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 Lully, le Paillard Magnifique [TERMINE]

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MessageSujet: Lully, le Paillard Magnifique [TERMINE]   Lully, le Paillard Magnifique [TERMINE] Icon_minitime12.01.16 15:17


Jean-Baptiste Lully

(Eoin Macken)



Âgé de 35 ans ♔ Compositeur ♔ Origines italiennes ♔
Marié ♔ Catholique ♔ Libertin
♔ Artistes ♔


Un vain espoir, faux et doux compagnon ?
Oh non, n’est-ce pas ? N’est-ce pas que non ?


Quelques questions de protocole ...  


♔ ÊTES PLUTÔT PARIS OU VERSAILLES ?

Versailles, des pieds à la tête. Je me traîne régulièrement dans des bouges plus ou moins borgnes, mais je reste, pour le meilleur et pour le pire, marié au pouvoir et à ses cercles, en qualité de compositeur officiel de la Cour royale. Paris n'est pas la capitale dont je rêvais dans mon enfance, je n'y suis pas aussi attaché que vous, c'est un terrain de jeu où je descends régulièrement pour me distraire, tant Versailles est ma demeure, et tant ses extravagances sont ce que j'ai de plus proche d'une routine quotidienne.

J'en connais bien certains quartiers, d'autres me sont parfaitement indifférents et je ne les connais pas davantage que les petits villages qui se perdent dans l'immensité alentour. D'ailleurs, j'essaie aujourd'hui de résister un peu à ma tentation d'être un parisien, et mon entourage le plus illustre m'y encourage à mots plus ou moins couverts. Et il m'arrive aussi de m'y impatienter. Si Versailles est un nid de serpents, du moins ont-ils une dignité dans l'insulte qui force l'admiration d'un artiste ; les tavernes de Paris peuvent abriter un ramassis de pourceaux, et je ne retire alors de leur fréquentation que de la gêne, des ennuis, et une gueule de bois carabinée.

♔ CROYEZ VOUS AU COMPLOT ?

La réponse est simple et nette : un non bien retentissant. Un peu  de sérieux. La vie n’est pas une tragédie de Racine, ma pauvre amie. Un complot ? Des complots, des intrigues, par centaines, par milliers, certes ; j’ai moi-même la langue acérée et sans pitié lorsqu’on me provoque. Mais un Grand Complot pour se payer la tête de sa solaire Majesté, au sens propre ? Allons, nous ne sommes plus au temps de Ravaillac, notre roi ne divise pas les foules, c’est une idole à laquelle nul ne toucherait de peur d’être foudroyé. Je ne parviens pas à mobiliser le peu de terreur dont je suis capable autour d’un concept aussi éthéré, pardonnez-moi. Mais j’écouterai volontiers vos théories autour d’un bon dîner ou d’un verre de vin, c’est toujours divertissant ! Qui sait, nous en tirerons peut-être une petite tragédie qui amusera le Roi – quoiqu’il faudra qu’elle soit particulièrement spirituelle : il n’aime guère à plaisanter sur le sujet du régicide, allez comprendre. C’est tout l’honneur auquel une telle historiette puisse prétendre, à mon avis !

♔ VOUS SENTEZ VOUS PLUS COMME UNE DOUCE COLOMBE OU UNE GROSSE VIPÈRE ?

Si je suis une colombe, je suis celle qui tenta Eve et lui fit perdre son Paradis. Ah, c’était une vipère ? Je n’ai rien dit dans ce cas. Je suis un mauvais garçon, une mauvaise tête, comme on dit.

Si mon premier défaut est sans doute l’impatience – mais elle nourrit aussi la réalisation de mes ambitions, j’ai donc résolu de ne jamais la corriger – mon second serait sans doute… comment appeler cela ? le fait que j’évoque davantage un sectateur de Lucifer que le bon chrétien qu’un Florentin est censé incarner. En réalité, je suis un Latin des temps Antiques. J’aime les plaisirs du lit et de la table, de la tribune et des arts, et je ne vois aucun inconvénient à m’envoler en flammes sous les malédictions de Dieu, si c’est le prix d’une vie qui aura brillé au firmament des hommes. Un vil païen qui se confesse de temps à autres pour remettre son âme à neuf, mais ne résiste jamais à la tentation de la souiller à nouveau.

D’ailleurs, il y a suffisamment de légendes qui courent les boudoirs à mon sujet pour que je ne me gêne pas dans mes ripostes ! La dernière m’a été rapportée par mon confesseur, justement. On prétend que je trempe dans des messes noires, que je leur ai fourni un nourrisson accouché par ma propre épouse. Pauvre Madeleine, si elle entendait des choses pareilles ! J’ai demandé d’où venait le coup, on m’a nommé un certain marquis, jaloux sans doute, mais de qui ? De moi, qui ai eu l’honneur qu’on lui refuse depuis deux ans, celui de toucher sa femme ? Ou d’elle, qui m’a pressé entre ses bras ? Voilà qui me fait bien rire, mais pas au point de laisser l’offense impunie. Je réfléchis à ce que je pourrais ajouter à son dossier.

Ce ne serait point mentir que de dire qu’il fut aperçu, en un cabaret bien connu, en compagnie de gredins de la pire espèce ; poètes, crève-misère, vérolés, dépravés, tel ce D’Assoucy d’Enfer, qui besogne et bat son petit page. En voilà un qui arriverait presque à me choquer, moi ! Décidément, je devrais leur prêter quelque liaison, car ils ne valent pas mieux l’un que l’autre. C’est donc décidé ! Il est temps de visiter mon cher confesseur. Et ce soir, je retourne à ce cabaret, l’ambiance m’en a manqué.

♔ QU'AVEZ VOUS A DIRE SUR LA GUERRE ?

J’ai ma façon de guerroyer pour le drapeau de France. Ne croyez pas que l'affrontement soit moins féroce, l'effort moins rude, à l'occasion même moins mortel, sur le terrain que je fréquente : celui de l'art. Je déplore certes les jeunes vies perdues, d'autant que j'aurais fait un meilleur usage de certains des corps qui pourrissent aujourd'hui dans la terre - je ne citerai personne ; mais j'envie parfois les soldats pour n'avoir qu'à s'exposer au feu pour gagner terres, villes, médailles et réputation. Quant à moi, comme une mère anxieuse qui assiste aux exploits de son jeune enfant, il me reste à consoler les perdants et surtout à glorifier les vainqueurs jusqu'à ce que cette guerre puisse être mise au lit de nos mémoires, et s'endormir parmi nos souvenirs. Ma guerre ne prend jamais fin, et son général n'est jamais médaillé. Peut-être est-ce pour cela que les hommes du peuple font habituellement de plus brillants artistes que les gens de la haute société ?

♔ QUELS SONT VOS LOISIRS ? AVEZ VOUS UN BUT PRÉCIS ?

Ma première priorité est de profiter de la vie au maximum. Cela passe par une carrière artistique florissante, et une conscience légère, non par innocence, mais par haine viscérale de la mortification. Je passe mon temps où j’en ai envie : aux pieds de mon Sire, dans les bals masqués, au théâtre où mes amis se font également leur petit bout de chemin sans menacer ma propre ascension… sous tes jupes ou sous tes chausses, je ne suis pas un monstre de mode comme on a pu vous le raconter. Je tiens seulement à être parfait quand j’apparais officiellement sur la scène, c’est nécessaire à ma concentration.

J’aime donc aussi perdre des heures chez un tailleur indécis, car une heure qui m’amuse n’est pas une heure perdue. J’aime trousser trois vers sur un coin de table à l’occasion, pour tes beaux yeux, oui, les tiens. J’aime forcer mon accent italien pour déranger davantage un puritain que ma présence à la cour choquait déjà, ou pour faire rire, ou pour séduire. Et si je pouvais faire un voeu, ce serait, non pas de demeurer indéfiniment au sommet de ma gloire, comme mes ennemis le prétendraient, mais de découvrir un nouveau sommet à conquérir.


Derrière le masque ...
♔ Pseudo : Scinbad. ♔ Âge : 30 ans. ♔ Présence sur le forum : présent.
Code bon by Lisa ♔ Comment avez-vous connu le forum ? J’avais fait une tentative avec un inventé, mais c'était trop compliqué pour moi. ♔ Quelque chose à dire ? J’espère avoir plus de chance avec un scénario Wink d'autant que j'ai toujours aimé Lully. Il est dans ma galerie d'icônes glamrock de l'Ancien Régime (oui, je fais ce genre de chose.)




Dernière édition par Jean-Baptiste Lully le 12.01.16 16:05, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Lully, le Paillard Magnifique [TERMINE]   Lully, le Paillard Magnifique [TERMINE] Icon_minitime12.01.16 15:17


Mémoires du Grand Siècle




Il était une fois deux meuniers de Florence, deux bons amis et deux féroces concurrents, là-bas ces deux traits ne s’excluent pas ; l’un avait un fils, l’autre avait une fille ; leur mariage régla la querelle. Dans ce ménage désormais prospère et paisible, naquit un fils. Puis un second : Gianbattista, votre serviteur. Puis une fille. Cette année-là, une épidémie nous décima, emportant mon frère et ma sœur, et me laissant faible, aux portes de la mort, désormais seul, âgé de six ans.

J’ignore pourquoi, mais par la suite je ne me sentis plus chez moi dans cette belle ville de Florence. J’étais détaché de ma vie quotidienne, de l’amour de mes parents, et de celui de Dieu. Rien de tout ça n’avait suffi à nous protéger ; il avait fallu se battre, affronter au corps à corps les démons de la fièvre. C’était ça, la vie humaine. Je restai un temps sous le choc, puis me recomposai une attitude plus digne d’un enfant choyé ; mais je n’oubliai jamais la leçon. J'étais bien traité, mais le brave couple de meuniers aussi, échaudé par le deuil sans doute, prenait garde à ne point trop s'attacher à ma présence, au cas où elle leur serait à son tour arrachée... ce qui devait être le cas. Ils ne connaissaient pas les mythes grecs, qui préviennent du danger de trop craindre la réalisation d'une prédiction. Et j'en gardai le besoin d'être aimé intensément, passionnément, ou pas du tout.

Le soir, mes parents me disaient des histoires de bonne femme, dont ma favorite était celle du Roi Sanglier. Je m’en souviens encore comme si c’était hier ; après tout, j’ai eu cinq enfants à qui la raconter. Plus tard, je m’en suis acheté un exemplaire – ce conte existe sous forme écrite, à ma grande surprise. C’est l’un des seuls ouvrages italiens que je possède aujourd’hui dans ma bibliothèque. Dans ces histoires, les héros étaient toujours des rois, ces créatures irréelles que je pouvais seulement rêver d’approcher, et qui auraient aussi bien pu ne pas exister, et n’être elles-mêmes que des créatures de conte, comme les fées et les sorcières, pour autant que je fusse concerné. Et ce roi-là était un personnage que j’adorais. Je ne saurais dire pourquoi.

Mon père livrait les pâtissiers de la Cour en farine, et on admirait ma silhouette de Saint Sébastien enfant, le prince m’appelait Salaï ; j’ignorais ces références et m’emplissais les yeux de merveilles et de luxe, à défaut de pouvoir moi-même y goûter. Un beau jour, alors que je me sentais déjà plus familier de cet inatteignable paradis que de mon monde d’origine, une descendante des Médicis réclama un petit compagnon de jeu italien pour améliorer sa conversation dans cette langue. Or, il y avait là depuis quelques mois un chevalier de France, un guerrier amateur d’art qui venait de s’illustrer dans le Nord, et qui me témoignait de l’intérêt pour mon sérieux, ma culture musicale, et peut-être aussi ma beauté classique. J’étais alors trop jeune pour percevoir ce genre de nuance, mais je me souviens aujourd’hui d’embrassades qui étaient sans doute un peu davantage.

Cet affectueux personnage eut la bonté de me recommander, car il était de sa famille et ne voyait pas d’inconvénient à ce que cette famille devînt la mienne. Etourdi par l’honneur, terrifié par le voyage, fasciné par les possibilités, déjà amoureux de la princesse, et éperdu de reconnaissance envers le chevalier, je dis adieu à Florence presque distraitement, à l’âge de treize ans. Malheureusement, à mon arrivée je constatai que toute la famille ne pratiquait pas les mêmes critères de beauté plastique que mon ami de Florence. Ma princesse me trouva trop laid pour lui offrir la compagnie quotidienne qu’elle avait réclamée. Je ne pus m’empêcher de me remémorer mon pauvre frère aîné, mon cher Cristoforo Verginio. Par un caprice de la nature, il était blond, et blanc comme la porcelaine, avec un visage d’angelot et des yeux de martyr, lumineux comme ceux des vitraux. Elle l’aurait aimé. Moi, j’étais comme le pauvre roi sanglier, je savais parler aussi bien qu’un homme, mais on dédaignait mon âme par mépris de mon enveloppe.

Mais je n’étais pas du genre à me laisser briser le cœur. Puisqu’on ne me renvoyait pas à Florence, je tirerais un quelconque avantage de la vile position domestique où je me trouvais à présent. Je n’eus dès lors qu’un seul objectif : pouvoir un jour rendre mépris pour mépris, et comme j’étais déjà un fourbe d’Italien retors et rancunier, comme on devait un jour me dépeindre, je cachai mon esprit de revanche derrière un sourire charmeur et des courbettes à répétition. Je fus patient, tenace, je travaillai d’arrache-pied, d’autant que mon plan reposait sur un don qui était le mien depuis toujours : la musique. Je n’étais pas seulement bon, je rendais les autres meilleurs. J’aurais pu faire un orchestre de mes compagnons commis de cuisine, si la fantaisie m’en avait pris.

Quant à elle, de vilain petit canard trop gâté, elle faisait également son chemin dans le monde, et manifestait, je dois le dire, un esprit indépendant, fin et redoutable auquel je brûlais de me confronter. Quand je contemplais ma jeune fiancée, une modeste petite Madeleine, je me sentais parfois embarrassé d’avoir reçu du ciel cette Perséphone innocente, quand je côtoyais une Diane chasseresse, bien plus à la hauteur de l’homme que je devenais : un champion en devenir, en compétition avec le reste du monde, et néanmoins d’une olympienne bonne humeur.

Je me comparais à Monsieur Lambert, le père de Madeleine, mon professeur de musique et de ballet, qui pourtant me couvrait de compliments. Je me comparais aux Violons du Roi, au point de créer un ensemble pour les surpasser. Ma chère Mademoiselle apprécia que je donne son nom à cet ensemble, mais je me comparais à elle, et je pouvais la surpasser sur un point critique : ma dévotion envers la couronne. Et tandis qu’elle se perdait politiquement par des alliances rebelles, je m’en détachai ostensiblement, pour proposer mes services directement à Sa Majesté, un geste qui eut de part et d’autre les répercussions émotionnelles que j’espérais. Je jouais là un beau coup de jouer de cartes. Si la Fronde avait abouti à un renversement, j’aurais chuté avec Louis ; mais ce fut ma belle Mademoiselle qui tomba avec la Fronde. Je ne me repentis même pas d'avoir prié pour cette issue.

Officiellement déclaré français par le Roi, qui voulait me conserver pour de bon à ses côtés, et pour qui j’écrivais la plus belle musique dont je fusse capable, j’épousai Madeleine Lambert et m’établis en ménage à la Cour, parmi les artistes qui y grouillaient et notamment un certain Poquelin, qui portait le même prénom que moi. C’était un comédien dans l’âme, qui rappelait volontiers que « rire » rime avec « guérir », et je l’amusais par mes façons volcaniques et mon accent, encore légèrement présent dans ma diction. Inutile de vous le présenter, vous avez tous entendu parler du dit Molière et de ses farces. Ce fut le premier plébéien dont j’appréciai vraiment l’esprit en ce royaume, peut-être simplement parce que ma bonne fortune me rendait moins hostile au talent des autres, et plus objectif dans mes jugements. Madeleine me donna une fille ; je me souvins brusquement du prénom de ma soeur qui n'avait pas vécu, Margerita Bruna. Mais j'étais français désormais. Ce serait Catherine Madeleine.

J’avais tout ce qu’un homme peut souhaiter dans cette vie : un collaborateur qui était aussi un ami, une douce épouse et des ribambelles d’enfants, la faveur royale et un métier qui ne cesserait jamais de m’enthousiasmer, une place à la plus rayonnante cour d’Europe… et j’avais impressionné Mademoiselle, puisqu’elle me traitait de haut. Elle crevait d’envie de me récupérer pour son service personnel, et je crevais de rire à lui rappeler que c’était trop tard. Je la surnomme « femme de marque », car elle gardera à jamais la marque infâme de la Fronde, et de son dédain à mon égard, comme une criminelle garde la marque du bourreau. Vous savez, ce roi Sanglier… Avant de trouver sa princesse, il fut d’abord marié successivement à ses deux sœurs qui firent semblant de l'aimer, qui conspirèrent de le tuer, et qu’il éventra.

J’ai exposé à de mauvaises langues notoires l’interprétation juste de cette formule à double entente, afin de m’assurer qu’elle lui revienne à l’oreille, puis elle m’a fait demander par un de ses amis si c’était bien le cas, et j’ai nié, avec un large sourire. Oui, je suis une mauvaise tête, j’en conviens ; il est infiniment plus confortable d’être de mes amis. Et j’en ai, lorsqu’ils ont la patience de me garder. Ainsi, un jour… Le roi me mandait partout à sa suite, et nous assistions à une chasse, quand il se tourna vers moi, au moment de commander l’hallali. Et je fus plus heureux de ce qu’il me dit alors que du « Oui » de ma femme au matin de mes noces.
« On me rapporte que vous dormez mal. Vos craintes peuvent à tout jamais s’apaiser, Monsieur. Si vous me servez bien, nul ne vous appellera plus Gianbattista. »
Sur quoi, il ordonna la mise à mort, et c’était bien un sanglier, une énorme bête noire aux yeux rouges, dont on rapporta la peau, tandis que je me sentais délivré, tel le roi du conte le fut de sa malédiction lorsqu’on le sépara de sa peau de naissance. Ce soir-là, au terme d’une vive étreinte avec Madeleine, je dormis comme un prince ; et l’enfant fut appelé Louis, en l’honneur de celui qu’il servirait après moi. "Si vous me servez bien", ce n'était pas cher payé - du moins le pensais-je, dans l'euphorie du moment. Ma chair est plus faible que je ne l'imagine, et ne cesse de me le rappeler.

Et pourtant, il avait tort. Un autre Louis devait le prouver. La version ultramontaine, la pire qui soit. Il me restait une chose à craindre : moi-même, et mon cœur sanguin, mes manières flamboyantes. Non seulement le brave La Reynie commençait à avoir du mal à me couvrir, témoin involontaire qu’il était de mes frasques les plus répréhensibles, par le travail assidu de son service de police ; non seulement l’illustre élève que j’avais pris en la personne du prince de Calenberg s’impatientait, à très juste raison, du risque que mes petites folies faisaient subir à sa réputation. Le pire, ce sont ces démons qui m’entraînent perpétuellement dans une relation ou une autre – et je sais qu’elle ne durera pas, je sais que la Cour n’y est pas un milieu propice. Je me lasserai, ou elle se lassera, ou il se lassera, et nous serons malheureux.

C'est ce qui arriva avec ce Luigi, dont je ne vous dirai pas davantage que ce qui suit, pour des raisons de réputation bien compréhensibles. Sachez que mon pauvre Roi Sanglier finit par trouver une princesse qui lui fut gré, tout simplement, d'avoir appris le langage des hommes et de lui offrir cette conversation ; et elle ne se souciait point qu'il vécût de préférence dans la souillure que ses semblables de corps affectionnent, car elle l'aimait tel qu'il était. Elle acceptait même de partager son lit, et le couvrait soigneusement afin qu'il ne prenne pas froid. Ces sollicitudes touchantes me faisaient, lorsque j'étais petit et que ma mère me contait tout cela, une forte impression que je ne retrouvai jamais dans ma vie, endurci que j'étais par les mille souffrances du quotidien. Et je crus que mon âme, au jour de mettre en terre ma soeur nouvelle-née, s'était définitivement close à cet innocent ravissement, que j'associais également à la piété religieuse.

Pourtant, lorsque ce jeune homme bien fait et plaisant de caractère prit l'habitude de ma compagnie, jusqu'à pardonner les souillures où mon âme se complaisait, et même s'endormir à mes côtés, je ressentis comme un écho de cette ancienne harmonie intérieure. Il fallait croire qu'elle ne fût tout à fait éteinte sous la cendre. C'est peut-être pourquoi mon caractère de feu s'emballa soudain, par un beau matin qui ne présageait pourtant rien de dramatique, et pourquoi je décidai de le chasser de ma vie. On ne trahit pas une telle promesse. On ne se dérobe pas à un tel... Cela porte-t-il le nom d'amour ? De plus savants que moi en décideront. Je ne suis pas un théologien.

Mais il me cachait des choses, il me volait un partie de son coeur, et mon impatience n'a pu tolérer cela. Imaginez-vous que ce jeune impertinent refusait de me confier ce qui le préoccupait, le cours des pensées qui le distrayaient de ma conversation, et certains de ses déplacements auxquels, de son propre aveu, il ne pouvait cependant se soustraire. Il a joué au plus fin quelques temps, plaisantant, éludant mes questions, avec une habileté qui me séduisait encore assez pour que je la supporte ; puis j'ai calculé depuis combien de temps il agissait ainsi, et j'ai pris ma décision, si déchirante soit-elle. J'ai dit adieu à son corps et peut-être même insulté son âme, et je ne peux en avoir aucun remords, car c'était mon instinct qui s'exprimait, une force vive que je n'aurais jamais pu dompter, à moins de me perdre moi-même. J'ai choisi, et je l'ai perdu.

Mais il n'y a pas que l'amour charnel dans la vie, Dieu soit loué. Depuis quelques temps, je bénéficie d’une amitié plus proche que celle d’un monarque, plus compréhensive que celle d’un mécène : le duc de Brabant ne demande qu’à m’écouter parler pendant des heures, ce qui me flatte. Le pauvre, je lui rebats les oreilles de mes fantaisies de cœur, on jurerait Mademoiselle lorsqu’elle était plus jeune. – Je médis, elle n’a jamais rien eu d’une jeune fille en fleurs. – En fait, on jurerait ma bonne Madeleine aux débuts de notre relation. Je lui parle de cet ami que j’ai tant aimé, puis dont je me suis fatigué et que j’ai moi-même chassé de mon entourage. A mots couverts, car je ne souhaite compromettre personne, mais j’ai bien besoin d’en parler à quelqu’un, vous en conviendrez. Je lui parle de cette apparition étrange, au visage d’ange plutôt que de mousquetaire, qui m’intrigue tant au détour des jardins, mais que je ne puis jamais atteindre, comme si elle se perdait dans un labyrinthe onirique.

Madeleine en pleurerait. Molière en rirait. Jamais je n’en parlerais devant le roi, mais le roi s’en offusquerait. Calenberg me ferait la leçon, avec sa bienveillance naturelle, mais Brabant peut me comprendre, je le sens ; et c’est un homme du monde, qui a des avis élevés et brillants, pas un de ces marauds que je côtoie la nuit, quand je cours la ville en quête de distractions. Et j’ai besoin d’en parler : je ne supporterais pas que ma musique en souffre, après tout c’est elle, le véritable amour de ma vie. Elle seule parvient toujours à me satisfaire.


Dernière édition par Jean-Baptiste Lully le 17.01.16 21:28, édité 2 fois
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Paris de Longueville


Paris de Longueville

« s i . v e r s a i l l e s »
Côté Coeur: Une servante de ma connaissance...
Côté Lit: la servante sus-citée l'a déserté, profitez-en!
Discours royal:



ADMIN BIZUT
Phoebus
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MessageSujet: Re: Lully, le Paillard Magnifique [TERMINE]   Lully, le Paillard Magnifique [TERMINE] Icon_minitime12.01.16 22:54

Bienvenue sur ATV cheers

Wao, quelle rapidité de fiche!! Ca fait du bien de voir des joueurs motivés qui postent d'un coup et je suis ravie que le personnage te plaise! :guh:

On va s'occuper de toi très vite, mais je préférai passer quand même avant pour te prévenir qu'on t'avait repéré Pervers

A très vite! Very Happy
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MessageSujet: Re: Lully, le Paillard Magnifique [TERMINE]   Lully, le Paillard Magnifique [TERMINE] Icon_minitime12.01.16 23:16

Merci ! En fait, j'ai d'abord préparé ma fiche, et je ne me suis inscrit que quand elle m'a semblé prête. Je préfère comme ça, ça me semble plus courtois. Quitte à jouer à la Cour... Green
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Philippe d'Orléans


Philippe d'Orléans

« s i . v e r s a i l l e s »
Côté Coeur: Il a été brisé, piétiné et maintenant celui qui était à mes côtés est devenu mon ennemi. Quelle cruelle destinée !
Côté Lit: Le lit de mon palais est si confortable et accueillant !
Discours royal:



ADMIN TRAVESTIE
Monsieur fait très Madame

Âge : 27 ans
Titre : Prince de France, Monsieur le frère du Roi, Duc d'Orléans, de Chartres, d'Anjou, seigneur de Montargis
Missives : 10014
Date d'inscription : 03/01/2007


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MessageSujet: Re: Lully, le Paillard Magnifique [TERMINE]   Lully, le Paillard Magnifique [TERMINE] Icon_minitime14.01.16 11:26

Quelle belle fiche **

J'ai beau être au boulot, je l'ai dévorée PTDR Bien écrite, tu as su capté le personnage (et je veux bien savoir ta liste de personnalités glamrock de l'Ancien Régime) !

Si tu n'as pas le modèle de validation, c'est juste pour un détail : ton lien avec Luigi. Je comprends le manque de détail, mais ce serait bien d'étoffer un petit peu en quelques lignes et je pense que ce sera tout bon ! A très vite Banane
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MessageSujet: Re: Lully, le Paillard Magnifique [TERMINE]   Lully, le Paillard Magnifique [TERMINE] Icon_minitime14.01.16 20:55

Oh, c'est une liste informelle. Le chevalier d'Eon, le poète Abu Nuwas, l'abbé de Choisy, Radu le Beau, Mlle Maupin, Léonard de Vinci - je n'ai pas cité Salaï pour rien, je viens de faire une AMV que j'aurais presque aimé utiliser pour la jeunesse de mon perso, s'il s'était tapé un vieux peintre ^^ Surtout avec les coiffures de l'époque, ya de quoi monter un sacré groupe de J-pop.

Très bien pour Luigi, je suis assez occupé ce soir mais je vous ferai ça dès demain. Merci pour cette précision, c'est vrai que c'est un peu les feux de l'amour sa vie et je ne savais pas dans quelle direction développer Rolling Eyes

EDIT : désolé, je suis crevé en cette fin de lourde semaine, je m'en occupe demain en début d'après-midi. Green
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MessageSujet: Re: Lully, le Paillard Magnifique [TERMINE]   Lully, le Paillard Magnifique [TERMINE] Icon_minitime17.01.16 21:29

J'ai l'honneur de vous confirmer que c'est chose faite. Cool Je suis à vous, chers lecteurs.
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Amy of Leeds


Amy of Leeds

« s i . v e r s a i l l e s »
Côté Coeur: Mère enfin apaisée et femme comblée mais pour combien de temps encore ?
Côté Lit: Le Soleil s'y couche à ses côtés.
Discours royal:



♠ ADMIRÉE ADMIN ♠
Here comes the Royal Mistress

Âge : A l'aube de sa vingt septième année
Titre : Favorite royale, comtesse of Leeds et duchesse de Guyenne
Missives : 7252
Date d'inscription : 10/09/2006


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MessageSujet: Re: Lully, le Paillard Magnifique [TERMINE]   Lully, le Paillard Magnifique [TERMINE] Icon_minitime19.01.16 14:10


Tu es validé !

Bienvenue à

Versailles !



Puisque ma collègue ne voyait que ce petit rajout à faire, je te valide donc avec plaisir !!!!!!  Pom Pom J'ai moi aussi dévoré ta fiche, elle est vraiment top !  ** Tu vas faire un superbe Lully, tu le fais déjà d'ailleurs !  Banane  

Alors bienvenue parmi les fous doublés de schizos que nous sommes !!!!  free

Dans le petit topo ci dessous tu as tout ce qu'il faut pour que ton intégration sur le fofo se passe du mieux possible.  Very Happy N'hésite pas à te joindre à nous dans nos conversations floodesques et nos jeux.  Clin d'Oeil Les mini intrigues mises en place par le staff et que tu trouveras dans " le monde est fait de relations " sont aussi là pour te permettre de commencer à rpiser.  Smile

Ah et juste avant de passer vraiment les portes de Versailles, est-ce que tu peux générer ton " Si Versailles " sur ton profil et compléter ton côté coeur et côté lit stp ? Smile Merci.

A très vite dans les couloirs de la Cour !  Reine

Une fois la validation passée, il faut recenser ton avatar, puis créer ta fiche de liens et consulter celle des autres, remplir le point info et le consulter pour savoir qui fait quoi.
A partir de 50 messages, vous pourrez demander un logement et à 100 messages un rang personnalisé.
Viens faire un tour sur
le flood et n'oublie pas de mettre tes liens de présentation, fiche de liens et point info dans ton profil  Clin d'Oeil



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Marie-Thérèse d'Autriche


Marie-Thérèse d'Autriche

« s i . v e r s a i l l e s »
Côté Coeur: Un homme qui ne le mérite pas
Côté Lit: Il ne devrait y avoir que mon époux
Discours royal:



R e i n e . D e
♡ COEUR ♡


Âge : 28 ans
Titre : Infante d'Espagne, Reine de France
Missives : 172
Date d'inscription : 01/06/2012


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MessageSujet: Re: Lully, le Paillard Magnifique [TERMINE]   Lully, le Paillard Magnifique [TERMINE] Icon_minitime19.01.16 15:16

Bienvenue parmi nous cher compositeur!

Nous allons faire de grandes choses What a Face
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MessageSujet: Re: Lully, le Paillard Magnifique [TERMINE]   Lully, le Paillard Magnifique [TERMINE] Icon_minitime19.01.16 16:24

Merci, très chères Cool tout à vous, croyez-le bien. Et quant au style, je n'ai aucun mérite : je relisais Dumas tout en l'écrivant, j'en aurai absorbé la substantifique moelle. Rolling Eyes
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Camille Loizet


Camille Loizet

« s i . v e r s a i l l e s »
Côté Coeur: Vous voyez mon cou? Il n'est pas encore pris dans une corde!
Côté Lit: Charlotte et quelques autres...
Discours royal:



Tout pour la Galerie

Âge : 31ans
Titre : Lieutenant criminel de police, marquis de Gastins, il paraît
Missives : 53
Date d'inscription : 27/02/2015


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MessageSujet: Re: Lully, le Paillard Magnifique [TERMINE]   Lully, le Paillard Magnifique [TERMINE] Icon_minitime20.01.16 19:14

Ohlala!!! J'ai dévoré ta fiche, j'avoue Green Lully m'a pas mal embarquée et officiellement bienvenue sur ATV!!!
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Luigi Colonna


Luigi Colonna

« s i . v e r s a i l l e s »
Côté Coeur: Tant qu'il bat encore, il battra fort pour son italien, le seul.
Côté Lit: Un certain florentin le partage la plupart du temps. D'autres aussi, moins souvent ...
Discours royal:



    CASSE-COU
    1000 vies,
    un corps


Âge : 27 ans
Titre : Prince di Paliano (de la Palissade), membre de la famille Colonna
Missives : 602
Date d'inscription : 18/09/2011


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MessageSujet: Re: Lully, le Paillard Magnifique [TERMINE]   Lully, le Paillard Magnifique [TERMINE] Icon_minitime22.01.16 9:06

Mon ordi m'a lâché, je reviens et paf un Lully ! Les miracles arrivent parfois **

Bienvenue très cher lien **

Je t'enverrais un MP ce weekend pour te faire part de mes réflexions sur notre lien yeah
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MessageSujet: Re: Lully, le Paillard Magnifique [TERMINE]   Lully, le Paillard Magnifique [TERMINE] Icon_minitime22.01.16 9:31

Ciel, vous ici. Je vous attends de pied ferme dans le sujet concerné Green
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MessageSujet: Re: Lully, le Paillard Magnifique [TERMINE]   Lully, le Paillard Magnifique [TERMINE] Icon_minitime

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