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| Sans haine, ni violence (Ft François) | |
| Auteur | Message |
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Alexandre D'Artagnan
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| Sujet: Sans haine, ni violence (Ft François) 17.05.15 0:06 | |
| Voilà plusieurs mois que l'allali avait été sonnée. Traqué, recherché, avec une prime sur sa tête, Alexandre n'avait que le désespoir pour compagnon. Après s'être échappé du mourroir breton dans lequel son père l'avait enfermé, il avait tenté de mener une vie bohème, de travailler un peu pour gagner sa vie. Il avait coupé du bois pour quelques aubergistes, préférant une bonne bouteille de gôle à de l'argent. De toute façon, il ne possédait plus aucun toit pour s'abriter et il n'avait pas besoin de manger. L'alcool lui permettait d'oublier et de se laisser crever à petit feu. Le suicide ? Bien sûr qu'il y avait pensé, tous les soirs, avant de tenter de s'endormir... mais il était un mousquetaire, un battant, il n'abandonnait jamais. Et puis quelle honte ça serait ? Se donner la mort, c'était mal vu. En plus, cela équivalait à reconnaitre qu'il était coupable alors que non. Depuis le début il clamait son innocence... A force d'errer, il finit par trouver du réconfort auprès d'une femme, pas n'importe laquelle. Elle s'appelait Joséphine La Grange et exerçait comme comédienne dans la troupe de Molière. Une bien belle femme, dont il était tombé amoureux alors même que Marine vivait encore. Il s'en voulait terriblement parce qu'il avait l'impression de la trahir. Pourtant, malgré tout ça, jamais il n'avait commis d'adultère. Il s'y refusait, pragmatique. Même aujourd'hui qu'il était veuf, il ne parvenait pas à tourner la page. Il avait un blocage, et le fait de ne pas avoir pu assister aux obsèques, de ne pas réussir à faire son deuil y était pour beaucoup à n'en point douter.
Joséphine se montrait compréhensive et patiente. Elle conservait sa bonne humeur malgré les circonstances. Sans sa présence, Alexandre serait devenu une épave. Elle l'avait en quelque sorte bridé dans sa consommation d'alcool et encouragé à rester près d'elle. Ainsi, pendant plusieurs mois, l'aîné d'Artagnan se mit au service de la troupe de Molière. Les comédiens avaient un mode de vie assez étrange. Ils répétaient, souvent en parlant tout seul, en mimant leurs gestes comme des personnes peu saines d'esprit. Ils s'isolaient des heures durant pour apprendre leur texte et dès qu'ils avaient du temps libre, ils festoyaient jusqu'à pas d'heure. Malgré cette bonne ambiance, pour de raisons de discrétion et de décence aussi, le mousquetaire en fuite restait en retrait, ne contribuant que très peu aux moments de détente du groupe. Molière ne lui en voulait pas, au contraire, il avait accepté d'accueillir ce "criminel" en fuite, à la condition qu'il se fasse discret et qu'il travaille. Alexandre accomplissait ses tâches avec minutie et entrain. Il portait les décors, parfois lourds, ce qui le maintenait en forme et avait permis de le muscler un peu, les semaines de jeûne l'ayant considérablement amaigri. Il nettoyait la scène après les représentations et il tenait aussi le rôle du souffleur, puisqu'il avait toujours eu une bonne diction, grâce à son éducation. Le cadre de vie, sans être très impressionnant, lui permettait de reprendre goût à la vie, loin de sa famille, avec Joséphine comme confidente.
Oui mais voilà... Alexandre était une homme d'honneur que la fuite mettait dans tous ses états. Il n'avait d'ailleurs pas décidé de celle-ci ! Son père, pour le protéger, l'avait conduit en Bretagne dans un fort désolé, en ruines, à l'abri de toute recherche. Pour le jeune homme, impossible que cela dure plus longtemps. Il ne voulait pas avoir à se cacher éternellement comme un pariah alors qu'après tout il n'avait tué ni sa femme, ni ses enfants ! Il devait affronter son destin, tant pis pour ce qui en découlerait. Sans prévenir Joséphine, il profita de la nuit et du sommeil de la troupe pour partir. Il laissa un mot à la belle jeune femme, en lui confiant qu'il ne pouvait plus accepter de se regarder dans un miroir et à être lâche. Il lui demanda de ne pas tenter de le retrouver et pour lui éviter de souffrir lorsqu'il serait mis à mort, il lui expliqua que les sentiments d'amour envers s'étaient estompés. Cela lui brisa le coeur, mais Joséphine méritait mieux qu'un condamné à mort. Alexandre se mit ensuite en route pour Paris, volant un cheval à une garnison de province, près de Bordeaux. Le voyage fut long, mais il finit par arriver sur la capitale quelques jours plus tard. Il se terra dans une auberge poisseuse pour la journée, prenant une chambre qu'il paya en vendant son cheval. Il dormit un peu et au soir, il se prépara. Il se coupa les cheveux qui étaient longs de sorte qu'ils ne fassent que deux centimètres. Il enfila ensuite une tunique noire, mis ses habits de Mousquetaires dans un sac puis, sans raser sa barbe de trois jours, il se dirigea à pied jusqu'au camp des Mousquetaires.
Dans l'obscurité, ses anciens partenaires qui montaient la garde, ne le virent pas. D'Artagnan pénétra discrètement dans le bâtiment central, il savait qui il devait trouver pour mettre un terme à tout cela. D'un pas de loup, il ouvrit une porte et se glissa dans la salle. Tout était silencieux... Il avança de quelques pas lorsque du coin de l'oeil il vit un éclat métallique. Une lame se pointa sur sa gorge tenue par une silhouette masculine... l'homme l'avait probablement entendu arriver et s'était planqué. Ou alors il avait de la chance. Alexandre écarta les mains et les mit en l'air. Bientôt une lumière éclaira son visage fatigué et plombé de cernes. Il dit, d'une voix rauque :
- Doucement... doucement... je... je ne suis pas là pour me battre... Je suis Alexandre d'Artagnan... je suis innocent des crimes dont on m'accuse... mais je souhaite me rendre. Alors ne m'attaquez pas...
Il ouvrit le sac et le déposa à terre. Dedans se trouvaient son uniforme, son mousqueton et sa rapiêre, soigneusement entretenues. Il fit un pas sur le côté pour se mettre contre le mur, histoire de prouver sa bonne foi. Il savait que François, contrairement aux autres ne chercherait pas à le tuer pour avoir la prime... du moins, il l'espérait. |
| | | François de Froulay
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Fuis les honneurs et l'honneur te suivra Convoite la mort et la vie te sera donnée
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| Sujet: Re: Sans haine, ni violence (Ft François) 29.05.15 13:13 | |
| La préparation du déplacement de le a cour à Chambord était un véritable casse-tête. François était épuisé. Un jour, Monsieur voulait ceci, le lendemain, il voulait cela… Ses appartements n’étaient qu’un vaste capharnaüm où les mignons couraient en tous sens pour satisfaire les caprices du prince, qui voulait son habit turquoise un matin, et au soir, son habit bordeaux. Ils ne partaient que deux semaines – un peu plus s’il fallait compter le trajet – et François avait beau connaître le prince désormais, il était toujours perplexe devant ses émois de jeunes filles concernant ses tenues, son carrosse, et toutes ces choses qui paraissaient frivoles au mousquetaire. La sécurité et l’organisation, bien plus du ressort du jeune homme, étaient aussi une vraie épreuve. Il fallait bien sûr établir l’ordre des carrosses en respectant la préséance, à qui suivrait le roi, dans quel ordre, mais aussi qui suivait qui par la suite était une histoire. Malgré la fin de la guerre, le roi, la famille royale et les grands n’étaient pas à l’abri d’une tentative d’assassinat par un fou comme on avait pu en voir dans le passé. Et François étant du genre perfectionniste et à envisager le pire, il préférait largement tout vérifier plusieurs fois plutôt que de se retrouver avec un problème par négligence. Des problèmes, il y en avait toujours de toute façon.
Cela expliquait la présence de François à la caserne des mousquetaires. Bien que le jeune homme ne fasse plus vraiment parti de ce corps d’élite, et qu’il était parfois taquiné par ses anciens camarades pour le poste qu’il occupait désormais, il revenait toujours à la caserne avec plaisir et y était toujours bien accueillit, au point qu’il récupérait pour cette fois son ancienne chambre, désormais vacante. A croire que tout avait été organisé à son intention. Il avait passé le plus clair de sa journée à vérifier le dispositif de sécurité du convoi royal, et sa soirée avec Charles d’Artagnan, à discuter de comment la garde s’organiserait une fois à Chambord, énorme bâtisse, de ce que François avait entendu dire. Il n’y était encore jamais allé, et s’il ne doutait pas de la magnificence du lieu, la taille du château lui paraissait assez difficile à assurer une sécurité optimum uniquement avec une compagnie de mousquetaires et quelques gardes. Le capitaine des mousquetaires paraissait plutôt confiant de son côté et avait dit à son cadet qu’il était inutile de trop s’inquiéter, que tout irait bien. Rassurer par la tranquille force moral de d’Artagnan, Froulay avait décidé de faire confiance à son expérience, et c’est épuisé qu’il alla se coucher, ne prenant que le temps de retirer bottes, casaque et pourpoint, et de se jeter sur le lit en haut de chausses et chemise, se promettant de se passer un baquet d’eau fraiche sur le corps le lendemain au réveil.
Avant de s’endormir, il repensa à la guerre, comme souvent avant de s’assoupir. La blessure qui lui entaillait le flan, associée à d’autres petites égratignures, ne lui donnait pas vraiment de fierté. Il songeait simplement qu’il avait eut de la chance, là où d’autres étaient restés sans vie, le corps souvent haché, méconnaissable, sur le champ de bataille. Il soupira. La guerre est une chose bien différente quand on est enfant, et que l’on y voit seulement un jeu. C’est sur ces dernières pensées, lui sembla-t-il, qu’il finit par s’assoupir, d’un sommeil pourtant léger, il avait l’impression de flotter entre rêve et réalité. Aussi, quand la porte de sa chambre s’ouvrit, lui dont le regard était accoutumé à l’obscurité, il ne savait plus s’il rêvait ou non. Ses yeux, accoutumés à l’obscurité jamais complète, les rideaux laissant filtrer le clair de lune, lui désignèrent une silhouette peu engageante – quelle silhouette inconnue survenue alors qu’on attend personne l’était ? Le hululement d’une chouette, trop puissant et clair pour n’être que rêvé, lui fit reprendre pied à la réalité. Le jeune homme, habile dans ses réflexes de soldat entrainé, saisit la dague qu’il laissait toujours à proximité, vieille habitude apprise alors qu’il n’était encore que cadet. Un instant plus tard, l’intrus avait la lame pointée sur sa pomme d’Adam.
-Qui vive ? demanda François entre ses dents.
Il était évident que ce n’était pas quelqu’un du camp, sinon, il se serait annoncé bien avant. François bâtit le briquet et alluma la chandelle qu’il avait soufflée avant de s’endormir, pour se retrouver face à Alexandre d’Artagnan. La surprise fut grande. Il savait l’aîné d’Artagnan en fuite depuis qu’i avait tué son épouse, Marine. La nouvelle avait grandement surprit François, qui n’avait pourtant suivit l’affaire que de loin, à Saint-Cloud, et n’en connaissait pas les détails, si ce n’était que son ancien officier supérieur s’était enfui alors qu’il avait été accusé. Bien qu’il ait toujours clamé son innocence, la fuite ne le désignait-elle pas coupable ? François n’arrivait pas à se prononcer, il connaissait trop le sens de l’honneur d’Alexandre, cela ne lui ressemblait pas. Et pourtant, il ne savait plus qui croire.
-Doucement... doucement... je... je ne suis pas là pour me battre... Je suis Alexandre d'Artagnan... je suis innocent des crimes dont on m'accuse... mais je souhaite me rendre. Alors ne m'attaquez pas...
Lentement, François se redressa, pour se mettre sur ses pieds, faisant reculer Alexandre jusqu’à la chaise où il le poussa pour qu’il s’asseye. Sans le lâcher des yeux, malgré son discours, et plus par précaution, François inter-changea sa dague pour un de ses pistolets posés sur la commode à son côté. Ce n’était pas son arme de prédilection, mais à cette distance, il avait peu de chance de rater sa cible. Ne prenant pas de risque, François décida de s’adosser à la porte, coupant toute retraite à son « invité », la fenêtre était bien trop petite pour laisser passer un homme adulte de sa stature.
-Comment êtes-vous arrivé jusqu’ici ? Et où étiez-vous tout ce temps ?
François le détailla. Alexandre avait les yeux cernés, les traits tirés. Si son corps semblait musclé, son visage était considérablement émacié, preuve que la vie de fuyard ne lui convenait pas le moins du monde. Sans doute une des raisons pour lesquels il voulait se rendre.
-Qu’est ce qui m’empêche d’appeler la garde immédiatement pour que vous soyez mis aux fers, et jetés dans un cul de basse-fausse ? ajouta le jeune capitaine de la garde de Monsieur.
Etait-ce vraiment lui qu’Alexandre cherchait ? Savait-il seulement que François se trouverait là ce soir là ? |
| | | Alexandre D'Artagnan
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| Sujet: Re: Sans haine, ni violence (Ft François) 04.06.15 23:44 | |
| Alexandre ne savait plus rien de ce qu'il se passait parmi les Mousquetaires. Le fait que François ait été muté à la garde de Monsieur, il n'en savait rien. Il ne mesura donc pas la chance qu'il avait eu ce soir, de tomber sur De Froulay. Il estimait ça normal... pour une fois qu'une bonne étoile veillait sur lui et ne l'enfonçait pas davantage dans les ennuis qu'il ne l'était déjà ! Il nota la méfiance de son ancien compagnon d'armes. Il était normal qu'il soit suspicieux. D'Artagnan, accusé d'avoir tué sa femme et ses enfants, ne paraissait pas plus innocent alors qu'il avait fui. Enfin, techniquement, il n'avait pas vraiment fui. C'était son père qui, usant de ses relations et de sa paranoïa habituelle, l'envoya dans un endroit totalement reculé. Peu de gens connaissaient ce lieu, ce qui assura la tranquillité de l'ancien mousquetaire pendant des semaines. Il précisait être innocent, parce qu'il le savait, le prochaines semaines seraient très difficiles. La Bastille n'était pas une simple prison. Les conditions de vie se dégradaient à mesure que le temps passait. Mais au moins, il cesserait de fuir. Assis, Alexandre garda les mains en l'air, évitant de faire des gestes brusques. Il n'avait pas envie de recevoir une balle, pas maintenant, plus maintenant. Le suicide, il y avait pensé, Joséphine l'en empêcha, par sa présence et ses precieux conseils. Elle avait pris soin de l'homme abîmé qu'il devenait depuis la tragédie. Il soupira à la dernière interrogation de son interlocuteur.
- Si vous souhaitez agir ainsi, je ne peux point vous en empêcher. De toute évidence, c'est là que je vais finir mes jours.
Il n'avait pas l'air en colère et il n'essayait pas de le faire s'apitoyer. Il rajouta même, sur un ton défait, ayant lui-même abandonné l'idée d'échapper à son sombre destin.
- Je ne veux plus fuir ou me cacher. J'en ai assez... je veux que tout cela se termine. Je veux avoir la paix. Je ne vais pas chercher à m'enfuir, vous pouvez me lier les mains, je ne vous agresserais pas. Je suis venu vous voir car du temps où la disgrâce ne me salissait pas, nous travaillions dans les mêmes rangs. Vous n'étiez pas homme vaniteux et de tous ici, je pense que vous êtes l'un des seuls, à ne pas vouloir m'abattre pour toucher une prime. Peut-être que je me trompe, qui sait vraiment de quoi les âmes sont faites ? Mais j'ai préféré tenter plutôt que de continuer cette vie qui ne mène à rien.
Il toussa légèrement dans un son un peu rauque. Il posa doucement les mains sur ses cuisses, ses épaules commençaient à lui faire mal. Alexandre aurait voulu lui dire qu'il n'avait pas fui... mais cela revenait à dire que son père l'avait aidé... et même si celui-ci méritait bien une gueulante, il ne voulait plus nuire à l'honneur de son nom. Il préférait donc passer pour un couard, lui si fier de nature, que de mettre son paternel dans la tourmente. Il portait toujours son alliance autour du doigt, en marque de souvenir. Marine, il l'aimait... énormément... et même s'il avait eu des sentiments pour Joséphine, il ne l'aurait jamais tuée. Ni elle, ni les enfants... Mais comment prouver son innocence lorsque les faits l'accusaient lui ? Pas d'alibi pendant le crime, vu par des témoins sur les lieux avec du sang sur les mains, forcé à fuir loin pour s'éviter d'être mis à mort... tout le désignait comme le meurtrier. Sauf pour ceux qui le connaissaient bien. Cédric, Philippe, son père, Joséphine... eux, ils croyaient à son innocence. D'Artagnan regarda les meubles, faiblement éclairés. Cela semblait poussiéreux... mais il se trompait peut-être.
- J'aurais voulu que ma fuite puisse me permettre de trouver le véritable assassin, mais c'est peine perdue. De toute façon, il ne me reste plus rien. Alors qu'on en finisse. Puis-je vous demander une faveur ? Je sais que vous n'avez aucune dette à mon égard, mais j'en appelle à votre honneur. Pourriez-vous me livrer vous-même ? |
| | | François de Froulay
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| Sujet: Re: Sans haine, ni violence (Ft François) 09.06.15 13:27 | |
| François ne savait pas vraiment sur quel pied danser. Certes, il n’avait suivit l’affaire que de très loin, depuis Saint-Cloud, où seules les rumeurs, maintes fois déformant la vérité, souvent amplifiant les faits, étaient arrivées. Dire qu’il connaissait bien Alexandre aurait été un peu exagéré. Il avait servit sous ses ordres, l’avait respecté comme commandant intelligent et réfléchit… Mais il le savait lui-même pour se rappeler de sa réaction lorsque Claire lui avait révélé son secret, et qu’il avait voulut, sous le coup de la colère, avait provoqué Edouard en duel dans le but de le tuer – ce qui, il le réalisait aujourd’hui, aurait créé un incident diplomatique sans précédent – les réactions à chaud, en colère et passionnées, étaient bien courante et touchaient même ceux que l’on aurait pu penser bien au dessus d’elles. Le jeune mousquetaire hésitait donc, entre tirer sur un homme recherché qui avait pénétré dans ses quartiers de nuit, flouant nécessairement la garde, et dans un but inconnu, ou écouter ce que son ancien collègue avait à dire pour sa défense. Il était par ailleurs considérablement changé : amaigri, n’ayant que la peau et quelques muscles sur les os, la mine émaciée et les yeux cernés d’un homme traqué, mais dont les nuits sont également tourmentées. Sa barbe de quelques jours, pourtant taillée, lui donnait un air hagard. Il n’avait plus rien en commun avec le mousquetaire qu’il était jadis, et François ne put s’empêcher de compatir et d’avoir quelque pitié pour son ancien officier supérieur.
Pour l’instant, l’ancien mousquetaire restait sur ses gardes, distant, l’arme au poing. Un silence total régnait dans les quartiers, à croire qu’Alexandre n’avait été qu’une ombre et que rien ni personne ne pouvait troubler le sommeil de la troupe dans les dortoirs voisins.
-Si vous souhaitez agir ainsi, je ne peux point vous en empêcher. De toute évidence, c'est là que je vais finir mes jours.
La résignation de l’homme traquer. Il fallait bien reconnaître là le sens de l’honneur de l’ainé des d’Artagnan qui voulait faire face à ses accusateurs. François écoutait, sans rien dire, toujours debout près de la porte, son pistolet à la main. Le tire n’était pas son point fort, et bien qu’il s’y défende, il était bien meilleur à l’épée, mais à une telle distance, il ne risquait pas de le manquer si jamais il changeait d’avis. Indécis, il ne savait s’il devait rabattre le chien de son arme ou et s’asseoir à côté de d’Artagnan, ou bien ouvrir la porte et appeler la garde.
-Je ne veux plus fuir ou me cacher. J'en ai assez... je veux que tout cela se termine. Je veux avoir la paix. Je ne vais pas chercher à m'enfuir, vous pouvez me lier les mains, je ne vous agresserais pas. Je suis venu vous voir car du temps où la disgrâce ne me salissait pas, nous travaillions dans les mêmes rangs. Vous n'étiez pas homme vaniteux et de tous ici, je pense que vous êtes l'un des seuls, à ne pas vouloir m'abattre pour toucher une prime. Peut-être que je me trompe, qui sait vraiment de quoi les âmes sont faites ? Mais j'ai préféré tenter plutôt que de continuer cette vie qui ne mène à rien.
François faillit lui dire de ne pas l’insulter. Il n’aurait plus manqué que ça ! Mais le jeune homme se tint coi, écoutant le discours de son ancien officier jusqu’au bout. Non, il n’était pas de ces hommes ambitieux et s’il en était où il était, c’est qu’il avait sut agir au bon moment, rien de plus. Alexandre toussa, et sa posture s’avachie. L’intérieur de son corps était à l’image de l’extérieur, usé, fatigué et demandant à en finir. François espérait juste qu’il ne le provoquait pas pour qu’il active la sentence. Il n’en avait pas la moindre envie.
- J'aurais voulu que ma fuite puisse me permettre de trouver le véritable assassin, mais c'est peine perdue. De toute façon, il ne me reste plus rien. Alors qu'on en finisse. Puis-je vous demander une faveur ? Je sais que vous n'avez aucune dette à mon égard, mais j'en appelle à votre honneur. Pourriez-vous me livrer vous-même ?
Le jeune capitaine connaissait la rumeur. Celle-ci voulait qu’Alexandre ait été piégé. Peu osaient en parler, certes, la majorité étant convaincue de la culpabilité du mousquetaire, ou plutôt ex-mousquetaire, mais il n’y avait pas de fumée sans feu, et de ce qu’il savait d’Alexandre, François aurait été tenté de le croire, ne connaissant pas les preuves retenues contre lui. Il resta un instant silencieux, jaugeant la mine fatiguée à la lueur de la maigre chandelle qu’il avait allumée. Puis il soupira, et, repoussant le chien du pistolet, il le posa sur la commode à côté de la porte, avant de s’asseoir en face d’Alexandre sur une autre chaise, coudes sur les genoux, mains jointes, tout en le regardant bien. Il s’apprêtait à lui poser une question qui paraissait stupide aux yeux de l’homme ayant eut affaire à des malfrats qu’il était. Dans la grande majorité des cas, un coupable serait prêt à jurer sur la croix qu’il est innocent, après tout. Mais François avait besoin d’en avoir le cœur net. Aussi, regardant Alexandre droit dans les yeux, il finit par demander :
-Etes-vous vraiment innocent ?
Un piège pouvait être bien mené. Une mise en scène savamment orchestrée… François n’en avait-il pas montée une de toute pièce pour le Duc d’Orléans alors qu’ils étaient encore au front ? Il jaugea Alexandre du regard. Bien évidemment, un bon menteur ou tout simplement un éloquent orateur pouvait s’en tirer sans aucun problème, mais dans l’état de fatigue où Alexandre se trouvait… Et François ne s’en rappelait pas comme d’un manipulateur. Les gens changent, certes, mais pas à ce point, du moins l’espérait-il.
-Etes-vous certains de vouloir que je vous arrête ? Si oui, votre père est dans la place, est-ce à lui que vous voulez être livré ?
François se releva et posa une main amicale sur l’épaule d’Alexandre.
-Je suis désolé, sincèrement. Pour votre famille, et tout le reste…
Les condoléances n’avaient jamais été le fort de François. Il s’approcha du petit rideau de sa chambre et défit la cordelette qui servait d’habitude à les attacher, avant de revenir vers Alexandre et de lui faire signe de joindre les mains.
-Pour les apparences, s’excusa le jeune capitaine.
Il fallait bien faire semblant. Liant les mains d’Alexandre, François se demanda si ce qu’il faisait était juste. Il n’en était pas certain. Il aida ensuite son ancien camarade à se redresser, et récupéra son arme avant d’ouvrir la porte. Il voulait en finir au plus vite, tout en sachant qu’il ne pourrait pas se rendormir sur cela, sa conscience ne le laisserait pas tranquille. |
| | | Alexandre D'Artagnan
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| Sujet: Re: Sans haine, ni violence (Ft François) 04.07.15 19:09 | |
| "Êtes-vous vraiment innocent ?"
Le regard d'Alexandre se perdit dans le vide, alors qu'il repensait aux malheurs qui l'avaient frappés récemment. La mort de Marine, sa femme avait été une véritable horreur... celle de ses enfants aussi, car il ne savait pas encore qu'ils étaient en vie, sauvés par Blandine et recueilli par son père. Il se retrouvait seul, désormais et même sans être considéré comme coupable, il ne pourrait faire face au quotidien sans ses deux raisons de vivre. Autant passer le restant de ses jours à graver des choses sur les murs de la Bastille, tout en espérant que la peste, la tuberculose ou une autre maladie ne l'emporte très vite. Des larmes emplirent ses yeux mais il les retint, à la frontière de ses paupières. Épuisé, brisé, mais digne, il refusait de perdre sa fierté et d'exposer une faiblesse, quand bien même celle-ci aurait pu l'innocenter pour François. Il ne le regarda pas dans les yeux, fixant un point au lointain. Sa voix altérée par l'émotion qu'il s'obligeait à contenir, apporta une réponse à la question du Mousquetaire :
- Non... C'est arrivé par ma faute. Je me suis égaré sur des sentiments que j'eus pensé uniques et dévoués à la même personne. Je n'ai pas pu l'empêcher... ma place était dans mon foyer pour le protéger. J'ai failli à mon devoir, volontairement. Plus j'y pense, plus je me rends compte que ce que l'on dit à mon propos est vrai. Je les ai tués... j'ai permis que ça se produise. Je mérite mon sort.
La résignation se sentait clairement dans ses propos. Alexandre ne se pardonnait rien et on voyait, à la façon dont il s'exprimait qu'il n'en attendait rien venant d'autres. Lorsque François évoqua son père, l'aîné d'Artagnan resta silencieux. Surtout pas Charles... parce que s'il le livrait au Capitaine, celui-ci allait encore s'arranger pour qu'il s'évade et qu'il aille se mettre à l'abri. Il était las de courir, de se cacher. Le meurtrier de Marine et des enfants continuait de vivre normalement sa vie, toutes les preuves le désignaient comme l'assassin. On lui avait enlevé, tout, son engagement de Mousquetaire, sa famille, sa santé. Il choisirait sa sortie, il ne serait ni couard ni lâche. Et si Sanson, le bourreau du Roi venait l'exécuter, il ne tremblerait pas, jamais.
- Non, ne me livrez pas à mon père. J'ai jeté le déshonneur sur son nom, je ne veux pas le mettre dans l'embarras ou le fragiliser davantage. Livrez-moi à n'importe qui d'autre mais pas à mon père... ni à Ruzé, je préfère que vous m'égorgiez plutôt que de donner satisfaction à ce lâche.
On sentait toute la rancœur qu'il éprouvait envers Nicolas. Il était de notoriété publique que les deux Mousquetaires aux égos fort dimensionnés, ne s'appréciaient pas du tout. Ils se retrouvaient très souvent en conflit, Ruzé essayant toujours de déstabiliser d'Artagnan pour prendre son poste. Chose qu'il avait finalement réussi à faire. Alexandre se laissa attacher les mains sans broncher. François semblait précautionneux et il ne fit pas un nœud ferme. Il semblait hésiter sur la conduite à tenir. Pourquoi ? Sa conscience s'invitait-elle dans l'affaire ? Il comprit que cette reddition n'était probablement pas une bonne idée à l'instant où il entendit les excuses du Capitaine. François allait culpabiliser et ce n'était pas le but de son entreprise ! Alors qu'il était sur ses deux pieds et que François ouvrit la porte, il se mit en route, laissant Froulay l'escorter jusqu'à destination. Il se sentait plus léger, comme débarrassé d'un poids important lui plombant la poitrine. Sur un ton apaisé et doux, il dit :
- C'est moi qui suis désolé de vous imposer cela. Vous êtes un homme exemplaire. Vous n'accomplissez que votre devoir en me remettant à qui de droit. Peu importe ce qu'il adviendra de moi, vous n'avez rien à vous reprocher. Vous n'êtes responsable de rien. Soyez tranquille et en paix avec vous-même. Si elle n'était pas déjà dans la balance, je parierais ma tête que vous êtes le seul à ne pas vouloir m'abattre. |
| | | François de Froulay
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| Sujet: Re: Sans haine, ni violence (Ft François) 10.07.15 22:31 | |
| François était partagé entre l’envie de faire son devoir, et son instinct, qui lui disait qu’il allait prendre une mauvaise décision en acceptant de faire ce qu’Alexandre lui demandait. Le doute ravageait le mousquetaire et il ne savait plus vraiment que faire. La mine résigné de son ancien officier supérieur, son air qui était tout à fait celui d’un reprit de justice fuyant ses juges depuis des mois, émacié, fatigué, épuisé même. Il ne semblait que chercher une fin à ses malheurs, des malheurs dont on l’accusait et dont la simple mention étonnait le capitaine du Duc d’Orléans. Vraiment ? François ne pouvait pas parler de machination, il n’en avait d’ailleurs même pas l’idée en tête, pourtant, au fond de lui et malgré ses réflexes face à cet homme traqué s’introduisant dans sa chambrée de nuit – et ce sans alerter la garde un seul instant – il avait l’impression, reprenant les études de son enfance, d’être face à Héraclès qu’Héra avait rendu fou, le poussant ainsi à s’en prendre aux siens. Etait-il possible que par une drogue, ou quoi que ce fût d’autre, les ennemis d’Alexandre aient pu lui faire subir un tel sort ? François n’en savait rien, et ce n’était pas de son ressort. Sa sœur le lui avait dit, il ne pouvait porter toute la misère du monde sur ses épaules. Bien des hommes coupables crient leur innocence et il était bien rare de voir des condamnés s’accuser eux-mêmes, pourtant François avait besoin d’être sûr, sûr que ce qu’il faisait était un tant soit peu juste. -Non... C'est arrivé par ma faute. Je me suis égaré sur des sentiments que j'eus pensé uniques et dévoués à la même personne. Je n'ai pas pu l'empêcher... ma place était dans mon foyer pour le protéger. J'ai failli à mon devoir, volontairement. Plus j'y pense, plus je me rends compte que ce que l'on dit à mon propos est vrai. Je les ai tués... j'ai permis que ça se produise. Je mérite mon sort.Le jeune capitaine aurait voulut dire quelque chose, démontrer sa compassion à son ancien compagnon d’arme, pourtant, le plaçant dans la position de l’exécuteur de la justice. Pourtant la résignation dont il faisait preuve, celle d’un homme à bout, démontrait sa bonne foi. Mais le fait qu’il court depuis si longtemps n’était hélas pas pour plaider en sa faveur. Le remettre à la justice, et avoir le poids de sa sentence sur les épaules, ne mettait pas en joie le jeune capitaine, loin s’en fallait. Mais mieux valait lui qu’un autre qui voudrait se faire donner des honneurs immérités sur la capture de l’ancien officier. -Non, ne me livrez pas à mon père. J'ai jeté le déshonneur sur son nom, je ne veux pas le mettre dans l'embarras ou le fragiliser davantage. Livrez-moi à n'importe qui d'autre mais pas à mon père... ni à Ruzé, je préfère que vous m'égorgiez plutôt que de donner satisfaction à ce lâche. Malgré la situation, cela arracha un sourire à François. La rivalité entre Nicolas et Alexandre était bien connue chez les mousquetaires, il ne s’agissait pas là d’un fait nouveau. Mais cela ne dura pas. Rapidement, le sérieux naturel du mousquetaire reprit le dessus et il lia les poignets de son ancien officier supérieur, mais celui-ci s’aperçut sans mal de la réticence de son ancien subordonné, alors que celui-ci l’aidait à se relever. -C'est moi qui suis désolé de vous imposer cela. Vous êtes un homme exemplaire. Vous n'accomplissez que votre devoir en me remettant à qui de droit. Peu importe ce qu'il adviendra de moi, vous n'avez rien à vous reprocher. Vous n'êtes responsable de rien. Soyez tranquille et en paix avec vous-même. Si elle n'était pas déjà dans la balance, je parierais ma tête que vous êtes le seul à ne pas vouloir m'abattre.Quelques mois en arrière, François en aurait sans doute rougit et aurait bégayer quelque chose d’idiot, il n’avait jamais été très à l’aise avec les compliments, préférant l’action aux honneurs, pourtant ces paroles d’Alexandre le touchèrent, et lui firent ressentir plus intensément encore le poids de la culpabilité. Il hocha vaguement la tête. -Mon exemplarité, si tant est qu’elle existe, n’a rien à voir avec votre arrestation. Je vous espère innocent, vraiment, et que la justice du roi saura accomplir son œuvre. Avant de quitter la pièce, François sortit une des lettres de cachets qu’il avait en sa possession, lui permettant d’embastiller ceux qui se permettaient des balades interdites dans les jardins de Monsieur, et autres pamphlétaires malvenus. A la plume, il rajouta, après un instant de réflexion, le véritable nom d’Alexandre. C’était après tout sa décision. Au bas de la lettre, il ajouta quelques mots pour le gouverneur de la Bastille, et la ferma à la cire. Prenant la bougie d’une main, il ouvrit la porte de l’autre et céda le passage à Alexandre qui sortit de la pièce. Tous deux sortirent du bâtiment, où François appela la garde. Les mousquetaires de faction masquèrent avec difficulté leur surprise et leur honte d’avoir laissé quelqu’un pénétrer dans l’enceinte du camp. François passa outre, il serait toujours temps de régler ces problèmes le lendemain. Il confia Alexandre et les lettres aux hommes de garde, qui réveillèrent un cocher et attelèrent une voiture charger d’emmener Alexandre là où il avait demandé à l’être. Pourtant, en voyant la voiture s’éloigner, François ne pouvait s’empêcher d’avoir un pincement au cœur. Avait-il seulement fait le bon choix ? Ne venait-il pas de condamner l’un des hommes qui lui avaient tout apprit à la potence ? FIN DU RP |
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