|
| Auteur | Message |
---|
Invité
Invité
| Sujet: Louise de Canilhac 27.01.10 19:51 | |
| Louise DE CANILHAC _______ ft. Lucy Griffiths
► Vingt-trois printemps ► Fille du Baron de Canilhac ► Française ► Célibataire
« Que diable, vous êtes à Versailles ! »
► Un paradis ou un enfer versaillais ? Versailles, lieu désiré de tous, et pourtant si semblable aux cages où l'on enferme les jeunes animaux, tentant de détourner leur attention par de vaines distractions, ce êtres qui pourtant, ne sont voués qu'à la liberté. Liberté qui leur est refusée, au nom de convenance auxquelles ils doivent obéir, dépendant de cette lumière renvoyée par le Soleil. Mais où sont les arbres, sauvages et vigoureux, où est donc l'eau, déchainant sa fureur dans les torrents? Était-ce donc pour cela, qu'elle avait tout quitté? Et pourtant, elle ne pouvait nier les charmes se dégageant de cette Cour. Cette multitude de visages, de personnages, tels ceux de ses romans, et qu'elle avait enfin le loisir de rencontrer. Ces magnificences qui illuminaient les regards des plus rustres individus. Ces conversations, où elle avait tout le loisir d'exposer ses opinions, si inconvenantes puissent-elles être. Ces fêtes incessantes qui la ravissaient, elle qui aimait tant la danse. Et, avant toute chose, un lieu où elle avait le loisir d'espérer la reconnaissance de ses écrits.
► Vérité ou fantasme du complot ? Des paroles murmurées. D'étranges agissements. Des indices s'accumulant dans l'esprit de l'observatrice et sensible Louise. Une curiosité tout d'abord piquée, puis des soupçons, de plus en plus présent. Un complot contre le Roi? Effrayante, improbable idée. Et pourtant, une jeune femme capable de suivre une intuition fort dangereuse... Esprit avide de savoir. Trop avide, sans doute. Trop intelligente. Au point, peut-être d'en payer le prix fort, imprudente demoiselle éprise de justice et respectueuse de son Roi, bien qu'en désaccord avec certains aspects de sa politique. N'obéissant qu'à d'incertaines suppositions, elle serait pourtant prête à beaucoup afin de savoir ce que cachent ces divers indices. Elle saura, et ce jour là, elle pourrait bien être perdue...
► Plutôt colombe ou vipère ? Qui est-elle donc, cette humble fille de baron, issue de la petite noblesse? Étrange petite personne si différente de ceux peuplant la Cour. Des yeux d'un bleu plus profond encore que celui des saphirs. Un bleu d'eau, de mer déchainée. Un bleu pétillant, et pourtant brut. D'une droiture à toute épreuve, elle s'est avérée pourtant d'une inconcevable franchise pour la Cour de Versailles. Abhorrant ragots et toute autre forme de médisance elle se serait avérée incorruptible. Elle serait donc une colombe, cette virginale apparition, dont les robes pourtant simples et l'apparence quelque peu négligée ne feraient qu'accentuer la grâce de ses traits et de ses courbes, et pourtant sans naïveté aucune. Jeune colombe pourtant si sauvage, n'aspirant qu'à une envolée soudaine l'éloignant de ces jeunes et fiers vautours masqués en sublimes mais bien trompeurs paons. Une colombe dont la langue ne craint point les affres de la vérité. Et qui pourtant possède un cœur, et une douceur que nul autre oiseau ne pourrait lui envier. Pure, blanche colombe aspirant à la liberté, et refusant de se lier par la chair à un quelconque jeune jouvenceau empli d'ardeurs qu'elle ne craint d'éconduire. Fuyant les parades stériles, et pourtant, dotée d'un esprit sans pareil, elle cultive le mots avec ferveur. Nulle extravagance, nul bijou, ni dentelle affriolante, la colombe, diamant brut, ne craint de dévoiler la nature de son être.
« Plus bas la révérence, plus bas. »
► Jane ► 20 ans ► Le plus possible, mais avec les études, ce ne sera pas toujours évident. ► Code bon by Lisa ► Aucune pour le moment^^
Dernière édition par Louise de Canilhac le 01.02.10 21:55, édité 13 fois |
| | | Invité
Invité
| Sujet: Re: Louise de Canilhac 27.01.10 19:51 | |
| « Il était une fois ... » Automne 1650
Dans la chambre, les rideaux, fermés, ne laissaient passer qu'un léger rayon de soleil. L'endroit était d'une chaleur étouffante, et pourtant, il était interdit à quiconque d'ouvrir les fenêtres. Sur son lit, la mourante reposait, pâle et maigre telle une jeune fille à l'aube de son épanouissement. Ses traits, tendus par la fièvre, étaient déformés par ce mal qui peu à peu la consumait. Le silence pesant était entrecoupé par le son de sa respiration, haletante. Les yeux fermés, son semblant de sommeil paraissait troublé par de mystérieux tourments. La vie peu à peu la quittait, et son dernier souffle approchait. Agenouillée aux côtés du lit, l'enfant la veillait, inlassablement, passant parfois une serviette imbibée d'eau fraiche sur son front brûlant. La gaieté qui l'habitait l'avait quittée, laissant place à une gravité encore inconnue sur son doux visage. La marque du souci et de la peine s'était incrustée entre ses yeux bleus. Elle se pencha vers elle, et chuchota, tout près de son oreille. « Luttez petite maman. Vous devez guérir. » Elle savait que son père ne désirait pas qu'elle reste trop longtemps ici. Mais, une fois encore, elle lui avait désobéi. Son oreille perçut alors le son de la porte qui s'ouvrait, ainsi que des pas. Elle tourna la tête. L'une de leurs servantes attendait, et s'inclina légèrement devant elle. L'enfant se leva. « Mademoiselle, votre père vous demande en bas. » La fillette conserva un silence fort inhabituel chez une jeune personne à la langue d'ordinaire si bien pendue. Elle acquiesça d'un signe de tête, puis se leva, afin de la suivre. Mais, à l'instant où elle passait la porte, un faible murmure retint ses pas. « Louise... » Répondant, à cet appel, elle se dirigea d'un brusque mouvement vers le lit de sa mère, et prit dans ses petites mains blanches, celles, brûlantes et sèches, de la mourante. Ses yeux semblaient emplis de larmes d'émotion. « Je suis là mère, mère de vous. » Les paupières, lourdes, se soulevèrent tant bien que mal pour dévoiler deux prunelles du même bleu que celles de l'enfant. Le regard, d'abord vague, sembla réussir à se poser sur le visage qui la contemplait. « Louise, ma petite Louise. Il m'a semblé dans ma pénible torpeur entendre ta voix. » Elle fut contrainte au silence par une terrible quinte de toux qui la prit soudainement. La fillette prit dans ses mains le verre d'eau qui se trouvait posé sur la petite table. Elle s'assit près de sa mère et la fit boire avec précaution. Puis, soutenant sa tête, elle l'aida à s'allonger de nouveau sur le matelas. « Il ne me reste que peu de temps. » « Mère, je vous en prie, ne dites rien de tel. » « C'est la vérité. Toute chose doit mourir, et mon heure bientôt sonnera. Je regrette simplement ne pas vivre suffisamment longtemps pour voir la femme que tu deviendras. » L'enfant sentit des larmes poindre aux coins de ses yeux, puis s'échapper de ses cils, finissant leurs courses sur ses joues.« Sèche tes larmes. Je ne désire point que mon souvenir emplisse ton cœur de chagrin, mais au contraire te donne force et confiance. J'aime tant ta gaieté. Ne lui permet jamais de disparaître. Espiègle et intrépide petite Louise. » Elle ne pouvait prononcer le moindre mot, mais simplement hocher la tête. Elle désirait lui promettre d'effectuer la moindre de ses volontés, pourvu que sa chère mère puisse partir en paix. « Tu seras une bonne enfant, n'est-ce pas? Respecte et aime ton père, tel que tu l'as toujours fait. Tu lui seras nécessaire, dans sa peine. » « Je vous le promets ma chère mère. Je vous aime tant, ne partez pas, je vous en prie. » « C'est là la volonté de Dieu de me rappeler à lui. Nous ne pouvons que nous y soumettre. Mais j'ai confiance. Tu es si forte. Tu sauras toujours ce qu'il convient de faire. Prends soin de mes livres. Ils sont tous à toi. Je sais à quel point ils te sont chers... » Sa voix se faisait faible, ses propos, confus. « A présent, j'ai besoin de calme. Va rejoindre ton père... N'oublie pas tes prières ce soir... » La fillette le lui promit, et, après avoir déposé un baiser sur le front de la mourante, quitta la pièce, suivit de la jeune servante qui s'était tenue derrière la porte.
Le jour était levé depuis quelques heures sur le domaine, mais le soleil, comme partageant la peine, demeurait dissimuler derrière un nuage. Le cortège était rassemblé autour du cercueil fait de bronze et d'acajou, qui à présent se trouvait au sein du ventre de la terre. Bientôt, il serait recouvert, et la lumière pour lui disparaitrait à jamais. Seule demeurerait, la pierre de marbre blanc, froide et immortelle, signe du passage d'un être tant chéri. L'odeur de l'herbe touchée par la rosée du matin se porta jusqu'à ses délicates narines. Mais cette senteur ne pu ce jour là lui prodiguer le moindre réconfort. Elle ne parvenait à se montrer attentive aux mots de l'homme du Saint Homme. Il était de son devoir de se tenir debout, digne. Cependant, son cœur ne désirait que l'éloignement de ces funestes lieux, de ces silhouettes sombrement vêtues, semblables à des agents de l'Enfer. Le bois l'appelait, ainsi que la solitude qu'il lui offrirait en son sein. Mais une bras enserrait sa poitrine, la tenant captive du baron, qui l'étreignait comme par crainte qu'elle ne disparaisse à son tour. Elle ne pouvait que poser ses yeux sur cette terre qui engloutissait les défunts, les arrachant à d'aimants baisers. Mais elle avait quitté cette enveloppe charnelle afin de s'élever vers les cieux. Une simple phrase que son oreille avait perçue parmi les paroles de l'homme d'Église. Bientôt, l'assemblée se remit en marche pour rejoindre le domaine. Elle profita de se bref moment, où le baron ne posait ses yeux sur elle, et s'écarta. Puis, se détournant de la direction prise, elle accéléra le pas, afin d'atteindre le bois à la course. Elle n'entendit point l'appel de son père. Elle désirait que la défunte puisse la voir, de la haut. Elle désirait tenter de trouver quelque réconfort dans les méandres de la solitude. Elle s'en retournerait en sa demeure lorsque le jour déclinerait, prête à quelque réprimande, qui pourtant jamais ne viendrait. Le baron se contenterait d'étreindre contre son cœur son enfant, seule soutien dans les abîmes de son chagrin. Printemps 1652 La maison du Baron était en effervescence. Tous s'attelaient aux préparatifs. Rarement il avait été possible de constater tant de mouvement au sein du domaines, habituellement si calme. En tous lieux régnait un parfum d'impatience et d'excitation. Elle ne faisait guère exception. Incapable de demeurer immobile, elle devenait le cauchemar de la servante qui tentait malgré tout de l'habiller. Une fois de plus, elle se leva, s'avançant vers la fenêtre afin de pouvoir observer une éventuelle arrivée. « Restez un peu tranquille mademoiselle, si vous désirez que je vous apprête pour l'arrivée de la baronne. » Imperturbable, elle revint vers la domestique, un sourire, illuminant son visage. « Je te demande pardon. Je serai sage. Mais, oh, crois-tu qu'elle m'aimera? » La jeune femme sembla amusée par le comportement si agité de la jeune enfant. Elle entreprit de la faire assoir afin d'agrafer sa robe. « Elle vous aimera si vous dissimulez le petit démon qui se trouve en vous. » Malgré sa promesse de rester immobile, Louise éprouvait quelque difficulté à se contenir. Ce caractère entier et bien peu commun animait la maisonnée, que la fillette illuminait de par sa simple présence. Après de longs mois de deuil, elle était de nouveau l'enfant gaie et intrépide qu'ils avaient toujours connu. Elle semblait cependant changée, en certaines choses. Parfois plus grave, recherchant davantage la solitude et le calme, lisant et relisant l'ensemble des volumes que contenait la grande bibliothèque de la maison. Le mouvement de sabots sur le sol de la cour se fit entendre. Le son d'une soudaine et inhabituelle agitation. La jeune Louise se précipita soudainement à la fenêtre, sans réellement prêter attention aux protestations de la servante qui était alors occupée à la coiffer. « Ce sont eux, ils sont là. Oh Jeanne, n'est-ce pas merveilleux? Allons, pressons! Il me tarde tant de la connaître. » Elle saisit la main de la jeune femme dans la sienne, et l'entraina en direction des escaliers à la course. Louise ralentit son pas en passant la porte, s'avançant vers la voiture. Le baron fut le premier à en descendre, afin de tendre son bras à Catherine, son épouse. Puis, il s'avança vers son enfant, dont il baisa tendrement le front. Puis, il la conduisit vers la nouvelle venue. « Louise, je vous présente la baronne Catherine de Canilhac, ma tendre épouse. » Toutes deux s'inclinèrent, en signe de salut. « Il me tardait de faire votre rencontre mademoiselle. Votre père ne cesse de parler de vous. » Tout en elle n'était que distinction et raffinement. La grâce de sa démarche n'égalait que l'élégance de son port de tête. Sa beauté était sans égal. Son teint, frais et rosé, était en parfait accord avec ses grands yeux pales. De longues et soyeuses boucles blondes mettaient en valeur une bouche rouge qui complétait ce tableau. Il semblait inconcevable de demeurer indifférent devant une si délicieuse créature. Elle était également veuve, sont époux ayant succombé à la fièvre un mois après leurs noces. De haute extraction, tout en elle respirait la noblesse et les convenances.
Été 1662 « Louise! » Enfin, elle entendit cet appel qui lui était adressé. S'extirpant avec regret de l'attraction que provoquait le roman, elle leva les yeux, reconnaissant cette voix, unanimement jugée si plaisante, et pourtant si désagréable à son oreille. Elle descendit de son perchoir et se posa au pied de l'arbre, aussi agile qu'un jeune félin. L'appel se fit entendre de nouveau. La jeune fille courut afin de traverser le parc, allongeant le pas. Dédaignant la porte principale, elle traversa l'entrée de service, qui menait aux cuisines. Les quelques servantes, ainsi que la cuisinières qui s'y trouvaient, la regardèrent avec surprise. L'une d'elles semblaient observer avec désapprobation ses cheveux décoiffés et sa robe froissée. « Mademoiselle, ce n'est guère un endroit pour vous. Que venez-vous faire en cuisine? » Louise, malgré les années passées, étaient restés à leurs yeux l'enfant qu'elle avait autrefois été. À présent, elle avait reçu la grâce conférée à l'âge. Son sourire semblait radieux et ses yeux brillaient, conférant à son doux visage une aura singulière, ce malgré son apparence négligée. « J'échappe à la sorcière de Canilhac avant qu'elle ne me prenne. » Si la domestique était amusée par ses paroles, elle ne le montra aucunement. « Mordez-vous la langue! On finira par vous la couper si vous ne cessez de dire toutes les sottises que vous avez en tête. » Un rire s'échappa de la bouche de la délicieuse enfant et elle s'approcha de la servante, un air solennel peint sur le visage. « Je n'éprouve nul crainte à dire la vérité. » « Vous devriez pourtant savoir que bien des vérités devraient être tues. Et gare à vous si la baronne vous entend. » La jeune fille s'approchait d'elle, un sourire empli de tendresse. « Oh ma douce Cécile, ne t'inquiète donc pas. Tu es si bonne, c'est avec plaisir que je t'embrasserais. » Des pas se firent entendre. Elle sut qu'elle ne pourrait rester dissimulée plus longtemps. Elle s'avança, marchant jusqu'au salon où se trouvait la baronne. Elle s'inclina. « Vous m'avez demandée madame? » Sa beauté était demeurée criante, mais Louise avait appris à déceler derrière ces yeux pales la dureté d'une femme, éternelle insatisfaite. « Vous voilà enfin mademoiselle. Avez-vous donc omis votre leçon de couture? » La jeune fille se sentit scrutée de part en part. En quelques instants à peine, la baronne avait notifié ses cheveux désordonnés, ses joues rougies, sa respiration haletante. « Vous avez couru petite sotte. Mais quel âge avez-vous donc? Vous n'êtes plus une enfant, ni une quelconque paysanne. Il serait temps de vous comporter de la manière dont l'exige votre rang. À présent rejoignez votre sœur pour votre leçon. » « Bien Madame. » De nouveau elle s'inclina, puis quitta sa marâtre afin de rejoindre la chambre qu'elle partageait avec sa cadette. Elle avait autrefois tenté de protester contre l'ordre instauré par la baronne, mais avait cessé, ne désirant peiner son père par d'incessantes et stériles querelles. Elle ouvrit la porte, et captura l'attention d'une adorable frimousse, aux cheveux bruns, hérités de son père, et aux grands yeux pales, semblables à ceux de sa mère. « Ma chère sœur, vous ne devriez contrarier mère. Vous vous attirez des ennuis vainement. » Attendrie, elle s'assit à ses côtés. « Ne vous souciez point de cela petite Marie. Votre ouvrage avance-t-il? » L'enfant approuva d'un simple hochement de tête. Louise entreprit également de poursuivre le sien, mais non de gaieté de cœur. La couture n'était guère une activité plaisante à ses yeux. La lecture, ainsi que l'écriture l'étaient bien davantage. « J'ai lu vos écrits, mais certains passages sont demeurés quelque peu obscures à mes yeux. » Un sourire se dessina sur les lèvres de la jeune fille, attendrie par la bonne volonté de sa cadette. « Vous êtes encore bien jeune Marie. Le savoir semble plus accessible lorsque l'on prend de l'âge. » « Les avez-vous fait lire à d'autres? » Louise baissa les yeux sur sa couture. Il s'agissait là d'une chose ardemment désirée, et qui pourtant lui serait impossible à obtenir. « Père les a lu. Mais ma condition de femme me condamne à l'anonymat. Il semblerait que ce soit là notre fardeau. En grandissant, vous comprendrez, croyez-moi. »
Printemps 1665 Elle frappa trois coup, comme il en était d'usage, afin d'annoncer sa venue, puis pénétra dans la pièce. Elle s'avança vers le baron, qui d'un signe de tête, l'invita à s'assoir. Elle lui obéit. « Père qu'avez-vous? Vous semblez si soucieux... » Placé sur le grand fauteuil face à elle, doucement, il prit les mains de la jeune femme qu'il emprisonna dans les siennes. « Mon enfant. Ma chère, ma douce petite Louise, je me dois de vous entretenir d'une fort délicate affaire. Vous n'êtes pas sans savoir tout l'amour que j'éprouve à votre égard. » Ses yeux bleus étaient écarquillés, dévoilant les craintes qu'elle éprouvait. « Certes, je ne l'ignore point. De grâce, parlez, je vous en prie. » Il semblait hésitant, comme craignant la prévisible réaction de cette impulsive enfant. « Ma fille, vous voilà âgée de vingt-deux printemps. Je n'ignore pas que Canilhac n'est qu'une modeste baronnie, et je m'inquiète de la solitude dont vous semblez vous être entourée. Vous avez un grand esprit, et nul avec qui converser. Votre jeunesse ne sera qu'éphémère, et vous devriez rencontrer le monde, trouver époux et foyer. » Elle pressentit ce qui suivrait, et son regard se fit suppliant. « Mais père, mon existence telle que je la mène me plait. Jamais je n'ai souhaité, ni ne souhaiterait autre chose. » « J'en suis bien conscient, et l'idée même de votre départ déchire mon cœur. Mais je ne puis obéir à mon seul égoïste désir et permettre plus longtemps vous voir ainsi user votre bel âge dans les abîmes de la solitude. C'est pourquoi vous devez vous rendre à Versailles. Vous partirez dans huit jours. » Il était inutile de tenter de la raisonner. Il ne connaissait que trop bien le tempérament sauvage de cette enfant, qui ne pourrait sans doute endurer l'idée d'un quelconque enfermement dans ce qu'elle considérerait comme une cage dorée. D'un geste brusque, elle se leva, semblant prête à prononcer quelque parole, mais se ravisa, et sortit de la pièce sans prendre congé. Son univers s'était soudainement ébranlé sous ses pieds. Son unique désir était retrouver ces arbres, ce domaine qu'elle chérissait tant, mais qu'elle devrait bientôt quitter.
« Oh, Louise, comme je vous jalouse. Vous vous préparez à rencontrer la Cour, ainsi que le roi. » Il était fort peu probable que le roi lui-même ne prête attention à une jeune fille issue de la petite noblesse, mais la naïveté et l'enthousiasme manifestés par cette délicieuse enfant aux boucles brunes semblait avoir eu sur elle un effet bénéfique. Elle rit et déposa un baiser sur son front. « Petite Marie, vous êtes un trésor. Il m'est si pénible de vous quitter. » Le visage de l'enfant sembla soudainement s'assombrir, mais elle n'eut guère le temps de prononcer le moindre mot. La porte de leur chambre s'ouvrit, et la baronne y pénétra. Ses superbes prunelles se posèrent sur sa fille. « Laissez-nous, je vous prie. » La fillette s'inclina et sortit de la pièce sans mot dire. Louise, qui avait pris place face au miroir, demeura immobile. Cette femme, l'épouse de son père n'avait encore jamais émis le désir d'un entretien particulier. Et pourtant, ses doigts enlacèrent le manche de la brosse qui se trouvait sur la coiffeuse. Puis, d'un geste doux et délicat, elle entreprit de la passer dans la sombre chevelure de la jeune fille. « Vos cheveux forment une magnifique parure. Prenez-en grand soin. » Elle ne savait que dire. Ces gestes, ce ton étaient si neufs à ses yeux qu'il lui semblait rêver. « Je me suis toujours montrée dure envers vous, n'est-ce pas? » Qu'aurait-elle pu répondre à de tels propos? Elle n'eut guère le temps d'y songer, la baronne n'espérant visiblement nulle réponse. « Voyez-vous, ma propre mère m'a inculqué les valeurs de la noblesse, la nécessité de la bonne tenue, ainsi que de la rigueur. Des valeurs qui vous ont visiblement fait défaut. Mais, en vérité, je ne vous en blâme guère. Vous êtes un esprit si éclairé. L'écriture vous sied sans doute bien davantage que les convenances. » La jeune fille, de surprise, tourna la tête d'un geste brusque. « Les avez-vous lus? » La baronne, d'un geste, la contraint à se replacer. « Cessez de remuer mademoiselle. Votre père me les a donné à lire. Vous défendez le sort des femmes et des petites gens avec une telle vigueur. Ils sont étonnants, et pourtant admirables en de nombreux points. » « Je n'imaginais guère que vous approuveriez de telles idées. » « Mon opinion importe peu. Mais vous devriez considérer votre départ comme une opportunité. Je n'ignore pas votre désapprobation. Cependant, je gage que votre séjour vous sera profitable. Croyez-moi vous apprendrez de Versailles autant qu'il pourra apprendre d'une si étonnante petite personne. De plus, il vous y sera plus aisé de trouver époux. » « Je n'en éprouve nul désir. » « Vous le devez. Pour votre rang. Vous êtes jeune encore, vous ignorez les aléas d'une vie solitaire. » Elle s'était fourvoyée. Elle voyait à présent, ô combien rapides furent ses jugements. Il lui semblait ne point connaître cette si belle personne qui prenait à présent soin de sa chevelure, telles les attentions qu'une mère eut prodigué à sa fille. « Pensez-vous que j'y serai appréciée? » « Vous êtes sauvage, impétueuse, et vos manières laissent à désirer. Mais vous êtes forte, et vous avez de l'esprit. Ils vous aimerons autant qu'ils vous abhorrerons. Mais prenez garde aux vérité que vous assenée, certains pourraient être tentés de vous couper la langue. » Un bref sourire, tel une ombre, avait furtivement traversé son visage. Puis, la baronne reposa la brosse, et s'avança vers la jeune fille, déposant un baiser sur son front. « A présent, il vous faut prendre du repos. Demain sera rude. » « Dormez bien, chère belle-mère. »
Dernière édition par Louise de Canilhac le 01.02.10 20:02, édité 17 fois |
| | | Invité
Invité
| Sujet: Re: Louise de Canilhac 27.01.10 19:51 | |
| Extrait de lettre
21 Mai 1665 Mon très cher père Pardonnez-moi de ne vous avoir écrit plus tôt. Voici quelques jours à présent que mon existence se poursuit à la Cour du Roi. Quelques jours qui pourtant m'ont paru bien longs sans vous, qui êtes si chers à mon cœur. J'ai été logée au Trianon, un lieu proche de cette nature tant aimée. Ici tout n'est que magnificence. Le château lui-même est si étendu qu'il est fort aisé de s'y égarer, et sans doute impossible d'en connaître les moindre recoins. Fêtes et somptueux événements se suivent jour après jour, et le Roi semble désireux d'animer l'existence de ses courtisans, et la rendre agréable. Des heures durant je parcours les parcs, la nature environnante. Est-ce cette dernière, les multiples conversations? Il me semble soudain sentir ma plume vibrer d'un élan nouveau. Les mots courent sur le papier, tels de jeunes et vigoureuses créatures sauvages. Cependant rassurez-vous, je veille à me comporter le plus convenablement possible. J'aime à participer aux discutions, confronter mon opinion à d'autres me semblent fructueux et fort instructif. Mais je ne puis nier à quel point Versailles me semble dépeuplé sans votre présence, ainsi que celle de notre famille. Soyez certain que mes voeux de santé et de prospérité vous accompagnent. Votre enfant dévouée et humble servante, Louise Marie de Canilhac
Elle déposa sa plume, ses yeux bleus contemplèrent le parc, à travers la vitre. Elle ne pouvait nier à quel point le domaine de Canilhac lui manquait. Les bois semblant sans fin. Le lac dans lequel elle avait adoré se plonger. Les arbres, grands, forts, sauvages, à son image. Certes, Versailles l'avait éblouie. Mais rapidement, les défilés de ces nobles l'avaient lassée, de même qu'une grande partie de leurs conversations. Elle avait été remarquée, déjà, pour ses paroles inconvenantes, et pourtant criantes de vérité. Sa marâtre ne s'était nullement fourvoyée. Elle était appréciée et pourtant, paraissait déplaisante à certains. Qu'importe. Sa bien-aimée solitude lui manquait, et elle profitait de longues heures allongée dans l'herbe à lire ses si précieux romans. Qu'était-ce ces jeux de séduction et d'amitié faussés qui lui étaient si étrangers? Et pourtant, elle se prenait peu à peu à ouvrir son cœur à ceux qui l'entouraient.
Dernière édition par Louise de Canilhac le 01.02.10 20:01, édité 2 fois |
| | | Invité
Invité
| Sujet: Re: Louise de Canilhac 27.01.10 19:51 | |
| |
| | | Philippe d'Orléans
« s i . v e r s a i l l e s »Côté Coeur: Il a été brisé, piétiné et maintenant celui qui était à mes côtés est devenu mon ennemi. Quelle cruelle destinée !Côté Lit: Le lit de mon palais est si confortable et accueillant !Discours royal:
ADMIN TRAVESTIE Monsieur fait très Madame
► Âge : 27 ans
► Titre : Prince de France, Monsieur le frère du Roi, Duc d'Orléans, de Chartres, d'Anjou, seigneur de Montargis
► Missives : 10014
► Date d'inscription : 03/01/2007
| Sujet: Re: Louise de Canilhac 27.01.10 20:35 | |
| Bonjour et bienvenue !
Anne Athaway vient d'être prise par une demande de personnage par un des joueurs ! Je m'excuse mais il va falloir changer. |
| | | Invité
Invité
| Sujet: Re: Louise de Canilhac 27.01.10 20:38 | |
| Ah mince L'ennui c'est que je ne voyais mon personnage vraiment qu'avec elle et j'avais vraiment envie de la jouer. Bon, je vais voir si je ne trouve pas une autre célébrité, sinon vous pourrez supprimer mon compte... |
| | | Philippe d'Orléans
« s i . v e r s a i l l e s »Côté Coeur: Il a été brisé, piétiné et maintenant celui qui était à mes côtés est devenu mon ennemi. Quelle cruelle destinée !Côté Lit: Le lit de mon palais est si confortable et accueillant !Discours royal:
ADMIN TRAVESTIE Monsieur fait très Madame
► Âge : 27 ans
► Titre : Prince de France, Monsieur le frère du Roi, Duc d'Orléans, de Chartres, d'Anjou, seigneur de Montargis
► Missives : 10014
► Date d'inscription : 03/01/2007
| Sujet: Re: Louise de Canilhac 27.01.10 21:35 | |
| Je suis vraiment désolée. Tiens nous au courant pour ton compte ! |
| | | Invité
Invité
| Sujet: Re: Louise de Canilhac 27.01.10 22:05 | |
| Je cherche, je cherche^^
Lucy Griffiths est-elle prise? |
| | | Amy of Leeds
« s i . v e r s a i l l e s »Côté Coeur: Mère enfin apaisée et femme comblée mais pour combien de temps encore ?Côté Lit: Le Soleil s'y couche à ses côtés.Discours royal:
♠ ADMIRÉE ADMIN ♠ Here comes the Royal Mistress
► Âge : A l'aube de sa vingt septième année
► Titre : Favorite royale, comtesse of Leeds et duchesse de Guyenne
► Missives : 7252
► Date d'inscription : 10/09/2006
| | | | Invité
Invité
| Sujet: Re: Louise de Canilhac 27.01.10 23:00 | |
| Merci beaucoup Parfait, et bien dans ce cas, Lucy ce sera. Il est vrai que cela me peinerait également de ne pas rester. |
| | | Amy of Leeds
« s i . v e r s a i l l e s »Côté Coeur: Mère enfin apaisée et femme comblée mais pour combien de temps encore ?Côté Lit: Le Soleil s'y couche à ses côtés.Discours royal:
♠ ADMIRÉE ADMIN ♠ Here comes the Royal Mistress
► Âge : A l'aube de sa vingt septième année
► Titre : Favorite royale, comtesse of Leeds et duchesse de Guyenne
► Missives : 7252
► Date d'inscription : 10/09/2006
| | | | Invité
Invité
| Sujet: Re: Louise de Canilhac 27.01.10 23:19 | |
| Aucun souci^^ Merci beaucoup |
| | | Invité
Invité
| Sujet: Re: Louise de Canilhac 01.02.10 21:56 | |
| Je pense avoir terminé^^ j'espère n'avoir rien oublié |
| | | Amy of Leeds
« s i . v e r s a i l l e s »Côté Coeur: Mère enfin apaisée et femme comblée mais pour combien de temps encore ?Côté Lit: Le Soleil s'y couche à ses côtés.Discours royal:
♠ ADMIRÉE ADMIN ♠ Here comes the Royal Mistress
► Âge : A l'aube de sa vingt septième année
► Titre : Favorite royale, comtesse of Leeds et duchesse de Guyenne
► Missives : 7252
► Date d'inscription : 10/09/2006
| | | | Invité
Invité
| Sujet: Re: Louise de Canilhac 01.02.10 22:04 | |
| Merci infiniment j'ignore qui est ce monsieur, mais c'est avec plaisir que je l'accepterais parmi mes relations. |
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: Louise de Canilhac | |
| |
| | | |
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |