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 Coeur tendre sous arcane de fer ▬ Sofia

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Isabelle de Saint-Amand


Isabelle de Saint-Amand

« s i . v e r s a i l l e s »
Côté Coeur: Fermé à double tour depuis qu'un ex-mousquetaire l'a brisé
Côté Lit: Amants de passages aussi rapidement oubliés
Discours royal:



Coeur à vif ϟ
On promet beaucoup pour se dispenser de donner peu

Âge : 29 ans
Titre : dame de Louvel, chevalier de Saint-Amand
Missives : 386
Date d'inscription : 02/01/2012


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MessageSujet: Coeur tendre sous arcane de fer ▬ Sofia   Coeur tendre sous arcane de fer ▬ Sofia Icon_minitime31.03.16 22:23



Certes, Isabelle avait des problèmes. Certes, elle avait envie de faire une croix sur sa vie à la cour. Certes, elle aurait préféré être ailleurs ces derniers temps, quitte à ce que ça soit dans le château familial en Bourgogne. Certes, certes... Mais elle était dame de la reine et avait une réputation - pas des moindres - à tenir. Et ces états d'âmes n'étaient rien qu'un petit tour chez les meilleurs artisans parisiens ne pouvait régler. Aussi avait-elle, une fois son service auprès de la reine terminé, fait amener une voiture qui l'avait conduite à Paris. Quitte à y passer la nuit, elle avait envoyé un valet lui réserver une chambre dans l'une des innombrables auberges de la ville, mais l'une des meilleures. Elle ne pouvait pas se permettre, venue en cet équipage, de se rendre dans la petite mansarde où elle changeait de personnalité, et n'étant pas une de ces nobles en vadrouille, fuyant mari ou amant, elle connaissait assez Paris pour savoir où dormir et où surtout ne pas mettre les pieds. Un grand nom ne voulait plus forcément dire qualité; certains aubergistes avaient tendance à se laisser aller une fois la réputation de leur établissement faite et, passé quelques mois, il n'était plus possible de se rendre dans un établissement autrefois digne de ce nom, car le service y était devenu pire que passable. Quand elle faisait ostensiblement état de sa présence à Paris, Isabelle exigeait le meilleur. Elle reprendrait la route de Paris le lendemain à l'aube pour être à l'heure au lever de la reine, et elle savait qu'elle ne serait pas la seule, à cette heure, tous se pressaient de Paris vers Versailles pour faire leur cour à sa Majesté le roi.

En d'autre temps sans doute serait-elle descendue chez un de ses amants, mais elle n'avait plus la tête à cela. A vrai dire, les baisers de Cédric lui brûlaient encore la peau, bien que des mois se soient écoulés, et personne n'avait partagé son lit depuis. Il avait ruiné son fond de commerce, son cœur de pierre qui ne se formalisait de rien ni de personne. Et quelle meilleure façon de tenter de l'oublier qu'en dépensant l'argent que ses amants lui avaient toujours laissé? Pendant des années, elle s'était voulue économe, mesurée, mais ce n'était plus le moment. Il lui fallait un peu de nouveauté, cela faisait toujours du bien au moral. Tout y était passé: parfumeur, bottier, couturière... Elle y avait passé des heures, à tout sentir, tout toucher, tout essayer... Pour repartir avec un nouveau parfum - on avait tenté de lui vendre une "nouveauté", mais la jeune femme l'avait déjà senti sur la moitié de la cour, il était hors de question qu'elle se noie dans la masse, aussi avait-elle décidé d'opter pour une fragrance plus légère, mais bien moins commune - deux nouvelles paires de souliers de bal et une nouvelle paire de bottes de cavalière, la dernière ayant été ruinée par sa chute à Chambord, une tragédie dont son égo ne s'était que difficilement remit, ainsi que trois robes: une de cour - dans les tons bleus clairs qui allaient à ravir avec ses yeux -, une d'après-midi - elle avait opté pour un pêche ravissant, inédit dans sa garde robe -, et un ensemble de cavalière, gris noir et argent, qui, pour les mêmes raisons que les bottes, avait besoin d'être changé.

La jeune femme était plutôt satisfaite de ses achats, qui, une fois emballés, seraient directement transportés par des commis jusqu'à l'auberge où elle résidait. La jeune femme payait rubis sur l'ongle, mais une fois les choses livrées, les commerçants le savaient, connaissant leur cliente fidèle. Elle faisait partie des rares nobles qui payaient tout court, mieux valait donc ne pas trop la mécontenter. La jeune femme songeait même à rentrer à l'auberge, avant de se souvenir qu'elle voulait passer chez la modiste. Une nouvelle mode dans la disposition des rubans semblait faire son apparition à Versailles, et si la jeune femme aimait se tenir au courant des tendances, bien que cela soit la favorite qui les lancent, elle voulait voir ce que cela donnait en vrai et s'il y avait un moyen d'adapter ces petits chapeaux de pailles de manière à ce qu'ils soient portables en toute occasion de jour. Peut être se laisserait-elle même tenter par une ombrelle, qui sait... Oui, il y avait aussi des modes pour les ombrelles, n'en déplaise à ces messieurs qui semblaient n'y rien entendre. Elle traversa donc la chaussée pavée mais hélas crottée tout de même - sa robe serait à nettoyer impérativement une fois de retour à Versailles -, heureusement ses boutiques habituelles n'étaient pas loin les unes des autres, pour pousser la porte de la devanture de sa modiste - qui était aussi celle des deux tiers de la cour.

-Mesdames
, salua-t-elle.

On lui répondit par un signe de tête, quelques murmures se firent entendre, mais Isabelle n'était plus à l'apogée de sa carrière de courtisane, et cela lui allait parfaitement. Elle n'était plus à l'âge des jeunes mariées, et le mariage ne l'intéressait pas. Tout ce qui l'inquiétait, c'était la pérennité de sa propriété de province, bien qu'elle n'y ait pas mit les pieds depuis des années. En mémoire de son père, le seul qu'elle ait connu... Mais là n'était pas le moment de penser à ces choses. Elle commença à regarder certaines formes, certaines garnitures: ici des plumes, là des fleurs, fraiches, séchées ou en tissu, ici une gaze... Non, vraiment, cette nouvelle mode était-elle pour elle? Elle se détourna plutôt vers un feutre à plumes d'autruches, très à la mode sous le vieux roi, des portraits qu'elle avait pu en voir, ces grands chapeaux étaient pratiques pour voyager, ou lors de la chasse... Mais elle en avait déjà plusieurs qu'elle ne mettait jamais. Elle allait passer son chemin, et regarder d’autres modèles, quand la porte s’ouvrit sur une autre personne, aussi brune qu’elle, mais bien différente par le comportement.

-Sofia ?

Isabelle s’approcha de son ancienne amie dont elle prit les mains entre les siennes. Les deux jeunes femmes ne s’étaient plus vues depuis que Sa Majesté avait… Remercier la Princesse Farnèse à cause de son petit scandale dans la galerie des glaces… La belle italienne avait retrouvé une place après de Madame, mais la reine et sa cousine/belle-sœur ne s’entendant guère, il ne leur avait pas été donné de se revoir ces derniers temps.

-Que faites-vous ici ? Vous êtes superbe, l’air de Saint-Cloud vous réussit à merveille.

Vrai compliment ou habitude de cour ? Isabelle elle-même n’arrivait plus à faire la différence. Toujours était-il que de retrouver Sofia, une des rares femmes avec qui elle avait pu s’entendre dans la maison de Sa Majesté, était une petite bouffée d’air frais.
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Sofia Farnèse


Sofia Farnèse

« s i . v e r s a i l l e s »
Côté Coeur: Je l'ai fermé par sa faute. Seul lui pourrait le rouvrir un jour ...
Côté Lit: Je ne suis pas de celles qui se couchent pour un sourire. A peine pour un diamant, mais souvent pour la passion.
Discours royal:



♈ LA BELLA FARNESE ♈
Più bella cosa non c'è

Âge : 24 ans
Titre : Princesse Farnèse, Princesse Chimay par mariage
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MessageSujet: Re: Coeur tendre sous arcane de fer ▬ Sofia   Coeur tendre sous arcane de fer ▬ Sofia Icon_minitime07.04.16 22:26

Coeur tendre sous arcane de fer ▬ Sofia Tumblr_n9m1o3KSZr1soy2fgo1_500
« Diamonds are a girl's best friends »


Madame la princesse de Chimay. On pourrait croire qu'on s'habitue à un nom, un nouveau titre et statut marital assez rapidement. Les filles ne servent-elles pas aux unions maritales et à la production d'une nouvelle génération ? On forge les demoiselles à ce qu'elles deviennent épouses, ou alors nonnes parfois, et elles grandissent avec cette attente, parfois angoissante, de passer devant l'autel, et de quitter la maison familiale pour celle maritale. Seulement Sofia, après avoir passé des années à espérer un mariage avec Francesco, avait vu ses rêves volés en éclat, et au fil des années, pensait avoir échappé à l'appel de l'union sacrée. Mais son scandale à Versailles avait rappelé à sa mère qu'il était temps d'assagir la princesse vénale et de la pousser dans le lit d'un homme, d'un seul pour toujours. Devenue princesse de Chimay depuis un peu plus d'un mois, il était temps pour la jeune femme de revenir à la Cour, avec une alliance et un titre honorable, de quoi presque se racheter une conduite. Son époux, peu adepte de la Cour de France, avait prétendu quelques tractations avec les Pays Bas espagnols pour rester encore sur ses terres, laissant sa femme reprendre ses fonctions chez la duchesse d'Orléans.

Mais qui disait retour, disait aussi achats. La mode n'évoluait pas si vite, on n'avait pas inventé une nouvelle tenue à Chambord, mais il était de bon ton d'avoir une nouvelle garde-robe en accord avec l'automne. Et encore une fois, la nouvelle princesse de Chimay ne sortait rien de sa poche, un homme payait pour elle, et un époux devait bien servir à cela. Elle prit congé pour une journée de la Maison de Madame pour déambuler dans Paris, dans quelques boutiques à la mode, pour se remettre à flot. Pour commencer, les chaussures. Après tout, on n'en a jamais assez et les pieds délicats de l'italienne ne pouvaient se permettre de souffrir à Saint-Cloud ou dans les jardins de Versailles ! Et puis le sol boueux des terres de Chimay avait ruiné quelques paires bien trop élégantes pour ces terres hostiles au bon goût. Et après les chaussures, place à la tenue ! Enfin AUX tenues, il ne faudrait pas passer pour une radine en ne commandant qu'une seule robe. Trois, non quatre seraient bien mieux ! Deux pour les journées, dans des tons chatoyants comme un verre bouteille et un joli framboise, pour paraître chez Madame comme la digne princesse mariée qu'elle était ! Pour le soir, rien de mieux qu'un sublime rouge coquelicot pour rehausser son teint ; pour la dernière, une robe bleue nuit eut sa préférence, non sans un soupçon de mélancolie. Elle repensait à cette robe portée lors de ce dîner avec Francesco …  Enfin, pour se changer les idées, quoi de mieux qu'un joaillier ? Pourtant, ce n'était pas les bijoux qui manquaient pour la jeune femme, mais qui pourrait refuser de s'offrir deux magnifiques pendants d'oreilles en saphir ?

Le carrosse continuait sa traversée de Paris, à la recherche de quoi dépenser la fortune de l'époux. T en matière d'accessoires, on ne pouvait oublier les chapeaux ! Et s'il y avait quelques talentueuses modistes dans la capitale, une seule avait la faveur de Sofia, où elle se rendit. Elle avait envie de plumes et de grandeur, il était temps qu'on la remarque à nouveau ! En poussant la porte, elle sentit les regards se tourner vers elle et avança telle une reine en son royaume, à saluer quelques personnes avec politesse, mais une certaine condescendance aussi. Parmi les employées et les habituées qui se faisaient des messes basses, une seule attira son attention. Isabelle de Saint-Amand et elles se comprenaient, de par leur vision des hommes mais aussi dans leur ennui dans la Maison de la Reine, elles s'entendaient à merveille et c'était aussi pour cela que la princesse italienne avait demandé à la sensuelle française de lui rendre un service, moyennant finance bien entendu. Les deux femmes s'approchèrent et se prirent les mains avec une joie non dissimulées de ses retrouvailles inattendues.

« Que faites-vous ici ? Vous êtes superbe, l’air de Saint-Cloud vous réussit à merveille.
Je vous remercie et vous retourne le compliment. Si Saint-Cloud a son charme, qui peut résister à Paris ? De plus, il me fallait renouveler ma garde-robe et il n'y a qu'à Paris que cela se fait ! »

A cette époque, la ville n'était pas bien grandes et les commerçants de qualité se regroupaient en général autour du Louvre et dans le Marais, quartier des aristocrates et des bourgeois fortunés. Paris restait un village pour ceux qui avaient les mêmes intérêts. Mais entre femmes du monde et surtout des vénales, il y avait un sujet où elles se comprenaient : les diamants. Sofia afficha son alliance avec une certaine fierté malgré tout.

« Me voici revenu après un mois terrible passé dans les terres pluvieuses du nord, pour un magnifique mariage d'amour comme vous le devinez ! L'ironie palpable et le sourire complice disait tout. Mon nouvel époux a la grande qualité d'être riche, et il a de la chance : la mienne est de savoir dépenser. »

Il était temps que la Sofia Farnèse que tout le monde connaissait refasse surface, avec avoir vécu recluse dans son hôtel particulier, avant de courir à Rome puis en Lorraine, ne faisant qu'un bref retour à Paris pour prendre ses fonctions avant de repartir pour son mariage. Elle voulait tout savoir de l'expédition nobiliaire à Chambord, et posa quelques questions à son amie, tout en observant les chapeaux à plumes.

« Quelle aventure, ma vie fut bien morne à côté. Peu de société intéressante et à peine de grandes conversations, sauf sur des peines de cœur. Elle en avait peut être trop dit, il fallait se reprendre. Voyez vous, j'ai une amie à la Cour, une femme comme vous et moi de caractère, qui s'est laissée piéger par l'amour ! Croyez vous cela possible ? »

Malgré le ton badin, elle parlait bien d'elle … sans savoir qu'Isabelle aussi avait ouvert son cœur depuis quelques temps !

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Isabelle de Saint-Amand


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MessageSujet: Re: Coeur tendre sous arcane de fer ▬ Sofia   Coeur tendre sous arcane de fer ▬ Sofia Icon_minitime15.04.16 22:11

Il n'y avait qu'à Paris qu'on pouvait faire de telles rencontres alors qu'on ne s'y attendait pas le moins du monde. Isabelle et Sofia se connaissaient bien pour être de la même engeance, d'ailleurs, elles étaient devenues plus complices quand Sofia avait engagée Isabelle pour faire une mauvaise farce à l'ambassadeur de Venise - souvenir mémorable, qui aurait sans doute valu un prix d'interprétation de la jeune femme  si cela avait existé en ce temps là. Et elles avaient réalisé qu'elles avaient bien plus en commun que la passion des diamants et de l'argent: une aspiration à une vie meilleure qu'elle ne devraient à personne d'autre qu'elles-mêmes. Aussi, quand Sofia avait perdue sa charge chez sa Majesté - replacée par l'épouse du duc de Richmond, Rebecca Stuart, sur laquelle Isabelle ne s'était pas encore fait d'opinion malgré les rumeurs qui courraient sur l'anglaise - Isabelle s'était soudainement sentie seule et un peu plus vulnérable à toutes ces bigotes qui ne faisaient que cracher dans son dos - a commencer bien évidemment par le père Jean, aumônier de la reine, et la cousine de celle-ci, Aliénor de Wittlesbach, mais Isabelle avait plus d'un tour dans son sac et saurait les remettre à leur place, devant un prie-Dieu. Mais tout de même, la cour était bien terne sans l'Italienne pour les faire rire. Quelle idée avait donc eut la reine de la congédier? C'était d'un triste... Et tout cela pour avoir fait malencontreusement en public ce que tous faisaient en privé. Tous, sauf la reine, bien évidemment, et les duègnes. Mon Dieu quelle idée d'horreur...

La conversation était badine, elles échangeaient quelques mots simples alors qu'elles observaient les chapeaux de la boutique. Couleurs, perles, plumes, rubans... C'était à s'y perdre quand on avait pas l'œil affuté des deux jeunes femmes qui savaient exactement ce qui était à la mode - ou qui le serait très vite, ne faisons pas la chasse à un peu d'avant-gardisme.  Isabelle complimenta Sofia sur son teint, l'italienne lui rendit le compliment, du badinage en somme. Isabelle en avait parfois bien assez de Versailles, mais la perspective d'être loin de la cour lui faisait froid dans le dos, à l'image de certaines de ses compatriotes, mariées à l'étranger, qui, disait-on, suppliaient le roi de rentrer en France, car la vie à l'étranger était bien morne comparée à la vie en France. Isabelle ne les comprenait que trop. Alors Saint-Cloud... Certes, on disait chez Monsieur que tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes, et qu'on s'y amusait follement, au dépend de certains jeunes gens encore sains d'esprit ou un peu trop à cheval sur le protocole, mais c'était tout de même à plusieurs heures de cheval de Versailles, la chose lui paraissait incroyable, voir même insupportable. Il fallait bien avoir des raisons pour quitter le palais que le roi avait fait construire, une fois qu'on y avait goûté... Après lui avoir fait admirer sa bague et avoir reçu ses félicitations, Sofia lui demanda de lui raconter Chambord. Isabelle fut brève, et ne s'étendit pas en détails, elle avait été à ce moment là trop occupée à penser aux menaces du Corbeau pour vraiment avoir un souvenir éloquent de ces deux semaines. Le pire? Le fait que le duc de Richmond l'ait ridiculisée aux yeux de la cour en la faisant tomber de cheval... Bien évidemment, elle n'en souffla mot à Sofia! Ce n'était pas le genre de choses que l'on racontait.

Mais cela laissa Sofia un rien envieuse, alors qu'Isabelle aurait donné n'importe quoi pour s'évader de Versailles pendant la guerre. Sa seule escapade lui laissait un souvenir transit, et elle avait l'impression de ne plus être elle-même. Qu'allait-elle donc devenir maintenant que Cédric occupait bien plus - bien trop - ses pensées?

-Quelle aventure, ma vie fut bien morne à côté. Peu de société intéressante et à peine de grandes conversations, sauf sur des peines de cœur.


-Vraiment? S'enquit Isabelle, compatissante sans trop vouloir le montrer.

-Voyez vous, j'ai une amie à la Cour, une femme comme vous et moi de caractère, qui s'est laissée piéger par l'amour ! Croyez vous cela possible ?

Isabelle eut un rire aussi faux que la parure que portait la femme qui leur faisait face alors qu'elles observaient les créations. Une femme de leur acabit, piégée par les sentiments? Eh bien oui, elle y croyait, hélas...

-Il faut faire preuve de faiblesse pour se laisser aller à de telles choses... Après tout les diamants, les vrais, sont nos seuls amis éternels.


Isabelle avait eut un clin d'œil appuyé vers la femme qui leur faisait face. On n'était pas vénale si l'on ne se moquait pas un peu.

-Mais voyez-vous, votre histoire m'en rappelle une autre. J'ai une amie, moi aussi, qui est dans une situation similaire. Elle aimait, jadis, la pauvre folle, un jeune homme qu'elle pensait charmant. Il disparut de sa vie aussi vite qu'il y était rentré et elle s'était jurée qu'on ne l'y reprendrait plus. Des années plus tard, voici le jeune homme devenu bel homme, revenu, et elle ne sait que faire. Pire que cela, figurez-vous qu'on le dit pauvre. Que dites-vous de cela?

Elle eut un soupir, qu'elle espéra faire croire désabusé alors qu'il était plutôt désespéré. Il était évident qu'elle parlait d'elle et de Cédric, de qui d'autre...?  Nerveusement, elle triturait un ruban entre ses mains gantées au point de presque déchirer l'étoffe. Elle n'avait pas revu Cédric depuis la démobilisation de l'armée. Nul doute qu'il était de retour à Paris, mais cela ne rendait pas la situation plus facile.
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MessageSujet: Re: Coeur tendre sous arcane de fer ▬ Sofia   Coeur tendre sous arcane de fer ▬ Sofia Icon_minitime20.07.16 13:14

Qui l'eut cru ? Deux vénales de haut vol qui s'étaient laissées prendre dans le piège de l'amour. Elles qui croyaient leurs cœurs taillés dans le diamant le plus pur (la pierre, c'est pour les pauvres), voici qu'elles découvraient que leur organe vital respectif pouvait être sensible à l'amour. Bien sûr, pas question de le raconter à haute voix, ce serait un affront, voire même une humiliation que d'en parler, se confier sur ses peines de cœur et dire que l'on aime. Non, dans leur univers, on aime pas gratuitement, on paie pour feindre ce doux sentiment et on récolte des cadeaux par ce simulacre de romance. Le vrai amour, c'est bon quand on a quinze ou seize ans, qu'on lit des romans où des gens s'aiment malgré les difficultés. Mais pas après, à moins de s'appeler Michelle de Bergogne et de toujours croire en son âme sœur malgré un mariage raté. Et pourtant …

Sofia avait eu la bête idée de tomber amoureuse de l'homme qu'elle avait aimé, justement, comme une adolescente, sans savoir que cela était pareil pour Isabelle. Mais si Francesco Contarini était un garçon doux et adorable dans sa prime jeunesse, il n'était plus qu'un idiot fini, égoïste et … et mort. Non, la Farnèse ne se faisait pas à l'idée de cette tragédie et avait poussé le vice d'envoyer une missive au doge pour lui présenter ses condoléances. Il avait fallu tout un tellement d'écriture pour ne pas marquer le mot de trop, celui qui trahit les sentiments et le retour de flamme, le désespoir et la tristesse qui l'enveloppait. La lettre était belle, polie et sans trop de fioritures, le doge l'avait remercié de sa lettre « malgré tout ». Oui, malgré la trahison de son ancien fiancé, de cette humiliation public et de cet abandon. Malgré tout cela, elle l'aimait encore, et elle ne pourrait jamais lui dire, ni jamais en parler à personne. Cela paraîtrait trop stupide, trop faible et puis inutile. Alors elle devait davantage jouer à la jeune mariée qu'à l'amoureuse éplorée.

Mais parfois les mots s'échappaient, et le terme peine de cœur était sorti sans qu'elle ne se rende compte. Mais voilà, son amie semblait intéressée et c'était finalement l'occasion de se confier sans dire que c'est soi, après tout, n'a t'on pas toujours une connaissance qui a des soucis ? Hé bien celle de Sofia était amoureuse, comme par hasard ! Cela promettait une conversation animée.

« Il faut faire preuve de faiblesse pour se laisser aller à de telles choses... Après tout les diamants, les vrais, sont nos seuls amis éternels.
C'est vrai, ils ne nous trahissent jamais. On ne pouvait pas dire mieux, et elles se regardèrent complices.
Mais voyez-vous, votre histoire m'en rappelle une autre. J'ai une amie, moi aussi, qui est dans une situation similaire. Elle aimait, jadis, la pauvre folle, un jeune homme qu'elle pensait charmant. Il disparut de sa vie aussi vite qu'il y était rentré et elle s'était jurée qu'on ne l'y reprendrait plus. Des années plus tard, voici le jeune homme devenu bel homme, revenu, et elle ne sait que faire. Pire que cela, figurez-vous qu'on le dit pauvre. Que dites-vous de cela ?
Que c'est bien triste. C'est bien beau d'être charmant mais quand on n'a rien dans sa bourse. Qu'il est triste de voir des femmes tomber dans la fange de la sorte. Aimer un pauvre, quelle idée ! »

Sûr qu'elle n'avait pas ce problème, en aimant un Contarini, et de plus l'aîné mâle de la famille, il y avait peu de chance qu'elle tombe dans la misère, surtout avec sa propre famille. Pas une seconde, Sofia ne pensa que cette « amie » fut Isabelle elle-même, elle ne la voyait absolument pas tomber amoureuse ! En même temps, elle s'était dit ça aussi pour elle-même pendant des années …

Pendant cette conversation, Sofia avait essayé un magnifique chapeau à large rebords recouvert de plumes, parfois pour une chasse ou tout événement à la campagne. Elle le fit mettre de côté, dépensant petit à petit la fortune de son époux, puisqu'il fallait bien qu'il serve à quelque chose. Mais avec la saison froide qui s'approchait, et surtout si elle devait retourner dans cet affreux endroit qu'est Chimay, il lui fallait de quoi se couvrir. Mais cela n'arrêtait pas la conversation.

« Enfin à votre avis, vaut-il mieux aimer un pauvre sympathique, qu'un riche imbécile ? Voyez-vous, mon amie me décrivait son bien aimé comme un odieux personnage. Bel homme, mais d'une arrogance sans borne et mesquin. Il me fait penser à une connaissance que nous avons en commun, ma chère. Si j'avais été certaine qu'il eut un cœur, j'aurais parié sur Francesco Contarini. Voilà à qui me fait penser l'élu de mon amie. Pas très reluisant n'est-ce pas ? »

Mentir et ne rien montrer alors qu'elle prononçait son nom, Sofia était digne d'une grande comédienne de Racine. Mais en son for intérieur se déchaînait une tempête de sentiments, comme quoi les apparences sont souvent trompeuses …

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Isabelle de Saint-Amand


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MessageSujet: Re: Coeur tendre sous arcane de fer ▬ Sofia   Coeur tendre sous arcane de fer ▬ Sofia Icon_minitime06.08.16 9:15

Le coeur a ses raisons que la raison ignore. Cela rendait Isabelle folle. Depuis que Cédric était parti, bien des années auparavant, elle avait tout fait pour tout contrôler, garder une ligne de conduite droite, sans détour ni accrocs, pour reprendre à la vie ce que celle-ci lui avait prise sans lui laisser le temps de se rendre compte de ce qui lui était arrivé. Et elle avait plutôt bien réussi: robes, appartement à Versailles, charge chez la reine, bijoux, argent, chevaux, domestiques... Qui aurait pu croire qu'une petite noble bourguignone, simple fille d'un chevalier qui s'était fait ruiner aux jeux, pourrait réussir si bien? Cela lui avait même attiré la jalousie de certaines dames de haut rang - jusqu'à la cousine de la reine elle-même - mais elle n'avait pas hésité. Elle était descendue plus bas que terre, et avait apprit à ses dépends qu'à ces moments là, la dignité était inutile. Et maintenant qu'elle arrivait enfin à son but, pouvoir se suffir à elle-même, sans avoir besoin de voler d'homme puissant en homme riche, il fallait que Cédric revienne, et fasse tout voler en éclat. Il n'avait rien de ce qu'elle cherchait chez un homme: pas de fortune - cela s'était vu à son uniforme, bien qu'en campagne, le tissu n'était pas aussi fin que certains de ces messieurs qu'elle pouvait croiser, ni aussi riche - pas de position - qui connaissait Portau, au final? - bref, rien de ce qui pouvait habituellement l'intéresser chez un homme. Mais il l'avait chamboulée. A croire que la jeune femme naïve qu'elle était alors existait toujours en elle malgré ce qu'elle avait fait pour l'étouffer.

Et se retrouver dans une boutique avec Sofia, à parler de ces choses de l'amour auxquelles toutes deux semblaient si étrangère il y a encore peu, pour le côté sentimental de la chose tout du moins, avait quelque chose de surréaliste. Les deux jeunes femmes n'avaient pas l'habitude de se laisser aller. Depuis que Sofia avait été expulsée de la maison de la reine - ce qui avait profondément chamboulé Isabelle, qui perdait ainsi sa presque seule amie et alliée chez sa Majesté - elle avait tenté le tout pour le tout pour que le scandale de la Galerie des Glaces soit oublié en ayant un comportement irreprochable chez Madame. Mais Saint-Cloud, aux yeux d'Isabelle, ressemblait déjà de près ou de loin à l'exile. Malgré cela, Sofia restait très présente dans la vie parisienne, heureusement. Et cette discussion sur les amours faisait se rendre compte à Isabelle qe les femmes étaient bien peu de chose fasse aux inclinations du coeur qu'elles avaient tout fait, chacune de leur côté pour éviter, bien que Sofia ne se mentionne pas. Il y avait bien une raison qui faisait que depuis toujours, les amours interdits et difficiles de fiction faisait se pâmer les jeunes femmes. Heureusement, au milieu de ces beaux objets qu'étaient les chapeaux et autres vêtements, choses qu'elles pouvaient contrôler, Isabelle et Sofia se sentaient bien plus en sécurité. Elles respiraient et pouvaient prendre un peu de recule face à leur situation.

-Que c'est bien triste. C'est bien beau d'être charmant mais quand on n'a rien dans sa bourse. Qu'il est triste de voir des femmes tomber dans la fange de la sorte. Aimer un pauvre, quelle idée !

Sofia mettait les mots sur les sentiments exacts d'Isabelle. C'était idiot. Il la ferait revenir des années en arrière, dans sa situation, son niveau de vie, tout. Alors que la jeune femme songeait, n'imaginant pas un seul instant que lorsque Sofia parlait, elle parlait elle aussi d'elle-même, cette dernière faisait mettre de côté un chapeau de chasse. Isabelle, de son côté, avait saisit un joli feutre gris perle, sur lequel se trouvait une plume blanche. Un ruban noir entourait la base et une pierre précieuse trônait sur la partie centrale. Elle le trouvait joli, mais trop simple... Il manquait quelque chose. Elle ramena un des bords contre la partie montante, et saisit une plume rouge qui décourait la table dans un vase, pour la superposer avec la plume blanche. Beaucoup plus chic, original. Elle fit signe à la jeune commis qui se précipita pour prendre les instructions de l'illustre et riche cliente pour ainsi répondre à tous ses désirs de modification. La jeune fille fit signe qu'elle avait comprit, saisit chapeau et plume, et fila à l'arrière de la boutique. La conversation reprit entre les deux vénales.

-Enfin à votre avis, vaut-il mieux aimer un pauvre sympathique, qu'un riche imbécile ? Voyez-vous, mon amie me décrivait son bien aimé comme un odieux personnage. Bel homme, mais d'une arrogance sans borne et mesquin. Il me fait penser à une connaissance que nous avons en commun, ma chère. Si j'avais été certaine qu'il eut un cœur, j'aurais parié sur Francesco Contarini. Voilà à qui me fait penser l'élu de mon amie. Pas très reluisant n'est-ce pas ?

Isabelle la regarda, ouvrant de grands yeux surpris.

-Vous ne pouvez être sérieuse?


Elle songea à Contarini,qui prenait tout pour aqui et qui pensait que tout lui était du. Rien que d'y penser, Isabelle eut un frisson. Sa première recontre avec le personnage avait eut lieu à cause de Sofia, d'ailleurs. Le jeune homme avait juré de se venger d'Isabelle. Elle aurait pu penser sa colère passée, si elel n'était pas bien placée pour savoir que la vengeance était un plat qui se mangeait froid.

-Quelle idée! J'espère pour votre amie que vous vous trompez. Comment peut-on aimer un homme tel que lui? Il s'aime déjà bien assez seul. La pauvre, comme je la plain si vous avez raison. Il n'y a, le je crains, pas assez de place dans le coeur de cet homme pour aimer quelque chose d'autre que lui-même. Dans quel piège cette dame s'est-elle laissée prendre?


Ne songeant pas qu'il s'agissait de Sofia, Isabelle ne pouvait s'imaginer qu'elle pouvait blesser son amie. La jeune commis revint avec le chapeau modifié, qu'Isabelle passa, face au miroir. Bien évidemment il n'allait ni avec sa robe, ni avec ses bijoux, ni quoi que ce fut d'autre. Mais il était charmant. Un beau chapeau de voyage, de déplacement. Elle hocha la tête pour qu'on le lui mette dans une boite. Puis elle se tourna vers les rubans, chose qu'il était toujours bon d'avoir, pour agrémenter une coiffure ou une robe. Elle fit mettre des argentés de côté. L'argenté allait avec tout et était moins clinquant que l'or.

-Pour répondre à votre question de tantôt, l'avantage du riche imbécile et qu'on peut le modeler, alors que le pauvre sympathique peu finir par vous en vouloir d'avoir plus de succès que lui, ou même sans lui.

Isabelle répondait à ses propres craintes en avouant cela. Elle l'avait dit à mi voix, mais elle savait au fond d'elle-même que cela la terrifiait. Si jamais... Cédric pourrait-il lui en vouloir ? Elle était un oiseau de nuit, avait besoin de se sentir entourée, par des amis riches et en vue... Cela pourrait-il jamais lui être reproché. Dieu que cela était compliqué!
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Sofia Farnèse


Sofia Farnèse

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MessageSujet: Re: Coeur tendre sous arcane de fer ▬ Sofia   Coeur tendre sous arcane de fer ▬ Sofia Icon_minitime09.11.16 20:25


« Quelle idée! J'espère pour votre amie que vous vous trompez. Comment peut-on aimer un homme tel que lui? Il s'aime déjà bien assez seul. La pauvre, comme je la plains si vous avez raison. Il n'y a, le je crains, pas assez de place dans le cœur de cet homme pour aimer quelque chose d'autre que lui-même. Dans quel piège cette dame s'est-elle laissée prendre ?
Oh je me le demande … Les gens de cette espèce ont un emballage bien séduisant au premier abord, il ne faut pas gratter le vernis. Les sottes se contentent d'amour à sens unique. »

Sofia prenait les paroles de son amie comme des coups de poignards dans le cœur. Elle avait tellement raison, Francesco s'aimait beaucoup trop pour avoir des sentiments pour autrui, il ne sait juste les manipuler, jeter de la poudre aux yeux, et une fois dans son piège … il vous faisait payer le prix de votre idiotie, de vos sentiments. La désormais princesse de Chimay tourna la tête vers des modèles en hauteur, pour cacher l'espace d'un instant ses yeux embués. Elle s'en voulait et à présent, elle vivrait avec ses regrets de s'être allée aux cajoleries d'un homme aussi stupide, d'avoir à nouveau rouvert son cœur, qu'il ait profité d'un moment de détresse pour la poignarder dans le dos. Encore une fois. Et le voici mort (du moins, le pensait-elle encore) et elle vivrait avec ces sentiments stupides et contradictoires, entre amour et haine.

La jeune femme se concentra à nouveau sur ce qu'il y avait en magasin, jetant un œil sur les rubans. Elle en pris des dorés et des violet, deux couleurs bien différentes, mais le doré irait avec à peu près tout. Quant aux autres … n dit-on pas que c'est la couleur du deuil royal ? Elle le porterait discrètement, comme une idiote amoureuse, voilà tout. La jeune femme se punissait et restait dans cette atmosphère morbide sans en avoir l'air. Puis la conversation repartit sur un autre terrain.

« Pour répondre à votre question de tantôt, l'avantage du riche imbécile et qu'on peut le modeler, alors que le pauvre sympathique peu finir par vous en vouloir d'avoir plus de succès que lui, ou même sans lui.
Vous avez raison. Et qui dit que l'amour est l'unique motif ? Pourquoi un homme ne vivrait-il pas au crochet d'une riche femme, faire semblant de l'aimer, de la complimenter pour mieux profiter de ses louis d'or ? Nous connaissons assez bien ce monde pour savoir que l'amour n'est qu'un masque de quelques instants, une bagatelle qu'il faut payer ! Il faut se méfier des plus pauvres que soi, cela n'attire que des ennuis. »

Elle n'imaginait pas un instant qu'Isabelle puisse aimer tout court, mais encore moins qu'elle s'entiche d'un homme sans le sou. Il s'agit tout de même d'un critère essentiel, vivre à la Cour demande un certain niveau de vie et il n'y avait rien de mieux qu'une bonne fortune pour s'occuper, Sofia pouvait témoigner. Certes, elle n'aimait pas son mari, mais le prince de Chimay avait l'avantage d'une immense fortune, cela lui conférait une certaine … sympathie. Voilà pourquoi elle se trouvait là, après tout ! D'ailleurs, elle demanda à voir les gants, cela servirait toujours.

« Quand je vois nos connaissances dans ce genre de situations, je me réjouis que nous soyons au-dessus de tout cela. Elle faisait bonne figure, et tentait de reprendre de la contenance. Quand je vois mon amie, j'ai l'impression des amourettes imaginaires de Michelle de Bergogne, je pense qu'il y a un âge et surtout une situation où on doit arrêter de vivre d'illusions. On ne nous demande pas d'aimer, juste d'avoir la meilleure situation possible, peu importe les moyens. »

Là-dessus, elles avaient largement réussi. Et Sofia maintenant mariée, n'avait plus à jouer à la courtisane, seulement quand ça lui chantait … Elle prit des gants rouges et des blancs, il faudrait couvrir ses jolies mains avec le froid qui approchait, Versailles était un vrai nid à courant d'air. Puis ils étaient si jolis, comment rester de marbre !

Sofia restait curieuse de l'amie d'Isabelle. Elle ne se doutait pas que son amie elle-même aimait, mais vous savez, à Versailles, les cancans sont ce qu'il y a de croustillant. Et pour se rassurer sans doute, l'italienne avait besoin de savoir qui pouvait être cette personne autant dans la mouise sentimentalement qu'elle.

« Pardonnez ma curiosité mais … votre amie est-elle de haute noblesse ? Sans me révéler son nom, je me demande si l'écart de fortune est si considérable ! »


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Isabelle de Saint-Amand


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MessageSujet: Re: Coeur tendre sous arcane de fer ▬ Sofia   Coeur tendre sous arcane de fer ▬ Sofia Icon_minitime30.11.16 22:39

Isabelle et Sofia se ressemblaient beaucoup. Malgré leurs origines différentes - une princesse et la fille d'un petit chevalier, bien que toutes deux nobles, cela n'avait pas la même qualité, malgré la noblesse très ancienne d'Isabelle - les deux femmes avaient la même philosophie, le même comportement: elles étaient belles, intelligentes, savaient ce qu'elles voulaient et surtout comment faire pour l'obtenir. A commencer par se servir des hommes. Elles étaient toutes deux descendues bien bas pour remonter encore plus haut et briller au sein de Versailles. Chez la reine ou chez Madame, elles donnaient le ton, influaient et créaient bien des jalousies, ce qui donnait lieu à quelques cabales contre elles, mais ainsi était la vie et le jeu à Versailles, et bien évidemment, mieux valait être le sujet de ragots à Versailles qu'oubliées au fin fond de la campagne, ou pire, à l'étranger. L'une comme l'autre l'avaient bien compris. Isabelle n'était pas du genre à se laisser aller et à s'en laisser compter, pas plus que Sofia qui savait imposer son rang. Mais voilà, elles en restaient femmes et leurs coeurs, bien qu'elles espéraient faire croire l'inverse au monde, n'étaient pas fais de pierre. Et deux imbéciles semblaient avoir réussi à y mener leur chemin, bien qu'aucune des deux n'eut penser un instant que l'autre parlait de sa propre situation. Comment auraient-elles pu le penser? Elles se pensaient l'une et l'autre tant au dessus de cela. L'amour? Pour les jeunes filles en fleur telles  cette idiote de Bergogne qui pensait que les romans d'amour - interdits par la reine car licencieux pour la plupart - reflétaient la réalité.

-Oh je me le demande … Les gens de cette espèce ont un emballage bien séduisant au premier abord, il ne faut pas gratter le vernis. Les sottes se contentent d'amour à sens unique.

Sofia parlait là encore de cet imbécile d'italien. Contarini était insupportable aux yeux d'Isabelle, et jamais celle-ci n'aurait pu penser que Sofia parlait d'elle-même quand elle parlait d'une femme amoureuse de lui. Après tout, le premier contact de la jeune française avec le vénitien n'avait-il pas eut lien à l'instigation de l'italienne, qui avait payé Isabelle pour le ridiculiser - ce qui avait ma foi fait rire bien du monde à la cour, un franc succès pour la jeune femme qui avait réussi en maîtresse femme. Depuis, Contarini battait froid à Isabelle et avait juré de se venger. La bourguignonne savait mieux que personne que la vengeance était un plat qui se mangeait bien froid, aussi se méfiait-elle de l'homme comme de la peste. Sans aller jusqu'à l'éviter à Versailles, ce qui aurait pu sembler louche et faire penser qu'il l'effrayait - alors qu'Isabelle n'avait peur de rien, que cela soit clair -  elle était bien lointaine de rechercher sa compagnie. Alors imaginer que Sofia avait fait un demi tour sur ses sentiments à l'égar du jeune homme qui n'aimait rien d'autre que lui-même. Le problème d'Isabelle était tout autre, au fond, elle était terrorisée à l'idée que Cédric puisse la haïr de s'être faite seule, d'avoir réussi ainsi, de pouvoir briguer un beau mariage, un mariage prospère, parce qu'elle avait sut mettre toutes ses relations - charnelles comme sociales - à profit pour son avancée. Epouser une dame de la reine n'était certes pas aussi intéressant que si la reine avait eut le charisme d'Anne d'Autriche, mais cela n'empêchait pas le statut important.

-Vous avez raison. Et qui dit que l'amour est l'unique motif ? Pourquoi un homme ne vivrait-il pas au crochet d'une riche femme, faire semblant de l'aimer, de la complimenter pour mieux profiter de ses louis d'or ? Nous connaissons assez bien ce monde pour savoir que l'amour n'est qu'un masque de quelques instants, une bagatelle qu'il faut payer ! Il faut se méfier des plus pauvres que soi, cela n'attire que des ennuis.

La révélation aurait pu frapper Isabelle en plein coeur qu'elle ne l'aurait pas plus glacée. Le chapeau qu'elle admirait lui échappa des mains pour tomber à ses pieds où une des modistes se dépêcha de le rattraper. Elle n'avait pas pensé à cela. Etait-il possible que Cédric tente de vivre à son crochet, comme elle n'avait tant de fois fait avec d'autres hommes...? Ne voyait-il en elle plus qu'une possibilité d'avenir, plutôt que la jeune femme naïve et amoureuse qu'elle avait été? Elle en eut un frisson dans le dos.

-Quand je vois nos connaissances dans ce genre de situations, je me réjouis que nous soyons au-dessus de tout cela.  Quand je vois mon amie, j'ai l'impression des amourettes imaginaires de Michelle de Bergogne, je pense qu'il y a un âge et surtout une situation où on doit arrêter de vivre d'illusions. On ne nous demande pas d'aimer, juste d'avoir la meilleure situation possible, peu importe les moyens.


-Oui oui, certainement, vous avez raison, répondit distraitement Isabelle, toujours sous le choc de la pensée qu'elle venait d'avoir.

Sofia, elle, était désormais à l'abri de tout besoin avec son mariage. Il faudrait idéalement qu'elle donne un héritier à son époux, un garçon, bien évidemment, pour assoir définitivement sa position, mais c'était déjà un grand pas. Isabelle se devrait peut être de l'imiter... Elle refusait de dépendre totalement d'un homme, ils l'avaient tous bien salie, mais elle avait assez d'argent pour, une fois mariée, pouvoir mener le rythme de vie qu'elle voulait, tout en acceptant évidemment les cadeaux que son époux lui ferait, il ne fallait se priver de rien. Elle ne manquait pas de soupirant, plus ou moins vieux, riches et d'agréable faciès, peut être était-il temps de se laisser tenter...

-Pardonnez ma curiosité mais … votre amie est-elle de haute noblesse ? Sans me révéler son nom, je me demande si l'écart de fortune est si considérable !

Isabelle fut soudain prise au dépourvue. Elle qui ne manquait jamais une répartie, ne savait pour une fois absolument pas quoi répondre. En dire trop, et elle était démasquée. En dire plus, et la curiositée de son amie ne serait qu'attisée, elle ne pourrait plus rien lui cacher.

-... Eh bien... je ne sais que vous dire sans la trahir...

Le regard de Sofia était brûlant d'impatience, elle non plus ne disait jamais "non" à une bonne rumeur. Le cerveau d'Isabelle tournait à toute allure sans trouver quoi que ce soit pour lui permettre de trouver une réponse adéquate. Elle allait renoncer, mettre son véto, quitte à décevoir Sofia, quand la cloche de l'église du quartier se mit à sonner, signifiant qu'il était entre sexte et les vêpres. Le parfait moment pour s'éclipser.

-Dieu! Peut-il être déjà si tard? Nous n'aurons jamais le temps de nous préparer si nous ne nous dépêchons pas! Je vous vois chez l'ambassadeur d'Angleterre ce soir? Avez-vous entendu parler de sa salle de balle? Monsieur en est parait-il vert de jalousie.

Elle claqua une bise à Sofia et se dirigea vers la porte.

-Faites donc tout livrer chez moi, lança-t-elle a la modiste qui s'inclina avec un "bien, mademoiselle".  A plus tard, ma chère, et vous devriez porter le dernier que vous avez choisi, il ira à merveille avec vos yeux.

Et Isabelle s'éclipsa, pas mécontente d'avoir esquivé la fin de la discussion qui aurait pu être dévastatrice pour sa réputation.

[FIN DU RP]
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