« s i . v e r s a i l l e s » Côté Coeur: Cela peut vous paraître étrange mais j'en ai un. Il est bien caché, je le réserve à qui m'aimera vraiment. Et pour mes enfants. Côté Lit: Vous voulez une liste ? Ce sera même un recueil ! Discours royal:
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Sujet: Quand on s'amuse à Nancy 14.05.14 13:16
« L'amitié double les joies et réduit de moitié les peines. »
Il est toujours difficile de reprendre une vie plus ou moins normale lorsqu'on quitte de force les campements de guerre. En général, les soldats rentrent en majorité quand la guerre est finie, en grande bande, il y a un sentiment commun d'être resté jusqu'au bout, une bouffée de fierté et de devoir accompli, peu importe le résultat, qui est gagnant ou perdant. Mais quand on doit quitter le terrain avant, pour cause d'une blessure assez grave, il y a un sentiment de frustration et les gens peuvent aisément voir que l'on tourne comme un lion en cage, à vouloir tout savoir de ce qui se passait, attendre chaque missive avec impatience, et … s'ennuyer, il fallait l'avouer. C'était le cas de Morgan Stuart, blessé lors de la bataille de Verdun. Il avait failli y rester, l'anglais serait mort sans l'intervention quasi-divine de son compatriote Alfie. Outre la blessure à l'abdomen due à une arme blanche, Richmond, il avait eu une sérieuse entaille à la jambe, ainsi que quelques contusions ici et là. A Nancy, la seule chose qui trahissait ses blessures étaient quelques légères cicatrices sur les mains et cette canne l'aidant à marcher vu qu'il boitait légèrement. Au moins, pouvait-il doucement se consoler d'être un centre d'attention, on lui demandait régulièrement de raconter une bataille, un fait d'arme, le pourquoi de sa blessure … sans être un héros, Morgan avait quand même dévoué sa vie pour l'Angleterre, cela avait de quoi épater quelques personnes, notamment les femmes. Elles auraient pu être une agréable distraction contre l'ennui, mais Morgan ne se sentait pas l'âme cavalière au vu de son état.
Non, il fallait trouver d'autres occupations, quelque chose d'amusant, qui prenait du temps, et si possible à ne pas faire seul. Dit comme cela, ce n'était pas bien difficile, mais Richmond devait déjà éliminer tout ce qui incluait de monter à cheval, de courir … Bref, les activités qu'il adorait, comme la chasse. Il fallait être plus subtil … Puisqu'il était de retour à Nancy, il pouvait veiller sur ceux qu'il avait emmené avec lui, c'est à dire son fils, son frère et son grand ami Thomas Howard. Et ce serait avec ce dernier qu'il comptait bien s'amuser. Depuis la mort de sa femme, Howard n'était plus que l'ombre de lui-même, avait tendance à s'enfoncer dans la folie et la mélancolie profonde. Ce garçon si intelligent, vif d'esprit, qui avait tout pour lui, ne pouvait pas devenir un tel être, il fallait le sauver, et lui changer les esprits. Après tout, Morgan avait une tête immense envers lui : c'était grâce à Thomas s'il n'était pas mort aujourd'hui, après cette tentative de suicide dont son ami l'avait sauvé de justesse. Outre l'amitié, il y avait donc cette dette qu'il fallait honorer, même s'il ne savait pas comment vraiment s'y prendre. Et puis, bien que catholique, Richmond ne pensait pas qu'un miracle arriverait du jour au lendemain … Aujourd'hui serait donc une nouvelle étape, une pierre à l'édifice. Pas grand chose, rien de sérieux, mais si cela pouvait dérider son ami, ce serait déjà une victoire.
Voilà comment après le repas du midi passé ensemble, Morgan avait dans l'idée d'amuser son ami, l'aider à penser à autre chose, et à se reconstruire. Les deux hommes profitèrent de ce joli temps de juin pour faire quelques pas dans le jardin ducal, élégamment aménagé, marchant côte à côte, Morgan avait un rythme moins soutenu du fait de sa canne, mais cherchant toujours un côté positif et à faire la conversation avec entrain.
« Je vous trouve bonne mine aujourd'hui ! Qui aurait cru que la Lorraine aurait aidé à cela ! plaisanta l'anglais, un petit sourire aux lèvres. Je suis certain que vous ne connaissez pas tous les trésors de Nancy, il y en a pourtant quelques uns d'agréables, ils vous plairaient, foi de Stuart ! »
Au ton de sa voix, on pouvait imaginer qu'il avait quelque chose derrière la tête, à n'en pas douter ! Morgan n'était pas toujours un grand acteur, et ce qu'il avait pensé l'amusait terriblement, il n'y avait qu'à voir son petit sourire malicieux et ses yeux pétillants. Pas sûr que Thomas allait apprécier véritablement ces « trésors » dont parler Richmond ! Puisqu'il fallait s'occuper et s'amuser, autant allier les deux et se mettre au service de son ami. Alors qu'ils continuaient à marcher, on pouvait voir une jeune femme assise sur un banc de pierre, une jolie blonde bouclée au teint pâle, une jolie robe d'un gris argenté sobre mais dont la dentelle laissait deviner la fortune de sa famille. Un livre sur les genoux, elle respirait la fraîcheur et l'innocence.
« Savez vous qui elle est ? demanda innocemment Morgan. Il s'agit de la nièce du duc de Lorraine, Marie-Anne-Thérèse. La pauvre, destinée à la religion, une si jolie demoiselle. Mais avec une telle beauté, elle fut courtisée malgré tout, un prince hongrois je crois, et sa mère la fit sortir de son abbaye. Mais l'homme a eu la mauvaise idée de disparaître, ne pas honorer ses engagements après avoir rencontrée la demoiselle. Voici une jolie colombe qui va passer sa vie à prier Dieu, au lieu d'égayer une Cour qui lui siérait mieux au teint. N'est ce pas triste ? »
Pourquoi Morgan racontait cela ? Et comment il pouvait connaître tout cela ? Quel intérêt ? Cela aurait pu une banale conversation parmi d'autres, ils seraient passés devant la jeune fille d'à peine vingt ans, la saluer en retirant leurs chapeaux, dire un mot aimable et continuer leur route. Seulement, arrivés à sa hauteur, Morgan s'arrêta net pour saluer la demoiselle.
« Mademoiselle, en plus d'être telle une rose blanche dans ce jardin, vous êtes d'une ponctualité sans faille. Une grande qualité de chez nous ! Monsieur, vous me faites rougir. lança la demoiselle aux joues rougies, s'étant levée pour les saluer. Voici mon ami Thomas Howard, je vous avais parlé de lui lors du souper de la veille. Je sais que vous avez pour passion l'histoire et cela tombe bien, Sir Howard est intarissable sur notre beau royaume d'Angleterre. »
Il poussa discrètement Thomas du coude pour le faire avancer vers la demoiselle de Lorraine. En effet, cette promenade était purement et simplement un traquenard, Morgan était bien décidé à lui trouver une jeune femme, que ce soit pour épouser, ou pas d'ailleurs ! Le principal était qu'il commence à tourner la page de son deuil, il fallait commencer à avancer. Il est vrai que contrairement à Morgan, Jacques, Charles et Brandon, Thomas n'avait pas de grand tableau de chasse, du moins à leur connaissance, mais Howard était tout de même un homme, et la compagnie d'une jeune femme ne lui ferait pas de mal ! Puis il murmura en anglais à son ami :
« Essayez de ne pas la faire retourner dans les ordres. Puis il arbora un sourire fier et amusé pour s'adresser aux deux jeunes gens. Je ne veux point déranger, moi-même j'ai quelqu'un à voir … mais mon cousin Jacques sera toujours une moins bonne compagnie que vous, mademoiselle. »
Un dernier salut à la jeune femme et un clin d'oeil complice à Thomas, Richmond laissa les deux jeunes gens en croisant les doigts que cela fonctionne. Au pire, ce n'était pas vraiment les femmes qui manquaient à Nancy, l'anglais saurait toujours trouver une dame voulant bien tomber dans les bras de Thomas ! Il continua un peu sa promenade puis, sa blessure le fatiguant, il retourna au palais. Son cousin Jacques d'York vint le rejoindre dans un salon pour discuter et s'amuser un peu au détriment de leur ami en commun !
« Tu ne crois tout de même pas qu'une jeune bigote va faire succomber notre cher Thomas ! demanda Jacques, une tasse de thé à la main. Il faut bien tenter ! Et puis elle est tout à fait charmante … Au pire ce ne sera que la première. J'en trouverais d'autres. »
Morgan était bien motivé, ce serait sa distraction au service d'une amitié ! Les deux cousins Stuarts continuaient leurs conversations, parlant notamment de la guerre où Jacques allait s'en retourner, du départ prochain pour l'Angleterre … Bref, de tout et de rien quand ils virent arriver Thomas se diriger vers eux. Un fauteuil et une tasse l'attendait, ainsi que deux anglais qui le fixaient, curieux.
« Alors mon ami, cette demoiselle ? Racontez nous ! »
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Sujet: Re: Quand on s'amuse à Nancy 27.04.15 18:58
Il y avait des jours où Thomas Howard priait pour le prompt rétablissement de son ami d’enfance Morgan Stuart. Mais ce n’était pas pour son bien-être. Non. C’était pour qu’il reparte le plus vite possible au front.
Encore, un tel sentiment se manifestait selon les jours et les humeurs. Au début, Thomas avait été, bien sûr, plus que soulagé de voir que Morgan avait survécu à la bataille de Verdun, tout en ne pouvant s’empêcher de ressentir une bouffée de fierté pour son cousin Alfie, qui, enfin, avait prouvé sa valeur et de plus, sur un champ de bataille, en sauvant la vie du cousin de Charles II lui-même. Il avait dû faire face à la mort d’un proche que de façon trop intense, et n’avait aucune envie de repasser à nouveau dans cette phase. Peut-être ne serait-ce pas aussi vif qu’avec Victoire, bien sûr, mais Thomas n’avait pas encore dit tout à fait adieu à sa femme, et sa disparition brutale ne s’était pas encore effacée de son esprit. Morgan, suivant à la lettre le proverbe : « L’Enfer est pavé de bonnes intentions », se souvenant de la période d’abattement profond où il avait été plongé récemment et se disant que c’était là l’occasion parfaite de le libérer définitivement de ses démons, s’était mis en tête de lui présenter des jeunes filles qui feraient de parfaites épouses potentielles, faute de pouvoir lui présenter une qui pourrait du moins lui servir de maîtresse, sachant bien que son ami, contrairement à ses amis d’enfance anglais qui aimaient mener joyeuse vie, n’était nullement intéressé en une relation de la sorte.
Thomas, au fond, ne pouvait que sourire devant les tentatives de Morgan. Lorsqu’Andrew avait été rendu quasi-impotent et ce à vie, n’avait-il pas lui-même tout mis en œuvre pour chasser toute idée de suicide du duc de Richmond, sans toutefois être parvenu à l’arracher des griffes de l’alcool? Sans doute Morgan voulait tout simplement lui rendre la pareille, mais Thomas ne pouvait s’empêcher de trouver ces tentatives comme une intrusion de son intimité intérieure, et se retenait parfois de réagir quelque peu violemment, même si la lumière commençait peu à peu à se faire au bout du tunnel et qu’il se disait, parfois, qu’il avait peut-être assez pleuré… avant de s’en vouloir encore davantage et de se trouver insensible à la mort horrible que Victoire et leur enfant à naître avaient dû faire face. Thomas n’était donc bien sûr pas dupe lorsque Morgan, un après-dînée de juin, l’avait entraîné dans le jardin avec un sourire et un éclat dans les yeux qu’il avait été incapable de déguiser.
- Je suis certain que vous ne connaissez pas tous les trésors de Nancy, il y en a pourtant quelques uns d'agréables, ils vous plairaient, foi de Stuart !
- Il est facile de deviner ce que vous entendez par « trésor », Morgan! Je…
Il allait faire un commentaire légèrement inapproprié lorsqu’il fut interrompu par la vue d’une jeune fille assise sur un banc, non loin, en train de lire. Thomas se tut immédiatement, désireux que les oreilles de la demoiselle ne s’échauffent pas trop, tout en réalisant qu’il avait commis une erreur, comme Morgan, bien sûr, l’avait bien vite remarquée elle aussi.
- Savez vous qui elle est ? demanda innocemment Morgan. Il s'agit de la nièce du duc de Lorraine, Marie-Anne-Thérèse. La pauvre, destinée à la religion, une si jolie demoiselle. Mais avec une telle beauté, elle fut courtisée malgré tout, un prince hongrois je crois, et sa mère la fit sortir de son abbaye. Mais l'homme a eu la mauvaise idée de disparaître, ne pas honorer ses engagements après avoir rencontrée la demoiselle. Voici une jolie colombe qui va passer sa vie à prier Dieu, au lieu d'égayer une Cour qui lui siérait mieux au teint. N'est ce pas triste ?
Thomas s’était contenté de hocher la tête d’un air absent, tout en regardant furtivement de gauche à droite, pris à piège. Il avait donc quelque peu pressé le pas, tout en prenant garde de ne pas avoir l’air impoli, pour passer à côté de la demoiselle le plus naturellement du monde tout en ôtant son chapeau pour la saluer comme il se devait, tout en sachant qu’avec Morgan qui le talonnait, c’était peine perdue.
- Mademoiselle, en plus d'être telle une rose blanche dans ce jardin, vous êtes d'une ponctualité sans faille. Une grande qualité de chez nous !
- Monsieur, vous me faites rougir, répondit la demoiselle.
- Voici mon ami Thomas Howard, enchaîna Morgan. Je vous avais parlé de lui lors du souper de la veille. Je sais que vous avez pour passion l'histoire et cela tombe bien, Sir Howard est intarissable sur notre beau royaume d'Angleterre. Essayez de ne pas la faire retourner dans les ordres, continua-t-il, cette fois à l’oreille de son ami. Puis il arbora un sourire fier et amusé pour s'adresser aux deux jeunes gens. Je ne veux point déranger, moi-même j'ai quelqu'un à voir … mais mon cousin Jacques sera toujours une moins bonne compagnie que vous, mademoiselle.
Thomas se retint de faire à Morgan un sourire narquois. Comme ça, il s’était donné le mal de trouver une demoiselle qui, précisément, avait les mêmes goûts que lui! Ah çà, il fallait dire qu’il serait plutôt amusant de réellement commencer une conversation plutôt agréable sur le sujet avec la demoiselle, pour ensuite annoncer à son ami que le tout s’était plutôt bien passé, et ce, sans qu’il y ait espoir d’une attirance quelconque pour une potentielle union, tout en faisant espérer Morgan pour rien… Il prit donc place à côté de Marie-Anne-Thérèse, qui avait fermé son livre et qui le regardait alors qu’il était déposé sur ses genoux, sans doute rongée par la timidité. Thomas, à vrai dire, savait peu dire ce qui faisait plaisir aux femmes. Morgan avait bien choisi. Sans doute une jeune fille que l’un traiterait de pédante et de bigote alors que pour Thomas, il n’en était rien et que la jeune fille était davantage intéressée par l’étude, et c’était tout! En résultat, il n’eut pas d’autre idée que de parler de son sujet favori… l’histoire.
- Je peux donc assumer qu’avec ce que Monsieur le duc m’a dit, mademoiselle, que votre livre doit sans doute toucher quelque fait d’histoire de l’Europe?
- Oh… ceci n’est qu’une Imitation de Jésus-Christ. J’avais bien quelques traités… mais on me les a confisqués.
Thomas se raidit. Vraiment, pour quelle raison saugrenue aurait-on fait une chose pareille? Trouvait-on un tel sujet inapproprié pour la jeune fille en faisant fi de ses capacités? Avait-elle lu sur un quelconque sujet qu’on jugeait pour elle inapproprié alors qu’il n’en était rien? Thomas avait toujours cru en l’importance de demeurer objectif lorsqu’il venait à l’histoire… et qu’on en empêche qui que ce soit était pour lui une véritable offense.
- Oh, je n’ose en dire plus, vous allez croire que… que… Marie-Anne-Thérèse avait rougi tout en se mordant la lèvre, fixant le sol encore plus intensément.
- Enfin, si j’ose me le permettre… Il n’y a, pour moi, pas de honte à partager quelque sujet qui nous passionne, même si on juge que cela ne nous sied pas…
La demoiselle avait levé vivement les yeux, un souris se formant doucement sur ses lèvres.
- C’est que… je dois dire que pour l’instant, je m’intéresse particulièrement aux méthodes qu’utilisait l’Inquisition pour que les hérétiques passent à l’aveu…
Thomas ne disait rien, se contentant, comme à son habitude, de rester ouvert et de ne rien dire sans avoir une vue d’ensemble… même si, pour être franc, il ne présageait rien de bon.
- À vrai dire, continua Marie-Anne-Thérèse sur un ton badin, mais avec une certaine lueur dans le regard qui ne plaisait pas du tout au duc de Norfolk, les méthodes utilisées étaient bien loin d’être aussi cruelles que celles utilisées ailleurs. Vous connaissez le principe de l’écraseur de tête?
Heureusement, avant que la conversation ne porte sur la description de l’instrument, Thomas était parvenu à détourner le tout vers des banalités sur la pluie et le beau temps. Et, après un certain temps, assez long pour rester poli, il avait salué la jeune femme avec un « au plaisir de vous rencontrer à nouveau » même s’il n’en avait pas du tout envie, pour ensuite presque courir à toutes jambes pour rejoindre Morgan, qu’il chercha sans trop de peine pour le retrouver dans un salon avec Jacques d’York.
- Alors, mon ami, cette demoiselle? Racontez-nous! Morgan avait demandé, un grand sourire fendant son visage. Thomas s’était alors contenté de s’asseoir de la façon la plus badine possible, pour hausser les sourcils tout en hochant de la tête.
- La prochaine fois que vous trouverez une dame ou une demoiselle qui semble partager ma passion pour l’histoire, mon ami, assurez-vous de connaître ses sujets d’intérêt! Je dois dire que les méthodes de torture médiévales ne font pas partie des miennes!
Spoiler:
Évidemment, mes plus plates excuses pour mon retard d’un an… Et puis en plus, je me suis plantée de compte la première fois que le l'ai posté Sinon, ouais, ce RP montre à quel point je suis tordue, donc désolée pour ce tout WTFesque… Et conseil d’ami : faites pas de recherche sur les méthodes de torture du Moyen-Âge… c’est horrible
Morgan Stuart
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Sujet: Re: Quand on s'amuse à Nancy 10.07.15 23:38
Il y avait assez peu de distractions à Nancy, il fallait bien l'avouer : il y avait bien quelques fêtes et amusements le soir, mais la journée, à part d'interminables discussions ou des promenades, on s'ennuyait vite. Certains pratiquaient la bagatelle mais en ces temps troublé de guerre, le Stuart n'avait pas vraiment plaisir à cela. Et avec sa plaisir, les plaisirs semblaient limiter : pas de danse, pas de chasse, pas de promenade équestre, seulement quelques pas dans les jardins ou en ville après avoir été déposé par un carrosse. Il fallait bien trouver quelque chose d'autre. Oh, il y avait bien la lecture, la correspondance, rire et s'amuser avec son cousin York. Puis la solution se trouvait finalement sous son nez : caser son ami Howard. Depuis la mort brutale de son épouse, Thomas avait quelque peu perdu la tête et c'était de force que Morgan l'avait emmené en Lorraine, avec son fils et son jeune frère. Et étrangement, l'enfant ne fut pas celui qu'on croit !
A Nancy, il y avait principalement des femmes mariées, cela semblait logique, toutes suivaient leurs militaires de maris à la guerre. Mais parfois ces femmes avaient un certain âge et traînaient des filles, d'un âge relativement correct pour prétendre à un mariage. Alors bien sûr, elles se faisaient rares, on mariait les demoiselles assez jeunes ou elles avaient toujours un fiancé au front, avec l'espoir qu'il survive, ou non d'ailleurs. Rien de cela ne décourageait Richmond à trouver la future miss Howard, et revoir son ami sourire à nouveau, respirer le bonheur comme avant. Et en premier lieu, il avait jeté son dévolu sur la jolie nièce du duc de Lorraine, une demoiselle bien faite, dont le malheur d'arriver après ses sœurs la conduisaient au couvent. La parfaite cible, Morgan avait donc rencontré la jeune femme, polie et fort aimable, un poil bigote mais il valait mieux cela que l'inverse. Tout était donc prévu pour la rencontre « fortuite » dans les jardins et s'éclipsait, laissant le charme opéré.
Quant à lui, il retrouva Jacques d'York, son cousin princier, venu quelques jours à Nancy parlementer et se reposer un petit peu. Dormir sur un lit de fortune n'était bien qu'un temps, rien ne valait des oreillers de plumes et un matelas rebondit. Jacques vit dont Morgan arriver avec un large sourire, il comprit que quelque chose se tramait.
« Vois tu mon cousin, commença Richmond en s'asseyant dans un fauteuil, j'ai décidé de sauver mon prochain tout en honorant une dette. J'ai décidé de trouver à notre ami Thomas une fille à marier ! Quel projet ambitieux ! le prince anglais partit dans un fou rire. Et qui as tu trouvé pour commencer ? »
Morgan lui exposa la première prétendante et les deux hommes s'imaginèrent la discussion entre un timide comme Thomas et une fille de couvent. Cela les amusa quelques minutes, chacun fut curieux de l'issue de cette rencontre, sans grande conviction quant au coup de foudre. Les deux hommes continuèrent d'échanger sur différents sujets, notamment ce qu'il se passai au campement depuis le départ de Morgan après sa blessures, le tout autour d'un verre et d'un jeu d'échecs. Au début de la seconde partie, les cousins virent arriver le bachelor et s'asseoir à leurs côtés.
« La prochaine fois que vous trouverez une dame ou une demoiselle qui semble partager ma passion pour l’histoire, mon ami, assurez-vous de connaître ses sujets d’intérêt! Je dois dire que les méthodes de torture médiévales ne font pas partie des miennes! »
Il n'en fallut guère plus pour que les deux hommes se mirent à éclater de rire, sans pouvoir se retenir. Richmond essuya même une petite larme en tentant de se reprendre.
« Voyez le bon côté des choses, elle vous aurait appris beaucoup, et à votre tour, vous auriez conseillé le bourreau de Londres, une grande promotion … il rit encore mais Thomas ne semblait aussi hilares que les autres anglais. A dire vrai, je comprends mieux pourquoi on l'envoie au couvent et la fuite du prince hongrois. Pardon mon ami de vous avoir fait perdre votre temps, je serais plus sélectif la prochaine fois. »
Car non, Morgan n'abandonnait pas au premier échec. Il était comme ça, tenace. Pauvre Thomas, il ne savait pas ce que lui préparait son ami …
Car deux jours plus tard, il avait à nouveau trouvé une nouvelle jeune femme : bon parti, dix-huit ans, fraîche comme la rose, protestante (donc pas de problème d'inquisition) et avec une jolie conversation. Morgan l'avait vu de loin, c'était Jacques, qui se passionnait de jouer les marieurs. Il l'avait vu hier après midi et l'avait apprécié. Les deux cousins validaient cette allemande au nom bien trop long, Miss Howard lui irait bien mieux au teint. Le tout était à présent de ruser, Thomas ne faisait plus confiance à une « promenade innocente » dans les jardins. La demoiselle passait du temps dans la grande bibliothèque – où Charles IV de Lorraine ne devait pas mettre beaucoup les pieds – il suffisait de l'y emmener. Et de bien jouer la comédie. Pour cela, il retrouva Thomas dans ses appartements.
« Mon cher Thomas, je viens à vous car vous êtes le seul. Je dois me rendre à la bibliothèque pour un rendez vous de la plus haute importance que je ne veux manquer, il lui fit un clin d'oeil complice, ce qui sous entendait une fille, mais je ne sais pas où cela se trouve et je ne veux guère marcher longtemps avec ma patte folle. Pouvez vous m'y conduire ? »
Trop bon, Thomas y consentit, et durant les quelques mètres séparant les appartements à la grande salle de livres, Morgan vantait les charmes de la demoiselle qu'il devait soit-disant rencontrer.
« Je ne sais pas si vous la connaissez, elle s'appelle Augusta de Schleswig-Holstein-Sonderbourg, au hochement négatif, Thomas ne la connaissait pas, tant mieux, une très jolie allemande dans sa prime jeunesse. Rousse incendiaire, de grands yeux noisettes, une fine taille et de jolis atouts. Dommage qu'elle ait un nom à coucher dehors, on a le temps de périr par les flammes en récitant son nom. Elle semble si sage, si vous saviez comme ça change de toutes ces vénales … Elle joue merveilleusement du clavecin et a une certaine passion pour la géographie. Qu'en pensez vous ? Il ne manque plus qu'elle danse comme une déesse ! »
Autant dire qu'il brossait un portrait élogieux, sans jamais dire qu'elle était pour lui ou pour Thomas. Sans doute ce dernier pensait à une prochaine conquête du Stuart. Arrivé au lieu de rendez vous, ils auraient du se séparer mais Morgan le retint, prêt à demander une faveur :
« Vous comprenez qu'à cet âge si tentant, elle soit chaperonnée. Un témoin de moralité serait le bienvenu, pour ne pas être trop direct dans certaines … intentions. »
Il saisit le poignet de son ami, presque implorant. Décidément Richmond se trouvait des talents d'acteur insoupçonnés ! Et voici les deux hommes entrant dans le temple de la lecture du palais. De nombreux ouvrages en français principalement, mais aussi en langue germanique, des traités, des romans, des essais … non, ce n'était pas Charles IV qui avait amassé cela ! La demoiselle se trouvait assise derrière une table, un livre où se dessinait une carte du Nouveau Monde. A ses côtés, une vieille dame en noir, le regard bienveillant sur sa pupille, regarda les deux hommes s'approcher et saluer.
« Mesdames, qu'il est bon de voir s'instruire des femmes, trop longtemps rejetées à des tâches primaires. Moi-même père d'une fille, mon unique héritière, je tiens à en faire une grande dame avec du plomb de la cervelle. Mais je m'égare, je suis Morgan Stuart, cousin du roi d'Angleterre, et voici le fidèle conseiller royal, Thomas Howard. »
Tous deux s'inclinèrent par politesse, et la jeune femme rosit et baissa la tête.
« Ces messieurs font trop d'honneur à ma personne. Pardonnez moi, si je ne puis vous rendre la pareille en matière de révérence »
Et empoignant deux manivelles que Morgan n'avait pas prêté attention, la jeune Augusta quitta sa table et sa chaise n'était en fait un fauteuil de malade équipé de trois roues crantées mues par deux manivelles. Morgan n'avait pas remarqué l'infirmité de la demoiselle, ni Jacques d'ailleurs. Pour la seconde fois, la prétendante présentait une tare. Et plutôt que subir les foudres de son ami, il prétexta un rendez vous urgent avec le duc d'York – le parfait alibi – et s'en alla aussi vite que possible, laissant les deux jeunes gens faire connaissance. Deuxième boulette …
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Quand on s'amuse à Nancy
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