils ne seraient pas d’accord et seraient capable de comploter pour me remettre sur le ‘droit chemin’ » !
De nouveau, un rire lui échappa. De façon subtile, elle espérait s’être mise à l’abri d’éventuelles révélations si, par le plus pur des hasards, Philippe en venait à croiser François – mais avec un frère mousquetaire, rien n’était impossible. Il l’avait bien croisée elle… Et jamais son frère, l’unique, à vrai dire, ne devait savoir ce qui se tramait.
« Je ne sais pas où cela me mènera, mais advienne que pourra, n’est-ce pas ? conclu-t-elle en posant ses prunelles brunes sur lui. »
La conversation pouvait, et surtout aurait pu rouler ainsi très longtemps. C’était d’ailleurs la voie qu’elle semblait prendre, et ce sûrement. Cependant, il était dit que les choses ne se passeraient pas comme elles le devraient – si tant est qu’elles ne se soient pas déjà écartées de ce « droit chemin » comme le disait si bien Elodie. En témoignèrent ses ombre qui, invisibles et menaçantes, se glissaient non loin des deux promeneurs attardés. Et que la nuit soit pleine de bonnes… ou mauvaises surprises.


Je suis désolééée de ce retard atroce T.T Enfin, là voilà XD J’ai vaguement lancé l’action, j’espère que ça te va Smile Comme ça, tu peux en faire ce que tu veux *o*
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Philippe d'Artagnan


Philippe d'Artagnan

« s i . v e r s a i l l e s »
Côté Coeur: Après avoir souffert ces dernières années, ma belle Elodie le remet en marche ♥
Côté Lit: Je suis fidèle à l'amour et à un seul être. Et je l'attendrais.
Discours royal:



    Ҩ PRINCE CHARMANT Ҩ
    Je te promets la clé des secrets de mon âme


Âge : 25 ans
Titre : Duc de Gascogne
Missives : 638
Date d'inscription : 01/06/2008


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MessageSujet: Re: Il faut parfois savoir se montrer déraisonnable… | Philippe d'Artagnan   Il faut parfois savoir se montrer déraisonnable… | Philippe d'Artagnan Icon_minitime21.12.10 18:37

Pourquoi avait-il prononcé cette phrase ? Ce « Puis … Je suis ravi de partager à nouveau une promenade avec vous. » lui avait échappé sans qu'il ne s'en rende compte. Son sourire légèrement gêné était suffisant pour décrypter ses sentiments par n'importe quelle personne. Et Philippe ne le voulait pas, il avait déjà du mal à accepter ce que lui ressentait, ce n'était pas pour que quelqu'un d'autre s'en empare et lui montre la vérité en face. Ou – pire – si Élodie l'avait compris, le jeune duc ne voulait pas perdre sa présence, son amitié. Ne se sentant pas capable de vivre sans une présence de sa part, bien qu'il ne puisse pas l'aimer comme son cœur le voudrait. Mais ce n'était pas l'heure d'une introspection, d'Artagnan pouvait le faire durant ses nombreuses nuits d'insomnie, où le sommeil laisse la place aux cauchemars, aux pensées et aux hypothèses de vie improbable. Philippe devait profiter de cet instant avec la belle, qui sait quand il la reverrait …

Il suivit Élodie sur un chemin, leurs pas ne se pressaient pas, lui avait la volonté de faire durer cet instant, cette promenade. Lorsque Philippe quitterait la belle, il se remémorait de chaque pas, chaque sourire de sa part, de leur conversation et s'accrocherait à cet instant de bonheur, cette soirée différente des autres, lui rappelant la Gascogne, quand elle l'a sauvée sans le savoir. Sauveuse d'âmes, de cœurs sans le savoir, d'Artagnan avait encore besoin de la demoiselle pour se rassurer, continuer de se raccrocher à la vie. Et pour cela, continuer de lui parler, raconter sa vie et tenter d'évacuer les mauvaises nouvelles de la disparition de son père pour les bonnes, la découverte d'un neveu et voir grandir sa nièce, sa filleule même. Et le sourire de Philippe fut sans doute contagieux car il vit Élodie en avoir un à son tour. Non, il ne comprenait pas le sens premier de cet étirement de lèvres, lui pensait simplement qu'elle était contente pour lui, qu'elle partageait sa joie et cela lui suffit amplement. Il avait abandonné sa famille pendant deux années, le temps qu'Aurore devienne davantage une petite fille qu'un bébé et que Guillaume naisse ! Puisque le duc ne pensait pas avoir de descendance , du moins pas avant avoir l'envie de se remarier – autant dire pas de sitôt – il reportait son affection sur ces deux enfants et les traitaient comme les siens. Pourtant, il ferait un excellent père, Philippe savait être patient, joueur mais aussi sérieux lorsqu'il le fallait, se serait occupé de leur éducation avec une certaine ouverture d'esprit, ne pas laisser ses enfants étriqués dans un certain moule … Mais pourquoi y penser ? Le gascon ne serait pas père avant longtemps, voire jamais. Alors quitte à ne pas avoir le chair de sa chair, autant profiter du reste. D'une fille si belle et parfaite qu'on ne peut l'aimer à sa juste valeur ni qu'on ne peut toucher de peur de la briser.

Cette même qui racontait à présent sa vie. Et encore une chose attira Philippe davantage vers elle : ce désir de liberté les réunissait inexorablement. Ne pas vivre selon le choix des autres, comme il la comprenait. A la mort de sa mère, le jeune homme avait décidé de vivre comme lui l'entendait, ne pas entrer dans le moule de son père, il ne voulait pas être un guerrier, un homme d'armes et ne vivre que pour son honneur. Lui rêvait de voyages, de terres inconnues, de découvrir autre chose que les rangs de l'armée, des mousquetaires et vivre l'épée à la hanche. Fier d'avoir réussi à une certaine époque, son seul regret fut de ne pas avoir participé aux séances d'épée avec son paternel. Tout aurait changé … Tout comme Élodie : peu de chance qu'elle eut un mariage d'amour vu comment elle fuyait, il aurait été intolérable qu'un vieux croulant l'ait entre ses bras pendant qu'elle pleurerait en silence. Il se contenta de hocher de la tête mais n'en pensait pas moins, et approuvait sa fuite, puisqu'il avait fait pareil, bien que les raisons soient différentes.
Ah la famille … Croire que tout ce qu'ils vous conseillent sont paroles d'Évangile à écouter absolument. Quel droit chemin ? Comment savoir quel est le bon ? Il la comprenait si bien qu'il rit de bon cœur avec elle.

« Je ne sais pas où cela me mènera, mais advienne que pourra, n’est-ce pas ? »

Nouveau hochement de tête, accompagné d'un sourire bienveillant. Le mode de vie de la jeune femme était exactement ce qu'il avait fait durant des années, il ne pouvait la juger ni la blâmer.

« Je suis tout à fait d'accord. Je vous encourage même à continuer sur cette voie. Ce n'est pas conventionnel de pousser une demoiselle à vivre en dehors des traditions mais je suis partisan d'une certaine liberté, quelque soit notre sexe ou notre condition. Et nous sommes bien plus heureux libres, nous pouvons nous blâmer en cas d'erreur mais personne n'intervient. Un peu de responsabilité mélangé à l'insouciance. Je pense que la vie peut se résumer à cette phrase. »

Un large sourire s'accrocha à ses lèvres. Il la comprenait si bien, Élodie représentait le genre de personne qu'il aimait : à la recherche de la liberté, loin de l'étiquette et des limites de la société. Les hommes voyagent, pourquoi pas les femmes ? Le jeune homme était un visionnaire pour cela, un peu trop en avance sur son époque mais il reprit sur sa lancée.

« Paris et Versailles sont un monde à eux seuls, je comprends qu'on y attache une grande importance. Il y a tant à y faire … D'ailleurs comment occupez vous vos journées ? A part vous cacher de vos frères et emmener les jeunes hommes en promenade au crépuscule ? »

Taquiner l'autre n'était jamais méchant. Le proverbe dit bien : qui aime bien, châtie bien. Voilà pourquoi Philippe conservait son sourire. Avec elle, tout semblait si simple, aucune barrière ni de difficulté à sourire, rire et même parler. S'il se forçait à tout cela avec les autres, Élodie lui apportait un baume au cœur qu'il ne saurait expliquer, qu'il ne veut pas expliquer plutôt … Cette plénitude aurait pu durer toute la promenade, pendant une heure, deux, une éternité même selon comment on compte le temps dans ce chemin.
Ce ne fut pas le cas car un bruit alerta le jeune homme. Vigilant depuis toujours, à en devenir paranoïaque depuis deux ans, Philippe se méfiait du moindre bruit, davantage ces craquements dans la campagne, synonyme d'une présence. Souvent, il ne s'agit que d'animaux mais sait on jamais. d'Artagnan s'arrêta net au second bruit et tourna la tête. L'étendue sombre ne permettait pas d'y voir âme qui vive. Un mauvais pressentiment le prit au corps, son pouls s'accéléra et ses traits se durcirent d'un seul coup. A voix basse, il s'adressa à la demoiselle.

« Avez vous entendu ? »

Pourtant, plus rien. Il soupira et leva les yeux au ciel. A force, Philippe allait se croire fou ! Il se détendit avant de reprendre sa marche.

« La campagne m'a rendu trop vigilant. Le moindre bruit m'inquiète. »

Mais ce moment d'inattention fut l'occasion à des hommes de se positionner derrière eux. L'un d'eux attrapa Élodie par le bras, tandis qu'un vieux barbu saisit Philippe par le col.

« Les amoureux, ne savez vous pas qu'il est dangereux de se promener si tard ? Vos vies contre vos richesses ! »

Le mauvais souvenir de sa précédente agression deux années auparavant refit surface. Mais au lieu de le tétaniser, Philippe décida de ne pas reproduire les mêmes erreurs, il ne voulait perdre Élodie, pas une autre morte sur les bras, sa vie n'y résisterait pas. Resté silencieux à fixer le bandit, ce dernier le secoua, excédé. Puis il vit briller la chaîne en or de Philippe, où trônait sa bague de fiançailles et la croix de sa mère.

« Mais c'est qu'il n'a pas l'air d'un manant notre amoureux ! » plaisanta le brigand qui voulut couper le chaîne avec sa dague.

« N'y touchez pas ! »

De colère, Philippe repoussa violemment l'homme et eut pour effet d'arracher sa chaîne qui tomba au sol. Plutôt que de s'en soucier, il attaqua son adversaire d'un bon poing dans le nez avant de sortir son poignard de sa botte avant d'assener un coup dans l'épaule à son assaillant. Peu adorateur des bagarres, d'Artagnan savait pourtant se battre, davantage avec les poings qu'avec une lame mais face à des voleurs armés, un poignard n'était jamais de trop. Combien étaient-ils ? A première vue, il en vit quatre mais l'obscurité grandissante l'empêchait de bien les compter. Bien décidé à se battre, l'homme tenant Élodie la poussa violemment sur le sol avant de se jeter sur Philippe. Sans chercher à l'éviter, le gascon enfonça son arme blanche dans l'abdomen du barbu courant vers lui. Un de mort. Le premier revint à la charge et réussit à désarmer le jeune homme qui continuait à se battre à mains nues, déterminer à ne pas mourir sur ce chemin et ne pas laisser une autre fille de son cœur partir dans l'au-delà.
En parlant d'Élodie, il tourna la tête pour savoir ce qui se passait de son côté et son adversaire en profita pour lui entailler le bras de sa lame. Blessure certes superficielle mais le rouge du sang colorait la blanche chemise, rendant l'aspect plus grave qu'il ne paraissait. Cela ne l'empêchait de continuer à se battre et surtout tenter de se débarrasser de cet homme pour porter secours à la jeune femme. La chance voulut que le brigand se prit les pieds dans une racine et trébucha. Cela était assez pour récupérer son poignard à terre et sauver la belle. Enfin sauver … Voir Élodie se battre le décontenança l'espace d'un instant. Lorsqu'un quatrième larron s'en mêla, il lui sauta dessus pour enfoncer son poignard dans le cou pour le faire tomber.
A deux contre deux, le combat semblait déjà plus équitable … Ou presque.

[Vraiment, vraiment désolé pour l'attente ... j'espère que ça te plaira en tout cas Embarassed ]
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MessageSujet: Re: Il faut parfois savoir se montrer déraisonnable… | Philippe d'Artagnan   Il faut parfois savoir se montrer déraisonnable… | Philippe d'Artagnan Icon_minitime04.01.11 21:40

Advienne que pourrait. De ses voyages, de sa vie un peu trop libre, c’était sans doute ce que Philippe comprendrait sans pouvoir seulement imaginer le nombre de sens que prenait cette phrase aux yeux de la belle. Advienne que pourrait de ses frasques, de cette vie qu’elle ne devrait pas mener et qui, si elle n’y prenait pas garde, finirait par lui coûter bien plus que les quelques blessures dont parfois, les traces se lisaient encore sur sa peau. A elle, son frère, sa famille… un honneur auquel, bien que femme, elle attachait autant d’importance – si ce n’est plus – que tous ces gentilshommes qui s’en réclamaient sans cesse et à n’importe quelle occasion ; sans pourtant sentir le besoin d’y faire incessamment référence. Advienne que pourrait, oui… de ce trouble qu’elle ne pouvait – ne voulait pas nommer, de ces sentiments qui allumaient encore sur ses lèvres ce sourire presque trop éloquent et dans ses yeux cette petite étincelle à chaque fois qu’elle croisait les siens. Advienne que pourrait, oui, à condition qu’elle ne se décide enfin à admettre ce qu’elle tentait de refouler ; cette folie à l’encontre de toutes les contraintes que lui imposaient sa casaque et son imposture. Et pourtant, qu’elle était tentante, cette petite voix lui soufflant – une fois encore, depuis qu’elle avait quitté le domaine familial travestie en homme - qu’il fallait parfois savoir se montrer déraisonnable…

« Je suis tout à fait d'accord. Je vous encourage même à continuer sur cette voie, répondit Philippe avec un sourire qui aimanta un instant les prunelles d’Elodie. Ce n'est pas conventionnel de pousser une demoiselle à vivre en dehors des traditions mais je suis partisan d'une certaine liberté, quelque soit notre sexe ou notre condition. Et nous sommes bien plus heureux libres, nous pouvons nous blâmer en cas d'erreur mais personne n'intervient. Un peu de responsabilité mélangé à l'insouciance. Je pense que la vie peut se résumer à cette phrase. »

Laissant distraitement sa main jouer dans ses longues mèches fauves, la jeune femme appuya d’un regard entendu, d’une mimique mutine et d’un signe de tête les paroles du Duc. Il voyait loin, bien plus loin que cette majorité guindée qui arpentait aussi bien les salons versaillais que les campagnes de bourgogne. Les mêmes idées si peu partagées, les mêmes envies – besoins même – de liberté… dès le première rencontre, c’était ces déviances qui les avaient rapprochés. Penser hommes et femmes de la même façon sans y voir un scandale, sans s’en offenser ; Philippe était l’une des ces rares personnes qu’il ait été donné de rencontrer à Elodie avec lesquels discuter ne provoquait plus ces sourires à l’ironie amusée. Elle pouvait lui parler, sincèrement, si bien qu’elle ne saurait dire combien de fois elle avait été tentée de tout lui confier, absolument tout, se plaisant à croire que parce qu’il était lui, avec toutes ses différences, loin, bien loin de l’étroite rigueur que tous imposaient, il ne s’en formaliserait pas ; que son insolente audace ne lui arracherait pas ne lui arracherait pas cette réaction qu’elle redoutait. Mais la crainte, toujours, de le perdre – plus encore que le reste – l’avait arrêtée. Et une fois – cette fois encore…

« Paris et Versailles sont un monde à eux seuls, je comprends qu'on y attache une grande importance. Il y a tant à y faire… D'ailleurs comment occupez vous vos journées ? A part vous cacher de vos frères et emmener les jeunes hommes en promenade au crépuscule ? »

A me battre, me faire passer pour un homme en dépit de ce qu’en pense mon unique frère, à vrai dire. C’est derrière un éclat de rire claire qu’Elodie masqua cette pensée bien trop dangereuse, se contentant ensuite de la moue si énigmatique qui, à elle seule, renfermait ce lourd secret qu’était Eric de Froulay.

« Me dérober à mes frères est une activité à plein temps ! A croire que les mousquetaires sont partout, répondit-elle, toujours rieuse, accompagnant d’un geste un regard amusé levé au ciel. J’apprend beaucoup de choses loin des salons et des mondanités, reprit-elle, plus sérieuse mais toujours aussi mystérieuse, restant évasive. En revanche… je n’ai jamais partagé cette promenade qu’avec vous. »

Une fois encore, elle ne fut pas certaine de ses derniers mots, comme si ceux-ci trahissait un peu trop le fond de ses pensées qu’elle tenait, plus que tout, à garder secret. Distraitement, elle détourna le regard, détaillant un instant la nature nocturne qui s’offrait à eux – eux, pour son plus grand plaisir. Ce soir, tout ce qu’il y avait de mousquetaire en elle s’était comme évaporé. Elle restait Elodie, raison pour laquelle sans doute elle ne prit pas gardes à cette menace grandissante, dans leur dos. La vigilance pourtant ne lui faisait que rarement défaut, et plus encore en pleine campagne. C’était comme si cette nuit, rien de plus ne semblait pouvoir arriver. Philippe, elle, une lune ronde, une promenade… et ce drôle de craquement, qui fit s’arrêter le jeune homme.

« Avez-vous entendu ? »

Fronçant les sourcils, Elodie jeta un coup d’œil perçant aux bois qui se dressaient autour d’eux avant de hausser les épaules. Tant de vie grouillait entre ces grands arbres. Un sourire amusé étira un instant ses lèvres alors que le Duc revenait lui-même sur ses craintes. Jusqu’à ce qu’un autre bruit, bien plus proche, bien plus éloquent ne les interrompe définitivement, donnant nom et corps à l’ombre qui planait depuis quelques minutes déjà au dessus de leur chemin. Avant que la moindre réaction ne soit possible, la jeune femme sentit une main se refermer brusquement autour de son bras, la tirant légèrement en arrière et révéler à ses prunelles surprises les silhouettes qu’elle aurait depuis bien longtemps dû avoir remarquées.

« Les amoureux, ne savez vous pas qu'il est dangereux de se promener si tard ? Vos vies contre vos richesses ! »

Elodie le dévisagea, furieuse. De cette intervention qui n’avait rien d’agréable certes, mais surtout ce soir. Quand elle avait tant de fois risqué, déjà, de faire de mauvaises rencontres sur ce même sentier. Brusquement, elle tenta de se dégager, sans succès. Si elle avait l’habileté, la force, assurément, lui manquait toujours.

« Lâchez-moi, siffla-t-elle, menaçant à l’homme qui la maintenant alors que Philippe était pris à partit par l’autre détrousseur. »

Il eut un rire perfide, lui arrachant à son tour un rictus. Elle n’avait rien de la fragile jeune femme à attaquer au détour des chemins. Qu’il ne la lâche qu’une seconde, et il lui en cuirait… A un détail près, tout de même : encore fallait-il qu’elle ne se procure une arme.

« N'y touchez pas ! »

Brusquement, Elodie comme son agresseur tournèrent la tête vers le jeune Duc qui, sans hésiter, jeta à terre son homme en lui envoyant un coup bien senti dans l’épaule. Avant qu’elle n’ait le temps de comprendre pourquoi, la jeune femme se retrouva certes, au sol, libre de ses mouvements alors qu’une nouvelle silhouette se jetait sur son ami, cédant la place à deux autres, non loin d’elle. Tendue, prête à les recevoir, elle laissa ces deux dernier s’approcher et déjà, les bois si silencieux se mirent à résonner des ces sons qu’elle connaissait si bien. Ceux des corps qui s’entrechoquaient, tombaient. Les cris et aussi… ces lames, sorties de leurs étuis. Un rictus lui échappa encore. Un autre homme se dressa devant elle, rapière à la main, sourire assuré aux lèvres. Violemment, il se baissa pour la forcer à se relever, mouvement dont elle profita pour lui saisir le poignet. Moins forte qu’eux, mais certainement pas faible, elle le lui tordit sans se poser la moindre question et rapidement, récupéra l’arme dont elle avait besoin. Là, le combat devenait équitable. Le mousquetaire, finalement, n’était jamais bien loin. Agilement, elle se retourna, bloquant de justesse la lame du quatrième larron qui resta un instant pantois d’une telle dextérité. Un instant seulement, et à nouveau. Légère, pas effrayée pour un sous, Elodie para et le laissa porter un troisième assaut. Qu’il se fatigue, qu’il se fatigue… A ses côtés soudains, elle devina la silhouette de Philippe qui jeta à terre un cinquième homme que jusque là, elle n’avait pas vu, pour qu’ils n’aient plus face à eux que deux des agresseurs. Arrêtant un nouveau coup, elle recula d’un pas, offrant volontairement son flanc à son adversaire qui, loin de réfléchir, tomba droit dans le piège. Satisfaite, elle fit un pas de côté puis, se retournant rapidement, lui porta un premier coup à la hanche. Un cri plus tard, l’homme tombait, le torse percé d’un deuxième coup. Habile, elle songerait à remercier Beauharnais pour cette botte. Enfin libre, elle jeta un regard au Duc qui se débrouillait également de son adversaire… mais ne semblait pas avoir vu cette dernière silhouette, pernicieuse, derrière lui ; lui tournant le dos à elle… et surtout, arme au poing, prête à s’abattre. Vive, elle ramassa une pierre sur le chemin et la lança sur le dangereux détrousseur, qui s’interrompit, visiblement surpris.

« Dans le dos ? J’ai vu plus glorieux ! lui lança-t-elle, insolente. »

La provocation ayant l’effet escompté, l’homme ne tarda pas à retourner sa lame contre elle, sans la moindre surprise. Un peu plus habile que son prédécesseur, il se fendit sans hésiter, l’obligeant à reculer alors que son regard s’était un instant égaré sur la silhouette du Duc. De justesse, l’épée lui érafla à peine la main. Sourcils froncés, elle para le deuxième, avant d’attaquer franchement, le forçant à reculer jusqu’à l’épais tronc d’un des premiers arbres bordant le chemin. Là, elle enroula leurs deux lames et celle de l’homme alla sauter un mètre plus alors que la sienne, menaçante, s’appuya légèrement sur sa gorge. Là, elle eut uns sourire toujours aussi impudent, et au premier geste qu’il fit pour tenter de s’emparer d’un quelconque poignard, fit de lui comme du précédent et l’observa tomber sans sourciller. A nouveau, le silence s’était fait sur le petit bois. L’un de ces profonds silences suivant l’agitation de ces rixes presque quotidiennes, avec leurs cortèges de morts et de blessés. Jetant la rapière, elle se retourna, croisant le regard de Philippe. L’idée qu’il ne l’ait vue se battre était sans doute encore plus claire qu’une évidence, mais elle se contenta d’une moue inquiète en voyant la large tâche rouge qui imbibait le bras de la chemise du jeune homme.

« Tout va bien ? demanda-t-elle, en s’approchant, ignorant le membre sans vie qu’elle dut écarter de sa route d’un petit coup de pied. »

D’autorité, elle lui saisit le poignet et releva la chemise teintée par le sang. Elle n’avait que trop l’habitude de ces blessures aux allures trompeuses, aussi bien dans un sens que dans l’autre, qui pouvait s’avérer aussi bénignes que dangereuses. Un léger sourire naquit sur ses lèvres lorsque, doucement, elle passa le doigt sur l’entaille pour en dégager le liquide carmin qui la masquait, à l’instar de la peau rougie par la chemise. L’entaille était superficielle. Elle leva les yeux vers lui, et s’éloigna légèrement lorsqu’elle se rendit compte des quelques centimètres à peine qui les séparaient.

« Rien de grave… Je suis navrée, j’aurais dû m’y attendre, la campagne est loin d’être sûre, fit-elle en regardant autour d’elle. »

Et plus encore ces derniers temps, mais de cela elle n’avait pas le droit de souffler mot. Avisant l’un des hommes qui gisaient, elle se baissa et arracha habilement un pan de sa chemise, juste de quoi arrêter les filets carmins qui s’échappaient de la plaie et essuyer ceux qui s’étaient déjà étalés sur la peau, masquant le bras du jeune duc. En infirmière appliquée, elle s’approcha à nouveau, reprenant la parole.

« Vous êtes un lutteur redoutable, apprécia-t-elle sincèrement, en espérant qu’il ne se méfierait pas de ses talents de fine lame. »

Prunelles baissées sur son office, elle prit le premier chiffon improvisé pour faire disparaître les tâches vermeilles, découvrant sur son poignets d’autres marques auxquelles elle fronça les sourcils, loin de s’autoriser toutefois le moindre commentaire. Elle ignorait tout – ou presque – de son passé, tout comme il ne la connaissait pas réellement au fond, mais ne voulait surtout pas faire preuve de curiosité mal placée. Elle s’appliqua même à en détourner le regard, s’intéressant à la blessure qu’elle garrotta d’une main experte avant de lui offrir un sourire à nouveau. Philippe restait pour elle un mystère sur certain points, un bien trop attirant mystère…

« Il faudra songer à soigner un peu mieux tout cela… conseilla-t-elle, un sourire aux lèvres, effleurant une dernière fois le pansement improvisé. »

Balayant le chemin du regard, elle eut une moue. Quitter le jeune homme était loin de l’enchanter et pourtant, rentrer sembler s’imposer…
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Philippe d'Artagnan


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MessageSujet: Re: Il faut parfois savoir se montrer déraisonnable… | Philippe d'Artagnan   Il faut parfois savoir se montrer déraisonnable… | Philippe d'Artagnan Icon_minitime12.01.11 17:56


« … je n’ai jamais partagé cette promenade qu’avec vous. »

Cette phrase, ce ton, cette façon de détourner le regard. Tout cela fit rater un battement de cœur au jeune d'Artagnan qui réprima un large sourire pour se contenter d'un léger mais tout aussi sincère. Il n'y avait pas à s'imaginer quoi que ce soit, juste ce petit plaisir de se sentir unique, que personne d'autre n'a foulé le chemin à ses côtés. Philippe ne voulait pas trop pousser l'imagination, il ne se sentait pas assez en confiance, ni même audacieux dans la tête pour penser que ses paroles valaient plus que les mots dits. Non, Élodie n'avait pas dit implicitement quoi que ce soit, toutes les phrases n'ont pas de double sens, de mots cachés par d'autres. Et le jeune Duc se satisfaisait de peu en cet instant, de cette promenade, d'elle à ses côtés et de leur conversation privilégiée sur ce chemin. Cela était déjà énorme, lui qui, encore quelques mois auparavant, préférait passer ses journées enfermé dans sa chambre à attendre que le temps passe et ne voulait rien. Là, il avait beaucoup et s'en imprégnait à chaque pas, comme pour ne pas oublier cette soirée en compagnie de la belle. Belle et mystérieuse, Élodie restait toujours évasive sur sa vie et il ne l'en blâmait pas, Philippe en faisait tout autant et ne voulait pas la forcer, chacun ses secrets. Cette aura de secret l'attirait davantage, sans qu'il veuille bien sûr l'avouer.

Dire que tout cela aurait pu rester ainsi, à marcher au gré de leurs envies et parler avec plaisir. Mais comme dans tout moment, il y avait une fin et celle-ci arriva bien plus tôt qu'ils auraient pu penser. Des brigands en campagne, quoi de plus normal. Il aurait du y penser, lui qui en avait assez vu sur ses routes mais avait souvent réussi à les esquiver. Là, la confrontation était impossible à repousser, l'homme était devant lui tandis qu'un autre tenait fermement Élodie. Hors de question de passer pour un couard, il avait du sang d'Artagnan dans les veines, du vrai gascon, du sanguin qu'il ne fallait pas chercher sous peine de le trouver. D'ailleurs, cela arriva bien vite. Sans bonnes manières, ces hommes là ne connaissent pas la politesse et ce sont toujours les plus traîtres qui gagnent, à coup de couteau dans le dos. Philippe savait se battre dans tous les cas, il ne se laisserait pas avoir. Avoir une véritable arme, une bonne vieille épée, aidait pour la fin du combat. Pas un grand escrimeur, il avait souvent éviter les cours d'armes avec son père, il avait bien du s'y résoudre et s'en sortait assez bien. Disons que pour tuer quelques malfrats, c'était bon mais il ne pourrait pas rivaliser avec les grands, il avait toujours perdu contre son père et son frère. Et même rapière au poing, il faillit y passer, justement par une attaque dans le dos. Élodie le sauva de justesse alors qu'il achevait son propre assaillant, laissant place à un grand silence après ce concert d'entre chocs des lames. Philippe jeta son épée et se tourna vers la jeune femme, indemne et la dévisagea, curieux. Elle savait si bien se battre ! Cela la médusa et alors qu'il ne fit qu'un signe de tête pour répondre à sa question, la jeune femme s'approcha et regarda sa petite blessure. Il n'y avait même pas fait attention, trop occupé à se battre, cela ne devait pas être grave. Pendant ce temps là, elle regardait la plaie sans qu'il ne la lâche du regard. Elle était si près, il pouvait humer son odeur et la contempler comme jamais il n'aurait pu imaginer. S'il avait été audacieux, il aurait pu … Mais il ne l'était pas et déjà elle s'éloigna.

« Rien de grave… Je suis navrée, j’aurais dû m’y attendre, la campagne est loin d’être sûre. »
« Vous n'avez pas à vous excuser, vous ne pouviez pas prévoir. Moi si. Après tout, je viens de la campagne … »

Il s'en voulait, son cœur avait gagné pour faire cette ballade, sans penser aux probables dangers que ces lieux pouvaient présenter. A cause de ce cœur, il avait failli risquer la vie de la jeune femme et n'aurait pas supporter qui lui arrive le moindre mal. Seulement, c'était lui qui récoltait la petite blessure de guerre. La voilà à se rapprocher de nouveau pour le soigner, à lui toucher le bras pour enlever le sang qui s'était échappé de l'entaille. Impossible à contrôler cet élan de l'organe amoureux, cet emballement qu'il devrait refuser, que son cœur ne devait pas faire si on questionnait sa raison. Philippe tenta de regarder ailleurs mais ses prunelles azurs semblaient aimanter par cette proximité, par la beauté d'une Élodie appliquée dans ses soins.

« Vous êtes un lutteur redoutable. »
« Cela doit être de famille … Tout comme vous sans doute. »


Enfin, on lui avait appris à se battre car il était un garçon et que c'était la moindre des éducations, davantage quand le père est mousquetaire et porté sur l'honneur de ses progénitures. Mais qu'il y aurait-il comme avantage à apprendre à une fille de se battre ? Non pas qu'il soit devenu rétrograde dans ses idées, Philippe trouvait vraiment cela encore moins conventionnel que les questions de liberté pour les femmes. La curiosité l'avait piquée, il lui demanderait. Pas tout de suite, autre chose attira son attention : à nettoyer son sang, Élodie allait découvrir d'autres blessures, de désespoir cette fois-ci. Il tressaillit un instant et la vit froncer les sourcils sans rien dire. Que pouvait-elle penser de ces cicatrices sur son poignet ? Il n'était pas fier de ce qu'il avait fait, victime d'une tristesse si profonde que même la foi ou la force ne put l'empêcher de commettre un pêché impardonnable. Et comme pour lui rappeler cette honte, les marques restaient, ne voulaient pas s'en aller. Philippe était condamné à les voir tous les jours, s'en souvenir sans cesse. Peu de gens connaissent cet acte de mort manqué. Son homme à tout faire Grégoire, son médecin, son frère et ce bon vieux Barnabé. Les domestiques de Lupiac ne savaient pas et il ne voulait pas en parler aux autres, gardait cela comme un secret défendu. Si la belle découvrait ce passé, elle ne le verrait plus jamais comme avant … Élodie ne dit rien, il la vit même détourner le regard. Politesse ou pitié ? Il n'osa pas demander non plus, trop honteux.

Avec son bandage de fortune, Philippe sourit malgré tout et hocha de la tête lorsqu'elle lui conseilla de soigner mieux cela au plus vite.

« Promis. Et vous, vous n'avez rien ? »

Il l'a regarda, Élodie semblait ne pas avoir été touché. Un petit soupir s'échappa, il avait eu si peur qu'il lui arrive quelque chose, jamais il ne le se serait pardonné. Quelques pas plus tard, il poussa la main d'un des cadavres et récupéra sa chaîne tombée au sol, simple chaîne en or où trônaient la croix de sa mère et sa bague de fiançailles. Une valeur relative du point de vue monétaire, mais inestimable pour son cœur. Perdre ces pendentifs reviendrait à perdre les deux femmes qui l'avaient quitté. Il mit le bijou dans sa poche et se retourna vers Élodie.

« Je vais vous raccompagner jusqu'à chez vous, évitons un nouveau conflit. »

Il souriait doucement, regretta presque ses paroles. Il ne voulait pas finir cette soirée, aimerait que cela dure une éternité, ne voulait pas la quitter mais cette fois, la raison l'emportait. Pas question de s'attirer probablement des ennuis, même si l'envie de rentrer lui manquait.

« Ce sera l'occasion de me raconter où vous avez appris à manier l'épée mieux que moi. Je dois vous avez que j'ai été plus qu'impressionné par vos talents de fine lame, et pas question de se dérober ! »

La curiosité pouvait se montrer un vilain défaut et là, Philippe appuyait sur une corde sensible sans le savoir. Mais il n'était pas courant de voir une jeune fille se battre mieux qu'un homme, aussi bien qu'un...mousquetaire, même si cela n'effleura même pas l'esprit du Duc.

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MessageSujet: Re: Il faut parfois savoir se montrer déraisonnable… | Philippe d'Artagnan   Il faut parfois savoir se montrer déraisonnable… | Philippe d'Artagnan Icon_minitime24.01.11 20:09

« Cela doit être de famille… Tout comme vous sans doute. »

Question épineuse, en ce qui concernait la jeune femme dont la raison aurait voulu qu’elle ne se passe du moindre commentaire sur la façon de se battre de Philippe. Non pas qu’il ne se battait pas bien – au contraire, ne lui avait-elle pas assuré l’inverse ? Non, le problème était tout autre : celui des interrogations qu’une pareille réplique ne pouvait qu’amener. Et preuve venait d’en être faite, même de manière détournée. Pour toute réponse, une moue énigmatique étira ses lèvres alors, qu’un instant, elle relevait les yeux vers lui avant de se concentrer à nouveau sur la petite plaie. Mimique mystérieuse, n’apportant, certes, aucune réponse. Mais après tout, dans les faits, il n’avait pas encore posé de question ; alors pourquoi s’embarrasser d’une réponse ? Une réponse qui, quelle qu’elle soit, ne serait qui plus est que mensonge. Ou presque. Silencieuse, Elodie le laissa donc sur son sourire sans ajouter le moindre mot. Chiffon improvisé en main, elle eut une pensée pour la famille du duc, son frère à lui, son lieutenant à elle. Et leur père, que la plupart des mousquetaires ne pouvait qu’admirer, sans même jamais l’avoir vu. Si Philippe possédait des talents de bretteur, en effet, il n’y avait rien d’étonnant à l’entendre supposer que cela puisse être de famille. Après tout, qui n’associait pas une épée au nom de d’Artagnan ? Nouveau sourire. Et quelle épée. Fine lame, et le mot était faible. Toute autre sorte de lame, sans doute, que celle dont elle vit soudain apparaître les traces trop éloquentes sur les poignets du jeune homme. Traces désespérées, mais de quoi, cela elle l’ignorait. Etait-ce pour les mêmes raisons que ses traits lui avaient toujours semblés plus pâles qu’ils ne le devraient, que parfois dans son regard se lisaient ces vagues troubles, ces infimes absences ? Que connaissait-elle de lui, au fond, sinon ces longues conversations, ces idées qui les liaient, un peu à part, et ce sourire qu’elle aimait tant ? De son passait, elle ignorait tout. Une seule chose était certaine : la réciproque était vraie.

« Promis assura Philippe lorsqu’elle eut fini de le panser et conseillé de se faire plus sérieusement soigner. Et vous, vous n'avez rien ?
- Rien ; sinon un peu de sang sur les mains, répondit Elodie en laissant errer deux prunelles peu amènes sur l’un des cadavres. »

Et ce, sans regret, inutile de le préciser. A combien de vies avait-elle froidement mis fin sans que cela ne l’affecte, ni personne autour d’elle ? Vaguement, elle jeta un regard sur la trop légère éraflure à la base de son pouce pour mériter une quelconque attention. Elle en chassa l’insignifiante gouttelette de sang et, alors que Philippe déplaçait l’un des cadavres, rabattit les sombres pans de sa mante contre elle. Comme aimantées, ses prunelles se posèrent sur le jeune homme qui se redressait, une chaîne en main. Une chaîne que la belle lui avait déjà vue sans aller, encore une fois, jusqu’à l’interroger. Pourtant, elle le savait, ou du moins s’en doutait, cette petite croix accompagnée d’une bague se trouvaient constamment autour de son cou. Et la curiosité, comme toujours, ne savait que trop bien la piquer à l’idée de ce que pouvaient bien représenter ces pendentifs. Dons ? Souvenirs ? Dieu qu’elle aurait aimé pouvoir chercher à tout découvrir de lui, percer ce mystère pourtant si fascinant. Cependant elle n’en avait pas le droit, raisonnablement. Pas plus qu’elle n’avait le droit de penser ainsi à tous ces mensonges qu’elle aimerait pouvoir dissiper.

« Je vais vous raccompagner jusqu'à chez vous, évitons un nouveau conflit, lança soudain le jeune Duc, se tournant vers elle. »

Un léger sourire étira les lèvres d’Elodie. Un sourire dont elle ne put cependant dissimuler toute l’amertume. Revenir sur leurs pas s’imposait, bien qu’il n’y ait que peu de chances pour qu’ils ne croisent sur le même chemin une autre bande de brigands. Pourtant, il lui semblait qu’il n’y avait que quelques minutes à peine qu’ils s’étaient retrouvés. Le temps était bien trop court. Le reverrait-elle seulement, continueraient-ils comme avant, en Gascogne, à se voir régulièrement ? S’il n’était que de passage… Doucement, elle hocha la tête. Mais il y avait autre chose. Il était absolument hors de question que Philippe ne la ramène chez elle, c'est-à-dire à la caserne. Leurs chemins devraient se séparer avant même la petite auberge dans laquelle, à nouveau, elle quitterait jupons et longues mèches fauves pour reprendre le masque d’Eric, la casaque ; et que la mascarade continue.

« Ce sera l'occasion de me raconter où vous avez appris à manier l'épée mieux que moi. Je dois vous avez que j'ai été plus qu'impressionné par vos talents de fine lame, et pas question de se dérober ! »

A cette réplique, Elodie eut un petit éclat de rire puis dévisagea un instant le jeune homme, arborant à nouveau cette moue mystérieuse qui lui était si propre. Des mensonges, encore. Des non-dits, surtout. Car finalement, ça n’était pas chez les mousquetaires qu’elle avait appris à manier l’épée, mais chez elle, avec son frère et ce sans avoir à se cacher sous des vêtements d’homme. Certes, elle était bien plus redoutable maintenant… mais enfin, cela, elle n’était pas obligée de le préciser. Se mettant en marche donc, et invitant du regard Philippe à la suivre, elle resta un instant silencieuse, yeux baissés pour ne pas buter sur un cadavre – et peut-être fuir son regard – avant de revenir à ses traits, énigmatique toujours.

« Je crois qu’avoir passé bien plus de temps à observer mes frères qu’à m’intéresser à tout ce que l’on voulait m’apprendre d’autre y est pour quelque chose, répondit-elle enfin. Mais il y a de leur faute aussi… Ils n’ont jamais vu le moindre souci à m’apprendre ce que mon père leur montrait. »

Elle eut un petit rire, à nouveau. Elle pensa à François, et aux heures entières qu’ils avaient pu passer dans la cour à se battre, en dépit de ce qui pouvait bien être correct ou non pour une jeune fille. Pourtant, s’il avait su alors sur quel chemin tout cela allait l’emmener… sans doute y aurait-il renoncé. Et comment ne pas le comprendre ? C’était une folie, Elodie en était parfaitement consciente. Mais une folie sans laquelle elle ne préférait pas imaginer sa vie. Seule dans un château froid à dépérir dans les bras d’un quelconque gentilhomme choisi plus pour son intérêt monétaire que pour celui qu’elle pourrait bien lui porter. Hors de question. Elle préférait mourir au détour d’un chemin de campagne dans une embuscade tendue par quelques manants plutôt que d’être obligée de se plier à un mari ne l’estimant bonne qu’à décorer son bras ou porter ses enfants. Sans doute était-ce scandaleux, mais c’était ainsi. A nouveau, elle leva les yeux sur Philippe.

« Je dois admettre que je les envie. J’aimerais être à leur place, parfois. Mousquetaire… pourquoi pas, après tout ? Je me bat aussi bien qu’eux et- commença-t-elle, avant de s’interrompre. Soudain, elle détourna le regard, s’entaillant légèrement l’intérieur de la joue. Avant d’aller trop loin, beaucoup trop loin. Je m’égard, pardon. Une femme mousquetaire ? Drôle d’idée, vraiment… »

Elle força un rire clair, faisant mine de rire de sa propre idiotie. Idiotie oui, parce que si elle ignorait ce que son cœur se serait laissé aller à dire, elle était en revanche certaine d’une chose : il était indispensable qu’elle ne le dise pas. Muette, lança une œillade discrète au jeune homme tout en ayant l’air de détailler la nuit, profonde, qui les entourait. Il était tellement facile de lui parler, tellement naturel que ça en devenait dangereux. Et pourtant, c’est sans se presser, lentement même que les deux jeunes gens parcouraient le chemin du retour n’ayant, ni l’un ni l’autre, envie de se quitter et bien trop incertains pour oser se l’avouer.
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MessageSujet: Re: Il faut parfois savoir se montrer déraisonnable… | Philippe d'Artagnan   Il faut parfois savoir se montrer déraisonnable… | Philippe d'Artagnan Icon_minitime29.01.11 22:30

Il n'avait pas envie de rentrer, pas tout de suite. La quitter lui déchirerait à nouveau le cœur, même s'il savait que cela se produirait, que ce soit dans une heure ou au matin. Le temps était injuste, passant trop vite lorsqu'on tient à une personne. Pourtant, Philippe devait bien se rendre à l'évidence : il lui fallait revenir sur ses pas et se résoudre à laisser Élodie a la porte de son habitation et repartir le cœur crevé. Malgré tout, il faisait bonne figure, souriait, s'autorisait même la petite audace de poser une question sur la vie de la jeune femme. Il fallait avouer qu'il ne savait pas vraiment grand chose sur le passé d'Élodie, son quotidien et tout un tas de choses. Le jeune Duc connaissait ses goûts, quelques pensées philosophiques et des avis sur divers sujets. Mais certaines zones d'ombre, à la fois attirantes et frustrantes, étaient un frein à tout un tas de choses pour Philippe. Alors le voilà à se permettre de poser une question un peu personnelle. Après tout, il était bien rare qu'une femme manie aussi bien l'épée, aussi bien qu'un homme, voire mieux dans certains cas ! Et lorsqu'elle se mit à raconter, le jeune homme continuait de sourire, ravi d'avoir cette petite confidence, assez vague mais permettant d'avoir enfin un petit aperçu de la vie d'Elodie de Froulay.

Et l'entendre dire que ses frères lui donnaient des leçons d'épée alors que lui les fuyait comme la peste le fit rire. En même temps, avoir en professeur Charles d'Artagnan, le plus talentueux mais surtout le plus impatient et indélicat personnage, n'aidait pas à vouloir apprendre quoi que ce soit. Lorsqu'il tâtait de l'épée avec Alexandre, cela était déjà plus amusant et ludique ! Mais le père les surveillait et son frère ne pouvait pas toujours aider son cadet … C'est bien dommage, cela lui aurait évité de nombreux déboires au cours de sa vie, cela lui aurait aussi empêché de vivre de grandes souffrances, une en particulier. Et ses deux dernières années auraient été totalement différentes. D'un autre côté, il ne serait pas aux côtés d'Élodie à faire la conversation, le petit cœur battant pour elle sans qu'il ne se l'avoue réellement. Un mal pour un bien qu'il n'assumait pas … Mais pour en revenir à l'épée, sûr qu'elle était beaucoup plus douée que lui. Philippe se battait avec l'adrénaline plus qu'avec le talent, c'est certain. A choisir, le gascon préférait les mains nues, là où la force et l'intelligence étaient davantage ses armes de prédilection.

Élodie continuait de parler de ses envies de devenir Mousquetaire mais elle se censura elle-même, coupa son propre élan. Lui n'avait jamais pensé à une femme mousquetaire malgré ses nombreuses idées de liberté. Non pas qu'il trouvait cela inconcevable mais cela ne lui avait jamais effleuré l'esprit. Il préféra hausser des épaules avant de lui répondre.

« Peu de choses sont totalement idiotes. Je n'y ai jamais pensé, ce que je vais dire sera peut être un amas d'idioties mais une femme peut aussi bien se battre qu'un homme, vous venez de le prouver, mais n'est ce pas un danger ? Elle serait davantage attaquée et donc cela augmenterait le risque de blessures, … ou pire. Et il suffit qu'elle soit jolie pour faire tourner la tête des Mousquetaires mâles qui ne pensent plus vraiment lorsqu'il s'agit d'une femme … Mais je ne dis pas cela pour mon frère ! »

Philippe se mit à rire en repensant à son frère et son incapacité avec les femmes. Il se demandait parfois comment Marine avait pu l'attirer jusqu'à l'autel ! Puis il se reprit avec un large sourire.

« Soit dit en passant, vous auriez fait un excellent mousquetaire. »

S'il savait … Elle n'avait pas attendu son compliment pour se travestir en homme et jouer au mousquetaire ! Bien sûr, le jeune homme ne le savait pas, ne l'imaginait pas tant cela était fantasque ! Si elle le lui disait, là, maintenant, tout de suite, sa réaction serait assez hétérogène. Il n'y croirait pas tout d'abord, puis en repensant à la baston précédente, cela serait plausible. Mais il aurait du mal de s'y faire à l'idée et puis il s'inquièterait encore plus pour elle. D'un autre côté, il se sentirait trahi car l'ayant rencontré en Eric, le jeune Duc ne supportait pas le mensonge. Bref, tout serait confus et il lui faudrait du temps pour mettre de l'ordre dans son esprit. Et Alexandre alors ? Devrait-il dire à son frère, Sous-Lieutenant, qu'une femme est dans ses rangs ? Ou alors se taire et vivre dans le mensonge avec elle, alors qu'il déteste cela ? Que de questions auxquelles il n'a pas à répondre, ni même se poser à l'heure actuelle. Mais un jour peut être …

Par contre, quelque chose lui traversa l'esprit ! Et si … Non, il ne pouvait pas lui demander cela, Élodie allait refuser. Puis c'est là que quelqu'un les voyait. Son père par exemple ! Enfin, Charles était porté disparu et il suffisait d'un endroit tranquille. Non, il ne pouvait pas demander, ce n'était pas raisonnable selon sa conscience. Mais son cœur lui jouait toujours des tours et sa bouche se mit à parler sans qu'il ne s'en rend compte.

« Et si vous m'appreniez à manier l'épée ? Je …  »

Il se tut avant de finir, se mordit l'intérieur de la joue et se sentit stupide. Heureusement que l'obscurité grandissait, la jeune femme ne verrait pas ses joues en feu. Pourtant, il devait bien continuer, le voilà lancé.

« Je … Je n'étais pas bien assidu lors des leçons mon père. Il avait une fâcheuse tendance à me faire peu et je vois bien que nous ne sommes pas au même niveau … Vous êtes bien meilleure que moi, c'est indéniable. Je me disais que vous pourriez m'aider à m'améliorer. Si vous refusez, je ne vous en voudrais pas le moins du monde … »

Certains trouveraient cela inconcevable de se faire aider par une femme. Lui s'en moquait de cela, c'était surtout de sa réaction dont il avait peur.
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MessageSujet: Re: Il faut parfois savoir se montrer déraisonnable… | Philippe d'Artagnan   Il faut parfois savoir se montrer déraisonnable… | Philippe d'Artagnan Icon_minitime03.02.11 13:28

Comment pouvait-elle se laisser aller à ce point ? Elle, toujours si méfiante à l’égard des autres comme d’elle-même, pesant constamment ses mots avec application, veillant avec acharnement au moindre détail pouvant la trahir… Rares étaient ceux à, lorsqu’ils n’avaient pas simplement connaissance de l’imposture, pouvoir se douter de quoi que ce soit. On prenait Elodie pour une jeune fille des rues, dans une situation délicate peut-être, ou alors pour une demoiselle en fuite. On affublait Eric de toutes sortes de mystères, d’aventures plus ou moins honorables. Mais entre ces deux personnes, la belle avait dressé de si solides barrières que lorsque l’un portait le masque, l’autre s’effaçait totalement – même s’il était toujours des exceptions. Et le jeune Duc de Gascogne en faisait partie. Il y avait cette chaleureuse sensation, cette impression de pouvoir se livrer à lui, lui faire confiance, indéniablement. Sans doute était-ce là le danger, ce qui aurait dû la convaincre de cesser de jouer le jeu que lui imposait son cœur, mais ce dernier, en présence de Philippe, avait une fâcheuse tendance à toujours prendre le pas sur la raison. Et, oubliant le risque, elle ne pouvait plus penser qu’à la joie trop éphémère de se trouver là, sur ce chemin empli d’ombres en sa compagnie. Oubliant ce que signifiait sa folie, elle faisait des erreurs. Une femme contrefaisant le mousquetaire ? Comment pourrait-il le prendre ? Et s’il n’y avait que lui. A nouveau, Elodie songea à Alexandre. Si elle pouvait espérer une réaction autre que le blâme de la part de son frère, il n’en était rien pour ce dernier. Elle le connaissait assez pour que le doute ne lui soit pas permis. Alexandre, et tant d’autres. Prunelles baissées l’espace d’un instant, la demoiselle réprima un soupir. Il n’était pas question de confier quoi que ce soit de plus – qu’il s’agisse du jeune d’Artagnan ou non. Et tant pis pour son cœur. Il y avait longtemps maintenant, lorsqu’elle avait pour la dernière fois passé les grilles du manoir familial, qu’elle s’était engagée à le laisser de côté. C’était sans penser, pourtant, qu’elle puisse réellement avoir à s’en méfier…

« Peu de choses sont totalement idiotes, répondit enfin Philippe dont elle appréhendait vaguement ce qu’il pouvait avoir compris de son étrange discours. Je n'y ai jamais pensé, ce que je vais dire sera peut être un amas d'idioties mais une femme peut aussi bien se battre qu'un homme, vous venez de le prouver, mais n'est ce pas un danger ? Elle serait davantage attaquée et donc cela augmenterait le risque de blessures… ou pire. Et il suffit qu'elle soit jolie pour faire tourner la tête des Mousquetaires mâles qui ne pensent plus vraiment lorsqu'il s'agit d'une femme… Mais je ne dis pas cela pour mon frère ! »

Elodie esquissa un sourire à cette dernière phrase, ne voulant pas avoir l’air de connaître plus qu’elle ne le devrait le lieutenant aux mousquetaires. Sourire énigmatique, toujours, porteur de tout ce qu’elle ne pouvait réellement dire. Il avait raison, une femme courrait plus de risques que ses compagnons… si elle était connue en tant que femme. Mais même sous le masque, la jeune femme avait pu le constater. L’on s’attaquait d’abord à qui semblait le plus faible. Plus frêle, plus petite, plus jeune que ses camarades… combien avait-elle pu en décontenancé lorsque, pensant tomber sur une maigre résistance adolescente, ses assaillant avait trouvé au bout de leur rapière une lame bien plus fine et habile qu’il n’y paraissait ? Il lui manquait la force, certes, mais elle compensait par plus de souplesse, de légèreté que ses compagnons d’arme ne pourraient jamais faire preuve.

« Soit dit en passant, vous auriez fait un excellent mousquetaire. »

Dans l’obscurité nocturne, elle eut la chance qu’il ne puisse voir le trouble qui vint teinter de rose ses joues. Excellent était-il le mot ? Peut-être. Mais une chose était certaine, elle faisait un mousquetaire – et un mousquetaire jusque là relativement redoutable. S’il savait…

« C’est une idée qui restera une hypothèse, mais je vous remercie, répondit-elle avec un sourire ravi, amusé aussi, alors que la question était on ne peut plus sérieuse. Je pense qu’une femme mousquetaire aurait bien plus de ressources qu’on ne s’en doute… Mais enfin, je me contenterai de savoir me battre et de pouvoir défaire quelques bandits, conclut-elle enfin, s’étendre sur le sujet pouvant faire naître de nouveaux faux pas. »

Nouveau sourire, suivit d’un regard sur les bois qui les entouraient. Calme. Trompeurs, encore ? Sans doute, d’une certaine façon. Toutefois, elle doutait qu’ils ne puissent à nouveau tomber dans une embuscade. Les brigands savaient bien se partager le terrain, eux aussi. Resserrant sa mante sombre autour de ses épaules pour parer à la fraîcheur ambiante, elle se prit à rêvasser à emprunter l’un des nombreux détours qui rallongeaient la route vers Versailles. Le temps passait trop vite et leurs pas, lents pourtant, semblaient les rapprocher de la ville à une vitesse insensée. De la ville et du moment où ils devraient se quitter. Se reverraient-ils seulement ? Elle l’espérait, de toutes ses forces, en dépit de la distance qu’elle devrait mettre entre elle et le jeune Duc. Elle songea à François, qui devait se demander ce qu’elle faisait, loin de la caserne et n’ayant pas de raison apparemment valable d’être sortie – étant donné qu’elle n’accompagnait que rarement ses compagnons dans leurs débauches nocturnes. S’il savait, lui aussi… Elle voyait déjà la scène. Et préférait largement s’en passer. Et cependant, il lui fallait rentrer pour s’épargner un sermon. Et de nouvelles erreurs. Que n’aurait-elle pas donné pour que la nuit ne dure bien plus longtemps ?

« Et si vous m'appreniez à manier l'épée ? Je… commença soudain Philippe, s’interrompant brusquement. »

Tout comme elle ne vit pas ses joues en feu, le jeune ne put voir l’éclat qui traversa les prunelles d’Elodie à cette requête. Doucement, elle tourna la tête vers lui, un sourire avenant aux lèvres, l’invitant à continuer.

« Je… Je n'étais pas bien assidu lors des leçons mon père. Il avait une fâcheuse tendance à me faire peu et je vois bien que nous ne sommes pas au même niveau… Vous êtes bien meilleure que moi, c'est indéniable. Je me disais que vous pourriez m'aider à m'améliorer. Si vous refusez, je ne vous en voudrais pas le moins du monde… »

L’occasion était si belle… Le revoir, elle en était assurée en acceptant. Le revoir, partager de nouveaux moments en sa compagnie, loin des méandres imprévisible du hasard qui les avaient déjà fait se croiser. Enfin, qui avaient fait se croiser Eric et le jeune Duc. En ce qui concernait Elodie, elle devait avouer avoir aidé le hasard en pénétrant dans cette auberge où elle savait pertinemment qu’elle le trouverait.

« Au contraire, j’en serai ravie, vraiment ! laissa-t-elle échapper, avant de s’entaille discrètement la lèvre. »

A nouveau, elle remercia l’obscurité qui dissimula le rouge de ses joues, brûlantes d’un tel emportement – elle qui ne rougissait jamais, pas même dans le plus effronté des mensonges. La vérité avait cette part gênante. Baissant un instant les yeux sur le bas de sa robe, elle chercha les mots pour se reprendre, en vain. Après tout, qu’y avait-il de mal à faire montre d’un peu d’enthousiasme ? Ils étaient… amis, elle ne pouvait qu’être heureuse de passer du temps avec lui. Réajustant distraitement l’une de ses manches, elle releva la tête.

« Vous êtes sans doute la seule personne à ne pas reculer devant le fait de se laisser instruire par une femme que je connaisse… fit-elle avec un sourire. Nous pourrions nous retrouver auprès du même arbre que ce soir ? Au moins, je suis à peu près sûre de ne pas y rencontrer mes frères. »

C’était risqué, pourtant. Entre ses gardes à la caserne, ses missions, les connaissances à éviter… Elodie savait tout cela, mais faisant fi de la raison, une fois de plus, elle ne revint absolument pas sur ses paroles. Posant les yeux devant elle, elle resta un instant silencieuse en découvrant la trouée, à peut être cent à deux cent mètres devant eux, qu’était la sortie du petit bois. La fin de cette soirée, à quelques minutes près également. Car il leur faudrait se séparer ici, et certainement pas ailleurs. Elle ne pouvait ni le mener jusque la caserne, pas plus que devant l’auberge où l’attendaient casaque, rapière et chapeau à plume. Bien qu’elle n’y ait laissé que de simples habits de gentilhomme. Dieu que la nuit lui avait semblé courte…
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« s i . v e r s a i l l e s »
Côté Coeur: Après avoir souffert ces dernières années, ma belle Elodie le remet en marche ♥
Côté Lit: Je suis fidèle à l'amour et à un seul être. Et je l'attendrais.
Discours royal:



    Ҩ PRINCE CHARMANT Ҩ
    Je te promets la clé des secrets de mon âme


Âge : 25 ans
Titre : Duc de Gascogne
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MessageSujet: Re: Il faut parfois savoir se montrer déraisonnable… | Philippe d'Artagnan   Il faut parfois savoir se montrer déraisonnable… | Philippe d'Artagnan Icon_minitime09.03.11 22:11

Mais quel idiot d'avoir fait une telle proposition ! Philippe voyait un « non » arriver gros comme Versailles. Pour qui le prendrait-elle, à demander l'aide d'une femme ? Bien que le jeune homme ne soit pas un misogyne contrairement à beaucoup d'autres – Élodie le savait pertinemment – mais cela était bien étrange. Le jeune Duc s'était arrêté en pleine phrase, avant de la finir finalement en lui précisant qu'il comprendrait en cas de refus. Elle avait déjà à faire à se cacher de ses frères (et de faire le Mousquetaire, mais de cela, Philippe n'en savait rien), la jeune femme n'allait pas non prendre un quelconque risque pour donner des leçons à un ancien fainéant des leçons d'escrime. Dire qu'il ne supportait pas d'avoir une épée dans les mains lorsqu'il était jeune garçon, cette volonté d'être contre toute forme de violence et de toujours vouloir défier son père, faire tout le contraire de ce que Charles voulait … Oui, Philippe savait se battre mais n'avait pas toujours les bonnes techniques et savait qu'il pouvait s'améliorer davantage. Jamais il n'oserait demander à Alexandre qui ne lui répondrait sûrement pas non, mais là c'était sa fierté de d'Artagnan qui était en jeu. Quoique, demander à une demoiselle n'était pas forcément meilleur pour l'égo.

« Au contraire, j’en serai ravie, vraiment !

Pour sûr, d'Artagnan ne s'attendait pas du tout à cette réponse là ! Si l'absence de lumière couvrait ses joues écarlates, peu sûre que ça masque le large sourire sur son visage. Outre le fait d'avoir un professeur de charme, il passerait du temps avec elle, tous deux pourraient continuer de parler et Philippe continuerait toujours de se battre contre ses sentiments, sans s'avouer la vérité nue. Pourtant, son cœur était la cause première d'une telle demande, et sa raison avait joué le frein. Autant dire que le premier s'enorgueillit de sa victoire et battait à tout rompre dans la poitrine du Duc qui ne savait pas vraiment quoi dire. Tellement de choses voulaient s'échapper de ses lèvres, plus qu'un simple merci, des mots qui dépasseraient sa pensée … Ou, au contraire, la traduirait peut être un peu trop. Et il était hors de question qu'il dise quoi que ce soit, même si cela était tellement vrai. Puis une fille comme elle n'avait rien à faire avec un garçon qui avançait sur un fil, fragile et menaçant de s'écrouler à tout moment. Il y a quelques années, tout aurait été si différent, Philippe n'aurait pas été si timide, soucieux de cacher ses sentiments et même de les cacher. Non, il les aurait affiché au grand jour, sans peur aucune, ou si infime par rapport à ce soir.

« Vous êtes sans doute la seule personne à ne pas reculer devant le fait de se laisser instruire par une femme que je connaisse…

A son tour de faire un petit sourire énigmatique à présent. N'avait-il pas été instruit par une femme durant toute son enfance ? Sa mère lui avait tout appris, sans le moindre précepteur, sans homme dans sa vie à part un fantôme de père qui apparaissait que de temps en temps. Sûr qu'il y avait un monde entre l'apprentissage de la lecture ou de la géographie et celle de l'épée. Les maîtres d'armes sont exclusivement des hommes et aucun mâle ne songerait à apprendre avec une femme. Seulement, Philippe l'avait vu à l'œuvre et ne s'y trompait pas. Puis, il y avait tellement d'avantages que ce soit elle et non un autre. Avec elle, il aurait envie de se surpasser, la preuve d'une motivation supplémentaire …

Nous pourrions nous retrouver auprès du même arbre que ce soir ? Au moins, je suis à peu près sûre de ne pas y rencontrer mes frères. »

Elle aurait pu dire n'importe où, il aurait accepté. Mais si Élodie rencontrait ses frères ? Philippe ne voulait pas créer une quelconque incident familial ni même compromettre, par procuration, son propre frère à lui. Alors qu'ils arrivaient au petit arbre où tout avait commencé, le jeune homme retrouvé sa monture, le fidèle Hébé, et le détacha pour qu'il puisse venir avec eux avant que Philippe ne rentre au Manoir.

« Par une femme ou par un homme, le plus important est le talent ? Et je serais beaucoup plus assidu en votre compagnie qu'en celle d'Alexandre par exemple. Et, qui sait combien de temps je resterais à Versailles, cela sera une occasion de nous revoir … »

Il réussit à se taire avant de trop en dire, sait-on jamais. Puis une idée vint lui traverser l'esprit. Peut être pas la plus brillante en tout point mais pour tenter de trouver un compromis équitable pour leur séance d'entraînement.

« Je ne voudrais pas que vous tombiez sur vos frères, une épée à la main et en compagnie d'un homme. Que diriez vous de nous retrouver au manoir familial ? Nous aurons au moins la tranquillité et vous serez sûre de ne pas rencontrer quelconque connaissance, personne n'y vient rendre visite. Il y a assez de terrain et même un sous-bois communiquant avec la forêt royale, si prenait l'envie de vous cacher. »

Philippe lui fit un large sourire. Il n'y avait aucun sous-entendu ou tentative de séduction. Juste une proposition honnête pour qu'Élodie soit protégée d'une rencontre malencontreuse, ou de jugements de personnes qui trouveraient inconvenant qu'une femme se batte, ou alors qu'un homme prenne des leçons d'une femme. Au Manoir, il n'y aurait que Barnabé et celui-ci se réjouirait d'y voir une présence féminine, autre que Marine bien sûr. Le vieil homme serait peut être un peu trop heureux et n'hésiterait pas à taquiner Philippe qui s'énerverait, sachant pertinemment que le serviteur avait raison en tout point.

La ville de Versailles s'étendait devant eux, cela marquait la fin de cette délicieuse soirée, bien trop courte pour les beaux yeux bleus de d'Artagnan mais suffisant pour que son cœur batte à nouveau à vitesse fracassante. Il ne voulait pas la laisser, ne voulait pas la quitter mais il ne pouvait pas l'attraper par le bras, l'embrasser passionnément et partir en Gascogne avec elle. Ces choses là ne se faisaient pas et Philippe n'avait pas le cran pour faire une de ces choses, alors les trois …

« Décidément, en votre compagnie, je ne vois jamais le temps passé. Revenir à notre point de départ me donne l'impression de ne jamais être parti. » puis il contempla son bras et le bandage de fortune « Enfin presque … Habitez vous près d'ici à Versailles ? Que je vous raccompagne, je me sentirais mal de vous laisser seule à cette heure. »

Était-ce vraiment la peur qui lui arrive quelque chose, ou l'envie de ne pas la quitter ? Les deux sans aucun doute, Philippe n'arrivait pas à se résoudre à se dire qu'il fallait rentrer chez lui, cela était trop court et il avait presque envie de lui proposer de continuer la promenade ailleurs mais n'osa pas. La raison commençait à reprendre le dessus, le cœur avait déjà assez pris le commandement avec les leçons d'épée. Dommage …
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MessageSujet: Re: Il faut parfois savoir se montrer déraisonnable… | Philippe d'Artagnan   Il faut parfois savoir se montrer déraisonnable… | Philippe d'Artagnan Icon_minitime18.03.11 20:03

Au moins le sourire du jeune homme, lorsque que Elodie laissa échapper qu’elle serait positivement ravie de lui donner quelques leçons d’escrime – et surtout, de le revoir mais de cela, pas un mot – n’avait-il rien à envier au sien. Vue de l’extérieure, par un quelconque passant ou observateur, la scène aurait pu paraître si claire. Deux jeunes gens, ensemble bien après la fin du jour, rivalisant de sourires et - mais dans l’obscurité, impossible de le deviner - de rouge aux joues… Comment ne pas laisser ses idées et suppositions s’emballer ? A cette heure de complots et de romances qu’était le début de la nuit, un gentilhomme et une demoiselle prenant la liberté qu’avaient pris Philippe et Elodie pouvaient-ils passer pour autre chose que ce dont ils donnaient l’apparence ? Non ils ne le pouvaient pas. Pour quiconque les voyant seulement de loin, les choses seraient plus que claires. C’était là sans doute l’indéniable paradoxe de la situation. D’amants ils ne donnaient que l’image – et encore, image se démentant elle-même, il n’y avait qu’à mieux les observer se fuir du regard… et surtout les entendre raisonner chacun de leur côté. Ou du moins, l’entendre elle, raisonner, la belle ignorant tout des pensées du jeune Duc qui ne pouvaient décemment être les mêmes que les siennes. Il aurait été idiot de l’espérer. Idiot et profondément déraisonnable – or son cœur avait déjà bien assez parlé ce soir. Et quand bien même ces troubles sentiments seraient éventuellement partagés, elle n’avait pas le droit d’y songer – il ne disait rien, alors il n’y avait rien à espérer. Et quand bien même, dans l’éventualité où elle n’était pas la seule à se poser ces questions, il en viendrait à dire quoi que ce soit, elle n’avait toujours absolument pas le droit de se laisser aller. Et quand bien même… rapidement, Elodie mit fin à ce flot de pensées aussi dangereuses que vaines. Comment un Duc de Gascogne pourrait-il seulement avoir plus d’affection que n’en réclamait l’amitié pour une fille des rues fuyant les contraintes d’une époque trop morale quand la Cour regorgeait de ravissantes, riches et dociles jeunes femmes ? La belle ne savait que trop Philippe bien loin de toutes ces considérations, mais à penser ainsi, peut-être finirait-elle par faire taire ces stupides élans de cœurs…

« Par une femme ou par un homme, le plus important est le talent ? Et je serais beaucoup plus assidu en votre compagnie qu'en celle d'Alexandre par exemple. Et, qui sait combien de temps je resterai à Versailles, cela sera une occasion de nous revoir… »

… Mais à la façon dont ce dernier s’emballa lorsque Philippe évoqua le fait de se revoir, et du pincement aigu à l’idée qu’il puisse quitter Versailles, le cœur en question semblait bien peu disposé à se laisser dompter – raisonnable la chose soit-elle ou non. Dissimulant tous ces troubles lui passant par la tête, Elodie hocha légèrement la tête. Peu importait le sexe, seul le talent comptait… si seulement tous pouvaient penser ainsi. Mais se faire passer pour un homme et jouer le mousquetaire aurait-il autant d’attrait et ce même goût d’aventure si elle en avait le droit ? L’interdit avait toujours eu une saveur plaisante pour la jeune femme, en dépit des dangers qu’il pouvait représenter. Doucement, elle laissa échapper un discret éclat de rire à la mention d’Alexandre. Un cours d’escrime avec lui ? Elle imaginait tellement bien la chose. Lui et Philippe étaient si différents. Deux opposés, même, sur certains points, dans leur caractère, leur façon d’être, leurs idées sans doute… Raison pour laquelle elle taisait tout au lieutenant quand elle le sentiment de pouvoir faire confiance à son frère. Le premier n’en tirerait aucune réaction positive, elle le craignait. Et il avait fallu qu’elle les connaisse tous deux… et ce sous deux identités différentes. Quelque chose semblait définitivement avoir voué sa vie à se faire plus compliquée que sa décision ne l’avait déjà rendue. Sortie de ses pensées par l’ombre de l’arbre tordu qu’elle avait tant redouté de voir arriver si tôt, Elodie leva les yeux vers la monture de d’Artagnan, juste avant qu’il ne reprenne la parole.

« Je ne voudrais pas que vous tombiez sur vos frères, une épée à la main et en compagnie d'un homme. Que diriez-vous de nous retrouver au manoir familial ? Nous aurons au moins la tranquillité et vous serez sûre de ne pas rencontrer quelconque connaissance, personne n'y vient rendre visite. Il y a assez de terrain et même un sous-bois communiquant avec la forêt royale, si prenait l'envie de vous cacher. »

Au large sourire du jeune homme, la jeune femme répondit de même, appréciant l’idée – bien plus sûre que le point de rendez-vous qu’elle avait suggéré, peu fréquenté mais exposé. Le manoir d’Artagnan, encore une fois, était loin de lui être inconnu. Mais là aussi, hors de question de le préciser.

« Ce ne serait pas la première fois que François et Eric me verraient avec une épée… mais je préfère leur éviter cette vision comme à moi un sérieux sermon ! répondit-elle en riant. C’est une bonne idée, nous y serons sans doute bien mieux. »

Nouvelle pensée pour François, son seul et unique frère. Qu’elle serait embarrassée qu’il apprenne tout cela ! Certes, elle ne regrettait rien de ce qui s’était dit, fait et prévu ce soir – loin de là, et même bien au contraire – mais Dieu seul savait comment est-ce que le jeune homme réagirait si tout cela lui était révélé. Heureusement, il avait peu de chance pour que lui et Philippe ne se croisent… et elle faisait entièrement confiance à ce dernier. Tout ce qu’elle espérait, ce soir, c’est qu’il n’aurait pas à nouveau à se trouver devant Philippe. Le masque, elle le craignait, finirait par se faire bien mince. Si elle était seulement capable de le tenir correctement… A nouveau, elle censura elle-même ses propres pensées. Bien sûre qu’elle en était capable. Doucement, elle détourna ses yeux vers les portes de la ville, toutes proches… fin nécessaire de cette soirée et du temps qu’il passerait ensemble jusqu’une nouvelle rencontre. Sans doute aurait-elle donné beaucoup pour pouvoir prolonger la promenade, mais faisant taire les élans indisciplinés de son cœur, elle demeura muette, laissant à nouveau ses prunelles se poser à la dérobées sur les traits de Philippe. Il était tant de choses, en cet instant, qu’elle aurait aimé pouvoir faire…

« Décidément, en votre compagnie, je ne vois jamais le temps passer. Revenir à notre point de départ me donne l'impression de ne jamais être parti. Enfin presque… reprit-il en jetant un coup d’œil à son bras, attirant une moue amusée sur les lèvres de la belle. »

Elodie remercia une fois de plus la nuit et sa troublante obscurité de pouvoir dissimuler les éclats de son visage – et de ses pommettes. Le temps était passé bien trop vite, oui, rappelant ces balades campagnardes, en Gascogne, au fil desquelles étaient nés ces émotions qu’elle ne parvenait à ignorer. Se pouvait-il réellement qu’elle soit ainsi tombée dans les dangereux filets des sentiments ?

« Habitez-vous près d'ici à Versailles ? Que je vous raccompagne, je me sentirais mal de vous laisser seule à cette heure. »

Cette réplique eut pour effet de la sortir immédiatement de ses pensées. Vivement, elle redressa la tête, un instant confuse. Pour quelques minutes de plus passées avec lui… Non, elle ne pouvait prendre ce risque. Sauf qu’elle n’avait pas plus d’excuse valable que la vérité n’était avouable. Rapidement, elle se reprit, laissant s’échapper les premiers mots qui lui passèrent par la tête.

« Non je… je dois me rendre au chevet d’une amie. Elle est malade et m’a fait promettre ce matin de venir la voir, quelle que soit l’heure du jour où de la nuit où j’en aurai le temps… répondit-elle, avant d’ajouter sans lui laisser le temps d’insister : Mais je ne peux y amener qui que ce soit d’autre… vous comprenez ? »

Non, sans doute. A moins qu’il ne parvienne à entendre dans ces paroles sibyllines que l’amie en question puisse se trouver dans une situation de misère pouvant lui faire honte. Ou à l’inverse, choyée par un noble dont il ne serait pas bon que le nom s’ébruite. Et tant d’autres possibilités.

« Mais j’ai… réellement été heureuse de partager cette promenade avec vous. Malgré les quelques… imprévus, reprit-elle, sincère. Quand nous revoyons-nous ? »

Le plus tôt possible, clama aussitôt une petite voix qu’elle fit taire sans ménagement, non sans se prendre à partager tout de même le même avis. La réponse entendue, elle hocha la tête, laissant ses lèvres s’étirer dans un sourire ravi. Et après un instant d’hésitation, Elodie se décida enfin à saluer le jeune homme, d’une façon bien trop légère pour son cœur et déjà bien tardive pour sa raison. Ce ne fut que lorsqu’elle eut tourné les talons et se fut éloignée de quelques pas déjà qu’elle laissa transparaître sur ses traits toutes les émotions et contradictions éveillée par la soirée. Contradictions qui occupèrent son esprit bien après qu’elle se soit éloignée, et même plus loin, bien après avoir remis le masque et les vêtements d’Eric. De retour à la caserne, elle fila dans sa chambre, veillant à ne pas croiser son frère, sachant qu’il devinerait quelque chose. C’est souriante, toujours, mais vaguement inquiète qu’elle se coucha, peinant à trouver le sommeil. Rien de tout cela n’était raisonnable, mais après tout… le cœur à ses raisons que la raison ignore.
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Côté Lit: Je suis fidèle à l'amour et à un seul être. Et je l'attendrais.
Discours royal:



    Ҩ PRINCE CHARMANT Ҩ
    Je te promets la clé des secrets de mon âme


Âge : 25 ans
Titre : Duc de Gascogne
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Date d'inscription : 01/06/2008


Il faut parfois savoir se montrer déraisonnable… | Philippe d'Artagnan Empty
MessageSujet: Re: Il faut parfois savoir se montrer déraisonnable… | Philippe d'Artagnan   Il faut parfois savoir se montrer déraisonnable… | Philippe d'Artagnan Icon_minitime10.04.11 13:10

La tentation était bien trop grande et même sa raison n'arrivait pas à lutter, elle se faisait écraser par les élans d'un cœur trop longtemps fermé au reste du monde. Philippe avait beau se dire qu'il ne ressentait rien, jouer le déni total, il était plus qu'évident que la jeune femme ne le laissait pas du tout indifférent. Il fallait avouer qu'Élodie, en plus d'être belle, avait de nombreuses qualités indéniables et qui plaisait au gascon. Tout serait plus simple de laisser son cœur parler, de faire une envolée de sentiments et tenter de la conquérir. Oui … Mais non, Philippe ne pouvait pas, persuadé qu'il était le seul à ressentir cela. Et pour aimer, il faut être deux. Plutôt que de la perdre totalement, il préférait la garder en amie, profiter de ces promenades et discussions pour passer un peu le temps.

Et puis maintenant ces cours d'escrime. Bien sûr, Alexandre aurait accepté la proposition de son frère pour les entraînements mais Philippe voulait revoir la belle et mystérieuse Élodie. Tant qu'il resterait sur Versailles, il voulait en profiter davantage, le plus possible car le jeune homme se voyait mal rester dans les murs du manoir indéfiniment. Davantage quand son père reviendra, l'atmosphère deviendra vite insupportable. Et vu qu'il était ici pour retrouver le paternel, lorsque celui-ci reviendra, Philippe reprendra le chemin pour la Gascogne pour éviter tout affrontement. Il en voulait tellement à cet homme qui l'avait humilié alors que le jeune homme était au plus mal, Charles l'avait presque poussé à la porte par le poids de ses mots. Et toutes ces lettres envoyées sans aucune réponse, autant dire que Philippe en avait gros sur le cœur et que toute conversation avec ce père tant haï était à proscrire. Alors avant tout cela, profiter de ces moments avec Élodie paraissaient presque vital pour le petit cœur de Philippe !

Le manoir d'Artagnan était le parfait lieu pour qu'ils se revoient. Peu de monde venait rendre visite, beaucoup savaient que Charles était parti (sans savoir véritablement où), tout le monde pensait que Philippe était en Gascogne et puis Alexandre vivait entre la caserne et chez Marine. Théoriquement, il n'y avait que Barnabé et le vieil homme ne recevait jamais de visite. Il faudrait jouer de malchance pour que quelqu'un vienne pile ce jour. Enfin, il y avait toujours le sous-bois pour se cacher au cas où. Inconsciemment, le jeune homme avait tout préparé et son professeur d'arrmes partageait son avis.

« C’est une bonne idée, nous y serons sans doute bien mieux. »

D'un signe de tête, le jeune homme acquiesça. Ce sera donc au manoir. Et puis, s'il voulait protéger la jeune femme, lui même ne voulait pas s'exposer. Philippe ne restait pas longtemps, il n'y avait pas besoin que tout le monde sache son retour. Il n'avait pas l'intention de se rendre à la Cour déjà, c'est pour dire ! Tous deux pouvaient se satisfaire de cette solution bien trouvée.

Versailles s'ouvrait à eux, la ville marquait la fin de leur promenade. Enfin presque, Philippe voulait ramener Élodie jusqu'à chez elle, par galanterie mais aussi pour avoir quelques minutes supplémentaires à ses côtés.

« Non je… je dois me rendre au chevet d’une amie. Elle est malade et m’a fait promettre ce matin de venir la voir, quelle que soit l’heure du jour où de la nuit où j’en aurai le temps… répondit-elle, avant d’ajouter sans lui laisser le temps d’insister : Mais je ne peux y amener qui que ce soit d’autre… vous comprenez ? »

Pas vraiment à dire vrai. Mais que pouvait-il faire ? Insister ? Non, ce n'était pas la peine. Lui croyait à cette histoire d'amie mais même si cela n'était qu'une excuse, il acceptait la décision.

« Mais j’ai… réellement été heureuse de partager cette promenade avec vous. Malgré les quelques… imprévus, reprit-elle, sincère. Quand nous revoyons-nous ? »

« Moi de même, ce fut un agréable moment. » puis il se tut un instant pour réfléchir à quand il pourrait se revoir. Mine de rien, il devait visiter quelques personnes en secret alors son emploi du temps se trouvait légèrement chargé. « Que direz vous de vendredi, en fin de journée ? Cela nous laisse quelques jours, laissez moi guérir avant de m'humilier à l'épée ! »

Il rit doucement puis inclina doucement la tête. C'était officiellement la fin de leur soirée et il n'y avait aucun moyen de reporter encore quelques minutes. Juste quelques secondes pour lui dire au revoir.

« Soyez prudente pour vous rendre chez votre amie … Et à vendredi. »

Et là voilà qui tournait les talons pour s'enfoncer dans les rues versaillaises. Il la regarda quelques instants puis se ressaisit et grimpa sur son canasson. Le galop provoquait un vent qui lui fouettait le visage mais il en avait besoin, Philippe devait reprendre ses esprits. S'égarer n'était pas bon pour lui, sans vraiment comprendre que, justement, Élodie pouvait être la lumière de son tunnel sans fin où il se terre depuis tous ces mois ! Là encore, il faudrait assumer ses sentiments mais ne le pouvait pas, ne le devait pas. Ah, parfois il était étrange que d'avoir des sentiments mais ne pas les accepter. Pour ne pas rentrer de suite, ayant besoin de se vider la tête, Philippe prit un chemin plus long en passant par des champs mais là encore, il ne pouvait pas passer la nuit dehors et il était persuadé que Barnabé l'attendait.

Bingo, une lumière éclairait la grande salle du manoir. A l'écurie, ni le maître ni l'animal ne firent de bruit, Philippe félicita son partenaire, lui retira sa selle et ferma son enclos avant de rentrer à la maison sans faire de bruit. Barnabé dormait sur un coin de table, le vieil homme n'avait pas pu attendre jusqu'au bout. Le jeune duc se dirigea vers l'escalier pour se rendre à sa chambre quand une voix se fit entendre dans son dos.

« C'est à cette heure-ci que tu rentres ? »
« Va te coucher, Barnabé. Je vais bien, je suis rentré vivant. »

Philippe s'était rapproché du serviteur qui vit le bandage de fortune à son bras et lui montra du doigt.

« Qu'as tu fait encore ? »
« Rien, on s'est fait attaquer par des brigands, la plaie n'est que superficielle. Tu la soigneras demain, j'ai besoin de me coucher. Bonne nuit. »

Puis il reprit son chemin et grimpa les marches. Arrivé en haut, le serviteur l'interpella une dernière fois.

« J'espère qu'elle était jolie au moins …  »

Philippe haussa les épaules et reprit son chemin jusqu'à sa chambre. Oui, elle l'était et là était le problème du cadet d'Artagnan. Pourtant, se montrer déraisonnable lui avait fait tant de bien ce soir …

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