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 [Mémoires de Philippe d'Orléans]

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Philippe d'Orléans


Philippe d'Orléans

« s i . v e r s a i l l e s »
Côté Coeur: Il a été brisé, piétiné et maintenant celui qui était à mes côtés est devenu mon ennemi. Quelle cruelle destinée !
Côté Lit: Le lit de mon palais est si confortable et accueillant !
Discours royal:



ADMIN TRAVESTIE
Monsieur fait très Madame

Âge : 27 ans
Titre : Prince de France, Monsieur le frère du Roi, Duc d'Orléans, de Chartres, d'Anjou, seigneur de Montargis
Missives : 10014
Date d'inscription : 03/01/2007


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MessageSujet: [Mémoires de Philippe d'Orléans]   [Mémoires de Philippe d'Orléans] Icon_minitime05.07.07 15:22

[Mémoires de Philippe d'Orléans] Medium_carnetirlande1_3

Philippe a commencé à ouvrir son premier carnet le soir de son mariage. Après sa première nuit en compagnie de son épouse, il éprouva le besoin de tout coucher sur du papier, de sa vie, ses envies, ses penchants, ses amants, ses souvenirs, ses fous rires ... Bref, les aventures d'un jeune homme de 20 ans dont la vie est des plus trépidantes, il est un des premiers hommes à afficher ouvertement ses tendances homosexuelles dans une Cour où il était bon de cacher cela.

Enfant royal mais écarté du pouvoir, traité comme une fille durant toute son enfance en portant des robes et jouant avec d'autres garçons avant de découvrir qu'ils avaient plus d'intérêt que les femmes. Et après ses premières expériences, il vola de conquêtes en conquêtes, multipliant les amants dans l'Europe entière. Marié contre son gré pour stratégie politique, il reste volage.

Homme sans pouvoir mais homme d'art, il est celui qui organise les bals et autres grands évènements pour que la Cour puisse s'amuser. Personnalité de goût, il est aussi futile qu'intelligent et qu'exigeant. Philippe supervise aussi bien les pièces de Molière que les compositions de Lulli, quoiqu'avec ce dernier il y a bien plus ...

Bref, ses mémoires sont aussi bien une chronique de la Cour où Monsieur prend plaisir à tout détailler de ces personnalités aussi incontournables qu'intriguantes. Mais c'est aussi un exutoire de ce qu'il ressent ...

Bref, la double personnalité de Monsieur réuni dans ces petits carnets écrits à la plume de sa belle écriture fine et cachés à l'abri des regards indiscrets. Sait on jamais ...


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MessageSujet: Re: [Mémoires de Philippe d'Orléans]   [Mémoires de Philippe d'Orléans] Icon_minitime04.08.07 17:18

(Ces ecrits sont des extraits n'ayant pas forcément une date récente au point de vue chronologique, il faut se repérer approximativement.)


Monsieur et Lulli : de l’admiration à la passion


[…] N’ai-je donc jamais raconté comment mon histoire avec Jean Baptiste a-t-elle commencé ? Hé bien puisque le temps libre qui m’est accordé est assez long, je peux tout écrire, du moins l’essentiel. Par où commencer … Revenons au tout début, il y a plus de 8 ans.
1653. J’avais 13 ans et j’adore m’habiller en fille. Jusqu’à mes 12 ans, la Reine ma mère m’habillait comme les demoiselles, j’y avais pris goût et quand l’on m’apportait des costumes de jeunes garçons, je les échangeais contre les robes de mon amie Athénaïs ainsi qu’avec François de Choisy –celui-ci s’habillant toujours de la sorte d’ailleurs- et m’amusait à courir dans le château ainsi. A cet époque, nous étions la plupart du temps à Saint Germain, moins grand que Versailles et plus austère à mon goût. Mais qu’importe, il y avait assez de couloirs pour y courir en soulevant nos robes et rire à en pleurer. C’est dans ses conditions que je rencontrais Jean Baptiste pour la première fois. Je m’en souviendrais toujours de l’admiration que j’ai suscitée pour lui dès les premiers instants. Nous courions, Athénaïs, François et moi-même dans les couloirs en riant quand nous arrivâmes dans une pièce où la Reine ma mère et Louis se tenaient avec un jeune homme d’une vingtaine d’années aux grands yeux bleus. Tous trois nous nous sommes courbés tandis que son nom se fit entendre : Giovanni Battista Lulli. Un italien et musicien, il était au service de ma cousine Anne. J’étais arrivé à temps pour le voir se mettre au clavecin pour nous faire écouter une quelconque composition. A peine avait il posé ses doigts que les notes s’envolaient comme par magie, la pièce se remplissait de notes plus belles et gracieuses les unes que les autres. Ma mère ne se serait pas tenue là à m’observer, je me serais mis à danser en faisant tournoyer dans ma robe mais je me suis abstenu et j’ai écouté, c’est si beau et même divin. Jamais je n’avais entendu pareil musicien et j’admirais ce jeune italien qui tardait à se faire connaître. D’ailleurs, la Cour le découvrit dans le Ballet de la Nuit où Louis y dansait. Ce fut des plus remarquables et bien que je sache mon frère excellent danseur, ce fut la musique qui me toucha le plus, j’étais totalement admiratif de ce don de la nature, cette force et ce talent de la musique en un homme si jeune. N’étant pas de nature timide, je me suis mis à lui parler. La première fois, je ne me souviens plus du sujet de notre discussion mais je ne pus m’empêcher de lui dire que ce qu’il faisait était merveilleux et que j’adorais. Un véritable admirateur en somme.
Bien qu’ayant quelques années d’écart, il me prit en amitié, aimant me parler musique et de ce qu’il avait vécu, adorant comparer la Cour de France et son Italie natale, Florence particulièrement puisque sa ville natale. Je me promettais au fond de moi de partir en Italie. Si j’aurais su que j’y serais allé tant de fois … Mais là n’est pas le sujet, Jean Baptiste –puisque les gens se plaisaient à traduire son si joli prénom en français- était un homme des plus simples et des plus humbles, n’aimant pas les grandes choses ni être trop mis en avant, remerciant modestement ceux qui le félicitaient pour son travail. Et moi, je restais toujours autant admiratif devant cet homme qui refusait céder aux apparences de la Cour de France. Il me traitait d’égal à égal, bien qu’ayant toujours beaucoup de respect envers moi –d’ailleurs il n’appelle jamais par mon prénom, c’est pour dire- et ne jugeant pas ni mes excentricités ni mes petites folies qu’un jeune homme, qui plus est prince, ne devrait pas se permettre.

Puis, quand j’eus aux alentours de 17 ans, je découvris les plaisirs de la vie. Quand j’eus mon premier amant, oui les femmes ne m’ont jamais réellement plu sauf en tant qu’amies, je me suis senti désirable et voulait le prouver à tous. C’est ainsi, dès cet âge, que je commençais à accumuler quelques amants de renom mais il ne fallait pas que cela se sache alors je me cachais ou mes amis me servaient de couverture, dont Jean Baptiste qui m’aidait volontiers. Sans gêne, je me suis souvent servi de lui pour pouvoir m’enfuir toujours en lui promettant qu’un jour il serait récompensé mais ne voulait rien entendre, disant toujours qu’il m’aidait par amitié et non pour quelconque cadeau. Au début je pensais qu’il se moquait de moi, qui ne profiterais pas d’une telle situation ? Mais finalement, il s’avéra qu’il m’aidait vraiment sans rien attendre en retour. Il allait même une fois jusqu’à mentir à mon précepteur en lui disant que si je n’assistais pas à ses leçons, c’est que je prenais des cours de solfège. Ce qui est totalement faux car je ne sais jouer que quelques notes sur un clavecin. La vérité était que j’étais parti pour la nuit avec un charmant jeune homme, qui n’était autre qu’un charmant duc provincial, et que je m’étais endormi dans ses bras, dans une des dépendances du Château sans me rendre compte que je n’étais point rentré dans mes appartements et que l’on devait m’attendre. Si quelqu’un aurait eu vent de cette histoire, mon amant aurait été chassé par sa famille et moi j’aurais été sûrement puni de sortir ainsi le soir. Quant à Jean Baptiste je ne parle même pas des conséquences.
Cet homme, qui devenait à mes yeux de plus en plus beau, était un être adorable et était patient car j’étais –encore pire que maintenant- un capricieux de premier ordre et ne supportait pas qu’on me contrariait. Pour m’apaiser, il me promettait de toujours me faire écouter en avant première. Evidemment, cela m’enchantait et c’est comme cela que ma petite exclusivité est restée même encore aujourd’hui. Parfois, je restais dormir dans ses appartements pour profiter un maximum de nos conversations et de notre entente et il ne refusait jamais. Malgré cela, je ne me suis jamais dit qu’il pouvait être un amant potentiel. Enfin, bien sûr que cela m’a traversé l’esprit mais je ne pensais pas que cela se concrétiserait un jour malgré qu’il soit un homme des plus attentionnés et des plus gentils de mon entourage à cette époque. Et pourtant, il suffit parfois d’une infime chose pour que tout bascule.

J’avais 19 ans et je résidais plus à Versailles qu’à Saint Germain à présent, comme beaucoup de personnes à la Cour car Louis préférait de loin de ce château et le faisait un peu agrandir et embellir. Depuis plusieurs années, la Cour vacillait entre les deux châteaux et moi j’ai toujours eu une préférence pour Versailles. Mais ce soir là, j’étais à Saint Germain et en compagnie de Jean Baptiste dans ses appartements à discuter comme à notre habitude. Nous n’avions ni bu ni quoique ce soit mais ce soir là fut différent des autres. Il était plus attentionné, ou alors c’était moi qui étais plus réceptif à ses signaux, je ne sais pas. Toujours est il qu’il fit le premier pas à l’embrasse, à toucher ses lèvres du bout des miennes, étant presque sûr de m’être trompé sur ses intentions et ses envies. Après tout, un ami pouvait être proche sans pour autant vous manifester une attirance envers l’autre. Ce soir là, j’eus de la chance qu’il eut la même envie que moi, je me serais senti sinon gêné d’une telle situation dans le cas inverse. Au départ, nous ne savions pas vraiment et nous sommes restés un bout de temps à nous embrasser, nous chercher avec nos mains sur le corps de l’autre et finalement avons fini ensemble dans son lit pour une nuit passionnelle, comme si nous attentions cela depuis longtemps. Inconsciemment ce fut peut être le cas.

A partir de ce soir là, il fut l’un de mes amants les plus proches tout en conservant notre amitié bien entendu. Il aurait été cruel de se séparer d’un ami aussi précieux juste pour en faire un amant, autant savoir manier les deux à la perfection. Au début, notre histoire fut secrète. Que c’était drôle les premiers mois à faire des sous entendus durant les réceptions l’air de rien, avoir ce petit jeu que seul nous comprenions alors que les autres croyaient que je ne faisais que compliment le compositeur, au maximum l’ami. Mais non, parfois je l’invitais de manière plus que détournée à me rejoindre à l’abri des regards. Il me suivait toujours dans ce genre de folies mais bien vite nous fûmes repérés et les ragots s’emparèrent de tout cela. Je ne me cachais pas et Jean Baptiste assumait sans problème même si cela me faisait peur de le laisser seul à la Cour quand je partais en voyage. Il est si fragile, oui toujours aujourd’hui, trop honnête et doux dans ce panier de crabes avec leurs pinces qui blessaient. Quand je revenais, il avait toujours une petite surprise ou quelque chose pour moi en plus de ses bras à m’offrir. Bien vite, nous eûmes nos petits jeux à se chercher, jouer sur les nerfs de l’autre, à se défier … À croire que notre relation n’était qu’un amusement. Ce n’est pas totalement le cas : j’attache une affection particulière à Jean Baptiste et je suis toujours un grand admirateur de son talent, sans oublier qu’il est l’un des rares à m’écouter parler et à qui je peux me confier. Il n’empêche qu’il est aussi bon amant et adore me suivre dans mes idées les plus folles. Comme cette fois où je lui ai suggéré que nous serions plus tranquille dans un bosquet à l’abri des regards alors que c’était la tombée du jour et que nombreux étaient les promeneurs. Ou alors quand j’arrivais à le faire s’éclipser durant les bals pour profiter de lui quelques secondes, sans motif autre que d’avoir envie de l’embrasser.

Mon mariage ne changea rien à tout cela. A vrai dire, j’ai toujours fait chambre à part avec Madame mis à part certaines nuits pour concevoir un héritier. Je pouvais donc continuer de voir Jean Baptiste quand bon me semblait puisque notre relation n’avait plus rien de secret, tout le monde était au courant et se montrait bien de le savoir. Je m’en moquais, et m’en moque toujours d’ailleurs, de ce que ces vipères avaient à dire. C’est aussi à cette époque que j’obtins le titre de Monsieur après le décès de mon oncle, Louis m’avait chargé de l’organisation des grands évènements comme les bals. Et comme il n’y avait pas de bals sans musique, je le voyais aussi souvent que je le voulais pour notre plus grand bonheur car lui n’a jamais repoussé aucune de mes avances. Personne ne doit penser qu’entre nous deux, il n’y a qu’une relation purement sexuelle, loin de là. Ce n’est pas de l’amour non plus, j’ai toujours prévu mes amants que je ne me sentais pas capable d’aimer même si je les appréciais beaucoup. Pour Jean Baptiste, je suis à la fois adorateur de sa musique, grand ami voire confident, ressens un profond désir à son égard et ai un profond attachement à lui. Mais pas d’amour, je ne pensais pas aimer aussi fort que mes premiers amants. J’eux tort et tout changea. Quand Philippe entra dans ma vie, il n’y avait plus personne qui comptait pour moi, je ne voyais que par mon Chevalier, négligeant mes amis, ma femme et mes obligations d’époux. Je m’étais donc éloigné de Jean Baptiste comme des autres. Si cela ne m’avait pas manqué les premiers temps, je retrouvai bien vite mes habitudes de retrouver d’autres bras dont ceux de mon cher musicien particulièrement, ce que Philippe n’appréciait guère sans le dire clairement. Pour lui faire plaisir, je me limitais mais les soirs où il retrouvait notre lit vide, mon Chevalier savait que je me trouvais dans d’autres appartements non loin de lui, chez cet italien qu’il détestait de plus en plus au fil du temps et me le faisait bien savoir par des remarques sarcastiques comme il sait si bien le faire.

Enfin, je pourrais être tranquille sur ce point, Jean Baptiste a décidé d’un voyage dans les royaumes italiens pour se ressourcer un peu m’a-t-il dit. Il est d’ailleurs parti tout à l’heure, pour le grand bonheur de famille mais c’est une grande tristesse pour moi, il me manque à présent non seulement un amant mais surtout un ami …
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MessageSujet: Re: [Mémoires de Philippe d'Orléans]   [Mémoires de Philippe d'Orléans] Icon_minitime21.09.07 23:18

Monsieur et Philippe : Une rencontre sous les étoiles


Je reviens d’une petite sauterie organisée sur les bords du Canal. O que j’aime ce genre de douces soirées de printemps où il fait doux en journée et les soirées avec la brise qui vole sur l’eau. En cette soirée, j’étais bien entendu le bienvenu il était clairement dit que nous serions en petit comité. Mais depuis quand petit comité signifiait une cinquantaine de convives ? Les gens n’ont plus aucun sens des choses, c’est navrant à souhait mais à voir toutes les jolies parures, ces messieurs tout en beauté et les dames en préciosité faisait oublier cela. La plus belle était sans compter mon Athénaïs qui, dans sa robe vert anisé en soie tout en plis et dont le corset délicieusement lacés arrondissait ses formes, faisaient tourner la tête à bien des hommes, éveillant la critique facile des jalouses et des colombes qui ne lui trouvait curieusement que des défauts, comme ses cheveux blonds dans un chignon pas assez serré à leur goût ou alors à ses yeux verts profond trop maquillés. Il fallait bien cracher sur quelqu’un en cette soirée bien que cela ne manquait pas avec les fautes de goûts monumentales de la comtesse de Flandres et sa robe jaune à en donner mal à ma pauvre tête. Mais le plus important fut le plus bel homme de la soirée. Non pas moi, bien que je me trouvais svelte et beau dans ce costume rouge en soie qu’un tailleur venu d’Italie m’a confectionné en y mettant un col discret et quelques dentelles sur le bout des manches. Les boutons sombres s’accordaient avec les coutures et les talons de mes chaussures écarlates. Mais revenons plutôt au vrai bel homme. Je ne le remarquai pas de suite, il y avait tant de personnes mais quand je le vis, je me sentis comme hypnotisé. Je ne le connaissais pas, son visage m’était inconnu. Pourtant une telle beauté devait se voir, ou du moins en entendre parler.

Je me devais de connaître son nom, qui il était. Ce fut Mme de Châtillon qui me dévoila son nom, non sans avant m’avertir sur mes intentions : Philippe, Chevalier de Lorraine. Un chevalier, cet homme devait donc manier les armes à merveille. Cela m’enchantait davantage et je me pris à l’observer à la lumière des lampions qui nous éclairait. Je l’avoue, je n’osais pas l’aborder, je me sentais sot à ainsi le regarder de loin, à dévisager ses moindres faits et gestes pour n’y voir finalement qu’un être gracieux dans ses habits immaculés, plein de prestance et de charme, cela était indéniable. D’ailleurs, nombre de demoiselles étaient là à papillonner non loin de lui, à tenter de se faire remarquer grâce à leurs atouts physiques plus que mis en valeur et leurs manières qui n’avaient de cesse de m’agacer un peu plus à chaque minute que le temps s’écoulait. J’avais l’impression d’avoir rajeuni de quelques années, de ces premiers temps où j’apprenais à charmer mes futurs amants, à les repérer sans oser leur parler avant de prendre mon courage à deux mains. Ce que je fis lorsque je le vis parlant à une de mes connaissances.

Lorsque je l’approchais, je me sentis davantage comme le jeune homme peu sûr de soi de mes quinze années plutôt que mon moi actuel. Néanmoins, je fis bonne figure comme toujours à aller saluer une connaissance et chercher à connaître ce chevalier qui était encore plus beau vu de près. Il était beau comme peint par les anges avec sa chevelure claire coiffée pour l’occasion, ce visage doux avec ses traits si fins mais surtout ses yeux, d’un bleu profond qu’il était difficile de s’en détacher même s’ils avaient un côté déplaisant car j’avais l’impression qu’il pouvait lire dans les miens comme s’il lisait une œuvre couchée sur papier. De toute sa hauteur et sans hauts talons, il imposait un charisme et une aura particulière mais délicieuse. Je devais me l’avouer : cet homme m’avait envoûté. Mais non content d’avoir un physique angélique, d’autant plus dans ses vêtements d’un blanc parfait lui allant comme un gant, il maniait les mots à la perfection et doté d’une conversation des plus variées. Autant dire que je ne voulais plus me détacher de lui de la soirée. Il était toujours plaisant d’avoir un si bel homme à ses côtés à parler de choses et d’autres, à ne plus pouvoir détacher mon regard du sien et admirer son sourire des plus enjôleurs. Charmeur ? Je n’en sais rien mais aucune des demoiselles ici présente ne repartit avec lui ni à peine l’approcher car je l’avais presque accaparé, peur qu’il déploie ses ailes pour s’envoler. Il dégageait une aura indescriptible, cela était rassurant et si mystérieux, je ne saurais vraiment dire d’où cela venait mais ce Chevalier était tout bonnement insorcelant.

Cette soirée passa aussi vite qu’une étoile filante dans un ciel dégagé. La coutume dirait que les plus beaux moments sont ceux que l’on ne voit jamais passer. Ce n’est pas faux, j’approuve totalement même. Et déjà, il dut partir, me laisser au milieu de cette foule qui n’avait eu de cesse de nous observer, à savoir ce qui allait se passer. Mademoiselle de Plessis-Bessières, courtisane renommée et grande précieuse, ne put s’empêcher de me parler en ces termes que je trouve fort beau même si la bouche de celle-ci n’est en général peu flatteuse. Ce qu’elle m’a dit ? « Du bout de son épée, le Chevalier a desserrée les rubans de soie qui entouraient votre cœur, Monsieur ». Je crois que cette soirée est formidablement bien résumée dans ces quelques mots.

Monsieur et Philippe : Un premier rendez vous couleur arc en ciel


Je ne savais pas qu’il existait des coins de paradis dans les jardins de Versailles. Peut être parce que sans lui, il n’y a rien de tout cela. Sa présence crée un environnement envoûtant, une certaine impression de passer dans un autre univers. Cela ressemblait à Versailles, on s’y croirait mais non, ce n’était pas Versailles. Non, plutôt une sorte de paradis terrestre, ou céleste, ou qu’importe, ce paradis c’était lui. Il représentait tout ce qui pouvait être divin au travers de son sourire, de son regard, de son visage, de sa belle voix, de ses lèvres auxquelles je me serais bien jeté si je ne me serais pas senti aussi … intimidé ? Oui je pense que c’était cela. En la compagnie de Philippe, je me sentais revenir des années en arrière, un peu maladroit mais je me sentais moins sot puisque lui aussi semblait tout aussi maladroit. Je pourrais réécrire chaque mouvement qu’il a pu faire, chaque battement de cils qui cachait quelques instants ses grands yeux à la couleur du ciel, chaque intonation de sa voix qui résonnait dans mon âme, chacun de ses regards en ma direction, je pourrais presque me rappeler le rythme de ses battements de cœur selon nos moments, de quelques paroles sans grande importance, de ce premier frôlement involontaire qui m’a rendu tout chose et qui a empourpré ses joues et de tous les petits moments à marcher sur les nuages du paradis de notre rendez vous.

Jamais je n’ai été ainsi, dans un tel état pour quelqu’un. Philippe est le genre d’homme à qui l’on pourrait donner sa vie sans rien attendre en retour, ou alors juste un peu d’attention, se sentir parmi les étoiles juste en se plongeant dans ses yeux. Je me sentais totalement flotter avec lui, oubliant totalement la notion du temps et où nous étions réellement. J’avais oublié le château, ses occupants, tout ce qui se passait à quelques mètres de nous, de cette cohue quotidienne qui rythmait ma vie. Durant quelques heures, ma vie, c’était lui. Ce chevalier au grand cœur dont la peau devait être douce, je l’ai su quand il y eut un nouveau effleurement mais de nos mains cette fois-ci. Je ne sais réellement ce qui se passait, j’avais une impression de m’ouvrir totalement, je ne saurais comment décrire exactement ce qu’il se passait. Y a-t-il de véritables mots pour en parler d’ailleurs ? Cela ne s’exprime qu’en pulsation, en étincelles dans les yeux, en pensées confuses et en envie d’avoir l’autre plus près de soi, le garder toujours, ne plus vouloir le lâcher ni le laisser repartir trop loin, sait on jamais qu’il ne revienne jamais …

Et plus le temps passait en sa compagnie, plus je ne voulais plus que cela se finisse, je ne voulais pas qu’il parte mais Philippe avait aussi une vie et bien que Prince de sang, je n’allais pas l’obliger à rester avec moi tout le reste de la journée. Même si je sentais que lui n’était pas des plus pressé à me quitter, il le fallut malgré tout. Ah, les obligations de la Cour … Mais je ne pouvais me résoudre à partir comme ça, comme une sorte de voleur. Je ne me serais pas cru capable d’un sursaut de culot au milieu de toute cette vague de timidité, un peu une sorte de crainte de l’autre. Je m’approchai de lui pour l’embrasser de la façon la plus tendre qu’il soit. J’en tremble encore rien que d’y penser à nouveau, me sentir contre lui, sa bouche délicieuse … J’embrassais un ange. Et là non plus, aucun mot ne pouvait parler de ce moment. Juste que ce baiser fut des plus doux, des plus beaux qui me fut donné.

Un délicieux au revoir, pour de plus belles retrouvailles, je l’espère. Car à peine je l’avais quitté qu’il me manquait déjà. Après avoir desserré les rubans de mon cœur, il me l’avait pris en entier, j’en suis certain …
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