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 Evangéline de Comborn__ So take me as I am

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MessageSujet: Evangéline de Comborn__ So take me as I am   Evangéline de Comborn__ So take me as I am Icon_minitime22.03.09 18:29

Evangéline DE COMBORN
_______ ft. Natalie Dormer

Evangéline de Comborn__ So take me as I am Signanne01


    ► 29 ans - Née le 16 février 1636
    ► Vicomtesse-héritière de Comborn, elle ne peut prétendre au titre en propre tant que son père est toujours en vie.
    En revanche elle tient en apanage d’autres terres et d’autres titres annexes, notamment tous ceux de sa mère, le plus important en terme de droits et de revenus est celui de comtesse de Figeac.
    Egalement Espionne au service de Sa Majesté et comédienne à l'occasion.
    ► Royaume de France. On pourrait dire que ses racines paternelles se situent entre Vézère et Dordogne, mais plus largement on peut retrouver son nom jusqu’au Lot.
    ► Célibataire


    Son portrait en video
    {RPs} {liens}
    « Il était une fois ... »

    •Les Comborn : une si sympathique famille•

    L’histoire de la vicomté ne manque pas de personnages hauts en couleur. Si Evangéline est une digne héritière de cette tradition, à vous de le juger par la suite !
    Le premier vicomte connu fut Archambaud, à la fin du IXème siècle, un brave gaillard qui répondait au doux surnom de « Boucher » : on imagine sa vigueur au combat et comme il devait être plaisant à fréquenter. C’est en défendant les prétentions de sa femme, une Turenne à la vicomté du même nom, qu’il gagna son second surnom qui, je le sens, vous fait pâmer d’envie : « Jambe Pourrie ». En effet, le bonhomme, tout plein de bravoure qu’il était, aurait empêché une porte de se refermer lors du siège de la citadelle de Turenne par l’intermédiaire de sa jambe qui fut broyé. Un mâle, un vrai en somme !

    C’est grâce aux mariages prestigieux qu’elle sut contracter que la petite vicomté de Comborn devint grande et de plus en plus puissante tout au long de l’époque médiévale avant de s’essouffler et de se perdre quelque peu dans le foisonnement de terres du XVIème et du début du XVIIème, gardant toujours cette hargne sauvage à faire valoir ses droits et ses prétentions.

    •Deux vies pour une•

    L’histoire d’Evangéline, elle, bien loin des cris de guerriers triomphants, débute par un soir d’hiver à faire geler l’Enfer.
    Ce 16 février 1636, on n’aurait pas mis un chien dehors. Et en vérité, la pouponne ne voulait pas sortir non plus. 12 heures que la vicomtesse Blanche jonglait avec ses douleurs et son désespoir. D’autant que dans son ventre, ils étaient deux et que la partie s’annonçait donc serrée. Le physicien avait été affirmatif, la grossesse était gémellaire, mais il y avait un garçon.
    L’excitation de Guy était à son comble. Après une première fausse couche qui avait donné une fille morte-née, celle-ci serait la bonne.

    Pour ce petit noble de province, la venue d’un garçon était la concrétisation de tous ses projets et de ses ambitions. Autrefois spolié de son héritage à la mort de ses parents par un oncle peu scrupuleux, privé de tout titre et de tout bien, il avait dû s’engager dans la simple soldatesque pour assurer sa subsistance. Le roi Louis XIII avertit du fait et ému par le sort du garçon avait exercé sa justice et voilà Guy de Comborn rétablit sur son modeste, mais autrefois si prestigieux !, siège d’Aquitaine.
    Pour affirmer sa situation nouvellement rétablie, et comme ses ancêtres avant lui, il réussit à obtenir la main de la cadette des Turenne grâce, encore à l’entremise du roi. Deux familles qui s’étaient autrefois massacrées, écharpées, trucidées s’unissaient : c’était touchant si l’on était un peu sentimental, si on était pragmatique, cela éviterait surtout bien des conflits à venir.

    Le mariage fut aussi heureux que peut l’être un mariage de convenance. Les époux agissaient en bonne intelligence et témoignèrent un attachement mutuel. Un fils scellerait désormais cette fortune et cette belle revanche sur la vie que Guy se targuait toujours d’avoir su prendre. Le premier corps qui sortit du sein maternel était grand et vigoureux et le cri qui jaillit de ses poumons, puissant.
    On eut beau chercher, le signe de sa virilité ne se montra pas. C’était une fille. Encore. Allons bon, on attendit le suivant qui ne tarda pas à se montrer. Lorsqu’on le sortit, la chambre resta muette de ses braillements. Le visage bleuté, inerte, le cordon enroulé autour du cou, il ne bougeait déjà plus. Et c’était un garçon.
    Outre l’immense chagrin de deux parents, résidait toutefois la satisfaction d’avoir réussi à mettre au monde un enfant de bonne santé, viable, fut-il du sexe féminin et baptisée du nom de son arrière-grand-mère paternelle.

    La nuit s’avança et toute la maisonnée tomba d’épuisement. Au matin, Evangéline toute fraîchement née et emmaillotée hurla cette fois de faim dans les bras de sa mère assoupie. La nourrice allant la chercher crut d’abord, elle aussi, que la vicomtesse dormait profondément. Mais les doigts qu’elle frôla étaient de glace. La nuit de couches avait eû raison de sa vie.

    Ce matin donc du 17 février 1636, le premier de sa vie, Evangéline était orpheline de mère et avait perdu un frère : une naissance malheureuse, une bien triste réalité de ce XVIIème siècle.

    Un coup qui perclut son père dans l’amertume et dans la douleur, lui qui possédait de nature un caractère si prompt à la colère et à l’emportement. Un état de fait qui n'affecta que peu la fillette, la jeune fille puis la femme que devait devenir Evangéline. Comment pleurer ceux que l’on a jamais connu ? Elle prit l’habitude que ses anniversaires ne soit jamais, ou si peu, fêté et que les Noël soient de peu de saveur.

    •Mieux vaut allumer une bougie que de maudire l’obscurité•

    Les rapports ambivalents qu’elle entretint avec la figure paternelle, ou plutôt que celui-ci entretint à son égard furent une plus grand souffrance à ses yeux d’enfant. Il lui suffisait de voir se profiler à l’horizon sa haute stature clodiquante (un éclat de boulet de canon dans la cuisse au siège de la Rochelle) et retentir sa voix de fauve pour que ses muscles se raidissent et qu’elle sache que les instants d’insouciance étaient terminés. Elle se remettait alors aussitôt dans le rôle qu’il lui avait dévolu. Celle de l’enfant obéissante et studieuse qu’il aimait contempler.
    Habituée aux corsets à l’âge où les petites filles n’en entrevoient même pas le bout d’un ruban, son maintient se développa ainsi. Entendant l’art du français à 4 ans, pratiquant le latin dès 7 et le grec dès 8, Evangéline reçue une éducation d’élite telle que son père la concevait. A 10 ans, elle connaissait déjà les ressources de toutes ses terres et ce à quoi elle pouvait prétendre en terme d’impôts. A défaut d’un fils, il fallait bien au vicomte s’accomoder de cette fille et ne pas en faire une incapable. Et rien que pour recevoir un regard ou un geste tendre ou même encore un simple compliment, Evangéline se pliait sans broncher et avec le plus grand sérieux à toutes ces exigences. Elle y prit tout à fait goût d’ailleurs, saisie d’une soif de connaissances dans de nombreux domaines : le droit, la théologie, la philosophie. Les jeux d’enfants ne l’intéressèrent très vite plus et se plaisait à suivre et à apprendre des conversations adultes.
    Son père ne regretta plus si longtemps le garçon prodigue qu’il n’aurait jamais, et oublia toute nécessité de remariage, car sa fille s’avérait aussi douée qu’il aurait pu le souhaiter et lorsqu’elle fut en âge d’intéresser la société, il se plut à la produire, à l’intégrer dans les salons. Là, elle prit part aux discussions d’esprits, faisait des lectures publiques, et là encore s’amusait-elle à jouer de petites seynettes classiques. La vivacité et la répartie de son jeune âge suscitait autant la curiosité que l’enchantement et Guy, rengorgé de fierté, cessa enfin de voir en sa fille le bourreau de tous ses rêves.

    Ainsi façonnée, elle gagnait en maturité de jours en jours. A l’aube de ses 16 ans, sa marraine, la duchesse de Noailles, personne d’importance à la Cour, songea à la faire monter sur Paris. Sûre du plaisir que pouvait procurer la compagnie de son ouaille à la belle société de la capitale, et pourquoi pas de la Cour, et du prestige qu’elle-même pouvait en retirer, évidemment. Evangéline, qui commençait à se sentir à l’étroit dans ce monde provincial trop petit pour elle, s’emplit la tête d’ambition et son père qui ne rêvait que de la voir réussir donna son accord après toutes les mises en garde d’usage. Il avait foi en sa créature et en sa tête bien faite et bien pleine, elle serait un lion dans la fosse aux serpents.

    •Paris, je t’aime…•

    Et c’est ainsi qu’au début des années 1650, la Fronde enfin terminée, elle pénètra les plus hautes sphères de Paris. En sachant s’entourer des bonnes personnes et faire les bonnes rencontres, Evangéline se montra au bout d’un an digne de nager dans le plus grand des bains : celui de la royauté. Ce jour-là, sa marraine lui avait offert la plus belle des toilettes faite de soie, de taffetas et cousue de fils d’or. La reine Anne lui adressa à peine un regard, elles étaient tant de nouvelles pouliches introduites ce jour-là, mais d’un « Bienvenue à la Cour » tout était dit.

    Grâce à sa position de protégée des Noailles, elle put obtenir un petit appartement descent à la Cour, entra dans le cercle de la Reine-mère qu’elle divertissait en devisant de théologie et parfois d’astronomie, par la lecture de la Bible. Elle mettait tant d’intensité dans le récit du fratricide d’Abel et de Caïn et paradoxalement tant de fougue à danser lors des ballets qu’elle fut approchée par Racine et puis aussi Molière qui n’étaient encore que des débutants dans leur milieu, qui se mirent à penser à elle pour un rôle de Muse, d’Amazone ou de Gogorne, c’était selon. Le sentiment de peur mélée de fierté et d’excitation une fois sur scène embrasait son corps et son cœur si bien qu’il lui était difficile de s’en défaire et qu’elle ne s’en défit jamais.

    Au milieu des intrigues et des coteries de Cour, il est un événement de sa vie qui mérite d’être ici relaté bien que personne, absolument personne ne le connaisse.
    L’année de ses 19 ans, à cet âge où même la très sérieuse et très réfléchie Evangéline pouvait se montrer parfois ingénue, un gentilhomme lui fit une cour galante qu’elle prit plaisir à décliner autant qu’à encourager d’œillade de velours. L’homme avait la réputation d’être un joli cœur et de prendre de nouvelles maîtresses comme on change de haquennées. Si incroyablement talentueux et beau comme un Adonis, Richard d'Artois, car c'était son nom, fit chavirer le cœur encore tendre d’Evangéline bien avant qu’elle consente à lui témoigner son intérêt. Surveillée de prêt comme elle l’était, cela rendait la tâche de la galanterie bien difficile mais le gentilhomme au lieu de se décourager, redoubla d’effort et d’ingéniosité pour sa belle.

    Chavirée devant cette passion qu’elle pouvait susciter, elle sentit son coeur s'emballer comme une de ces héroïnes de roman courtois, et se prit d’un amour sincère et se prit à croire, sottement assurément, à cette histoire pourtant condamnée d’avance.
    Au bout de quelques longs mois d’attente, elle sentait le feu de son vif soupirant s’émousser et son regard languir sur d’autres femmes. Piquée au vif, Evangéline consentit à se donner toute entière au comte d'Artois, en déployant des trésors de discrétion pour que cela ne se sache ni d’Eve, ni d’Adam. L’affaire dura dès lors quelques semaines, que dis-je, quelques jours car aussitôt que le fruit interdit se laisse goûter, il a déjà perdu toute sa saveur et tout son attrait. Prise dans un tourbillon de sens inconnus, dangereux et délectables à la fois, la jeune vicomtesse se livra sans réserve aux lèvres et aux caresses de son amant. Elle ne vit pas arriver l'écueil qui pourtant la frappa de plein fouet.

    Une vulgaire note sur une table de chevet clôt ce qui devait rester la seule passion d’Evangéline.



Dernière édition par Evangéline de Comborn le 23.01.10 16:52, édité 28 fois
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MessageSujet: Re: Evangéline de Comborn__ So take me as I am   Evangéline de Comborn__ So take me as I am Icon_minitime22.03.09 18:30

    •… je te hais...•

    Une passion… Tout y est dit. Elle n’était pas le Christ, ni une sainte pour la supporter. Son père l’avait tant mis en garde contre les égarements de l’âme lorsque l’amour entre en compte. Le chagrin, puis la honte en même temps que la rage d’un honneur bafoué, foulé au pied, la poussa à se faire ce serment : Evangéline ne connaîtrait plus d’histoire d’amour ou de chair sans qu’elle même n’ait décidé du jour où elle se terminerait. Comme le corbeau, elle jura, mais bien trop tard, qu’on ne l’y reprendrait plus.
    L’affaire aurait pu s’arrêter là et de son maudit amant ne plus jamais avoir à se souvenir, mais la nature est ainsi cruelle qu’elle se plait à torturer les vies au moment où elles semblent les plus fragiles. Le mois suivant, Evangéline n’eut point ses lunes, comme disait alors les bonnes femmes. Et depuis une semaine déjà elle était prise de vertiges, sans raison apparente, et d’une fatigue inhabituelle. Pas besoin d’être physicien ni d’avoir eu à subir une grossesse pour savoir que c’en était là une. Cet homme-là avait donc décidé de l’humilier jusqu’à n’en plus pouvoir. Qu’une telle nouvelle se répande et tout, sa vie comme sa réputation était ruinée. Elle songea à s’ôter la vie pour tout dire, dans le désespoir que l’on peut connaître en de tels moments. Mais elle s’était souvenue des conversations qui couraient déjà parmi les domestiques lors de son adolescence, sans toutefois bien comprendre à l’époque; qui couraient aussi dans les salons de femmes jugées comme libres et impudiques.
    Les faiseuses d’anges, on les appelait… Quel joli nom pour une pratique qui en répugnait plus d’un, l’Eglise en tête mais à laquelle étaient conduites bien des femmes et pas seulement des paysannes qui ne pouvaient s’encombrer d’une bouche de plus à nourrir, des femmes de qualité aussi, qui taisaient et qui condamnaient ouvertement elles-même le fait car le crime était bien trop grand.
    Une table crasseuse, des coups sur le ventre et des aiguilles à tricoter, nul besoin d’aller plus loin dans les détails sordides pour comprendre. Une expérience si violente qu’Evangéline tomba dans l’inconscience et puis le lendemain si malade, si délirante de fièvre, si proche de la mort que l’on crut ne jamais l’en ramener. Elle resta ainsi plus d’une semaine sans que l’on sache si elle vivrait ou non. Personne jamais ne s’expliqua ni sa guérison, ni la maladie qui l’avait saisie, pas même le médecin qui ferma certainement les yeux de complaisance ou de pitié.
    Deux mois alitée à ruminer son infortune. Elle s’efforça de ne point pleurer l’enfant qui ne verrait jamais le jour, avait-elle seulement eu un autre choix ? Non et elle ne regrettait rien. Comme une trace indélébile de son acte désespéré, le medecin lui a laissé entendre en privé qu’elle ne pourrait jamais certainement enfanter. Grand bien lui fasse ! La simple idée de porter de nouveau un être dans son ventre lui donnait des sueurs froides et la révulsait. Dans cette chambre, elle eut tout le loisir de maudire son amant lâche mais plus encore de se maudire elle-même d’y avoir succombé.

    Un épisode de sa vie qu’il me semblait digne d’être mentionné car il balaya tout reliquat d’innocence, définitivement. Dès ce moment, les hommes ne furent plus dans son esprit que des êtres à éviter de toute urgence, sans distinction, à moins de les utiliser pour parvenir à ses propres fins avant de leur laisser la chance de le faire.

    L’ombre du Soleil

    Il est un homme toutefois envers lequel toute garde, toute méfiance était impossible. Ce n’était pas un homme que dis-je ! Un Dieu, le Dieu solaire. Allons bon, je ne parle pas de quelconque faveur charnelle, il a bien assez de fontaines auxquelles se rassasier ce brave Louis !
    C’est un matin de 1660 qu’Evangéline se vit convier à s’entretenir avec le Roi. De mémoire, elle n’avait sollicité aucune entrevue avec Sa Majesté depuis plusieurs mois et ne put dissimuler sa surprise autant que son appréhension. Elle se fit discrète autant qu’elle était d’ordinaire flamboyante. Le jeune roi n’était pas encore celui qu’il devait devenir mais possédait déjà un aplomb qui impressionna la vicomtesse de 3 ans son aînée. Et pour cause, le souverain ne lui adressait que rarement quelques paroles, c’était toujours un honneur mais pas de quoi s’attendre à être convoquée en personne.
    L’entrevue qui suivit fut brève. Le Roi recherchait une personne de confiance dans le milieu du spectacle afin de mettre au jour un réseau de forains qui émettait toute une série de pamphlets particulièrement violents à l’égard de Sa Majesté si bien qu’on pouvait les suspecter de pousser à la révolte ou de préparer un attentat de lèse-majesté.
    L’entreprise fut un succès tout comme les autres qu’il lui confia à Paris ou à la Cour à l’insu de Mazarin et de ses propres espions et dont le cardinal ne sut jamais rien. Elle prit églament part à l’infiltration des proches de Fouquet, chargée de réunir contre lui les preuves des détournements des caisses de l’Etat à son propre profit. Ce fut dès lors que les missions se firent plus importantes, mais aussi plus dangereuses…
    Cela fait donc à présent 10 ans qu’elle mène cette vie de Cour et de mondanités pendant lesquelles elle a autant appris de ses erreurs que de celles des autres. Elle se sent en société comme dans son élément, les ragots sont son pain quotidien. Fine observatrice, elle porte un regard cynique et mordant sur ce qui l’entoure, sur ses amitiés de Cour notamment. Et elles sont nombreuses, futiles, volages, elle sait ce qu’elles valent. Quant aux véritables amitiés, elle en entretient peu, très peu, d’autant que ses activités secrètes ne le lui permettent pas d’être véritablement et totalement honnête avec qui que ce soit.
    Ils sont peu nombreux à connaître cette double identité qu’elle cache, outre le Roi et elle-même : les principaux ministres, le mousquetaire Charles d’Artagnan, son ami Molière et sa camériste qu’elle a amené avec elle à Paris : Eloïse.



    « Et derrière l'éventail? »

    ►Elevée à l’école de la rigueur et de la discipline, tous les fondements de sa personnalité sont basés sur la réflexion, la persévérance et la maîtrise de soi.

    Les rapports plus que difficile que son paternel a entretenu, et entretient souvent toujours, avec elle n’ont pu que marquer l’adulte qu’elle devait devenir. Si son père était militaire, on peut dire qu’elle en a hériter la façon de structurer sa pensée et de réagir face à l’adversité. Les brimades, les coups de ceinturon, elle les a connu. La noblesse de sa naissance et son sexe ne lui ont rien épargné et même au contraire ont été la cause de tous ses malheurs et de toutes les exigences placées sur ses épaules. Cette rudesse lui aura été d’un grand bénéfice, aussi difficile à croire que cela puisse paraître, car elle l’aura forcer à se forger un amour propre ce dont on encourage peu de femmes à posséder.

    Attention toutefois à ne pas confondre amour propre et suicide social ! Evangéline sait appréhender les situations et sait lorsque sa parole est bienvenue ou proscrite. Ses relations à la Cour et à Paris sont ce qui fait qu’elle existe dans ce monde : c’est un fait et elle le vit très bien ! Comme un caméléon au sein de la Cour, elle s’adapte à son environnement et à son public, elle sait se faire autant grave et spirituelle que légère et malicieuse. La survie à Versailles depend beaucoup du profit que l’on peut tirer d’autrui et cela Evangéline sait très bien le faire. La plupart de ses amitiés sont intéressées et elle n’en éprouve pas de honte, elle se sait également utile à l’avancée d’autrui. Une pincée de ces amitiés sont véritablement sincères.

    Evangéline aime à se dire qu’elle est peut-être insaisissable, incompréhensible et que c’est son exotisme qui fait son intérêt. Simple coquetterie de femme !
    Elle se veut être l’égale des hommes. Oh attention ! Pas en tapant de son petit pied, pas en jurant comme un charretier, pas en revêtant leurs habits ou en adoptant leur démarche, ni en prétendant manière la lame. Non, elle se voulait l’égale des hommes avec ses propres armes à elle dont elle disposait, ses armes de femmes. Elle était femme jusqu’aux pointes de ses boucles brunes mais elle tenait plus que tout à inspirer le respect, voire même l’admiration du sexe opposé. Elle ne tenait pas à être ni désirée, ni prise en pitié et elle disait souvent que la sollicitude des hommes ne valaient pas mieux que leurs caresses, car ils ne cherchaient jamais qu’à posséder les femmes par un moyen ou par un autre.
    Or Evangéline pouvait bien avoir la poitrine comprimée par un corset, elle était bien plus libre que bien des hommes esclaves de leurs sens et les privilèges auxquels elle ne pouvait prétendre de par son sexe, elle entendait bien les obtenir par sa tête.

    Aux gentilshommes qui songeraient à se faire une place bien au chaud sous ses couvertures, qu’ils fuient céans s’ils se croient à même de dompter cette éternelle solitaire, qui tient leur sexe si peu en estime… Une femme, même avec la tête bien haute et bien pleine, a un besoin de tendresse, de douceur, de se sentir belle et désirée. Aussi, si elle n’a pas la cuisse légère, il lui arrive de prendre quelques amants complaisants pour des nuits d’ivresse et des amourettes à courts ou moyens termes. Parfois a-t-elle seulement de la passion, parfois a-t-elle aussi de la tendresse, mais jamais cependant ne les encourage-t-elle à faire dans l’excès de zèle, ne s’attache à aucun. Si toutefois un impudent s’aventure à prononcer des mots d’amour qui sonnent comme des « toujours » ou se mettre à exiger quoique ce fut, alors le couperet tombe et d’Evangéline jamais ne connaîtra plus les douces faveurs.

    On aura comprit par ses activités publiques de spectacle et ses activités secrètes que ce qu’elle aime par-dessus tout, c’est ce sentiment d’ivresse de l’inconnu, de frénésie, de danger, de la vie en somme.

    Parmi ses travers (et ils sont nombreux !) on pourrait justement soulever son manque notable de compassion. Elle ne peut dissimuler un certain mépris pour celui qui privilégie son confort et fait montre de peu ou pas d’ambition personnelle, bref celui qui ne prend pas les rênes de sa vie et de sa fortune. Elle se soucie peu du mal qu’elle pourrait causer, car elle a sa propre, et très spéciale, notion du vice et de la vertu. Dans le système de coterie, si elle s’entête à vouloir faire chuter quelqu’un, elle ne démord pas avant d’avoir atteint son but. Méchanceté ? Evidemment ! Mais réflexe de survie aussi !

    Gare à celui qui sera la cible de ses traits, loué soit celui qu’elle tient en haute estime ! Evangéline manque de nuance dans son esprit si bien ordonné et pragmatique.
    Son jeu favori ? Les échecs, c’est tout dire…

    Pas très catholique tout ça… En vérité, la vicomtesse est bonne chrétienne et obéit au dogme. Bien que l’exercice forcé de la messe quotidienne ne la transporte pas de joie et qu’elle se situe, en religion, dans la lignée de la famille de sa mère (que l’on a pu soupçonner jadis d’être réformée), préférant s’adresser à Dieu sans intermédiaire que celui de sa propre conscience.

    Une confiance qui lui permet sans doute de tenir le poids placé sur ses épaules par le souverain. En faisant d’elle une adjuvante, quoique bien modeste, de l’Etat, il lui a donné l’occasion de mettre en pratique tout ce que le vieux vicomte, son père, avait bien pu lui inculquer : le sens du devoir et la loyauté au Roi et au royaume. Elle s’applique à cet exercice avec toute la docilité et la vigueur de sa personne. Quant aux personnages qu'elle contribue à envoyer à la Bastille ou à être pendu haut et cour, comploteurs avérés ou personnages ayant simplement le malheur de déplaire au roi, elle ne ressent aucun remors, ni états d'âme. Elle obéit et agit en conséquence, point.
    Si elle se veut humble face au sort qui l’a choisi, il serait mentir que de cacher toute la fierté muette et réprimée qu’elle peut en retirer. Si son père savait… Lui a qui elle a remprunté la devise, elle-même inspiré de Saint Augustin :

    L’Amour de Dieu et du Roi au mépris de soi.


    ► Une beauté à se damner notre Evangéline ? Certes non ! Ses cheveux sont bien trop noirs, son visage, même pas symétrique. Lorsqu’elle sourit, on dirait qu’elle ne le fait qu’avec la moitié de son visage. Mais c’est qu’elle a rarement l’occasion de laisser dévoiler son plein sourire, celui que la bienséance oblige les dames à dissimuler derrière un éventail ou une main discrète.

    Ses yeux au moins pourraient être jolis, ils sont bleus… Mais franchement d’un bleu si délavé que s’ils n’étaient cernés d’un cercle anthracite, on pourrait même se demander s’ils existaient. Pas une beauté académique donc, et peut-être même pas une beauté tout court.

    M’enfin elle n’est ni borgne, ni manchot, ni cul-de-jatte, ce qui devrait tout de même suffir à la ranger du côté des chanceux de la vie !

    La demoiselle doit bien avoir quelques atouts pour être si bien en cour et ne pas susciter la moquerie… Est-ce sa démarche franche et cadencée sur les parquets de Versailles ? Sa façon d’entrer dans une pièce comme si le monde entier lui appartenait ? Sa verve si fraîche et piquante comme un vent de décembre ? On comprend que ce n’est pas le détail qui compte lorsque l’on parle de la beauté d’une femme, que la blondeur du cheveu, la mouche savamment posée à la naissance de la gorge ou le teint de lait ne sont que de peu d’importance…

    Evangéline possède cet aplomb, cette confiance en soi naturelle que l’on appelle soit « grâce », soit « morgue », simple affaire de sémantique ! Sûre d’elle, elle ne peut susciter l’indifférence et cela se lit sur son physique. Certainement que les nombreuses occasions qu’elle a pu avoir de se donner en patûre au public, soit par le théâtre, soit par sa vie de salon, la rende presque impossible à désarçonner. Qu’elle déteste, et elle saura montrer au monde entier combien elle aime, qu’elle aime et elle ne rechignera toutefois pas à la critique la plus sanglante.

    Sa voix profonde, son regard fantomatique, ses gestes et ses paroles, tous et toutes minutieusement et savamment calculés résument à eux seuls sa personne : magnétique.


Dernière édition par Evangéline de Comborn le 24.03.09 13:01, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Evangéline de Comborn__ So take me as I am   Evangéline de Comborn__ So take me as I am Icon_minitime22.03.09 18:30



    « Dis-moi qui tu fréquentes...»




      Un ange féminin croisa en un hôtel
      Jean Baptiste Poquelin jeune auteur en herbe
      Rejoignant les rangs de ses voyageurs du verbe
      Il devint comédienne, mais de qui se joue-t-elle ?

      Le jour elle est femme n’ayant pas sa pareille
      Pour déclamer les mots par la plume sués.
      Mais la nuit c’est une ombre au service du Soleil
      Qui détroussent les Grands de leurs lourdes pensées.

      Les humbles dont je suis, fils du troisième Etat
      Laborieux, songent en pleurant dans le silence
      A la vraie raison d’envier les Grands de France :
      Ces secrets qu’ils échangent, pour une nuit dans ses bras

      Si ceux qu’elle a dupés, ces grands hommes des nations,
      Leurs plaies cautérisées au fer de la rancune,
      Retrouvent les chemins de l’amour sans fortune,
      Quand ils retouchent enfin la cime de la passion

      Leurs belles courtisanes entre deux gémissements
      Presque sincères ou feints, s’étonnent bien souvent
      Dans ce brouillard des sens, cet’ fièvre chevaline,
      D’entendre murmurer le nom d’Evangéline…

      (c) mon ami Lex


      - Chuuut ! Mais tu es fou Poquelin ! De quelle gourgandine fais-tu donc le peu glorieux portrait ?
      Molière gloussa en repliant le petit billet qu’il venait de déclamer à voix basse alors qu’Evangéline lui donnait un coup d’éventail sur le bras et profitant de sa surprise lui arracha le petit poème compromettant du bout des doigts. En le glissant dans son corset d’un air taquin, la dame se prit d’un petit sourire qui lui retroussa le coin des lèvres.
      -Ah la revoilà la gourgandine ! Rien que du vrai dans ce poème !
      Derrière leur colonne de marbre, bien à l’abri des yeux et des oreilles indiscrètes, les deux amis de longue date riaient comme des adolescents.

    Molière ou le triomphe de l’impertinence ! Evangéline recherche cette présence amie et complice à chaque soirée, dans chaque salon. Elle endosse à l’occasion quelques rôles qu’il veut bien lui confier, elle ne fait pas partie de ce qu’on pourrait appeler sa troupe « régulière », elle n’est même pas rémunérée pour ses passages sur scène, ce serait bien injuste étant donné qu’elle bénéficie de bien nombreuses pensions de par ses titres. Non, elle ne joue pas à la comédienne par nécessité pécuniaire, simplement parce qu’elle a ça dans le sang, c’est une actrice née. Le théâtre lui offre la possibilité d’explorer d’autant plus de facettes de sa propre personnalité qu’elle ne soupçonnait même pas. Un acoquinement, certes, pour cette demoiselle de bonne famille que de se mêler aux saltimbanques, mais également un entraînement qui lui est bien utile lorsqu’il s’agit pour ses missions d’espionnage de se glisser dans la peau d’un autre ou d’adapter son langage et ses manières à celui qu’elle cherche à piéger.
    Poquelin comme elle le nomme toujours ne s’intéresse que de bien assez loin à tous ces mystères dont il la sait faire partie. Tant qu’elle lui revient entière et vivante pour continuer à badiner, à rire, à converser et finalement endosser un de ses rôles : c’est tout ce qu’il demande ! Leurs conversations animées sont à elles seules un grand spectacle, chacun se plaisant à camper sur ses positions et à prendre le contre-pied de l’autre, pas par conviction profonde, simplement pour avoir le dernier mot. Il n’est pas rare de les trouver en complet désaccord sur un point et de se le faire savoir mutuellement par de grands éclats de voix et des coups de Jarnac, mais c’est plutôt un sport en eux et rien ne saurait entacher cette belle amitié.



      -Répond-moi Eloïse, quel âge cela te fait-il ?
      -14 ans presque 15, Madame ma marraine.
      La jeune fille qui brossait les longs cheveux de Madame Evangéline n’osait point trop lever le regard. La fille de Monsieur revenait rarement au pays et lorsque c’était le cas, toute la maisonnée semblait être saisie d’une effervescence qui donnait à Eloïse la nausée. C’est que c’était Versailles qui venait à la campagne… En réalité ce matin-là, Evangéline n’avait jamais que revêtu de vieilles fripes confortables pour les cahots de la route, sa chevelure était bien négligée et elle se sentait la bouche pâteuse, bref rien à voir avec une reine : il n’aurait même pas osé poser le plus petit orteil dans un hôtel de Paris…
      -As-tu lu un peu des ouvrages que je t’ai envoyé ?
      -Certes, certes, Madame, plutôt deux fois qu’une pour vous dire le vrai ! Gargantua surtout, il me semble que le plus je lis, le mieux je le comprends…
      Evangéline se retourna les sourcils arqués et Eloïse eu un mouvement de recul devant ces yeux de glace qui la fixaient. Mais sa maîtresse eut une petite moue appréciatrice :
      -L’ouvrage n’est en effet pas simple de prime abord, je suis contente qu’il te nourrisse, il n’y a que du bon que tu puisses apprendre là-dedans ! Si tu aimes lire alors continue, il n’y a rien d’inutile là-dedans…
      Sa filleule avait beau être une fille du troisième état, ne pas la rendre sotte ne la détournerait pas d’être une bonne domestique ou une bonne épouse, quel crime y a-t-il à se nourrir l’esprit ?
      Passons les nourritures spirituelles, pensons aux nourritures terrestres : Evangéline sortit de sa cassette un ruban de crêpe bleue et le tendit à l’adolescente. Elle pourrait le vendre et s’acheter des souliers neufs. Ou bien le garder et le chérir et se faire coquette en secret en le glissant dans ses cheveux de blé… voilà plutôt ce que pensait Eloïse en recevant le bout de tissu… Evangéline, elle, observait du coin de l’œil la jeune fille qui rosissait, elle la trouvait grandie et dégourdie et elle avait déjà bien d’autres projets pour sa pupille…


    Eloïse, petit bout de femme de tout juste 20 ans, fille de la nourrice d’Evangéline. Elle est également la filleule de celle-ci : rien d’étonnant, il est de coutume pour les domestiques d’un seigneur que de placer leurs rejetons sous la protection de sa famille. Evangéline avait à peine 10 ans lors qu’elle tint Eloïse sur les fonds et c’est elle encore qui lui attribua son nom de baptême. On le comprend donc ce sont de forts liens qui sont tissés entre les deux jeunes femmes, à la fois sœurs de lait et mère et fille dans le Christ.
    La jeune fille garde encore un air bien enfantin, timide, elle est parfois un peu maladroite, autant dire qu’elle est aux antipodes de sa maîtresse et celle-ci est à la fois touchée et émue de tant de candeur, mais également irritée et souvent dure, voire mauvaise, à l’égard d’Eloïse. Il leur arrive de se battre froid pendant quelques heures, mais jamais bien longtemps, Eloïse a besoin d’Evangéline autant qu’Evangéline a besoin d’Eloïse. La vicomtesse à l’affût de tout, sans cesse, est apaisée par le cœur pur et l’entrain à toute épreuve d’Eloïse, de son espoir et de sa foi ineffable aussi.
    Leur relation pudique est parfois marquée de tendres démonstrations d’affection, car sans en avoir l’air Eloïse est l’ancre qui retint sa maîtresse emportée dans le tourbillon du complot, des illusions, du luxe et du superficiel. En la regardant, Evangéline a le sentiment de se refléter dans le miroir de la vérité, authentique et brut, et elle la rappelle toujours vers les valeurs terre à terre, vers ce que la vie a de plus vrai. En bref, Eloïse est une part de sa terre natale, une part de chez elle, sa famille. Il n’y a bien que devant elle qu’elle ne craint pas de laisser la carapace se fissurer.
    Eloïse sermonne parfois sa maîtresse dans sa façon de mener sa vie qu’elle juge peu orthodoxe et craint souvent pour la vie de celle-ci. Elle Evangéline la mêle à ses affaires clandestines bien à contre-cœur, elle préfèrerait la savoir loin de tout ces tourments, garder sa pureté précieuse, mais pourtant c’est justement sous cet habit d’innocence que les meilleurs secrets peuvent passer inaperçus, non ?



      -Madame…
      -Monsieur D’Artagnan…
      Une main blanche qui se tend une autre un peu rugueuse qui la prend pour y déposer un baiser fictif. Prise de congé : un relevage de chapeau d’un côté, une petite génuflexion de l’autre et les bottes recommencent à battre le pavé en rythme et l’éventail se déplie avec un joli cliquetis pour recommencer à agiter l’air.
      La missive était passée. Au nez d’un petit groupe de courtisans parmi lesquels Evangéline conversait gaiement. Missive, c’était un bien grand mot : un petit morceau de papier en rouleau glissé dans la paume du mousquetaire pendant le rapide baise-main. Charles D’Artagnan le déroula sans plus de manière alors qu’il continuait sa route, sûr que leur manège n’avait été vu de personne. Un seul mot d’écrit « Saluces ». Pour nous autres, non-avertis l’intérêt d’une telle information peut sembler bien maigre, mais pour Charles D’Artagnan, rien de plus clair. Il tenait là la clé d’une affaire qui durait depuis plus de trois mois. Ce soir, le marquis italien serait embarqué dans la discrétion par les mousquetaires pour trahison et il aurait droit à sa petite lettre de cachet.
      Le capitaine était loin dans la galerie à présent mais se retourna vers sa complice et alors que celle-ci l’appercevait au-delà d’une épaule de baronne, il souleva de nouveau son chapeau à son attention et s’en fut. Evangéline réprima un sourire et battit des paupières avant de commenter à son tour les orangers en fleurs.


    C’est la nécessité qui a conduit Charles d’Artagnan et Evangéline à se rencontrer et à travailler ensemble. De ce qu’elle put en comprendre, au début le vieux barbu n’était pas ravi d’avoir entre ses pattes une précieuse de la Cour, lui habitué aux rapières et surtout à côtoyer des hommes. Leurs échanges étaient alors tout juste courtois, le mousquetaire ne parlant pas de trop et plus important encore, ne délivrant point trop d’information à la demoiselle, sans doute de crainte qu’elle ne sache pas bien tenir sa langue. A vrai dire, il se demandait bien ce que le Roi avait bien pu avoir dans la tête le jour où il l’avait appointé à son service. Et puis lors d’une affaire un peu plus corsée que d’habitude, Evangéline avait su tirer d’une informatrice des éléments que lui-même peinait à obtenir depuis des semaines entières.
    La jeune femme ne s’offusquait pas de ses manières d’ours, Charles lui rappelait à bien des égards son père laissé dans le sud avec sa voix tonitruante, son accent qui fleurait bon la chaleur de la Gascogne et ce sang bouillant qui annonçait des tempêtes comme le vent d’Autan. Inconsciemment sans doute chercha-t-elle à reproduire avec lui ce lien qui l’unissait à son paternel : ce zèle déployé pour prouver sa valeur, ce besoin irraisonné de faire ses preuves et de se poser d’égal à égal. Pas de mépris, ni de condescendance, si il la respectait, elle le respectait à son tour.
    Après des années de collaboration intensives, leurs rapports se sont détendus, Evangéline tient en déférence l’expérience de D’Artagnan en matière de stratégies quasi militaires et de terrain. Cependant, elle n’hésite pas à faire valoir sa voix lorsqu’il s’agit d’agir au sein de la Cour même : là, c’est elle qui est dans son élément comme un poisson dans l’eau. Ce qui importe avant tout à Evangéline c’est d’effectuer ses missions avec succès certes, mais surtout en gardant sa propre couverture. L’ami D’Artagnan oublie bien souvent cet aspect des choses et la voudrait voir agir avec plus d’audace qu’elle ne pourrait décemment se le permettre, cela mérite quelques dressages de points sur les i…



    [Suite des relations au prochain post...]


Dernière édition par Evangéline de Comborn le 23.03.09 23:38, édité 6 fois
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MessageSujet: Re: Evangéline de Comborn__ So take me as I am   Evangéline de Comborn__ So take me as I am Icon_minitime22.03.09 18:31



    « Dis-moi qui tu fréquentes...suite & fin»


      Madame était en Calliope, le Roi en Apollon vint vers elle et la prenant par la main l’entraîna sur sa droite. Louis de la Vallière était en Euterpe, il vint la chercher à son tour et l’installa sur sa gauche. Tous trois entamèrent une série d’entrechas dans un ruissellement de perles et d’or. Le joli ballet que voilà… Les autres dames de compagnie choisies par Henriette d’Orléans avancèrent avec grâce et reprirent la chorégraphie en rythme légèrement en retrait du trio de tête : le roi, la belle-sœur, la maîtresse, rien de bien nouveau pour les courtisans, ni pour la Reine qui regardait sans voir, obligée d’assister aux triomphes de ses rivales, avec un sourire de façade et un regard vide.
      -J’en serais presque peinée pour elle…
      -Ne soyez pas absurde, ma chère, vous n’en pensez rien !
      Terpsichore et Thalie échangèrent un regard en coin et un léger sourire ourla leurs lèvres carmin. Puis vint un passage déclamé où chacune des Muses venait porter hommage au Dieu-Soleil. Lorsque ce fut au tour d’Amy/Terpsichore, « la danseuse de charme », Evangéline qui venait tout juste de passer observa le passage de son amie. Le regard échangé un instant entre la Muse et le Dieu la laissa pantoise. Elle savait bien assez lire dans les yeux des hommes pour y voir le désir et la flamme ardente de la passion.
      Une fois les Muses éclipsées derrière le décor, la vicomtesse accrocha gaiement son amie, pleine d’euphorie dans la voix :

      -Melle de Leeds ! Mes sens m’auraient-ils trompés où vous preniez bien à cœur votre rôle ce soir ? Depuis combien de temps ce jeu-là vous occupe-t-il ?
      Amy qui lisait bien la curiosité dans le regard de son amie chère, et savait que c’était bien là son plus grand vice, laissa tinter un petit rire joyeux et dit simplement :
      -Rien de tel, Melle de Comborn, rien de tel !
      Puis elle s’en fut négligemment, laissant derrière elle son amie rire à son tour de tant de mystère, tout en sachant bien que l’affaire n’en resterait pas là et qu’il lui faudrait bien parler !

    Peu de véritables amitiés à la Cour de France et dans la vie d’Evangéline, mais Miss of Leeds fait partie de ces exceptions qui confirment la règle…
    Les deux coquettes se sont rencontrées dans les salons d’Henriette d’Orléans appréciant à leur juste valeur leurs goûts communs pour la culture française pour l’une et la culture anglaise pour l’autre. Puis elles se distinguèrent toutes deux par le plaisir pris lors des bals et des fêtes, leur volonté d’étinceler et de créer l’événement. De là, elles se mirent à partager les plaisanteries et les murmures derrière l’éventail, que de bonne humeur ! Ainsi Amy est devenue sa plus chère amie à Versailles, elles n’hésitent plus à se verser dans les confidences sincères sans crainte de voir tous leurs moindres secrets ébruités tout aussitôt. Malgré toute cette confiance mutuelle et bien souvent à grand regret et culpabilité, Evangéline tait ostensiblement son rôle d’espionne à son amie. Les fuites sont toujours possible à Versailles même lorsqu’on s’y attend le moins.
    Lorsque l’Anglaise devint la maîtresse, puis la favorite du souverain, Melle de Comborn fut loin de s’en réjouir pour elle car les ombres de Versailles sont tenaces et violentes et en entrant dans le lit du Roi, on y rentrait avec toute la Cour… Et puis, c’était peu dire que de qualifier Louis de volage ! Evangéline, sûre de sa position en Cour, n’hésita pas longtemps (mais elle hésita quand même, il faut bien souligner autant les forces que les faiblesses !) à soutenir ouvertement la favorite face aux partis de la Reine-mère et de la Reine, ainsi que des autres intrigantes qui se seraient bien vue dans ses souliers. Et si donc, comme je le disais, elle hésita, son soutien, son épaule et sa parole donnée elle ne revient pas en arrière et Amy sait pouvoir compter sur son amie autant que celle-ci sait pouvoir compter sur la comtesse anglaise. En devenant d’ailleurs sa marraine de Cour à l’occasion de son élévation au duché de Guyenne, Evangéline marque un pas de plus dans le camp de l’anglaise et devient, après le Roi mais ils ne jouent pas dans la même catégorie !, son premier appuis de poids dans l’environnement curial et inévitablement en s’affichant ainsi récolte tous les détracteurs de Miss of Leeds qui deviennent aussi les siens…



      Le parfum qui flottait dans l’air était si capiteux qu’une migraine, auxquelles Evangéline était facilement sujette, naquit dans les tempes de la vicomtesse. La nausée n’était plus loin. Instinctivement, les narines agressées par une si violente odeur, elle se retourna pour savoir qui pouvait bien porter en public une telle insulte au bon goût ! Ah la voilà l’impudente qui passait juste sous la truffe d’Evangéline au bras d’un bel homme ! Elle interrogea une baronne avec laquelle elle était tout juste en train de converser :
      -Qui est donc cette dame en tenue vermeille?
      -Madame de Murcia, avec son époux, ils viennent tout juste d’être introduits à la Cour…
      -Pourrait-elle porter plus de bijoux avant que son cou ne plie sous le poids ?
      La baronne goûta fort ce mot et se promit de le répéter à la prochaine occasion. Il était vrai que Monica de Murcia avait mis les petits colliers dans les grands pour son entrée à la cour du Roi de France : émeraudes, rubis, diamants, on ne pouvait guère faire plus en matière de paradis pour orfèvre ! Sa robe même à elle-seule était un chef d’œuvre, les murmures se pressaient derrière elle et l’on sentait bien à son port de tête qui s’élevait chaque seconde un peu plus que Madame de Murcia aimait cette attention. Chaque objet prit séparément aurait été d’une beauté divine mais de l’ensemble s’élevait plutôt une impression terrible de cacophonie…
      Hélas, le mieux est l’ennemi du bien, on avait bien compris que la nouvelle arrivée aimait les belles choses, mais les portaient bien mal, malgré son fort joli minois.
      Et lorsque finalement, ni la vicomtesse, ni la baronne ne furent saluées comme il aurait été attendu, voire même presque bousculées, Evangéline referma sèchement son éventail et le frappa dans la paume de sa main en signe d’indignation :

      -Je ne connais point les manières d’Espagne, mais celles de France me semblent bien plus honnêtes.
      La dame était déjà trop loin pour l’avoir entendue, mais la vicomtesse entendait bien lui faire payer son arrogante vanité à chaque rencontre, Dieu fasse qu’il y en ait le moins possible !

    Prononcez le nom de Monica de Murcia devant Evangéline et vous verrez inévitablement ses deux yeux se lever vers le ciel et son éventail se raidir quelque peu avant de s’agiter plus fort pour signifier ostensiblement son agacement. A priori pourtant, les deux courtisanes partagent bien des plaisirs similaires : le goût de la danse, de la fête et des potins… Malgré tout, si quelques goûts en commun devaient rapprocher les personnes à Versailles, cela se saurait !
    Aux yeux d’Evangéline, l’Espagnole manque singulièrement de panache… Il lui semble que ses conversations sont bien toujours limitées à savoir qui dort dans le lit de qui, qui a la plus belle soie des Indes et la plus chère parure de perles… Alors certes, Evangéline goûte fort ces histoires croustillantes à souhait, mais elle qui aime à deviser de lettres et d’esprit, là où Monica passe, le bon goût trépasse. Evangéline la juge à la limite de la vulgarité, dans son sens le plus étymologique du terme, c'est-à-dire commune, sans noblesse d’attitude. Ni retenue, ni spiritualité, presque sans dignité. Tout n’est que vanité et superficialité, des qualités qu’Evangéline possède elle-même mais elle se désole de voir que sous ce personnage dont on gratte la première couche, la plus apparente, il n’y a rien. On pourrait certainement lui remplacer la cervelle par une fiente de pigeon que personne n’en verrait plus de différence… Et pourtant ! Monica a un avis sur tout et se croit obliger de le donner même lorsqu’il sonne le plus creux ! Comment si peut d’intelligence peut-elle trouver sa place au sein de la plus grande Cour du Monde ?
    Evangéline pourtant maîtresse dans l’art de la dissimulation et de l’hypocrisie des sentiments a bien du mal depuis quelques mois à faire semblant. Oh, elle reste toujours courtoise mais ses phrases se font assassines, mauvaises, lorsqu’elle s’adresse à Mme de Murcia. L’autre bien sûr, contrairement à ce que pense Evangéline, n’est pas stupide et riposte, bref chez les courtisans les plus prudents on en vient à ne pas les inviter en même temps pour éviter d’avoir à faire à un festival de piques toutes plus sanglantes les unes que les autres. Chez les courtisans les plus hardis et les plus joueurs, on se délecte en revanche d’assister à de si bons moments de plus pure haine déguisés sous des couverts aimables et polis mais qui ne trompent personne. On prend même des paris, avec de l’argent en jeu !, derrière leur dos quant à savoir qui aura le dernier mot lors de leur prochaine rencontre ! Et vous ? Sur qui misez-vous ?



    « Que diable, vous êtes à Versailles ! »

    Un paradis ou un enfer versaillais ?
    On dira, plus tard, que l’Enfer c’est les autres… Pour Melle de Comborn, cet Enfer a tout le goût du Paradis ! Où trouve-t-on les discussions d’esprit les plus délectables ? Tant d’artistes de renom ou bien de jeunes talents prometteurs ? Tant de pourritures sous les dorures ? Tant de visages d’anges agités de vices ? Evangéline aime observer son semblable, le déchiffrer comme un code, pour mieux le comprendre et apprendre.
    Versailles est certainement un Enfer pour ceux qui n’en connaissent pas les règles ou qui les subissent à leurs dépens. Evangéline n’a pas inventé ces règles mais a su les intégrer, les suivre pour mieux les briser, les faire siennes. Il faut dire qu’elle a bénéficié d’anges gardiens qui lui ont appris les ficelles du métier, mais son audace a fait le reste.
    Elle prend la rudesse de Versailles à bras le corps et s’enivre de tant de dangers mêlé à tant de plaisirs. Les bals enivrants, les mascarades impertinentes, les coteries dangereuses, autant de jeux bien loin d’être innocents et qu’elle pratique avec autant de saveur que de prudence.

    Vérité ou fantasme du complot ?
    Depuis la bonne décennie où elle se trouve à Versailles, Evangéline a appris à faire la distinction entre le vrai et le faux, elle-même prêchant souvent le faux pour savoir le vrai… Les murmures courent dans les couloirs, dans les salons, mais si elle avait dû écouter toutes les élucubrations des courtisans depuis son entrée en fonction au service du Roi : on aurait enterré mille fois le pauvre monarque !
    Ses indicateurs et Charles d’Artagnan en tête semblent être pris d’une certaine agitation, nervosité, anxiété même depuis quelques mois… Du complot qui gronde quelque part dans Paris, à Versailles même, elle n’en connaît pour l’instant que des bribes… Assez pourtant pour pressentir qu’il lui faudra toute son énergie, tout son zèle et toute son expérience au service de l’intrigue pour y être utile. Ses yeux et ses oreilles sont en alerte permanente, mais elle attend d’en savoir plus, de recevoir ses ordres pour pouvoir passer à l’action efficacement. Ceci ne saurait trop tarder…

    Plutôt colombe ou vipère ?
    Oh comme vous y allez ! Mais enfin, s’il faut choisir, Evangéline est bien plus animal à sang froid, toujours prompt à dégainer sa langue que la blanche et pure messagère de paix… Les rumeurs, les ragots, elle s’en délecte, elle les renifle la truffe au vent comme un chien de chasse aux abois, près à lancer l’hallali, la mise à mort… Allons, vous qui dites n’y goûter guère, ni y prêter l’oreille : ne seriez-vous pas plus hypocrite encore que la vicomtesse qui cajole, enjôle et frappe ? Peut-être que si vous dîtes vrai, dans ce cas vous n’avez pas grand-chose à faire à Versailles… La demoiselle est comédienne à ses heures perdues et pourtant la Cour est la plus belle scène du monde, les représentations y sont permanentes ! Alors vraiment ? Quand il s’agit de vous abattre pour rester dans la course ? Allez vous vraiment vous laisser faire ? Ne tirerez-vous pas le premier ?
    Les rumeurs sont la meilleure protection d’Evangéline, elles détournent l’attention de sa personne ou bien l’attirent, mais seulement si elle le désire. Car elle va même jusqu’à lancer de vraies, ou plutôt fausses, rumeurs sur sa propre personne par le biais de sa douce Eloïse qu’elle envoie papillonner dans tout le château. Alors inévitablement, la rumeur court, se répand, gonfle, et Evangéline, elle, à toujours une longueur d’avance…


    « Plus bas la révérence, plus bas. »

    ► Appellez-moi Evy! Wink
    ► 22
    ► Aussi souvent que possible! Tous les jours, postage RP 1 fois par semaine à peu près selon le boulot! Wink
    Ok (Steph) (Big Up pour Loulou! Razz )
    ► J'ai bidouillé un peu aussi les catégories de la fiche pour pouvoir reprendre les infos de l'ancienne, si ça ne convient pas, ô hautes autorités! Razz, je rectifierai le tir!



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Philippe d'Orléans


Philippe d'Orléans

« s i . v e r s a i l l e s »
Côté Coeur: Il a été brisé, piétiné et maintenant celui qui était à mes côtés est devenu mon ennemi. Quelle cruelle destinée !
Côté Lit: Le lit de mon palais est si confortable et accueillant !
Discours royal:



ADMIN TRAVESTIE
Monsieur fait très Madame

Âge : 27 ans
Titre : Prince de France, Monsieur le frère du Roi, Duc d'Orléans, de Chartres, d'Anjou, seigneur de Montargis
Missives : 10014
Date d'inscription : 03/01/2007


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MessageSujet: Re: Evangéline de Comborn__ So take me as I am   Evangéline de Comborn__ So take me as I am Icon_minitime24.03.09 13:04

J'ai pas pu m'empêcher de rire au big up de Loulou PTDR
Tu as remanié ta fiche à ta manière, ce n'est pas bien de ne pas respecter les ordres royaux, mais ça rend bien ainsi et j'adore les mini-RP de tes liens Very Happy

Sans l'ombre d'un doute, tu es revalidée cheers cheers
A toi Versailles pour ton rang, scénar', liens ... et posts bien sûr !
Bon jeu Mademoiselle Danseuse
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MessageSujet: Re: Evangéline de Comborn__ So take me as I am   Evangéline de Comborn__ So take me as I am Icon_minitime24.03.09 13:11

Merci, merci chère admin! Danseuse
Promis, je saurai faire pardonner mes libertés prises avec les ordres royaux!^^
Alors je réitère: Big Up pour Monsieur! Razz
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MessageSujet: Re: Evangéline de Comborn__ So take me as I am   Evangéline de Comborn__ So take me as I am Icon_minitime

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