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 Attention, à votre gauche - Marc de Beauharnais

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MessageSujet: Attention, à votre gauche - Marc de Beauharnais   Attention, à votre gauche - Marc de Beauharnais Icon_minitime09.02.10 19:48

Nicolas de Ruzé secouait ses bottes couvertes de gel matinal. Le soleil venait de se lever et cette rosée glacée fonderait dans quelques instants. Pourtant, il y avait déjà près d'une heure que le mousquetaire était levé. Il était vrai que les mousquetaires n'étaient jamais des lèves-tard, leur condition leur interdisant, mais habituellement, le noir matinal ne leur était pas tant familier. Cependant, Nicolas n'avait pas pu faire autrement. On l'avait convoqué au château. C'était la personne même d'Alexandre Bontemps, le premier valet de chambre du Roi et intendant de Marly et de Versailles qui l'avait appelé. Il faut le dire le message était assez mystérieux pour que le goût de l'intrigue de Nicolas le pousse à aller plus loin. Bontemps devait parler à Ruzé avant que le roi ne se réveille. Autant dire qu'il s'y prenait d'avance. Pourtant, il était encore plus prudent de le faire.

Bontemps était déjà là quand Nicolas arriva, ce qui lui fit penser à un quelconque retard, mais le valet le rassura aussitôt.

-Ah, vous voilà! Je suis soulagé! J'ai si peur de ne pas arriver à temps à l'éveil de Sa Majesté, s'était-il écrié en voyant le mousquetaire approcher.

-Alors parlons immédiatement, sans détours, monsieur, avait répondu Nicolas à mi-voix.

Alexandre Bontemps acquiesça du bonnet et se rapprocha encore davantage du jeune homme, qui le dominait d'une tête.

-Sa Majesté veut deux hommes d'action afin de régler quelque brouillamini à Paris. À la Cour des Miracles, plus précisément.

Eh bien, voilà une mission coupe-gorge! Paris est une ville invivable. Ce n'est pas étonnant que le Roi la fuit. Elle est une dangereuse concentration de populations : les épidémies se propagent aussi vite que passent les jours, des incendies sont allumés chaque nuits, et ceux-ci sont succédés par des inondations, des débordements de toutes sortes. Les rues sont encombrées et il y a du désordre en permanence. C'était le cauchemar même du Roi qui détestait tant ce qui n'était pas droit et bien. Paris est le berceau ou le tombeau de vilains, attendant beaucoup de choses de cette ville riche. Les escrocs, brigands, voleurs, mendiants, infirmes, hors-la-loi, paysans sans terre et autres déshérités y polluent rendant plusieurs quartiers tout simplement meurtriers. Finalement, il y a cette fameuse Cour des Miracles, l'anarchie même! Colbert estimait sa population à 30 000 individus, des individus de la pire espèce, les pires esprits sur terre. Nicolas qui n'aimait pas particulièrement le roture détestait totalement tout ce qui se rapportait à ces sans-âmes de bohémiens.

-Une protégée de Françoise de Sévigné a été enlevée alors qu'elle faisait des courses pour sa maîtresse. Vous devez connaître le visage de mademoiselle de Sévigné. Vous savez qu'elle est une des plus belles femmes de France et que le Roi lui porte une attention particulière. Vous vous souvenez peut-être qu'il a dansé la première danse du ballet des Arts avec elle il y a trois ans. Imaginez donc la réaction de Sa Majesté lorsque l'adorable jeune femme est venue pleurer pour son secours. Ses grands yeux mouillés n'ont pas mis longtemps à convaincre Sa Majesté. C'est donc vous qui allez chercher la protégée de mademoiselle de Sévigné. Mademoiselle ne veut absolument pas que la rumeur de cet enlèvement s'ébruite, par peur pour la vertu de l'enfant. C'est donc vous qui allez chercher mademoiselle de Rochefort, treize ans, rousse, plutôt petite, aux yeux noisettes. Elle a disparu aux coins des rues Saint-Martin et des Gravilliers . Vous saurez faire quelque chose?

Nicolas était resté étonné de la mission qu'on daignait lui octroyé. Il s'était incliné, alors que le valet avait rajouté qu'il devrait se munir d'aide.

-Ses bohémiens! De véritables âmes de diables! Il ne faudrait pas s'y frotter seul. Disparaissez maintenant et ayez la gratitude de Sa Majesté.

Alexandre Bontemps avait disparu, alors que Nicolas réfléchissait. C'était donc l'esprit plein des informations amassées que le mousquetaire secouait ses bottes pleine de givre avant d'entrer dans le campement. Il pensait à celui qui serait son partenaire dans cette mission. Ce ne devait pas être si compliqué; Nicolas était le mouton noir des mousquetaires à cause de sa relation d'haine avec d'Artagnan. Pourtant, il y avait bien un mousquetaire avec lequel il s'entendait bien, sans être son ami. Leur travail acharné dans les entraînements les avait rapprochés en quelque sorte. Et c'était à cause de cela qu'ils avaient un taux de réussite assez formidable dans leurs missions. Ils étaient complémentaires dans leurs attaques, ce qui facilitait la chose. Nicolas s'avançait vers la salle d'entrainement où il savait qu'il pourrait trouver son futur partenaire. Il comprenait ce qu'il devait faire pour mener cette mission à bien, mais il était tout de même déçu de ne pouvoir avoir recours qu'à un seul mousquetaire. Plus aurait été étrange. Si jamais trois ou quatre hommes blancs se promenaient en groupe avec des épées dans la Cour des Miracles, cela semblerait bien étrange. Nicolas ne pouvait risqué. S'ils étaient découverts, ils étaient pas mieux que morts.

Se rendant dans la salle, il pensait à un quelconque plan qui ne lui vint pas immédiatement. Il vit Marc de Beauharnais déjà à l'entraînement avec le jeune Froulay. Silencieux, Nicolas prit le temps de se poser de façon négligée contre le mur et regarda les mousquetaires faire leurs dernières passes avant de s'avancer vers Marc, tandis que Froulay était parti aux douches. Nicolas salua Éric de la tête lorsqu'il passa proche de lui.

-Beauharnais? J'ai besoin de votre aide pour une mission donnée par le Roi.

Nicolas se pencha davantage vers le mousquetaire afin d'éviter, comme demandé de ne pas trop parler de l'enlèvement.

-À la Cour des Miracles. Habillez-vous discrètement et on se rejoint aux grilles du Palais. On nous demande le silence.

Le jeune homme retourna à l'extérieur et alla au campement pour se vêtir simplement. Habillé d'une culotte noires, de ses bottes de même couleur et d'une simple chemise de lin blanche, il redoutait un quelconque accroc à son "déguisement". On ne devait pas les prendre pour des personnes douteuses. À la Cour des Miracles, il y avait des milliers de gens qui se promenant venant chercher la bonne aventure, des fioles de poisons ou d'aphrodisiaques. Il fallait qu'on les prenne pour l'un d'entre eux et qu'il repère la demoiselle. Ce ne devait pas être si difficile. Avec la description de Bontemps, ils devaient être capable de reconnaître la jeune fille. Les rouquines ne devaient pas être des dizaines à la Cour des Miracles. Sans perdre son temps, Nicolas sortit du campement et marcha à grands pas, presqu'à la course vers les grilles. Il avait déjà hâte d'être sur le terrain!
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MessageSujet: Re: Attention, à votre gauche - Marc de Beauharnais   Attention, à votre gauche - Marc de Beauharnais Icon_minitime15.02.10 0:32

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Comme tous les matins, Marc s'était levé aux premières lueurs du jour, s'était habillé rapidement et en silence avant de se saisir de sa rapière et de gagner la salle d'entraînement où Eric de Froulay l'avait rejoint quelques instants plus tard. Ils avaient passé les minutes suivantes à s'entraîner avec acharnement pour parfaire leur art et leur maitrise de l'escrime. Couverts de sueur, ils finissaient les dernières passes quand il vit du coin de l'œil une silhouette s'encadrer dans la porte. Il fronça les sourcils, s'attendant à être interrompu, comme il le détestait tant mais finalement la personne se posa de façon négligée contre le mur et observa les deux combattants. Marc devina avant de discerner les traits qu'il s'agissait de Nicolas de Ruze. Ils faisaient souvent équipes ensemble pour leur ronde ou leur mission et l'homme avait appris à respecter les mauvaises manies de Marc.

Enfin une paire de minutes plus tard, les deux mousquetaires arrêtaient leur échauffement du matin et le jeune Froulay partait au douche. Marc resta sur place tandis que Nicolas s'avançait déjà vers lui, il le salua d'un signe de tête et attendit que le mousquetaire lui fasse part de la raison de sa présence ici. Beauharnais? A son nom, Marc hocha la tête pour l'inviter à s'exprimer et à aller droit au but. J'ai besoin de votre aide pour une mission donnée par le Roi. A la mention « par le Roi » Marc fronça les sourcils. Voulait-il dire donné par le Roi par l'entremise du Capitaine ? Dans ce cas pourquoi n'avait-il pas dit que d'Artagnan la leur avait attribué ? Puis il se rappela de la haine que se vouait les deux hommes. Probablement Ruze préférait-il mentionner que les missions émanaient du Roi, ce qui était vrai, plutôt que de prononcer le nom honnis. Enfin cela revenait au même. Mais pourquoi cela n'avait-il pas été réparti avec les autres missions à la réunion du matin pour les affectations ? Il eut une partie de sa réponse quand Nicolas se pencha et parla plus bas. À la Cour des Miracles. Habillez-vous discrètement et on se rejoint aux grilles du Palais. On nous demande le silence. La cours des miracles ? C'était un véritable coupe gorge ! Et on leur demandait de partir discrètement à seulement deux ? C'était une embuscade qu'on leur tendait. Surtout que la cours était en effervescence ces derniers jour après qu'il ait arrêté un jeune voleur. Il ne donnait pas cher de leur peau.

« Je vous y rejoins dans quelques minutes... »

Lui assura néanmoins Marc, il lui faudrait quelques minutes pour se rafraichir et enlever les stigmates de ce sport matinal. Il aurait préféré prendre une douche mais si Ruze venait le chercher jusqu'ici, c'est que l'affaire, en plus d'être d'importance, devait être pressé. Il se consola en se disant que ainsi il serait à l'odeur locale... Mouais, cela ne le consolait pas vraiment en fin de compte, il préfèrerait vraiment sa douche. Tant pis... Il se rattraperait quand ils reviendraient de ce traquenard. Vivant si possible. Par contre quand il fit mine de reboutonner sa chemise, un doute l'assaillit et il posa la question à son collègue.

« En civil ou en tenue ? »

Lui demanda-t-il alors. Question de pragmatisme, si il lui demandait de s'habiller discrètement, c'était qu'il fallait agir avec discrétion et deux personnages en livrée de mousquetaire approchant la cours des miracles à moins de 100 mètres avaient toutes les chances de se faire percer ou se faire tirer par les mousquets. Enfin dans tous les cas, il serait là où Nicolas lui avait demandé d'être quelques minutes plus tard. Par contre celui-ci avait-il l'intention de l'attendre là ? Il en doutait s'il lui avait donné rendez-vous aux grilles du palais. Peut-être avait-il quelque chose à lui demander encore ?


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MessageSujet: Re: Attention, à votre gauche - Marc de Beauharnais   Attention, à votre gauche - Marc de Beauharnais Icon_minitime19.02.10 18:05

Nicolas pestait intérieurement contre l’impossibilité de prendre un cheval jusque dans les alentours de la Cour des Miracles. Monté sur son cheval bai, dont il caressait l’encolure d’un geste distrait, il attendait Marc de Beauharnais. Étrangement, comparativement à tous ces petits nobles qui passaient leurs journées à raconter des exploits militaires, alors qu’ils étaient à l’abri des tirs, Nicolas n’avait pas peur. Ce n’était pas un sentiment qu’il avait connu souvent. Même devant une mort qui devait être inévitable, il ne tressaillait pas. Pouvait-il dire qu’il avait hâte à ce moment ?

Quand son partenaire fut enfin arrivé, Nicolas éperonna son cheval et se lança sur les routes menant à Paris. Pendant le trajet, qu’il considérait long pour l’homme d’action qu’il était, il expliqua la situation à son partenaire.

-On est tenus au silence puisqu’il s’agit d’un enlèvement. Une des suivantes de mademoiselle de Sévigné a été enlevée. Nous devons simplement la retrouver et la ramener en un morceau. Évidemment, mademoiselle a tenu à spécifier au Roi qu’il fallait que cela soit maintenu dans le plus profond secret pour l’honneur de sa suivante. Du coup, nous ne sommes que deux pour cette mission où nous allons certainement nous faire transpercer la peau.

Nicolas soupira et continuait de pousser à fond de train son cheval. La perte de temps n’était pas son fort, surtout que la vertu et possiblement la vie de mademoiselle de Rochefort étaient en jeu. Finalement, ils arrivèrent devant le coin de rue où la jeune fille avait disparu. Nicolas sauta lestement en bas de sa monture et regarda autour d’eux.

-Disons que l’heure ne nous avantage pas. Ils ne doivent pas se lever avant midi, ces bohémiens. Aucun moyen de les voir converger en un seul endroit. Donc aucune chance de trouver l’entrée de cette maudite Cour des Miracles.

Se retournant sur lui-même, il vit l’Église Saint-Nicolas-des-Champs, qui trônait dans ce quartier. Il le vit comme un bon signe. C’était comme si son patron cherchait à l’aider. Nicolas regarda Marc, se demandant s’il avait trouvé quelque chose pouvant les aider. Tournant sur lui-même, il examina les environs. L’église, de style gothique flamboyant, semblait donner raison à la situation. En effet, même si mademoiselle de Rochefort avait été enlevée sur ces coins de rue, il n’y avait aucun moyen de savoir si les gitans ne l’avaient pas tirée à des kilomètres de là pour la mener dans leur tanière secrète. Y avait-il la moindre possibilité qu’elle soit encore en vie, d’ailleurs?

Soupirant, Nicolas s’avança vers le côté d’un édifice et s’assit nonchalamment sur une borne. Le coude gauche accoudé sur son genou, sa main arrachant nerveusement les peaux mortes de ses lèvres, il se sentait étrange. Comme s’il attendait une révélation. L’épée à la taille, il bougeait sa jambe droite frénétiquement, à cause de sa nervosité.

Si c’était impossible de retrouver la Cour des Miracles, comment retrouver la jeune fille? Comment ne pas fâcher le Roi? Nicolas jeta un regard vers Marc et se décida en voyant des jeunes garçons se précipiter dans l’église alors que les cloches commençaient à sonner réveillant la ville. Il se releva rapidement.

-Je vais demander à un enfant de choeur. Ils doivent certainement être au courant.

Nicolas se mit à courir, traversa la grande rue et attrapa un petit garçon avant qu’il ne rejoigne les marches de l’église. Il mit sa main sur son épaule et lui sourit. Le petit enfant le regarda avec ses immenses yeux bleus et tenta de se retirer de la poigne de fer que maintenait Nicolas.

-Monsieur, je dois rentrer, sinon le prêtre ne sera pas bien content.

Nicolas se pencha à sa hauteur et sortit quelques louis d’or de sa poche, les laissant briller dans la lumière diffuse du matin.

-Tu vois ces pièces? Tu en auras trois si tu réponds à mes questions.

L’enfant acquiesça rapidement de la tête, ses yeux se fixant sur l’or brillant dans la grande main du jeune homme.

-Tu vois l’autre monsieur là-bas, près des cheveux? Lui et moi, nous sommes mousquetaires. Nous avons été envoyés ici par le Roi pour une mission secrète.

-Vous êtes sérieux, monsieur? dit l’enfant, tout impressionné, le regard brillant.

-Oui. Et nous avons besoin de ton aide, …?

-Michel, monsieur.

-Nous avons besoin de ton aide, Michel. Tu dois venir à Saint-Nicolas tous les jours, n’est-ce pas?

-Oui, monsieur.

-Tu as donc vu des bohémiens, souvent, n’est-ce pas?

-Oh, presque tous les jours, monsieur.

-Bien, bien, et peux-tu me dire où ils vont, ces méchantes âmes? demanda Nicolas pour impressionner l’enfant, pour forcer ses confidences.

Michel joua avec une de ses mèches brunes, réfléchissant. Puis, son visage s’illumina.

-Vous connaissez la rue Quincampoix, monsieur? Et la rue Saint-Merri? Vous connaissez le jardin de dame Clotilde. Derrière celui-là, j’ai cru voir un énorme trou noir derrière une roche. Ils y vont souvent. Mais j’ai eu trop peur pour y entrer.

Nicolas sourit. Si ce gamin ne se trompait pas, ce pouvait bien être une des entrées de la Cour des Miracles.

-Cette dame Clotilde, c’est une bohémienne?

-Oh! Bien sûr que non. C’est la veuve Francheville. Une vieille bourgeoise, très dévouée à la paroisse et qui nous donne de bons biscuits.

--Merci, Michel. Voilà pour toi, dit Nicolas, en vidant les pièces de sa main, les mettant dans la petite paume tendue. Je te donne tout cela. Tu donneras ce que tu croiras bon à l’église. Maintenant, cours, sinon tu vas avoir des grandes réprimandes.

-Merci monsieur.

Nicolas se retourna et courut vers son partenaire.

-Rues Quincampoix et Saint-Merri! Il devrait y avoir une entrée. On y va?
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MessageSujet: Re: Attention, à votre gauche - Marc de Beauharnais   Attention, à votre gauche - Marc de Beauharnais Icon_minitime07.03.10 20:46

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Nicolas était parti sans un mot, et aucune réponse qu'il venait de poser. Il leva les yeux au ciel, et passa une tenue civile puisqu'on leur demandait la discrétion. Il ceignit sa ceinture à sa taille, discrétion ne voulait pas dire un-armé, après tout il appartenait à la noblesse française et porter l'épée était dans son droit, alors il n'allait pas s'en gêner. Il quitta la chambre sans autre mot, sous le regard de certains mousquetaires qu'il croisa mais avec lesquels il ne s'arrêta pas pour discuter. Il ne le faisait jamais de toute façon. Il se hâta vers les écuries et récupéra son cheval puis se dirigea vers les grilles de Versailles ou son comparse d'aventure l'attendait. Nicolas éperonna son cheval et il le suivit se lançant ensemble sur les routes menant à Paris. Pendant le trajet, il lui expliqua enfin la situation. On est tenus au silence puisqu’il s’agit d’un enlèvement. Une des suivantes de mademoiselle de Sévigné a été enlevée. Nous devons simplement la retrouver et la ramener en un morceau. Évidemment, mademoiselle a tenu à spécifier au Roi qu’il fallait que cela soit maintenu dans le plus profond secret pour l’honneur de sa suivante. Du coup, nous ne sommes que deux pour cette mission où nous allons certainement nous faire transpercer la peau. Marc acquiesça à cette explication bien que des éléments lui semblaient bizarres, il demanda.

« D'habitude le capitaine d'Artagnan ne souhaite pas que l'on approche de ce lieu à moins d'une dizaine et aujourd'hui il nous envoie seulement tous les deux ? »

Il n'était pas vraiment convaincu par l'explication de la discrétion. Finalement, ils arrivèrent devant le coin de rue où la jeune fille avait disparu. Nicolas sauta lestement en bas de sa monture et regarda autour d’eux., Marc démonta avec plus de parcimonie et moins d'empressement. Il n'était pas pressé de se faire embrocher, même s'il n'en était pas pour autant couard. Il marcherait fièrement devant sa mort, mais cela ne voulait pas dire qu'il irait l'anticiper ! Disons que l’heure ne nous avantage pas. Ils ne doivent pas se lever avant midi, ces bohémiens. Aucun moyen de les voir converger en un seul endroit. Donc aucune chance de trouver l’entrée de cette maudite Cour des Miracles.

« Vous voulez vraiment rentrer dans cette cour des miracles ? C'est la mort assurée, vous le savez ! N'avez-vous pas un plan plus discret ? Le capitaine ne... »

Demanda Marc en fronçant les sourcils mais il n'eut guère le temps de terminer sa question que Nicolas l'interrompait et partait en courant dans une rue et en l'informant. Je vais demander à un enfant de chœur. Ils doivent certainement être au courant. Il se mit à courir, traversa la grande rue et attrapa un petit garçon avant qu’il ne rejoigne les marches de l’église.

« ....vous a-t-il pas fourni d'autres éléments susceptibles de nous aider ? »

Marc acheva la fin de sa phrase pour lui-même en soupirant. Ruzé était une vrai tête brulée ! Il allait les faire tuer séance tenante ! Il traversa la rue à son tour pour rejoindre son collègue, mais le temps qu'il arrive la conversation était terminée, ce qui ne l'empêcha pas de laisser percevoir sa colère sous-jacente quand le jeune homme se tourna vers lui et le rejoignit. Arrivé à sa hauteur il lui lança : Rues Quincampoix et Saint-Merri! Il devrait y avoir une entrée. On y va?

« Morbleu Ruzé ! Évidemment que non ! Avez-vous perdu l'esprit ? Vous tenez tant que cela à mourir ??! Que croyez-vous qu'ils vont faire de nous en débarquant dans leur repaire à plus de 2 contre 50 ?! Réfléchissez ! Nous avons besoin d'un plan, si nous voulons récupérer cette jeune fille ! Et cela commence à s'éloigner d'ici et ne pas se montrer si ostensiblement. Tempéré votre enthousiasme ou nous échouerons ! »

Il empoigna le bras de son comparse et de force tenta de l'entraîner à l'écart, dans une ruelle moins exposer où ils pourraient finir de discuter et de mettre en place un plan. Il était rare que Marc tienne un tel discours, mais Ruzé agissait ce jour-ci comme un bleu qui ne connait ni Paris ni ses dangers. La cours des miracles, cela équivalait à laisser un mousquetaire dans la cours d'une prison avec tous les hommes qu'il y avait fait enfermer ! La plupart des membres de cette cours était des criminels ou des délinquants dont les portraits tapissaient le bureau du capitaine. La tête de chacun devait valoir 10 écus d'or peut-être ! Et il voulait entrer comme cela, en simple touriste, et leur demander de leur remettre une jeune fille enlevée, probablement contre rançon, sans avoir reçu une pièce en échange. Mais à quoi pensait-il ?! Ces gens étaient des parias, des mendiants sans un sou vaillant en poche, qui en ces temps difficiles devaient probablement avoir grande faim. Ils ne laisseraient probablement pas passer une occasion pareille de récupérer un petit pécule pour assurer les jours d'hiver. Et si pour faire comprendre cela à Nicolas il devait lui botter le cul, il n 'hésiterait pas à le faire.


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MessageSujet: Re: Attention, à votre gauche - Marc de Beauharnais   Attention, à votre gauche - Marc de Beauharnais Icon_minitime01.04.10 16:37

-Si j’ai perdu l’esprit? Eh bien en voilà, une drôle de question! Et vous, avez-vous perdu votre courage?

Nicolas aimait bien taquiner Marc, qui était si prudent. En effet, il était bien possible que sans sa réserve et sa discrétion, Ruzé ait peut-être quelques membres en moins aujourd’hui. Mais il était bien rare que l’aîné des deux manque d’enthousiasme face à l’idée d’une escarmouche. Au contraire plus le danger était grand plus l’excitation était délicieuse. Cependant, il devait bien s’avouer que cela n’était pas sans lui créer quelques ennuis.

-Et non, le capitaine ne nous a donnés aucune directive puisque c’est une mission secrète! Il n’est pas au courant. Il n’y a que nous, Bontemps, le Roi et mademoiselle de Sévigné qui sommes au courant.

Par contre, en disant cela et en examinant davantage les reproches de Beauharnais, Nicolas se rendit bien compte du danger qu’ils courraient. S’ils mouraient à la Cour des Miracles, on ne les retrouverait pas avant des semaines. Au fond, Ruzé savait que son compagnon avait raison et qu’il était dans le tort. Mais, bien qu’il fut plus âgé que son partenaire, Nicolas était plus impétueux, ressemblant beaucoup à un adolescent dans sa hâte. Cependant, il n’arrivait à se modérer.

-Pensez-y, Beauharnais, si on était davantage, on se ferait automatiquement repérer. Vous voyez une dizaine de bonshommes avec épées, habillés avec raffinement débarquer dans la Cour des Miracles. Je ne me vois pas très bien plaider que nous sommes tous venus acheter des aphrodisiaques. Plus nous sommes, plus nous sommes repérables, plus nous sommes en danger. Je ne dis pas que notre paire n’est pas sans risque, évidemment!

Mais Ruzé ne put finir de mettre ses arguments en place; Beauharnais lui empoignait déjà le bras, le menant à l’écart. Nicolas jeta à son partenaire un regard interrogateur. Un plan? Un plan? Voilà qui était difficile à trouver. Comment avoir un plan lorsqu’on ignore ce qui se trouvera à la première étape? D’accord, Nicolas, dans son hédonisme, avait parcouru les bas-fonds les plus ignobles de Paris, mais la Cour des Miracles, il n’y avait jamais mis les pieds! Alors, il ne pouvait pas prétendre savoir ce qu’il y avait à l’intérieur, ni même s’il était difficile d’y entrer. Ils avaient beau faire un plan parfait, ce dernier pourrait bien s’effondrer dès qu’il passerait la porte des Miracles. Car si le passage était Quincampoix, Saint-Merri, la Cour des Miracles était certainement bien plus loin. Alors que Nicolas pensait, sa main fourrageait dans ses cheveux.

-C’est certainement des passages souterrains… Le passage indiqué doit mener à la vraie Cour des Miracles. Jamais je ne croirais qu’elle est ici. Ces vilains doivent avoir mené mademoiselle de Rochefort sous la terre, sinon cela aurait attiré l’attention, vous y pensez bien!

Mais si les passages menaient bien là où ils le devaient, est-ce que cela les mènerait à la jeune femme? Après tout, La Reynie avait fait vider les lieux depuis plusieurs années maintenant, mais comme la peste, ces bandits revenaient toujours. Et peut-être que la demoiselle était dans une autre Cour. La seule façon de le savoir était d’y aller. Cependant, ce n’était pas tout le monde qui faisait montre du même enthousiasme que Nicolas. Ce qui était tout de même bien normal, vu l’impossibilité de faire jouer un élément en leur faveur. Par contre, l’esprit roué de Nicolas avait trouvé quelque chose.

-Je sais que Montalet a déjà été. Ces bohémiennes ont toute une réputation et c’est certainement cela qui l’a attiré. Est-ce que vous pensez pouvoir jouer un débauché pendant quelque temps? Nous pourrions prétendre vouloir mademoiselle de Rochefort. Avec nos deux bourses, je suis certain qu’il ne devrait pas avoir le même problème; plus que les femmes, c’est l’argent qui attire ces bougres! Et on la sort de là… Ne craignez rien, il est sûr que le Roi nous remerciera comme il convient.

Nicolas en disant cela redoutait la réaction de Marc. Parfois, ces valeurs rigides l’impressionnaient. Peut-être les enviait-il. D’un geste distrait, il estima la monnaie qu’il avait sur lui. C’était encore une chance qu’il n’ait pas tout dépensé la veille. Il ne restait que l’approbation de Beauharnais et ils pourraient aller sauver la demoiselle. Il espérait seulement que les bohémiens ne se douteraient pas de ce qu’ils cherchaient à faire.

-En fait, peut-être qu’on serait mieux de prendre deux filles. On aurait l’air un peu stupide à deux sur la même. Vous pourriez choisir une autre fille qui a l’air prisonnière, car je dois avouer que moi dans l’obscurité, je ne vois guère bien. Comme cela, on fait deux pierres d’un coup. J’espère seulement qu’on n’arrive pas trop tard. Si jamais, ils l’ont cachée, je ne sais pas ce que nous pourrions faire. Nous ne pouvons décemment pas demander cette fille immédiatement. Nous serions automatiquement repérés, déjà que nous serons déjà suspects. Si seulement on avait un contact en bas, ce serait tellement mieux!

Nicolas passa la main dans ses cheveux cuivrés en regardant autour d’eux. Paris commençait à s’éveiller, le soleil était maintenant bien visible, bien que pâle et les marchandes sortaient leurs étales. Oui, ils devaient se dépêcher. Peut-être que s’ils attendaient trop longtemps, la demoiselle de Rochefort serait vendue et ses traces seraient perdues à tout jamais. Et pour eux, ce serait des grands reproches de la part du Roi. Les yeux bleus du mousquetaire remontèrent jusqu’à son compagnon.

-Au pire, si vous n’êtes pas confiant, on pourrait toujours aller demander de l’aide à La Reynie. Je suis certain qu’il a mis un agent dessous, connaissant ses méthodes. Qu’en pensez-vous? Croyez-vous qu’on en ait réellement besoin?
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MessageSujet: Re: Attention, à votre gauche - Marc de Beauharnais   Attention, à votre gauche - Marc de Beauharnais Icon_minitime26.10.10 18:47

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Debout dans cette rue, ils avaient continué de discuter... Et Marc ne pouvait se défaire de cette impression d'être observé. Les paroles de Nicolas avait ramené son attention sur lui et lui avait fait voir rouge. Si j’ai perdu l’esprit? Eh bien en voilà, une drôle de question! Et vous, avez-vous perdu votre courage ? Comment osait-il ?! Comment osait-il avancer qu'il n'avait pas de courage ?! S'ils n'avaient eut plus urgent dans l'instant il lui aurait jeté son gant à la figure et défié dans l'instant ! Ruse avait de la chance qu'ils soient en mission.

« Ne m'insultez pas Ruse ! »

Gronda Marc sous la remarque de son collègue. Il ne manquait pas de courage et il n'avait plus rien à prouver dans ce domaine selon ses supérieurs. Mais pour lui, cela n'était jamais assez et la pique de Ruzé avait touché un point justement sensible et c'était ce qui avait fait réagir si promptement Marc alors qu'il était d'un naturel plutôt calme. Au moins cela montrait qu'il n'était pas insensible comme certain de ses camarades d'entraînement semblaient le penser. Bahhh... qu'ils parlent... Cela n'avait jamais perturbé Marc et cela n'allait pas commencer aujourd'hui. Il écoutait les ragots, juste par intérêt professionnel et généralement n'en tenait pas compte. Encore moins quand ils concernaient sa personne. Enfin là n'était pas le point. Le plus gros du problème arrivait. Et non, le capitaine ne nous a donnés aucune directive puisque c’est une mission secrète! Il n’est pas au courant. Il n’y a que nous, Bontemps, le Roi et mademoiselle de Sévigné qui sommes au courant. Marc ne sut s'il avait envie de l'égorger sur place ou quand ils seraient de retour sur Versailles à la fin de cette journée, sain et sauf. Lui qui était d'un calme olympien, il avait envie de hurler sur Nicolas. Il l'avait toujours respecté en tant que coéquipier, mais jamais il n'aurait pensé qu'il l'entrainerait ainsi dans ce qui semblait être une mission de plus en plus louche à ses yeux.

« Attendez.... Vous voulez dire que ces ordres ne viennent pas du capitaine ? Et vous m'avez embarqué la dedans sans même m'en parler avant ?!! Une mission secrète et le capitaine n'est pas au courant ? Cela ne vous a pas semblé bizarre ?! Nous règlerons cela plus tard ! »

Ce n'était ni le lieu ni le moment d'épiloguer la dessus, mais que Ruse ne s'y trompe pas au retour ils en reparleraient. Et après cela il lui affirmait ne pas avoir perdu l'esprit. Mais à quoi pensait-il par le Saint Esprit ??!!! Pensez-y, Beauharnais, si on était davantage, on se ferait automatiquement repérer. Ohhh il le savait à quoi il pensait, à son ambition surtout ! Il en avait rien à faire de cette fille si cela lui permettait de briller et de devancer le capitaine. Il allait devoir avoir une petite conversation sur le retour avec Ruse sur leur collaboration et remettre certaines choses en perspective. Vous voyez une dizaine de bonshommes avec épées, habillés avec raffinement débarquer dans la Cour des Miracles. Non, il ne voyait pas une dizaine d'homme... Pas plus que deux... Surtout eux deux ! Je ne me vois pas très bien plaider que nous sommes tous venus acheter des aphrodisiaques. Parce qu'il pensait réellement sortir cette excuse ??!!! Plus nous sommes, plus nous sommes repérables, plus nous sommes en danger. Et rester planter là, n'allait pas aider. Je ne dis pas que notre paire n’est pas sans risque, évidemment! Évidemment et rapidement Marc l'avait entrainé à l'écart. Il ne fallait pas qu'ils restent aussi en vue avec leur accoutrement. Ils avaient déjà dû être repéré depuis long mais s'ils pouvaient éviter de l'être par encore plus de monde... Cela leur laisserait plus de chance de survie. C’est certainement des passages souterrains… Le passage indiqué doit mener à la vraie Cour des Miracles. Jamais je ne croirais qu’elle est ici. Ces vilains doivent avoir mené mademoiselle de Rochefort sous la terre, sinon cela aurait attiré l’attention, vous y pensez bien!

« Sûrement en effet. »

Marc était bien d'accord sur ce point, l'accès à la réelle cours des miracles devait sûrement se faire par des sous-terrains et il était totalement convaincu que ce n'était pas l'endroit où aller pour eux. Ils étaient trop connus en tant que mousquetaire et même avec le meilleur des déguisements, ils ne passeraient pas inaperçus... Du moins ne le pensait-il pas. Mais peut-être Ruse avait raison et ils réussiraient, il était simplement trop prudent pour tenter. Et pendant qu'il réfléchissait, son comparse poursuivait. Je sais que Montalet a déjà été. Ces bohémiennes ont toute une réputation et c’est certainement cela qui l’a attiré. Est-ce que vous pensez pouvoir jouer un débauché pendant quelque temps ? Jouer au débauché ? Cela devait pouvoir se faire. Ce n'était pas dans ses habitudes certes, pas du tout même, mais il était prêt à tout pour réussir dans son travail, même à se transcender. Nous pourrions prétendre vouloir mademoiselle de Rochefort. Avec nos deux bourses, je suis certain qu’il ne devrait pas avoir le même problème; plus que les femmes, c’est l’argent qui attire ces bougres! Et on la sort de là… Ne craignez rien, il est sûr que le Roi nous remerciera comme il convient. L'idée de Ruse n'était pas mauvaise en soi, mais à son avis, elle manquait de cohésion et de précision. Certaines questions lui venaient déjà en tête et il voulu les exprimer tout haut.

« Je ne me fais pas... »

Mais il fut coupé au début de sa phrase par l'impétuosité de son camarade, il était sûr que Nicolas n'avait même pas du réaliser qu'il avait commencé à parler. Il semblait tellement pris dans son idée, à la développer, à échafauder un plan. En fait, peut-être qu’on serait mieux de prendre deux filles. On aurait l’air un peu stupide à deux sur la même. Il acquiesça d'un signe de tête pour lui donner raison sur ce point, ils auraient l'air parfaitement ridicules, mais comme on disait, il ne tuait pas. Par ailleurs, après réflexion, peut-être pas tant que cela avec les mœurs de certaines personnalités de la cour. Celle des miracles devait en avoir entendu des vertes et des pas mûre et ce genre de comportement ne lui semblerait peut-être pas si bizarre. Mais il se refusait tout simplement à laisser croire une telle chose de sa personne ! C'était le bûcher assuré si un homme d'Église passait par là et mené une enquête. Il avait beau être en conflit avec la religion, il ne voulait tout de même pas perdre son âme ou se condamner aux Enfers. Vous pourriez choisir une autre fille qui a l’air prisonnière, car je dois avouer que moi dans l’obscurité, je ne vois guère bien. Comme cela, on fait deux pierres d’un coup. J’espère seulement qu’on n’arrive pas trop tard.

« Je l'espère également... »

Fit savoir Marc dans un murmure plus pour lui même que réellement à l'attention de Nicolas qui poursuivait. Si jamais, ils l’ont cachée, je ne sais pas ce que nous pourrions faire. Nous ne pouvons décemment pas demander cette fille immédiatement. Nous serions automatiquement repérés, déjà que nous serons déjà suspects. Si seulement on avait un contact en bas, ce serait tellement mieux! Voilà qui répondait à sa question directement ou du moins reprenait l'interrogation qu'il allait poser. Comme quoi Ruse, malgré son empressement et son emportement se posait les bonnes questions et c'était ce qu'il faisait de lui un bon mousquetaire et d'eux une bonne équipe.

« Je suis totalement d'accord avec vous, nous ne pouvons pas débarquer ainsi, se faire passer pour deux hommes avides d'amusement avec une Dame et réclamer Mlle de Rochefort.... Nous ne serions pas crédibles une seconde et incapable d'expliquer comment deux étrangers, qu'ils n'ont jamais vu, sont déjà au courant de leur prisonnière. Et cela, si nous avons la chance de ne pas être reconnu pour ce que nous sommes : des mousquetaires. Après tout, nous en avons sûrement mis plus d'un sous les verrous et ils ne vont avoir aucun mal à nous reconnaître même avec nos déguisements... Un contact nous serait réellement utile... Quelqu'un qui travaille pour nous... »

Réfléchissait Marc à son tour. Au pire, si vous n’êtes pas confiant, on pourrait toujours aller demander de l’aide à La Reynie. Il secoua doucement la tête en signe de négation. Je suis certain qu’il a mis un agent dessous, connaissant ses méthodes. Qu’en pensez-vous? Croyez-vous qu’on en ait réellement besoin ? Sincèrement non. Le chef de Police de Paris ne serait qu'une gêne dans une enquête qui devait rester secrète et surtout rapide. Ils ne devaient pas traîner et agir très rapidement, avec le moins de risques possibles.

« J'en doute.... Les méthodes de La Reynie sont fort discutables et surtout trop ostentatoire... Vous avez dit vous-même qu'il s'agissait d'une mission secrète, si nous appelons La Reynie à l'aide, adieu discrétion et effet de surprise... Il nous faut quelqu'un dans la place... Quelqu'un qui nous rendrait service et nous donnerait des informations... Quelqu'un qui nous doive quelque chose et soit obligé de travailler pour nous sans le dire. Quelqu'un capable de nous dire où ils ont caché Mlle de Rochefort. Je ne pense pas qu'ils la gardent à la cours des miracles même. Trop insalubre, trop... Pas assez chic pour vendre une Demoiselle de cette qualité... Je crois que j'ai une idée ! Assura Marc alors qu'une ébauche de sourire étiré le coin de ses lèvres. Venez avec moi ! »

Intima-t-il après avoir tapoté sur l'épaule de Nicolas en signe de connivence. Il le guida en dehors de la ruelle où ils s'étaient postés pour discuter et le long du chemin il lui expliqua son plan.

« Vous vous souvenez de ce malandrin que nous avions appréhendé il y a plusieurs mois ? Il n'arrêtait pas de nous parler de sa femme et de ses 5 enfants afin de nous attendrir et de le relâcher ? Il avait pénétré dans un hôtel particulier et avait volé pour une somme considérable de pièce. Vous aviez exprimer vos doutes quant à sa capacité d'organiser une mission d'une telle envergure. Le bonhomme ne semblait pas très vivace d'esprit, vous vous souvenez ? »

Marc fit une pause, laissant Nicolas rassembler ses souvenirs tout en marchant d'un pas vif pour gagner la chaumière qu'il souhaitait voir. Il longeait les ombres afin d'être le plus discret possible et essayait de faire le moins de bruit tout en avançant très rapidement. Ce n'était vraiment pas chose aisée sur les pavés de la Capitale mais ils avaient été entrainés pour cela, alors autant prouver qu'ils étaient bons. Et tout en se dirigeant dans la bonne direction Marc poursuivit.

« Exact. Et bien il se trouve qu'il a effectivement une femme et 5 enfants et que ceux-ci étaient retenus en otage par une personne plus haut placé dans la Cours des Miracles pour s'assurer qu'il ferait le travail et correctement... Je l'ai découvert en allant vérifier ses dires chez lui avec Daniel, il était trop insistant et il m'avait mis le doute. Nous avons pu délivrer sa famille et enfermer le belligérant. A présent il nous doit une belle faveur et il serait bon d'aller lui rappeler ce soir. Je crois qu'il va pouvoir nous aider. Il connait les sous-sol de Paris particulièrement bien et ils pourraient à défaut de nous mener à la cachette de Mlle de Rochefort, nous donner des informations importantes et utiles quant à où la trouver. »

Et Marc l'interrogea du regard pour savoir ce que son coéquipier en pensait. C'était la meilleure idée qui lui était venu à l'instant et qui combinait les raisonnements de Nicolas et ses propres doutes. Une fois en possession d'un complément d'informations, ils pourraient décider ou trouver une meilleure idée pour délivrer Mlle de Rochefort au plus tôt.


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