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| De l'arrivée d'une princesse | |
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| Sujet: De l'arrivée d'une princesse 02.10.12 23:09 | |
| Éléonore Sobieska s'était mise à courir à en perdre haleine, remontant ses jupons et bousculant les courtisans qui se pressaient devant elle, sans prêter aucune attention aux reproches que l'on faisait à son passage et aux petits cris que s'autorisaient les dames effarées. Grand bien leur fasse s'ils n'avaient rien d'autre à faire que de se promener dans la galerie des glaces à la recherche d'une victime à critiquer, elle... Elle était attendue par la reine et on ne faisait pas attendre une souveraine ! La Polonaise leva le nez sur une horloge en passant dans un salon et s'aperçut que la grande aiguille des minutes se rapprochait dangereusement du « 12 » fatal aussi accéléra-t-elle encore l'allure. Au bout de quelques mois, à force d'explorer les lieux – quitte à en découvrir des aspects peu charmants comme ces souterrains habités par les rats -, elle avait une connaissance assez pointue du château. Et à force de se dépêcher pour avoir arriver à l'heure chez la reine (ce qui lui arrivait quasiment tous les matins), tous les raccourcis lui étaient connus, tous comme les gardes qui se trouvaient devant les portes. La plupart d'entre eux la saluèrent avec un sourire amusé comme elle passait en trombe devant eux. Elle finit par parvenir à son but et s'arrêta net devant la porte des appartements de Marie-Thérèse d'Autriche. Les battants étaient évidemment clos et le garde de la maison royale leva un sourcil comme elle leva sa paume pour lui demander un instant de répit. Elle passa une main dans son chignon pour se recoiffer, souffla quelques instants pour essayer de calmer ses joues en feu et lissa les plis de sa robe. L'ensemble devait être convenable bien qu'un peu débraillé comme le laissait entendre la moue du garde qui commanda néanmoins l'ouverture de la porte. Éléonore n'avait jamais été impressionnée par les têtes couronnées aussi loin qu'elle s'en souvienne. C'était sans doute dû à son enfance passée dans un pays où le roi était moins puissant que les grands magnats du nord aux dizaines de châteaux et aux fortunes colossales qui votaient pour placer le moins dangereux d'entre eux sur le trône. Et quand on avait vu un prince en exil ou un autre rentrer vaincu d'une bataille à la tête d'une armée décimée, on se faisait rapidement à l'idée que ces gens-là avaient beau porter des couronnes, ils n'en restaient pas moins humains. D'une humanité même plus faible que les autres parfois comme le montraient la cruauté d'un Frédéric III ou la débilité d'un Charles II. La jeune Polonaise n'hésitait pas à s'adresser à eux directement, à se comporter avec naturel comme si elle se trouvait face à un égal. Les choses étaient certes un peu différente en France. A Versailles, Louis XIV avait instauré un vrai cérémonial autour de sa personne et celle de la reine. Éléonore n'était pas assez stupide pour ne pas respecter l'étiquette. Mais dans la façon avec laquelle elle surgit soudain dans les appartements de la reine avant d'être clairement annoncée, dans le large sourire qu'elle arborait en faisant la révérence et dans le pétillement du regard qu'elle baissait sur la reine assise sur un fauteuil, elle apportait un souffle de fraîcheur dans la pièce. Elle attendit avec patience que la jeune souveraine la salue et lui donne l'ordre de s'asseoir avant de s'exécuter. Clairement, Marie-Thérèse n'était pas de ces reines qui effraient et ont assez de charisme pour diriger leur entourage – roi y compris comme avait pu l'être la Gonzague en Pologne. Mais Éléonore appréciait néanmoins cette jeune femme discrète, un peu timide sans doute à qui l'on avait fait épouser le plus grand roi d'Europe et que l'on avait propulsée au premier rang du royaume de France. Si elle s'ennuyait assez souvent dans sa maison (fort heureusement, Sofia di Parma, Jean de Baignes et Aliénor de Bavière étaient des amis fidèles... Et Isabelle de Saint-Amand une victime parfaite), Éléonore devait reconnaître qu'elle lui portait une certaine affection. C'était sans doute dû à leur point commun, cette profonde piété qui s'exprimait de manière bien différente, chacune d'entre elle ayant été éduquée dans des pays aux mœurs opposés, mais qui était fervente et assez démonstrative. La Polonaise était d'ailleurs chargée des affaires pieuses de la reine au sein de son entourage. Mais bien plus que ce point commun, Éléonore savait reconnaître la bonté et la douceur qu'était toute entière la jeune femme. Quelque part, elle lui était si différente qu'elle l'admirait pour cela. Marie-Thérèse subissait tout la tête haute, elle ne l'aurait jamais pu. Si seulement la reine était plus amusante, sans doute auraient-elles même pu devenir des amies ! - Comme promis, votre Majesté, commença Éléonore d'une voix enthousiaste et assez précipitée, je viens vous donner des nouvelles de mon dernier voyage à Paris. Je suis allée visiter la paroisse de Saint-Germain pour y distribuer vos dons comme nous l'avions convenu. Vous n'imaginez pas à quel point tous ces gens étaient heureux... Ils vous aiment tellement, votre Majesté, ils n'ont cessé de me répéter que vous étiez trop bonne pour eux. Puis-je vous donner mon avis ?... Elle poursuivit avant d'entendre la réponse de la souveraine : à vrai dire, ils sont terriblement délaissés par monseigneur de Paris, celui-ci semble plus occupé à régler ses différents avec j'ignore-quelle-abbaye réfractaire qu'à soulager les pauvres du Christ... Enfin, vous me connaissez, je serais bien mal avisée de critiquer monseigneur l'archevêque, béni soit-il, il doit avoir bien des missions à mener... L'orphelinat que j'ai visité ensuite et qui est tenu par des sœurs bénédictines était véritablement affreux. Des dizaines d'enfants étaient recueillis là mais le manque de la communauté ne leur permettait pas de les nourrir à leur faim... Je sais toute l'attention que votre Majesté porte aux enfants, j'ai donc promis que nous apporterions des dons, j'espère ne pas avoir été trop hardie, la décision vous appartient.Éléonore ne souligna pas qu'elle-même ne portait pas grande attention aux enfants, ce n'était pas le genre de chose que l'on pouvait avouer à une reine de France enceinte jusqu'aux yeux. La visite de l'orphelinat avait surtout été un cauchemar car les gosses ne cessaient de s'accrocher à elle pour lui réclamer des pièces ou pire pour la supplier de les amener avec elle. Elle n'y était restée que peu de temps, abasourdie par tant de misère et pour la première fois depuis longtemps, ses pensées s'étaient tournées vers son fils, otage au Danemark. Étrange de se voir dans le luxe versaillais après cela mais Éléonore était à l'aise partout, dans une rue sale de Paris, dans des souterrains obscurs ou dans un salon empli de dorures. Elle jeta un regard autour d'elle pendant qu'elle reprenait sa respiration : la pièce était presque vide, seule une servante s'occupait du feu. Éléonore reporta son intérêt sur la reine qui avait placé ses mains sur son ventre et lui adressa un sourire rayonnant : - J'ai vu le père de Baignes à Paris pendant mon court séjour, je sais qu'il aurait aimé se trouver auprès de vous. C'est un homme d'église si honorable et si soucieux de son office, cela est tellement rare en notre siècle. C'est lui qui m'a donné les nouvelles de la cour depuis mon départ peu de temps après le nouvel an. Je vous ai d'ailleurs à peine vue lors de la fête donnée par sa Majesté, sans doute étiez-vous fatiguée, cela est normal au stade de votre grossesse... Ce petit prince se fait attendre, n'est-ce pas ? J'ai cru entendre dire que les parisiens attendaient avec impatience votre délivrance, l'Hôtel de ville a prévu de faire lancer des feux d'artifice pour célébrer l'événement, ce sera grandiose, babillait la Polonaise sans laisser la reine placer un mot, emportée par son monologue, j'ai également appris que vous aviez prévu une chasse dans quelques semaines, j'ai fort hâte de m'y rendre. Bon certes, ce ne sera probablement pas la chasse que j'ai l'habitude de pratiquer mais je serai ravie de m'y rendre en votre compagnie, si vous m'y invitez bien sûr, vous chassez la perdrix, je suppose ? Peut-être trouverons-nous de petits lapins également...Le visage de Marie-Thérèse s'était crispé à ces mots et Éléonore malgré son enthousiasme le remarqua et interrompit son flot de paroles, se méprenant sur les sentiments de la reine : - Oh pardonnez-moi, je suis terriblement maladroite de parler de mort et de traques devant vous... Non, non, nous ne chasserons pas les petits lapins, c'est bien trop charmant... A moins que... Ah bien sûr, si je n'étais pas invitée, ça n'a aucune importance... Enfin si, j'aurais été flattée mais si vous ne me désirez pas auprès de vous, je me plierais à vos volontés...La reine se contenta de gémir ce qui rendit Éléonore passablement perplexe : - Mais enfin... Vous allez bien, votre Majesté ?- Spoiler:
MT... Tu as le droit de lyncher Eléonore
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| | | Marie-Thérèse d'Autriche
R e i n e . D e ♡ COEUR ♡
► Âge : 28 ans
► Titre : Infante d'Espagne, Reine de France
► Missives : 172
► Date d'inscription : 01/06/2012
| Sujet: Re: De l'arrivée d'une princesse 15.10.12 5:21 | |
| Marie-Thérèse était épuisée. La réception de la veille avait été une épreuve, surtout dans son état. Mais les notions d’honneur et de devoir avaient été les plus fortes. Après tout c’était ce qui la guidait depuis son enfance solitaire à El Escorial, non ? Il fallait bien faire semblant d’être toujours parfaite et que rien ne l’atteignait. Le maquillage pouvait rendre son teint terne et fatigué étincelant et plein de vie et de santé, les parures et les bijoux la faisaient paraitre étincelante. Tout n’était qu’une question de dosage. Mais la jeune reine respectueuse et discrète se contentait toujours du plus sobre, du moins, le plus sobre que sa condition lui permettait. Quand on est reine de France, il est difficile de faire moins que d’étinceler telle une étoile. Ou telle la Lune, dans l’ombre de son mari le Soleil. L’image était la plus adéquate, et lui plaisait assez. La lune qu’on ne pouvait voir que rarement le jour parce que la lumière du soleil régnant dans les cieux rendait le reste totalement invisible. Y comprit son épouse. Ou à commencer par elle… La jeune femme n’avait pas encore tranchée. Il y avait longtemps qu’elle avait comprit que les désirs de son époux passaient bien avant le reste et qu’elle n’avait pas le choix. Il n’y avait qu’à compter le nombre d’autres femmes qu’elle avait dut supporter depuis leur mariage. Et elle l’avait fait, en silence, parce qu’elle était la reine, et que même si ces femmes régnaient sur le cœur du roi, elles étaient obligées de courber le nez jusqu’à terre sur son passage, parce qu’elle était la reine.
C’était une bien maigre consolation, mais c’était la seule qu’elle avait. Ca, et le fait que ce seront ses enfants qui monteront sur le trône. Elle venait d’ailleurs de passer une heure avec le petit dauphin. Il était plein de vie, courait partout, mais était déjà bien gourmand. Hélas, au bout d’une heure, il lui avait été retiré, tout le monde arguant qu’il fatiguait la reine qui allait bientôt mettre un autre héritier – si Dieu le voulait – au monde. Et qu’elle avait prié pour que cet enfant soit un garçon, et en bonne santé. Pas comme les deux précédents, des filles, mortes à la naissance. Rien que d’y penser, elle en avait le cœur brisé. Même si elle aurait voulut profiter de son fils encore et encore, elle le voyait si peu, elle devait avouer que ses suivantes avaient raison, elle était vraiment fatiguée. Le terme de sa grossesse arriverait bientôt, heureusement. Plus que quelques semaines si son médecin avait compté juste. Bien qu’elle ait toujours été sur protégée, la liberté de mouvement manquait à la souveraine, qui aurait aimé pouvoir suivre les chasses royales à cheval comme elle le faisait parfois. Ou encore ne serait-ce que se promener dans le parc du château sans avoir l’impression d’étouffer à chaque pas. Voilà pourquoi il lui était difficile de quitter son fauteuil ce jour-là. Habillée d’une simple robe d’un rose pâle et d’une étole en hermine blanche, elle n’avait mit qu’un simple collier, un diamant rose pendant au bout d’un sautoir en or blanc, avec des boucles d’oreilles assorties. Cadeau du roi, bien sûr. Ses cheveux bruns retenus en chignon dégageaient sa nuque et lui donnaient l’impression de pouvoir respirer.
Elle attendait une de ses dames, Eléonore Sobieska, chargée de lui faire son rapport sur Paris, rapport qu’elle n’avait pas pus lui faire plus tôt, avec les préparatifs de la fête. En l’attendant – la jeune femme avait une propension impressionnante à arriver juste à l’heure, presque en retard, à chaque fois – Marie-Thérèse trompait son ennui en continuant une tapisserie qu’elle avait commencée quelques jours plus tôt, brodant elle-même sur le petit bonnet en coton que le futur prince – ou la futur princesse – allait porter, les fleurs de lys, symbole de la royauté française. Paris… Cette ville tant décriée par la noblesse qui avait connue la Fronde, et dans laquelle la reine ne se rendait que pour les manifestations officielles. Elle n’avait pas la moindre envie de s’y rendre. Impressionnable, la simple pensée d’une révolte dans cette ville tapageuse ne la rassurait guère. Etait-ce pour cette raison que Louis, après Saint Germain, avait choisit Versailles pour y faire bâtir son palais ? Peut être. Jamais Marie-Thérèse n’aurait osé poser la question, elle aurait bien trop craint le regard froid de son époux qui savait si bien faire comprendre quand on venait de faire un pas de trop. Le roi était le roi.
Enfin, la porte de l’appartement s’ouvrit et Marie-Thérèse leva son charmant visage vers Eléonore qui semblait encore avoir le souffle légèrement court d’avoir courut dans les couloirs pour arriver – presque - à l’heure. Après la révérence d’usage, la jeune femme se mit à débiter son « rapport » pour distraire la souveraine, du moins après que la jeune reine lui ait adressé la parole en première, comme il était d’usage à la cour :
-Eh bien, Madame Sobieska, comment était la capitale?
La voix de la souveraine était douce et engageante, contrairement aux regards réprobateurs de certaines des dames de son entourage.
- Comme promis, votre Majesté, je viens vous donner des nouvelles de mon dernier voyage à Paris. Je suis allée visiter la paroisse de Saint-Germain pour y distribuer vos dons comme nous l'avions convenu. Vous n'imaginez pas à quel point tous ces gens étaient heureux... Ils vous aiment tellement, votre Majesté, ils n'ont cessé de me répéter que vous étiez trop bonne pour eux. Puis-je vous donner mon avis ?
Marie-Thérèse n’eut pas le temps d’acquiescer que déjà, elle continuait :
-A vrai dire, ils sont terriblement délaissés par monseigneur de Paris, celui-ci semble plus occupé à régler ses différents avec j'ignore-quelle-abbaye réfractaire qu'à soulager les pauvres du Christ... Enfin, vous me connaissez, je serais bien mal avisée de critiquer monseigneur l'archevêque, béni soit-il, il doit avoir bien des missions à mener... L'orphelinat que j'ai visité ensuite et qui est tenu par des sœurs bénédictines était véritablement affreux. Des dizaines d'enfants étaient recueillis là mais le manque de la communauté ne leur permettait pas de les nourrir à leur faim... Je sais toute l'attention que votre Majesté porte aux enfants, j'ai donc promis que nous apporterions des dons, j'espère ne pas avoir été trop hardie, la décision vous appartient.
Elle fit une pause pour reprendre son souffle. Marie-Thérèse s’apprêtait à commenter quand un éclair de douleur la parcourut, la forçant à mettre ses mains sur son ventre pour l’endiguer. Et cette douleur, elle la connaissait déjà pour l’avoir endurée trois fois auparavant. L’enfant allait arriver. Elle n’eut pas le temps de dire quoi que ce soit qu’Eléonore reprit :
- J'ai vu le père de Baignes à Paris pendant mon court séjour, je sais qu'il aurait aimé se trouver auprès de vous. C'est un homme d'église si honorable et si soucieux de son office, cela est tellement rare en notre siècle.
-Madame Sobieska…
-C'est lui qui m'a donné les nouvelles de la cour depuis mon départ peu de temps après le nouvel an. Je vous ai d'ailleurs à peine vue lors de la fête donnée par sa Majesté, sans doute étiez-vous fatiguée, cela est normal au stade de votre grossesse...
-Madame Sobieska…
-Ce petit prince se fait attendre, n'est-ce pas ? J'ai cru entendre dire que les parisiens attendaient avec impatience votre délivrance, l'Hôtel de ville a prévu de faire lancer des feux d'artifice pour célébrer l'événement, ce sera grandiose, j'ai également appris que vous aviez prévu une chasse dans quelques semaines, j'ai fort hâte de m'y rendre. Bon certes, ce ne sera probablement pas la chasse que j'ai l'habitude de pratiquer mais je serai ravie de m'y rendre en votre compagnie, si vous m'y invitez bien sûr, vous chassez la perdrix, je suppose ? Peut-être trouverons-nous de petits lapins également...
Une nouvelle contraction crispa le visage de Marie-Thérèse. Et elle venait de perdre les eaux. L’enfant arrivait. C’était un peu trop tôt… Eléonore, emportée par son histoire, n’avait rien vu, rien compris. Et Marie-Thérèse n’avait pas la force de l’interrompre, surprise de l’arrivée de l’enfant qui n’était pas prévue pour tout de suite.
-Oh pardonnez-moi, je suis terriblement maladroite de parler de mort et de traques devant vous... Non, non, nous ne chasserons pas les petits lapins, c'est bien trop charmant... A moins que... Ah bien sûr, si je n'étais pas invitée, ça n'a aucune importance... Enfin si, j'aurais été flattée mais si vous ne me désirez pas auprès de vous, je me plierais à vos volontés...
Enfin, elle se tue. A cet instant, Marie-Thérèse aurait donné tout l’or du monde pour ne plus entendre la voix de la polonaise, qu’elle appréciait pourtant énormément pour sa profonde piété. A cet instant, elle avait simplement envie de lui hurler dessus.
- Mais enfin... Vous allez bien, votre Majesté ?
Ah, enfin, elle avait remarqué. Tentant de reprendre son souffle, la souveraine essaya de se redresser en s’aidant de sa main droite, sa main gauche tenant son vendre.
-L’enfant arrive… dit-elle à mi-voix en regardant Eléonore.
L’annonce fit un tollé dans la maison de la reine. Tout d’abord, il y eut un moment de surprise, de flottement, comme si le temps venait de s’arrêter, et puis, d’un coup, tout le monde se mit à se presser en tout sens. Marie-Thérèse s’appuya sur sa duègne et une servante pour se redresser. Tout n’était qu’ordres brefs et rapidité.
-Il faut… articula la reine entre eux contractions, il faut prévenir le roi…
Le roi, voilà ce à quoi elle pensait en l’instant précis. Le prévenir que l’enfant allait arriver. Et si c’était un garçon et qu’il survivait, alors…
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| Sujet: Re: De l'arrivée d'une princesse 17.10.12 0:48 | |
| Éléonore Sobieska était tellement emportée dans son élan qu'on aurait pu agiter un drapeau rouge sous ses yeux ou la reine aurait pu se mettre à hurler qu'elle aurait continué à raconter ce qui lui passait dans l'esprit sans s'arrêter le moins du monde. Non qu'elle fut indifférente à ce qui se passait autour d'elle mais c'était l'un des symptômes qui caractérisaient son hyperactivité. Parfois, il lui semblait que les paroles sortaient seules de sa bouche, comme un flot que l'on ne pouvait stopper, combien même ce qu'elle racontait était sans intérêt. Ou qu'elle se trouvait devant la souveraine qui avait quand même le droit de placer deux mots dans ses propres appartements. Surtout pour annoncer qu'elle venait de perdre les eaux et qu'elle allait mettre au monde un enfant de sang royal d'une minute à l'autre. Profitant de la question soudain inquiète d’Éléonore, Marie-Thérèse réussit enfin à annoncer la raison pour laquelle son visage s'était crispé à la mention des petits lapins... Et cela n'avait rien à voir avec la perspective de mettre de pauvres bêtes innocentes à mort. Dommage, la Polonaise aurait préféré à continuer de parler chasse plutôt que de faire face à ce qui allait inéluctablement se passer. - L'enfant arrive..., souffla la jeune femme en fixant Éléonore droit dans les yeux. - Un enfant ? Répliqua la rousse, interdite. Elle fut la seule à ne pas bouger d'un iota alors que l'annonce fut répétée puis amplifiée dans toute la pièce, causant une sorte de vague de panique à laquelle Éléonore se sentit terriblement étrangère. Elle mit un certain temps à réaliser que la reine allait bientôt donner naissance à un enfant et qu'en tant que dame de compagnie, il fallait peut-être l'assister. Heureusement pour elle, une duègne et une servante s'étaient précipitées pour aider Marie-Thérèse à se relever et à s'allonger sur son lit tandis qu'elle se leva et l'accompagna. Et bien, si elle n'aidait pas concrètement, elle était là pour le soutien moral, ce n'était déjà pas mal. Même si c'était une mauvaise idée de s'adresser à elle pour ce genre de choses, compte tenu de sa mauvaise expérience en la matière. Tout le monde semblait fort occupé à ses côtés même si Éléonore les soupçonnait de courir dans tous les sens pour se donner une contenance. Les dames parlaient et s’apostrophaient, toute à leur excitation tant et si bien qu’Éléonore, exaspérée, se tourna vers elles et lança à la cantonade d'une voix forte où pointait la colère : - Mais enfin, taisez-vous un peu et celles qui n'ont rien à faire ici, sortez !Ce qui eut le mérite de fonctionner et de réduire au silence un parterre de dames outrées par cette remarque. La rousse les défia du regard mais avant que les piques purent voler, Sofia di Parma se glissa à ses côtés et expliqua à mi-voix : - L'accouchement se fait en public en France, tout le monde a le droit d'y assister...-... Et le droit d'y caqueter comme des poules ? S'exclama Éléonore qui venait par cette simple phrase de se mettre la moitié de la maison de la reine à dos et sans relever l'incongruité de cette coutume française qui voulait que l'acte le plus intime se produise en public. Voilà qui était bien ridicule mais rien n'était étonnant de la part de ces Français qui vivaient dans une cour où la famille royale se donnait en permanence en spectacle. Pendant ce temps où ses suivantes étaient sermonnées , Marie-Thérèse continuait à gémir au fil de ses contractions. Pour échapper aux regards pleins de haine, Éléonore se retourna vers elle et put saisir ce que disait la jeune souveraine : - Il faut...- Que dites-vous ?- Il faut prévenir le roi...- Mais pourquoi ? Demanda la jeune Polonaise, perplexe, je doute, avec tout le respect que je dois à Sa Majesté, qu'elle puisse vous aider dans votre accouchement. Si vous vouliez une sage-femme à la limite mais le roi sera bien impuissant à...- Cessez de discuter, gronda la surintendance de la maison, Olympe de Soissons, venant d'apparaître comme par miracle à leurs côtés, le roi doit être présent pour la naissance de son enfant, maintenant écartez-vous de Sa Majesté, elle a besoin d'air.- Si vraiment vous le voulez mais il risque de s'inquiéter plus qu'autre chose et de faire partager son anxiété, c'est le lot des futurs pères, continuait Éléonore en se retournant vers une petite foule hostile qui la décida à proposer : finalement, je vais prévenir le roi...Tout plutôt que rester ici dans cette ambiance empesée et assister à l'accouchement en lui-même qui réveillerait bien trop de mauvais souvenirs. Éléonore, brusquement heureuse d'avoir une mission à accomplir, courut jusqu'aux battants des portes des appartements et ouvrit pour prévenir le garde d'aller chercher Louis XIV. Mais l'homme n'était pas là, sans doute était-ce la relève de la garde. C'était bien le moment, tiens ! La jeune femme n'hésita pas et s'élança dans les couloirs, dans le sens inverse du parcours qu'elle venait de faire quelques dizaines de minutes auparavant. Elle croisa les mêmes courtisans, qui n'avaient toujours pas trouvé d'occupation digne de ce nom, les bouscula sans s'excuser, s'attirant de nouveau leurs foudres et passa devant les mêmes hommes en fonction qui la regardèrent passer sans cacher leur surprise. Éléonore ne s'arrêta pas mais se ravisa et fit un charmant demi-tour pour questionner l'un d'eux : - Où se trouve le roi à cette heure-ci ?- Probablement en conseil... Mais pourquoi ? Vous n'arriverez pas à le voir, vous savez et...Mais Éléonore était déjà repartie à vive allure en lui adressant un petit geste de la main pour le remercier. Il eut un air blasé. A force de la voir courir tous les matins, ils commençaient à connaître ses habitudes après tout. La Polonaise fonçait à toute allure devant l'endroit où elle pensait que se trouvaient les salles des ministères et des conseils mais elle se heurta à une porte close contre laquelle elle frappa tout en cherchant à reprendre haleine. Le battant s'ouvrit sur un visage rond et suspicieux : - Que puis-je faire pour vous, madame Sobieska ? Demanda Bontemps. - Il faut absolument que je parle au roi, la...- Allons, madame, je vous rappelle que pour lui donner vos placets et faire vos demandes, il faut attendre la sortie de la messe ou alors son passage dans la galerie des glaces... On ne peut pas voir le roi comme cela, comme ça nous chante, sur un coup de tête ou parce qu'on a envie de papoter un peu avec lui, il faut vous y faire... - Non mais cela n'a rien à voir avec moi, je...- Voilà qui ne change rien. Vous voulez une place pour un de vos amis ? Vous attendez que le roi daigne s'adresser à vous. Vous seriez Monsieur, la reine ou le grand turc que cela ne changerait pas pour vous et...C'était plus que ne pouvait en supporter Éléonore. Elle saisit le col de Bontemps et le plaqua contre la porte avec un certaine violence qui eut pour mérite de faire taire le volubile serviteur, dont les yeux exorbités laissaient voir la surprise. - Maintenant, vous allez m'écouter, le menaça-t-elle en lui serrant la gorge, la reine est en train d'accoucher alors laissez donc Monsieur, la reine et le grand turc dehors mais allez prévenir le roi, par pitié !- La reine accouche ? S'exclama l'homme alors qu'elle le lâchait et qui se frottait la pomme d'Adam, mais il fallait le dire tout de suite ! - Vous allez le lui dire ?- Mais malheureusement, le roi n'est pas là, il est sorti en promenade ce matin.Éléonore demeura muette quelques lourdes secondes pendant lesquelles Bontemps parut se ratatiner avant de lui jeter un regard furibond et de faire demi-tour en direction des jardins cette fois-ci. Au moins, on pouvait dire qu'elle se maintenait en forme à force d'aller et venir en courant. Elle devait bien être la dame de la reine qui faisait le plus d'exercice physique. Fort heureusement, elle trouva rapidement la suite du roi qui n'avançait pas bien vite dans la neige. En s'élançant pour les rattraper, elle faillit plusieurs glisser et tomber à terre mais se rattrapa de justesse aux gentilshommes qui ne comprenaient pas bien pourquoi une jolie fille un brin dépenaillée leur tombait dans les bras. Éléonore remonta tout le petit groupe et voyait enfin le dos de Louis XIV. Elle pouvait presque lui taper sur l'épaule, il suffisait de... Mais un homme en costume militaire lui barra soudain la route et Éléonore vit le roi lui échapper une fois de plus : - Que se passe-t-il, madame ? Vous ne pouvez aller plus loin.Un petit groupe s'était formé autour d'eux et discutait avec enthousiasme de ce qui se passait. Certains suggéraient avec un frisson d'excitation qu'un nouvel enlèvement avait eu lieu et on allait débuter des paris sur l'identité de la victime quand Éléonore lâcha, hors d'haleine : - La reine accouche, il faut prévenir Sa Majesté !Enfin, quelqu'un eut un réflexe sensé : le garde lui commanda de rester là où elle se trouvait et alla adresser quelques mots à Louis XIV, plongé dans une discussion avec un homme de la cour, sans doute Le Nôtre. Le front du souverain se plissa et d'un geste de la main il fit avancer Éléonore, laquelle se plongea dans une profonde révérence : - Et bien ?- Tout est arrivé soudainement, je disais à Sa Majesté que nous allions avoir une... La reine a eu les premières douleurs, se ravisa Éléonore, elle va bientôt donner naissance et vous réclame auprès d'elle. Tout alla ensuite très vite, le roi décida de se rendre immédiatement chez Marie-Thérèse et Éléonore se contenta de trottiner derrière lui pour le reste du trajet. Elle eut un demi-sourire en voyant tous ces courtisans qui grommelaient peu de temps avant dans la galerie se pousser pour leur laisser un passage et s'incliner devant le roi. Elle eut un clin d’œil pour le garde qui l'avait renseignée et enfin, ils pénétrèrent tous dans la chambre de Marie-Thérèse, désormais pleine à craquer de monde – l'information s'était visiblement diffusée. Soulagée d'avoir rempli sa mission, non sans difficulté, Éléonore se coula vers le fond de la pièce et y retrouva Sofia qui patientait, ennuyée. Elle comptait bien rester là le temps que le travail allait durer mais elle n'eut pas le temps de souffler qu'une autre de ses amies, Aliénor l'appelait. La Polonaise se retint de lever les yeux au ciel et fendit les rangs pour rejoindre la Habsbourg. - Et bien ?- Vous serez mieux ici, nous sommes plus près et disponibles si la reine a besoin de quelque chose.Éléonore eut un soupir discret et pendant quelques secondes se prit à haïr son amie de l'avoir fait venir jusque-là. Cela ne dura pas plus longtemps car elle ne pouvait bouder Aliénor sans passer de prochaines minutes fort désagréables. Voyons le bon côté des choses : elle pouvait discuter avec elle pour ne pas penser à la suite des événements. Et bientôt un petit prince verrait le jour... ! - Spoiler:
Fin pour Eléonore, elle en a assez fait
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| | | Marie-Thérèse d'Autriche
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| Sujet: Re: De l'arrivée d'une princesse 02.11.12 21:40 | |
| Cela commençait à être un ballet habituel pour la jeune souveraine. N’était-ce pas la troisième fois qu’elle donnait naissance à un enfant de France ? Elle aurait justement aimé que tout le monde se calme. Ces dames se mettant à glapir autour d’elles, s’agitant dans tous les sens alors qu’elle aurait aimé que chacun face ce qu’il a à faire dans une farandole de jupons multicolore n’était pas pour lui rendre la vie facile. Les plus âgées prenaient ça avec désinvolture, de celles qui avaient déjà assisté à plusieurs naissances royales et pour qui une de plus n’était pas grand-chose, surtout quand l’héritier du trône était déjà né quelques années avant, elles ne bougeaient donc pas, prenant de quoi patienter jusqu’à l’arrivée de l’accoucheur et du roi, mais surtout celle du nouvel enfant du couple royal. Elles auraient mieux fait de quitter la place plutôt que de rester là avec leur air blasé. Les plus jeunes, elles, étaient celles qui courraient dans tous les sens en gémissant leur excitation, et se disant qu’elles assistaient à un moment historique, se demandant sans doute à qui elles pourraient la raconter, ou qui elles pourraient prévenir pour lui faire avoir une bonne place à l’accouchement royal. Personne ne servait à rien à l’instant précis, si ce n’était à respirer l’air dont Marie-Thérèse commençait à manquer cruellement. Pourtant, elle restait calme. Elle savait que cette fois, contrairement aux deux précédentes, tout irait bien. Elle le sentait. Comme lors de la naissance du dauphin, elle ne ressentait aucune gène, aucun autre malaise.
Mais elle avait l’assurance de ses trois premières grossesses derrière elle, et, à vingt-huit ans, savait ce qu’elle avait à faire. Elle faisait de toute façon ce que l’on attendait d’une reine de France. Un peu mieux que la précédente qui n’avait donné que deux enfants au roi Louis XIII, et bien longtemps après leur mariage. Mais au moins les deux fils de France avaient vécu. Les enfants qu’elle donnait au roi mourraient tous jeunes, sauf le petit Louis. Elle pria Dieu, à cet instant, de les garder, elle, l’enfant qui allait naître, et le Dauphin. Elle le priait tellement fort qu’il ne pouvait pas les abandonner. Pas maintenant. L’instant était venu, certes, mais n’était-il pas arrivé trop tôt ? Il devait y avoir encore une ou deux semaines avant l’arrivée du prince, ou de la princesse. Mais ce n’était pas la première fois que cela arrivait, et l’enfant pouvait être en parfaite santé. A vrai dire, sa grossesse avait été parfaitement calme, et ne l’avait jamais gênée, contrairement aux deux précédentes qui avaient été particulièrement difficiles. Mais elle savait par avance qu’elle se sentirait mieux d’ici quelques jours. Il était temps que l’enfant connaisse la lumière du jour. Pas de panique. Cela ne servait à rien de toute façon. Et elle aurait trop mal d’ici quelques instants pour pouvoir s’inquiéter d’autre chose. Le tout était que tout se passe comme prévu et que l’enfant se porte bien. Le reste n’avait pas d’importance, pas même son état à elle.
Quand Eléonore Sobieska avait enfin comprit que quelque chose n’allait pas, tout était allé très vite. Deux autres dames avaient aidé la reine à se relever, alors qu’elle appelait le roi.
- Mais pourquoi ? Je doute, avec tout le respect que je dois à Sa Majesté, qu'elle puisse vous aider dans votre accouchement. Si vous vouliez une sage-femme à la limite mais le roi sera bien impuissant à...
- Cessez de discuter, s’exclama Olympe de Soisson, que tout cela agaçait visiblement, le roi doit être présent pour la naissance de son enfant, maintenant écartez-vous de Sa Majesté, elle a besoin d'air.
- Si vraiment vous le voulez mais il risque de s'inquiéter plus qu'autre chose et de faire partager son anxiété, c'est le lot des futurs pères : finalement, je vais prévenir le roi...
Dans d’autres circonstances, Marie-Thérèse aurait trouvé l’échange très amusant sans doute. Mais à l’instant précis, elle n’avait qu’une envie, hurler à Eléonore de faire ce qu’on lui demandait et rien de plus. Les joies de l’accouchement vous rendent parfois totalement incontrôlable. Et puis elle Eléonore avait quitté les lieux, et Marie-Thérèse n’avait plus pensé au roi, se contentant de compter les fréquences entre les contractions. Ses dames l’avaient aidée à se déshabiller, pour se retrouver en une simple chemise de lin. Ses cheveux avaient été retenus simplement au dessus de sa tête pour dégager sa nuque et l’aider à chercher de la fraicheur. Allongée sur son lit, elle se contentait de serrer les draps à chaque contraction, le plus fort possible, se retenant de crier. Elles se faisaient de plus en plus fréquentes. Les portes étaient grandes ouvertes et les courtisans ne faisaient qu’affluer. La jeune souveraine maudissait intérieurement cette coutume qui voulait que pour s’assurer de la légitimité de l’enfant, l’accouchement se fasse en public. Cela donnait lieu à des situations ridicules comme ceux se mettant debout sur les fauteuils et canapés, ou essayant de grimper sur une armoire. L’accoucheur arriva à son tour, et la salua profondément. A cet instant, la jeune femme aurait préféré qu’on se passe de l’étiquette, mais fidèle à elle-même, elle ne dit rien et se contenta de hocher la tête. La position n’avait rien d’adéquate, les jambes écartées, le visage s’empourprant et se couvrant de sueur. On ne lui demandait pas d’être belle, certes, mais enfin… Sa timidité n’appréciait guère cet instant.
-Il va bientôt falloir pousser, Votre Majesté, diagnostiqua l’accoucheur, après un examen de la souveraine.
Tout allait bien, en somme, sinon, il l’aurait déjà dit.
-Le roi… murmura Marie-Thérèse.
C’était idiot, ils ne se voyaient qu’une ou deux fois par jour, mais elle aurait aimé que son époux, le père de cet enfant – du moins priait-elle pour qu’il le soit… - soit là avec elle.
-Il ne tardera pas, votre majesté, assura Olympe qui ne quittait pas le chevet de la reine.
Marie-Thérèse fit simplement « oui » de la tête, et serra les dents, contractant tout son corps en étouffant un cri à la nouvelle contraction.
-Messieurs, le roi ! entendit-elle enfin, et le brouhaha venant de la pièce la plus proche lui indiqua clairement qu'il n'était pas loin.
Elle soupira, elle n’y croyait plus… |
| | | Louis XIV
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| Sujet: Re: De l'arrivée d'une princesse 14.11.12 16:02 | |
| Quel temps fait-il, aujourd'hui ? Froid mais rien qui ne peut arrêter une promenade, Sire. répondit Bouillon pendant que le roi mangeait. Parfait, une bonne promenade sera donc vivifiante !
Dimanche deux janvier 1667. Le roi dînait dans ses appartements seul, sans personne pour le déranger sauf Bouillon qui attendait toujours pour continuer de prépare la journée du Roi. L'après repas était consacré à la chasse ou à la promenade. Mais en plein hiver, il n'y avait pas grand chose à chasser, la réponse du roi fut évidente, le Chambellan n'avait pas pris la peine de prévenir les écuries pour préparer les chevaux. La fraîcheur de janvier n'empêchait pas le monarque d'avoir pour habitude de se promener peu importe la température. Après tout, si le temps était un peu gris, il ne pleuvait pas ni ne gênait, il n'y avait donc pas grand chose à craindre. Le froid n'était pas un obstacle majeur, marcher réchaufferait les cœurs et les muscles, voici un bon exercice pour se maintenir en forme.
Alors une fois le repas terminé, il fallait se préparer à sortir. Il n'était pas question pour le roi d'attraper froid, ce serait mal venu avec tous les préparatifs de la guerre qu'il fallait mettre en place, toutes les stratégies à retenir les armées à lever. Non, dans un emploi du temps aussi chargé que Louis XIV, il n'y avait pas de place pour la maladie, la France ne devait pas tomber malade. Les fourrures étaient toujours bien appréciées en cette période de l'année, on s'y emmitouflait pour se croire à l'abri du vent et du froid. Le monarque fut fin prêt et descendit pour se rendre sur la terrasse de ses jardins, là où l'attendaient bon nombre de courtisans, tous bien heureux de participer à cette promenade car cela était toujours l'occasion d'approcher le roi pour lui glisser un bon mot ou lui demander un service. Il fallait s'y rendre pour être vu de tous, la promenade était bien plus politique qu'elle ne l'est en apparence. Celui qui était avec lui dans la promenade fut son frère, Philippe, avec qui Louis n'avait pas toujours le temps de discuter, surtout en cette période si tendue depuis le début de la guerre. Puis monsieur Le Nôtre vint les rejoindre, voici l'homme aux jardins somptueux et à la mode. Cet homme connaissait ces jardins mieux que personne, il les avait pensés, dessinés, donnés vie et il n'y avait que lui pour en parler comme si ces lieux étaient magiques, voire même vivants. La discussion allait bon train, quelques courtisans venaient s'y mêler avant de replonger dans la foule, tout ce la était quotidien, rien ne venait troubler cette ronde habituelle. Rien ? Sauf ce garde qui approcha le roi pour lui annoncer qu'une dame de compagnie de la reine venait jusqu'à lui. Surpris, Louis se retourna et vit la jeune femme rousse, du nom d’Éléonore Sobieska, attendre, l'air impatiente à ne pas tenir en place. Il fit donc demi-tour pour savoir ce qu'elle avait à dire, car on ne dérangeait pas un roi de la sorte.
Et bien ? Tout est arrivé soudainement, je disais à Sa Majesté que nous allions avoir une... La reine a eu les premières douleurs. Dans ce cas, fin de la promenade. Il faut nous rendre auprès de la reine. répliqua t'il dans un calme olympien.
Il était bien le seul à garder son calme, tout le monde caquetait comme des poules sultanes – que le roi affectionnait particulièrement – et certains partaient déjà pour assister à l'accouchement puisque cela était public. Louis marcha d'un pas rapide et déterminé pour s'y rendre à son tour. Lui n'y assistait pas à proprement parler, il restait dans l'antichambre à côté avec certains de ses messieurs et ne paraîtrait qu'une fois l'enfant né. En espérant que cette fois, l'enfant tiendrait le choc. Sur les trois précédentes naissances, seul leur premier fils, l'actuel Dauphin, était toujours vivant. Les deux autres, deux petites filles, n'avaient pas dépassé un mois d'existence. Il n'y avait qu'à prier pour que l'enfant soit aussi vaillant que son grand frère. Attendant dans l'antichambre, Louis avait donné déjà ses directives pour faire sonner les cloches du royaume quand l'enfant serait né.
Les heures passaient où, à travers les murs, on entendait Marie-Thérèse hurler la douleur, et quelques murmures de courtisans observant la scène. Le monarque avait déjà réfléchi du titre s'il s'agissait d'un garçon, il serait duc d'Anjou, comme tout second fils de France. Une fille serait « simple » (si on pouvait dire cela ainsi) fille de France, une princesse au destin déjà tout tracé. Quand soudain, un cri se fit entendre. Ce n'était pas la reine cette fois mais bel et bien le cri d'un enfant qui hurlait à pleins poumons qu'il était enfin de ce monde. Louis se leva de son large fauteuil alors que la porte s'ouvrit sur une dame d'atours de son épouse, Aliénor de Wittelsbach, faire la révérence avant d'annoncer la grande nouvelle.
Votre Majesté, la petite princesse est née.
Ainsi donc voici une fille de France était de ce monde. Passant les portes, les courtisans firent un passage au monarque qui se dirigea jusqu'au lit de son épouse en sueur, épuisée de son dur labeur d'avoir mis un enfant au monde. La petite arriva à ce moment, après avoir été nettoyée et mis dans des langes, puis enfin mis dans les bras de la mère. Louis fut comblé de cet instant et un doux sourire se dessina sur ses lèvres alors que ses yeux s'étaient posés sur le petit ange. Puis ce fut au tour de Marie-Thérèse d'avoir le droit à ce regard plein de gratitude. Tous les courtisans présents dans cette pièce purent bien voir une famille royale unie en cet instant, malgré tout.
Madame, vous me comblez de cet enfant que nous attendions tant. Au-delà d'une princesse, vous avez mis au monde un véritable ange. Et pour cela je vous en remercie profondément.
A cet instant, dans l'antichambre d'à côté, on s'activait puisque des messagers furent envoyés pour faire sonner les cloches, des fenêtres s'ouvrirent pour annoncer aux courtisans au dehors qu'une petite princesse était née. On pouvait entendre la joie dans le château, c'était si bon en une sombre période !
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| | | Marie-Thérèse d'Autriche
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| Sujet: Re: De l'arrivée d'une princesse 25.11.12 6:28 | |
| Marie-Thérèse se tordait sous les douleurs de l’enfantement, ne pouvant penser à rien d’autre, bien que l’omniprésence de tous les curieux qui avaient afflués dans sa chambre soit bien trop oppressante. Pensait-on à quel point cette reine simple, douce, discrète et pudique pouvait être mal à l’aise à l’idée de voir son enfant naître devant tous ces inconnus, qui étaient venus à Versailles uniquement pour le nouvel an royal, espérant bien se faire voir du souverain, et n’avaient pas eus le temps de s’en aller. La soirée de la veille lui semblait d’ailleurs horriblement lointaine. Tous ces parfums, cette chaleur malgré la journée d’hiver dont l’air froid entrait par les fenêtres mal isolées lui faisaient tourner la tête. Pourtant, entre deux contractions qui se faisaient de plus en plus rapprochées, la jeune femme ne cessait tout simplement pas de prier pour que tout se passe bien, que l’enfant soit en bonne santé, et si possible que cela soit un garçon. Ce serait le couronnement de tous ses espoirs, sur cette quatrième grossesse, dont deux avaient été un simple échec. La mort de ses enfants l’avait assez affectée pour vouloir de tout son cœur que cette fois-ci, tout se passe pour le mieux. Peut être, à l’instar d’autres femmes, deviendrait-elle folle si cela ne se passait pas comme prévu… ? Elle ne préférait pas y penser. Si l’enfant n’était pas viable, c’est que Dieu l’avait voulu, comme si elle venait à passer elle aussi. Tout était entre les mains du seigneur.
La jeune femme avait demandé qu’on lui donne son crucifix, en bois de rose et argent, qu’elle serrait de toutes ses forces dans sa main droite. La sueur perlait de son front, elle n’avait plus rien en commun avec la jeune femme fraiche du début de la journée. Quelques mèches de ses cheveux pourtant relevés au dessus de sa tête collaient à son cou sans qu’elle puisse efficacement s’en dégager. Et à vrai dire, même si cela la gênait, elle n’y pensait pas vrai ment. Serrant les dents à chaque nouvelle contraction, elle respirait avec difficulté. Son seul réconfort était l’arrivée du roi qui venait de lui être annoncée. Enfin, il était là. Après tout, quoi qu’on en dise, et surtout quoi qu’il fasse, et avec qui, il resterait son époux, à elle seule, devant Dieu et les hommes. Et seuls les enfants qu’elle lui donnait étaient légitimes aux yeux du Seigneur, ce n’était pas une proclamation et un bout de papier signés de Louis qui donnerait à ses bâtards ne serait-ce qu’un semblant de vérité d’existence aux yeux de Dieu. Marie-Thérèse en était persuadée. Malgré toute sa résistance, un cri de douleur fini par s’échapper de sa bouche desséchée. Les dames s’activaient autour d’elle alors que l’accoucheur était prêt à aider la jeune souveraine à mettre au monde cet enfant tant attendu. Toutes les cours d’Europe avaient les yeux rivés sur la plus grande, celle qu’il fallait suivre, la France ! La naissance de cet enfant voulait dire beaucoup dans la politique internationale.
Marie-Thérèse serra les draps et son crucifix de toutes ses forces entre ses doigts, essayant de retenir un cri qui franchit tout de même ses lèvres.
-C’est le moment, votre Majesté, poussez, Madame, poussez ! s’exclama soudain l’accoucheur.
Rompue à cet exercice, hélas, Marie-Thérèse se mit à l’ouvrage du plus fort qu’elle le pouvait, ne pouvant retenir ses larmes. Elle se laissa retomber sur l’oreiller, épuisée, haletant, tremblant de tout son corps, mais ce n’était pas encore fini, elle ne le savait que trop.
-Un dernier effort, ma Reine, s’il vous plait ! Je peux voir sa tête.
-Dios mio, da me la fuerza, murmura-telle dans son espagnol maternel.
A côté de son lit, la jeune femme vit ses dames de compagnie qui avaient commencé à prier pour leur salut, à elle et à l’enfant. Cela redonna un peu de courage à la reine qui menaçait de lâcher prise à tout moment. Une de ses dames de compagnie, il lui sembla qu’il s’agissait d’Isabelle de Saint-Amand, pourtant pas celle à l’esprit le plus pur, s’était approchée d’elle et avait prit sa main. La reine lui en fut un instant reconnaissante, avant d’oublier ce moment – n’était-ce pas le privilège des puissants ? – et de se remettre à pousser, pour extraire cet enfant de ses entrailles. Elle songea un instant à Hector. Etait-il avec le roi ? Peut-être… Sans doute… La jeune femme songea un instant que si l’enfant était de lui, s’en serait fini. Mais elle avait prié Dieu assez fort pour que ça ne soit pas le cas, il ne pouvait pas lui faire cela… Dans un dernier effort, Marie-Thérèse mit enfin l’enfant au monde, et retomba une dernière fois sur l’oreiller, reprenant peu à peu sa respiration, les yeux fermés, n’osant pas les rouvrir. Les deux précédentes grossesses avaient été un tel déchirement pour elle. Elle ne supporterait pas que cela soit encore le cas. Se mordant les lèvres, le bourdonnement dut à l’effort se dissipa finalement peu à peu, et elle put entendre les voix des courtisans autour d’elle alors que son cœur se remettait à battre normalement petit à petit. Et au milieu de ces bruits, elle entendit des pleurs. Des pleurs de nouveau-né… L’enfant était viable. La jeune femme eut envie de pleurer et de remercier Dieu.
-C’est une fille, votre Majesté, lui annonça Olympe qui s’était approchée et avait chassée Saint-Amand d’un geste.
Une fille ? Pas un garçon ? Un instant, la reine fut cruellement déçue, avant de se dire qu’il s’agissait peut être d’un signe. Un signe qu’après les deux enfants qui lui avaient été arrachés, celle-ci ferait une magnifique princesse.
-Je veux la voir, murmura-t-elle d’une voix un rien éteinte.
L’enfant, encore sale, et pleurante, lui fut présentée, sans qu’elle puisse pourtant la toucher tout de suite. Une larme coula le long de la joue de la souveraine alors qu’on la lui montrait. Pas de toute, elle avait le nez du roi.
-Mi hija, murmura doucement la reine.
Pourtant, selon le rituel de cour, elle lui fut tout de suite retirée pour être nettoyée, ainsi que sa mère. Rapidement, les dames de sa suite, avec une célérité et une habitude qui témoignaient d’une grande préparation, changèrent les draps, en refoulant un peu en arrière les curieux qui se pressaient encore. La reine fut entourée par ses dames alors qu’elle faisait elle aussi un brin de toilette. Il fallait être présentable devant le roi ! Cela n’effacerait certes pas les traces de fatigue de ces heures de travail, mais au moins la rendrait un peu plus agréable à regarder. Une chemise et des draps propres, immaculés, ses cheveux brossés et retenus en un chignon, et une veste de fourrure, pour la protéger du froid qui la parcourait maintenant que l’effort était terminé. Alors qu’elle finissait de se préparer, Olympe avait envoyé Aliénor de Wittelsbach prévenir le roi. Tout le monde s’écarta sur l’entrée du souverain. Marie-Thérèse, appuyée sur de grands oreillers, lui sourit d’une manière douce et engageante. Au même moment, on leur ramenait leur fille. La reine la prit dans ses bras, ivre de bonheur, alors que le roi semblait lui aussi au comble de la joie, ce qu’il ne se pria pas de lui dire, réchauffant le cœur solitaire de la souveraine.
-Madame, vous me comblez de cet enfant que nous attendions tant. Au-delà d'une princesse, vous avez mis au monde un véritable ange. Et pour cela je vous en remercie profondément.
Marie-Thérèse posa ses lèvres sur le front de l’enfant, espérant qu’elle ne viendrait pas à s’éteindre au bout de quelques semaines comme ses sœurs, mais elle ne savait que trop pour l’avoir vécu dans sa propre famille à quel point les enfants peuvent être fragiles.
-Votre Majesté m’honore, répondit la reine en serrant l’enfant contre son cœur, avant de la tendre au roi. Comment votre Majesté souhaite-t-elle la nommer ?
Marie-Thérèse eut un coup d’œil fatigué et un rien exaspéré aux courtisans qui continuaient à se presser à l’entrer de sa chambre. Ne les laisseraient-ils jamais en paix ?
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| | | Louis XIV
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| Sujet: Re: De l'arrivée d'une princesse 03.12.12 20:45 | |
| L'arrivée d'un enfant au sein d'un couple royal état toujours un grand événement. Un prince ou une princesse est toujours une monnaie pour les négociations. Cela peut paraître horrible dit ainsi, de voir les enfants comme des moyens de s'allier ou de faire la paix. Mais Louis n'était-il pas de ce moule là ? Lui et Marie-Thérèse avaient été les instruments de la paix, ce mariage scellait la paix (enfin ! ) entre la France et l'Espagne. Pais qui durera pas longtemps vu que l'Espagne s'alliait à la Lorraine pour la guerre prochaine ! Mais les mariages des familles royales n'étaient jamais des mariages d'amour : son père avait lui aussi épousé une espagnole, tandis que le roi d'Espagne avait épousé une princesse française en guise d'alliance, ce qui n'avait pas duré longtemps comme toujours. Et cela, depuis toujours et cela n'était pas prêt de s'arrêter. Même pour le Dauphin Louis, il faudra penser mariage. Les ministres et ambassadeurs en Europe attendaient pour savoir qui serait la future reine de France. Mais en cette période où tous les rois étaient encore jeunes, il n'y avait pas encore de mariages potentiels. Pour l'instant, les seules demoiselles princesses nées étaient les filles de Jacques d'York, l'actuel héritier de la couronne d'Angleterre, et la fille de l'électeur de Bavière qui pouvait mériter un peu d'attention. Quant aux princes, n'y comptons pas vraiment car seul le roi Charles II d'Espagne pourrait contenter les princesses européennes, Enfin contenter … Vu son physique, la future reine d'Espagne épouserait plus un trône, du moins s'il arrivait en âge de se marier !
Enfin tout cela se bousculait dans la tête du monarque alors qu'il ne savait pas encore si l'enfant serait viable et s'il allait résister, les deux dernières petites filles avaient tenu un mois. Il faudrait prier et surveiller cet enfant pour lui garantir la plus longue vie possible, il y en avait assez d'enterrer des enfants trop jeunes, son frère Philippe avait subi cela un mois auparavant, que cette malédiction s'arrête, que diable !
Entendre les cris d'enfant fut un soulagement, l'enfant passait l'étape de naître vivant. Il ne restait au roi qu'à découvrir l'enfant que Dieu lui avait donné, tout en préservant son épouse. Une petite fille, une petite princesse venait égayer la famille royale de sa présence. Un garçon, une fille, cela est un excellent départ pour la famille du monarque. Une famille royale prospère était une famille royale nombreuse, il fallait toujours prévoir que les enfants n'atteignaient pas tous l'âge adulte. Mais avant de penser à l'avenir, il était temps de profiter de l'instant présent et de venir au chevet de sa femme que l'on avait changé et arrangé pour l'occasion. La Cour se trouvait là, ayant assisté à l'accouchement comme le voulait la tradition. Cela pouvait paraître insensé ou même malsain mais c'était aussi une surveillance pour bien montrer au reste du monde que l'on échangeait pas l'enfant à la naissance, que celui-ci était bien en vie et cela restait dans l'optique de la vie de Cour où les courtisans avaient l'honneur d'une telle entrée dans l'intimité du couple. Mais Louis XIV avait l'habitude de cette perpétuelle représentation, il n'y tenait guère compte à présent. Facile à dire pour lui, ce n'était pas lui qui avait mis au monde un enfant face à cinquante courtisans curieux du moindre geste entre le roi et la reine.
Voici la petite princesse qui était tant attendue, au fil des mois où Marie-Thérèse s'enrobait à vue d'oeil, au point que les courtisans ne retenaient plus quelques moqueries, amusantes pour certains, blessantes pour d'autres. Mais qu'importait en cet instant, la nouvelle de la petite princesse de France se rependait comme une traînée de poudre, les ambassadeurs s'étaient précipités pour écrire à leurs pays respectifs cette naissance que l'on attendait plus. Le palais lui-même s'agitait à cette annonce, chacun y allait de son commentaire et de son exclamation. Mais assis auprès de son époux, Louis XIV n'était plus qu'un père, un homme qui admirait deux femmes qui étaient dans sa vie.
-Votre Majesté m’honore
Puis la petite emmaillotée que la reine tenait contre elle fut tendue au roi qui fit un large sourire de bonheur en prenant sa petite fille dans ses bras. Elle était si petite, si fragile et si sage, Louis l'observa intensément avec un petit sourire. Cela là devait vivre, plus que ces quelques semaines comme les autres. Perdre un enfant était toujours difficile, qu'on soit fille du peuple ou roi de France.
Comment votre Majesté souhaite-t-elle la nommer ? Je me disais, madame, que nous ne devrions pas être ici en cet instant. Vous êtes une survivante de votre famille, je suis sorti grandi de certaines maladies. Puisque notre fils s'appelle Louis et que cela lui a porté chance jusqu'à cet instant. Notre fille pourrait porter votre nom. Nous l'appellerons donc la petite princesse Marie-Thérèse.
Ainsi Marie-Thérèse de France faisait son entrée dans le grand monde. A cet instant, l'entrée du Dauphin se fit et les courtisans s'écartèrent à nouveau pour laisser passer l'enfant de cinq ans s'approcher du lit à son tour, accompagné par la princesse de Parme et madame Sobieska avant de s'écarter au fond de la pièce. En cet instant, ils étaient tous les quatre réunis en parfaite famille royale alors que le Dauphin s'approcha de sa petite sœur pour l'observer davantage.
En ce deux janvier 1667 naissait donc la princesse Marie-Thérèse, surnommée la Petite Madame …
FIN
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| Sujet: Re: De l'arrivée d'une princesse | |
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