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 Il court, il court, le furet... [Isabeau]

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Silvestre de Lévis


Silvestre de Lévis

« s i . v e r s a i l l e s »
Côté Coeur: Volé par une jolie pirate
Côté Lit: Ca dépend de vous
Discours royal:



    Miaou ☀
    Mais oui! Mais oui!
    J'ai bien vu un Gros Minet!!


Âge : 27 ans
Titre : Vicomte de Vauvert, Seigneur de La Voulte et Beauchastel, Commandant du Soleil Royal (marine royale)
Missives : 232
Date d'inscription : 28/02/2012


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MessageSujet: Il court, il court, le furet... [Isabeau]   Il court, il court, le furet... [Isabeau] Icon_minitime28.09.15 22:00




Silvestre était plutôt confiant. Ses affaires à Chambord étaient rondement menées, il savait où il allait, avait retrouvé un but. Le roi donnerait sous peu des audiences, et il avait réussi à se faire inscrire sur la liste des demandeurs. Sa mission, confiée par le Gouverneur du Canada n’avait pas pu être menée à bien à cause de la guerre, le jeune lieutenant avait donc dut la différer, ce qui l’avait profondément agacé. Chaque minute perdue le tenait éloigné un peu plus longtemps de ce Canada qu’il aimait et où il était loin des manigances de son frère. Maintenant qu’il était fiancé à Elena de Sotomayor, il lui serait certainement plus difficile de repartir, mais nul doute que si le ministre Colbert l’avait convoqué plus tard, le lendemain, c’était pour lui signifier son congé, et qu’il retourne chez les sauvages de chez qui il venait et dont les mœurs, moins « civilisées » mais plus vraies et sincères, lui manquaient énormément. Bref, le jeune vicomte de Vauvert n’aurait plus qu’à faire ses malles, bien peu pleines, et laisser là sa fiancée, ou l’emmener, c’était selon, pour de plus vastes contrées, mais il faudrait attendre pour cela mars prochain, les longs mois de traversée rendaient impossible le voyage à cette saison, sous peine d’arriver face à un mur de glace. En attendant cela, il s’était fait un allié de circonstance en la personne de Morgan Stuart, avec qui ils avaient prévus d’avant guerre d’importer les courses anglaises en France, et l’affaire, là aussi, prenait bonne tournure. De qui s’occuper cet hiver avant son départ, en somme.

Silvestre était tout sourire, par cette matinée un rien pluvieuse d’automne, avançait dans les couloirs de Chambord. Il avait prévu d’aller monter à cheval, mais la chose avait été rendue impossible par le temps, il n’aurait pas risqué les jambes de sa monture dans une cavalcade effrénée dans la boue entourant le château centenaire. Aussi se contentait-il de vaquer à ses occupations. Il avait écrit à sa mère et à ses sœurs, chose qu’il négligeait par trop depuis son retour en France et la fin de la guerre. Il savait que la première s’enquérait surtout de son bien être et de sa santé, la seconde de la cour, et la troisième du salut de son âme pour laquelle elle priait sans relâche, il en était certain. Les trois courriers à la main, il descendit les remettre au courrier partant pour le sud de la France où toutes trois se trouvaient. Marguerite aurait donné n’importe quoi pour être à la cour, avec ses frères. Catherine, de son côté, semblait s’être encore plus adoucie. Elle avait prononcé ses vœux, ce qui avait révolté le jeune homme. Mais c’était le choix de sa cadette, largement approuvé par leur aîné qui n’avait ainsi qu’une seule dote à payer. Pourtant, de ce qu’il avait comprit des sous entendus de certains, une seule dote serait sans doute encore trop pour le duc de Ventadour, et les fiançailles de son cadet le vicomte de Vauvert avec cette intrigante espagnole fort riche étaient plus que bienvenues.

Silvestre soupira. Au moins, en Amérique, les intrigues étaient bien moins compliquées une fois qu’on avait commencé à comprendre les interactions entre les différents peuples. Et il lui tardait véritablement de la revoir, son Amérique. Il venait de descendre de cette espèce de mansarde qu’on lui avait donnée pour chambre – à la grâce de Monsieur, disait-on – et s’apprêtait à y retourner chercher quelques effets avant de se rendre à la collation organisée dans l’après midi, quand une silhouette intercepta son regard. Et cette silhouette, il lui semblait bien l’avoir déjà vue. Pas seulement à Versailles, enfin, ailleurs, avant. Avant quoi ? Il aurait été bien incapable de le dire. Une ancienne maîtresse ? Cela lui paraissait fort probable, elles étaient pour la plupart de l’autre côté de l’océan, et pour les quelques autres, à Rochefort. Quand à celles qu’il avait connues depuis son retour, elles étaient assez peu nombreuses pour qu’il se les rappelle. Mais où, quand ? Impossible de se souvenir. Cela l’agaçait au plus au point. Elle était loin encore, habillée à la dernière mode, de façon charmante, ses cheveux bruns retenus encadrant son visage. Et Silvestre avait l’impression que si le visage lui était familier, la mise, elle, lui était étrangère, du moins sur cette personne. Il l’avait croisée de loin à Versailles, sans pouvoir l’approcher. Et là, elle était à Chambord, le hasard n’était-il pas des plus intéressant ? Aucune étiquette ne l’empêchait de l’aborder pour lever le mystère. Il passerait pour le dernier des idiots, c’était certain, mais au moins en aurait-il le cœur net. Et passer pour un idiot n’avait jamais fait peur au Vicomte de Vauvert.

Aussi se fraya-t-il un chemin dans la galerie, d’ailleurs fort peu encombrée à cette heure. Il se contenta de saluer quelques personnes de sa connaissance, dont les jeunes femmes qui rêvaient d’en savoir plus sur ses voyages, et certaines… Connaissances qu’il avait acquises. Il réussit cependant à s’en dégager, mais cela avait sans nul doute attiré le regard de la jolie brune, car elle sembla pâlir d’effroi en voyant Silvestre s’approcher, si bien qu’elle s’éloigna, d’un pas rapide. Silvestre se dégagea et tenta de la rattraper, accélérant le pas à son tour.

-Madame ! Madame, attendez ! s’écria le jeune homme, surprit.

Il accéléra encore l’allure. Etait-ce l’effet de son imagination, ou allait-elle de plus en plus vite alors qu’il essayait de la rattraper ?
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MessageSujet: Re: Il court, il court, le furet... [Isabeau]   Il court, il court, le furet... [Isabeau] Icon_minitime02.11.15 18:22

Traversant les couloirs de Chambord à pas rapides, Isabeau ne put retenir un soupir de soulagement en songeant que la reine lui avait donné son congé pour le reste de la journée, la libérant après de longues heures d’essayages afin de parfaire la dernière robe en date qu’elle lui avait commandée. Non que la compagnie de la reine soit épuisante, bien au contraire, mais la jeune femme avait encore beaucoup de mal à réaliser qu’elle travaillait pour la souveraine en personne, et elle en était tellement intimidée qu’elle oubliait régulièrement de respirer en sa présence. Elle qui se targuait de ne jamais se laisser intimider par qui que ce soit et dont la réputation de femme de tête n’était plus à faire, se retrouvait comme une petite fille face à l’ampleur de la chose. Elle, la paysanne exilée, puis revenue en parfaite illégalité sur le territoire français, elle qui avait appris à lire à dix-huit ans et butait encore sur les mots même si elle avait appris à maintenir les apparences d’une classe qui n’était pas la sienne, avait si bien gravi les échelons qu’elle effleurait les têtes couronnées du doigt. Régulièrement, elle se demandait si ses parents l’auraient mieux traitée, s’ils avaient su ce que leur fille malingre, chétive et entêtée allait devenir. Probablement. Et c’était bien la tristesse de la chose.

Soupirant à nouveau, Isabeau poussa la porte de ses petits appartements pour déposer son matériel et ses croquis, désireuse de se reposer cinq minutes avant de rejoindre les divertissements organisés pour l’après-midi. La pluie légère les empêchait pour l’instant de profiter du vaste parc qui entourait le château, mais elle avait entendu dire que le maréchal des logis était en train d’improviser pour sauver la situation et elle n’avait aucun doute sur ses capacités à trouver de quoi satisfaire le roi et la reine à la dernière minute malgré ce contretemps. Isabeau elle-même hésita un instant, croisant son reflet dans le miroir, et décida que la robe qu’elle portait pour faire la couture n’était décidément pas appropriée pour la cour. Avec dextérité, elle délaça son corset et s’extirpa de la robe pour sauter dans une autre, aidée de son assistante. En un rien de temps, elle se retrouva cintrée dans une robe bleue sombre et blanche, plus sophistiquée et plus appropriée pour Chambord, tout en conservant la simplicité qui faisait sa marque de fabrique. Louise remonta les cheveux d’Isabeau en une coiffe simple, destinée à tenir toute une après-midi – la pratique avant tout. Isabeau remercia la jeune fille et lui donna à elle aussi son congé pour l’après-midi, il n’y avait aucune raison pour qu’elle aussi ne profite pas des merveilles que Chambord recelait. Echangeant un sourire satisfait avec son reflet dans le miroir, Isabeau inspira pour se donner du courage, et sortit de sa chambre pour doucement se mettre en chemin vers la salle de réception où elle savait pouvoir trouver le reste de la cour. Dans le couloir, elle croisa une comtesse qui figurait depuis peu parmi ses clientes (ses parfums commençaient à avoir leur petit succès eux aussi) et lui fit promettre de lui accorder quelques minutes pour lui parler d’une idée qu’elle avait pour faire une surprise à son mari. Isabeau opina, bien entendu qu’elle serait ravie de se complaire à sa requête. Lorsqu’elle disparut, probablement à la recherche dudit mari, Isabeau songea que tout ça était décidément bien surréaliste. Elle était à Chambord, on la connaissait, et même si elle sentait à tous les instants qu’elle n’était pas de leur rang, au moins on la tolérait. On cherchait sa compagnie même, parfois. Tout ça lui donnait le vertige. Elle savait qu’elle avait mérité tout ça, qu’elle avait travaillé dur pour en arriver où elle était… mais tout de même. C’était exceptionnel.

Soudain, alors qu’elle avançait dans le couloir, un petit mouvement de groupe attira son attention ; des jeunes femmes attroupées autour d’un homme qui avait l’air d’essayer de se dégager de là. L’idée la fit sourire, mais lorsqu’elle dévisagea le pauvre homme par curiosité, son sourire s’effaça aussi vite qu’il était né sur ses lèvres, et toute couleur déserta son visage.

Lui.

Aussitôt, sans réfléchir, elle fit demi-tour, espérant qu’il ne la remarque pas, avançant à un rythme qu’elle espérait normal pour ne pas attirer son attention. Hélas, lorsqu’elle se retourna, elle constata avec effroi qu’il la suivait. Mieux. Qu’il l’appelait. Elle accéléra encore le pas, faisant semblant de ne pas l’entendre, ignorant les regards des quelques passants qui se demandaient ce qu’il se passait. Elle bifurqua dans un couloir et, constata avec soulagement qu’il n’y avait personne, se mit même à courir. Elle se retourna, pour voir s’il était encore là – il la suivait toujours et la rattrapait ! Maudite robe ! Son cœur se mit à battre la chamade dans sa poitrine – et ne regardant pas où elle mettait les pieds, trébucha contre un pavé qui dépassait. Avec une exclamation de surprise, elle s’étala de tout son long sur le sol, l’épaisseur du tissu servant de coussin amortisseur – mais le temps qu’elle se remette de l’incident et il était déjà à ses côtés. Aussitôt, elle redressa le dos et le cou, dans une attitude de défi, et bien que sa voix tremblât, c’est le regard brillant de détermination et en le menaçant de son index qu’elle s’exclama :

« Je vous préviens, je ne retournerai pas là-bas ! Inutile d’insister ! »

Un instant de silence flotta dans l’air, Isabeau toisant Silvestre de Lévis avec toute l’assurance dont elle était capable, à l’instant même où elle voyait défiler devant ses yeux en un quart de seconde les souvenirs du trajet en bateau pour la Nouvelle-France, la terreur, l’arrivée, son mariage avec Théophile, sa mort, son retour catastrophique en France. Hors de question qu’elle revive tout ça. Soufflant sur une mèche de cheveux qui était venue barrer son visage et chatouiller son nez, elle reprit d’un ton qu’elle espérait implacable :

« Je me souviens très bien de vous, sur le bateau de Nouvelle-France. Ce n’est pas la peine de jouer aux innocents avec moi ! Si vous avez en tête de me renvoyer là-bas, je préfère vous avertir que je sers maintenant la reine, et qu’elle n’apprécierait guère de se retrouver sans costumière à cause de votre zèle, monsieur de Lévis. »

Non mais.
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Silvestre de Lévis


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MessageSujet: Re: Il court, il court, le furet... [Isabeau]   Il court, il court, le furet... [Isabeau] Icon_minitime06.11.15 22:25

Quand sa mère lui disait qu’il courait bien trop après les jeunes filles, nul doute qu’elle ne prenait pas cette expression au sens littéral. Silvestre non plus ne se serait pas attendu à en fait quelque chose d’aussi direct, et encore moins dans un château royal, au vu et au su de tout le monde, qui les regardait étrangement. Ce n’était pas une impression, à chaque fois qu’il accélérait le pas pour rattraper la jeune femme, elle accélérait à son tour, comme pour lui échapper, insensible à ses appels et interpellations. Mais enfin, quelle mouche la piquait ? Lui avait-il fait du mal dans une autre vie ? Ou du moins avant de quitter la France, à une période dont il ne se rappelait que très peu lui-même ? Car c’était bien là le nœud du problème. Si le visage de la jeune femme lui était familier, il était absolument incapable de se rappeler quand ou comment il l’avait rencontrée, et il en venait même à se demander s’il ne l’avait pas rêvée. S’eut été un bien joli rêve car la jeune fille était bien jolie et fort agréable à regarder. De plus, elle était habillée à la dernière mode, mais tout en simplicité et non à outrance comme bien des jeunes femmes de la cour. Bref, l’ensemble était fort plaisant au regard, et Silvestre avait bien peur d’avoir déjà pensé cela quelques années plus tôt et de s’être bien mal comporté avec la jeune femme, ce qui aurait été possible.

Cette course poursuite commençait à être ridicule. Silvestre décida d’accélérer un peu plus le pas, quitte à courir franchement, déclenchant des regards étonnés sur leur passage, au point qu’on s’écartait de leur chemin, ce dont le jeune homme se serait bien passé. Il n’avait pas besoin de publicité, surtout négative, avant de rencontrer le roi et le ministre Colbert le lendemain. Il aurait pu la laisser fuir, mais cela lui aurait causé une grande frustration, il aimait savoir de quoi il retournait quand il s’agissait de lui. Et puisqu’il l’avait sous la main, autant en profiter, non ? Fort de ses années passées en Amérique, à courir dans les forêts avec les Indiens, il lui suffit d’accélérer un peu ses foulées – quoi qu’entravées par sa tenue, plus décontractée qu’une tenue de cour, mais pas aussi à l’aise que dans celle de trappeur. Il n’allait pas mettre bien longtemps à la rattraper, le tout était de savoir comment elle allait pouvoir le supporter, étant donné sa volonté à le fuir. Elle allait crier au scandale à n’en pas douter, il faudrait toutes les facultés de chevalier servant que Silvestre pouvait avoir pour réussir à l’empêcher de hurler. Il aurait quand même bien aimé comprendre en quoi il pouvait bien être si effrayant. Son égo risquait d’en être durement atteint – ou pas, vu l’importance qu’il y apportait, il n’était pas du genre à se battre en duel pour un oui ou pour un non, contrairement à bien des jeunes gens de sa génération.

Il allait bien finir par la rattraper, quand le sort – ou la main Divine ? – décida de l’aider en lui donnant un petit coup de pouce. S’empêtrant dans sa robe, la jeune femme s’étala de tout son long dans le couloir, ce qui permit à Silvestre de parcourir les quelques mètres qui les séparaient encore sans s’inquiéter plus avant. Alors qu’il allait se pencher pour lui tendre la main et ainsi l’aider à se relever, mais elle se retourna, telle un chat sauvage, toutes griffes dehors :

-Je vous préviens, je ne retournerai pas là-bas ! Inutile d’insister !

-Que… quoi ? fut tout ce que Silvestre réussit à répondre face à l’agressivité de la jeune femme.

Elle se redressa sur ses coudes, farouche. Mais de quoi parlait-elle ? Nul doute que si ses yeux avaient lancés des éclairs, elle l’aurait foudroyé sur place. Mais de quoi parlait-elle ? Où était-il sensé la renvoyer ? Le silence flotta quelques instants, avant qu’elle ne se redresse un peu plus et lui crie au visage :

-Je me souviens très bien de vous, sur le bateau de Nouvelle-France. Ce n’est pas la peine de jouer aux innocents avec moi ! Si vous avez en tête de me renvoyer là-bas, je préfère vous avertir que je sers maintenant la reine, et qu’elle n’apprécierait guère de se retrouver sans costumière à cause de votre zèle, monsieur de Lévis.

… mais c’était bien sûr ! Silvestre se rappelait maintenant, le seul convoi des filles du Roy qu’il avait escorté, dans ses débuts en Nouvelle France, il y avait une éternité de cela. C’était donc là qu’il l’avait rencontrée !

-Mais oui ! s’exclama Silvestre. C’était vous, à bord du bateau. Voilà pourquoi votre visage m’était familier !

C’était au tour de la jeune femme de ne plus rien y comprendre. Oui, Silvestre devait l’admettre, il avait totalement oublié la jeune femme, malgré les quelques discussions qu’ils avaient eut sur le pont. De l’eau avait coulé sous la coque de ses navires depuis lors. Comment était-elle arrivée là ? A Versailles, et… proche de la reine, s’il fallait l’en croire ? Eh bien, quel chemin parcourut. Silvestre n’allait certes pas la blâmer d’être rentrée, il connaissait le sort de ces jeunes filles à peine débarquées, mariées au premier célibataire venu… des choses bien peu agréables en somme. Alors qu’elle ait réussit à rentrer en France, il ne pouvait que l’en féliciter. Sans faire plus de manière, le sourire revenu à son visage, il se pencha vers elle et lui saisit le bras pour l’aider à se relever.

-Eh bien, vous êtes plus avancée que moi, mademoiselle, ou madame ? Si vous vous rappelez de mon nom, je dois avouer avoir oublié le vôtre, à ma grande honte. Il faudra que vous me contiez par quel miracle vous êtes revenue jusqu’ici, et votre ascension jusqu’à la reine. Beau parcourt en vérité !

Qui les aurait vu, sans avoir repéré leur course poursuite, aurait pensé voir deux amis en grande discussion.
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MessageSujet: Re: Il court, il court, le furet... [Isabeau]   Il court, il court, le furet... [Isabeau] Icon_minitime10.01.16 17:14

Un chat sauvage. C’était probablement l’impression qu’Isabeau donnait, ainsi empêtrée dans ses jupes, les yeux furieux, presque les dents sorties et prêtes à mordre. La situation avait quelque chose de cocasse, et même de franchement ridicule en y repensant, mais Isabeau était bien trop paniquée à l’idée d’être renvoyée en Nouvelle-France pour s’en soucier. De toute façon, la reine ne la laisserait pas repartir en Nouvelle-France, n’est-ce pas ? La favorite non plus ? Elle n’était plus de ces jeunes donzelles qu’on ramassait sur les rues pour les mettre dans des navires sans en payer les conséquences. Elle était quelqu’un, maintenant. Même si elle se sentait malgré elle redevenir toute petite face au vicomte de Vauvert. Mais s’il tentait quoi que ce soit, s’il faisait ne serait-ce que mine de l’attraper ou d’appeler les gardes ou tout autre mouvement louche, elle n’hésiterait pas à lui bondir dessus et… et quoi ? Lui arracher les yeux ? Elle n’était pas sûre que les gardes apprécient de se retrouver ainsi avec un homme aveugle sur les bras pendant qu’elle prendrait la fuite et serait obligée de changer de ville, d’identité, peut-être de pays pour ne pas être rattrapée. Une perspective qui ne la réjouissait guère – et qui était probablement un peu exagérée. Maintenant qu’il était face à elle, le vicomte n’avait pas l’air aussi menaçant. Elle restait méfiante, le dévisageait comme si elle était prête à le griffer à la moindre menace, mais si Loïc avait été là il l’aurait sûrement sermonnée en lui disant qu’elle était ridicule. Pourtant, lorsqu’il ouvrit la bouche pour répondre, Isabeau ne put s’empêcher d’anticiper le pire…

-Mais oui ! C’était vous, à bord du bateau. Voilà pourquoi votre visage m’était familier !


Isabeau blêmit légèrement en constatant qu’il se souvenait enfin d’elle. Qu’elle avait été stupide de lui rappeler les circonstances de leur rencontre. Maintenant c’était sûr, il allait s’empresser de tout faire pour la renvoyer où il l’avait laissée la dernière fois. Et pourtant, le visage de Silvestre n’exprimait aucune animosité. Au contraire, il avait l’air… Surpris ? Ravi, même ? L’expression d’Isabeau passa de la méfiance la plus totale à l’étonnement et la perplexité. Elle avait l’impression de lui avoir annoncé une excellente nouvelle, vu sa tête heureuse et son amusement flagrant. Avait-elle loupé quelque chose ?

Avant qu’elle n’ait le temps de réagir, le jeune homme s’empara de son bras et l’aida à se relever comme si elle n’avait pas pesé plus lourd qu’une plume. Isabeau en revenait de moins en moins, et dévisageait Silvestre avec une surprise grandissante.

-Eh bien, vous êtes plus avancée que moi, mademoiselle, ou madame ? Si vous vous rappelez de mon nom, je dois avouer avoir oublié le vôtre, à ma grande honte. Il faudra que vous me contiez par quel miracle vous êtes revenue jusqu’ici, et votre ascension jusqu’à la reine. Beau parcourt en vérité !


La mâchoire d’Isabeau aurait pu se détacher de sa tête tant elle était surprise. Il la complimentait ? Il retrouvait une fille qu’il avait laissée à Montréal pour peupler le pays, à Chambord, et visiblement pas du tout déterminée à peupler les colonies, et il était content ? Qu’est-ce que c’était que cet énergumène ? Isabeau ne trouva pas ses mots tout de suite, complètement prise de court – pour se donner une contenance elle épousseta ses jupes, avant de relever la tête vers le vicomte, visiblement perplexe alors qu’il souriait toujours.

« Madame. C’est Madame à présente, bien que veuve. » répondit-elle en essayant de retrouver son aplomb, ce qu’elle fit sans trop de difficulté. « Madame Isabeau Lacassagne. Je me suis mariée en arrivant en Nouvelle-France – et avant que vous ne posiez la question, non, je n’ai pas tué mon mari pour pouvoir rentrer ! » ajouta-t-elle avec un regard d’avertissement. Après tout, son mari était la seule chose qui lui soit arrivé de bien, là-bas. « Quant à mon ‘ascension’, c’est une longue histoire, comme vous vous en doutez. »

Désormais bien campée sur ses deux pieds et rassérénée quant aux intention du vicomte, elle le dévisagea à nouveau de ses yeux verts, scrutant son visage qui se superposait à celui qu’elle avait vu bien des années auparavant. Elle se souvenait assez bien de lui – ils avaient même échangé quelques fois, sur le bateau. C’était le marin le plus courtois auquel elle ait eu affaire, et sa compagnie avait presque rendu la traversée plus agréable. Mais à l’époque, elle n’était qu’une gamine des rues que même ses connexions avec le marquis de Courtenvaux n’avaient pas pu sauver. Qu’il était étrange de se retrouver ainsi face à un visage aussi familier, et pourtant si étranger. Comme un revenant d’un passé si lointain qu’il en était presque enterré.

Heureusement, le revenant avait un visage avenant, et Isabeau était désormais presque certaine qu’il n’avait aucunement l’intention de la dénoncer. Son expression amusée irradiait d’une certaine tranquillité, et elle devinait la joie de vivre derrière ses prunelles rieuses. Peu à peu, Isabeau se détendit à son tour.

« Pardonnez ma réaction démesurée, monsieur. Ca faisait des années que je n’avais pu personne de ‘cette époque’, et vous revoir était si inattendu… Je suis vraiment confuse. » répéta-t-elle en rougissant presque de sa conduite effectivement exagérée. Isabeau n’était pas du genre impulsive, mais lorsque cela lui arrivait, elle ne faisait vraiment pas semblant. Autour d’eux, des groupes et des couples marchaient, ne leur prêtant plus attention maintenant que les témoins de leur course-poursuite s’étaient dispersés, leur attention probablement retenue ailleurs par quelque personnage plus important. Nul doute ceci dit que l’incident allait faire sourire encore quelques temps à la cour. Merveilleux. Décidant de ne pas y penser pour le moment, Isabeau proposa au vicomte d’aller s’asseoir sur un banc pour pouvoir discuter sans être dérangés. A l’abri sous le toit de la terrasse, ils échappaient à la pluie et plus personne ne leur prêtait attention. Et Isabeau avait quelques questions à poser, elle aussi.

« J’ai du mal à croire que vous ne m’en vouliez pas d’être revenue. Même si j’ai été mariée comme le ‘contrat’ le voulait, je suis tout de même revenue de mon propre chef et sans laisser de descendance derrière moi… Vous n’avez pas d’obligation de renvoyer les filles comme moi d’où nous venons ? » Elle chercha à sonder son regard. « J’apprécie votre discrétion et me souviens de votre gentillesse sur le bateau… je ne voudrais pas vous causer d’ennuis. »

Même s’il était hors de question qu’elle reparte, ajouta-t-elle en pensée.
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Silvestre de Lévis


Silvestre de Lévis

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MessageSujet: Re: Il court, il court, le furet... [Isabeau]   Il court, il court, le furet... [Isabeau] Icon_minitime29.01.16 15:35

La mémoire de Silvestre ne l’avait pas trompé, il avait bien reconnu la jeune femme. Mais s’il avait sut que le visage lui était familier, il était incapable de remettre un nom ou un lieu sur celui-ci. Et si elle ne s’était pas enfuie de la sorte – on allait sans doute faire des gorges chaudes de cette petite course poursuite dans les couloirs du séculaire château de Chambord, magnifique ceci dit au passage, qui changeait grandement le jeune homme de la pression de Versailles, mais sans lui rendre cette liberté qu’il aimait tant auparavant en Nouvelle France – jamais il ne l’aurait poursuivie ainsi et ils se seraient bien passés de cette scène un rien grotesque mais qui l’avait fort amusé. Il n’en fallait pas beaucoup au jeune vicomte de Vauvert pour s’amuser, ceci dit. Cela était plutôt rassurant d’ailleurs, il était certain de ne jamais céder à la morosité qu’on lui avait prédit alors qu’il revenait des Amériques, frappant souvent ceux qui n’avaient plus l’habitude des carcans de France. Un peu de fraicheur et d’amusement n’avait jamais fais de mal à quiconque. Car oui, pour Silvestre, il avait s’agit d’un bon moment, sans se douter une seule seconde qu’il était en train de donner la peur de sa vie – pour bien des raisons d’ailleurs – à la jeune femme. Il ne se savait pas si effrayant pourtant, et s’il avait été surprit en la voyant s’enfuir, prenant les pans de sa robe à son cou, il n’avait pas eut le temps d’y réfléchir avant de s’élancer à sa poursuite. Il agissait, réfléchissait après. Cela portait ses fruits, en général.

Sa réaction, toutes griffes dehors, changeait bien de celle des précieuses de cour, et lui rappelait des jeunes femmes rencontrées dans des situations bien plus rudes. Et bien sûr, quand elle l’évoqua, il se rappela. Elle avait fait parti du seul convoi de filles du Roy qu’il avait escorté, lors de son retour rapide en France, une saison après son arrivée au Canada. On avait fait d’une pierre deux coups, le renvoyant là où il était utile tout en assurant la sécurité à bord de ce navire rempli de jeunes filles qui étaient pour la plupart des vagabondes ou des filles de joie. Les marins estimaient qu’ils avaient le droit de se servir au passage. Silvestre, jeune officier sorti peu de temps auparavant de l’école militaire, avait un joli minois qui rassurait ces jeunes femmes, tout en, après quelques claques, en imposant aux marins qui avaient fini par comprendre qu’elles n’étaient pas là pour les amuser eux. Il se souvenait des discussions échangées avec la jeune femme, au cours des semaines de traversée, qui n’avaient pas été une mince affaire. Mais il n’avait jamais vraiment cherché à savoir ce qu’elle, ou ses compagnes de mésaventure, étaient devenues. La plupart du temps, une fois mariée, elles étaient engrossée et abandonnées en ville alors que leurs maris partaient courir le bois à nouveau – ce qu’il ne pouvait leur reprocher, ayant tendance à faire de même. D’autres ne survivaient pas à leur premier hiver en Nouvelle France, non habituée au froid et à la rudesse du lieu, d’autres encore, étaient enlevées par les sauvages, et on ne les revoyait jamais. Il était sincèrement heureux qu’elle s’en soit sortie, et si elle avait regagné la France, ce n’était pas là ses affaires. Il l’avait aidée à se remettre sur ses pieds, position un peu plus digne tout de même, et elle semblait bien plus étonnée que lui.

-Madame. C’est Madame à présente, bien que veuve. Madame Isabeau Lacassagne. Je me suis mariée en arrivant en Nouvelle-France – et avant que vous ne posiez la question, non, je n’ai pas tué mon mari pour pouvoir rentrer !

Silvestre eut un sourire goguenard, avant de s’approcher du mur de la galerie et de s’y appuyer, ne gênant ainsi plus le passage, et intimant à sa nouvelle compagne de l’imiter.

-Loin de moi cette idée, madame ! Je n’oserai…

Il était évident à son regard que pourtant, il l’en aurait bien cru capable. On croisait rarement des femmes de cette trempe.

-Quant à mon ‘ascension’, c’est une longue histoire, comme vous vous en doutez.

Il hocha la tête, curieux pourtant. L’histoire paraissait rocambolesque et pleine de rebondissement, et celui qui s’était improvisé conteur pour ces dames de la cour friande de sensations fortes – du moment bien évidemment qu’elles n’étaient pas amenées à les vivre directement  - savait apprécier un bon récit quand il se profilait.

-Pardonnez ma réaction démesurée, monsieur. Ca faisait des années que je n’avais pu personne de ‘cette époque’, et vous revoir était si inattendu… Je suis vraiment confuse.

Rougissait-elle ? Il lui semblait. Cela l’amusa d’autant plus qu’il aimait cette position de « victime » de la réaction sauvage de la jeune madame Lacassagne.

-J’imagine que vous ne vous attendiez pas à croiser quelqu’un de mon engeance à Chambord. L’huis clos dans lequel nous nous trouvons facilite les rencontres, mais minimise les personnes, contrairement à Versailles, qui, bondé, aide à l’anonymat. Mais ne vous excusez-pas. Je suis persuadé que vous m’aviez oublié moi aussi, ce qui ne me vexerait pas, c’était il y a si longtemps… J’aurais pu moi aussi, comme certains de mes camarades, finir au fin fond d’une forêt, sous la lame d’un iroquois, cela n’aurait rien eut d’étonnant.

Il haussa les épaules, flegmatique. La mort ? Il fallait y être préparé quand on se rendait dans ces contrées lointaines. Il en parlait si non avec philosophie, du moins avec détachement. Il l’avait trop donnée et y avait été assez confronté pour ne plus pouvoir s’en offusquer. Et à vrai dire, Isabeau Lacassagne avait peut être cru voir un fantôme en l’apercevant la première fois.

-J’ai du mal à croire que vous ne m’en vouliez pas d’être revenue. Même si j’ai été mariée comme le ‘contrat’ le voulait, je suis tout de même revenue de mon propre chef et sans laisser de descendance derrière moi… Vous n’avez pas d’obligation de renvoyer les filles comme moi d’où nous venons ? J’apprécie votre discrétion et me souviens de votre gentillesse sur le bateau… je ne voudrais pas vous causer d’ennuis.

Silvestre ferma les yeux un instant et laissa sa tête aller contre le mur, un sourire aux lèvres. Les ennuis étaient son quotidien. Ennuis d’un autre genre, certes, mais ennuis tout de même. Le froid de la pierre lui fit du bien. Il rouvrit les yeux à demi, les laissant errer dans le vague, en répondant.

-Mon « travail » était de vous escorter, pas de vous y enchaîner. Une fois remise aux autorités du gouverneur et aux gardes de la ville, vous n’étiez plus de mon ressort, et n’en êtes toujours pas. S’il faudrait que je vous dénonce, je n’en vois ni l’intérêt, ni l’utilité. Au vu de la vie qui s’offrait à vous là-bas, il n’y a aucun reproche à vous faire d’avoir voulu une vie meilleure, en revenant en France.

Il se redressa, lui offrant son bras pour retourner vers des parties du château un peu plus fréquentées. Si la course poursuite allait déjà faire des gorges chaudes, mieux valait ne pas donner lieu à plus de curiosité. Sa réputation n’était plus à faire, mais il ne voulait pas mettre celle de la jeune femme en danger.

-Et puis, ajouta-t-il en se penchant vers elle, comme en confidence, sa majesté la reine ne saurait plus se passer de vous. Mais je vous préviens, être vue en ma compagnie pourrait vous valoir quelques inimitiés de la part des duègnes qui ont l’oreille de la reine. Je ne suis pas vraiment en odeur de sainteté à leur endroit.

Sa relation passée, mais restée très amicale, avec Sofia Farnèse n’y était certainement pas étrangère, quand on savait comment la jeune femme avait été congédiée de la maison de la souveraine. De plus, les jeunes dames composant sa suite, quand elles ne battaient pas des cils devant le roi, appréciaient la compagnie et les histoires du jeune homme.

-Cela pourrait nuire à votre réputation.


La mise en garde était plutôt une petite pique, et cela amusait presque Silvestre. Etre mal vu des duègnes était un excellent challenge, et il n’avait jamais aimé ce qui était trop facile. Isabeau à son bras, ils revenaient vers l’endroit de leur « rencontre » et le début de leur course effrénée, sous les regards toujours étonnés de ceux qui les avaient vu s’élancer.
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