« s i . v e r s a i l l e s » Côté Coeur: Belle et douce Amy, l'unique. Peu importe mon alliance ... Côté Lit: Avec ma femme au nom du devoir conjugal, avec la Reine de mon coeur au nom d de l'amour Discours royal:
ADMIN ROYAL L'Etat, c'est Moi
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Sujet: Bataille d'Epinal, avril 1667 07.09.13 16:19
« A la guerre comme à la guerre. »
En ce 30 avril 1667, après l'ambassade qui fut presque sans intérêt tant que Charles IV de Lorraine était un homme malfaisant, obsédé par sa vengeance contre la France, avait du mal à vouloir changer d'avis. Les enchaînements de négociations et d'empoignades étaient tels qu'on ne savait plus, d'une heure à l'autre, si l'on faisait la paix ou si la guerre reprenait de plus belle. Le souverain avait vu le courrier s'amonceler, où chaque délégué à la paix donnait son avis, rapportait son avis, ce qu'il avait vu ... Pour finalement faire reprendre la guerre entre les deux camps. Hé bien, s'ils voulaient la guerre, ils l'auraient ! Cela ne faisait pas peur au souverain, il était jeune et surtout ambitieux, voulant prouver sa valeur et sa puissance. Mais au dix-septième siècle, il n'y avait pas trente-six façons de le prouver, hormis la guerre. Autant s'en donner à cœur joie. Et s'il fallait aller sur le champ de bataille, Louis ne s'en priverait pas !
Il faisait beau en cette fin avril, mais venteux. L'absence de pluie ces derniers jours rendait la terre sèche et poussiéreuse, ce qui n'aiderait pas le combat avec le vent qui soufflait, venu du nord. On y voyait mal à plusieurs mètres quand il se levait, cela s’avérerait dangereux et difficile pour les tireurs, c'était un temps de combat au corps à corps. Il n'y avait pas de temps pour le combat, juste on ne se battait pas en hiver, il fallait quand même se montrer civilisé et gentilhomme ! Tout était prêt, on pouvait distinguer les lorrains de l'autre côté lors d'une accalmie de vent. Sur leurs flancs, un régiment autrichien à gauche et du Brandebourg de l'autre côté. Pas de quoi impressionner la fine fleur de l'armée française qui s'alignait devant le regard azur du souverain. Ici, à Épinal, il était certain qu'une victoire s'annonçait. Les espions de l'autre côté de la frontière avaient fait du bon travail, tout comme la stratégie à adopter, vue en conseil de guerre. Pour être certain, Louis XIV avait aligné ses meilleurs hommes, comme Turenne, Luxembourg, mais son ami Froulay, parmi les principaux. Louis s'avança, passa devant Aymeric et lui lança, un léger sourire aux lèvres :
C'est un beau jour pour gagner !
S'il savait ... Jamais Louis ne se serait jamais douté de ce qui l'attendait en cette journée de bataille. Tout le monde était prêt, il n'y avait en guise de bruit que les sabots sur le sol et le tintement des armures. Au loin, on pouvait entendre le duc de Lorraine hurler à pleins poumons mais les instructions devenaient du brouhaha aux oreilles des français. Comme si cela était intéressant. Puis, comme des trompettes annonçant l'Apocalypse, celles des armées lancèrent les hostilités sur ordre royal. C'est ainsi que des milliers d'hommes, à pied ou à cheval, coururent pour se confronter sur la plaine. La cavalerie fut celle qui fendit la foule de lorrains, le premier assaut en quelque sorte avant de se concentrer sur les autrichiens. Luxembourg s'occupait des germaniques tandis que l'armée principale, emmenée par Turenne et le roi en personne, avançaient à vive allure vers une armée lorraine un peu bancale mais motivée à gagner, sans doute galvanisée par le discours du duc.
On pouvait être roi, que le monde entier pense que vous êtes juste bon à poser votre postérieur sur un trône ou sur une selle pour chasser, mais être un excellent bretteur. Il faut dire que l'éducation royale est sensée faire du futur roi à la fois un homme intelligent, diplomate mais aussi militaire. Pour sa première guerre depuis sa prise de pouvoir il y a six ans, Louis XIV pouvait le prouver en menant ses hommes au-devant des lorrains, les tuer de son épée ou de son pistolet ! Avec ce vent, cela donnait presque une impression de guerre en plein désert, on n'y voyait pas à dix mètres quand le vent se levait, mais cela n'impressionnait pas l'armée française, dominante comme toujours, et motivée à faire bouffer le pissenlit par la racine à ces lorrains qui ont voulu cette guerre ! Autant leur faire regretter !
Louis et Turenne n'étaient jamais loin l'un de l'autre, on ne pouvait pas tout de même pas abandonner son roi en pleine bataille ! Et pourtant, le souverain un peu entreprenant et bravant le vent pour continuer sa route, se retrouvait tout à coup seul pour se battre. Là encore, il ne se doutait pas qu'une personne mal intentionnée attendait ce moment depuis le début du combat, voire même plus loin encore …
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Sujet: Re: Bataille d'Epinal, avril 1667 04.10.13 23:42
Ça avait été un jour béni au milieu du carême. Il allait être père d’un futur Henri. Il comptait les mois. Ça ne pouvait être qu’un héritier mâle cette fois. Il avait gardé la lettre de Gabrielle sous sa chemise en soie au niveau du cœur. Il l’avait relue cent fois pour se rappeler la bonne nouvelle. Quand il passait entre des cadavres d’hommes, c’était une note joyeuse. Il n’y avait eu rien de mieux au front pour combattre l’état dépressif. La douleur et la mort, il faut être endurant pour leur résister. Il avait répondu à sa femme des phrases élogieuses et tendres. Ses mots avaient été : comblé ; merci ; prenez soin de vous ; je vous embrasse. A son médecin personnel, il avait recommandé de passer tous les jours au chevet de sa chère démone. Hector de Valois était heureux et il en était venu à accélérer ses projets de gloire. Ce jour était son jour. Le moment était venu de prendre radicalement les choses en main. Pour l’avenir de son fils et celui de la dynastie Valois : la seule légitime en France, les choses allaient changer. Dit autrement, il devait tuer ou faire tuer l’usurpateur. Marie Louise et Cédric étaient partis sur le front lorrain. Forcément il agirait seul et c’était peut-être mieux comme ça. Certains plaisirs et dangers ne sont pas à partager, même avec des amis de toujours. Les circonstances étaient du pain béni à l'aube du 30 avril, il faut dire. Epinal était la ville de tous les espoirs du Valois. Après la catastrophique réunion de l’ambassade de Nancy, la guerre reprenait de plus belle. C’était une aubaine. La mort en pleine bataille du satané Bourbon, ça pouvait bien arriver. A la guerre, comme à la guerre. On ne l’accuserait pas. Ça serait la faute du mousquet d’en face. Dans le pire des cas de figures, une balle perdue pouvait être malheureuse mais ça serait un accident. On n’avait pas fait tuer le régicide involontaire d’Henri II. L’insignifiant capitaine de la garde écosse avait coulé de beaux jours avant sa mort. Alors le cousin du roi, on n’oserait pas. L’histoire parlait pour lui. Mais Hector ne voulait pas rater son coup, ni se faire prendre en le réussissant. Même s’il pouvait gérer les complications, il voulait les éviter. Il avait déjà assez de mal avec le temps du pays qui se liguait contre lui. Le vent soufflait à en décorner tous les cocus présents sur le champ de bataille. La poussière rentrait dans leurs yeux et leurs vêtements. Les hommes se grattaient comme s’ils avaient eu la gale. Mais Hector se moquait complètement des caprices du climat, c’était aujourd’hui ou jamais. L’ambassade avait été un bras tendu vite boudé, mais ça ne voulait pas dire que la paix ne serait pas signée avant longtemps.
C'est un beau jour pour gagner ! - Ou pour mourir, cracha-t-il entre ses dents.
Il rejoint avec un sourire mauvais les divisions à l’arrière du Bourbon pour mettre en position les troupes. Ça lui donnait une bonne raison pour s’éloigner un petit moment. Son métier de meneur d’hommes l’excusait. Il devait empêcher les mercenaires de fuir comme des lapins à l’heure de l’assaut. Les forces de Brandebourg sur le côté étaient en supériorité numérique. Turenne était resté à l’avant avec Froulay et Louis. Il donna soudainement l’ordre de charger. A la minute près, Hector prit la décision de profiter de l'occasion. Il suivit le bourbon. Les imbéciles de lorrains qu’il embrochait le firent perdre de vue un court instant. Mais la chance lui souriait. Le plus crétin des simples d'esprit reconnaîtrait entre mille un roi, même au milieu d’un champ de bataille. Quand Louis fut désarçonné de son cheval et forcé de se battre au corps à corps, Hector y vit l'appel du destin. En une roulade, il se cacha derrière des sacs de grains mis les uns sur les autres pour faire une barricade. Le cousin était à portée. Il leva le bras et pointa l’arme vers lui. Il devait attendre qu’il soit dans sa ligne de mire pour tirer sa balle. S’il le manquait, il ne se pardonnerait pas.
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Sujet: Re: Bataille d'Epinal, avril 1667 28.10.13 13:11
Du vent et de la poussière, on ne saurait rêver meilleur temps pour se battre, songea avec ironie Aymeric de Froulay alors qu’il se redressait sur sa monture pour deviner les premiers rangs de l’armée lorraine qui se dressait face à lui, plissant les yeux pour voir au travers du sable soulevé par les brusques rafales qui balayaient la plaine. Il en aurait toutefois fallu bien plus pour le décourager ou le rendre pessimiste face à la bataille qui s’annonçait, car Aymeric était de ces hommes que la perspective du combat galvanisait, en tout temps, à toute heure et en toute circonstance. Si on le disait excellent courtisan, prompt aux bons mots, lucide en matière de stratégie, Froulay était avant tout un guerrier, et une fois sur le champ de bataille, jamais l’optimisme, l’énergie, et surtout l’envie de se battre ne lui faisaient défaut. C’était là ce à quoi il avait été destiné dès son plus jeune âge, c’est la guerre qui l’avait mené à la place qu’il occupait aujourd’hui et chaque combat était l’occasion de nouveaux faits d’armes devant lesquels il ne rechignait pas. Aussi est-ce avec un éternel demi-sourire aux lèvres qu’il balaya du regard la plaine qui s’offrait à ses yeux et serait bientôt le théâtre d’un nouvel assaut, puisque les négociations engagées quelques semaines plus tôt à Nancy n’avaient abouti que sur un retour aux hostilités. Malgré les conditions déplorables dans lesquelles il allait falloir se battre, le lieutenant général des armées avait confiance : les hommes étaient prêts, la stratégie bien étudiée et surtout, ils avaient une longueur d’avance sur les Lorrains et leurs alliés chez qui les espions du roi faisaient un travail sérieux. Les troupes françaises partaient avec l’avantage non-négligeable qu’était le fait de savoir exactement à qui elles avaient à faire et de quelle façon l’ennemi allait probablement agir. Confiant, Aymeric ignorait alors que le véritable ennemi qu’ils auraient à affronter pour cette bataille se trouvait à ses côtés, et que les armées lorraines étaient bien peu de choses à côté de ce dernier.
C’est donc avec enthousiasme qu’il salua certains de ses officiers, puis qu’il se tourna vers le roi lui-même qui s’approchait, sourire aux lèvres. - C’est un beau jour pour gagner ! lança Louis XIV à celui qui pouvait se targuer d’être son ami et qui n’en inclina pas moins respectueusement la tête. - Toutes les journées sont belles pour embrocher quelques Lorrains, sire, répliqua-t-il avec humour avant de se tourner vers son voisin qu’il avait entendu marmonner dans sa barbe. Allons, Valois, ne partez pas défaitiste, nous vous retrouvons à la fin de la bataille, je n’en doute pas ! Là-dessus, et sans savoir de quel cynisme il faisait preuve, le comte de Froulay talonna sa monture pour aller se placer à la tête des hommes qu’il commandait, sur le flanc gauche du roi. Il jaugea un instant ces cavaliers qu’il connaissait personnellement ou non, songeant que certains ne seraient plus là pour fêter la victoire à laquelle les troupes du roi s’attendaient. Cette certitude ne fut d’aucun effet sur son humeur : après tout, le duc de Valois n’avait pas totalement tort, les batailles étaient autant de journées parfaites pour mourir. Fort de cette certitude et de celle que ce n’étaient pas quelques Lorrains qui allaient abattre la fin fleur de l’armée française, Aymeric laissa ses hommes pour se tourner vers les lignes ennemies, que l’on devinait plus aisément à la faveur d’une accalmie dans les bourrasques de vent. Un court silence s’abattit sur la plaine, un silence troublé par les éclats de voix indistinct du duc de Lorraine. Côté français, les instructions avaient d’ors et déjà été données, les hommes n’avaient plus besoin d’être galvanisés, il ne restait plus qu’à attendre que la bataille daigner commencer. Et c’est au son des trompettes et de cris guerriers qu’enfin, elle commença.
Aymeric, par fierté personnelle, mit un point d’honneur à rester le plus longtemps possible en selle et à se débarrasser un art consommé de quiconque tentait de le mettre à terre. Mais il était dans la guerre quelques lois communes, et l’une d’entre elles disait que l’on ne terminait jamais une bataille sur la même monture, aussi finit-il, plus ou moins volontairement, par devoir mettre pied à terre et se battre au corps à corps, comme le temps y invitait. En effet, le vent s’était de nouveau levé et la poussière rendait le jeu plus difficile. On y voyait mal, à peu de distance, et il fallait se méfier des grains de sable prompt à déconcentrer – or un instant d’inattention était une potentielle occasion de terminer sa vie avec pour dernière préoccupation celle de se débarrasser d’une poussière dans l’œil, ce qui n’avait, il faut l’admettre, rien de très glorieux. Alors qu’il avançait de concert avec l’un de ses capitaines dans une bataille où l’essentiel de la stratégie était de réduire à néant les troupes ennemies ou de les forcer à faire retraite, Aymeric vit distinctement le duc de Valois armer un mousquet, mais une nouvelle rafale de vent qui souleva un nuage de poussière empêcha le duc de tirer et le comte d’en voir plus, comte qui dut ensuite se préoccuper de sa propre personne et eut à repousser et faire mordre la poussière à un ennemi un peu trop enthousiaste. Il cherchait des yeux un cheval afin d’avoir une vue d’ensemble sur le combat quand les aléas de ce dernier le rapprochèrent du roi. Il se trouvait presque aux côtés du monarque, qu’on ne pouvait définitivement manquer, même au cœur de la bataille, quand une silhouette se dressa derrière ce dernier, le plaçant ainsi en fort mauvaise posture. Malgré la poussière, soulevée à la fois par le vent et les soldats, qui l’empêchaient de distinguer quoi que ce soit de clair, Aymeric eut la présence d’esprit de réagir. D’un bond, il fut sur l’ennemi et lui passa sans ménagement son épée au travers du corps. Ceci fait, il se tourna aussitôt vers le roi et ne put retenir un rictus amusé, une fois assuré qu’il n’était pas bless rattrapé par le souvenir d’une lointaine bataille. - Surveillez vos arrières, sire, lança-t-il avec humour. Il eut beau jeter un regard autour d’eux, l’homme qu’il avait blessé semblait avoir disparu et il ne s’en préoccupa pas plus avant. Qu’avait-il à faire d’un soldat parmi d’autres, un peu plus ambitieux que ses camarades peut-être, qui avait cru pouvoir saisir sa chance ?
Spoiler:
Je me suis permis de déplacer toute l'affaire au corps à corps... j'avoue que ça m'arrangeait - et ça faisait un peu durer le tout, j'espère que ça vous va quand même. Au pire sonnez-moi, et j'irai éditer. Navrée du retard, au passage !
(Sans rancune, Hector ? )
Louis XIV
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Sujet: Re: Bataille d'Epinal, avril 1667 16.11.13 16:06
On ne voyait pas à deux mètres de soi, il fallait se montrer des plus prudents et réagir dès qu'un ennemi surgissait de nul part, au milieu de la poussière, se jetant sur la première personne à portée d'épée, sans faire vraiment de distinction sur la qualité de personne. On pouvait donc être le roi de France et pourtant être attaqué comme n'importe quel soldat, mais se défendre sans doute mieux que la plupart. Ce n'était pas de la flatterie ni de l'arrogance, Louis avait été éduqué pour cela aussi, être un chef de bataille, un guerrier de haut vol, un gagnant en toute circonstance. Sur ce sol lorrain qu'il cherchait à mettre à genoux, il ne ménageait pas ses forces et faisait usage de son épée pour pourfendre les lorrains déchaînés, se prenant sans doute pour des Huns, mais sans la carrure ni la force. Lorsque le vent se calmait, il rassemblait ses troupes, donnait ses ordres pour se déplier et avancer, il fallait gagner cette bataille pour montrer la puissance de l'armée française, et ne pas laisser croire à Charles IV qu'il avait une quelconque chance d'arriver à ses fins.
Seulement, la météo du jour ne permettait pas une stratégie optimale, il fallait rester sur ses gardes, avancer avec prudence, épée à la main pour répondre à toute attaque, et l'autre main non loin du pistolet, sait-on jamais. Surtout quand on est le roi, il fallait davantage craindre pour sa vie, Louis s'attendait à tout moment de voir un homme à la barbe bleue ou, pire, le duc de Lorraine arriver dans un saut digne des acrobates, hurlant comme un sagouin qu'il était pour transpercer le roi français de toute sa hargne et sa rage. A partir de là, tous les soldats lorrains ne faisaient pas le poids, à peine eurent-il le temps de croiser le fer qu'ils tombaient déjà à terre, sous la lame royale. Mais éloigné de tout le monde, il n'en restait pas moins vulnérable, Turenne avait disparu au milieu de l'épais nuage de poussière. Mais un fidèle en remplace un autre et presque comme par enchantement, le souverain vit se matérialiser à ses côtés le comte de Froulay, un bras armé ami pour lui donner main forte. Alors que Louis mit à trépas un soldat lorrain, il fut légèrement pousser par Aymeric dans son dos. Nul besoin d'une grande intelligence pour comprendre qu'il venait de lui sauver la vie, une nouvelle fois. Impossible de voir distinctement le visage ennemi, tous les lorrains semblaient se ressembler en cette bataille et l'homme disparut aussi vite qu'il était arrivé, balayé par un nouveau vent qui se levait.
« Surveillez vos arrières, sire ! lança Froulay, amusé. Deux fois la vie sauve grâce à vous. A la troisième, je vous fais maréchal ! répondit sur le même ton, le souverain. Après tout, aux âmes bien nées, La valeur n’attend point le nombre des années mais celle du courage de la loyauté ! »
Si le ton était léger, peu sûr que ce soit une blague lancée en l'air, même à chaud. Louis était tout de même un homme d'honneur et on ne pouvait pas sauver la vie d'un roi sans rien avoir en retour. Et si le bâton de maréchal ne se donnait pas à tour de bras et qu'il fallait le mériter, il était certain que le comte de Froulay aurait le mérite d'avoir accompli de vraies actions pour l'avoir. Mais nous n'en sommes pas encore là, il fallait encore survivre au reste de la bataille, ce qui devrait être plus simple alors que les deux hommes combattirent de concert, avançant dès que le vent leur permettait, c'est à dire peu souvent, mais suffisamment pour marquer une domination sur l'armée lorraine.
Petit à petit, le vent poussiéreux se tarit, laissant place au dégât de la bataille, et surtout à juger la nette force des français, face aux lorrains. Les régiments de Brandebourg et autrichien comptaient de nombreux prisonniers et tentaient d'aller garder la ville pour ne pas qu'elle puisse tomber entre les mains ennemies, en vain. Il ne restait plus que les lorrains face à eux, la plupart jonchaient le sol de leurs cadavres, mais tout le monde était décidé à se battre jusqu'au bout. Il en était de même pour le roi, se battant courageusement aux côtés de ses hommes, faisant plier l'adversaire de par son épée et sa détermination à gagner. C'est alors que retentit un lointain son de trompette de l'autre côté, et les lorrains ne se firent pas prier pour fuir à toute jambe, ils détalèrent comme si la mort était à leurs trousses, bien que la Mort, en cet instant, était multiples et aux couleurs françaises car quelques personnes zélées coururent après de potentiels prisonniers.
Louis repartit en direction du camp, couvert d'une épaisse couche de poussières qu'il enleva à quelques endroits du revers de la main, tandis que l'armée était en liesse, des cris de joie se firent entendre un peu partout, et des « Vive le roi ! » s'amplifièrent à l'approche du souverain. Turenne arriva à ce moment là, annonçant la prise d'Epinal aux mains des germaniques et autrichiens, la victoire était donc totale en cette journée. Le souverain se tourna vers son ami qui arrivait aussi et lui fit un grand sourire triomphant.
« Vous voyez Froulay, je vous avais bien dit que c'était une excellente journée pour gagner. J'en connais un de l'autre côté qui va nous maudire sur dix générations. » s'amusa t'il avant de rire avec franchise.
Il imaginait Charles IV piquer des colères monstrueuses, où même celles de Monsieur n'étaient rien, et cela le rendait encore plus enthousiaste ! La bataille fut tout de même rude, à cause des conditions météorologiques, on s'en allait chercher les cadavres français et les infirmeries entassaient les nombreux blessés, plus ou moins gravement. Et parmi eux, Hector de Valois qui, lui aussi, avait vu juste que c'était une parfaite journée pour mourir ...