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 "Vous prendrez bien une demoiselle ?" avec Casanova-Richmond

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Thomas Howard


Thomas Howard

« s i . v e r s a i l l e s »
Côté Coeur: En cours de restauration, n'y point toucher.
Côté Lit: Le deuil pour seule compagne !
Discours royal:



Tout pour la Galerie

Âge : 31
Titre : Comte de Norfolk et d'Arundel
Missives : 36
Date d'inscription : 19/01/2017


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MessageSujet: "Vous prendrez bien une demoiselle ?" avec Casanova-Richmond   "Vous prendrez bien une demoiselle ?" avec Casanova-Richmond Icon_minitime13.02.17 9:56

Spoiler:

« Si vous êtes patient un jour de colère, vous échapperez à cent jours de chagrin. » Proverbe français

Depuis quand Morgan n'avait-il pas vu Thomas sourire de la sorte ? Pour tout dire, après un premier moment de méfiance – très compréhensible en réfléchissant aux tours que Richmond se plaisait à lui faire depuis un an –, Norfolk avait accepté son invitation avec une joie qui l'avait étonné. Quelle excellente idée de fonder un théâtre anglais à Paris ! Sans vraiment projeter de s'installer en France à présent que rien ne l'y retenait plus, et qu'il avait connu l'insupportable versatilité des Français envers lui, la perspective de pouvoir écouter les dramaturges de sa pays natal le ravissait assez pour passer momentanément sur ses désillusions. Place à Marlowe, Shakespeare, Ben Jonson et tout ce que l'Angleterre comptait de meilleur : on cesserait bientôt de considérer que Paris était le centre des arts et de l'univers en mettant ainsi à l'honneur le génie anglais.

« Le Milord, quel drôle de nom ! C'est presque regrettable, le fondateur du théâtre aura manqué d'inspiration... c'est mal venu pour des comédiens, mais pourquoi pas, pourquoi pas, après tout ! C'est un peu peuple, il y a quelque chose. »


Thomas posa une main affectueuse sur le bras de Morgan, assis auprès de lui dans la voiture aux armes des Stuart, et répéta pour la neuvième fois avec un large sourire :

« Morgan, je suis très content. Excellente idée. »

Le jeune homme allait mieux depuis quelque temps et son entourage ne pouvait que s'en réjouir. Il n'errait plus la mine sombre et basse dans les salons, silencieux et affligé, un triste regard souvent égaré dans le vague. A présent, il participait de nouveau aux conversations et y mêlait ses remarques piquantes, se déridait de temps à autre à quelque sortie bien envoyée et on avait cessé de lui parler de sa femme et du crime irrésolu. Chez nombre d'amis, il avait retrouvé sa place de confident et d'invité de marque que les salonnières mettaient en avant autant pour leur rang que pour leur bel esprit. En outre, les derniers conflits anglo-français s'estompaient bien vite dans certaines têtes folles, et personne ou presque ne lui tenait plus compte de sa nationalité.
La vie reprenait un peu de brillant, bien que le coeur n'y fut pas encore complètement. Pour la première fois depuis la disparition de Victoire, le comte de Norfolk avait particulièrement soigné sa mise et portait beau. S'il ne renonçait pas de sitôt à ses vêtements de deuil, il avait revêtu une belle tenue de velours d'un noir profond, rehaussé ça et là de dentelle fine d'Alençon, ce qui était une manière bien à lui d'adopter les ressources du pays dans lequel il avait été ambassadeur tout en montrant qu'il était à l'affût des nouveautés dans le domaine de la mode.
En effet, malgré l'abandon de sa charge et sa vie quelque peu retirée dans sa « belle maison » à la campagne, il ne restait pas oisif et considérait qu'il fallait être au fait des dernières trouvailles sur le terrain typiquement parisien ou versaillais des frivolités. Son élégance et sa joliesse étaient sa marque de fabrique et il avait toujours été loué pour son allure exquise ; d'une certaine façon, il compensait son manque de virilité et de force par la distinction de son style, affirmaient certains sarcastiquement.
Howard tourna la tête vers son ami. En voilà, un fier gaillard qui respirait la vigueur, voire la verdeur ! Il lui suffisait d'entrer dans une pièce pour que toutes les femmes se massent autour de lui, flairant ce mâle conquérant qui dispensait à toutes, outre la beauté méditerranéenne qu'il tenait de sa mère, les habiles manières des séducteurs impénitents. Longtemps, Thomas avait admiré, envié quelquefois, cet ascendant que Morgan parvenait à prendre sur les plus jolies femmes, les mieux nées comme les humbles. De haute taille et bien bâti, le regard noir et pétillant, c'était un incorrigible charmeur qui avait toutefois le tort de penser que ses meilleurs amis ne rêvaient que d'une chose : conter fleurette au premier jupon venu sans penser au lendemain.
À vrai dire, Thomas en avait soupé des rencontres organisées par les « soins » de son bon ami : générosité et bienveillance, sans doute, mais maladresse, c'était certain. Morgan s'était révélé particulièrement tenace au printemps dernier, en Lorraine, encouragé peut-être par leur roi qui continuait d'envoyer des lettres affectueuses mais prodigieusement salées à son ancien conseiller (sans compter le traitement de choix qu'il lui avait réservé en mars avec ses actrices préférées, Thomas en était mortifié). Comme si le chagrin et la haine étaient purgés par le commerce charnel ! Ou pis encore, par le mariage... Il avait répété cent fois à Morgan de se le tenir pour dit : il ne convolerait pour rien au monde une seconde fois, surtout pour une demoiselle dix fois inférieure à mademoiselle de Noailles. Il avait été trop heureux pour retenter d'atteindre ce haut degré de félicité, sans compter qu'il risquait de ternir les merveilleux souvenirs avec Victoire qu'il gardait précieusement dans son cœur.
La voiture s'arrêta si brutalement que le frêle petit comte alla valser contre une des portes capitonnées. Avant qu'il ait eu le temps de se relever et de masser ses membres douloureux, il vit Morgan s'agiter, ouvrir fébrilement la portière et examiner la rue alentour. Un peu amusé, Thomas allait lui demander pourquoi il remuait comme un beau diable, mais tout comme dans une scène qu'il avait déjà connue avant de partir (de force) pour Nancy, Richmond le saisit cavalièrement par le collet et le sortit de la voiture. Éberlué, Howard inspecta l'endroit où il se trouvait, soudain saisi d'une drôle d'impression : c'était bien un paysage urbain et parisien, mais nullement le genre de lieu où pouvait s'implanter un théâtre respectable ; encore moins un théâtre anglais, car on savait bien que les Français n'étaient pas avares de paradoxes et se gaussaient d'implanter des fleurs de la culture et de l'art dans les bas-fonds les plus infects.
Flairant la rosserie, il n'eut pas le temps d'ouvrir la bouche car on l'avait empoigné solidement sous un porche de pierre puis conduit dans une cour sombre qu'il ne put détailler à son gré. Le jeune homme lutta un instant contre les vagues d'angoisse qui l'assaillaient : des souvenirs atroces lui revenaient à l'esprit et lui donnèrent des sueurs froides. La scène avait quelque chose de déjà vu, de déjà vécu, celle d'une ténébreuse nuit de décembre où des inconnus l'avaient enlevé et jeté dans une voiture tandis qu'il sortait de l'hôtel particulier parisien qui tenait lieu d'ambassade anglaise. Interloqué et vacillant, le cœur battant la chamade, il jeta un regard de défiance à Morgan qui lui décochait des sourires complices et hautement suspects. Lui accordant le bénéfice du doute, Thomas le suivit et ils s'engouffrèrent dans un long, très long corridor humide.

« Si vous voulez mon avis, c'est un curieux endroit pour un théâtre. Le Milord... »

Malheureusement, le jeune homme ne put finir sa phrase, couverte par un raffut digne d'un carnaval ou d'une ménagerie. Richmond avait frappé quatre coups de heurtoir en forme de... oui, Thomas n'avait pas la berlue, c'était un petit braquemart de cuivre qui venait frapper une drôle de mandorle sans Christ. Le feu monta aux joues du comte et il sentit le pouls lui battre aux tempes dans sa fureur. Morgan n'aurait pas osé...

« Bienvenue à vous, messieurs ! L'Île d'Or est à vous... » susurra une grande bringue blonde dans l'encadrement de la porte, la gorge largement découverte, peinte comme jamais mère maquerelle ne le fut et repoussante avec ses quelques chicots noirâtres.

Avec une lenteur infinie, Thomas tourna la tête vers Richmond. Il plissa les yeux et le dévisagea avec une expression terrible, presque douloureuse, les mâchoires contractées et grinçantes. Il n'avait pas connu ce bouillonnement de colère depuis des mois et des mois et il lui semblait que tout son être tremblait de fureur, secoué jusqu'au nerf le plus infime. C'était la dernière des injures pour lui, et cela, son ami n'était pas sans le savoir : les lieux de débauche le répugnaient plus que tout. Sa piété lui condamnait leurs plaisirs maudits et éphémères, tandis que sa délicatesse le tenait à distance de ces filles que l'on traitait comme des oies et qui – comble du forfait –, l'exposait à attraper d'ignobles lèpres.

« MORGAN !!! »

« Craignez la colère de la colombe », songeait-il en écumant, les yeux écarquillés, tandis qu'il se tenait tout frémissant dans l'entrée du bordel, puisque le Milord avait été troqué contre l'Île d'Or, un des lupanars les plus prisés de Paris. Et voilà le comte de Norfolk qui entrait dans ce temple des vices, dans ses beaux habits de deuil et avec sa gueule d'ange, l'air plus courroucé que jamais mais déterminé à ce que cette fois, Morgan payât cette machination idiote. Les rencontres arrangées et autres blind dates restaient comiques bien qu'agaçantes, mais au moins, Thomas n'était forcé à rien. À l'Île d'Or, il se doutait qu'il ne s'en tirerait pas à si bon compte, son ami y veillerait.

« Mon ami, vous m'en répondrez, je vous le garantis » siffla-t-il dans l'oreille de Richmond, les yeux luisants de rage.

Thomas Howard se rendait compte qu'il fallait frapper fort, très fort, sans quoi il n'aurait plus jamais de répit. Son compagnon allait payer cher cette dernière entourloupe. Il ferma les yeux quelques secondes, prit une profonde respiration et se concentra malgré le vacarme alentour. Il avait besoin de toute son énergie pour lutter contre Morgan et ses projets scabreux et avec la maîtrise de soi qu'on lui connaissait, il trouva une contenance riante et allègre. Seul le regard conservait une lueur dure et perçante que son ami devait lui avoir rarement vu.
Le comte de Norfolk, redevenu comme par enchantement charmant et presque charmeur, avisa la mère qui restait plantée devant ses nobles et fringants visiteurs et lui lança :

« Dame, quelle délivrance ! J'ai faim ! J'ai soif ! Et pour finir, l'adonis que voilà a une fringale phénoménale. Pour moi, ce sera des huîtres et du vin de champagne. Quant à mon ami... »

Thomas jeta une oeillade sarcastique et vengeresse à ce pendard de Richmond.

« Pour mon ami, ce sera une rousse incendiaire, avec de grands yeux noisettes, une fine taille et de jolis atouts. »

La partie ne faisait que commencer...
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Morgan Stuart


Morgan Stuart

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Côté Coeur: Cela peut vous paraître étrange mais j'en ai un. Il est bien caché, je le réserve à qui m'aimera vraiment. Et pour mes enfants.
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MessageSujet: Re: "Vous prendrez bien une demoiselle ?" avec Casanova-Richmond   "Vous prendrez bien une demoiselle ?" avec Casanova-Richmond Icon_minitime04.05.17 18:38


« La vie n'est qu'un piège où l'on finit toujours par tomber. »


Morgan se considérait comme un bon ami, loyal et fidèle. Il n'avait pas tort mais devrait rajouter à cette liste les termes maladroit et farceur. Lui dirait qu'il voulait simplement tout faire pour le bonheur de ces amis, quitte à aller un peu trop loin, à commettre des erreurs, et se montrer un peu trop rentre dedans. Et l'ami qui en faisait le plus les frais s'avéraient être Thomas Howard, qu'il connaissait depuis l'enfance, faisant partie de cette troupe d'anglais en exil avec Brandon Grey et Jacques d'York. Bien loin des différents exils en Europe, chacun avait mené sa vie mais leur amitié était restée intacte, voilà pourquoi Morgan prenait à cœur de bien s'occuper de ses amis. Après tout, ils avaient été là dans les pires moments du Stuart et plusieurs d'entre eux lui ont sauvé la vie. A charge de revanche aujourd'hui. Depuis l'assassinat de son épouse, Thomas avait eu du mal à remonter la pente, sombrant dans une folie malsaine que Morgan ne connaissait que trop bien. Voilà pourquoi il l'avait emmené de force à Nancy, pour continuer de le surveiller, qu'il ne fasse pas de bêtises, qu'il renoue avec d'anciens contacts … et aussi pour lui trouver l'amour. Lui, Morgan Stuart, avec un mariage raté sur les bras, un enfant bâtard à charge, le seul qu'il connaissait, qui sait combien il y en avait car les Stuarts avaient cette manie, car Charles II en comptait 9 et Jacques 1 aussi ! Oui, ce Morgan là jouait les entremetteurs … un peu raté, il fallait l'avouer. A Nancy, il avait présenté à Thomas une férue d'histoire de l'Inquisition, une demoiselle en fauteuil, une bossue et une espionne pour le compte de la France. Mais il ne s'avouait pas vaincu, et plutôt que chercher l'amour ce soir là, il emmenait son ami Howard au divertissement.

« Le Milord, quel drôle de nom ! C'est presque regrettable, le fondateur du théâtre aura manqué d'inspiration... c'est mal venu pour des comédiens, mais pourquoi pas, pourquoi pas, après tout ! C'est un peu peuple, il y a quelque chose.
L'important n'est-il pas de passer un bon moment, qu'importe le nom, répondit l'anglais avec un petit sourire.
Morgan, je suis très content. Excellente idée. »

De voir son ami sourire lui faisait bien plaisir, il commençait à remonter la pente et à sortir de sa torpeur de temps en temps. Sauf que ce soir, ils n'allaient pas au théâtre, et encore moins dans ce fictif théâtre anglais. Morgan avait plus d'un tour dans son sac et avait imaginé une toute autre scène, où les deux anglais devenaient acteur de la pièce. Il n'en disait pas plus, mais le petit sourire malicieux en coin qu'il arborait voulait tout dire. Ils traversaient la capitale française avec le carrosse du nouvel ambassadeur, le plus discret soit dit en passant, l'autre ne servait que pour se rendre à Versailles ou en sortie officielle. Là encore, la discrétion de mise aurait du mettre la puce à l'oreille de Thomas, mais ce dernier ne semblait omnibuler que par le théâtre où il croyait aller.

Soudain, le véhicule s'arrêta brutalement, comme si le cocher s'était rappelé d'un coup de sa destination. Sans perdre de temps, Morgan s'enroula dans sa cape et sauta comme un diable à ressort hors du carrosse. Nerveux, lui ? Un peu. Non pas d'aller là où il avait prévu, mais d'être repéré et surtout qu'on voit Thomas. Tout se passa très vite : il fit le tour vers la porte de son ami, fit un signe au cocher et alors qu'Howard s'étonnait des lieux, Morgan le saisit au col pour le faire descendre prestement tout en lui enfonçant le chapeau sur la tête. Puis ils passèrent par des dédales de rues et de cours sombres, mal famées à n'en pas douter, où l'éclairage public n'était pas encore de mise. Pourtant Morgan restait confiant et continua de sourire à son ami, qui commençait à vraiment se douter de quelque chose.

« Si vous voulez mon avis, c'est un curieux endroit pour un théâtre. Le Milord... »

Était-ce le vacarme, le loquet en forme de phallus ou le tout qui empêcha Thomas de finir sa phrase ? Toujours est-il qu'il ne s'attendait pas à voir une plantureuse blonde, gorge découverte plus que de raison, leur ouvrir la porte. Ce n'était pas l'idée du siècle, il fallait l'avouer, mais un bordel était là pour divertir après tout, un vrai théâtre de la vie.

« MORGAN !!! Mon ami, vous m'en répondrez, je vous le garantis.
Voyons, vous n'êtes pas obligé de faire quoi que ce soit, il dédramatisait toujours le sourire aux lèvres. Il n'y a pas mieux théâtre de la vie qu'ici. Boire, manger, rire un peu, avoir de la compagnie, un peu de joie en somme. Au fait, ne m'appelez pas par mon nom, ici je suis le comte de Crawley ! »

Il n'imaginait pas un seul instant que cela se retournerait contre lui. A vouloir se la jouer léger et futile, l'ambassadeur Stuart allait jouer l'arroseur arrosé. C’est avec légèreté qu’il pénétra dans les lieux, et comme à son habitude, alla s’asseoir dans le grand salon. Cette pièce n’avait pas l’opulence des hôtels particuliers qu’il fréquentait aussi, mais on sentait un certain sens de l’aménagement, des fauteuils agréable, bien que d’ancienne mode. Mais la principale décoration résidait dans ces demoiselles, fortement maquillée et trop peu vêtues, provocantes et aguicheuses quand entrèrent les deux anglais, dont Morgan tout sourire qui s’assit dans un des fauteuils tandis que Thomas se montrait exubérant, au point d’en faire rire le Stuart.

« N’en faites pas trop non plus, nous sommes là pour passer une bonne soirée, pas pour dépenser les coffres de l’Angleterre ! Mais Thomas n’écoutait pas.
Pour mon ami, ce sera une rousse incendiaire, avec de grands yeux noisettes, une fine taille et de jolis atouts.
Et depuis quand choisissez-vous pour moi ? Vous jouez mon propre jeu ? Je ne croyais pas que vous vous abaisserez à cela. La maquerelle lui montra en effet une jolie rousse, dont les atouts débordaient de son corset. Bon d’accord, vous avez bon goût, mais trinquons avant, non ? Nous ne sommes pas pressés, la soirée ne vient que commencer ! »

Il commanda du vin, tandis que la jeune rousse s’assit sur le dossier du fauteuil à ses côtés, comme réservée à l’ambassadeur. Mais apparemment Thomas semblait pressé que son ami fasse sa petite affaire.

« Quoi ? Allons, êtes vous si pressé de rentrer ? Dites le moi, mon ami. Je ne vais pas monter sur vos ordres. »



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Thomas Howard


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MessageSujet: Re: "Vous prendrez bien une demoiselle ?" avec Casanova-Richmond   "Vous prendrez bien une demoiselle ?" avec Casanova-Richmond Icon_minitime11.06.17 21:47

Après tout, d'une certaine manière, peut-être que ce bon vieux Morgan n'avait pas tort : le lieu valait son pesant d'or et devait être un formidable lieu d'observation – c'est-à-dire, dans l'esprit de l'ancien ambassadeur, d'espionnage. Il se trouvait assez sot pour n'avoir jamais placé un de ses butterflies, comme il les appelait, dans ce bordel de luxe, alors qu'il en avait disséminé dans les bouges les plus fréquentées et les plus remuants de Paris et de Versailles afin d'en glaner d'heureuses rumeurs et pour prendre la température de tout ce petit monde urbain. Qui sait ce que ces personnes étaient devenues après la mort de Victoire, Thomas Howard ayant tout laissé à vau-l'eau ! Cela lui fit penser à une proposition à laquelle il avait longuement réfléchi depuis son retour de Normandie le mois dernier. Mais pour cela, il fallait faire place nette.
Son ami le freinait justement dans ses ardeurs culinaires, et lui allait se faire un devoir de réclamer un dû jusqu'alors imaginaire, mais que les circonstances créaient, pensait-il, en sa faveur.

« N’en faites pas trop non plus, nous sommes là pour passer une bonne soirée, pas pour dépenser les coffres de l’Angleterre ! »

« Tiens donc, on recule ! » songea Thomas qui se redressa tout raide dans son fauteuil et tapa du pied avec impatience. Cela tombait très bien qu'il fasse cette remarque à propos « des coffres de l'Angleterre », parce que c'était quasiment de cela qu'il s'agissait. Le jeune homme fit le faux pas de lui commander son « divertissement », une pâle copie de cette Augusta-von-quelque-chose que son bel ami lui avait miraculeusement déniché pendant la campagne de Lorraine, mais fut tout de même satisfait de voir que Morgan appréciait ce choix.

« Bon d’accord, vous avez bon goût, mais trinquons avant, non ? Nous ne sommes pas pressés, la soirée ne vient que commencer ! 
Tout à fait d'accord, j'ai la gorge si sèche qu'elle me semble être en pierre ponce, et je ne repartirai pas d'ici sans avoir étanché ma soif. »


Le comte hocha vigoureusement la tête, trop vigoureusement peut-être pour que Stuart le laissât si vite en paix. Il était vif, l'animal, et savait son Thomas Howard par cœur... ou pas. Il se rembrunit aussitôt avec les paroles qui suivirent, sans compter cette petite dinde qui s'installait mollement sur le siège de son ami. Grand Dieu ! Et dans quelle tenue ! Il choisit de ne pas la regarder, tant son déplaisir, sa pitié, voire un soupçon de dégoût, étaient grands. C'était autant par moralité que par goût personnel : il ne pouvait s'empêcher d'imaginer avec tristesse et horreur tous les hommes qui avaient dû passer sur son jeune corps, l'inévitable corruption qui s'ensuivait dans sa manière de voir le monde (traire un homme pour recevoir de l'argent qui lui serait sans aucun doute confisqué par la mère), la dégradation physique et tout simplement, à ses yeux, toute cette chair rose qui lui rappelait les petits cochons de ses fermiers. On peut probablement être esthète et n'être pas toujours tendre, surtout, comme dans le cas d'une sorte de neurasthénique comme Thomas, lorsqu'on était excédé à ce point-là.

« Quoi ? Allons, êtes vous si pressé de rentrer ? Dites le moi, mon ami. Je ne vais pas monter sur vos ordres. »

« Je ne me permettrais pas d'ordonner quoi que ce soit à un homme de votre qualité », siffla le comte de Norfolk.

Y avait-il des jours où Thomas ressentait quelque dépit d'avoir perdu sa charge (ou de s'en être démis délibérément, ce qui revenait au même résultat un peu amer) ? Bien certainement, et ce genre de phrase avait trop de hauteur, même de la part d'un ami, pour qu'il ne réagisse pas à chaud. Il lui semblait souvent avoir tout perdu, y compris une position et des responsabilités qui l'honoraient au plus haut point et dans lesquelles il avait excellé, faisant rejaillir sur toute sa famille le brillant et la respectabilité de sa place dans les cours européennes. Se voir remplacé par Morgan le laissait tiraillé entre son amitié la plus profonde, la plus dévouée et la plus sincère, mais en même temps, cela lui était parfois douloureux : lui aussi voulait jouer sa part, plutôt que de rester un laissé-pour-compte dans ses domaines anglais ou dans sa propriété française, devenue odieuse depuis le meurtre de Victoire et son agression. Remède pire que le mal, il s'y était réinstallé, trop faible pour faire table rase en investissant un lieu nouveau et sans souvenir, et avait commandé de replacer tous les effets de sa femme à l'endroit exact où ils étaient ; et il y veillait ! Avec un soin maniaque, il avait créé cette espèce de musée avant l'heure, où tout – tableaux, tapisseries, sculptures et statuettes, toilettes et objets de beauté – racontait la comtesse de Norfolk et son bébé. Son zèle allait jusqu'à vaporiser toutes les pièces (et il y avait !) avec le parfum préféré de la jeune fille, et il avait été la fable de la cour d'Angleterre et de quelques salons parisiens lorsque le bruit avait couru qu'il dormait avec les robes de sa défunte femme, ou bien qu'il avait fait façonner par un des meilleurs sculpteurs italiens un mannequin de cire à l'image et au corps de Victoire.
Un peu pâle, Thomas avala d'un trait le verre de vin qui venait de lui être servi. Mais cela ne pouvait être que cela ! Il ne se pouvait pas que Morgan ne le sût pas, Charles et Jacques l'ayant chahuté avec cela lorsqu'ils l'avaient poussé dans les draps de cette bique de Jane Bickerton – les femmes en prenaient pour leur sexe ce soir, mais à tout bien considérer, cette petite rousse était bien innocente comparée à cette grue de Jane, qui était – ne gâtons rien – la maîtresse de son propre frère.
Bref, il ne suffisait pas à Thomas de penser qu'un homme trouvait le réconfort là où il pouvait, que ce soit dans les bras d'une prostituée au Lion d'Or, ou dans ceux, au contact étrangement lisse, d'une poupée de cire. Cela lui semblait de plus en plus contre-nature, et peut-être était-il temps de détruire toute cette folie à Belle-Isle, mais pour le moment, il avait à discuter de choses bien plus urgentes à Morgan, tandis que son élue lui chatouillait les oreilles de son souffle mutin. Il allait y mettre bon ordre ! Et il siffla un autre verre de vin, puis un autre pour lâcher, nonchalant et vraiment plus détendu :

« Pressé, pressé... non, finalement, je me sens tout drôle, et beaucoup plus léger, je dois le dire! Je vais finir par reconnaître que l'idée n'était pas aussi détestable que je le pensais. Ce qui m'ennuie, en fait, c'est que j'aurais voulu vous toucher deux mots d'une affaire privée... »

Il se pencha complètement sur Morgan avec un air de confident qui ne veut pas embarrasser son ami avec un sujet beaucoup trop intime pour être entendu de tous. Cela tombait bien, la rousse voluptueuse entreprenait l'examen approfondi du lobe de son ami, et il entendait, lui, si bien le bruit mouillé de sa langue, qu'il jugea opportun de demander avec une expression très concernée au beau brun concentré des nouvelles de sa santé.

« Crawley, j'y pense : vous êtes-vous enfin débarrassé de cette chaude-pisse qui vous indisposait tantôt ? Parce que j'en ai parlé à Cobblepot, le meilleur apothicaire de Londres : il vous recommande une décoction de pied-de-chat mêlée d'ail, de cannelle et d'urine de jument. »

Le bruit de glotte et de succion s'arrêta soudainement, à la satisfaction de Thomas. Mais visiblement et à son plus grand dam, ce n'était pas assez pour faire fuir la demoiselle qui se contentait maintenant d'effectuer un repli prudent vers le cou de Morgan, effectua un rapide examen de l'état des cheveux et de cette oreille toute rouge, puis reprit de plus belle l'exploration passionnée de ce bel organe auditif. Thomas étouffa un frémissement : c'était absolument répugnant, et il comprenait encore moins comment son ami se laissait faire. Mais, vaille que vaille, l'enfant gâté de ce soir voulait un tête-à-tête avec lui, et il sortit l'artillerie lourde de l'abomination.

« Et ces pustules sur la verge ? » chuchota-t-il, avant de commenter sur un ton contrit mais très sonore qui fit se retourner les têtes les plus proches, « On comprend pourquoi les Français appellent cela 'pustule', avec tout ce pus jaunâtre, blanchâtre, qui s'en écoule. Cans compter que les croûtes doivent vous démanger, ce doit être intenable, mon pauvre ami. »

Le cœur de Thomas, bien que crispé par ce qu'il venait de proférer, se mit à faire des bonds de victoire dans sa poitrine quand il vit la jeune fille se décoller comme une ventouse de Stuart et disparaître, plus vive que l'éclair, vers une porte dérobée cachée par un voile. Thomas leur servit un nouveau verre de vin, engouffra une énième coupe et tapa jovialement sur la cuisse de Morgan (chose qu'il n'aurait jamais fait sobre, c'était là le premier signe de l'ivresse quand il se permettait ce qu'il appelait « des privautés »).

« Sans rancune ! Enfin, nous pouvons parler en tête-à-tête, alors faisons vite avant qu'une autre sangsue nous accapare – vous accapare –, parce que j'aimerais bien faire avancer mon affaire. Dites-moi, je sais que l'administrateur de l'ambassade de notre pays vient de subir de violentes crises d'apoplexie et ne peut plus remplir ses fonctions. J'avais idée que...

- Voici vos huîtres, messieurs ! »

Howard sursauta violemment et laissa échapper un « Bon sang ! » furieux en se prenant la tête dans les mains, prêt à exploser de colère. Il entendit le bruit du plateau d'étain chargé de coquilles odorantes et il se maudit d'avoir commandé toute cette marée ambulante. Il en prit une et l'inspecta suspicieusement, songeant déjà à tous les maux de ventre que cette folie allait lui coûter si les coquillages n'étaient pas frais. Et comment auraient-ils pu l'être, à Paris !

« Elles sont fraîches, mes huîtres ! T'as pas besoin de les reluquer comme ça, regarde ! »

Il vit une main hâlée se saisir prestement d'une huître et il dévisagea la serveuse désinvolte qui goba son huître plus vite qu'il ne fallait pour le dire et le regarder avec un air de défi. Thomas tressaillit : c'était une très jolie brune à la beauté méditerranéenne dont le rouge irradiait sur ses joues et sur ses lèvres pulpeuses. Il battit en retraite dans son fauteuil, une huître à la main, sa coupe de vin dans l'autre, jugeant l'adversaire bien trop séduisant pour être éconduit, mais trop dangereux pour l'abstinence à laquelle il s'astreignait.

« Comment tu t'appelles, le farouche ? »
demanda la donzelle en lui envoyant une petite claque gaillarde sur le bras, faisant valser son huître qui coula sur son plastron brodé.

« MacClare », répondit Norfolk en louchant sur la tache que le fruit de mer faisait sur son précieux vêtement qui avait bien dû lui coûter, au bas mot, le prix d'un cheval.

« Maclaire. Et toi ? » demanda l'énergique jeune fille à Morgan.

Elle en profita pour se rapprocher sournoisement de son mangeur d'huîtres qui se figea, paralysé à l'idée qu'elle empiète davantage sur son territoire corporel ; pis encore, qu'elle le touche. C'était un prompt retour à l'adolescence, aussi intense qu'humiliant, comme lorsqu'aux Provinces-Unies, Jacques et Morgan fricotaient allègrement avec des donzelles pendant que lui disparaissait en terrain neutre... à moins qu'une certaine demoiselle se fît un plaisir de le déranger dans ses sages occupations.
Il avala son huître, la posa sur son large accoudoir et demeura immobile, le nez dans son verre, rouge comme une pivoine. Cette demoiselle sentait rudement bon, un mélange de fleur d'oranger et de lavande qui lui rappela illico de somptueux souvenirs italiens. Il tenta de ne pas lorgner sur le corset d'un blanc lilial de cette sauvageonne et pria – avec assez peu de ferveur, ce qu'il reconnaissait en rougissant de plus belle – pour qu'elle aille grimper sur Morgan plutôt que sur lui. Cramoisi, Norfolk appela toutes les pensées les plus sombres pour le détourner de cette préoccupation habituelle, tandis que ses sens s'échauffaient ; mais rien n'y faisait, et, affectant de se redresser, sa coupe finit par se fracasser « accidentellement » par terre. La mère Christine rappliqua et Thomas, soulagé, remercia le grand cheval blond de donner un claque sur les fesses de la brunette qui disparut en courant, légère comme une gazelle... avant de rappliquer avec une nouvelle coupe qu'elle remplit derechef. Le jeune homme prit une dangereuse teinte violacée.

« Craw... Crawley... Par pitié, faites votre petite affaire et je reste là à vous attendre bien tranquillement. On discutera dans votre voiture... Je ne me sens pas très bien... Les huîtres !»
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