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 MOLIÈRE | I'm not able to write anymore (FREE)

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MessageSujet: MOLIÈRE | I'm not able to write anymore (FREE)   MOLIÈRE | I'm not able to write anymore (FREE) Icon_minitime08.04.10 7:26

I'M NOT ABLE TO WRITE ANYMORE
MOLIÈRE HOTEL

La pièce était plongée dans l'obscurité et seule la petite chandelle qui se consumait lentement témoignait de la présence d'un homme. Le visage de Molière était devenu une belle oeuvre d'art pour en étudier le clair obscur puisque la pénombre le guettait, au propre comme au figuré. L'encre de sa plume avait séché, ce qui était parfaitement normal vu le temps qu'il avait mis avant de la déposer sur son bout de papier. Il avait finalement envoyé valsé son pot d'encre contre le mur du fond, le liquide noir se répandant rapidement un peu partout. C'est donc avec un soupir rempli de lassitude qu'il tenta d'éponger le liquide du mieux qu'il le pouvait, saisissant un mouchoir en tissu sans doute oublié par une quelconque comédienne ou même par une visiteuse. Nombreux étaient ceux qui se déplaçaient jusqu'ici dans l'espoir de le voir à l'oeuvre, mais pour l'instant, il n'arrivait à rien. On lui avait injustement interdit l'accès aux planches de théâtre pour de nombreux mois à cause d'une rechute et même s'il tentait d'écrire pour compenser, les mots ne venaient pas. Il était en colère. Même que colère n'était pas le terme exact puisqu'il ressentait une frustration intérieure qui surpassait tout ce qu'il avait connu jusqu'ici. On l'empêchait de faire ce qui lui tenait le plus à coeur et même s'il pouvait toujours saisir une plume et la laisser glisser pour reproduire des lettres qui, mises bout à bout, formeraient des mots, le coeur n'y était pas.

Le pire était certainement le fait que Philippe d'Orléans, lui qui l'avait protégé jusqu'alors et même le roi étaient contre son choix de réintégrer la troupe de théâtre en tant que chef. Il pouvait simplement assister à quelques représentations, à quelques pratiques, sans même pouvoir prendre les devants pour dire ce qui ne lui plaisait pas. On le surveillait de près, ne voulant pas qu'il se fatigue trop, ne voulant pas qu'il fasse ceci ou cela. Ils n'étaient pas conscients que l'éloigner de sa troupe était sans doute la pire chose qu'ils pouvaient faire pour tenter de lui venir en aide, de son point de vue, bien sûr. Il avait tenté maintes et maintes fois de prouver qu'il allait mieux et qu'il pouvait reprendre ses activités, mais le roi avait été formel: Il devait laisser quelques mois couler avant de remonter sur les planches. Sa vie s'était écroulée, mais ils n'en tenaient que peu compte.

Il poussa un profond soupir alors qu'il s'adossait contre sa chaise, passant une main tremblante sur son front. C'était bien de savoir mettre des lettres ensemble pour former des mots, mais si cela ne voulait rien dire, ça ne servait pas à grand chose. La page blanche devant lui ne semblait même pas l'appeler alors qu'habituellement, il y laissait glisser les doigts sans l'ombre d'un doute, ne s'attardant même pas à changer les mots qui ne lui plaisaient pas. Il le faisait lors d'une relecture future. Molière prit sa tête entre ses mains, se demandant sincèrement quel était son problème. Il n'arrivait plus à écrire. La chandelle s'était presque éteinte, lui qui aimait bien écrire dans cette ambiance, mais cette fois-ci, ça n'avait pas porté ses fruits. Il dormait mal, ses nuits étaient parsemées de cauchemars dans lesquels il voyait des malheurs s'abattre sur sa famille, ou plutôt sur la famille qui avait été la sienne il y avait quelques mois de cela. Pourtant, il ne mit pas longtemps à sombrer dans un sommeil léger, la tête appuyée contre le dossier de la chaise alors que la lumière faiblissait.

Lorsqu'il fut réveillé en sursaut par une lumière en provenance du couloir et des pas qui se rapprochaient, il n'eut même pas besoin de se retourner pour démontrer son agacement.
« Je suis occupé! On ne vous a pas apprit à quitter les lieux sans déranger? »
Direct. Bref. Du Molière tout craché. Il n'aimait pas imposer sa présence et il n'aimait pas qu'on impose la sienne. Quand il écrivait, quand il dormait ou quand il était seul, il aimait bien ne pas être dérangé. En fait, depuis quelques temps, il était à cran et on devait souvent le remettre à sa place puisqu'il aurait fait fuir, sans doute, tous les habitants du pays avec sa mauvaise humeur et son ton massacrant. Il était pourtant connu pour se calmer rapidement, n'aimant tout simplement pas se faire surprendre dans une position de vulnérabilité. Sa page blanche lui sauta aux yeux et il chiffonna rapidement le papier avant de terminer d'éponger nerveusement l'encre s'étant répandue sur le bureau de travail. Il n'avait pas encore osé jeter un coup d'oeil à son visiteur ou à sa visiteuse, espérant que son ton abrupt ait raison de celui ou celle qui osait troubler sa quiétude. On pouvait bien être vilain de temps en temps, on ne lui reprocherait pas, sans doute.
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