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 L'intrigue, échiquier ou jeu de dames? [PV]

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MessageSujet: L'intrigue, échiquier ou jeu de dames? [PV]   L'intrigue, échiquier ou jeu de dames? [PV] Icon_minitime01.02.10 17:12


    La mélodie cadencée des talons de la vicomtesse sur le carrelage du long corridor donnait à elle seule son humeur du jour ou plutôt, dans le cas présent, de la matinée à peine entamée. Celle-ci était décidée et plutôt enjouée à défaut d’être tout à fait légère. L’on était dimanche et il était fort tôt, le frileux soleil d’hiver peinait à poindre sur le Trianon perdu dans son écrin de verdure. Evangéline de Comborn était elle sur pied depuis plus d’une heure et demi, il lui fallait bien cela pour paraître enfin abluée, corsetée, poudrée, parfumée et coiffée. Fort heureusement, la courtisane se pliait assez complaisamment à ce type de contraintes, d’autant plus qu’elle ne dormait jamais guère jusque tard, souvent éveillée en même temps que les discrètes petites âmes qui animaient le château dès la fin de la nuit.

    Les rendez-vous du dimanche étaient doubles : il y avait bien évidemment la messe hebdomadaire immanquable à laquelle assistait non seulement toute le Cour mais également toute la famille royale, cette dernière présence étant la cause évidente de la première : Sa Majesté était fort à cheval sur ce principe, son œil affûté balayait la dévote assistance et gare à celui qu’il n’y voyait pas ! Evangéline n’avait certainement pas envie de se voir remontrer en public, ça jamais ! Espionne ou pas, pas de traitement de faveur lorsqu’il s’agissait de chanter les louanges du Ciel, elle y aurait droit comme tout un chacun et préférait plutôt afficher pendant une heure une mine contrite de Madonne… La messe dominicale ne sonnerait que dans quelques heures, elle avait donc encore le temps mais pourquoi donc ?

    Rendez-vous double, vous disais-je donc, en ce dimanche matin. Le second était d’une tout autre nature, car ce n’était pas avec Dieu qu’elle allait converser en tête à tête mais certainement avec un des suppôts de Satan… A en croire quelques maris cocufiés, quelques pères aux filles déshonorées, cela ne faisait aucun doute ! Evangéline sourit à cette pensée. Si l’Enfer était peuplée de créatures aussi délicieuses que ce suppôt là, elle était bien prête à se faire hérétique sur le champ !
    Guillaume du Perche était-il un ange, était-il un démon ? Voilà des années que la vicomtesse ne se posait plus ce genre de question à son égard et constatait avec désolement qu’il n’était ni plus ni moins qu’un homme fait de chair.
    Une chair qui le titillait drôlement et qui pour le coup mettait le Diable au corps de bien des jeunes filles et femmes d’âge tendre ou d’âge mûr… Une chair qui lui faisait souvent oublier où se trouvait sa tête, selon l’opinion d’Evangéline, et qui l’avait mis dans de biens sales draps encore peu de temps auparavant. Les femmes n’étaient que l’arbre qui cache la forêt ! Si seulement il s’en était tenu à galoper les jupons ! Il courait également après l’argent, le jeu, la bagarre et, en conséquence, les ennuis… Ou plutôt était-ce alors l’inverse…

    Quelle genre de relation une dame aussi respectable que Mademoiselle de Comborn peut-elle donc entretenir avec un homme si peu fréquentable, de si bonne heure et à l'autre bout du parc ? Ôtez ces vilaines idées de votre esprit car il n’en est rien !
    Cet entretien hebdomadaire était instauré entre eux depuis que l’homme avait rejoint les rangs des agents du Roi, grâce à l’entremise de la vicomtesse. Cette habitude prise était plutôt insolite, elle ne s’y soumettait guère qu’avec Charles d’Artagnan, capitaine des mousquetaires qui l’entretenait au plus près des événements inquiétants ou du moins méritant toute sa vigilance. Mais Guillaume du Perche n’était pas de la trempe du mousquetaire, il tenait souvent plus du chien fou que du vieux briscard avisé… Aussi, Evangéline, pour prévenir toute initiative malheureuse, préférait discuter avec lui de leurs affaires en cours et de la meilleure conduite à adopter. Dans cet échange, la concertation avait la part belle et si elle mettait un point d’honneur à tempérer ses ardeurs aventureuses, il avait assurément voix au chapitre et Evangéline prenait la plupart du temps compte de ses remarques et autres suggestions.

    La voilà justement qui arrivait dans le couloir qui menait aux appartements de Mr du Perche…
    Alors qu’elle tournait à l’autre bout du corridor, elle se raidit et se recula dans l’ombre.
    La silhouette d’une jolie nymphe se découpait dans la pénombre à peine éclairée de quelques chandelles. Elle se tenait devant la porte, ô hasard, où Evangéline comptait se rendre, et adressait des « au revoir » langoureux à l’embrasure de la porte. Tapie dans son coin de mur, l’espionne plissait au mieux ses yeux de chat afin de parvenir à identifier la galante à la mine bien chiffonnée de qui n’a pas dormi chrétiennement dans son propre lit… ! Ce n’était pas l’espionne qui exerçait sa vue mais bien la courtisane, elle mourrait d’envie de savoir quelle pimbêche venait de prendre du bon temps, cela pourrait toujours faire des discussions un peu croustillantes les soirs de salons ennuyeux comme la pluie…
    L’occasion était bien trop belle pour se concrétiser jusqu’au bout : la demoiselle s’en fut de l’autre côté du couloir et Evangéline, dépitée, la vit s’éloigner de dos.
    Ce ne fut que lorsqu’elle eût disparu au virage que la vicomtesse consentit à s’avancer vers les appartements de Guillaume, peut être pourrait-elle lui tirer les vers du nez… A peine avait-elle fait quelques pas que la porte s’ouvrit de nouveau pour laisser passer une brunette minaudant elle aussi à l’embrasure, s’adressant à quelqu’un à l’intérieur.
    Deux ???? Evangéline s’était arrêtée tout net au beau milieu du passage, l’air aussi abasourdi que celui d’une chouette. Lorsque la jeune fille se retourna encore béate et le cœur sur les lèvres, elle tomba presque nez à nez avec les yeux pétrifiants de Méduse tandis qu’un sourire un tantinet narquois ornait la bouche de celle-ci.


    -Mademoiselle de Lattre, vous être bien matinale !

    Ladite mademoiselle était mortifiée, la réputation de la vicomtesse n’était plus à faire à Versailles et elle savait qu’elle venait de signer sinon son arrêt de mort, son déshonneur.
    La jolie poupée se mordit les lèvres comme une enfant prise en faute et tandis que les larmes commençaient à embuer son regard, Evangéline abrégea ses souffrances :


    - A tout à l’heure à l’office ma chère… Et ne craignez pas, votre secret est sûr avec moi…

    L’air visiblement soulagé, l’adolescente allait se confondre en remerciements mais Evangéline la congédia d’un haussement de sourcils bref et elle s’exécuta sans broncher, mieux valait ne pas laisser passer une telle occasion de salut. Mademoiselle de Lattre la dépassa la tête basse et la vicomtesse songea à sa promesse : bien sûr qu’elle ne dirait rien, du moins pour le moment car si le père de cette sotte lui adressait de nouveau une pique malheureuse, elle sacrifierait gaiement l’oie blanche sur l’autel de la riposte…

    Evangéline se dirigea enfin vers la porte du comte du Perche, s’attendant presque à voir surgir une troisième larronne ! Sûre au moins d’y trouver son propriétaire, elle allait gratter doucement le panneau de bois mais avisa que celui-ci était resté légèrement entrebâillé. Elle ne résista pas à la malice et pénétra à l’intérieur avec discrétion. Une fois dedans, une silhouette familière lui tournait le dos. Décidemment d’humeur fort taquine ce matin-là, elle claqua vivement la porte derrière elle faisant un boucan de tous les Diables.


    - J’ignorais les nouveaux usages de vos appartements, cher comte ! En aurais-je eu connaissance, je serais venue bien moins vêtue… et surtout pas seule…

    L’ironie qui transpirait de ses paroles se lisait également dans le sourire en coin qui se dessinait sur son visage. Droite, le menton légèrement relevé, elle toisait avec suffisance et défi sa connaissance de bien longue date, d’une époque où il ne songeait pas encore aux femmes mais tout de même bien aux quatre cents coups.

    - J’ose espérer que vous vous êtes remis de vos émotions, car nous avons fort à faire…


Dernière édition par Evangéline de Comborn le 19.01.11 9:52, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: L'intrigue, échiquier ou jeu de dames? [PV]   L'intrigue, échiquier ou jeu de dames? [PV] Icon_minitime27.02.10 17:58

L'intrigue, échiquier ou jeu de dames? [PV] Tudors01b L'intrigue, échiquier ou jeu de dames? [PV] Ndorm00
« L'amitié consiste à tout savoir sur l'autre sans besoin de demander »

Dimanche, jour du Seigneur où il fallait se tirer à quatre épingles pour jouer les dévôts devant l'autel de la Chapelle, écouter un sermon soporifique et croire aux autres que l'on écoute ardemment. La chapelle de Versailles, la meilleure scène de théâtre où tous jouent et beaucoup, durant leur pseudo-prière, pensent à leurs débauches de la veille, au beau jeune homme du bal de la veille, à se demander ce que se cache sous cette innocente robe de la jeune comtesse trois rangs devant nous … Qui prie vraiment son salut pour le Seigneur ? La Reine peut être, on la dit si pieuse. Mais après ? Ils doivent se compter sur le doigt d'une main les véritables fidèles du Tout Puissant, ou alors nombreux mais ne pensant pas vraiment à sa prière un dimanche matin, occupé par des problèmes ou des débauches de la veille. Comme ce jeune homme dans son lit, à peine réveillé aux côté de, non pas une, mais deux ravissantes créatures. Autant dire qu'il n'avait pas envie de s'en repentir tout à l'heure pour avoir pêché de la sorte. Vu l'ardoise qu'il devait à Dieu … Celle-ci était aussi longue que celle d'un ivrogne dans un troquet de Paris ! Et plus encore, il lui faudrait plusieurs vie pour s'en absoudre, à moins de se retirer dans un monastère sur le champ. Ce n'était absolument pas dans ses intentions, il aimait trop la vie pour la gâcher de la sorte.

Il s'assit dans son grand lit et sourit à la vision des deux nymphes endormies presque l'une contre l'autre. La débauche pouvait avoir une limite ? Voilà la question de la veille lorsque, à l'hotêl particulier d'un de ses amis dans Versailles, le comte du Perche eut cette question avec de Marillac, un garçon de bonne famille et dont les dettes d'argent sont connus partout où il allait. D'ailleurs, il était interdit de jeu comme ce soir et ne pouvait que manger, boire, danser ou faire la conversation. Un verre de Bourgogne à la main, il posa les limites de la débauche à un Guillaume, toujours prêt à relever les défis qu'on lui donnait, quitte à se retrouver à la Bastille une nouvelle fois. Aujourd'hui, il n'attendrait que quelques heures avant qu'on l'en sorte … Enfin jusqu'au jour où le Roi n'en pourra plus de ses frasques. Pour l'instant, l'immense prison parisienne ne l'avait vu qu'une seule fois et il n'y avait croupi que quelques jours alors il avait encore de la marge ! Et ce soir, tout semblait possible. Guillaume cherchait un moyen de trouver une solution alors qu'il proposa une danse à une jeune fille aux traits doux et à la coiffure bien étudiée pour emprisonner des magnifiques cheveux de jais. Elle était de ces adolescentes naïves, s'imaginant des romans à partir d'un simple sourire et d'une danse. Le beau brun aimait ce genre de filles qui, bien que candides, pouvaient tout accepter pour un amour sans lendemain. Et alors que la musique prit un autre air, il laissa la jolie brune sur un compliment savamment étudié, qui a fait ses preuves et dont chacune pensait qu'il était unique. Et à la recherche d'une nouvelle cavalière, voici une blonde en plein bavardage avec d'autres demoiselles. Ses cheveux reliés en une longue tresse exposait au monde entier une magnifique nuque tandis qu'elle riait tel un tintement de cloches. Elle aussi fut invitée à danser, à être complimenter et rougir. Guillaume passa sa soirée entre l'une et l'autre à danser, bavarder, charmer comme il savait si bien le faire jusqu'à ce que Marillac, observateur de ce manège, l'attrape par la bras pour lui parler

« Il va falloir faire un choix entre la brune et la blonde, cher Comte ! »

Guillaume ne fit que sourire et repartit puisque la soirée ne pouvait se terminer ainsi. Il avait un petit projet en tête mais il devait d'abord le soumettre à ces demoiselles. Il commença par la jolie brune, elle voulait bien le suivre. Et la blonde aussi, prête même à le partager. Une d'acquise sûre, mais l'autre parut hésitante pour finalement acquiescer à son tour. Avant de partir, il dut dire au revoir à son compagnon de soirée.

« Sachez que mon cher, qu'en matière d'amusement, le choix ne se limite pas à un. Rappelez vous en. »

Et il partit, un sourire triomphant sur le visage. Il aurait pu en choisir une, il avait pris les deux. Deux demoiselles peu farouches dans la chambre de l'espion qui n'en aurait pas demandé tant.
Et en cette matinée encore peu entamée, il s'étira, heureux de lui et de sa nuit. Se levant sans un bruit, Guillaume prit soin de faire une petite toilette et de s'habiller d'une robe de chambre de soie noire. Le temps de revenir, la brune nymphe se réveillait et remettait sa chevelure en arrière pour montrer un visage encore endormi. Il s'assit sur le lit et sourit avant de partir dans un chuchotement.

« J'espère que vous avez bien dormi, Mademoiselle d'Alincourt. Je vous demanderais bien de rester parmi nous mais Dieu et les affaires m'appellent. Et il vous faut rentrer avant que l'on découvre que vous avez découché. »

La demoiselle hocha de la tête avec un sourire béat avant de se lever, de se rhabiller et de se faire accompagner à la porte par Guillaume lui-même. Souvent il laissait Arthur, son cher homme à tout faire, s'en charger mais il pouvait bien le faire pour une fois. Quelques au revoir à la porte qu'il referma doucement. La deuxième devait aussi partir rejoindre son logement. Elle dormait toujours, le visage enfoui dans l'oreiller. Quelques délicates secousses la réveillèrent et elle se retourna pour offre un sourire enchanté à la première vision de la journée. Même discours à quelques mots prêts, Mademoiselle de Lattre fit de même et parti à son tour. Voilà comment commençait la plupart de ses journées, cela lui plaisait plutôt bien. Des appartements avantageux à Versailles, du moins au Trianon, cela attirait toujours l'œil et peu de personnes du sexe opposé avait refusé les visiter ! Enfin, après l'effort, voici le réconfort de manger quelques fruits et pâtisseries. Il n'avait pas refermé complètement la porte, simple oublie pour lui mais l'occasion pour certaines personnes d'entrer sans permission. Le claquement de porte le fit sursauter et il se retourna vivement et sourit à la vue de celle qui venait d'entrer. Il sourit et roula des yeux à la petite pique qu'elle lui lança à peine arrivée. Un simple salut de la tête et il répliqua à son tour.

« Vous auriez pu y penser plus tôt. Mais faites moi savoir lorsque vous laisserez dans une malle votre droiture, je ne voudrais pour rien au monde rater un tel spectacle. Quand la Débauche rencontrera la Comborn, joli titre. »

Il était presque d'usage de se parler de la sorte, les deux espions se connaissaient à l'époque où l'on ne pense qu'à l'amusement, rire et jouer, où l'apprentissage des codes de la noblesse sont aussi intéressant que la messe. Cela remonte à si loin mais leur amitié n'avait pas changé, Evangeline lui avait tout de même sauvé la mise en parlant de lui au Roi ! Et depuis ces années à espionner, il était devenu un rituel que la jeune femme vienne s'entretenir avec lui. Pour l'informer ou le tenir dans ses bêtises ? Qu'importe, il aimait leurs discussions et passer du temps avec elle. Il était si rare pour lui d'avoir comme amie une personne du sexe opposé, qui n'est jamais passé dans son lit qui plus est ! Si cela lui avait effleuré l'esprit une ou deux fois, tout fut aussitôt balayé. Et puis il n'était pas le moment d'y penser, le devoir l'appelait.

« Pour vous, je suis toujours prêt, laissez moi juste quelques minutes pour m'habiller de manière plus décente. A moins que vous vouliez vous mettre à l'aise … »

Si elle s'amusait à le toiser du regard, lui jouait sur le sourire malicieusement séducteur qui allait délicieusement sur son visage. Dans son chambre, dont il ne restait comme souvenir des demoiselles qu'un doux parfum dans l'air, Arthur avait préparé comment il allait s'habiller à la messe, d'un beau vert sapin et noir. La sobriété était de mise pour faire semblant de se repentir devant Dieu. Il ne lui fallut pas longtemps pour troquer sa robe de chambre d'intérieur en un bel habit et ressortir tout sourire pour commencer leur petite réunion secrète qui l'amusait autant que l'instruisait.

« Qu'ai je à savoir aujourd'hui ? Et surtout, que voulez vous savoir ? Je vous connais bien pour savoir que votre humour cache de nombreuses questions. Allons nous asseoir, je sens une conversation bien plaisante. »

Trois fauteuils trônaient près de la baie vitrée avec vue sur le grand jardin du Trianon vers lesquels ils se dirigèrent pour pouvoir discuter en paix.


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MessageSujet: Re: L'intrigue, échiquier ou jeu de dames? [PV]   L'intrigue, échiquier ou jeu de dames? [PV] Icon_minitime26.04.10 16:15

    Citation :
    « Vous auriez pu y penser plus tôt. Mais faites moi savoir lorsque vous laisserez dans une malle votre droiture, je ne voudrais pour rien au monde rater un tel spectacle. Quand la Débauche rencontrera la Comborn, joli titre. »

    Voilà que ça démarrait fort! Devait-elle s’en étonner, elle avait lancé les hostilités ! Eût-il été n’importe qui d’autre, elle l’aurait certainement souffleté pour lui jeter de tels propos au visage… Cela se pensait derrière son dos, elle aurait été bien en peine de gifler tout Versailles !
    Plus rien ne pouvait l’étonner de la part de Mr du Perche, à part si, peut-être, s’il venait un jour à s’appliquer à lui-même ladite droiture, voire chasteté. Elle savourait l’acidité délectable de ces piques qui fusaient comme autant de marques d’une amitié ancienne et solidement ancrée.


    Amusée autant par les paroles de Guillaume que par le souvenir de ces deux biches se faufilant hors de ses appartements, Evangéline laissa échapper son rire qui rebondit comme une cascade tandis qu’elle ôtait ses gants protégeant ses mains du gel.

    Citation :
    « Pour vous, je suis toujours prêt, laissez moi juste quelques minutes pour m'habiller de manière plus décente. A moins que vous vouliez vous mettre à l'aise … »

    Approchant de l’âtre flamboyant ses paumes pour les réchauffer, la vicomtesse s’amusa :

    - La bien charmante invitation ! Serais-je venue accompagnée de Mr d’Artagnan pour vous entretenir de nos affaires, lui auriez-vous fait la même proposition ?

    Assurément, Guillaume aurait eût à en répondre rapière en main ! Et Charles d’Artagnan était un féroce gaillard malgré son âge respectable !
    Evangéline aurait payé cher pour voir la tête d’ange de Guillaume songeant à cette situation cocasse mais il était trop tard, il venait déjà de passer à côté pour se changer.


    Profitant de ces quelques instants de solitude dans le salon du plus grand séducteur de Versailles toute catégorie (des valets aux ducs, en passant par les gardes suisses, mousquetaires et cuisiniers), Evangéline laissa voguer son regard sur les tentures, tableaux, guéridon et statuettes.
    Une d’entre elles représentait un Faune de Bacchus enserrant lubriquement par la taille une Nymphe mi-farouche mi-consentante. La vicomtesse haussa les sourcils d’un air entendu avec elle-même et esquissa un sourire narquois.
    Même la décoration était une ode à un déchaînement des sens !

    Enfin son appétit commença à la titiller lorsqu’elle considéra la petite table sur laquelle était déposée une foultitude de gourmandises. Elle avisa particulièrement une petite corbeille en osier remplie à l’excès de pâtes d’amandes colorées. Elle en saisit une nonchalamment et la croqua.
    Elle songea à sa première réplique et lança, d’un ton badin, mais légèrement plus fort afin de se faire entendre malgré la porte entre eux :


    - Vous avez une bien curieuse philosophie Du Perche, savez-vous ? Quoique bien banale pour ceux de votre sexe en réalité !
    Vous autres, hommes, pensez tout connaître des femmes pourvu que vous les ayez vues en tenue de Vénus… Somme toute un peu primaire non ?
    Vraiment, j’ignore pourquoi la Création vous fait raisonner ainsi, c’est un bien grand mystère, que je ne renonce toutefois pas à résoudre !


    Et piochant de nouveau dans les friandises colorées (tant pis pour la messe à jeun!), puis léchant ses doigts collants pour les débarrasser de leur sucre, elle rajouta un peu plus bas :

    - Et dire que ces primates prétendent nous gouverner nous…

    C’est alors que le comte sortit dans ses vêtements du dimanche. Elle hocha la tête d’un petit air appréciateur. Bon sang ! A le voir ainsi, propre sur lui, le cheveu soigné, il donnait presque le change ! Mais le père qui officiait n’était pas dupe, la réputation de Du Perche le précédait !
    Evangéline se délectait en secret du froncement de sourcil systématique qu’il affichait lorsque Guillaume présentait son visage le plus dévot au moment de l’eucharistie… Au fond de lui, le vieil homme d’Eglise devait souhaiter qu’il s’étouffe avec !


    Citation :
    « Qu'ai je à savoir aujourd'hui ? Et surtout, que voulez vous savoir ? Je vous connais bien pour savoir que votre humour cache de nombreuses questions. Allons nous asseoir, je sens une conversation bien plaisante. »

    Evangéline suivit son hôte et s’assit sur un des fauteuils qu’il avait désigné. Le soleil commençait à poindre en les arbres et les bosquets, dans le ciel clair les étoiles commençaient à disparaître : la journée serait belle.

    Comme à son habitude, lorsqu’il s’agissait de parler des affaires de l’Etat, la voix de l’espionne se baissa sensiblement sans qu’elle s’en rende compte. Depuis le temps…


    - Vous devinez bien… Vous n’êtes pas sans savoir qu’on murmure beaucoup ces temps-ci dans le château… Des foutaises, ça bien assez, comme toujours ! A trier le bon grain de l’ivraie, il me semble de plus en plus que les germes de la malice et du complot se plantent sûrement…
    Peut-être mes sens ne sont plus très fiables après tant d’années de doutes fondés et non-fondés ! Et puis, la rumeur du complot contre la majesté royale n’est pas inédite !
    L’autre jour encore, son poisson n’était pas très frais, on l’a crû empoisonné ! J’aimerais avoir votre sentiment là-dessus, car j’ai du mal à entrer en contact Charles d’Artagnan ces temps-ci _ toujours quelques manœuvres le tiennent loin de Versailles !_ et j’ignore si ce sont mes intuitions qui me jouent des tours !


    A dire ceci, son agacement était palpable. Rien ne mettait plus ses nerfs à rude épreuve que d’imaginer les yeux et les oreilles de l’ennemi partout et nulle part à la fois, de trop poursuivre une piste au risque de négliger celle qu’il aurait fallu suivre !
    L’effervescence de la Cour autour de cette rumeur de complot était trop inhabituelle pour ne pas y prendre garde, mais la Cour savait être si futile aussi… !


    - Quoiqu’il en soit, vous n’êtes pas sans savoir qu’un bal se prépare… Masqué devrais-je préciser ! Et que le roi compte y participer et se mêler à la foule de façon anonyme !

    Son regard insistant parlait pour elle, si elle n’avait pas eu tant de respect pour Sa Majesté, elle aurait volontiers poursuivi sa phrase en le traitant d’imbécile et d’inconscient ! Ceci dit, sa devise « Supérieur à tout autre » indiquait clairement qu’il ne s’embarrassait pas de la volonté d’autrui et ses espions, plus que quiconque, le savaient bien !

    - J’aimerais que vous sachiez, vous, d’une manière ou d’une autre, qui il est dans cette mascarade et que vous le gardiez à l’œil…

    Elle marqua un temps de pose et leva des yeux circonspects vers Guillaume :

    - Constamment à l’œil j’entends ! N’allez pas jouer les jolis cœurs auprès d’une jolie biche… Une soirée, ce n’est pas tant demander n’est-ce pas ?! N’ayez pas la tête trop basse ce soir là, par pitié !


[Promis je ne mettrai pas tant de temps à répondre la prochaine fois! ]


Dernière édition par Evangéline de Comborn le 19.01.11 9:53, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: L'intrigue, échiquier ou jeu de dames? [PV]   L'intrigue, échiquier ou jeu de dames? [PV] Icon_minitime05.06.10 15:26

Assurément, Evangéline n'avait pas la langue dans sa poche et le faisait bien savoir ! Il serait n'importe qui d'autre, il aurait été piqué à vif dans sa dignité. Mais deux amis d'enfance comme eux ne pouvaient se fâcher pour si peu. Au contraire, cette petite joute verbale les amusait, ils se lancaient des piques mais sans vouloir se faire de mal, juste jouer. Et Du Perche s'y connaissait en jeu, lui qui passait son temps des cartes entre les mains, que cela se passe à Versailles ou dans les bas fonds parisiens. Mais là, il avait une adversaire de taille, à la fois coriace et adorable. Lorsqu'il partit pour se vêtir convenablement, elle en profita pour saisir au mot ses dires et renvoyer aussi sec comme une balle au jeu de paume.

« La bien charmante invitation ! Serais-je venue accompagnée de Mr d’Artagnan pour vous entretenir de nos affaires, lui auriez-vous fait la même proposition ? »

Il passa la porte sans rien dire mais avec un air à la fois surpris et dégoûté. Assurément qu'on ne demandait pas à d'Artagnan de se mettre à l'aise, ce serait fortement indécent par rapport à sa position, son caractère et … son âge. Guillaume esquissa un sourire à cette image cocasse et si drôle à la fois. Il aurait bien voulu répondre mais ce serait trop tard, il ne sert à rien de répondre avec quelques temps de retard, ce serait plus pathétique qu'autre chose. Il valait mieux la laisser sur sa petite victoire et penser à s'habiller. Sobrement, nous étions dimanche et jour de messe. Point de vives couleurs ou de grands fanfreluches, il fallait paraître dévôt. Personne n'était dupe à son sujet, pas même le Roi, mais puisqu'il fallait se plier aux règles de la société autant le faire jusqu'au bout. Et puis n'avait-il pas la belle Angélique ? Pour elle, il ferait tout son possible pour paraître tel un saint, à l'écoute des sermons et les approuvant d'un hochement de tête et en les mettant à sac le soir même. Au diable les sermons, une seule vie se présentait et il fallait en profiter. Telle était la philosophie de vie de Du Perche, ce charmant homme toujours célibataire qui s'habillait avec son apparat du dimanche en compagnie de son serviteur de toujours, Arthur qui n'avait pas sa langue dans sa poche pour un domestique. Ce dernier rit sous cape en repensant aux piques lancées par Mademoiselle de Comborn envers son maître bien égratigné.

« Vous avez une bien curieuse philosophie Du Perche, savez-vous ? Quoique bien banale pour ceux de votre sexe en réalité ! Vous autres, hommes, pensez tout connaître des femmes pourvu que vous les ayez vues en tenue de Vénus… Somme toute un peu primaire non ? Vraiment, j’ignore pourquoi la Création vous fait raisonner ainsi, c’est un bien grand mystère, que je ne renonce toutefois pas à résoudre ! »

Arthur parla tout bas en guise de réponse.

« Ainsi donc il y en a d'autres … »
« Je vous entends et avant que vous poursuiviez, je tiens à vous prévenir que j'ai assez d'une pour s'acharner sur moi ! »
« Pour une fois qu'une femme intelligente se pointe chez vous, je peux bien me permettre des réflexions. »

Guillaume soupira et après s'être coiffé, il sortit tout vêtu de blanc et gris, la sobriété à l'état pur. A ce moment précis, on lui donnerait le bon Dieu sans confession. Même Evangéline sembla d'accord puisqu'elle suspendit ses paroles.

« Et dire que ces primates prétendent nous gouverner nous… »
« Quand vous dites ''nous'' vous parlez au nom des femmes ? Voyons ma chère, vous le savez que si un homme règne sur des royaumes ou des empires, les femmes règnent sur les coeurs et elles ont davantage de pouvoir et d'influence. Que ne ferait-on pas pour une femme ? Et je tiens à dire que vous vous trompez sur une chose … »

Il s'approcha de quelques pas, laissant planer un petit flottement, un suspense pour mieux reprendre, tout sourire.

« Certains hommes n'ont pas besoin de voir une femme nue pour la connaître, juste soulever les pans des robes. »

Et il se mit à rire. En effet, certaines conquêtes n'attendaient pas de se rendre dans les appartements à l'abri des regards pour s'adonner à la débauche. Il suffisait d'un coin, d'une pièce tranquille pour faire son affaire. Si cela pouvait paraître choquant aux yeux de certains, c'était la vérité nette. Et pas besoin de blâmer l'homme, il y a aussi une femme dans l'histoire. Deux coupables à égalité, il ne faut pas jeter la pierre sur le même à chaque fois. Guillaume n'était pas une oie blanche, loin de là, mais il n'avait jamais forcé une demoiselle à quoi que ce soit ! Parfois, il avait menti, certes, mais un mensonge n'est pas grand chose, juste une vérité jamais réalisée ! Après tout, il était séducteur et n'allait pas se blâmer tout seul. Le reste du monde le faisait pour lui, même ses propres compères … Mais le moment n'était plus aux badinages mais à leur seconde vie, celles d'espions.

C'est grâce à Evangéline qu'il sortit de la Bastille et que le Roi lui proposait une liberté contre un service : le servir d'espion. Personne n'irait penser que le débauché Du Perche était un espion, lui amoureux de toutes les femmes, du jeu, des voyages et du grand monde. Loin de l'image des hommes discrets, peu enclin à se mêler à la foule … Et il a découvert que son amie d'enfance avait appuyé cette demande, elle lui a en quelque sorte sauvé la vie. Combien de temps aurait-il tenu au cachot de la Bastille ? Quand serait-il sorti ? Tout un tas de questions auquel il était heureux de ne plus s'en soucier ! Et aujourd'hui, il menait à bien ses missions et aimait lorsque son amie venait lui demander conseil ou discuter ensemble pour leurs enquêtes. D'ailleurs, cela commença par l'histoire du complot et du poisson. Guillaume avait lui-même cherché, il fallait toujours se méfier quand cela portait sur la santé du Roi ou d'un potentiel régicide. Assis en face d'elle avec vu sur les jardins du Trianon, le jeune homme l'écouta avec attention. Il est toujours bon d'être de bon conseil, ou du moins apporter sa petite pierre à l'édifice des doutes d'Evangeline.

« Vous non plus vous n'arrivez plus à joindre d'Artagnan ? Cela m'inquiète, j'ai beaucoup à lui dire mais ce vieux grigou agit en secret … »

Du Perche n'aimait pas quand les gens disparaissent de la sorte. Non pas qu'il s'inquiète pour le vieil homme, bien plus habitué à ce genre d'histoires qu'eux, mais prévenir ne coûtait rien car ils pourraient avoir besoin de lui à un moment ou un autre. Mais il fallait se concentrer sur le plus important de l'histoire.

« J'ai entendu cette histoire et je m'y suis intéressé. Sans grand succès mais je pense qu'il faut toujours se méfier. Un poisson peu frais n'est pas si rare après tout mais s'il s'agit d'une tentative d'empoisonnement, il faudra passer au peigne fin le personnel ayant accès aux cuisines. La liste serait longue et fastidieuse. Mais une chose dont je suis sûre est que votre intuition est intacte … Et ce n'est en aucune façon une flatterie ! »

Son sourire était franc et il préférait le préciser pour que la jeune femme ne pense pas qu'il la caresse dans le sens du poil. S'il le faisait avec beaucoup de monde, les potentiels contacts et les femmes, il était un homme direct et sincère avec ses amis et proches. Et ces derniers, il savait les déchiffrer dans les moindres détails, leurs expressions, sourires, peurs … Contrairement à ce que l'on pense, Guillaume était un fin observateur, il savait feindre l'intérêt dans une mauvaise conversation pour regarder l'entourage. Tout était une question de ne pas se montrer trop insistant ou indiscret, juste ce qu'il faut. Et là, il vit bien que Evangéline n'approuvait pas cette idée de bal masqué. Ce bal des Dieux dont tout le monde parlait, s'imaginait dans de grandes tenues, pensait démasquer le Roi … Un grand bal où Guillaume se trouvait comme un poisson dans l'eau. C'était donc l'occasion de faire le beau. Ou presque puisqu'il serait masqué, il jouerait au Roi. Cela serait d'une certaine manière une nouvelle technique de séduction où il ne jouerait pas en tant que comte du Perche mais en potentiel roi de France. Ce petit sourire en coin trahissait ses pensées pendant que la jeune femme lui en parlait mais sursauta en fronçant les sourcils puis faire une moue du genre presque innocent, du genre qu'il n'était absolument pas ce genre là. Mais Evangéline n'était pas dupe, heureusement qu'il avait une longueur d'avance.

« Mais pourquoi pensez vous tout de suite à mal ? Je connais mes priorités et la surveillance du Roi est capitale. D'ailleurs … »

Il laissa planer quelques instants de silence, le temps de manger une petite douceur avant de reprendre, fier comme un paon.

« Je suis déjà sur le coup. Je ne sais pas si vous connaissez les modalités du bal en détails mais le Roi a décidé de recruter dans la noblesse et les mousquetaires des jeunes hommes pour jouer les Rois. Ces hommes choisissent un Dieu de la mythologie grecque et apprennent à devenir notre souverain. Rien n'est laissé au hasard : maintien, danse si cher au Roi, l'histoire de sa vie pour ne pas se laisser piéger, le travail de la voix … Tout cela sous la coupe de Monsieur, Madame et la favorité, Mlle de Leeds. Savez vous la suite ? Je fais partie de ces hommes. Je serais parmi ces Dieux donc et je connais aussi le costume de sa Majesté. Il sera donc simple de le surveiller. »

Guillaume fit un grand sourire satisfait. Ses cours n'étaient pas de tout repos bien que le jeune homme dansait bien et connaissait le Roi. Pas assez dans ces domaines aux yeux des grands de la famille royale.

« Ai-je au moins votre autorisation pour danser ? »
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MessageSujet: Re: L'intrigue, échiquier ou jeu de dames? [PV]   L'intrigue, échiquier ou jeu de dames? [PV] Icon_minitime20.07.10 11:36

    Il fallait le voir notre ami Du Perche, excité comme un enfant (ou plutôt comme un prédateur) rien qu’à l’évocation de ce bal. Si Evangéline était partagée entre sa nature profonde de mondaine attirée par les lumières de la fête et ses craintes, légitimes, d’intrigante, son complice d’espion était lui entièrement convaincu.

    * Tu penses ! Il ne s’interdit déjà rien à visage découvert, alors sous un loup… Autant lâcher un coq dans un poulailler ! se dit-elle à elle-même tandis qu’un léger sourire narquois flottait sur ses lèvres. Tandis qu’elle songeait à ceci et riait intérieurement, voilà que la perspective de ce bal prenait un nouveau tour.

    « Je suis déjà sur le coup. Je ne sais pas si vous connaissez les modalités du bal en détails mais le Roi a décidé de recruter dans la noblesse et les mousquetaires des jeunes hommes pour jouer les Rois. Ces hommes choisissent un Dieu de la mythologie grecque et apprennent à devenir notre souverain. Rien n'est laissé au hasard : maintien, danse si cher au Roi, l'histoire de sa vie pour ne pas se laisser piéger, le travail de la voix … Tout cela sous la coupe de Monsieur, Madame et la favorité, Mlle de Leeds. Savez vous la suite ? Je fais partie de ces hommes. Je serais parmi ces Dieux donc et je connais aussi le costume de sa Majesté. Il sera donc simple de le surveiller. »

    Ses yeux s’écarquillèrent au fur et à mesure que Guillaume parlait, puis se perdirent dans le vide comme elle réfléchissait.

    - Cela change tout dans ce cas… Le roi sera alors à la fois plus exposé et mieux dissimulé. Plus exposé car sur toute une salle de bal et une multitude de déguisements, ses éventuels ennemis sauront sur qui frapper. Mais mieux dissimulés car je ne pense pas qu’ils prennent le risque de le viser frontalement alors que tous les regards seront braqués sur vous : Sa Majesté et ses avatars.

    Subitement, elle se souvint d’une information précieuse qu’elle avait presque négligemment laissé s’échapper. Elle considéra un long moment Guillaume du coin de l’œil, visiblement une question lui brûlant les lèvres.

    - Vous savez qui il sera, dites-vous… ?

    L’espion avait touché un point sensible notoire : la curiosité maladive de sa complice. Les yeux de celle-ci brillaient et l’envie de tout savoir les consumait. Pourtant, elle était tiraillée par le goût du mystère et du jeu… Elle se ravisa dans un soupir, bien que cela lui coutât, de toute évidence :

    -Non, n’en faites rien ! Je ne veux pas savoir, cela gâcherait tout…

    C’était visiblement elle-même qu’elle tentait de convaincre plutôt que Du Perche… Il ne fallut pas longtemps cependant à l’espionne pour reprendre le dessus sur la courtisane.

    - C’est malgré tout fâcheux pour nous car je comptais que vous enquêtiez de votre côté, sous couvert d’un masque, pour tromper la Cour et de fait, nos traitres. Mais les gens, et a fortiori ceux qui n’ont pas l’esprit clair, ne se confieront pas bien sûr à quelqu’un qu’ils pensent pouvoir être le roi…

    C’était d’une logique imparable, les comploteurs ne s’épancheraient pas sur leur traitrise à l’oreille du souverain potentiel… Ce serait sans doute donc à Evangéline de prêcher le faux pour dénicher le vrai et peut-être, avec beaucoup de chance, récolter des informations inespérées.
    Tout était prêt pour le grand soir, elle avait déjà prévu de changer bien des détails de son apparence afin d’être méconnaissable : talons un peu plus haut que d’habitude, couleur de sa chevelure, tonalité de la voix, poussant même le vice jusqu’à changer de parfum. Qui sait, sous couvert de cet anonymat et avec un petit miracle, peut-être pourrait-elle entendre et savoir des choses qu’une espionne de Sa Majesté ne devrait pas connaître autrement.

    Elle considéra Guillaume dont les étincelles du bal emplissaient déjà les yeux et rit:


    -Bien sûr que vous pourrez danser… A condition, évidemment, que vous me réserviez une danse !

    Avec un air presque maternel, quoique malicieux comme à son habitude, elle acheva de sermonner Guillaume :

    -Seulement, je vous connais assez bien pour savoir que lorsque vous trouvez une fontaine à laquelle abreuver votre soif, vous y plongez le nez, la tête et finalement le corps tout entier !
    Nos ennemis ne sont pas tous de sales coquins, avides de pouvoir et de tyrannie, dont la fourberie et la malice se liraient sur leur visage… De belles nymphes sont autant de jolies roses corrompues. Leur apparence est divine mais leur âme est noire comme la suie et vous risqueriez bien de vous y perdre si vous n’y prenez pas garde…
    Ne laissez pas votre… « altruisme » devenir un défaut plus qu’il ne l’est déjà, servez-vous en plutôt pour confondre ces garces, et elles sont légions…


    Sans doute, ces recommandations n’étaient elles pas si utiles qu’Evangéline se plaisait à le croire. Elle ne devait rien affirmer que Du Perche ne sache déjà. Pourtant, allez savoir, elle les pensait toutefois nécessaires. Elle craignait qu'il ne perde la raison à poursuivre une belle comploteuse. Pire! Qu'elle découvre son identité et qu'elle lui tire, elle, quelques précieux secrets. Les conséquences seraient déplorables bien sûr pour leur mission, pour la royauté mais évidemment pour sa carrière auprès du roi. Pour leur amitié également, une amitié vieille de plusieurs décennies, qu'Evangéline ne souhaitait pas voir en péril. Fort heureusement , nous n'en étions pas là! Mais elle préférait prendre les devants...

    Elle connaissait assez bien les écueils lorsqu’il s’agissait d’exercer ses talents d’espions au sein même de la Cour. Cela n’avait rien à voir avec Paris ou la province. La familiarité, la proximité avec les suspects pouvait finir par vous les rendre sympathiques, voire inoffensifs, presque jusqu’à oublier sa mission initiale. Pourtant les couloirs, les chambrées et les salons grouillaient de scélérats de la pire espèce, en complet ou en jupons, c’était évident. Evangéline avait quelques noms en tête, à surveiller… Des ambitieux déçus, des disgrâciés de jadis, d'anciens Frondeurs, même des princes de sang, bref tout une galerie de personnages hauts en couleur...
    Concernant ces gentilshommes, elle pourrait en faire son affaire, elle comptait bien sur Du Perche pour briser ces dames, à condition qu’il ne s’y brise pas lui-même.




Dernière édition par Evangéline de Comborn le 19.01.11 9:54, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: L'intrigue, échiquier ou jeu de dames? [PV]   L'intrigue, échiquier ou jeu de dames? [PV] Icon_minitime13.09.10 17:01

Du Perche avec une longueur d'avance sur sa complice, cela n'arrivait pas tous les jours. La jeune femme savait beaucoup de choses, connaissait les ficelles du « métier » depuis plus longtemps que lui. D'ailleurs, elle fut une sorte de mentor mais Guillaume apprenait vite et fit rapidement les choses à sa façon. Il ne fallait pas changer son mode de vie, rien changer à son caractère si ce n'est se montrer davantage observateur avec son entourage. Il l'était avant, avec l'oeil vif aux cartes relevait même du minimum vital. Espion lui convenait bien à son avis, personne ne pouvait se douter de sa véritable nature, outre celle de coureur de jupons et amateur de cartes. Dans le fantasme absolu, l'espion était représenté en personne secrète, discrète, peu enclin à la débauche, toujours sur ses gardes … D'Artagnan en somme ! Alors vous voyez, entre un Du Perche et un D'Artagnan, il ne s'agissait plus d'un fossé mais d'un océan ! Mais pour en revenir à son amie, Evangeline gardait toujours un oeil sur celui dont elle avait sauvé la vie il y a cinq années. Sans elle, nul ne sait combien de temps il aurait croupi à la Bastille … Et les dimanches avant la messe, elle venait le voir pour quelques comptes rendus, des conseils, le mettre au courant ou en garde. Il avait beaucoup d'ennemis, sans doute moins que le roi mais sait on jamais, personne ne voulait voir la tête d'un collègue au bout d'une pique … ou d'une perche si on veut faire jeu de mots ! Mais il était fier d'en savoir plus sur le bal que les autres. Les ombres étaient normalement soumises au secret, interdiction d'en parler à son entourage, de ne pas dévoiler les noms des autres ombres ni révéler son propre costume. Normalement, aucune personne ne devait savoir qui portait quoi, encore moins comment serait le roi. Guillaume, après supplications auprès de Louis XIV au nom de sa protection, avait réussi à savoir mais, même si cela satisfaisait sa curiosité, il l'avait fait en grande partie pour protéger le Roi. Et en parler à la Comborn n'était pas juste pour une conversation d'espions mais aussi pour la titiller un peu. D'ailleurs, elle mordit à l'hameçon.

«  Vous savez qui il sera, dites-vous… ? »

Le sourire du comte s'agrandit. Depuis le temps, il la connaissait par coeur et savait ses réactions à certains mots certaines paroles. L'espion et le garçon partageaient ce plaisir d'observation. Le sourire fut moqueur lorsqu'elle s'interdit elle-même de savoir le costume du souverain. Lui aurait-il dit ? Non, comme toujours, il aurait joué comme toujours, aurait donné des indices inutiles ou peu évidents. Juste pour le plaisir de jouer, sa passion depuis des années. Et avec sa chance, il aurait gagné !
Sûr qu'en Roi, il ne pouvait pas attirer la confidence mais cela était un honneur de devenir une de ces Ombres et maintenant qu'il savait comment serait le monarque, il avait l'esprit plus tranquille pour le surveiller sans avoir le regard tourné vers chacun. Et puis, il devait bien l'avouer, cet imbécile de Longueville participait, c'était pour son honneur qu'il devait faire de même et être meilleur. Puis qui n'a pas rêvé d'être Roi ? Bien que ce ne soit pas une fonction des plus faciles, elle est des plus nobles et porter la couronne d'un royaume faisait parti des rêves de certains hommes, tout autant que les femmes rêvaient d'un mariage réussi. Mysogine le Guigui ? Oui un peu mais il ne rabaissait pas les femmes, il n'aurait aucun intérêt à perdre sa source de plaisirs.

« Je m'excuse d'avoir contrecarré vos plans mais les honneurs de Sa Majesté ne peuvent attendre. Et en connaissant les autres ombres, j'ai pu me renseigner sur chacun d'eux pour être sûr qu'aucun ne trempe dans de drôles d'affaires. Et il m'est aisé d'observer le roi ainsi. Je vous laisse les soins d'une enquête, vous avez un don sans faille pour faire parler les gens. »

Leur relation était à la fois étrange et touchante. Ils aimaient se chercher, se piquer, se taquiner mais ils se protégeaient. Du moins Evangeline le montrait davantage à travers ses sermons. Son petit discours sur les filles corrompues n'était pas d'une nouveauté absolue. On se doutait bien que les méchants n'ont pas tous un nez crochu et un regard noir, doublé d'une puanteur effroyable. Le mal se cachait souvent derrière les plus jolis visages, les plus innocents et les corps tentateurs. Mais l'espion avait plus d'un tour dans sa manche. Nulle femme pénétrant dans ses appartements ne pouvait pénétrer dans son cabinet de travail. Les documents les plus secrets se cachaient dans la chambre de son homme à tout faire, Arthur. Personne n'irait tirer les briques de la cheminée d'un vieil homme ou de pousser ses meubles. Guillaume gardait dans son cabinet des cassettes de lettres vierges ou ces brouillons où il rature quand il écrit à sa famille ou à ses maîtresses. Rien de compromettant donc mais elle était dans son cabinet et si quelqu'un venait à la dérober, le voleur se sentirait bien bête en lisant ces lettres jamais terminées. Un air malicieux passa dans son regard. Aucune femme ne lui faisait tourner la tête … Enfin si, il y en avait une mais il maîtrisait – du moins il le croyait – ses sentiments et se mentait à lui-même. Et dire qu'il s'était épris d'une comploteuse, doublée de la soeur de son ennemi. Il l'avait bien choisie, cela est certain ! Mais il n'en parlerait pas à Evangeline et préféra hausser des épaules.

« Il ne vous reste plus qu'à prôner la chasteté et nous avons fait le tour je pense ! »

Il se mit à rire avant de reprendre :

« Je sais quand remplir ma mission, ne vous en faites pas. Et les femmes parlent beaucoup plus qu'il ne le faudrait parfois. Quant à ma personne, je suis muet comme une tombe, je sais ce qu'il nous en coûterait à tous et ô grand jamais, je ne voudrais être le responsable de l'échec de notre mission ou d'un quelconque incident au Roi. Je vous connais assez pour penser que je suis parfois futile et frivole … Vous n'avez pas tort mais le temps où il n'y avait que ma vie en jeu est restée à la Bastille où je ne voudrais jamais revenir. Alors ces dames pourront bien me prendre par les sentiments mais elles seront toujours perdantes à la fin, je ne me laisserais pas hypnotiser par les beaux yeux d'une jolie biche. »

Son sourire séducteur faisait bonne figure mais au fond de lui, il connaissait son tort. Il était déjà sous l'emprise d'une ennemie, sans savoir qu'elle même s'était emprisonnée dans ce jeu du chat et de la souris. Le jour où il ne pourra plus maîtriser tout cela, s'il venait se passer quelque chose avec Gabrielle, il serait dans un piège. Par elle et par lui-même, il se mettrait en danger. Guillaume aimait le compliqué puisqu'il avait décidé de tomber amoureux justement de la première dame du complot contre le Roi, on ne pouvait pas faire pire. Mais plutôt de recevoir davantage de sermons, il voulut reprendre la conversation, en savoir davantage sur sa venue et sur ce qu'elle avait prévu au bal.

« Vous n'êtes pas juste là pour me faire la messe avant l'heure tout de même ! Je pense en prendre assez cher pour mon grade tout à l'heure. Avez vous autre chose à me dire ? Ou voulez vous savoir la tenue de Sa Majesté ? »

Le sourire moqueur en coin, une sorte de marque de fabrique, montrait son envie de retour à des chsoes plus légères et retomber sur ses pattes. Être couvé par une aussi jolie femme pouvait être flatteur mais il avait pour cela sa mère qui l'abondait de lettres pour le prévenir, lui donner des conseils d'un autre temps et le prier de revenir sur le droit chemin. Une suffisait !
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MessageSujet: Re: L'intrigue, échiquier ou jeu de dames? [PV]   L'intrigue, échiquier ou jeu de dames? [PV] Icon_minitime14.12.10 15:38

    L’un protégeant le roi, l’autre poursuivant les investigations, leurs rôles ainsi clairement départagés auraient pu suffire à rassurer Evangéline sur le déroulement de la soirée du bal. Il n’en était rien car la jeune femme pouvait déjà subodorer que le comte saurait profiter des atouts que lui conférerait sa position de double du Roi auprès de la gente féminine et qu’il ne garderait qu’un œil distrait sur Sa Majesté. Evangéline ne manquait pas de confiance envers Du Perche, mais il était certain qu’elle le sous-estimait clairement tant ses méthodes différait des siennes. A le voir ainsi plonger dans les délices de la séduction, elle ne le pensait pas capable de pouvoir en revenir pour mener une mission à bien. C’était à cet égard qu’elle lui prodiguait ses conseils inutiles et rébarbatifs, elle craignait à force de le voir jouer avec le feu qu’il ne s’y consume totalement. A voir la mine renfrognée de Guillaume, elle savait pertinemment qu’elle poussait trop loin la morale et finit par comprendre que si elle continuait, elle risquait d’obtenir l’effet inverse comme avec un enfant trop têtu. A sa pique, elle répondit par une moue ironique :

    - De chasteté il ne saurait être question, cher Guillaume. Je ne vous garde pas de retrousser quelques jupons, je vous parle seulement de retrousser les bons… Peu m’importe la façon dont vous obtenez vos résultats, mais je tiens que vous gardiez toujours en tête les intérêts que nous servons et qui sont plus nobles que n’importe quel regard de braise.

    L’espionne écouta patiemment son plaidoyer et vraiment, elle ne demandait qu’à le croire. Elle ne put pourtant dissimuler une mine sarcastique devant tant de suffisance. Le comte semblait bien sûr de ses capacités face au sexe faible… Il était arrivé à plusieurs reprises à l’espionne de déployer l’ensemble de ses charmes féminins pour obtenir de conspirateurs bien des confidences : jouer à la sotte ou l’ingénue, ou bien feindre la sincérité des sentiments la plus poignante n’était pas toujours chose aisée mais l’expérience aidant, elle pouvait se vanter de donner fort bien le change. Du Perche pouvait bien se montrer sûr de lui et trimballer avec lui ses airs d’Adonis, il suffisait à une intrigante de savoir fort bien jouer sur les différents registres, des larmes aux sourires, et le pauvre comte se trouverait dupé comme Adam devant la pomme. Même si sa mine en disait long, Evangéline se garda de lui livrer ouvertement ses réflexions.
    Face à tant de suffisance, elle se sentait d'humeur joueuse et la voici, au moins aussi arrogante, à tendre sa main à serrer à Du Perche:


    -Seriez-vous prêt à en faire le pari? Je suis bien certaine que je parviendrai avant vous à obtenir les confessions d'un conspirateur alors que vous en serez à vous dépêtrer lamentablement des charmes d'une garce...

    Elle connaissait la propension de Guillaume et relever les défis et elle n'avait donc pas lancé celui-là à la légère. Evangéline songeait qu’il méritait une petite leçon pour lui inculquer un peu d’humilité. D’autres que lui, plus malins ou plus intelligents s’étaient déjà fait prendre au piège d'une femme qu'ils croyaient trop sotte pour être dangereuse. D'autres continueraient à s'y faire prendre après eux d'ailleurs... Evidemment Evangéline ne souhaitait pas mener leur mission à sa perte en tentant le Diable, mais les deux espions étaient tellement rompus à l'exercice qu'un peu de piquant ne saurait leur faire de mal.

    « Vous n'êtes pas juste là pour me faire la messe avant l'heure tout de même ! Je pense en prendre assez cher pour mon grade tout à l'heure. Avez vous autre chose à me dire ? Ou voulez vous savoir la tenue de Sa Majesté ? »

    L’espionne rit de concert et, avec un léger claquement de langue, lui administra un petit coup d’éventail joueur sur le dos de la main. Il titillait de nouveau sa curiosité qu’elle parvenait déjà à faire taire à grand peine. L’espionne aimait toujours avoir un temps d’avance, mais il aurait été bien dommage de se priver si tôt du grand mystère de la soirée. Cette énigme là était bien trop agréable par rapport aux autres pour qu’elle boude son plaisir !

    - Je dois aussi vous dire que d’ici quelques semaines, je serais contrainte de m’absenter de la Cour pour quelques temps. La favorite doit se rendre sur ses terres de Guyenne et je dois l’accompagner… Demande de Sa Majesté…

    A voir son air blasé en prononçant ces dernières paroles, il n’était pas dur de deviner que la perspective n’enchantait guère la vicomtesse, véritable oiseau de Cour attiré par ses lumières comme un papillon de nuit. Elle avait aussi adressé un coup d’œil entendu à Du Perche. Tous deux ne savaient que trop ce que « demande de Sa Majesté » pouvait signifier en termes d’impériosité et de liberté de choix. On pouvait tout aussi bien remplacer « demande » par « ordre » d’ailleurs, simple politesse sémantique !
    L’espionne avait une tendance non dissimulée à tourner les événements au dramatique et en réalité, reporter toute la faute sur la volonté du roi était l’œuvre de sa mauvaise foi. L’amitié de la favorite lui était bien trop précieuse pour douter de passer du bon temps en sa compagnie même loin de la Cour, mais cette histoire la mettait dans une position fort inconfortable, simplement car ce n’était pas le bon moment… Elle avait omis volontairement de mentionner la grossesse clandestine d’Amy à Guillaume. Evangéline lui confiait beaucoup sans peine, mais n’irait pas jusqu’à trahir la promesse faite à une amie si chère.


    - Enfin… J’aimerais vous demander la faveur d’ouvrir vos yeux et vos oreilles pour deux en mon absence… La seule idée de partir m’enterrer en Guyenne en ce moment me rend d’ors et déjà malade. Puis-je compter sur vos lettres pour me tenir informer de nos affaires et de tout ce qui se passe à Versailles dont vous jugerez bon de m’entretenir ?
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MessageSujet: Re: L'intrigue, échiquier ou jeu de dames? [PV]   L'intrigue, échiquier ou jeu de dames? [PV] Icon_minitime03.08.11 18:00

Ces deux là semblaient bien complémentaires. Evangeline agissait par la raison et Guillaume par l'impulsion. Il n'était pas un espion ''classique'', de ces clichés à rester prostré dans l'ombre, se montrer le plus discret possible et ne pas vraiment se mélanger aux autres autrement que pour le travail. Guillaume était l'exact contraire ! Et sans crier sur les toits qu'il était espion du Roi, il faisait tout pour se montrer et qu'on parle de lui. Après tout, qui irait suspecter un type qui passe son temps dans les soirées à papillonner ? Il était l'archétype de l'anti-espion et du parfait courtisant. Il se fondait parfaitement dans la vie de Cour sans que personne ne puisse le soupçonner de quoi que ce soit. Il fallait toujours trouver des avantages à se montrer volage et un poil frivole. Et, que diable, nous sommes à Versailles ! S'il fallait ne rien faire, ce serait presque criminel !

Les deux agents discutaient de ce fameux bal. L'espion avait convaincu le Roi de faire partie des ses ombres, se faire passer pour le Roi. Outre l'aspect amusant, Guillaume voulait connaître le déguisement de Sa Majesté pour pouvoir agir en cas de problème et ne pas passer sa soirée à tourner la tête vers toutes les ombres déguisées. S'il fallait s'amuser à ce bal, son amie avait raison, il fallait aussi faire son travail et donc surveiller les comportements suspects, pourquoi pas grappiller des informations l'air de rien. Tout ça sans paraître à son tour suspect. Il y avait un complot contre le Roi, il y avait donc forcément des partisans et pourquoi ne paraîtraient-ils pas à la Cour comme les espions royaux ? Le plus difficile était bien de les débusquer sans se faire débusqué. Un jeu du chat et de la souris en somme …

Une fois cette histoire de bal passée, Evangeline devint plus sérieuse. S'ils aimaient tous deux plaisanter, ils savaient discuter sérieusement et le visage de Guillaume prit à son tour un aspect grave, attendant ses paroles pour savoir ce qui allait se passer.

« Je dois aussi vous dire que d’ici quelques semaines, je serais contrainte de m’absenter de la Cour pour quelques temps. La favorite doit se rendre sur ses terres de Guyenne et je dois l’accompagner… Demande de Sa Majesté… »

Et on sait que quand le Roi demande, c'est davantage un ordre. On ne pouvait pas refuser ou aller contre. Enfin si, mais disons qu'il y a un certain prix à payer et, en y réfléchissant, dire oui était la meilleure des solutions. Mais qu'il était terrible pour une femme du monde comme Mademoiselle de Comborn de s'exiler loin de la Cour, surtout pour aller en Guyenne … Leurs regards se comprenaient et il n'y avait guère besoin de mots pour dire finalement des choses que les yeux disaient plus que clairement.

« Enfin… J’aimerais vous demander la faveur d’ouvrir vos yeux et vos oreilles pour deux en mon absence… La seule idée de partir m’enterrer en Guyenne en ce moment me rend d’ors et déjà malade. Puis-je compter sur vos lettres pour me tenir informer de nos affaires et de tout ce qui se passe à Versailles dont vous jugerez bon de m’entretenir ? »

Après un hochement de tête entendu, Guillaume lui apportait confirmation par voie orale.

« Je serai doublement vigilant et je ne manquerais pas de vous écrire pour tout vous raconter. Que ce soit sur nos … intrigues ou même sur la Cour en général, vous n'en perdrez pas une miette, ma chère, n'ayez crainte. » Il eut un petit sourire amical avant de reprendre sur le ton de la plaisanterie « Vous aurez besoin du meilleur soutien qu'il soit. La Guyenne n'est pas si loin du bagne finalement. »

Il ne pouvait pas s'empêcher de plaisanter, de la taquiner. Surtout qu'elle ne sera plus là pour ces joutes verbales d'ici quelques semaines. Elle allait lui manquer, cela était certain. Y réfléchissant quelques instants, Guillaume reprit, presque emballé. Oui, presque.
« Si vous accompagnez la favorite, il y a de fortes chances que Sa Majesté veuille lui écrire. Je serais peut être le messager du cœur et viendrais en visite amicale et je vous emmènerais danser dans les bals de Bordeaux. Vous me bénirez à mes visites, je le sais. »

Incorrigible Du Perche avec son sourire moqueur si caractéristique de sa personne. Cela lui donnerait une occasion de reprendre la route, de voyager un peu (et aux frais du Roi !) car depuis qu'il était espion du Roi, voyager était souvent synonyme de missions ou de recherches d'informations. Porter une lettre passerait inaperçue et ce n'était pas une réelle tâche ingrate. C'est à cet instant qu'Arthur, le vieil homme à tout faire de Guillaume vint se poster devant eux, faire une légère révérence et les ramener presque à la réalité.

« Je m'excuse d'interrompre votre conversation mais je tiens à vous prévenir que la Messe ne va tarder à commencer et qu'il vous faut remonter les jardins. »
« Voyez vous mon amie, nous avons oublié cette Messe. Et je ne pense pas que le Roi serait ravi s'il ne nous voyais point. Allons jouer aux bons dévots, venez. »

Guillaume lui tendit la main pour que la jeune femme se lève. C'est ainsi que tous deux partirent pour la messe royale. Du Perche n'était pas vraiment un grand fidèle, Evangeline l'était sûrement davantage mais il n'était pas question réellement de religion pour la messe mais de se montrer et que le Roi sache que vous y étiez. Surtout pour deux espions royaux, proches de Sa Majesté, il ne valait mieux pas le mettre en colère car ils auraient brillé par leur absence …


    FIN
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