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 [Bahamas, 1662] Quand un corsaire français fait la rencontre d'un capitaine italien... Et de son perroquet !

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MessageSujet: [Bahamas, 1662] Quand un corsaire français fait la rencontre d'un capitaine italien... Et de son perroquet !   [Bahamas, 1662] Quand un corsaire français fait la rencontre d'un capitaine italien... Et de son perroquet ! Icon_minitime23.08.13 0:29

L'heure semblait dévolue aux festivités dans le principal port de la Nouvelle-Providence alors que le soleil se couchait petit à petit à l'horizon derrière les gréements des navires et ce n'était pas Arthur de Roberval qui allait s'en plaindre. Il sortait d'ailleurs de l'une de ces nombreuses maisons closes de l'île où il s'était étourdi de rires et de parfums de basse qualité des filles de mauvaise vie, en compagnie de quelques-uns de ses marins qui comparaient leurs performances respectives avec autant de subtilité que le pouvaient des hommes qui voguaient sur les mers depuis des années et en avaient oublié ce qu'était la respectabilité – c'est-à-dire aucune. Les rues comme les quais étaient emplies d'une populace crasseuse et criarde bien loin des villes policées qu'Arthur avait eu l'occasion de connaître en Europe comme de marchandises diverses et généralement obtenues de manière illégale que l'on s'échangeait de main à main par le biais du troc, main d'ailleurs bien armée pour éviter toute tentative de filouterie, la spécialité de ces boucaniers et pirates. Mais c'était là que le capitaine Roberval se sentait à son aise en cette année 1662, dans cette pagaille indescriptible qui n'avait nulle autorité pour la surplomber et tenter de la contrôler car les Bahamas étaient de ces îles âprement disputées par les diverses puissances maritimes et recherchées par les pirates pour aller piller les galions espagnols qui passaient par la Floride. Il était étonnant de constater à quel point la foule bigarrée qui arpentait ces rues au son de toutes les langues – mais pour la flibuste et l'argent, tout le monde parvenait à se comprendre – contrastait avec le nom de l'île. C'était peut-être là une nouvelle Providence pour les puritains venus s'y installer il y avait des années de cela mais c'était désormais un repaire pour tous les boucaniers et les arpenteurs des mers. Le nom s'accordait en tout cas bien avec les intentions du corsaire et de ses marins, nouveaux marins avec lesquels il ne naviguait pas depuis longtemps puisqu'il venait de les engager sur son Orientale quelques mois à peine auparavant, car ils étaient là non pour échanger des cargaisons mais pour fêter l'une de leurs victoires sur des Anglais transportant armes et nourriture. Quoi de mieux pour cela que de bonnes rasades de rhum et des jolies filles ? Si les donzelles n'avaient pas toutes été très belles, le rhum avait quant à lui bel et bien coulé à flots (ce qui avait permis d'oublier la déception concernant les filles) et Roberval se sentait d'humeur particulièrement joyeuse en cette soirée. Il en avait oublié la distance qu'il avait l'habitude de mettre entre ses marins et lui-même, il en avait oublié sa prétendue condition de gentilhomme, il n'était là ni plus ni moins qu'un de ces pirates qui aiment s'amuser et croquer la vie à pleines dents. Il lui semblait d'ailleurs qu'il restait une barrique d'alcool dans le fond du bateau aussi proposa-t-il à ses compagnons qui avaient entamé des chansons paillardes et se moquaient généreusement du jeune de la bande, un froussard du nom de Vauquet qui avait choisi de se cacher sous un paquet de cordages pendant l'assaut du navire anglais et préféré ne pas boire plus qu'une pinte (ce qui ne l'empêchait pas tanguer en marchant) ce qui était semblable à une hérésie et punissable par toute l'Inquisition des corsaires. Il leur suffisait de retrouver leur bateau. Ce qui, à la réflexion, n'était absolument pas gagné vu leur état déjà avancé.

Arthur allait faire la réflexion qu'aucun bateau ne ressemblait au leur vus de loin mais la Providence (décidément) se manifesta à eux sous les traits de la vigie de l'Orientale dont Arthur avait momentanément oublié le nom et qu'il avait laissé sur le bateau avec les marins qui étaient de corvée. Un instant, le capitaine crut vraiment que le garçon était venu pour leur indiquer le chemin mais son air inquiet le détrompa encore plus vite que les paroles affolées qu'il lança :
- Venez vite, capitaine ! Ou ça risque de mal tourner !
- Soyez aimable, expliquez-moi ce qui se passe au lieu de parler par énigmes, c'est pas le soir, gronda Roberval tout en s'approchant du jeune homme qui dégageait une forte odeur qui lui fit plisser le nez, mais vous avez un poisson pourri dans le dos ou quoi ?
- Oh ça non, répliqua-t-il d'un air embarrassé, c'est une plaisanterie de... Non mais c'est grave, capitaine, un navire espagnol a jeté l'ancre à côté de l'Orientale et les membres de son équipage, oh des gens bien affreux, des Espagnols quoi, n'ont pas cessé de nous lancer des provocations, les gars sont sur le point de prendre les armes. Je me suis dit que je ferais encore mieux de vous prévenir, vous seul pourrez arrêter tout ça.
C'était en effet ce qu'aurait du faire le capitaine corsaire, on n'était pas là pour régler ses comptes, s'il y avait une règle sur ces îles, c'était bien que les querelles restaient en mer. Aussi après coup, la réponse que fournit Arthur lui parut être complètement dictée par le rhum mais sur l'instant présent, il lui sembla que c'était la chose la plus sensée à faire et d'ailleurs, ses camarades l'approuvèrent avec véhémence dans son dos, au grand désespoir de la vigie en face de lui :
- Des Espagnols ? Ils vont voir de quel bois je me chauffe, pas question de leur laisser le terrain libre !
Il allait s'élancer mais se souvint alors qu'il ne savait plus où était amarré son navire. Ils durent donc suivre la vigie, éberluée, dans la foule assez dense qui cherchait à se divertir après avoir passé la journée dans les embruns ou dans le port à marchander. Plusieurs donzelles s'accrochèrent à Arthur mais il les rejeta sans compassion parce qu'il ne voulait pas perdre de vue son matelot. Au bout de quelques minutes à se frayer un passage, ils atteignirent l'immense Orientale qui se balançait tranquillement, faisant craquer le bois de sa coque. Et Arthur ne fut en effet pas long à constater que cette dernière touchait quasiment celle d'un certain « Dragon Volador » à ses côtés, nom qui indiquait assez à quelle allégeance se réclamait l'équipage. Roberval avait peut-être baissé le pavillon français – ce n'était quand même pas terrible comme réputation pour les corsaires français après – mais il se réclamait toujours et encore de la couronne de France et les Espagnols, comme les Anglais, il préférait les avoir au bout de son épée plutôt qu'à un saut de puce de son pont.

- Qui est votre capitaine ? Lança-t-il à un gamin visiblement originaire d'Afrique du Nord qui était descendu sur le quai après avoir soigneusement dégainé son épée (non sans garder son pistolet à la ceinture non loin de sa paume), mes marins ont été victimes d'insultes, j'exige réparation de sa part ! Va le chercher.
Comme le petit semblait hésiter, il leva sa lame en sa direction d'un air menaçant – comme quoi, il était bon comédien car il était bien incapable de s'en prendre à lui, pas mécontent de constater que, malgré tout le rhum absorbé, son bras ne tremblait pas et le gosse fila pour ramener l'homme qui avait l'outrecuidance de placer son navire espagnol à côté de l'Orientale ce qui était un crime de lèse-majesté, personne n'en doutait.
- Et alors, pas capable de vous débrouiller tous seuls, vous appelez le capitaine à la rescousse ? Cria une voix moqueuse sur le pont espagnol pour provoquer les adversaires.
Cela aurait pu fonctionner avec Arthur si deux événements consécutifs ne s'étaient pas déroulés à cet instant-là, attirant toute son attention. Il distingua tout d'abord la silhouette d'un jeune homme de moins de trente ans apparaître sur le pont pour descendre jusque sur le quai mais il fut dépassé par un étrange volatile rougeoyant qui se précipita sur Roberval comme pour l'attaquer en hurlant quelque chose comme « à mort ! » (ou peut-être « amor », ça semblait plus espagnol tout de même). Par réflexe, le capitaine leva son épée pour se défendre mais cela n'empêcha le charmant perroquet de lui pincer la main avant de s'éloigner à nouveau vers son maître et se poser sur son épaule en claquant du bec, apparemment satisfait.
- Mais qu'est-ce que..., commença le corsaire étonné avant de se reprendre devant l'arrivée effective de son rival espagnol, ah c'est toi que je voulais voir, tes hommes ont été insultants, j'exige réparation.
Le perroquet ponctua ces paroles d'un « pendu » du plus bel effet ce qui prouva par la même occasion qu'il parlait bien français ce qui n'était pas la moindre des surprises compte tenu du fait que le marin en face de lui semblait bien nonchalant. Mais Arthur n'avait pas l'intention de s'en lancer compter.
- Sors ton épée, vil Espagnol ! As-tu déjà dansé avec le diable au clair de lune ? Lança-t-il en faisant allusion à l'astre nocturne qui venait d'apparaître alors que les derniers rayons du soleil disparaissaient derrière la ligne d'horizon formée par l'océan, et bien tu vas voir cela par toi-même.
En moins de temps qu'il ne fallut pour le dire – après tout, Arthur avait dix-huit ans de pratique derrière lui –, le corsaire avait lancé une première attaque, presque par surprise, que son adversaire réussit à parer de justesse. Ils ferraillèrent quelques secondes ainsi alors que les passants s'éloignaient par prudence, sous les encouragements de leurs hommes jusqu'à ce que le capitaine au perroquet ne lance un mot qui n'avait rien d'espagnol. Arthur s'interrompit, bloquant les lames :
- Attends... Tu n'es pas Espagnol ? Tu es Italien ?

Voilà qui changeait tout dans l'esprit – un peu embrumé – du corsaire qui n'avait de toute façon plus vraiment envie de se battre un soir tel que celui-ci. Il avait vaguement défendu leur honneur mais il se trouvait que son adversaire était en réalité un ami et avec les amis, il valait mieux festoyer ! Roberval baissa son arme et avec un grand sourire, se présenta à l'Italien :
- Je suis le capitaine Roberval, je suis Français... Il est inutile de nous combattre pour des paroles aussi ridicules... Nous avons du rhum dans les cales de notre navire, venez donc tous boire pour fêter notre réconciliation ! Je suis sûr qu'on peut trouver un jeu de cartes... Allez personne ne peut résister à un peu de rhum !
Et voilà comment un corsaire français fit la connaissance d'un capitaine Italien passé au service des Espagnols après maintes mésaventures. Cette nuit promettait d'être grandiose, Arthur n'imaginait pas encore à quel point. Et ce furent donc aux cris stridents de « A mort ! » que les deux équipages montèrent sur l'Orientale pour des heures et des heures de beuverie !
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[Bahamas, 1662] Quand un corsaire français fait la rencontre d'un capitaine italien... Et de son perroquet ! Tumblr_mcaws7T3Yk1qllzqwo6_500

« Il y a trois sortes d'êtres : les vivants, les morts et les marins. »

Quelques jours plus tôt, au Pérou …

« Mon bébé ! Mio bambino nous attend ! Suivez moi ! »

C'était un jeune homme, d'une belle stature, à la barbe bien affirmée et les habits sales qui couraient vers un navire de ligne sur le port de Trujillo, gesticulant comme un grand enfant, alors que deux personnes derrière lui tentaient de le suivre. Il faut dire qu'après plusieurs semaines à se cacher dans la forêt et à parcourir la vice-royauté du Pérou pour s'échapper, le capitaine Sforza était bien heureux de revoir son navire et, malgré tout, quitter l'endroit, même s'il vous dira qu'il s'était follement amusé. Le dernier homme s'appelait Diego, un métis indigène, et les avait guidés dans leur fuite, mais lui restait ici, il fut grassement remercié par Sandro tout souriant, bien que pouilleux. Il était temps de quitter le Pérou, le bateau ne pouvait pas rester longtemps sans passer inaperçu. Et voici qu'El Dragon Volador partait vers de nouveaux horizons ! Sur le pont, Alessandro observait la cote, les montagnes au loin et cette végétation luxuriante dans laquelle il avait vécu, voyant cela comme une aventure, alors que c'était tout bonnement une fuite ! Quand le chef de l'Inquisition avait décidé de faire la vie de l'ex-vice-roi un enfer - au sens propre comme au figuré - il avait fallu fuir, même si Sandro avait connu un temps les geôles de la Casa de la Inquisicion où il n'avait pas fait le malin. Mais cette évasion et cette course vers la végétation lui fit retrouver sa bonhommie, davantage lorsqu'il avait fait la connaissance de peuples autochtones, dont les Quichua, où il s'était senti dans son élément, lui cet aventurier dans l'âme, à la recherche de nouvelles sensations, il aimait toujours s'immerger dans de nouvelles cultures, de nouvelles personnes et, comme souvent, de nouvelles amours. Il se serait écouté, Sandro serait bien resté et aurait bien voulu épouser la demoiselle qu'on lui proposait. Une de plus, après tout ... Mais la réalité le rattrapait et il fallut bien fuir, retrouver ses responsabilités. Il n'était pas libre, sous le joug de la Couronne espagnole, et il devait d'ailleurs retourner à Madrid, pour raconter son expérience de vice-roi intérimaire, au roi Philippe IV. Et on ne faisait pas attendre son roi, même quand on était le capitaine Sforza. Il était temps de retourner sur le vieux continent, sans omettre de passer par la mer des Caraïbes pour le ravitaillement, comme toujours.

Épuisé par ses mésaventures, l'équipage ne vit que très peu Alessandro, avachi sur son lit à dormir la plupart du temps, mais pas que. Son sevrage forcé en prison l'avait rendu en parti fou (oui, plus qu'il ne l'était actuellement) et s'il avait pu tester de nouvelles choses chez les autochtones, le reste de son parcours dut se faire sobre. Tous les jours. Une grande difficulté pour le jeune homme, ce fut sans doute le plus grand obstacle de cette fuite. Alors quand il ne dormait pas, il prenait du bon temps, un peu de détente. De la fumette en somme, et ses feuilles de coca qu'il mâchait. Ce n'est que quatre jours plus tard qu'on le vit ressortir, la barbe taillé (il ne supportait pas le rasoir), fringant et propre ! L'air de la mer était peut être sa plus grande drogue, ce besoin de voyager et de vivre entouré d'eau, de ces destinations exotiques qu'il n'avait jamais imaginé voir de ses propres yeux plus de dix ans auparavant.

« Bachir, où allons nous déjà ?
A Cuba, capitaine, pour le ravitaillement, mais les nouvelles sont mauvaises. On parle de soulèvements, de dangers. Peut être pourrions nous mettre le cap ailleurs ?
Où as tu pensé ? Il laissait Bachir faire, ce grand garçon savait mener un bateau depuis le temps.
La Nouvelle Providence, capitaine.
Bien ! Lança t'il joyeux en tapant dans ses mains. Des malfrats et des gens de mauvaise vie partout autour de soi, cela changera des chrétiens inquisiteurs ! »

A ce moment-là, quelqu'un hurla "A mort !" d'une voix stridente. C'était un magnifique perroquet aux plumes à dominance rouge qui volait à travers le pont et se posa sur l'épaule du capitaine qui flatta l'animal en lui grattant la tête, ce qu'il semblait apprécier.

« N'arrivera t'il donc jamais à dire autre chose ?
Pas faute d'avoir essayé ! En français, en espagnol, en italien ou même en arabe, Néron ne sait dire que deux mots. Mais je ne désespère pas ! » s'en amusa le capitaine en rian.

La Nouvelle Providence n'avait de providentielle que de nom, c'était une île où corsaires et pirates passaient leur temps, y faisaient leur trafic et revendait leur butin, ou du moins le dépensait en filles et en rhum ! Autant dire que les plus riches de l'île étaient des tenanciers et les mères maquerelles ! Ce n'était pas forcément là qu'on pouvait faire un chargement à bas prix, tout devait se négocier pour payer le moins possible (mais toujours plus qu'ailleurs). Sandro, quant à lui, faisait son marché pour faire ses propres provisions. Il ne savait pas quand il retournerait en ces eaux caribéennes, sa prochaine mission pourrait bien être de retourner en Afrique, ou en Méditerranée, il fallait se montrer prévoyant. Puis, alors que Bachir et un de ses hommes se jouaient grands négociants, il se retira pour se reposer, et tout de même envoyer une lettre à Madrid comme quoi, après quelques problèmes, il avait dû différer son départ mais qu'il serait à la Cour dans trois semaines, tout en fumant tranquillement, et pas que du tabac. Il finissait de signer quand Bachir ouvrit la porte, l'air gêné, à savoir comment annoncer à son capitaine que la situation ne sentait pas bon, encore une fois.

« Capitaine …
Mais pourquoi hurlent-ils comme des singes ? Ont ils vu des cacahuètes ? demanda Sandro, agacé.
Non capitaine, des français.
Quoi les français ? demanda t'il en arquant un sourcil, ne comprenant pas tout.
Ils ont vu des français, sur le bateau voisin du notre. Et le capitaine veut vous voir.
De quoi a t'il l'air ? questionna Sandro, peu impressionné.
Peu aimable, comme un français. Et imposant. Ça, je ne sais pas si c'est français. »

Il se leva de son bureau de fortune et sortit de sa cabine, Bachir derrière lui et Néron s'envolant sur le pont, ravi de prendre l'air vu les cris qu'il poussait. Comme toujours, l'animal avait ses têtes de turcs, et si parfois l'équipage en faisait les frais, il décida de s'en prendre aux français, fonça vers l'homme imposant pour lui pincer la main, et alla se poser à nouveau sur l'épaule de son maître, faisant contraster le noir des cheveux de Sandro, la blancheur de sa chemise et le plumage rouge vif de l'oiseau. Le capitaine arriva sur le quai, se demandant ce qu'on lui voulait, pas que du bien vu l'épée sortie du français.

« Ah c'est toi que je voulais voir, tes hommes ont été insultants, j'exige réparation. menaça le français, peu aimable en effet.
Je ne répare pas les honneurs bafoués, se moqua t'il alors que Néron hurla à nouveau, je ne suis pas assez manuel pour cela.
Sors ton épée, vil Espagnol ! As-tu déjà dansé avec le diable au clair de lune ? Et bien tu vas voir cela par toi-même.
Diable contre diable alors, répliqua Sandro en sortant son épée de son fourreau.

S'il n'était pas du genre à chercher querelle et dégainer son épée, il n'allait pas se laisser embrocher comme un pourceau un soir de Saint Jean pour le plaisir d'un français en mal de fait d'arme ! Mais l'homme face à lui, bien qu'il sente l'alcool, le rhum particulièrement, était sans aucun doute plus fin limier que lui. S'il n'avait pas la technique, Sforza avait l'agilité et s'en servait pour parer les coups, et même tenter d'attaquer son adversaire. Et autour d'eux, volait Néron, tel un arbitre à hurler ses insultes habituelles, mais volait trop près des lames.

« Spostati, uccello di sfortuna! » hurla t'il dans sa langue maternelle, l'italien.

Était-ce l'effet de surprise ou qu'il ait peut être hurlé un peu fort, le français bloqua leurs lames et observa Sandro quelques instants, ne comprenant pas tout.

« Attends... Tu n'es pas Espagnol ? Tu es Italien ?
Parce que tu ne tues que les espagnols ? Alors oui, je suis italien, expliqua Sforza, ne suivant pas la logique de ce faux ennemi.

Si l'on voulait pinailler, il était espagnol puisque Philippe IV l'avait naturalisé, et le duché de Milan appartenait aux Habsbourg d'espagnol, mais il venait d'une grande famille d'italiens, les Sforza et, jusqu'à aujourd'hui, les Sforza n'avaient épousé que des italien(ne)s. Puis, si cela faisait arrêter ce combat un peu stupide, ce n'était pas plus mal, ce n'était pas le moment de se blesser et de rester à quai. Alors que le français face à lui rangeait son épée, Sandro fit de même et siffla son perroquet qui revint à lui, cessant de tournoyer au-dessus d'un jeune français comme un vautour. Cet oiseau, comme son maître, n'était pas vraiment normal. Une fois ce combat fini, Sandro reprit sa bonhomie, l'atmosphère était de suite bien plus détendue.

« Je suis le capitaine Roberval, je suis Français... Il est inutile de nous combattre pour des paroles aussi ridicules...
Capitaine Alessandro Sforza, et il salua de façon théâtrale.
Nous avons du rhum dans les cales de notre navire, venez donc tous boire pour fêter notre réconciliation ! Je suis sûr qu'on peut trouver un jeu de cartes... Allez personne ne peut résister à un peu de rhum
Oh si c'est un peu, je ne vais pas dire non alors ! Puis il se tourna vers Bachir, va me chercher le jeu de cartes de Ramirez et rejoins nous sur le navire. Il avait un petit sourire en avançant avec Roberval, il a un jeu de cartes à l'effigie des empereurs du Saint-Empire, un vrai musée des horreurs tu verras ! »

Et voici comment Alessandro monta sur l'Orientale, un navire naviguant sous pavillon français, et que ses hommes, prêts à en découdre avec l'équipage français, se faisait tout à coup plus amical. L'alcool rapprochait les nations, et le rhum rapprochait les marins, c'était infaillible en règle générale ! Néron repérait les lieux en hurlant "A mort !" comme à son habitude et puis tournoyait autour de Roberval.

« Il t'aime bien, moi aussi il m'a mordu quand je l'ai acheté, ça doit être sa façon de saluer. Je l'ai eu à un français qui voulait s'en débarrasser, à Manille, je ne comprends pas pourquoi, mais il ne sait dire que deux mots qu'il alterne, mais ça distrait en mer » expliqua Sandro alors qu'il sortit un biscuit qu'il tendit à l'oiseau, celui-ci le saisit et s'en vola un peu plus loin.

Le navire était plus petit que celui de l'Armada, mais l'Espagne a toujours eu la folie des grandeurs dans ces cas-là, et il était difficile de rivaliser avec un navire de ligne, surtout quand on était à son propre compte, on ne vous offrait pas le bateau avec la vocation, ce serait trop beau.

« Au vu du bateau, je dirais que t'es à ton compte, j'ose espérer que la France a quand même de plus grands bateaux si elle veut prétendre rivaliser avec ses ennemis. C'est un comme ceci que j'aurais aimé avoir si j'étais libre, commenta Sandro comme si on lui faisait visiter un château, mais pas d'argent, pas de bateau, et pas de bateau, pas d'aventures ! »

C'est alors que la caisse de rhum fut remontée des cales et de grands cris de joie se firent entendre lorsqu'elle fut ouverte, les hommes qui ne se connaissaient pas ne faisaient finalement qu'une seule bande face à l'alcool qui allait couler à flot dans la joie et la bonne humeur. Passant entre les fêtards Bachir arriva jusqu'au duo de capitaines, les cartes en main, et repartit sans demander son reste, se faufilant encore une fois entre les marins. Il n'avait pas grand-chose à faire sur le bateau vu qu'il ne buvait pas, même si son comportement pouvait paraître étonnant aux yeux des gens qui ne le connaissaient pas.

« Les musulmans ne savent pas s'amuser », lâcha Sandro en haussant les épaules.

Il avait vécu avec cette religion pendant  plusieurs années et ne s'en était jamais plaint. Il en avait  gardé quelques habitudes et il est vrai que Sforza buvait peu, surtout par politesse, ou alors avait comme pêché mignon de mélanger l'alcool avec son thé, drôle d'habitude pourrait-on dire, mais le jeune capitaine n'avait rien de conventionnel avec sa boucle d'oreille, son regard un peu illuminé et son style hybride avec son pantalon bouffant rouge. Puis il tendit les cartes à Arthur, avec un petit air de défi :

« Ton jeu sera le mien. Il n'y a que les vrais marins qui savent jouer aux cartes, prouvons le ! »

Il ne pensait pas qu'une partie de cartes serait aussi improbable. En même temps, mettre ces deux marins ensemble, cela était tout de même une grande part de risque !

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