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 Qui s'explique, s'excuse, et qui s'excuse s'accuse. | Élodie de Froulay

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MessageSujet: Qui s'explique, s'excuse, et qui s'excuse s'accuse. | Élodie de Froulay   Qui s'explique, s'excuse, et qui s'excuse s'accuse. | Élodie de Froulay Icon_minitime19.02.10 19:24

Nicolas se retourna une fois de plus dans son lit. Dormir. Il voulait seulement dormir. Pourtant, il en était bien incapable. Ses yeux ne pouvaient rester clos. Il lui semblait que sa tête devenait douloureuse sous le noir de ses paupières. Il entendait les respirations et les ronflements des autres mousquetaires à ses côtés. Cela le rendait fou! Il constatait bien que tout le monde dormait… sauf lui! Et ces bruits de sommeil ne rendaient que la situation pire. C’était comme s’ils le dérangeaient. Cependant, il y avait bien longtemps qu’il s’y était habitué. Depuis qu’il avait dix ans qu’il dormait dans un dortoir. Pourquoi ce soir, cela le troublait-il davantage qu’à l’ordinaire? Il ne cessait de repasser ces images en tête. Ces images de lui embrassant Froulay, de lui embrassant un autre homme. Il ne comprenait toujours pas ce qui l’avait poussé à faire une chose pareille. De plus, il n’aurait pas su dire s’il le regrettait. Oui, d’une certaine manière. Pourtant, il ne pouvait sortir de sa tête que c’était normal, que ce baiser devait arriver, que rien n’était plus naturel. Comment cela naturel? Deux hommes! Non, ce n’était certainement pas naturel. Dieu ne le permettait pas. L’aumônier avait été très clair à ce sujet. L’acte sexuel était seulement fait pour procréer et il était impossible que deux hommes fassent un enfant, alors pourquoi s’embrasser?

Cependant, les pensées que Nicolas avait eues sous l’effet du laudanum continuaient toujours de trotter dans sa tête. Indépendamment de sa volonté. Il ne pouvait s’en débarrasser. Froulay, lorsqu’on y repensait bien, n’avait d’un homme que le nom et le grade de mousquetaire. Son visage était fin, ses cils longs, ses traits féminins. Son corps était mince, élancé, et sa taille si étroite! Nicolas avait caressé assez de femmes dans sa vie pour savoir en reconnaître une. Pourtant, depuis quand une femme faisait-elle partie des mousquetaires? Depuis quand savait-elles monter et se battre aussi bien que Froulay? Comment donc expliquer la personnalité androgyne d’Éric de Froulay? Bah, l’était-il ou c’était simplement des idées venues sous le laudanum?

D’un mouvement vif, Nicolas repoussa les couvertures et se retrouva torse nu et en culotte devant l’air froid du dortoir. Pourtant, il n’avait pas froid. Il avait chaud. Terriblement chaud. Une légère sueur prenait sa peau. Ces sueurs froides, ces gouttelettes désagréables qui nous possèdent lorsqu’une fièvre nous prend. De sa main droite, il dégagea des courtes mèches de sa frange de son champ de vision. Pourquoi? Il n’en avait aucune idée. Il faisait noir et il ne pouvait rien voir. Se retournant sur le côté, il fixa le lit vide près de lui. Qui donc était absent? Ah oui, Montalet. Il était certainement parti courir les jupons en ville. Nicolas aurait bien voulu l’accompagner, ne serait-ce que pour enlever les idées étranges qui lui trottaient en tête. Mais il était parti avant de croiser son ami. Du coup, Nicolas se retrouvait seul devant ses idées et devant son non-sommeil.

***

Elle n’eut pas à attendre longtemps. Il y eut le léger grincement de la porte, un bruit de pas atténué par les tapis, enfin le glissement des rideaux écartés à deux mains. La jeune femme ferma les yeux, mais les rouvrit presque aussitôt ne voulant perdre aucune image de cette nuit unique. Elle vit Nicolas. Debout auprès du lit, les mains encore accrochées aux courtines de velours, il la regardait et ses yeux étincelaient dans son visage pâle. A l’exception d’un court caleçon blanc, il était nu et la flamme vacillante de la veilleuse faisait vivre son corps mince que la jeune femme voulut toucher du bout des doigts. Elle étira son bras jusqu’au ventre dur de Nicolas qui retint sa respiration. Elle toucha la peau froide et douce, mais retira immédiatement sa main, prise de panique. Elle le sentait, elle l’avait touché, il était là devant elle.

Fascinée, elle le regardait, mais, déjà, il avait saisi le drap et la couverture et d’un geste vif les rejeta au pied du lit… Les joues soudain brûlantes, la jeune femme referma les yeux attendant qu’il parlât, qu’il dît quelque chose, n’importe quoi, qu’il fit un geste, mais Nicolas ne se pressait pas. Il avait pris la veilleuse et l’élevait au-dessus du corps nerveusement raidi de la jeune fille. Il vit qu’elle tremblait et sourit :

-As-tu peur de moi?

-C’est à cause de moi, Nicolas, je, je ne sais pas ce que tu veux, pourquoi tu m’aimes.

Il fallait qu’il exorcise ses démons. Maintenant qu’elle l’avait dit, cela paraissait tout simple et logique. Mais Nicolas ne se résolvait pas aimer une autre personne que lui-même et même s’il voulut aussitôt se maudire pour les paroles qu’il allait dire, elles franchirent ses lèvres.

-Je ne t’aime pas.

Le jeune homme reposa la veilleuse et, se laissant tomber à genoux, posa les lèvres sur le ventre de la jeune femme qu’un long frisson parcourut. Il le sentit et eut un rire léger :

-Bel instrument, murmura-t-il en enveloppant d’une longue caresse les jeunes seins frémissants, quel merveilleux chant d’amour je vais pouvoir jouer sur toi.

Sans quitter sa pose agenouillée, il couvrit tout son corps de baisers légers, léchant doucement les pointes roses qui se dressaient sous ses lèvres cependant que ses mains exploraient les courbes des hanches, les plans soyeux du ventre tendu. Sa bouche suivit ses mains, descendit, descendit jusqu’au rempli entre ses cuisses qu’elle ouvrit délicatement. Les yeux grand ouverts, le cœur affolé, elle sentait s’éveiller en elle une tempête, une ardeur dont elle ignorait qu’elle fût capable… Tout son corps criait vers cet homme qui jouait en effet de lui comme d’un instrument, en arrachant des soupirs, des plaintes douces, qui appelaient elle ne savait encore quel accomplissement… Enfin, il se glissa sur elle, l’enferma dans ses bras et prit sa bouche qu’il fouilla d’un baiser dévorant sous lequel elle défaillit… Son corps se tendit, s’arqua comme s’il voulait échapper au poids qu’on lui imposait, mais sans brutalité, Nicolas maîtrisa sa révolte et, soudain, elle sentit qu’il entrait en elle…

Une grande douleur s’empara de la jeune fille, dont il étouffa le cri sous un baiser. Il aimait presque la voir souffrir. Un moment, Nicolas resta immobile puis, les mains noyées dans les flots soyeux de la chevelure dont le parfum l’enivrait, il commença doucement, tout doucement sa danse d’amour à laquelle la jeune femme s’accorda passionnément… La vague brûlante du plaisir les emporta, les roula jusqu’à l’ultime paroxysme qu’ils atteignirent ensemble dans un double râle… Puis la vague retomba, les laissant haletants, naufragés sur la plage froissée des draps. Mais les bras de Nicolas ne desserrèrent pas leur étreinte.

Cet être neuf qu’il venait de découvrir d’une toute autre façon venait de lui offrir sans le savoir la plus bouleversante des révélations : celle des profondeurs inattendues de son cœur. Il avait cru pouvoir se détacher d’elle après l’avoir possédée. Mais cette fois, le chasseur était pris à son propre piège et, de ce piège, il n’avait plus envie de s’éloigner. Pourtant il le faudrait bien, quand viendrait l’aurore. Personne ne devait savoir que Nicolas de Ruzé s’était laissé aller à ses bas instincts, qu’il avait succombé à la tentation.

-Je t’aime! murmura-t-elle, la bouche dans ses cheveux. Tu ne sauras jamais à quel point je t’aime…

-Si tu savais seulement combien je m’en moque, dit-il, d’une voix autoritaire, en faisant bien attention de détourner son regard pour ne pas voir la tristesse dans ses si magnifiques yeux.

La jeune femme passa ses doigts dans ses cheveux. Sous la douce caresse, Nicolas se cambra, les yeux fermés. Tous ses souvenirs lui revinrent en tête. La jeune femme retira sa main, rapidement.

-Je ne peux pas faire autrement… que t’aimer, de toute façon. Alors, il ne faut pas perdre une minute de cette nuit que le destin m’accorde. Profite de moi ! Nicolas, aime-moi encore et encore afin que je puisse vivre de souvenirs durant tous ces jours et toutes ces nuits que je vais passer sans toi.

Nicolas n’attendait que cette prière car le désir s’était déjà réveillé en lui mais il craignait, en lui donnant lui cours, d’effrayer cette belle jeune femme qui s’était abandonnée à lui avec tant de confiance. Néanmoins, il s’écarta un peu. Il ne voulait pas la blesser, il ne voulait tellement aucunement lui causer la moindre tristesse. Mais il savait que son esprit se devait d’être plus fort que son cœur.

-Je suis à toi, Nicolas. Je me fiche de tout. Je suis à toi.

Il la regarda ébloui, émerveillé… La veilleuse sculptait son corps d’ombres tendres, dorait les rondeurs exquises de sa poitrine, glissait un rayon vers le double fuseau des cuisses à la fois rondes et fines. D’une main, il releva vers lui le beau visage si pur, dont les lèvres s’entrouvraient, s’offraient tandis que défaillaient déjà les larges prunelles foncées. Jamais pareille beauté ne lui avait été donnée et son cœur se serra en pensant qu’il ne pourrait plus la contempler, sans se sentir si coupable, de lui avoir sûrement menti. Il aurait voulu profiter d’elle comme s’il n’y avait pas de lendemain. Comme s’il n’aurait jamais plus à affronter son regard. Cependant, la stupeur le laissa sans voix. Il appela un nom qu’il ne comprit pas

Son délicat minois remonta vers le sien et son cœur manqua encore quelques battements.

-Oui ? minauda-t-elle, espérant une déclaration.

-J’aimerais… J’aimerais ne pas te faire mal, mais j’en ai si envie…

-Nicolas, je t’aime, je suis à toi, fais ce que tu veux de moi, haleta la jeune femme tandis que son regard se noyait.

Pourquoi devait-il être aussi froid et abject, exécrable et monstrueux, si beau et si majestueux ? Nicolas la voulait à lui, toute entière à lui seul. Alors il s’empara d’elle, brutalement, comme il eût fait d’une fille de joie. Elle cria sous lui et il étouffa ses cris. Il sentit des larmes couler sur son visage et comprit qu’il lui faisait mal mais il en éprouva une joie mauvaise doublée de la pensée terrible que cette fille, pour qui il s’était damné, celle pour qui il aurait recommencé ce calvaire à l’infini était peut-être une envoyée du diable. Il eut envie de la tuer, pour se libérer des chaînes qu’insensiblement elle tissait autour de son âme. Déjà ses mains s’attachaient autour du cou fragile; il allait même le serrer quand elle ouvrit tout grand ses immenses yeux que les larmes faisaient étinceler et tendit vers son baiser ses lèvres gonflées…

***

Cette douce parole réveilla le concerné. Il avait un regard effarant. Ce rêve… Encore une fois cette fille avait peuplé ses nuits. Mais cette fois, tout semblait réaliste. Les sentiments qu’il avait éprouvés, l’excitation qui s’était saisie de son corps. Nicolas regarda autour de lui. Il s’était endormi dans son lit au campement. Bon, c’était déjà bien qu’il se soit endormi, mais maintenant il était réveillé.

Et cette fille dans son rêve… C’était… Attends ! Il l’avait déjà vue, cette fille. C’était… C’était la fille du troquet !

Mais comment pouvait-il avoir des rêves comme ça et embrasser un homme en même temps ? Non, il fallait mettre ça au clair. Il ne pouvait pas vivre ainsi, indécis, perdu. Rapidement, il se leva et posa ses pieds nus sur le sol, allant vers la chambrée droite, où vivait Éric. Il allait mettre cette histoire au clair, du moins s’excuser.

Il cogna à la porte et attendit une réponse. Peut-être qu’il n’en aurait aucune… Il était peut-être une heure du matin après tout.
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MessageSujet: Re: Qui s'explique, s'excuse, et qui s'excuse s'accuse. | Élodie de Froulay   Qui s'explique, s'excuse, et qui s'excuse s'accuse. | Élodie de Froulay Icon_minitime19.02.10 23:14


L’air sifflait atour d’elle, faisant voler sa longue chevelure fauve et lui fouettant vivement le visage, allant même jusqu’à tirer quelques larmes au coin de ses yeux pourtant fermés. La campagne Versaillaise, silencieuse et recouverte du manteau sombre et sans étoile d’une nuit sans lune défilait sous les longues foulées de sa monture, lancée au grand galop au travers de ces immenses plaines qui s’étendaient à perte de vue autour de la ville endormie. Rien, ni l’obscurité, ni l’incertitude de ce qui pouvait se trouver derrière chaque pan de ténèbres, ni la rapidité folle, presque dangereuse à laquelle la magnifique bête se laissait allégrement aller ne semblait en mesure d’arrêter l’intrépide cavalière. Grisée, comme ivre de vitesse, Elodie ne voulait de toute façon pas s’arrêter. Elle voulait continuer ainsi encore et encore, fendre l’air sans jamais ralentir jusqu’à ce que sa tête ne parvienne enfin à se vider de tout ce qui l’encombrait depuis quelques heures, quelques jours ou même quelques années. La fraîcheur de cette nuit de fin d’hiver s’infiltrait aisément au travers de la fine chemise de lin blanche dont elle était seulement couverte, parcourant son frêle corps de frissons revigorants. Il y avait un certain temps déjà qu’elle avait relégué sa casaque de mousquetaire au fond de la sacoche accrochée à sa selle, se débarrassant d’un costume trop lourd ce soir là. Et peu importait le froid, la nuit et l’absence de la moindre lumière, Elodie continuait, faisant entièrement confiance à sa monture dont elle sentait la puissance et la nervosité se libérer entre ses fines jambes. Depuis combien de temps avait-elle fermé les yeux, couchée sur l’encolure d’une jument trop heureuse de pouvoir se laisser aller sans aucune contrainte après une journée de marche forcée à travers la ville. Depuis combien de temps ? Elle n’aurait su le dire et s’en moquait totalement. Ce qu’elle savait, c’était que depuis qu’elle l’avait fait, elle était bien. Oubliés les mousquetaires, les hommes, les missions, la ville, la Cour. Seul l’air glacial, seule la vitesse comptait et cette sensation de bien-être intense, sans aucun poids pour la ralentir.

En vérité, il y avait bientôt une heure que la jeune femme parcourait la campagne, s’en remettant au bon vouloir de sa monture. La journée avait été trop longue et trop riche, aussi n’était-elle pas rentrée au camp des mousquetaire depuis qu’elle en était partie, en début d’après-midi, pour ce qui n’était censé être qu’une banale affaire de vol. Affaire qui était restée banale, qui n’avait pas concerné autre chose qu’un vol mais à laquelle s’étaient greffés quelques évènements qui rendait un combat contre cinq larrons absolument dérisoire aux yeux d’Elodie et qui remuait en elle à la fois des sentiments par trop connus et d’autres assez nouveau pour l’effrayer. La peur d’abord. Cette angoisse qu’elle avait appris à apprivoiser mais qui planait sans cesse au dessus d’elle comme une ombre, prête à s’effondrer sur elle à n’importe quel moment. La peur d’être découverte, l’incertitude effrayante des conséquences qu’un évènement de la sorte ne manquerait pas d’avoir. Si la jeune mousquetaire vivait avec elle chaque jours, sans rien montrer à quiconque de cette crainte, même à ceux qui en connaissaient les raisons, elle ne pouvait l’empêcher parfois de revenir presque violement, de l’étreindre un moment avant de s’envoler, dissipée par un regain d’assurance. Puis il y avait ces autres sentiments, si nouveaux qu’ils en devenaient inexplicables, nouant son ventre en un nœud totalement étranger à celui de la peur. Et ces deux émotions qui la tiraillaient chacune de leur côté étaient nées un peu plus tôt, d’un même moment, celui où Ruzé avait décidé de l’embrasser. Pourquoi ? Toujours cette même question, pourquoi ? La réponse pourrait être claire : parce qu’il en avait eu envie ? Le mousquetaire n’était pas de ces hommes là. Parce qu’il… avait découvert qu’Eric de Froulay ne portait d’homme que le nom ? Il n’en avait rien dit. Pas une allusion, pas une question, rien. Alors pourquoi ? La jeune femme stoppa brusquement sa monture dans folle course. L’arrêt fut si net qu’elle en bascula légèrement en avant, avant se redresser et de faire repartir la majestueuse bête au pas.

Si Nicolas de Ruzé incarnait ce soir là ses craintes, il semblait en revanche étranger à ces autres émotions sur lesquelles elle ne pouvait ni ne voulait mettre un nom. Si c’était bien son mystérieux baiser qui les avait déclenchées, l’homme vers lequel elle ne pouvait empêcher de pareilles pensées de s’envoler n’avait rien à avoir avec le mousquetaire. Elodie tressaillit, secouant la tête comme si ce geste pouvait la débarrasser des idées qui encombraient son esprit. Sa course folle n’y avait rien fait, à peine terminée, l’ivresse laissait de nouveau place aux tiraillements. Avec un profond soupir, la cavalière jeta un regard autour d’elle. Elle ne s’était même pas réellement éloignée de Versailles. Sa monture avait suivit son instinct et avait repris la direction de ses écuries, de sorte qu’elle serait au camp des mousquetaires dans une poignée de minutes. Un frisson glacé lui parcouru l’échine, lui rappelant l’air froid qui lui avait pourtant tant fait de bien un moment plus tôt. Repartant au petit trot, la jeune femme reprit les rênes et prit définitivement la route de la caserne. Il fallait qu’elle dorme, de toute façon et il devait bien être dix heures passées déjà. La route recommença à défiler un peu plus rapidement sous les sabots de la bête qui martelaient avec une régularité toute militaire les pavés qui commencèrent à apparaître, la cavalière et son cheval quittant la campagne pour la ville. Quelques veilleurs regardèrent, surpris, la bête montée par une silhouette aux atours féminins mais pourtant vêtue d’une chemise et d’un pantalon, comme n’importe quel gentilhomme. Les cheveux longs de la belle cascadaient dans son dos, créant un doute que pourtant pas un des badauds attardés ne tenta d’élucider. Il était trop tard pour ce mystère-ci et le cavalier passait trop rapidement. Arrivée à la caserne, Elodie laissa sa monture aux écuries en lui offrant un pansage soigneux et une ration généreuse d’avoine pour les efforts fournis. Enfin, les cheveux rattachés, feutre sur la tête et uniforme repassé rapidement, elle pénétra dans l’hôtel des mousquetaires, filant directement en direction des dortoirs.

Le bâtiment bruissait encore de l’activité habituelle en ces premières heures de la nuit. Dix heures et demie et la plupart des mousquetaires étaient encore sur pieds, autour d’une partie de carte ou même à la salle d’arme. Cela arrivait souvent aussi la jeune femme, mais pas ce soir là. Ses compagnons saluèrent Eric en l’invitant à se joindre à eux, mais l’intéressé refusa à grand renfort de sourires et de signes de tête négatifs et ne s’arrêta pas avant d’avoir atteint la porte de sa chambre. Vide encore, tant mieux. François lui poseraient des questions qu’elle voulait éviter et les deux autres mousquetaires partageant sa chambre demanderaient les détails de sa mission. Rapidement, Elodie se débarrassa de son uniforme et alla plonger son visage dans un bac d’eau fraîche. Elle frissonna, rabattit les quelques mèches de cheveux mouillées derrière ses oreilles puis alla sans attendre se glisser dans son lit, gardant toujours sur elle une chemise qui la garantissait des regards. Elle ferma aussitôt les yeux, appelant le sommeil de toutes ses forces, mais sans grand résultat. Une fois de plus, tout prenait un malin plaisir à se mélanger et s’entremêler, laissant ses idées et son esprit aussi dévastés et désordonnés qu’un chantier. Elle se retourna plusieurs fois, renonçant à chaque fois à rester immobile pour qu’enfin Morphée vient l’entourer de ses deux bras. Une heure passa, peut-être plus, et même les paupières lourdes de fatigue, elle ne parvint pas à s’endormir. Des voix dans le couloir attirèrent un instant son regard sur la porte, qui s’ouvrit un instant après sur son frère. Refermant aussitôt les yeux, elle fit mine d’être profondément endormie, mais François la connaissait assez pour savoir qu’elle n’en faisait rien. Il le lui fit gentiment remarquer, lui arrachant une moue boudeuse qui le fit rire. Libres de toute présence indiscrètes, ils se laissèrent un instant à discuter sans barrières, sans gêne ni détours. Il n’évoqua pas la mission, simplement l’estafilade qui traversait finement sa joue. Elle lui confia que tel était le lot d’un mousquetaire gaucher devant se battre à droite pendant un petit moment encore puis laissa échapper un éclat de rire avant de se laisser de nouveau tomber sur son matelas.

C’est lorsque que l’on ne l’attend pas que le repos se montre le plus facilement. Aussi, à peine eut-elle fermé les yeux que les paroles de son frère lui semblèrent de moins en moins intelligibles, jusqu’à disparaître totalement, laissant place au silence du sommeil, d’un sommeil sans rêve, si profond que les douze coups de minuits, quelques instants seulement plus tard, eurent beau résonner tant qu’ils ne voulaient : la belle endormie ne fit pas le moindre mouvement, n’émit pas le moindre son autre qu’un filet de souffle régulier, léger comme la caresse du vent. Les rêves et leurs indissociables compagnons les cauchemars laissèrent l’esprit tourmenté de la jeune femme en paix, allant épuiser de leurs énigmes d’autres sommeils que le siens. Seul un son vint troubler le silence dans lequel était plongée la jeune femme. Des coups, comme frappés contre une porte, qui se mirent à résonner avec une insistance désagréables dans sa tête, durant moment aussi court qu’il lui sembla long. Encore, et encore, quelque chose frappait… Elodie s’éveilla brusquement, se redressant vivement sur son lit alors que le bruit continuait. Elle fronça les sourcils, balayant la pièce du regard jusqu’à s’arrêter sur la porte. Une moue lui échappa tandis qu’elle prenait conscience que ce son répétitif n’était absolument pas le fruit de son imagination mais bien des coups frappés. Des trois occupants de la chambre, elle semblait être la seule à s’en être rendue compte, en témoignait l’absence de mouvements des autres et les quelques ronflements tranquilles qui leur échappaient. Remettant sa chevelure en arrière, elle se leva doucement et alla à l’entrée de la pièce. Elle entrebâilla la porte et jeta un regard sur le couloir, regard aussitôt arrêté par une silhouette sombre se détachant de l’obscurité ambiante. Silhouette qu’elle ne mit que peu de temps à reconnaître.
« Ruzé ?! s’exclama-t-elle, en limitant néanmoins sa voix à une chuchotement. »
Vivement, elle retourna dans les ténèbres de la chambre, attrapa un pantalon avant de revenir à la porte. Sourcils froncés, elle sortit de la pièce la referma, frissonnant à la fraîcheur qui régnait dans le couloir.

Elle le dévisagea un instant, encore embrumée de sommeil. Que faisait-il ici… en pleine nuit, à l’heure où tous ou presque étaient couchés. Aussitôt, ses angoisses reprirent et son esprit fatigué ne put réussir à toutes les contenir. Elle laissa donc échapper un nouveau tressaillement, qui n’avait rien à voir avec la fraîcheur ambiante, tandis que ses craintes se trahissaient plus qu’à l’ordinaire dans ses prunelles brunes. Heureusement, il y avait quelques chances pour que l’obscurité du couloir joue en sa faveur et que Ruzé ne parvienne totalement à déchiffrer son regard. Discrètement, elle rassembla ses longs cheveux dans son dos, n’ayant pas eu le temps de les attacher, d’autant plus que l’avoir fait aurait certainement parut douteux.
« Que faites-vous ici… maintenant ? demanda-t-elle alors, toujours à voix basse, le jeune homme ne se décidant pas à parler le premier. »
Evidement, elle ne pouvait qu’avoir quelques doutes sur sa présence mais se refusait à les écouter, de peur de se trahir elle-même tandis qu’il n’avait peut-être rien deviné. Peut-être venait-il simplement expliquer son geste, ce dont, il fallait l’avouer, elle avait grand besoin. A moins que ce ne soit pour s’excuser, l’interroger… ou pour lui signifiait qu’il savait. Encore et toujours la même crainte, irrationnelle, qu’elle tenta de dissimuler, ayant au moins l’obscurité pour alliée.

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MessageSujet: Re: Qui s'explique, s'excuse, et qui s'excuse s'accuse. | Élodie de Froulay   Qui s'explique, s'excuse, et qui s'excuse s'accuse. | Élodie de Froulay Icon_minitime25.02.10 18:31

Que devait-il faire? Éric était maintenant devant lui. Quel parti devait-il prendre? Pourquoi était-il venu jusqu’ici en premier lieu. Maintenant qu’il avait ses pieds nus sur le bois du sol, il regrettait sa décision. Pourquoi n’était-il pas resté dans son lit? Il se le demandait bien. Comment expliquer une telle chose? Pendant que Froulay avait refermé la porte, probablement pour se mettre quelque chose de plus chaud, Nicolas retournait ses idées de toutes les manières possibles. Il était idiot ou quoi? Ce qui le malmenait était la possibilité que la fille du troquet était Éric. Étrangement, il pensait davantage que Froulay se déguisait en femme, au lieu du contraire. Il était vrai qu’il était compliqué de faire entrer des idées féministes dans la tête étroite de Ruzé. Si une femme était aussi bonne que lui à l’épée, cela ne prendrait pas grand temps avant qu’elles ne se retrouvent au front aux eux. Imaginez le chaos que cela causerait!

Froulay revint. La noirceur cachait ce qui aurait pu paraître suspect à Nicolas. Il ne restait que cette chemise grande, bien trop grande pour le fin corps du mousquetaire et ses longs cheveux, qu’il cacha dans son dos.

-Que faites-vous ici… maintenant ?

La question était directe et il ne pouvait se détourner. Qu’était-il venu faire ici justement ? S’excuser ? S’expliquer ? L’accuser ? Tout à la fois ? Oui, c’était certainement un mélange de toutes ces actions. Nerveusement, Nicolas fit craquer ses doigts, en regardant le sol. Il se sentait comme un enfant devant un adulte qui l’accusait de mille et une bêtises. Baissant la tête, il fomenta une esquive rapide.

-J’espère que vous ne dormiez pas, mais il fallait à tout prix que je vous parle, Froulay.

Nicolas prit une respiration plus profonde, faisant ciller ses poumons. Ce n’était guère facile de se lancer alors qu’on nous regardait avec un tel regard inquisiteur.

-En fait, je suis venu m’excuser pour mes agissements d’aujourd’hui. Honnêtement, je ne sais pas ce qui m’a pris. Ce n’est pourtant pas mon genre. Habituellement, les hommes, ils sont mes compagnons, pas mes amants.

Il tenta d’analyser rationnellement ses sentiments et ses paroles, mais c'était si confus qu'il s'y perdait lui-même. Comment il pouvait donc faire comprendre un tel labyrinthe à quelqu'un?

-Non, non je veux pas dire que je veux que nous soyons amants ! Certainement pas ! C’est seulement que…

Comment pouvait-il expliquer une chose pareille ? Son cœur battait la Diane, comme avant une bataille. Pourtant, ce n’était que des mots. Il ne pouvait pas se blesser… Ou peut-être que si… Et s’il amenait Froulay sur une piste lointaine qui le préoccupait tout autant.

-François et vous, vous avez une sœur, n’est-ce pas ? C’est que je l’ai vu au troquet, il y a quelques jours. Elle était si jolie, mais pour une raison que je m’explique pas, elle m’a fui.

Non, il ne devait pas parler du rêve. Mieux valait rester sur la même idée.

-Et lorsque je me suis approché de vous, aujourd’hui, je ne sais comment l’exprimer. J’ai cru que c’était elle que j’avais devant moi. Comme si vous n’étiez plus vous-même, mais votre sœur.

Nicolas s’approcha d’Éric, prit son poignet et l’attira à lui, non pas pour tenter quelque chose à nouveau, mais pour approcher le visage de la lumière. Il observa attentivement le regard de ce mousquetaire. Le nez fin, les yeux étirés, félins, la chevelure longue et fauve, les lèvres roses…

-Vous vous ressemblez terriblement ! C’est fou. Encore une fois, j’ai l’impression que c’est votre sœur que j’ai devant moi !

Mais brusquement quelque chose passa dans la colonne de Nicolas, lui criant de reculer. Il n’avait pas peur, il était plutôt inquiet. Il ne comprenait pas ce qui lui arrivait. C’était froid, mais doux à la fois. Craignant une riposte qu’Éric, il recula et eut un sourire contrit envers le mousquetaire. Que pouvait-il dire de plus ?

Il soupira et ferma les yeux, pour mieux réfléchir. Comment cela avait-il pu se passer ? Jamais Ruzé ne s’était posé autant de questions, mais pourtant, elles affluaient, se frappant les unes contre les autres, se contredisant, s’accordant, tout pour mêler davantage la tête du mousquetaire. Ouvrant les yeux, il se rendit compte du ridicule de la situation. Un sourire mesquin prit ses lèvres.

-Oui, en fait, tout cela pour vous dire que je suis totalement désolé de vous… d’avoir fait ce que j’ai fait.

Il n’arrivait pas encore à accepter que ses lèvres aient pu toucher à celles d’un homme. Tendant de détendre l’atmosphère, il reprit un ton davantage badin.

-Et que je trouve votre sœur bien mignonne.

Même si cela veut dire, vu votre ressemblance, que je vous trouve mignon, s’empêcha de répondre Nicolas, en rougissant soudainement. La similitude était telle qu’il en avait bien le droit, non ? Non ?
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MessageSujet: Re: Qui s'explique, s'excuse, et qui s'excuse s'accuse. | Élodie de Froulay   Qui s'explique, s'excuse, et qui s'excuse s'accuse. | Élodie de Froulay Icon_minitime27.02.10 20:50


Elodie fronça légèrement les sourcils en dévisageant le mousquetaire qui lui faisait face. De toute évidence, Nicolas était au moins aussi nerveux qu’elle, mais lui ne s’en cachait pas, en témoignait le craquement de ses doigts. Un enfant prit sur le fait d’une bêtise peu glorieuse n’aurait pas eut une expression si différente de la sienne, si ce n’est que les enjeux n’avaient rien à voir. Ces hésitations redonnèrent un brin d’assurance à la belle quant ce qu’il pouvait bien avoir deviné et aux doutes que les évènements de la journée pourrait lui avoir donné. Elle darda sur le jeune homme un regard inquisiteur qu’elle ne détourna pas une seule seconde tandis que sa question, directe, restait un moment sans réponse. Il devait parler, fixer enfin ses angoisses, lâcher ce qu’il savait, et il n’était pas question qu’elle ne dise un mot de plus tant qu’il n’aurait pas ouvert la bouche.
« J’espère que vous ne dormiez pas, mais il fallait à tout prix que je vous parle, Froulay, lâcha enfin Ruzé. »
La jeune femme laissa échapper une moue agacée assortie d’un geste impatient. Pâle esquive, qu’il n’espère pas l’avoir ainsi, d’autant qu’il l’avait effectivement tirée de son sommeil. Négligemment, elle passa une main dans sa chevelure fauve qui lui retombait devant les yeux, un regard intense posé sur son interlocuteur, dissimulant ses propres craintes. Craintes quelques peu atténuées néanmoins par les hésitations du mousquetaire mais qui restaient vives. Elle se méfiait de ce mousquetaire, et elle n’avait pas eu besoin de d’Artagnan pour cela.
« [colo=#71A859]En fait, je suis venu m’excuser pour mes agissements d’aujourd’hui. Honnêtement, je ne sais pas ce qui m’a pris. Ce n’est pourtant pas mon genre. Habituellement, les hommes, ils sont mes compagnons, pas mes amants. [/color][colo=white]»[/color]
Si elle l’avait pu sans risquer de lui paraître suspecte, Elodie aurait laissé échapper un profond soupir de soulagement. Elle se contenta de hausser un sourcil, concentrée dans son rôle d’homme perplexe vis-à-vis des pulsions de son compagnon. La tension qu’elle avait accumulée dans les quelques minutes précédentes se relâcha légèrement et son regard se fit un peu moins inquisiteur, plus assuré, un allumé même d’un brin d’agacement vaguement amusé.

Si elle devait se montrer prudente, au moins Ruzé n’était-il pas encore sur le point de découvrir la réalité. Malgré tout ce qui avait pu se passer – car elle devait bien admettre avoir fait quelques erreurs elle aussi – il ne l’avait pas encore devinée. Elle balaya d’un geste de main sa remarque sur le fait d’êtres amants ou non, voyant qu’il s’embrouillait lui-même dans ses pensées. Un sourire énigmatique – ce fameux petit sourire que l’on connaissait pour être celui d’Eric de Froulay – étira même un instant ses lèvres… pour s’effacer aussitôt que de nouvelles paroles sortaient de la bouche du jeune homme. « François et vous, vous avez une sœur, n’est-ce pas ? lança-t-il, changeant soudain de sujet. C’est que je l’ai vu au troquet, il y a quelques jours. Elle était si jolie, mais pour une raison que je m’explique pas, elle m’a fui. Elodie s’entailla discrètement l’intérieur de la joue. Oui, la rencontre au troquet… Et lorsque je me suis approché de vous, aujourd’hui, je ne sais comment l’exprimer. J’ai cru que c’était elle que j’avais devant moi. Comme si vous n’étiez plus vous-même, mais votre sœur. »
La belle fit un violent effort pour rester totalement impassible, esquissant un vif mouvement de recul lorsque Nicolas s’approcha de nouveau d’elle pour lui attraper le poignet. De nouveau, elle douta. Etait-il entrain de jouer avec elle, là ? Elle ne se débattit néanmoins pas, se contentant de darder sur lui regard peu amène, qui signifiait clairement qu’elle estimait qu’il en avait assez fait pour la journée et qu’il était temps de clore l’accident – regard qu’un véritable homme n’aurait pas manquer de lancer dans cette situation, du moins elle le supposait. Il l’emmena sous le rayon de lune qui perçait à travers l’une des fenêtre du couloir, la sortant de l‘heureuse obscurité dans laquelle elle se dissimulait, exposant ainsi ses traits étrangement féminins à la lumière blafarde. Débarrassée de son uniforme et de son feutre, elle ne pouvait plus faire confiance qu’en l’apparente impossibilité de voir une femme aux mousquetaires – impossibilité sur laquelle Ruzé ne devait plus être aussi catégorique… Elle suivit l’évolution de son regard attentif sur chaque aspect de son visage, pouvant presque y lire ses doutes et interrogations.

« Vous vous ressemblez terriblement ! C’est fou. Encore une fois, j’ai l’impression que c’est votre sœur que j’ai devant moi ! lança-t-elle, lui arrachant un imperceptible tressaillement. »
Elle resta un instant encore immobile, le dévisageant d’un œil scrutateur, jusque le temps de voir un éclat passer dans son regard. Il était temps de mettre fin à cette mascarade. Vivement, au même moment que lui reculait enfin, elle se dégagea, regagnant l’air de rien le coin plus sombre qu’elle occupait quelques minutes auparavant. Elle inspira silencieusement le temps que Nicolas ne ferme les yeux, s’appliquant ainsi à se composer une expression plus sereine bien que légèrement troublée – nuance nécessaire à l’explication qu’elle allait invoquer. Le masque retrouvé, elle leva de nouveau les yeux sur le mousquetaire.
« Oui, en fait, tout cela pour vous dire que je suis totalement désolé de vous… d’avoir fait ce que j’ai fait, ajouta-t-il enfin. Et que je trouve votre sœur bien mignonne. »
Elodie se força une nouvelle fois à sourire vaguement. Elle aurait préféré s’épargner ce genre ce compliments si leur absence avait permit qu’il ne la reconnaisse pas. Mais soit. Une sœur ? Très bien, elle s’était attendue à devoir utiliser cette excuse de temps à autre, à partir du moment où elle s’était autorisée ses escapades dépourvues de son costume de soldat. Elle prit un instant pour paraître totalement assurée puis décolla enfin les lèvres.
« Bien, il me semble bon de clore l’incident ici, fit-elle sur un ton dépourvu d’agressivité mais qui n’admettait pas de discussion. Je vous accorde qu’Elodie et moi nous ressemblons beaucoup… Mais tout de même, de là à la voir sous une casaque de Ruzé ! M’est avis que vos nuits devraient vous servir un peu plus souvent à dormir ! »
Elle assortit la dernière partie de sa phrase d’une moue amusée. Les activités nocturnes de Ruzé, et de biens d’autres des mousquetaires d’ailleurs, n’étaient un secret pour personne et si la belle n’y accompagnait jamais ses camarades – ce qui lui valait nombre de remarques, de questions et surtout d’inventions plus ou moins farfelue - les récits divers et variés qu’ils pouvaient en faire lui en apprenaient bien assez.

Elle laissa filer une seconde de silence, prenant un air pensif. Maintenant, il fallait asseoir correctement l’histoire et surtout parer à toutes les interrogations qu’elle risquait d’amener. Au moins, s’il entendait parler d’Elodie de Froulay, il n’en serait pas plus intrigué que de nécessaire.
« Néanmoins, je vous sais gré de m’avoir parlé d’elle… J’ignorais sa présence à Versailles, où elle ne devrait pas être, lança-t-elle afin d’écarter toutes questions concernant le silence gardé sur l’existence de cette fameuse sœur. »
L’affaire risquait de s’embrouiller. Elle se mordit une nouvelle fois délicatement l’intérieur de la joue. Il allait falloir qu’elle parle rapidement à François de cette histoire… ce qui incluait de le mettre également au fait de ses escapades tenues secrètes jusque là. Et pour cause, son frère ne lui donnerait certainement pas sa bénédiction – et n’aurait pas totalement tort, il suffisait de regarder la situation dans laquelle elle se trouvait. Sans y songer, elle passa une nouvelle fois ses fins doigts dans sa longue chevelure et amorça un mouvement pour croiser les bras contre sa poitrine. Mouvement qu’elle fit avorté à peine terminé, afin d’éviter que Ruzé ne remarque les formes que moulaient sa chemise. Il était temps de mettre fin à la discussion, la fatigue commençait à se faire sentir sérieusement. Ignorant s’il avait vu quoi que ce soit, elle releva ses prunelles brunes mordorées vers lui.
« Je pense qu’il va falloir que François et moi ayons une discussion avec elle, fit-elle avec un sourire à l’expression indéfinissable mais qui, pour elle, signifiait qu’en effet, une discussion avec elle-même s’imposait pour des raisons de prudence… »
Elle laissa passer deux petites nouvelles secondes de silence puis reprit :
« Bien, si c’est tout ce que vous vouliez, je pense qu’une nuit de sommeil ne fera de mal à aucun de nous deux. »
Sur ces mots, elle esquissa un vague signe de tête en guise de salut, puis s’apprêta à tourner les talons.


Voilà. Bon, soit on termine là, soit Nicolas a trouvé de quoi douter de nouveau… Enfin, je te laisse décider =] Envoie un MP pour me dire si tu veux arrêter ^^
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Une explication? En effet, ce serait plus que nécessaire. Cette jeune Froulay semblait avoir de la graine de rebelle. En effet, lorsqu’une fille de bonne famille allait passer ses soirées dans un troquet, c’est qu’il y avait quelque chose qui clochait. Nicolas espérait seulement que ses frères ne la grondent pas trop. En même temps, il comprenait Élodie de vouloir fuir; ses deux frères n’étaient pas des plus marrants. Peut-être qu’il la recroiserait bientôt et à ce moment, il n’hésiterait pas. Il l’aurait cette mignonne peste!

Mais tout à la fois, Nicolas ne pouvait totalement s’expliquer la conduite d’Éric. Habituellement, un frère l’aurait provoqué en duel pour avoir osé s’approcher de sa sœur, mais lui, il allait gronder la jeune femme, qui avait fait exactement ce que la pudeur recommandait. Pourquoi donc n’était-il pas plus fâché contre lui? Ruzé avait été on ne peut plus clair; il voulait Élodie de Froulay sur ses lèvres, sous ses draps. Pourquoi donc Éric réagissait-il ainsi? Ce n’était pas normal.

Les yeux de Nicolas devinrent plus petits, de manière à ne former que de fines lignes, alors que ses sourcils se fronçaient. Comment pouvait-il s’expliquer ses doutes? Il savait qu’il y avait quelque chose pas clair dans toute cette histoire! Éric dut remarquer ses doutes, puisqu’il décréta que le sommeil leur faisait du bien.

Il ne restait donc que très peu de temps pour Nicolas pour entamer davantage ses soupçons. Vite! Trouver une idée! Il fit mine d’accepter et de vouloir retourner vers sa chambre, mais un sourire sardonique prit ses lèvres. Oui, il aurait un indice supplémentaire pour confirmer ses doutes!

Nicolas, d’un mouvement fort adroit et assez convaincant, fit semblant de s’embourber dans ses pieds. Allant tomber, il se rattrapa sur Éric. Entourant le gracile jeune homme de ses bras, il les passa sur son corps de manière rapide, dans une action qui paraissait tout de même normale.

-Oh! Pardonnez-moi, Froulay, j’ai peut-être un peu trop bu au bordel.

Nicolas savait bien qu’Éric de Froulay ne répliquait jamais aux arguments concernant une maison de prostitution ou ses employées. Puis, d’un pas plus qu’assuré, il se retourna et partit du couloir, laissant son compagnon dans le couloir. Regagnant son lit, il recolla les informations diverses que ses mains avaient pu récolter. Ses soupçons se confirmaient, prenaient de l’ampleur. Éric de Froulay avait un torse assez bombé pour qu’on puisse prétendre autre chose, surtout avec la mince chemise qu’il avait sur le dos à l’instant, et avait des fesses beaucoup trop rondes pour qu’elles fussent celles d’un mousquetaire. Nicolas avait remarqué tout cela en un instant, connaissant bien le corps féminin. Et si on y ajoutait le baiser de cet après-midi et la taille fine qu’il avait déjà touchée, il ne manquait pas grand-chose pour valider ses doutes. Oui, bientôt, il saurait ce que cachaient réellement les deux frères Froulay. Un sourire victorieux se peignit sur son visage et il s’endormit facilement devant la tâche prochaine à accomplir. Bientôt, Éric de Froulay révélerait son secret à Nicolas!

Voilà. Tu m'excuseras j'ai pas trouvé d'autre manière de vraiment confirmer les doutes de Nicolas pour la suite. Désolée des libertés prises avec le corps d'Élodie. Et le plus drôle là dedans, c'est qu'elle ne peut pas répliquer car ^^:

FIN DE TOPIC
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