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 [Juin 1667] Quand on enferme les princes ...

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Philippe d'Orléans


Philippe d'Orléans

« s i . v e r s a i l l e s »
Côté Coeur: Il a été brisé, piétiné et maintenant celui qui était à mes côtés est devenu mon ennemi. Quelle cruelle destinée !
Côté Lit: Le lit de mon palais est si confortable et accueillant !
Discours royal:



ADMIN TRAVESTIE
Monsieur fait très Madame

Âge : 27 ans
Titre : Prince de France, Monsieur le frère du Roi, Duc d'Orléans, de Chartres, d'Anjou, seigneur de Montargis
Missives : 10014
Date d'inscription : 03/01/2007


[Juin 1667] Quand on enferme les princes ... Empty
MessageSujet: [Juin 1667] Quand on enferme les princes ...   [Juin 1667] Quand on enferme les princes ... Icon_minitime21.01.15 17:32

[Juin 1667] Quand on enferme les princes ... Tumblr_lun0dg8YLX1qkj4q6o1_500
« Comme il est facile de se laisser submerger par la haine ! »
En ce tout début de juin, il faisait une chaleur monstrueuse à la frontière de la Lorraine ? L’Est était le nouveau Sud, avec ses hautes températures et son soleil de plomb, de quoi surprendre ceux qui découvrent les lieux avec étonnement. Et en cette journée, non loin de Remiremont, c’était presque invivable. Une terre sèche où le moindre pas lève une nuée de poussière, à en fait pleurer les yeux d’un prince ! Alors dans un campement, on ne cessait pas d’aller et venir, toujours à courir, c’était un perpétuellement un brouillard de poussière de cendres, impossible de voir à plus de trois mètres. Heureusement qu’il y avait encore les tentes pour s’abriter de tout cela. Justement, la grande tente dont il est difficile de rater, à l’intérieur, Monsieur le Frère du Roi restait le plus longtemps possible enfermé, ou ne sortait pas sans un mouchoir sur le nez, bien que cela ne l’empêchait pas de pleurer ! Philippe avait fait ses preuves durant la guerre, personne ne s’attendait à ce que le courtisan en chef puisse aussi bien mener une armée, avoir quelques stratégies et s’impliquer plus qu’on ne pouvait le prévoir. Bien sûr, il fallait remercier son confesseur, l’abbé Cosnac, et son fidèle chef de sa garde, le beau et vaillant Froulay, sans ces deux là, pas sûr que Philippe se serait autant appliqué, peut être même aurait-il demandé à son frère de retourner à la Cour, là où il savait bien gérer les guerres permanentes qui y régnaient !

Aujourd’hui n’était pas un jour habituel : une bataille s’annonçait dans la plaine de Remirement, rien de plus classique, mais c’était le chef du clan adverse qui ne l’était pas : le chevalier de Lorraine en personne commandait les troupes. Assis sur une chaise sans grand éclat, le prince digérait cette nouvelle. Alors certes, la guerre avait secoué leurs sentiments et une rupture fut des plus logiques, impossible de rester amants et s’entretuer en même temps. Philippe se souvient encore de ce soir déchirant où son bel ange était venu lui faire ses adieux avant de quitter Versailles pour la Lorraine. Et aujourd’hui, ils se retrouvaient sur un champ de bataille, en ennemis, tels Roméo et Juliette des temps modernes. Mais point de temps de digérer la nouvelle, ces quelques minutes n’avaient pas suffi, seulement la guerre ne s’attendrissait pas aux élans de l’amour, au contraire, elle était sadique et cruelle. Ajustant son amure et son chapeau à plumes – car on pouvait être général et aimer la mode – Philippe quitta sa tente, mouchoir sur le nez, rejoindre ses hommes pour le traditionnel petit laïus et une revue des troupes.

N’importe quel chroniqueur de l’époque serait incapable d’écrire la moindre ligne méchante sur le prince, tout juste l’accuser de coquetterie avec son trop de plumes, mais il n’était pas le seul à le faire, c’était typiquement la mode de l’époque. Avec le cœur meurtri et lourd, le chef de la bataille du jour lança l’assaut. Le sang et la poussière donnait un air fantomatique à la scène, les ennemis apparaissaient tels des silhouettes informes au premier abord, avant de surgir tels des animaux, des prédateurs fous, ivres de rage, ces lorrains sans morale ! Il espérait tellement ne pas apercevoir Philippe, le prince savait que son apparition, même lointaine, même entre la tempête de poussière, le bouleverserait au possible. Alors se battre, avec le plus de conviction possible, pour effacer son chagrin et sa peur, la terreur de se retrouver face à son amour qui l’avait quitté pour faire la guerre contre le royaume qui l’avait accueilli … Alors, quand il l’aperçut à quelques mètres, si beau dans son costume de guerre, ses cheveux blonds au vent, le prince crut un instant que le temps s’arrêtait pour qu’on puisse admirer cette beauté, comme peinte par les anges en personne. Lui aussi l’avait-il vu ? La question ne se posa plus lorsque le cadet Bourbon reçut un méchant coup à l’arrière de la tête, lâche et sans aucune gloire. Le prince s’effondra dans la poussière, inconscient.

Quelques heures plus tard, quand les cloches sonnèrent neuf coups, les lourdes paupières princières s 'ouvrirent avec difficulté, et plutôt que les toiles d’une tente de campement, ce fut d’autres tentures, plus belles, plus colorées, comme un dessus de lit. Sous son dos courbaturé, un doux matelas, bien loin d’un lit de fortune. Où était-il ? Après quelques instants, Philippe se redressa et enfin put observer autour de lui : il s’agissait d’une chambre d’un château, un peu ancien, à la décoration peu travaillée, mais élégant tout de même. L’avait-on ramené loin de la bataille pour le soigner ? Tout d’abord affamé, il se rua sur le plateau posé sur une table. Puis il se dirigea vers la porte, voulant savoir qui était son hôte. Quoi, bloquée ? Oh ça devait être une vieille porte, il fallait tirer un peu plus. Ah non, elle était vraiment fermée à clé. Quel hôte enfermait les princes à clé ? N’appréciant pas la farce, Philippe se mit à tambouriner contre la porte, lançant des insultes qu’on ne relatera pas ici par pudeur, mais le prince n’y allait pas avec le dos de la cuillère. Pas dans la dentelle si vous voyez ce que je veux dire. Après de (très) longues minutes, des pas se firent entendre dans les escaliers, et une clé s’enfonça dans la serrure. A cet instant, n’importe qui aurait pu se trouver derrière la porte mais jamais Philippe ne crut voir son cher amant Lorraine !! Il y eut un silence de plusieurs secondes où chacun se regarda, voilà des mois qu’ils s’étaient quittés. Le prince fut le premier à prendre la parole, il comprenait encore moins ce qu’il se passait.

« Où suis-je ? Comment pouvez vous vous trouver ici ?
Comme cela ici ?
Hé bien chez la personne qui me loge … non. »


Il venait de comprendre, il était prisonnier, il était en Lorraine, cela expliquait le vieux château aussi. Le chevalier de Lorraine voulut s’approcher, sans doute prendre son amant dans ses bras, mais Philippe recula. Il était prisonnier de guerre ? D’une bataille où l’ennemi n’était autre que son amant ? Ses yeux se plissèrent, se bouche se pinça et il serra les poings. C’était la pire chose qui pouvait arriver au monde ! Et rien de mieux qu’une bonne colère pour faire sortir ça.

« Vous m’avez enlevé ! VOUS ETES FOU OU QUOI ? Je suis le pire prisonnier de guerre pour nous deux ! Vous êtes d’une stupidité sans nom ! Personne ne va penser que c’est un mauvais coup, tout le monde pensera que je vis des jours tranquilles en Lorraine … A CAUSE DE VOUS !
Calmez vous, vous devenez tout rouge …
JE SUIS ROUGE SI JE LE VEUX ! Je ne peux pas croire que vous m’ayez fait ça, à moi !
Je n’aime pas vous parler quand vous êtes dans cet état.
Continua Lorrain d’une voix calme.
C’est votre faute si je suis ainsi ! VOTRE FAUTE. »

Sans un mot de plus, Philippe de Lorraine quitta la pièce et referma derrière lui à double tour. Le prince de France tambourina contre la porte, ivre de colère et de rage à hurler « Philippe ! Philippe revenez ! Philippe !!! » Mais peine perdue, le chevalier ne revint pas. A défaut de fonctionner, cela eut pour effet de le calmer et il se laissa retomber sur le lit, épuisé.

Il se passa trois jours où le caractère princier ne s’affaiblissait pas, il hurlait après les laquais venus lui donner son repas, parfois même il leur jetait le repas à la tête, ou contre la porte. Le pire prisonnier du monde, à n’en pas douter. Et quand Lorraine daignait venir quelques instants, c’était pour se faire accabler de reproches, et cela finissait en dispute entre les deux amants qui ne se comprenaient pas : Lorraine voulait protéger le prince, Philippe trouvait que c’était la pire idée du monde, et on ne pouvait pas libérer un prisonnier de guerre comme ça, surtout un prince, les négociations continuaient pour faire libérer d’autres prisonniers lorrains. C’est dans cette tension mélangée de fatigue que Philippe finissait sa journée, à la fenêtre, à regarder le paysage. Puis un cliquetis de serrure se fit entendre, sans doute le repas. Sans même un regard, le prince congédia d’un geste de la main, et reprit le cours de ses pensées. Mais cela ne dura que quelques secondes, Philippe se rendit compte que le laquais n’était pas parti.

« Vous comprenez pas que je … il se tourna vers la personne mais, reconnaissant ce visage moqueur, il s’arrêta net. Vous, misérable faquin ? Vous n’avez pas mieux à faire que de jouer les valets, Surrey ? »

En effet, Alfie se trouvait là avec le plateau, un sourire triomphant sur le visage. Il posa le plateau sur la table mais ne semblait pas avoir envie de partir, ce qui avait le don d’énerver le prince.

« Vous ne comprenez plus le français ? Laissez moi tranquille, allez vous occuper à ramper derrière Lorraine, faites attention à ne pas marcher sur votre langue à force de baver sur lui. DEHORS ! »

Mais on n’était pas à Versailles et Alfie n’était plus son mignon, autant dire que l’anglais ne va pas se laisser faire …
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Alfie Howard


Alfie Howard

« s i . v e r s a i l l e s »
Côté Coeur: un Chevalier Lorrain l'a déserté, depuis je me suis marié...
Côté Lit: Vous n'y trouverez point d'amant(e)s ces temps-ci mais Madame ma Femme l'enflamme !
Discours royal:



Le Chevalier aux Fleurs
la douceur des épines


Âge : 25 ans
Titre : Baron Stafford, Chevalier de l'Ordre de la Jarretière, Secrétaire de Madame, Espion du Roi d'Angleterre & Ex-Mignon de Monsieur
Missives : 286
Date d'inscription : 23/12/2011


[Juin 1667] Quand on enferme les princes ... Empty
MessageSujet: Re: [Juin 1667] Quand on enferme les princes ...   [Juin 1667] Quand on enferme les princes ... Icon_minitime18.03.15 0:02


    [Juin 1667] Quand on enferme les princes ... Tumblr_m5u0ztnx8p1rqp4dm_zpsxqnclzlg
    « La vengeance est une justice sauvage. »


    Lorsqu’Alfie se retrouva de nouveau sous le nez de son détestable prince français, il exultait, jubilait même ! Le baron anglais pouvait enfin savourer le fait de narguer son ennemi à loisir sans le moindre remords. Quel plaisir ! Mais revenons en arrière voulez-vous ? Vous allez mieux comprendre…

    La guerre pointait alors à l’horizon de la France, elle était désormais inévitable. Le morale de tous était en berne au château de Versailles. L’heure n’était plus à la fête et les courtisans et autres dignitaires étrangers désertaient peu à peu les jardins, les salons et les boudoirs. Cette terre qui encore hier fut une amie, était désormais l’adversaire. C’est donc sans exception à la règle que les quelques mignons étrangers de la maison princière plièrent bagages, parfois sans même présenter leurs adieux à celui qui les avait accueillit depuis plusieurs années. Aaah la politique… Alfie était de ceux-là, aidant son valet Peter à remplir les malles, et vider cet appartement qui fût durant tout ce temps autant sa maison que sa prison… Il y a une époque où il aurait surement pleuré de devoir s’en aller, prendre les armes contre une nation amie. Cependant le jeune homme ne ressentait rien qu’un sentiment profond de légèreté. Plus il entassait ses affaires, plus il se sentait porté par une force nouvelle.

    Le déménagement ne fût pas des plus longs, mais il restait son fameux butin dissimulé sous les lattes du parquet sous son lit à baldaquin. Il envoya l’air de rien son serviteur emmener une valise à la voiture et s’empressa de vider sa cache au trésor une fois la porte fermée. Alfie empoigna à pleines mains les rubis, diamants, émeraudes et autres belles pièces dorées et les transvasa dans une cassette avec ses propres effets précieux. Alors qu’il refermait le coffret à clef et remettait en place les lattes du parquet avant d’épousseter ses vêtements, le baron se dit que cela était bien des enfantillages que ce jeu dangereux du voleur vivant dans le poulailler… Mais à quoi bon ! se dit-il en souriant, il était libéré de ses charges désormais. Son valet revint aux appartements accompagnés d’autres serviteurs de Versailles plus costauds qui se chargèrent de porter les imposantes malles. Alfie restait là, à observer son antre française se vider peu à peu. Son sourire s’élargit, songeur en pensant que guerre ou non, la vie serait toujours plus douce loin du Prince d’Orléans. A cette réflexion il tritura la sublime bague qu’il avait encore entre les mains. Aaaah que de scintillements ! Les belles pierres étaient d’une froideur rassurante au contact de sa peau… Mais... Que… Quoi ?! Alfie sentit son corps être saisit d’un frisson terrible (réaction presque devenue instinctive chez lui). Il avait oublié de rendre cette bague au chevalier de Lorraine !!!

    « GODDAMMIT ! » jura le baron avant de se ressaisir, surprit par son propre émoi. Heureusement qu’il était de nouveau seul.

    Cette bague était un cadeau du prince Philippe à son amant. Alfie l’avait récupéré au détour d’une soirée il y a plusieurs semaines en saluant l’homme qui faisait toujours tressaillir son cœur rien qu’à sa vue. Il fallait qu’il la remette à sa place !... Mais… Comment ? Il alla à la porte de ses appartements en se disant qu’il était encore dans de beaux draps, maintenant que le chevalier était parti pour la Lorraine quand il trouva Marie-Adélaïde sous son nez en train de trembler comme une feuille avec une boite de carton entre les bras.

    « Sir, fit poliment le mignon. Sa Majesté le Prince Philippe vous renvoie les quelques effets vous appartenant que vous aviez oublié dans la garde-robe, précise-t-il en posant la boite au sol…

    Un silence s’installa dans le couloir, Alfie fixant intensément cette misérable boîte qui semblait résumer tout ce qu’avait pu être sa vie durant ses dernières années à Versailles. Ses poings se serrèrent que ses jointures devinrent blanches par sa rage.

    -Vous savez, osa la tête de turc de la maison princière. Malgré les récents événements, je suis bien content de vous trouver mon ami.

    -Ah oui ? fit d’une voix blanche Alfie en se penchant sur la boîte sans faire attention à son interlocuteur.

    -Oui, fit Marie-Adélaïde en souriant de toutes ses dents. Votre présence m’a tant manquée ces derniers jours. Et je me suis dit que nous pourrions conserver notre relation par écrit durant les prochains mois, qu’en dites-vous ?

    Le jeune Howard posa un regard catastrophé sur le français. Il avait presque pitié de lui.

    -Vous êtes vraiment stupide, Cunégonde, lui répliqua-t-il simplement. Rentrez donc chez vous tant qu’il est encore temps, lui conseilla-t-il en récupérant la boite avant de le planter là, devant ses appartements vides.

    Non, vraiment, Versailles n’allait pas lui manquer à l’avenir. Mais cela ne réglait pas son problème de bague non rendue… Marchant dans un long couloir qui devait mener vers la sortie pour rejoindre les voitures envoyées par la famille Howard pour Thomas et lui-même, Alfie contempla de nouveau ses effets sans importances qui avaient été jetés sans la moindre délicatesse dans le carton. Toutes ses années à régler au millimètre près la tenue du prince, discipliner les mignons, survivre à la peste couronnée… Tout ça pour qu’il n’en reste qu’une triste boîte… Cela mettait le jeune anglais hors de lui au point qu’il préféra balancer la boite par une fenêtre ouverte. Il n’était donc rien de rien, hein ? Elle allait voir cette autruche rose de quel bois se chauffe un Howard, pensa Alfie en jetant un regard à la bague du chevalier de Lorraine…

    « Mon cher Philippe,

    Suite à mon départ précipité pour la Lorraine et des enjeux qui sont désormais entre nous : tu comprends bien que ce que nous partagions est perdu pour jamais… Et puis après ces dernières disputes, il m’est venu la pensée que l’on s’ennuie de tout, mon Ange. C’est une loi de la Nature ; ce n’est pas ma faute. Si donc je m’ennuie aujourd’hui d’une aventure qui m’a occupé entièrement depuis plusieurs années, ce n’est pas ma faute. Si, par exemple, j’ai eu juste autant d’amour que toi de jalousie, et c’est sûrement beaucoup dire, il n’est pas étonnant que l’un ait fini en même temps que l’autre. Ce n’est pas ma faute. Il suit de là, que depuis quelque temps je t’ai trompée : mais aussi, ton impitoyable tendresse m’y forçait en quelque sorte ! Ce n’est pas ma faute. Aujourd’hui, un homme que j’aime éperdument exige que je te sacrifie. Ce n’est pas ma faute. Je sens bien que te voilà une belle occasion de crier au parjure : mais si la nature n’a accordé à certains la constance, tandis qu’elle donnait l’obstination à d’autres, ce n’est pas ma faute. Crois-moi, choisis un autre amant, comme je l’ai fait. Ce conseil est bon, très bon ; si tu le trouves mauvais, ce n’est pas ma faute.

    Adieu, mon ange, je t’ai pris avec plaisir, je te quitte sans regret : je te reviendrai peut-être. Dieu seul sait ce que nous réserve cette guerre… Ainsi va le monde. Ce n’est pas ma faute.

    Philippe. »


    Alors qu’Alfie imitait à la perfection la signature du chevalier de son cœur, un profond sentiment de paix intérieure l’envahit tout à coup. Fier de son méfait, il plaça bien en évidence la fameuse lettre sur une console de la chambre déserte de sa victime princière puis y plaça à côté la fameuse bague. Voilà qui était parfait pour signer son départ de la France ! Enfin prêt à laisser une bonne fois pour toute ce royaume maudit derrière lui, Alfie disparut par une porte dérobée qu’il prenait habituellement pour exécuter ses charges auprès du prince…

    Désormais, après des semaines interminables de batailles, le baron Stafford retrouvait son ennemi juré enfermé dans une chambre comme un vulgaire animal en cage…

    Alfie avait lourdement insisté auprès de Philippe pour rendre visite au prince français. L’anglais mit plusieurs jours à parvenir à ses fins : Il lui fit les yeux doux sans le moindre remord, lui contant les kilomètres qu’il avait parcourut depuis le front pour venir le voir. Le Howard lui confia à quel point il lui avait manqué et dans un rougissement (à peine surjoué) il lui avoua les sentiments qu’il portait à son égard depuis tant d’années... Le Chevalier était estomaqué et semblait regarder le jeune anglais d’un regard inédit... Il le regarda tant et si bien que l’amitié ne tarda pas à être balayé par la passion. Il faut dire que la dureté de la guerre avait quelques peu éloignés les plaisirs charnels du quotidien de Philippe… Alfie avait toutes les chances de son côté, finalement.

    Spoiler:

    Oui, le jeune Howard tenait sa douce vengeance et la savourait avec une délectation indécente ! Le « chérubin », comme le surnommait sa nourrice italienne, était transformé. Et c’est ce même anglais métamorphosé qui se présenta dans la « cellule » princière avec un plateau repas. Philippe d’Orléans, stupide qu’il était, le prit bien évidemment pour un laquais et fit une tête de six pieds de long lorsqu’il reconnut Alfie :

    « Vous, misérable faquin ?

    -Plaisir partagé de vous revoir, Philippe, répliqua l’anglais avec un sourire hypocrite.

    Il n’y avait plus de « Majesté whatever» ou « Altesse of something» qui tenait, ce prince était un abrutit comme un autre.

    - Vous n’avez pas mieux à faire que de jouer les valets, Surrey ? »

    -Au contraire, fit Alfie en saisissant un grain de raisin dans le plateau repas. J’ai tout mon temps.
    Il n’avait pas fait tout ce chemin depuis le campement lorrain pour en rester là. Monsieur pouvait compter là-dessus : Alfie était prêt à lui faire voir la courbure de la terre !

    - Such a pity ! s’exclama le baron Stafford en lançant un air goguenard à son ennemi captif. Un prince qui se laisse emprisonner comme une vulgaire jouvencelle : c’est tout à fait votre style, isn’t it ?

    - Vous ne comprenez plus le français ? râla Philippe.

    -Vous voulez me donner une leçon peut-être ? fit plus durement Alfie. Sans façon, je connais votre répertoire d’insultes sur le bout des doigts…

    -Laissez-moi tranquille, allez vous occuper à ramper derrière Lorraine…

    -Oh justement ! s’exclama l’anglais avec un grand sourire. Je voulais justement vous parler de lui !

    Mais le prince le coupa aussitôt.

    -Faites attention à ne pas marcher sur votre langue à force de baver sur lui.

    -C’est tout fait amusant que vous parliez de Philippe, fit Alfie en continuant de piocher un grain de raisin avant de le déguster. Car justement je…

    -DEHORS ! beugla l’autre Philippe au point d’en devenir rouge cramoisi.

    -Ah oui… soupira l’anglais en jetant des yeux ronds au captif. Effectivement, j’en discutais ce matin avec le Chevalier : le rouge ne vous va vraiment pas au teint ! Il faut vous ménager, mon ami, dit-il sans l’ombre d’une parole sincère.

    Il parcourut alors fièrement la pièce en l’examinant plus en détail.

    -Enfin… Pour un prisonnier vous n’êtes pas à plaindre ! Vous auriez pu être au nourrir au pain sec et à l’eau, dit-il en désignant le plateau. Mais je comprends votre émoi, depuis cette terrible rupture et la guerre : vos sens doivent être à fleur de peau… Vous qui êtes si… « délicat ».

    A ce dernier mot, un sourire moqueur se dessina sur ses lèvres. Alfie exultait à gambader dans la chambre comme un artiste qui contemple son œuvre.

    -Et puis être remplacé par votre ancien Maitre de la Garde-Robe, je peux comprendre que vous puissiez m’en vouloir… dit-il l’air de rien.

    Il vit alors la mine défaite du Prince.

    -Oups… Il ne vous a rien dit ? demanda-t-il le plus innocemment du monde. Poor Philippe… So alone ! ajouta-t-il avec une petite moue perfide.

    Le temps des belles paroles et des ronds de jambes étaient bel et bien révolu et Alfie ne boudait pas son plaisir de régler enfin ses comptes avec cette « dramaqueen » française…

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Philippe d'Orléans


Philippe d'Orléans

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[Juin 1667] Quand on enferme les princes ... Empty
MessageSujet: Re: [Juin 1667] Quand on enferme les princes ...   [Juin 1667] Quand on enferme les princes ... Icon_minitime20.04.15 23:38

« Plaisir partagé de vous revoir, Philippe. »

Ah, que cette voix ne lui avait pas manqué, loin de là même ! Et cette vulgarité de l'appeler par son prénom, les anglais n'avaient vraiment aucune manière dans ce monde. Même dans sa prison dorée, il restait prince de France, le troisième homme du royaume et devait être traité comme tel ! Et surtout, on n'appelle pas une personne comme lui par son prénom, c'est vraiment d'un sans-gêne qui horripilait Monsieur, qui en frissonnait presque de dégoût. Et puisqu'il était captif, Philippe ne pouvait pas claquer la porte, s'en aller et ne plus voir cet avorton devant lui, l'air triomphant. Oui, c'est qu'il était content, l'ancien mignon, il avait l'air de jubiler à avoir le dessus sur la situation, de ne pas être à la merci de quelqu'un, la liberté ne lui allait pas au teint. Il fallait que certaines personnes restent sous la coupe d'une personne plus sensée, sinon cela serait l'anarchie. La preuve, Alfie ne daignait même pas la politesse, se montait effronté et avait un plaisir malsain de tourmenter le prisonnier.

Mais c'était sans compter la mauvaise humeur princière, qui haïssait cette captivité, en particulier à cause de Lorraine, cet idiot avait ruiné leurs réputations par cet enlèvement, un prisonnier politique de haut plan certes, cela rendait bien à un tableau de chasse militaire, mais beaucoup moins quand vous capturez votre ancien amant ! La combinaison des deux rendait le prince irascible et incapable de patience, qu'il n'avait pas vraiment en temps normal d'ailleurs … Et voici que le capricieux ordonnait à son ex-mignon de s'en aller, d'aller au diable et ne jamais y retourner. Mais l'autre bougre ne bougeait pas d'un cil, s'amusant de la scène avec une certaine délectation. C'en était trop et le prince hurler de dégager. Ce qui n'eut aucun effet.

« Ah oui… Effectivement, j’en discutais ce matin avec le Chevalier : le rouge ne vous va vraiment pas au teint ! Il faut vous ménager, mon ami.
Je ne suis pas votre ami. » lâcha froidement Philippe, aux joues rougies.

Il détestait cette sensation d'infériorité. Les seules personnes avec qui il avait eu cette sensation étaient sa défunte mère, et son royal frère dans les moments officiels. Savoir s'effacer devant le Roi, on lui avait appris depuis tout petit, et cette soumission était acceptée, voulue. Il aurait pu se rebeller comme l'avait fait son oncle Gaston, mais il n'avait pas la carrure et n'avait jamais voulu blesser sa mère qu'il adorait trop. Mais là, face à ce misérable anglais, non, il ne voulait pas être autre chose qu'un prince, une personne presque inatteignable et au-dessus du reste. Et il se battrait s'il le faut contre ce crétin des alpes s'il le faut, qui se pavanait comme un sire.

Enfin… Pour un prisonnier vous n’êtes pas à plaindre ! Vous auriez pu être au nourrir au pain sec et à l’eau. Mais je comprends votre émoi, depuis cette terrible rupture et la guerre : vos sens doivent être à fleur de peau… Vous qui êtes si… « délicat ».
Vous ne savez pas de quoi vous parlez … » le ton était toujours aussi glacial.

Les poings serrés, Philippe n'avait qu'une envie : lui en coller une et le jeter par la fenêtre, pour qu'il s'écrase au fond des douves sèches depuis des siècles. Mais il ne s'attendait pas à la suite.

« Et puis être remplacé par votre ancien Maitre de la Garde-Robe, je peux comprendre que vous puissiez m’en vouloir … Philippe devint blême. Oups… Il ne vous a rien dit ? Poor Philippe… So alone !
Pas autant que vous, à passer récupérer les miettes d'autrui. »

Mais là oui, il était touché. Que Lorraine parte à la guerre était une chose, cette lettre de rupture lui avait fait un mal de chien, et s'il n'y avait pas eu la guerre, il en aurait pleuré toutes les larmes de son corps, mais avait du se montrer fort, ne pas faire l'égoïste et se montrer en véritable homme de bataille. Il en avait longuement parlé à son confesseur Cosnac, ce dernier n'était sans doute pas entrer dans les ordres pour avoir un prince pleurant dans ses bras pour un amour perdu, surtout quand c'était l'amour d'un homme ! Mais il avait réussi à le remettre sur le droit chemin, l'encourager à s'engager dans son rôle, prouver au roi qu'il pouvait réussir. Philippe avait pu être épaulé par Froulay, son capitaine des gardes, un homme de sang-froid et dévoué, mais aussi Effiat … Cela n'avait pas fait guérir la blessure béante, mais l'avait occupé, il avait pu prouvé qu'il était autre chose qu'une poule de Cour. Même si au fond, il avait espéré que son amant rentrerait à Versailles entier et qu'ils pouvaient tout reprendre … Il aurait pu passer outre la lettre, mais pas ça, pas céder à Alfie, alors que Lorraine lui avait dit qu'il ne ressentait rien pour lui, que ce n'était qu'un ami … De belles paroles pour passer du baume au prince, qui aujourd'hui n'avait pas du tout envie de jouer la demoiselle en détresse, ni de s'apitoyer sur son sort. Là, il était en colère, cela montait en lui, même si son visage restait toujours empreint d'une certaine gravité pendant ces longues secondes de silence qui suivirent après ses dernières paroles.

Puis finalement, il tourna le dos à Alfie, faisant quelques pas à la fenêtre où il pouvait observer le paysage, de la verdure à perte de vue, avec ses forêts. Rien de bien folichon, sa vue de Saint-Cloud était bien plus exceptionnel. A dire vrai, Philippe essayait de se calmer : si les hurlements n'avaient pas fait partir Alfie, il fallait trouver autre chose.

« Au moins, vous avez eu ce que vous avez désirez ces derniers mois. Vous n'avez plus à ramper, à trouver des subterfuges pour être là par hasard où il y était … Vous ne faites plus d'effort de réflexion en somme. Vous devez bien vous ennuyer …Il le regarda enfin. Vous êtes dans un château à courants d'air parce que vous l'avez suivi, et vous n'êtes là que parce qu'il a d'autres chats à fouetter, qu'il ne peut pas s'occuper de vous à chaque instant, qu'il a son côté indépendant et insaisissable que vous n'aurez jamais. Je suis donc votre distraction. »

Un léger sourire naquit au bord de ses lèvres alors qu'il se rapprocha d'Alfie et surtout du plateau, pour observer avec quoi on le nourrissait.

« Des mirabelles, en Lorraine, quelle originalité … Il regarda le plateau, en se disant qu'il aimerait tellement goûté à nouveau à la cuisine de Vatel, le cuisinier de Condé. C'est idiot, je n'ai plus envie de hurler, vous m'avez coupé la chique. Vous avez posé votre atout trop tôt, vous avez eu un coup de grâce trop vite, vous seriez un bien mauvais bourreau. »

Il prit l'assiette de mirabelles, certaines étaient entières sur le dessus mais en dessous, il s'agissait d'une compote bien garnie dans une assiette creuse de taille moyenne assez joliment décoré, il trempa le doigt dedans pour goûter. Après tout, il pouvait se permettre de délaisser pour une fois les bonnes manières.

« Parfaitement sucrée … Puis il tourna la tête vers Alfie avec ce sourire agrandi. Je vous pardonne pour Lorraine, après tout, il était libre comme l'air, et j'aurais dû me douter que vous seriez comme une mouche. »

Puis sans crier gare, il écrasa l'assiette de compote sur le visage d'Alfie, avec une certaine rage, et le fruit écrasé coula sur le cou de l'anglais, et ses habits, tandis que le visage de Monsieur se fit plus dur et le ton bien sérieux.

« Mais je ne supporte pas qu'on me manque de respect ! Avorton ! »

L'assiette tomba sur le sol et éclata en dizaines de morceaux. Le prince en profita pour donner un bon crochet du droit dans la face compotée de l'anglais. Il était temps de régler les comptes …
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