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 [Rome] Quand Rome est la parfaite destination de la contrefaçon

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Sofia Farnèse


Sofia Farnèse

« s i . v e r s a i l l e s »
Côté Coeur: Je l'ai fermé par sa faute. Seul lui pourrait le rouvrir un jour ...
Côté Lit: Je ne suis pas de celles qui se couchent pour un sourire. A peine pour un diamant, mais souvent pour la passion.
Discours royal:



♈ LA BELLA FARNESE ♈
Più bella cosa non c'è

Âge : 24 ans
Titre : Princesse Farnèse, Princesse Chimay par mariage
Missives : 1402
Date d'inscription : 03/09/2011


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MessageSujet: [Rome] Quand Rome est la parfaite destination de la contrefaçon   [Rome] Quand Rome est la parfaite destination de la contrefaçon Icon_minitime27.10.13 17:43

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« Tous les chemins mènent à Rome. »
Tout était allé très vite ces derniers jours pour la jeune femme assise dans la voiture aux armes de sa famille, regardant par la fenêtre le paysage défiler. Après cette histoire de scandale à base de Contarini, Sofia ne voulait plus rester à Versailles, rien à présent ne l'y retenait et il était temps de partir vers de nouvelles aventures. Les deux compagnons de voyages avaient reçu une missive de préparer leurs bagages et d'être prêts pour dans deux jours pour un séjour à Rome, ce qui était prévu depuis bien longtemps. Alvise Contarini et Christian Vasa n'avaient pas dû comprendre l'empressement de la princesse pour ce voyage, à moins d'avoir eu vent de ses histoires, et encore. Quant à elle, l'italienne avait retourné tout son hôtel pour préparer ses bagages pour une durée indéterminée, et laisser des instructions aux quelques domestiques qui restaient à Versailles. Elle avait dû envoyer quelques lettres pour prévenir de son départ, à la jeune Mary par exemple, mais aussi à son frère pour lui expliquer, dans un mensonge totalement assumé, qu'elle partait à Rome car la reine Christine la pressait et qu'elle ne pouvait pas refuser à une si grande dame. De l'autre côté, elle avait envoyé une lettre à la reine Christine pour lui annoncer son arrivée prochaine et que si quelqu'un venait à demander pourquoi, que c'était elle qui l'avait pressée de venir, et que la Farnèse lui expliquerait tout à son arrivée. Puis il avait fallu choisir quoi emporter, les bonnes tenues, quelques bijoux, des chaussures, des accessoires, de la lecture, de l'occupation, sa correspondance … Tout ce qu'une demoiselle de bonne famille devait emmener auprès de soi pour un si long voyage. Rien qu'avec ses propres bagages, un seul véhicule ne suffirait pas à tout transporter, il fallut donc se résoudre à faire un petit cortège dont les voitures suivantes serviraient aux affaires de ses deux compagnons, aux domestiques et à quelques provisions en cas de fringale, car il ne fallait pas traîner en chemin. S'il fallait en moyenne dix jours pour rejoindre Rome, la Farnèse voulait le faire le plus court possible.

En ce matin de mi-avril 1667, le jour n'était pas encore levé quand elle monta dans son carrosse de voyage, rien à voir avec celui d'apparat pour se rendre à la cour mais reconnaissable par ses armoiries au dessus des portes, drôles de mélanges de fleur de lys de la maison Farnèse, et  l’ombrelle avec la tige en forme de lance chargée de deux clefs en sautoir pour le gonfalon de l’Église. Et encore, celui d’apparat présentait aussi les armoiries des Médicis, mais il fallait se montrer discret. Dans un habit de voyage simple, d'une longue robe grise à peine rembourrée pour donnée du volume cachée par un long manteau bleu nuit d'une grande simplicité mis à part les boutons de nacre, et une zibeline autour du cou pour ne pas attraper froid ainsi qu'un châle qu'elle portait autour des épaules. Son visage fermé était caché en partie par un chapeau aux couleurs de la veste qu'elle portait sur le côté. C'est ainsi qu'elle passa tout d'abord chercher Christian, vivant à quelques centaines de mètres à peine, et son sourire communicatif réveillait la princesse de sa morosité. Une fois installé, les deux membres de famille princières s'en allèrent chercher le dernier membre de la troupe vivant dans la campagne versaillaise, le jeune Alvise, bien chargé avec des toiles et son matériel de peinture, entre autre. Et voici enfin le voyage tant attendu pouvait commencer, direction Rome où il n'était pas question de faire du tourisme, mais bien de travailler et faire des affaires.

Le voyage fut long, bien qu'animé par différentes conversations autour de la peinture, des dernières œuvres d'Alvise et des expériences de Christian qui savait mieux que personne rendre la science intéressante et accessible à qui voulait bien l'écouter. Et entre les conversations, il y avait toujours les jeux de cartes ou dormir. Après quelques auberges et des relais pour changer les chevaux en divers lieux, Sofia revit exactement le chemin qu'elle avait fait lorsqu'elle avait quitté Parme pour Versailles, en passant par Lyon et ses animations éternelles, puis Chambéry, d'où le château médiéval n'était habité par la famille ducal qu'à ces certains moments de l'année, ou pour se reposer loin des inquisitions des duchés italiens, des complots des grandes familles environnantes. A Turin aussi, où les voyageurs furent dignement reçus par le duc de Savoie. En même temps ce n'était pas tous les jours qu'on accueillait une princesse Farnèse, un prince suédois et le fils du Doge de Venise ! Sofia fut toujours bien accueillie par la famille de Savoie, la sœur de Charles-Emmanuel II, Marguerite, avait épousé son frère Ranuce, elles avaient passé d'excellents moments ensemble avant que cette dernière ne meurt en couche, mais il en restait des liens entre les Farnèse et les Savoie, ce qui facilitait le repos dans certaines villes.  Le Palazzo Reale fut en fête pour leurs invités, obligés de rester trois jours pour ne pas offenser leurs hôtes. Sofia serait bien restée ici à dire vrai, la Cour de Savoie était riche et vivante, centralisant une partie des grandes familles du nord de la botte italienne, mais malheureusement, il fallait repartir et ne faire qu'une traite entre Turin et Rome, obligés de dormir dans le carrosse, et ne s'arrêter que pour des pauses pressantes ou des collations. Mais quelle vue ! Tout le reste du voyage ne fut que sur les côtes, entre Gênes et Civitavecchia, que de beauté en pleine journée de voir le ciel azur se confondre avec la Méditerranée limpide, où rien ne venait perturber la tranquillité de ces eaux, à part quelques bateaux allant à Gênes ou en revenant, donnant au paysage un caractère pittoresque, comme certaines toiles marines de Giacomo di Castro.

Les yeux rivés sur la mer, Sofia avait en elle un mélange de mélancolie et d'intense joie de ce voyage. Elle en avait besoin, il lui fallait quitter la France un certain temps et il fallait avouer que sa vie d'italienne insouciante lui manquait, bien qu'elle n'aimait pas Rome, du moins pas en été. Les nuits restaient fraîches mais les journées se teintaient déjà d'une douce chaleur ambiante qui lui réchauffait son cœur et la berçait doucement. Les dernières heures de trajet, elle ne les vit pas, n'ouvrant les yeux seulement lorsqu'ils passèrent le long du château Saint-Ange, impressionnant monument dans le soleil couchant romain. D'un seul coup, elle se réveilla et son visage s'anima d'un grand sourire rayonnant. Il y avait de quoi : ils arrivaient. Il fallait seulement traverser le Tibre et prendre une longue rue romaine avant de s'arrêter devant une grande bâtisse d'époque Renaissance à l'extérieur, fierté architecturale puisque exécutée par Michel-Ange en personne. A peine le carrosse fut-il arrêté que la Farnèse ouvrit la porte, contre toute attente du protocole, et descendit les marches avant de se précipiter à grands pas vers la porte. Là se trouvait une femme mince, le visage rond et un long nez, peu charmante mais dont la posture royale ne pouvait que trahir qui elle était. Christine de Suède, puisqu'il s'agissait d'elle, accueillit la jeune princesse comme une vieille amie, la prenant dans ses bras.

« Je me doute que vous connaissez votre parent, Christian Vasa, mais permettez moi de vous présenter un autre ami, Alvise Contarini, jeune fils du Doge de Venise. lança la jeune femme avec entrain.
Il y a bien longtemps qu'un Contarini n'a pas mis les pieds ici. » lâcha t'elle, surprise, avant de saluer les convives avec chaleur.

On avait réinstallé Sofia dans son ancienne chambre, donnant vue sur le magnifique jardin, le fleuve et le reste de la ville. Une imprenable vue sur les parcs et la magnifique Villa Doria Pamphilj. A sa fenêtre, Sofia avait l'impression de retourner huit à dix ans en arrière, une douce joie de vivre l'entraîna, heureuse d'être enfin venue, même si ses intentions ici n'étaient pas si nobles. Après tout, elle était à Rome … On logea Christian dans les appartements du duc de Parme, et Alvise dans ceux réservés aux ambassadeurs français près le Saint-Siège, inhabité depuis deux années après l'affaire de la garde corse. Épuisés par ce long voyage, on remit au lendemain le souper et les mondanités, se reposer semblait plus important …

Les jours suivants permirent aux invités de se retrouver, Sofia leur montra avec fierté les murs peints par les frères Carrache et la magnificence des lieux, tout comme une tour dans la ville de Rome. On terminait le soir par des soupers en compagnie de Christine qui avait toujours une foule  d'anecdotes à raconter avec entrain et bonhomie. Le but véritable du voyage ne se fit qu'à partir du quatrième jour. Ils s'installèrent au deuxième étage, dans un grand salon ouvert vers le jardin et dont les immenses fenêtres permettaient la lumière. Mais pourquoi faire ? C'était un secret bien gardé entre Sofia, Christian et Christine : lors de son départ en exil, Christine de Suède vola dans les collections royales (qui ne lui appartenaient plus) pour les emmener à Rome avec elle. Au milieu des tapisseries, dessins, statues et bijoux se trouvaient quatre-vingts tableaux, dont une cinquantaine de maîtres italiens. La couronne de Suède avait chargé Christian de les ramener, mais il s'était vu opposer à Sofia, dont Christine lui en avait promis l'héritage, autant dire qu'elle n'allait pas se laisser faire. Et plutôt que de se faire la guerre, les deux prirent l'idée la plus suicidaire mais aussi la meilleure pour ne pas rendre les tableaux : envoyer des copies, c'est à dire escroquer la famille royale suédoise. Et c'est là qu'Alvise entrait en jeu. Lui ne comprenait pas vraiment pourquoi Sofia lui avait demandé des copies de portraits de membres de la famille royale de Suède, puis des peintures de maîtres italiens. Elle en avait certains en son hôtel particulier mais venant à manquer de ressources, il fallut se diriger à la source et se rendre à Rome où se trouvaient le reste des tableaux. Alvise peignait donc, Christian s'occupait de la composition de la couleur, tandis que Sofia s'attelait aux dessins à reproduire. C'était donc deux artistes et un scientifique consciencieux qui s’attelaient à une tâche délicate : celui de la perfection de la reproduction. Et il ne valait mieux pas que cela se sache, c'était un crime de lèse-majesté que de tromper un roi, fut-il même de Suède !

Mais loin de l'intrigue sombre de Versailles, ici l'atmosphère était bon enfant. Il faisait si doux en plus, cela eut été cruel d'être de mauvaise humeur. Et peu d'humeur travailleuse, la jeune femme passait son temps à la fenêtre, ou à la lecture, ayant à peine commencer les esquisses de Parme d'Allegri, sans oublier d'observer son copiste préféré, pour lequel elle adressait de grandes marques d'affection. Elle n'avait pas du tout le même traitement de faveur entre les deux frères Contarini, elle s'attendrissait devant le jeune Alvise, alors qu'elle méprisait Francesco, surtout après ce qu'il lui avait fait dernièrement ! Face au tableau d'Allegri aussi, sur Danaé, Sofia observa  comment se passait l'avancée et s'amusait à jouer au jeu des différences, même si le travail du jeune homme était suffisamment pointu pour avoir du mal à les déceler.

« Les ailes ne sont elles pas un peu grandes ? demanda t'elle en désignant les ailes de l'ange aux côtés de Danaé. Loin de moi l'idée de vous fâcher, mais j'aime bien quand tout est parfait. »

Elle lui froissa les cheveux comme on pouvait faire à un petit frère et après un peu de discussion fit quelques pas vers un Christian presque alchimiste avec ses mélanges pour la meilleure des couleurs.

« Je vous remercie d'être ici dans cette expédition périlleuse, murmura la jeune femme, un peu plus sérieuse avant de se montrer plus enjouée vers ses deux amis, Ne sommes nous pas bien ici ? Loin de la grisaille versaillaise ! Je ne pensais pas être si heureuse de revenir à Rome, je n'ai jamais autant aimé cette ville qu'aujourd'hui ! Et je profite de chaque jour, ravie d'avoir quitté ma tour, enfin Versailles ! »

Rome était un refuge, un écrin de beauté, un rempart contre les problèmes de la Farnèse et elle ne pouvait pas mettre plus de distance entre Versailles, Francesco et elle, Rome était la parfaite cachette pour se retrouver, pour revivre et aussi pour intriguer !
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