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 A l'ombre des orangers [Paris]

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MessageSujet: A l'ombre des orangers [Paris]   A l'ombre des orangers [Paris] Icon_minitime16.02.10 21:21

Mon enfant
Je suis comblé de voir à travers vos lettres que l'existence que vous mener à la Cour du Roi semble pleinement vous satisfaire. Souvent, je songe à vous, tenant conversation avec d'illustres personnages et exposant les idées que vous avez toujours souhaité, je le sais, voir reconnues. Votre belle-mère se porte à merveille, et c'est avec la plus grande joie que je vous informe de la guérison de votre sœur, dont la santé semble s'être visiblement améliorée. Le domaine est prospère et l'année écoulée fut excellente. Néanmoins, lorsque mon regard se perd à travers les vastes forêts, je ne puis ignorer le manque causé par votre absence qui se fait chaque jour plus pesant. Alors, je songe à vous et à votre bonheur, et cette seule idée me comble. Ne voyez là que les divagations d'un vieux père trop habitué à voir son enfant à ses côtés. Sachez que mon cœur et mes pensées vous accompagnent.
Soyez certaine de l'affection que je vous porte.
Georges Alexandre, Baron de Canilhac


    Après l'avoir lue sans doute une dizaine de fois, elle replia la lettre, dont les mots lui avaient l'espace de quelques minutes à peine, réchauffé l'âme et l'esprit. L'absence de son père à Versailles lui pesait parfois, ainsi que celle de sa famille. Le domaine de Canilhac lui manquait, et ces quelques mots rapportés avec soin sur une feuille de papier l'emplissaient d'une immense nostalgie. L'état de santé de sa sœur, qui avait durant quelques temps été préoccupant, la rassurait néanmoins. Sa petite Marie était désormais hors de danger. Elle se promit de se rendre à Paris prochainement afin d'acquérir une robe qu'elle pourrait lui offrir. Elle aurait tant donner afin de voir ses yeux emplis d'étoiles lorsqu'elle lui conterait les magnificences de Versailles. Mais elle grandissait. Bientôt, elle serait en âge de les contempler elle-même. Les yeux de la jeune femme se posèrent à travers la vitre, pour se perdre dans les jardins. Elle était heureuse de loger au Trianon, au milieu de cette fabuleuse nature dont elle se sentait si proche, bien qu'elle reconnaisse volontiers qu'à la beauté de ces jardins si finement travaillés manquait de plus sauvages charmes qui ne l'avait jamais lassée. Ses arbres qu'elle aimait tant lui manquaient. Et pourtant, Versailles était sans nul pareil. Elle y vivait depuis de longs mois et avait pourtant le sentiment que jamais elle ne pourrait en connaître les moindres recoins, comme si les lieux dissimulaient des secrets aux yeux de tous.
    Puis, de nouveau, elle tourna les yeux vers la feuille de papier encore vierge. Elle trempa sa plume dans l'encrier et doucement, traça des lettres, puis des mots. Ces mots qui, sous ses doigts habiles, étaient maniés avec agilité et talent. Ces mots qui aujourd'hui ne composeraient pas ses écrits, mais seraient destinés à une famille aimée et aimante. Elle se sentait distraite et ne pouvait empêcher son regard de se tourner vers l'extérieur. Le soleil était déjà haut dans les cieux. La journée serait belle, malgré la fraicheur de la saison. Un sourire se dessina sur ses lèvres rosées. Elle aimait tant le grand air et se réjouissait à l'idée de pouvoir en profiter le jour durant. Certes, le château était magnifique, et les ornements en étaient incomparables. Et pourtant, tant de luxe, d'objets précieux lui donnaient parfois le sentiment d'étouffer. Elle avait besoin d'espace, de sentir que le monde entier se trouvait devant elle, ce que ne savait lui apporter les murs de Versailles.

    Il lui fallut du temps afin d'achever sa lettre. Elle choisissait avec soin les phrases et expressions. Elle tentait tant qu'elle le pouvait de mettre de son âme et de son cœur dans cette lettre. Elle avait compris au fil du temps que l'éloignement lui était bénéfique, et malgré cela, le manque se faisait toujours aussi pesant. Fort heureusement, ses écrits l'aidaient à s'évader de son quotidien. Elle n'ignorait pas que ceux-ci pouvaient sembler provocateurs, mais la société actuelle était loin de la perfection. Alors que les nobles se pavanaient à Versailles, des crèves-la-faim et autres vagabonds erraient dans Paris. Après la défense des femmes, c'était d'eux qu'elle désirait parler depuis qu'elle avait vu de ses propres yeux le véritable visage de la ville. Et pourtant, encore aujourd'hui, elle ne pouvait espérer être reconnue. Après tout, elle n'était rien d'autre qu'une femme. Nul n'écoutait une femme. Après tout, elles ne semblaient que destinées à servir un mari. Un destin auquel Louise se refusait, principale raison pour laquelle elle semblait refuser de prendre époux, elle qui n'aspirait à rien d'autre qu'à la liberté. Une liberté dont elle espérait pouvoir jouir sa vie durant.
    Elle reposa sa plume une fois satisfaite et sourit. Elle se leva, et fit appel à sa servante afin que celle-ci l'aide à s'habiller, ainsi qu'à arranger ses longs cheveux bruns. Ce ne fut guère long, Louise ne portant que des robes d'une grande simplicité et dédaignant tous ces inutiles et frivoles ornements dont ces dames se paraient à la Cour du Roi. Et pourtant, elle ne cessait de s'agiter, telle une enfant, impatiente de se trouver dehors afin de profiter du bien être que lui procureraient les rayons du soleil. Elle prit cependant soin de se couvrir quelque peu afin de ne point tomber malade. Le temps était au beau fixe, mais l'air bien trop frais.

    Elle sortit enfin pour se rendre dans les jardins, puis rejoindre l'orangerie, lieu qui la ravissait. À chaque pas, il lui semblait que différentes odeurs, toutes plus délicieuses les unes que les autres, venaient effleurer ses narines et extasier ses sens. Oui, ces lieux constituaient une véritable œuvre d'art. La manière dont ils avaient été conçus témoignaient de tout le raffinement possible, et Louise n'aurait pu s'y montrer insensible. Elle fermait les yeux, tout en respirant ces doux parfums. Elle tenait entre ses longues mains blanches un livre, volume dont elle souhaitait poursuivre la lecture en un si paisible endroit. Elle aimait cette douce fraicheur qui caractérisait les matin, l'air froid qui picorait sa peau et alertait ses sens. L'endroit était désert, chose qui l'enchantait. Certes Versailles semblait être le lieu le plus animé du monde, et pourtant, parfois elle souhaitait retrouver ce calme qu'elle avait toujours connu au sein des domaines de son enfance.

    Cependant, sa solitude n'était que factice, car rapidement, elle entendit un léger bruit de pas derrière elle. Elle se retourna, son regard bleu se posant sur un jeune homme qui ne lui était pas inconnu. Un jeune noble qui semblait s'être pris de passion pour ses écrits. Ainsi, malgré certaines divergences de points de vue, ils semblaient avoir noué une forme d'amitié à travers la littérature, domaines dont ils étaient tous deux de fervents passionnés. Le voir devant elle la réjouissait et sur son doux visage figura un sourire. Doucement, elle s'avança vers le Prince de Neuchâtel et s'inclina avec grâ
    ce.

    « Monsieur de Longueville, votre présence me ravit. »

    Il était de ceux qu'elle tenait en haute estime, malgré leurs désaccords parfois fréquents sur l'existence qu'il menait. Elle était cependant heureuse de le trouver et d'avoir le plaisir de sa compagnie, et peut-être même d'une conversation.
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Paris de Longueville


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« s i . v e r s a i l l e s »
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MessageSujet: Re: A l'ombre des orangers [Paris]   A l'ombre des orangers [Paris] Icon_minitime20.02.10 17:06

L’esprit d’indépendance de Paris le poussait à agir par choix, et non pas obligation. Rien ne pouvait le pousser à accomplir ce qu’il n’avait décidé lui-même. Il était par ailleurs inconcevable pour lui de se plier à quelques courtisans de petite noblesse, qui tentaient de le frapper dans le dos à coup de rumeurs et de phrases détournées. Son orgueil refusait simplement de se soumettre à toute forme d’autorité, si celle-ci n’était point inscrite naturellement à son esprit. Et peu de personnes dans son entourage pouvaient bénéficier de cette faveur de respect gratuit.

Paris avait donc choisi sa voie : celle du profit de sa jeunesse, avant que les âges n’eussent marqué son esprit et ses traits. Si certains lui reprochaient sa frivolité, voire sa vie décadente aux yeux de ces dévots accrochés à leurs bénitiers, d’autres savaient qu’il se cachait, sous cette figure d’insouciante, un esprit rude, fin, observateur, et infiniment calculateur. Afin de trouver lui-même des raisons valables à ses agissements, il se devait en effet de mettre un titre à ses actions, à trouver chaque bout de ce fil invisible, afin de ne pas se perdre dans ses projets parfois ambitieux.

Petit à petit, il construisait ainsi quelques intrigues, qui devaient par la suite attendre qu’une seconde main ne les utilise, afin de faire éclater un possible scandale. Voir son œuvre ainsi s’achever était un plaisir que Paris dissimulait peu, même si les convenances l’empêchaient parfois de s’en approprier l’entière paternité.

Il avait ce matin à l’esprit un fil. Un petit fil seul, perdu, qui n’attendait que la main de Paris pour qu’il puisse dévider la pelote, et ainsi mettre en place ce qu’il appelait « une affaire ». Ce fil était simple, innocent, et pour une rare fois, il ne demandait aucun retour. Un fil entièrement gratuit, que seul le plaisir avait poussé Paris à le tirer doucement de son esprit.
Ce petit fil portait un joli nom, que Paris affectionnait particulièrement. Louise de Canilhac. Sa simplicité dénotait avec ces jeunes femmes qui se pressaient habituellement pour obtenir ses faveurs personnelles, mais son esprit avait séduit Paris, qui ressentait pour elle, fait rare, une seule amitié sincère.

Malgré son jeune âge, il connaissait les femmes aussi bien que certains hommes mûrs, et dès cette première rencontre hasardeuse avec la jeune baronne, il avait senti que rien ne pouvait faire flancher cet esprit indépendant. Sa franchise, son franc-parler avait séduit l’esprit de Paris, pourtant peu amène aux réflexions.

Louise de Canilhac savait lui dire sans détour que sa conduite lui déplaisait, même si on orgueil devait en être piqué.
Il l’écoutait sans pour autant suivre à la lettre ses conseils, malgré les réactions teintées de jalousie de la plus intéressée de toutes les femmes qu’il avait à son bras.


-Paris, c’est une baronne ! Vous êtes prince !

-Et vous êtes comtesse, Angélique. Si l’intellect se mesurait au titre, alors la guerre n’aurait lieu d’être, et la France sombrerait dans un délabrement culturel sans retour !

-Ne jouez pas ce jeu avec moi, Paris ! Que lui trouvez-vous, à cette baronne ?

-Tout ce que je ne trouve pas en vous, Angélique…de la gentillesse, de la sensibilité, un certain naturel, de la simplicité….

Angélique fronçait alors le nez à ces réponses railleuses, mais savait qu’il n’y avait en Louise aucun danger pouvant menacer directement la place qu’elle avait dans le cœur de Paris. Celui-ci avait su rapidement la rassurer, par crainte d’essuyer quelques lances acides de la part de la jeune femme.

Tout en se dirigeant distraitement vers l’orangerie, Paris tissait une toile encore frêle avec ce fil qu’il tenait entre ses doigts.
Louise de Canilhac était encore réservée à la cour, et il était aisé de deviner qu’elle ne s’y sentait peut-être pas à sa place. Quoi de mieux qu’un appui, un soutien autre que le sien pour la mener dans ce labyrinthe inextricable ? Quoi de mieux qu’un bras, masculin de surcroît, pour aider la jeune femme à trouver son chemin ?

Les yeux brillant par cette idée qui prenait forme à son esprit, Paris s’était approché de l’Orangerie, où une silhouette connue semblait bien trop isolée à son goût. Il descendit lestement les marches, et un instant plus tard, rejoignit silencieusement la jeune baronne de Canilhac qui s'était retournée au bruit des pas sur les graviers.


-C'est un plaisir partagé, mademoiselle! Mais vous me paraissez une nouvelle fois bien seule et bien songeuse! Paris s'était respectueusement incliné sur la main de la jeune femme qu'il avait prit entre ses doigts. Laissez donc un instant cet ouvrage.

Il avait alors levé sur elle ce regard pétillant qu'il avait, lorsqu'une heureuse nouvelle venait de lui être apportée. Bien qu'indépendant, se refusant à toute autorité, Paris aimait à connaître l'opinion de son entourage, même s'il montrait toutefois peu d'intérêt en apparence. Savoir que ses mots, ses prouesses étaient reconnues ne pouvait que le conforter dans sa fierté, et le pousser à continuer.
Il avait apprécié Louise de Canilhac pour sa franchise, et ses écrits. Il ne savait pas encore si la jeune femme accepterait cette main tendue, mais sa volonté de voir qu'une oeuvre pu être connue d'un plus grand public qu'un cercle familial avait empêché Paris de garder pour lui ce que Louise de Canilhac lui avait confié.


-J'ose espérer que vous serez heureuse d'apprendre que certains...ou devrais-je dire certaines de mes amies ont beaucoup apprécié ces écrits que vous m'avez transmis il y a quelques jours.
Elles m'auraient obligé à vous en soutirer de nouveaux si je n'avais su leur échapper!


Un éclair de malice ponctua la légère moue amusée que fit Paris. Peu de personnes à la cour avait su faire rejaillir cette facette naturelle et sans artifice du jeune homme. Rien en la jeune femme l'avait poussé à conserver ce masque de courtisan, et à l'instar d'Angélique, Louise de Canilhac l'empêchait de rentrer dans un jeu d'intrigue.

En l'observant, cependant, il ne lâchait pas ce petit fil qu'il avait saisi précédemment. Il devait tirer doucement dessus lorsque le moment se présenterait, mais pour l'heure, il souhaitait avant tout cerner cette personnalité bien particulière qui avait prit pied à la cour. Il voulait néanmoins la pousser à se livrer un peu plus, afin de ne pas tirer maladroitement ce fil. Il poursuivit donc d'un ton des plus naturel, accentuant cependant sa phrase pour ne pas tromper la jeune femme sur ses réelles intentions.


-Monsieur de l'Aubier les a particulièrement apprécié, et...si ma mémoire ne me trahi pas, m'a réclamé de lui offrir ce que vous m'aviez confié! Il s'intéresse également beaucoup aux sujets que vous y abordez....

Il laissa ainsi sa phrase en suspend, adoptant cette expression innocente qui ne trompait que peu de personnes, naïves et ne connaissant que très peu le jeune homme.
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MessageSujet: Re: A l'ombre des orangers [Paris]   A l'ombre des orangers [Paris] Icon_minitime25.04.10 22:07

Rien n'enchantait davantage la jeune baronne que ces douces matinées où la fraiche brise portait à ses narines les odeurs de l'orangerie, somptueux parfums dont elle avait le loisir de profiter. Elle ne comprenait guère comment certains pouvaient demeurés cloitrés chez eux par un soleil comme celui-là. Cela lui semblait tout bonnement inimaginable. Ce château pouvait être le plus divin jamais conçu au monde, il ne faisait à ses yeux que bien pâle figure en comparaison de ce qu'avait à offrir cette nature. En cet instant, elle regrettait d'autant plus être loin de Canilhac, de sa demeure, de ses forêts environnantes, qui, loin d'être d'un raffinement comparable aux jardins de Versailles, demeurait d'autant plus sublime indomptée. Elle se remémorait ces après-midi entiers qu'elle avait passé à effectuer une promenade au milieu des arbres, se baigner dans les lacs environnants, courir en compagnie de sa chienne favorite, choses qui lui eut valus de nombreuses réprimandes si elles étaient parvenues aux oreilles de sa chère marâtre.

La solitude dont elle bénéficiait à présent lui était précieuse et elle n'aurait accepté de la voir interrompre par quiconque, si ce n'est par un individu dont la présence lui était agréable. Le jeune Prince de Longueville était bien l'un d'entre eux. Maintes fois elle avait pu entendre ce que l'on disait de lui. À la Cour, il passait pour être un jeune jouvenceau, dont les majeures préoccupations semblaient être la distraction et les heureuses compagnies que Versailles pouvait offrir. Louise avait cependant été plus qu'intrigué par ce personnage que tous les bien-pensants dépeignaient comme dépourvu de la plus élémentaire forme de morale. Elle n'était cependant point de ces écervelées qui, bien que refusant d'accorder la moindre importance à ces ragots, ne voyaient qu'en lui les aimables manières, ainsi que l'agréable physionomie dont la Nature l'avait doté, et auxquelles sa fortune, autant que son rang, ne pouvaient nuire. Elle ne pouvait nié l'avoir remarqué, et pourtant, ce n'était pas chez lui ce qui avait retenu son attention. En effet, en l'observant avec grande attention, elle avait pu fort justement percevoir que ces qualités ne se limitaient pas aux attraits dont il était pourvu, mais également à une intelligence vive et bien trop rare aux yeux de la jeune femme.

Louise n'était point sans ignorer ce que l'on pouvait penser à son propos. Ayant grandi au sein d'un domaine reculé et élevée une majeure partie de son existence par un homme seul, elle se savait peu portée sur les convenances. Elle aurait sans doute pu corriger cet aspect de son caractère, s'il n'avait été encouragé par une nature prompte à la liberté et à une certaine insolence. Et pourtant, malgré cela, elle s'avérait être d'un jugement fort sage et doté d'un esprit fin et avisé qui ne l'aurait rendue détestable auprès de certains courtisans si elle avait su tenir sa langue. Ses opinions, les idées qu'elle avançait semblaient parfois si contraires à l'esprit qui régnait au sein de la noblesse, qu'elles en devenaient choquantes. Et pourtant la jeune baronne ne s'en formalisait point, persévérant dans la voie qui lui semblait être la meilleure, et la plus juste. C'était son amour de la littérature qui l'avait poussée à mettre des mots sur ses pensées. Cet amour même avait rapproché les deux jeunes gens qui le partageaient. Elle avait été agréablement surprise en constatant que le Prince ne dénigrait point ses écrits, l'encourageant même à poursuivre dans cette voie, alors qu'elle pensait tout espoir perdu. Il était vrai qu'une jeune femme telle qu'elle, d'humble noblesse et peu fortunée, ne serait-ce que par son sexe, n'avait que fort peu de chances d'être reconnue au travers d'œuvres littéraires.

Pour elle, il ne représentait pas que cela. Il était également devenu un ami, qui avait su percevoir son égarement au sein d'une société qu'elle ne connaissait nullement. Elle n'était que rarement présente à la Cour, ne se faisant remarquer que lorsqu'elle ouvrait la bouche, ce qui était en vérité loin d'être rare. Pourtant, dès lors que la conversation n'attirait que peu d'intérêt à ses yeux, elle semblait s'enfermer dans un mutisme qui lassait parfois.

Le voir apparaître lui procurait un immense plaisir, trahie par un sourire amusé, ainsi qu'une pointe de malice dans le regard. Elle appréciait infiniment leurs échanges, malgré certains désaccords qui parfois assombrissaient leurs conversations, la franchise de Louise se heurtant à l'orgueil de Paris. Elle avait rapidement su percevoir qu'il n'appréciait guère se laisser dicter sa conduite, et pourtant, n'éprouvait aucun scrupule à affirmer que l'un de ses aspects lui déplaisait fortement lorsque cela se produisait. Malgré cela, elle ne désirait aucunement perdre une si précieuse amitié qui lui avait octroyé tant de réconfort depuis son entrée à la Cour.

La lecture lui était précieuse, mais une conversation avec le jeune Prince l'était bien davantage. Elle fut donc plus qu'encline à obéir et referma le volume avec douceur. Elle ne fut sans remarquer qui semblait avoir un air différent. Elle eut la très nette impression qu'il brûlait de l'entretenir d'un chose importante. Elle l'observa avec la plus grande curiosité, attendant l'instant où il se déciderait à le lui dévoiler. Quand enfin il le fit, elle ne put dissimuler sa surprise. En acceptant de lui faire lire son œuvre, jamais elle n'eut un instant imaginé que celle-ci profiterait également à d'autres. Et pourtant, nulle trace de colère ne figurait sur son visage. Elle s'était contentée d'appréhender ce qu'il aurait à lui dire.

Lorsqu'enfin il le fit, son étonnement n'en fut que redoublé. Son naturel, simple et indépendant, ne l'avait guère accommodé aux flatteries, et elle n'aurait pu se défendre d'en être troublée. Elle se reprit cependant bien vite, apte désormais à savourer comme il convenait l'honneur qui lui était fait, et enfin, une expression de joie se dessina sur son visage.


« Je vous avoue que je n'imaginais guère votre intention de faire partager mes écrits, et pourtant, vos intentions semblent si louables que je ne pourrais vous en tenir rigueur, cela même si je le désirais. »

Elle avait malgré tout peine à imaginer ces dames se répandre en compliments devant son travail, tant elle s'était entendue dire que ses efforts en la matière demeureraient vains. Il semblait avoir guetté la manière dont elle réagirait, arborant ce regard malicieux qui le caractérisait et qui l'amusait tant.
Ce qu'elle entendit par la suite lui aurait paru jusqu'à présent totalement inconcevable. Ce que tout cela pouvait signifier pour elle, elle ignorait s'il pouvait en être conscient. Être reconnue pour ses écrits avait constitué à ses yeux un rêve, qu'à présent elle avait le sentiment de toucher du doigt.


« Je n'imaginais pas que des sujets, tels que ceux évoqués puissent intéresser un tel homme. Vous m'en voyez comblée. »

Elle jugea alors bon d'exprimer la reconnaissance qu'elle éprouvait envers lui, seul qui entre tous avait accepté de s'intéresser à son travail, quand tant d'autres la condamnaient à l'ombre. Il faisait de plus preuve d'une grande clairvoyance, refusant de s'attacher à son humble rang, ainsi qu'à des considérations de fortune.

« Il me semble que les mots seraient insuffisants afin d'exprimer ma gratitude envers vous. Je vous dois beaucoup. Cependant, il ne me semble pas avoir eu le plaisir d'entendre votre opinion. »

Un fin sourire amusé se dessina sur les lèvres de la jeune femme, qui semblait attendre avec une impatience mêlée de curiosité. Elle connaissait l'intelligence dont était pourvu son caractère et songea que son avis, quel qu'il puisse être, lui serait fort profitable.
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MessageSujet: Re: A l'ombre des orangers [Paris]   A l'ombre des orangers [Paris] Icon_minitime25.07.10 18:33

Douce et innocente demoiselle de Canilhac ! Elle était d’une fraîcheur bien rare à la cour, et, maudissant un bref instant tout ces courtisans hypocrites dont lui-même faisait partie, se prit à ce jeu de la franchise.

On soulignait bien justement le caractère impétueux et bouillonnant du jeune homme, mais ceux qui se targuaient de le connaître dans l’intimité réfutaient aisément cette thèse : il n’y avait pas plus enjoué que le prince de Neuchâtel, et plus encore s’il quelques idées fourmillaient dans son esprit déjà bien encombré.
Paris se délectait parfois de simples choses, et la surprise peinte sur le visage de la jeune baronne ne pu que le faire gonfler de plaisir. Son orgueil se flattait de ces réussites, et ne point voir son amie fâchée de sa petite indiscrétion le rasséréna néanmoins.
Il savait que certaines libertés étaient bonnes à prendre, si utilisées avec parcimonie.

Il sourit à la jeune femme, et s’inclina poliment, le regard faussement contrit.


-Mais si mademoiselle désirait me tancer pour cette liberté prise, alors je serais sa victime, si cela doit être !

Il se redressa, le regard amusé, mais sur son visage se peignait une franchise ne pouvant mettre en doute les excuses sous-entendues.
Rejetant les pans de sa veste, il croisa les mains derrière son dos, et promena un œil distrait sur les arbustes abrités du froid hivernal, avant de reposer un regard intéressé sur la jeune femme.


-Il est des hommes comme de ces orangers, mademoiselle. Sur un temps donné, ils sortent, exposent leurs fruits dont chacun se délecte et use avec délice. Puis vient ce temps hivernal, où les fruits disparaisse, mais n’annulant en aucun cas toute la vie qui continue, et s’apprête à offrir de nouveaux fruits.
Ainsi est l’Homme. Il peut s’exposer sur une période, montrer de lui un fruit extérieur, et produire l’effet escompté sur son entourage. En d’autres temps, il s’assied et réfléchit, avant de montrer à nouveau l’étendu de son savoir. Les hommes ne montrent donc pas tout ce que recèle leur esprit, et attendent le moment propice pour se dévoiler.
Monsieur de l’Aubier est ainsi. Vous ne pouviez imaginer le toucher de vos mots, mais c’est un homme confi de mystère, dont le savoir est à se pâmer d’envie.


Il avait usé de ce ton qu’il affectionnait en salons, et dont il maniait le timbre à la perfection, sachant toucher là ces interlocutrices. Il savait combien cette facette attirait les jeunes femmes, et combien ces jeunes écervelées s’imaginant les futures Ninon de Lenclos pouvaient boire ses paroles. Il pouvait clamer la sainteté d’un Mazarin qu’elles l’auraient approuvé sans sourciller !

Mais Louise de Canilhac n’était pas de ces femmes sans esprit critique, et ses paroles le touchaient plus qu’il ne l’aurait souhaité. Habitué aux flatteries mondaines, il connaissait peu la franchise réelle, et sentait cette honnêteté naturelle dans les mots de la jeune femme.
Il n’eut pas été si maître de lui que ses joues auraient pu s’empourprer à ce plaisir qu’il avait fait, et Paris se contenta d’incliner à nouveau la tête, un sourire poli aux lèvres.


-Votre sourire est bien suffisant, soyez-en assurée, et m’ôte ce poids de la culpabilité !
Mais puisque vous souhaitez mon opinion, je vous répondrais aussi sincèrement que vous l’attendez. Si vos écrits eussent été médiocres, j’aurais profité de votre naïveté afin de me les approprier, de les réécrire, et de les présenter sous mon propre nom.
Cela aurait ainsi servi mes ambitions, qui sont actuellement de garder auprès de moi l’adorable sourire de mademoiselle de Coulanges.


Un sourire amusé étira les lèvres du jeune homme, guettant la réaction de la jeune femme. Il savait qu’elle n’appréciait les manières dont il faisait preuve, et dans sa grande franchise, elle se permettait parfois de le lui rappeler, sans qu’il n’en prenne ombrage.
Il poursuivit néanmoins, sans quitter ce sourire mutin.


-Mais hélas pour mes ambitions, ceux-ci son délicieux et profitables à l’avenir. Leur écriture est trop éloignée de la mienne pour que je les contrefasse, ou les montrent sous mon nom. Je ne peux ainsi qu’être franc en les présentant à l’entourage restreint choisi pour cette lecture.

Enfin, me direz-vous car vous me connaissez, je pourrais ne point dire qu’il s’agisse de vos écrits. Mais c’eut été bien mesquin de ma part, et je n’en tirerais aucun bénéfice.
Celui que je gagne en conservant ce secret pour moi est ce bénéfice du plaisir que j’ai en vous voyant aujourd’hui.

Soyez-en donc rassurée, je reste, tel que monsieur Perrault l’écrit : votre chevalier servant, et si d’aventure vous refusiez un public, je ne peux que m’incliner !


Il mima un geste obséquieux afin de clore sa courte palabre, et le regard pétillant, poursuivit l’idée qui ne l’avait quitté, reprenant un ton moins enjoué.

-Pourquoi ne songez-vous donc pas à faire éditer vos œuvres, mademoiselle ? Je suis certain qu’ils trouveraient un public autre que mon modeste public féminin. Tout talent doit se développer, et pour cela, doit exister d’une manière ou d’une autre.

Il songea brièvement qu’à propos de talent à développer, la jeune fille du maréchal de Castelnau devait être prochainement un témoin propice, avant de poser à nouveau le regard sur la jeune baronne.

-Cependant, il vous faut savoir que tout cela à un prix, à commencer par celui de la reconnaissance, si vos écrits venaient à circuler dans les lieux les plus courtisés de Paris.

Le regard plus sérieux, il se demanda un court instant si les épaules frêles qu’il voyait là pourraient supporter une critique parisienne. Les œuvres de la jeune femme sortaient des sentiers battus actuels, et il savait combien il pouvait être houleux de s’y aventurer. Il poursuivit, un léger sourire relevant le coin de sa bouche.

-Etes-vous prête à essayer la terrible critique de Paris ? A voir autours de vous les regards de prétendants…à moins que vos secrets n’en cachent un que je ne puis connaître.
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