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 [Salon de la Guerre] Froides retrouvailles-Gabriel de Gonzague

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MessageSujet: [Salon de la Guerre] Froides retrouvailles-Gabriel de Gonzague   [Salon de la Guerre] Froides retrouvailles-Gabriel de Gonzague Icon_minitime01.04.10 22:10

Frederick Von Lobkowicz marchait lentement, prenant son temps. Dans les jardins du palais de Versailles, il prenait des chemins qui l’éloignaient de son lieu de rendez-vous. Les yeux fixés sur ses pieds, il repensait aux derniers évènements qui avaient soudain changé le cour de son destin. Frederick voulait se rendre au Vatican le plus vite possible, mais il devait maintenant inviter la reine, et une certaine Eugénia de Cortès, au mariage de l’Empereur. Le jeune homme avait haï son Empereur. Ne pouvait-il envoyer une lettre ? ou un homme quelconque, qui n’avait pas d’autres projets ? Frederick avait d’autres projets…comme dénoncer Gabriel de Gonzague, dénoncer le terrible crime contre l’Eglise qu’il avait commis. Le voyage avait été terriblement long. Cahoté sur les chemins boueux, la mine renfrognée, Frederick soupirait sans cesse, râlant, gênant ses compagnons qui, eux, se réjouissaient de ce séjour à la cour de Versailles. Frederick leva la tête, et admira les jardins. Il devait avouer que le palais était magnifique. La perspective de ce séjour était devenue nettement plus intéressante lors de la soirée organisée pour fêter son arrivée. Le jeune prince avait cru à une hallucination lorsque la douce silhouette d’une belle espagnole s’était offerte à son regard. A la pensée d’Eugénia de Santil, ou plutôt Eugénia de Cortès, ses lèvres s’étirèrent en un sourire. Oui, le séjour devenait intéressant…Le jeune ambassadeur se remémorait cette soirée, ces merveilleuses retrouvailles avec la femme qui hantait ses pensées depuis maintenant huit années. Huit longues années…Ces retrouvailles n’étaient plus qu’un espoir pour l’allemand, un espoir vain, et il ne s’attendait pas à la revoir. Il avait vécu un véritable rêve. Il retrouvait Eugénia, et il savait que leur relation reprendrait là où elle s’était arrêtée. Elle l’avait incroyablement aidé durent leur année au Pérou…Et c’est elle qui l’avait encouragé à se venger de Gabriel. Il savait qu’elle le soutiendrai, envers et contre tout. Il avait, enfin, retrouvé ce qui lui manquait depuis trop de temps maintenant. Il se sentait renaitre, revenir à la vie. Mais il fallait maintenant affronter Gabriel. Frederick ne voulait pas le revoir, mais c’était son devoir. Sa mère l’y avait obligé. Devoir d’Etat.

Il y a quelques temps, Frederick avait proposé un jumelage entre sa région et celle de Gabriel de Gonzague, autrefois régie par son frère, Charles. Celui-ci avait refusé. Mais il était mort dorénavant, et rien n’empêchait la famille Lobkowicz à réitérer sa proposition. D’autant plus qu’un jumelage serait intéressant d’un point de vue économique. L’épouse de Frederick aimait les belles robes et les bijoux, faisait des fêtes prestigieuses, et était habituée à un certain confort. Bref, il fallait renflouer les poches de la famille. Seulement, Frederick aurait préféré que sa mère se charge de cette proposition. Il ne voulait pas revoir Gabriel, surtout pour lui demander quelque chose qui ressemblait étrangement à une faveur. Le souvenir de la mort de Vittoria lui revint en mémoire. Le souvenir de cette lettre, de cet instant tragique où tout son monde s’écroulait. Gabriel avait détruit ses projets. Ses désirs de vengeance brûlaient dans ses veines. Gabriel devait être puni. Gabriel, cet ami si cher à son cœur, devait payer. Il paierait les larmes brûlantes versées sur la lettre qui annonçait la mort de sa chère Vittoria. Il ne pouvait être innocenté aux yeux de l’Eglise. Il ne pouvait continuer à vivre, avec l’ombre de Vittoria qui le hantait.

Frederick leva les yeux. Le soleil était au zénith. Dans quelques minutes il sera face à Gabriel. Mais comment pourra-t-il supporter ce regard noir, ce regard qui renfermait tant de secrets enfouis au plus profond de son être ? Comment supporter d’être dans la position du demandeur, d’être en position d’infériorité, alors qu’il voulait le voir répudié par l’Eglise ? C’était comme si on lui demandait de se mettre à genoux devant lui. L’allemand à genoux devant l’italien. Insupportable. Frederick avait refusé de voir Gabriel, il avait même pensé à mentir à sa mère. Il avait imaginé qu’il pourrait lui parler d’un refus de la part de Gonzague. Mais c’était impossible. Il était accompagné par une horde d’allemand, les petits chiens de son Altesse qui s’empresseraient de raconter les faits et gestes du prince à sa mère. Celle-ci d’ailleurs l’inondait de missives, le pressant à rencontrer le prince de Gonzague. Il ne pouvait pas reculer. Il ne pouvait désobéir à sa mère. Elle avait même pris la liberté d’organiser le rendez-vous en envoyant une lettre à Gabriel. Ils devaient se retrouver vers douze heure trente dans le Salon de la Guerre. Frederick appréhendait ce rendez-vous. Cela faisait des années qu’il n’avait plus vu Gabriel. Mais la pensée de le revoir le rendait maussade. Il aurait voulu l’oublier. Il aurait voulu s’installer au Pérou, avec Eugénia, et ne jamais revenir. Il n’avait que faire de sa position d’ambassadeur, de ses privilèges. Tel Achille, il préférait une vie simple près des siens, près d’elle en particulier. Qu’importe la gloire, la richesse, la reconnaissance…Tout cela n’était que vanité ! Tout cela était inutile.

Une courtisane avançait doucement vers lui. Sa toilette rose la faisait ressembler à un gros bonbon. Frederick retint un rire narquois. On parlait partout en Europe de l’élégance incomparable des françaises. Il suffisait de voir cette courtisane pour contredire les rumeurs. Néanmoins, il se devait de corriger cette pensée en lui-même. Certaines françaises étaient vraiment élégantes. Mais pas toutes… La courtisane lui fit une discrète révérence, et lui dit :


« Cher Prince, l’on dit partout dans le palais que vous chantez merveilleusement bien, et que votre quatre-mains avec mademoiselle de Cortès était tout simplement sublime ! Je ne peux malheureusement confirmer ces louanges. Aurai-je un jour l’honneur de pouvoir, moi aussi, louer votre voix ? »

Le bonbon rose avait une voix nasillarde qui résonna désagréablement aux oreilles du prince. Il ne savait que répondre, et, étrangement, son rendez-vous avec Gabriel le sauva de cette situation hautement périlleuse.

« Madame, vos compliments me vont droit au cœur. Malheureusement, je suis attendu au palais, et je ne peux vous tenir compagnie plus longtemps. »

Frederick s’inclina, et se dirigea à grandes enjambées vers le palais, laissant la courtisane là, seule et désappointée. Il ne pouvait maintenant plus faire marche arrière. Chaque pas le menait vers le Salon de la Guerre, et vers Gabriel de Gonzague.

Salon de la Guerre. Gabriel était déjà là, devant le portrait du Roi. Frederick s’approcha, l’observant furtivement. Il n’avait pas beaucoup changé durant ces longues années, malgré les marques du temps qui apparaissaient sur son visage. Physiquement, les deux jeunes hommes étaient les exacts contraires. Cheveux noir de jais et regard sombre pour l’italien ; les yeux bleus et les cheveux blonds pour l’allemand. Une image de leur enfance ressurgit dans l’esprit de Frederick. Ces temps oubliés lui avaient tellement manqué ! Tout cela semblait pourtant révolu. Les rires de l’enfance avaient laissé place à la haine vengeresse. Leur amitié était perdue au plus profond de la mémoire de Frederick, dans cet endroit où l’on mettait les souvenirs à oublier, mais auxquels on pensait toujours.

Frederick s’approcha de Gabriel. Les deux hommes se faisaient face.


« Bonjour, Gabriel. »

Malgré toute sa colère à son encontre, Frederick ne pouvait se résoudre à l’appeler par son nom de famille. Il l’avait toujours appelé Gabriel, cela restait une habitude. Néanmoins, le ton de sa voix était froid, et ne laissait aucune place à l’effusion des sentiments.
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MessageSujet: Re: [Salon de la Guerre] Froides retrouvailles-Gabriel de Gonzague   [Salon de la Guerre] Froides retrouvailles-Gabriel de Gonzague Icon_minitime02.04.10 22:35

L’hôtel de Gonzague était plongé dans un silence des plus religieux. Les escaliers encore humides sous les brosses et éponges des femmes assignées au ménage terminaient de sécher, alors qu’essuyant leurs mains savonneuses sur leurs tabliers blancs, les bonnes brisaient ce silence par des rires qui fusaient dans l’escalier de service menant aux cuisines.

Les tapis épais étouffaient chaque bruit dans les couloirs, et face à la porte de chêne enfermant son maître, Léandre Grivain semblait attendre un signal.
Soudainement, l’horloge égrena sa longue plainte, et au dernier coup de onze heures sonné, le secrétaire du prince de Gonzague frappa doucement à la porte du bureau.


« -Entrez, Grivain, je vous attends ! »

La voix de Gabriel de Gonzague était claire et forte, et un sourire étira les lèvres de Grivain. Depuis la dernière venue récente de la princesse de Gonzague, aucun instant de morosité n’avait su assombrir les traits fins de son maître. La chaleur était de mise, et toute cette énergie qu’il avait trop souvent vue reléguée pouvait enfin se réveiller sous cette nouvelle impulsion.

Grivain poussa doucement la porte du bureau, et pénétra dans la petite pièce éclairée par un soleil d’hiver. Le prince lui tournait encore le dos, mais au bruit de la serrure, celui-ci se retourna vivement, souriant largement à son fidèle secrétaire.


« -Cessez d’attendre onze heures avant de venir me déranger, Grivain ! Je ne sais depuis combien de temps vous avez cette habitude ! »

Tout en parlant, il avait attrapé une enveloppe au sceau rompu, et l’avait tendue d’un geste à Grivain, dont les joues avaient rosies sous la remarque. Un léger sourire ponctua l’observation de son maître.

« -Les horaires, monsieur, sont les horaires, vous savez que je souffre d’être trop en retard ou en avance ! »

Leurs regards complices se croisèrent alors, et Grivain détourna le sien pour le poser sur l’enveloppe remis par le prince de Gonzague.

« -Qu’est-ce, monsieur ? »

« -Ouvrez, Grivain ! C’est une nouvelle dont je ne sais si je dois être heureux ou inquiet ! »

Le secrétaire leva un œil perplexe, mais ses doigts ouvraient déjà le papier doux de l’enveloppe. Celle-ci était épaisse, et ne laissait aucun doute sur sa provenance. Le papier jauni portait encore une trace du sceau pourpre qui l’avait clos. Grivain observa un court instant le cachet de cire brisé.

« -Un aigle, monsieur ? Cela provient-il d’Allemagne ?

« -Ouvrez, Grivain, ouvrez ! »

L’œil brillant de son maître, ainsi que son sourire poussèrent Grivain à déplier le papier plié soigneusement, et dans un silence pendant lequel Gabriel fit les cent pas dans la pièce, Grivain lu attentivement la missive.
Il releva la tête la lecture terminée, et jeta un regard perplexe sur Gabriel.


« -Et bien ? En quoi cela doit-il vous réjouir ? Votre frère a refusé cette proposition, vous-même êtes d’accord avec ses principes, je ne vois pas de quelle manière cette nouvelle proposition peut vous réjouir ! »

« -Grivain ! C’est vrai que je ne peux que refuser à mon tour cette idée. Non pas en bloc, peut-être trouverons-nous des arrangements qui agréeraient à chacune des parties.
Non, ça n’est donc pas cela Grivain, mais plutôt la présence de Frederick Von Lobkowicz en France ! »


Grivain se mordit la lèvre, visiblement en pleine incompréhension face à la mine réjouie de son maître.

« -Et…qui est donc pour vous le prince Von Lobkowicz ? »

« -Ah, Grivain…ne vous souvenez-vous donc pas ? Frederick ! Ce cher vieil ami ! Nous étions…tout trois fort liés jusqu’à la disparition de ma défunte cousine. »

Les yeux de Grivain s’ouvrir soudainement à ce rappel, et à son tour, un sourire s’élargit.

« -Bien sûr, monsieur, je m’en rappelle comme d’hier ! ce cher prince vient donc nous rendre visite en France ! Est-ce une aubaine que ce soit lui que vous rencontrez pour cette affaire ? »

« -Hélas Grivain, je ne sais encore. Voilà près de dix ans que nous n’avons échangé aucune lettre. Nos rapports sont restés à de simples rapports diplomatiques, gérés par sa propre famille. »

Gabriel s’était éloigné de son secrétaire, et avait posé les mains sur le dossier d’un fauteuil de velours gris, lui faisant face. Ses pupilles s’éteignirent soudainement, et son sourire s’effaça légèrement à cette évocation.

« -Quoi qu’il en soit, Grivain, ce rendez-vous est fixé ce matin. Je n’ai voulu vous en parler plus tôt, afin que vous ne me dissuadiez de quelques tentatives. Comme le souligne la princesse Von Lobkowicz dans sa missive, je le retrouve à Versailles, au salon de la Guerre.
Je souhaite néanmoins que vous m’accompagniez à Versailles ce matin, prendre l’air de la cour ne vous sera que bénéfique ! Le roi souhaite ma présence lors de sa promenade, ce matin ; je souhaite que vous puissiez retrouver monsieur de Longaud, comme nous l’avions convenu. »


« -Excellente idée, monsieur ! Je fais chercher Forlazzi, l’attelage sera près dans moins d’une heure.

Après l’assentiment du prince, Grivain sortit silencieusement de la pièce, descendant lentement les escaliers de marbres luisant sous la lumière du soleil qui perçait au travers de fenêtre.
L’hôtel de Nevers fut à nouveau plongé dans un silence sacré.


***

Gabriel avait traversé les salons d’un pas leste, évitant soigneusement les courtisans frivoles et sans intérêt qu’il pouvait aisément exécrer. Derrières leurs éventails déployés, il sentait le regard séducteurs de quelques femmes espérant toujours de lui un sourire, ou une réponse à leurs œillades. Les années passées avaient formé l’esprit de Gabriel à se fermer dès qu’une de ces femmes s’approchaient de lui minaudant des paroles trop innocentes pour être pures, et à présent en France, toutes ses pensées n’étaient tournées que vers Eugenia de Cortés.

Un léger sourire étira le coin de sa bouche, alors qu’il entrevoyait le visage souriant de la jeune femme, alors qu’elle le quittait à l’hôtel de Nevers. Ces instants qu’ils avaient passés si proches ne l’avaient encore quitté, et son cœur manquait un bond dans sa poitrine lorsqu’il songeait à cet avenir probable qui s’ouvrait à lui. Il n’y avait aujourd’hui plus l’ombre d’un doute sur son souhait, et seule la rancœur qu’il éprouvait à l’heure actuelle pour son père l’avait empêché de le lui en faire part.

Il savait quel bonheur aurait réchauffé le cœur de ce patriarche, mais la seule idée de lui annoncer cette mince nouvelle ne voulait se former dans son esprit, restant à l’état latent de projet. Penser à son père le ramenait vers la figure qui pénétrait à présent dans sa vie. Elle avait jusque-là été évitable, mais viendrait le jour où il devrait faire face à cette situation qu’il n’avait jamais entrevue.

Tout en marchant, il atteignit le salon de la Guerre, resplendissant sous le soleil matinal qui traversait les fenêtres. Gabriel s’approcha de l’une d’elles, observant le parc majestueux qui s’étalait sous les pieds du château, déjà peuplé par quelques groupes de courtisans matinaux.

D’un geste machinal, il sortit la montre d’or de la poche de son veston, et releva les yeux du cadran. Il était en avance, mais son vieil ami ne saurait à présent tarder.
Gabriel oscillait entre le plaisir de revoir cet ami d’enfance qu’il n’avait vu depuis près de dix ans, et l’inquiétude face à l’annonce qu’il lui ferait.

Une once de culpabilité s’immisça en lui lorsqu’il songea à toutes ces années où l’un et l’autre avaient été séparés. Pourquoi ne lui avait-il jamais écrit ? Pourquoi aucun courrier n’avait pu traverser les frontières, afin que les deux hommes puissent conserver cette amitié ?
Son cœur se serra un peu plus lorsqu’il entrevit le visage souriant de Vittoria, et la relation qui les unissait alors tous les trois.
Ces années étaient si lointaines qu’elles semblaient appartenir à une autre vie, une vie où la culpabilité du mensonge ne serrait pas autant le cœur de Gabriel.

Les yeux perdus sur les bosquets lointains, scintillant sous la lumière grandissante, il voyait ce visage si profond et sincère de Frederick, cet ami si cher à son cœur qui l’avait soutenu, lorsque l’épreuve l’anéantissait. La culpabilité se faisait encore ressentir, malgré les années passées, et cette entrevue l’inquiétait. Quel serait le ton de leurs retrouvailles ? Malgré le bonheur que Gabriel ressentait, sa conscience le faisait rester raisonnable.

Il observa distraitement les ombrelles glissant dans l’herbe, abritant les jeunes femmes du soleil, mais un bruit de porte et de pas distinct rompit sa rêverie. Les bras croisés derrière son dos, Gabriel se retourna, et à la vue de ce visage si familier, malgré les âges qui le marquait, son cœur fit un bond plus fort dans sa poitrine.

Frederick lui faisait face. Frederick, dont les traits sillonnés par les âges gardaient cette jeunesse qu’avait perdu Gabriel. Instinctivement, un sourire élargit son visage, et ses yeux brillèrent à ces retrouvailles qu’il n’avait espérées.


« -Bonjour, Gabriel.

La voix froide et neutre de son ami réfréna Gabriel dans son élan, et son regard gris le fixa silencieusement. Lui non plus ne pouvait se résoudre à l’appeler autrement que Frederick, et malgré cette distance, certainement due à l’éloignement, Gabriel s’approcha de son vieil ami.

« -Frederick ! Quelle joie de vous revoir enfin ! »

Il l’attira de quelques pas vers les fenêtres, où la lumière se faisait plus vive.

« -Lorsque j’ai reçu cette lettre de votre mère, je n’osais alors espérer vous revoir ! Qu’avez-vous donc fait, durant toutes ces années où nous avons été séparés ?

Trêve de diplomatie, Frederick, les affaires viendront en leur temps ! Racontez-moi donc ! Quelle a été votre vie, depuis cette douloureuse séparation ? »


Son bras se posa d’un geste chaleureux sur l’épaule de Frederick, alors que le regard de Gabriel brillait un peu plus sous l’effet de ces retrouvailles inespérées.
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MessageSujet: Re: [Salon de la Guerre] Froides retrouvailles-Gabriel de Gonzague   [Salon de la Guerre] Froides retrouvailles-Gabriel de Gonzague Icon_minitime03.04.10 19:48

Le ton froid de Frederick paru déstabiliser durant quelques instants Gabriel. Ils se regardèrent. S’il n’y avait eu cette histoire avec Vittoria, Frederick l’aurai prit dans ses bras. Frederick se prit alors à regretter d’avoir ouvert cette lettre…Il eut préféré ne jamais savoir la vérité, et retrouver avec le sourire son ami. Se confier à lui, lui parler d’Eugénia, lui avouer ses sentiments. Il aurait tant aimé passer du temps avec le prince de Gonzague, visiter la France avec lui, comme deux vieux amis qui se retrouvent. Le désir de répondre aux yeux brillants de Gabriel était fort. Pourquoi, après tout, ne pas oublier cette lettre, et tout reprendre comme avant ? Parce que c’était impossible. Frederick ne pouvait oublier le choc que lui avait fait la lettre du suicide. Eugénia lui avait d’ailleurs fait comprendre que Gabriel devait être puni pour ce mensonge. Pourquoi Gabriel n’avait-il pas parlé du suicide à Frederick ? Celui-ci avait passé des jours et des jours aux côté de Gabriel, l’avait aidé, soutenu, en croyant la thèse de l’accident. Gabriel l’avait pris pour un parfait idiot. Pourquoi ne pas lui avoir dit la vérité ? Frederick n’aurai jamais dénoncé le suicide de Vittoria, et il avait parfaitement le droit d’être mis au courant.

« Frederick ! Quelle joie de vous revoir enfin ! »

Visiblement, Gabriel ne cachait pas sa joie. Il l’entraina vers les fenêtres, et un rayon de soleil éclaira le visage de Gabriel, faisant apparaitre quelques petites rides. Que n’aurai pas donné Frederick pour enlacer son meilleur ami. Jamais il n’avait connu pareil amitié avec un homme. Mais la rancœur étreignait désormais le cœur du jeune allemand, et une envie de vengeance faisait battre son cœur à tout rompre.

« Lorsque j’ai reçu cette lettre de votre mère, je n’osais alors espérer vous revoir ! Qu’avez-vous donc fait, durant toutes ces années où nous avons été séparés ? Trêve de diplomatie, Frederick, les affaires viendront en leur temps ! Racontez-moi donc ! Quelle a été votre vie, depuis cette douloureuse séparation ? »

Alors que Frederick s’apprêtait à répondre, il sentit le bras de Gabriel qui se posait sur son épaule. Son regard se planta dans celui du prince de Gonzague. Leurs regards contrastaient terriblement : brillant pour Gabriel, glacial pour Frederick. Celui-ci se dirigea encore un peu plus vers la fenêtre, se défaisant du bras chaleureusement posé sur son épaule. Il ne répondit pas tout de suite. L’allemand regarda dehors. Le soleil qui rayonnait de mille feux il y a de cela une heure, était maintenant caché par des nuages. Le ciel s’assombrissait doucement, à l’image de l’ambiance dans le salon de la Guerre. Décidément, pensait Frederick, sa mère avait bien choisi le lieu de rendez-vous. Un sourire narquois se dessina sur ses lèvres. Qu’avait-il fait depuis tout ce temps ? Gabriel voulait-il vraiment le savoir ? Frederick, les bras croisés, se tourna vers Gabriel. Le sang palpitait dans ses veines. Il essayait de se contrôler, mais la colère risquait à tout moment de prendre le dessus sur son calme apparent.

« Ma mère voulait absolument que je vienne vous voir, concernant cette affaire de jumelage. Vous la connaissez, elle veut tout contrôler. Ma visite en France était une aubaine pour mettre au point une alliance quelconque. Mais puisque vous ne voulez entendre parler d’affaires maintenant…Ce que j’ai fait, durant toutes ces années ? Voulez-vous vraiment le savoir ? »

Frederick n’avait pas eu l’intention de parler de Vittoria, en tout cas pas tout de suite. Mais les propos de Gabriel le faisaient fulminer. Comment pouvait-il parler de « douloureuse séparation ? » Comment pouvait-il lui parler, comme si rien de grave n’avait eu lieu ? Comme si la mort de Vittoria n’était qu’un simple accident. Les barrières qui empêchaient le souvenir de Vittoria de s’échapper se brisèrent.

« Chaque jour que Dieu fait, je pense à Vittoria. Je n’ai jamais cessé de penser à elle. Alors, qu’ai-je fait ? J’ai pensé à elle…Mon résumé sera bref. Je suis allé au Pérou, sur ordre de ma mère, j’y ai passé une année. Puis je suis revenu, pour me marier avec une cousine, dans le but de donner un héritier à la famille. Sans succès…mon épouse est morte, et l’on m’a envoyé ici…Je voyage au gré des envies de ma famille, je ne fais que subir mon rang. »

Il tentait de garder son calme, non sans difficultés.

« Voulez-vous savoir pourquoi je n’ai pas tenté de vous revoir ? » demanda-t-il. Il regardait Gabriel, droit dans les yeux. Il n’attendit aucune réponse de la part de son interlocuteur, et reprit :

« Parce que vous m’avez menti ! Je me demande encore comment vous pouvez me regarder dans les yeux, en sachant quel mensonge éhonté vous osez me servir ! Je vous ai soutenu durant cette terrible épreuve, je vous ai aidé, vous étiez dans un état lamentable ! Je me suis montré fort, jour après jour, pour vous aider, et ne pas tomber avec vous dans le chagrin ! Je suis toujours étonné de l’ingratitude dont vous faites preuve à mon égard ! »

Alors qu’il n’avait pas l’intention de tout dire à Gabriel, il confiait maintenant les sentiments qui serraient tant son cœur. Il ne voulait pas parler de Vittoria, pas ici, pas maintenant. Ce devait être un rendez-vous pour parler du jumelage. Mais les rancœurs avaient pris le dessus.

« J’ai été incroyablement déçu. Je l’aimais, elle était comme une sœur pour moi ! Il était parfaitement légitime que je sois mis au courant. Vous avez préféré me mentir, comme à tout le monde ! Mais je n’étais pas tout le monde ! Nous étions tous trois amis, ne vous en souvenez-vous pas ? Vous étiez tous deux si chers à mon cœur… »

Il baissa les yeux. Comment expliquer la peine qui l’avait étreint ? La déception, le chagrin et la colère avaient succédé dans son cœur.

« Et pourquoi ne m’avez-vous pas contacté ? J’avais besoin de vous ! Et aucunes nouvelles ne me venaient ! Rien. N’aviez-vous donc plus besoin de moi ? M’aviez-vous oublié ? Il y a quelques minutes à peine, j’avais envie de vous répondre chaleureusement, j’avais envie de vous prendre dans mes bras. Vous me manquez. Terriblement. Jamais je n’ai connu pareille amitié à la notre, et plus jamais je n’en connaitrai… »

Il marchait maintenant de long en large, évitant soigneusement le regard de Gabriel. Il n’avait pas prévu de déballer ainsi ses sentiments, mais cela était plus fort que lui. Il avait cru qu’il pourrai être assez fort pour ne pas se confier ainsi. Il ne voulait parler que du jumelage, et de rien d’autre. Son cœur battait à cent à l’heure, et des larmes montèrent à ses yeux. Foutue sensibilité ! Il tourna le dos à Gabriel.
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MessageSujet: Re: [Salon de la Guerre] Froides retrouvailles-Gabriel de Gonzague   [Salon de la Guerre] Froides retrouvailles-Gabriel de Gonzague Icon_minitime16.04.10 22:59

Le regard de Frederick aurait pu glacer Gabriel, le faire reculer, mais le bonheur qu’il ressentait alors qu’il revoyait enfin son ami ne pouvait lever le voile sur le visage fermé du prince allemand.
Si Gabriel avait été plus observateur, il aurait remarqué le regard glacé, les gestes brusques, la voix froide et abrupte de Frederick, mais il regardait à présent les nuages s’amonceler devant l’astre lumineux, et il tourna tardivement la tête, pour sentir le bras de Frederick s’échapper de son amicale étreinte.

Un court instant, Gabriel fronça les sourcils, et fit un léger mouvement de recul, face à cette attitude. Frederick prenait-il réellement de la distance ? Les années les avaient donc tant séparés ?
Le jeune italien s’apprêtait à questionner du regard son ami, lorsque celui-ci, croisant les bras, lui jeta ce regard de défi, dans lequel dansait une lueur antipathique.


« Ma mère voulait absolument que je vienne vous voir, concernant cette affaire de jumelage. Vous la connaissez, elle veut tout contrôler. Ma visite en France était une aubaine pour mettre au point une alliance quelconque. Mais puisque vous ne voulez entendre parler d’affaires maintenant…Ce que j’ai fait, durant toutes ces années ? Voulez-vous vraiment le savoir ? »

Malgré la croix glaciale de l’allemand, Gabriel, décontenancé, se força à conserver cette intonation fraîche et amicale, comme pour se rassurer sur la situation qui semblait prendre une toute autre tournure qu’il n’attendait.
Il afficha un mince sourire, et tout en restant près de la fenêtre, hocha la tête à ces paroles.


« Je me souviens, en effet, ô combien votre mère est présente !

En effet, Frederick, nous venons de nous retrouver, les affaires sont moins importantes que les nouvelles que vous avez à m’apporter ! »


Ces paroles, Gabriel devait les regretter peu après. Il ne voyait pas ce qui faisait briller le regard de Frederick, cette colère que celui-ci contenait depuis des années.
Presque insouciant comme au temps de leur jeunesse, Gabriel osait espérer que Frederick ne parlerait pas de ce qui les avait séparés. Il songeait à ce mensonge qu’il ne lui avait avoué, à ce secret qu’il portait, qui pesait sur son cœur et ses épaules.

Ne serait-ce pas le moment de lui en parler ? Mais au bout de dix ans, alors que rien ne poussait Gabriel à le faire ?
Ce secret n’était pas le sien, mais celui de toute une famille…pourtant, Frederick avait longtemps été pour lui comme un frère.
Lentement, ce sentiment de culpabilité s’insinua en Gabriel, alors qu’il enjoignait Frederick à parler.


« Chaque jour que Dieu fait, je pense à Vittoria. Je n’ai jamais cessé de penser à elle. Alors, qu’ai-je fait ? J’ai pensé à elle… »

Il sembla qu’une pierre avait atteint Gabriel, et faisait sombrer ses entrailles. Elle pesait en lui, le rongeant de l’intérieur. Aux paroles de Frederick, s’ajoutait ce visage souriant, ces cheveux blonds flottant devant ses yeux, et soudainement, cette tâche pourpre dans ces reflets dorés.
Il ferma les yeux un court moment, pour chasser cette vision macabre.
Les mots de celui qu’il considérait alors comme son plus vieil ami achevait de le ramener à la réalité.


« Mon résumé sera bref. Je suis allé au Pérou, sur ordre de ma mère, j’y ai passé une année. Puis je suis revenu, pour me marier avec une cousine, dans le but de donner un héritier à la famille. Sans succès…mon épouse est morte, et l’on m’a envoyé ici…Je voyage au gré des envies de ma famille, je ne fais que subir mon rang. »

Il silence lourd conclu cette petite diatribe. Marié. Veuf. Tout cela semblait provenir d’un autre monde. Et alors que Gabriel ouvrait la bouche pour répondre quelques mots de politesse, la gorge nouée par les souvenirs qui ressurgissaient, la voix sèche de Frederick résonna à nouveau.

« Voulez-vous savoir pourquoi je n’ai pas tenté de vous revoir ? »

« Je…… »

Mais il ne pu continuer, les yeux bleus, froids de l’allemand le fixaient, sans qu’il ne pu détacher son regard. Avant même de savoir quels seraient ces griefs qu’il prévoyait, Gabriel soutint ce regard dur, et le temps de quelques secondes, les deux hommes ne détachèrent pas les yeux l’un de l’autre.

« Parce que vous m’avez menti ! »

Ces mots frappèrent Gabriel, non plus comme une pierre, mais comme un poignard.

« Je me demande encore comment vous pouvez me regarder dans les yeux, en sachant quel mensonge éhonté vous osez me servir ! Je vous ai soutenu durant cette terrible épreuve, je vous ai aidé, vous étiez dans un état lamentable ! Je me suis montré fort, jour après jour, pour vous aider, et ne pas tomber avec vous dans le chagrin ! Je suis toujours étonné de l’ingratitude dont vous faites preuve à mon égard ! »

La lame froide et glaciale d’un sabre s’enfonçait en Gabriel, alors que ses yeux se détournaient de ceux de Frederick. Sous le choc de la révélation, il se recula vivement, et ne trouvant que le rebord de la fenêtre comme tout appui, il se retint, posant ses mains tremblantes sur le mur.

Un frisson avait parcouru son échine, provoquant un tremblement soudain qu’il ne pu contenir, et ses yeux perdus cherchaient un appui, alors que ce mensonge de toute une vie s’étalait devant lui.
Le regard de Frederick, sa voix et ses mots semblaient être le doigt accusateur de Dieu, qui le jugeait sans détours, faisant de lui un renégat, dont les maux salissaient son âme.

Face à cet accusation, ô combien véridique, Gabriel ne pu répondre, et la douleur du mensonge se mêla à celle du souvenir, et à nouveau, il ferma les paupières, comme pour intimer à sa raison de revenir, de lui donner une force dont il avait à présent besoin.

Elle s’immisça, lentement, et petit à petit, alors que Frederick poursuivait, elle prit possession de Gabriel, et celui-ci, se redressant, affronta à nouveau son juge, malgré tout le remord qu’il éprouvait en ce moment, et tout ce que son âme subissait par cette trahison, dont il était l’unique responsable.


« J’ai été incroyablement déçu. Je l’aimais, elle était comme une sœur pour moi ! Il était parfaitement légitime que je sois mis au courant. »

Bien sûr qu’il l’aimait ! Gabriel ne pouvait nier ce lien qui unissait les deux êtres qui étaient alors les plus chers à son cœur. Pourquoi lui avoir menti ? Mais pourquoi Frederick ne pouvait-il comprendre ce qui scellait les lèvres de Gabriel ?!

« Vous avez préféré me mentir, comme à tout le monde ! Mais je n’étais pas tout le monde ! Nous étions tous trois amis, ne vous en souvenez-vous pas ? Vous étiez tous deux si chers à mon cœur… »

Si chers, tellement chers que Gabriel s’était plié a accepter ce mensonge, afin que seule sa famille porte ce poids.
Frederick ne semblait pas se rappeler de ces instants où, si faible, Gabriel n’aspirait qu’à se laisser mourir, afin de rejoindre un monde de paix. Il ne se souvenait pas que ses forces l’avaient quitté, que sa volonté même était anéantie, et que, incapable de prendre une décision lui-même, Gabriel s’était contenté d’acquiescer, et de se soumettre à cette volonté.

Son honneur, trop longtemps, était resté prisonnier de ce dilemme.


« Vous ne comprenez pas, Frederick…il s’agissait de toute ma famille, pas seulement de nous », parvint à articuler Gabriel.

Mais Frederick poursuivait, et le ton froid qu’il lui assénait était à chaque mot un coup de poignard, coupant les mots dans sa gorge.


« Et pourquoi ne m’avez-vous pas contacté ? J’avais besoin de vous ! Et aucunes nouvelles ne me venaient ! Rien. N’aviez-vous donc plus besoin de moi ? M’aviez-vous oublié ? »

Le regard de Gabriel se fixait sur celui du prince germanique, alors que des réponses se formaient à son esprit, sans que sa volonté ne se décide à les livrer. Non, bien sûr, il ne l’avait pas oublié !

« Il y a quelques minutes à peine, j’avais envie de vous répondre chaleureusement, j’avais envie de vous prendre dans mes bras. Vous me manquez. Terriblement. Jamais je n’ai connu pareille amitié à la notre, et plus jamais je n’en connaitrai… »

Ces derniers mots pouvaient faire chavirer Gabriel, tant les souvenirs du passé l’assaillaient. Ils étaient là, tous deux, et il ne manquait que Vittoria, afin qu’ils puissent repartir tous trois dans les jardins, raconter les derniers jeux qu’il fallait apprendre, et les dernières frasques des courtisans dont ils aimaient gentiment se railler.

Les yeux gris de Gabriel ne se détournaient pas de Frederick, et reléguant les images du passé au fond de son esprit, il parvint enfin à parler, d’une voix froide sous l’émotion qui l’étreignait.


Comment pourrez-vous un jour me pardonner, Frederick ? Comment puis-je oser en effet vous appeler mon ami ? Je vous ai aimé comme un frère, et jamais alors je n’aurais pensé qu’une telle situation pouvait se produire…. »

Il semblait parler comme pour lui-même, et les mots qui lui venaient étaient les interrogations qu’il n’avait jamais cessé de se faire.

« Je ne sais ce qui m’a poussé à cela….mais ne pouvez-vous comprendre, Frederick ? Ne pouvez-vous imaginer quelle fut la situation dans laquelle se trouvait toute notre famille ? »

Les idées se mettaient en place dans son esprit à présent réveillé, et sa raison indiquait à nouveau à Gabriel les pensées qu’il lui fallait user.

« Cette terrible vérité….ce secret était celui de mon oncle, de ma tante. Vous savez combien ma faiblesse m’empêchait alors de prendre une décision correcte, ne pouvez-vous donc pas aisément deviner que par dépit, par……lâcheté, peut-être, j’ai agréé à ce qu’ils m’ont demandé d’accepter ? »

La culpabilité de Gabriel se muait en une interrogation, face aux récriminations de Frederick. Il était l’entier coupable de cette situation, mais son ami, qui se disait son frère, n’avait-il pu comprendre les raisons de ce silence ? Frederick pointait Gabriel du doigt, et dans ses enjambées furieuses, il semblait ne pas comprendre les épreuves qu’avait traversées Gabriel dans ces instants-là.

« Cessez de me tourner le dos, Frederick, réagissons en hommes, lui intima soudainement Gabriel, maître de sa raison, alors que celle-ci étouffait un instant ses états d’âme.

« Auriez-vous accepté, vous, Frederick Von Lobkowicz, d’être complice d’un tel péché ? Souhaitez-vous que j’en informe tous les amis qui me sont el plus chers, afin de ne point leur mentir ?
Ne comprenez-vous donc pas qu’en cachant cette vérité, seule ma famille assumait cette responsabilité, ce péché condamné ? »


Gabriel avait parlé bas, afin d’éviter les mots de s’ébruiter dans le salon, mais sa voix restait ferme et grave, et à présent, il fixait Frederick, attendant que celui-ci daigne se retourner, et lui répondre aussi franchement qu’il le faisait jusque-là.

« Répondez-moi, Frederick, en toute conscience chrétienne. Auriez-vous accepté que votre âme porte ce fardeau ? Vous ne pouvez imaginer les souffrances quotidiennes que la mienne ressent. »
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MessageSujet: Re: [Salon de la Guerre] Froides retrouvailles-Gabriel de Gonzague   [Salon de la Guerre] Froides retrouvailles-Gabriel de Gonzague Icon_minitime14.07.10 19:31

[c'est court, et pas terrible . Désolée pour le temps que j'ai mis. Promis, ce sera mieux la prochaine fois =) ]

Tout en tournant en rond à grandes enjambées, Frederick écoutait Gabriel. Il se défendait, et cela énervait encore davantage le jeune allemand. Il devait reconnaitre que les arguments de Gabriel étaient valables, évidemment. Il avait raison. Peut-être. Mais il était hors de question pour le prince de s’avouer vaincu. Sa mauvaise foi parlait pour lui. Il détestait avoir tord, surtout pour des sujets aussi graves que la mort de cette si chère amie. Il essuya les larmes qui emplissaient son regard du revers de la main, puis se tourna vers son interlocuteur, quand celui-ci lui suggérait de se comporter en homme. Cette réflexion fit naître un sourire ironique sur le visage du jeune prince. L’italien attendait de lui une réponse, et Frederick ne se fit pas attendre pour combler ses attentes.

«
En effet, nous étions comme des frères, je vous considérais comme un membre de ma famille. J’ai vu le mal qui vous rongeait. Ne croyez-vous pas qu’en m’en parlant, nous aurions pu faire face à cette épreuve qui nous marquera jusqu’à la fin de nos jours ? A la place, nous avons souffert, chacun de notre côté. Et cette épreuve qui aurait du nous rapprocher, nous a considérablement éloignés, et je crains que notre amitié d’antan ne puisse renaître de ses cendres. »

A l’évocation de cette amitié, des images de son enfance firent irruption dans son esprit. Des cris d’enfants, d’abord, puis des courses à cheval, à travers champs, leurs compétitions amicales, leurs rires devant les domestiques affligés, et les cheveux d’or de Vittoria…Le jeune prince avait l’impression que ses souvenirs étaient en fait le fruit de son imagination, ou bien que cette période faisait partie d’un autre monde. C’était comme s’il y avait eu un avant, et un après. Entre deux, un événement marquait à jamais la distinction entre le passé et l’avenir. Tel le Péché Originel, qui rendait la condition de l’homme à jamais misérable, la mort de Vittoria, et plus précisément son suicide, avait marqué à jamais un fossé entre l’amitié des deux hommes, passant d’un état idyllique à un état catastrophique.

Frederick en voulait à Gabriel, mais il fallait avouer qu’il avait raison, en parlant de sa famille. Qui oserait avouer que sa fille s’était suicidée ? Aucune famille tenant à son rang n’affirmerait une telle chose. Il était, par contre, préférable de mentir, même devant Dieu. Il était préférable d’évoquer un accident, plutôt que d’avouer qu’un suicide avait eu lieu dans leur propre famille. Plutôt mentir que d’avoir honte.

«
Certes, vous étiez tenu par votre famille, mais n’étions nous pas assez proche pour qu’une réflexion bien placée me fasse comprendre la vérité ? Une révélation voilée aurait pu me mettre sur la voie. A la place, j’ai appris la vérité sur la mort de Vittoria en lisant, par mégarde, une lettre qui ne m’était pas destinée. J’ai appris, seul, dans mon bureau, la vérité sur son triste sort. Voilà ce qui m’attendait à mon retour en Autriche ! J’avais passé des jours à vous soutenir, sans vraiment savoir la cause de vos souffrances ! Imaginez donc comme j’ai pu me sentir trahi ! Alors oui, vous étiez en droit de vous demandez comment je pourrai supporter le poids d’une telle révélation. Mais je l’ai de toute manière apprise, et j’ai du, que vous le vouliez ou non, vivre avec. J’ai menti moi aussi à ma famille, qui se demandait pourquoi la mélancolie faisait briller mon regard. »

A bout de souffle, le flot de paroles du jeune prince se tarit. Alors, il pensa à ce jour où il lu cette lettre destinée à Gabriel. Cette lettre qui changea à tout jamais son avenir. Comment alors décrire les sentiments qui se disputèrent son esprit. Tristesse, évidemment. Souffrance. Mais colère aussi, rage même. Le sentiment de trahison l’emplissait tout entier. On lui avait menti. Durant son séjour en France, on n’avait fait que lui mentir, jour après jour. Colère sourde, ravageuse. Puis il y eu le voyage au Pérou. Et au fil de ses confidences faites à Eugénia, l’envie de vengeance faisait peu à peu son chemin. Gabriel de Gonzague devait payer.

«
Puis je vous en ai voulu pour une autre raison. Celle d’avoir alimenté cet amour que vous saviez impossible, celle d’avoir volontairement fait souffrir Vittoria, notre Vittoria ! Je me disais qu’elle était morte de votre faute. Vous m’aviez privé de sa présence, dont j’avais tant besoin ! Vous aviez tout gâché, oui, vous ! »

Frederick savait avant même de les prononcer, quel effet auraient ces paroles. Il était cruel, mais cela lui faisait du bien de déverser tout son fiel sur son interlocuteur. Le faire souffrir provoquait une jouissance agréable, telle qu’il n’en avait plus connue depuis la lecture de cette lettre fatidique. Ses mots résonnaient agréablement à ses oreilles, telle une douce mélodie qu’on ne se lasse pas d’écouter. Faire souffrir Gabriel, voilà une raison valable de sa venue en France, voilà une chose qui ne rendrait pas son séjour dans le pays tout à fait inutile. Aucune compassion, aucune pitié ne pouvait se lire dans son regard qui brûlait de haine.

Frederick secoua la tête, montrant sa désapprobation face à la situation.

«
Si je suis venu vous voir, c’était juste par obligation. Ma mère se montre souvent persuasive. Je suis censé vous parler de cette histoire de jumelage. Néanmoins, je ne pense pas que notre amitié puisse survivre à cette épreuve. Vous avoir face à moi me rappelle douloureusement notre enfance. Or, cette époque est révolue, et il est temps pour moi de tirer un trait dessus. »

En effet, même si cela semblait impossible, le jeune allemand voulait seulement tout oublier, pour avoir un regard plus positif vers l’avenir. Néanmoins, avant de tenter de se tourner vers cet avenir incertain, son envie de vengeance ne l’avait pas quitté, et il était bien décidé à faire payer à Gabriel le poids de ses souffrances, même si celui-ci n’en avait pas eu un lot moins lourd.


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MessageSujet: Re: [Salon de la Guerre] Froides retrouvailles-Gabriel de Gonzague   [Salon de la Guerre] Froides retrouvailles-Gabriel de Gonzague Icon_minitime18.08.10 12:03

Non, décidément, rien ne pourrait plus les rapprocher à présent, et Gabriel voyait en ce moment ce qu’il avait tant redouté dans son insouciante jeunesse. Lui qui avait toujours craint de perdre ce frère se prit à apprécier cette idée de lente mort de leur union passée.
Il avait évacué de son esprit toutes les pensées qui pouvaient annihiler sa raison, et à présent celle-ci seule, froide et implacable, lui dictait gestes et paroles. Il ne voyait plus cet ami, ce cher Frederick qu’il avait tant aimé, mais un prince, allemand de surcroît, qui le tançait tel Dieu au Jugement Suprême.

Ni haine, ni violence ni colère exacerbée, mais seulement cette indifférence froide envers ces anciens sentiments fraternels partagés.
Un sourire froid étira les lèvres fines de Gabriel, lorsqu’il posa son regard gris dans celui de Frederick.


-Croyez-moi, cela ne m’ennuie plus. Je n’aurais plus à m’embarrasser d’une culpabilité qui a pu me ronger.

Pensait-il réellement les mots qu’il prononçait à l’instant ? Sa morale soutenait l’inverse, mais l’ayant relégué au plus profond de lui, Gabriel n’obéissait qu’à cette colère sourde. S’il avait maintenu cette amitié, la culpabilité serait restée. Mais Frederick, par sa volonté à ne pas comprendre ce qui les séparait aujourd’hui, avait poussé Gabriel à récuser ce sentiment qui l’affaiblissait. Le dire à voix haute lui permettait de s’en convaincre lui-même, étouffant cette petite voix qui lui assénait le contraire.

Gabriel observa alors Frederick. Quelques années auparavant, il l’aurait pris dans ses bras, et tels deux frères, ils se seraient promis de ne plus rien se cacher à l’avenir. Mais l’eau avait coulé sous ce pont, et à présent les deux hommes se faisaient front, oubliant toutes leurs joies passées. Comment les années pouvaient ainsi changer deux cœurs ? Vittoria était-elle seule responsable de ce déchirement qui les opposait à présent ?
Un flot d’amertume submergea Gabriel, emportant avec lui ces visions heureuses du passé. Vittoria…son geste avait gâché leurs vies à tous deux, et à présent, elle ne pouvait que les regarder s’affronter en duel. L’avait-elle cherché ? Savait-elle avant de forcer le destin que ses deux frères se diviseraient ainsi ?
Il la connaissait bien assez pour savoir ce dont la jeune fille était capable, et sentant la rage s’insinuer en lui, le visage de Vittoria lui paru de plus en plus cruel.

Elle seule était responsable de ce qui arrivait à présent ; elle avait prévu le silence de son aimé, et la rage de son frère. Gabriel parvint soudainement à la haïr, mais plus encore, à haïr Frederick qui ne pouvait comprendre ce que Vittoria leur avait légué.
Il pouvait le comprendre, il pouvait s’abaisser à se rendre coupable de toutes ces fautes, mais l’attitude de son ancien ami le fit reculer. Rien ne saurait l’affaiblir jusqu’à se rendre ainsi entièrement fautif. Il ne rentrerait aucunement dans ce jeu que lui proposait Freddy.

Fixant à nouveau les prunelles de l’allemand, Gabriel se surprit à sourire. Un peu plus, il aurait éclaté de ce rire sonore si caractéristique de l’italien, lorsque les plus noires pensées habitaient son esprit. Plus rien en lui ne montrait le jeune homme qui se faisait effacé, discret et efficace dans l’ombre. Il était à présent le prince italien qu’en avait fait son père ; froid, éloignant de lui chaque scrupule qui eut pu lui lier les mains, et l’empêcher de mettre à profit tous ce que son cerveau lui proposait.


-Nous sommes des hommes à présent Frederick, et j’en viens à vous donner raison. Les enfants sont bien trop naïfs et leur monde s’écroule sous le moindre souffle de vent. Soyons hommes, et réagissons en tant que tels.

Il appuya les mots suivants d’un regard peu habituel chez lui.

-Je suis l’entier coupable de cette situation, Frederick. Sachez que je chercherais en rien votre pardon, car ma faute est bien trop grave pour que de simples mots puissent l’atténuer.

Sa voix s’était faite calme et posée. S’il semblait naturel, Gabriel n’en n’était pas moins calculateur, et il avait pesé chacun de ses mots. Il connaissait Frederick, et malgré les années passées, et l’homme actuel qu’il connaissait moins que l’adolescent, il savait que l’allemand possédait plus d’humanité que lui-même en avait. Si cet éclair de vengeance qu’il voyait dans ce regard était certain, il espérait que la nature profonde de Frederick rejaillirait ; Gabriel contrerait cette froide amertume par cette manipulation dont il se savait capable.

Le cœur des hommes était parfois bien plus faible que celui des femmes, et l’italien, étouffant sa conscience, décidait d’en jouer. Il soupira faussement, et le regard brillant d’une entente forcée, afficha un sourire franc et honnête. Sa voix ne montrait à nouveau qu’une calme apparence.


-Je vous sais bien trop intelligent et intègre pour vous abaisser à une vengeance simple et calculée, Frederick ; et vous me connaissez assez pour savoir de quoi je suis capable si je vous crois mon ennemi. Ne soyons pas ennemis, cela serait fat de notre part, et ne ferait que rendre heureuse cette haine que nous tâchons tous deux d’étouffer.

Ne niez pas que vous souhaitez me faire payer cette trahison, Frederick. Je le sens, car moi-même aurais voulu ainsi agir. Vous me détestez autant que je ressens de colère à votre encontre ; séparons nos vies, Frederick, cela nous empêchera d’être ce que nous ne voulons devenir.


Gabriel poussa un léger soupir, appuyant ses propres paroles. Frederick ne connaissait pas assez quel homme était devenu Gabriel. L’un et l’autre ne s’étaient côtoyé que trop jeunes pour que le jeune allemand devine quel esprit couvait sous l’adolescent qu’avait été le prince. Les années avaient rendu l’italien froid, et cette présence continuelle de son père en avait fait un homme prêt à de nombreuses choses lorsqu’il s’agissait de ses propres affaires.
Les années avaient aidé Gabriel à éloigner de lui les scrupules lorsque cela était nécessaire.


-Nous reparlerons de ce jumelage, notre esprit n’y est plus. Je crois, de plus, que sa majesté nous attend pour sa promenade, prince. Ne le faisons pas attendre, je crois savoir que des enjeux diplomatiques en dépendent.


***topic clos***
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