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| [INTRIGUE] Charivari, avril 1667 | |
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Auteur | Message |
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Benoît de Courtenvaux
« s i . v e r s a i l l e s »Côté Coeur: Une fois offert et mis à lambeaux, il est pour l'heure tout entier à son roi.Côté Lit: Je n'y tiens pas une collection ! Mais il n'est pas glacé non plus.Discours royal:
ϟ La Main au collet ϟ
► Âge : 32 ans et des poussiè... (Non pas ce mot maudit)
► Titre : Marquis de Courtenvaux, Magistrat parlementaire et avocat
► Missives : 371
► Date d'inscription : 10/04/2012
| Sujet: Re: [INTRIGUE] Charivari, avril 1667 14.08.13 15:24 | |
| A une certaine distance d'elle, Benoît continuait à surveiller Sophie Atlan. Le marquis faisait peut-être fausse route, sa cousine par alliance semblait avoir toute confiance en la donzelle, mais lui l'avait vue bien trop de fois prêcher ses idées révolutionnaires au cours de ses missions. Des idées qui pouvaient être très dangereuses, il était peut-être temps de donner une leçon à cette lectrice qui osait s'élever un peu trop contre Louis XIV et son pouvoir tenu de Dieu. Evitant de raser les murs pour se rendre trop suspect il s'arrêtait parfois dès qu'elle tournait la tête dans sa direction, à certains étalages pour acheter fruits ou légumes, ou encore panier en osier dont il n'aurait jamais l'utilité. Il les offrait aux nécessiteux dès qu'il en croisait.
Soudain la filature tourna court par la force des choses, puisque Sophie s'arrêta dans une taverne pour y prendre une bière. Le souvenir de Megan trempant ses lèvres dans ce genre de broc dégoûtant, et crachant le breuvage doré comme une véritable souillon lui fit avoir un frisson dans le dos. Il faut dire que l'établissement n'était pas vraiment l'endroit rêvé pour ce raffiné notoire. Pourtant, il ne pouvait rester ainsi immobile dans la rue, aussi il s'approcha comme s'il avait été un client et en pénétrant à l'intérieur, il avisa une porte sur le côté. En se mettant derrière celle-ci par le trou de la serrure, il était presque certain qu'il pourrait tout voir de ses faits et gestes. L'angle était bon. Il s'avança alors vers le propriétaire.
- Holà l'aubergiste, c'est bien ta cave qui est là ? - Si fait monsieur. - Figure toi qu'aujourd'hui j'ai soif, très soif et je ne me contenterai pas d'une bouteille, je t'offre deux louis pour descendre à ta cave.
Piochant dans les poches de son habit hindou deux pièces d'or, il les lança sur le comptoir du tenancier. Celui-ci lui fit alors plusieurs courbettes.
- Monseigneur, le vin de ma maison est à vous. Venez, je vous ouvre.
Guettant toujours Sophie, le tavernier fit tourner sa clef et lui céda le passage. Benoît descendit les marches de la cave déjà titubant, et attrapa un verre pour se diriger vers les tonneaux. Mais dès que son interlocuteur tourna les talons pour servir les clients, il remonta les escaliers et colla son œil à la serrure. En effet, il la voyait merveilleusement bien et il l'entendait aussi. Lorsqu'elle se mit à chanter cet air bien connu, Benoît ne put s'empêcher de grimacer. La donzelle se mettait dans de bien vilains draps. Le charivari n'était pas seulement la fête du premier avril pour le peuple de Paris. Celui-ci ne voulait plus songer à ses morts et surtout à cette guerre, on anesthésiait la douleur de chacun par un oubli de vingt quatre heures, un oubli dans l'ivresse ! Sophie par cette chanson rappelait leurs mauvais ou même peut-être leurs pires souvenirs, et les combats avec les anglais. Peut-être ces hommes qui commençaient à l'entourer dangereusement avaient-ils même été sur le front ? Il était périlleux de provoquer des gens ivres.
- Quoi ? Elle ne vous plait pas ma chanson ?
Il ne fallut pas longtemps à la jeune fille pour comprendre qu'en effet, le chant n'était pas du goût des clients. L'un l'avait ceinturée mais elle s'était dégagée de son emprise, pourtant la proximité des passants n'allait sans doute pas leur faire peur. Elle était seule ... Enfin presque, n'était-il pas là lui ? Oui mais n'était-il pas tenu à la plus stricte inaction par son médecin ? Il lui obéissait peu c'est vrai, si le lendemain il avait dû se rendre à un duel il l'aurait fait, s'il avait dû tuer un ennemi du roi, il l'aurait fait, mais se battre un jour de fête contre une bande d'ivrognes crasseux, il n'y tenait guère. Alors il fit plutôt appel à leur point faible avant que leur rage ne fasse trop de dégâts, les insultes commençant à pleuvoir sur Sophie. Ouvrant la porte joyeusement, il s'avança vers eux son gobelet à la main. Tapant presque amicalement le dos d'un d'entre eux, il trinqua en faisant tinter son verre contre le sien.
- Hé les amis pourquoi se contenter de la terrasse quand la cave est là. Aubergiste, je paie la tournée à tout le monde. En plus, il y a du jambon dont vous me direz des nouvelles en bas. Allons y ! La joie de vivre et le jambon, y'a pas trente-six recettes du bonheur !
Face à l'appel de l'alcool ils ne résistèrent pas, abandonnant là Sophie sur cette terrasse improvisée. Lui en revanche, n'était pas prêt du tout à la laisser partir, il fallait lui donner une petite leçon, peut-être que la prochaine fois, elle serait moins culottée et y réfléchirait à deux fois ! A grand pas, il la rejoint et saisit avec force les poignets de Sophie. Grâce à son nœud coulant dans sa ceinture - qui ne lui servait pas qu'à étrangler -il lui noua les poignets avant de l'attacher à la porte. A moins de s'enfuir avec la porte, la donzelle ne pouvait rien faire.
- C'est le jeu ma pauv'Lucette ! Vous avez joué, vous avez perdu. Ça c'est pour m'assurer que vous filerez pas en douce, désolé d'être si goujat ! Je m'occupe de ceux là et je vous ramène à votre patronne ! |
| | | Jean de Baignes
Quid Coeptas?
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► Titre : Aumônier de la reine et exorciste
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► Date d'inscription : 16/04/2012
| Sujet: Re: [INTRIGUE] Charivari, avril 1667 05.09.13 18:13 | |
| -Monseigneur ! Monseigneur !-« Mon père », ça suffira….qu’y-a-t’il encore, Vaulry ? Jean de Baigne releva la tête de son bureau, le regard las. Ce valet n’était pas un mauvais bougre, mais sans même parler, il provoquait un immense sentiment de lassitude que seule sa vocation lui faisait pardonner. -Je crois que vous devriez remettre votre retour à Versailles, répondit en rougissant le valet face au regard résigné de l’aumônier. Nous sommes le 1er avril…-Je ne vois pas le rapport, Vaulry, soupira Jean en replongeant dans la missive que lui avait fait parvenir le père Rotrou. D’ailleurs, vous avez un poisson pourri dans le dos ? -Non pourquoi ? -Pour rien. Bon. Pourquoi remettre mon escapade ? Je ne vois pas en quoi quelques festivités gêneraient la traversée de Paris ! Je prendrais un chemin plus calme, voilà tout. Jean, en se levant pour ranger ses lettres et passer une cape de voyage, ne pouvait imaginer combien il se mordrait les doigts d’avoir si peu cru en la parole de son valet, si peu dégrossi soit-il. Les fêtes de rue n’étaient pas dans son programme depuis son adolescence, rien ne pouvait le pousser à en rejoindre une ! -Au lieu de m’ennuyer avec ces considérations païennes, Vaulry, file plutôt prévenir le cocher que je suis prêt. -Êtes-vous sûr, monseigneur ? Le gamin plongea dans un baquet d’eau glacé lorsque Jean le dévisagea sans un mot et sans attendre son reste, dévala l’escalier de la maison pour prévenir le cocher. -Nous passerons par la rue Saint-Marc, mais vous savez, avec ce charivari, je ne sais pas si nous pourrons aller bien loin !-Faites au mieux, je ne suis pas pressé, la reine attendra, lança Jean au cocher avant de se renfoncer dans le siège du cabriolet. Un charivari ! En plein Paris ! Décidément, la Reynie devrait œuvrer deux fois plus pour nettoyer la ville de cette racaille païenne…Un charivari alors que Pâques avait à peine sonné, n’avait-on pas idée ! Que faisaient donc ces gens de leur foi, eux qui pourtant étaient les premiers à fréquenter les églises ! Sombre, Jean avait décidé de fermer le rideau pour ne pas avoir à subir ce spectacle renonçant à toutes les règles religieuses, mais les musiques, les rires et les chants lui parvenaient néanmoins, le forçant à refermer son bréviaire qu’il avait essayé de lire. La petite voiture s’arrêta soudainement, et une clameur monta, s’amplifia, faisant sursauter l’aumônier. -Que se passe-t-il, cria-t-il vers le cocher, dans la mêlées des cris et des rires ? -Des paysans, mon père ! Enfin…des gens déguisés en paysans ! -Ah, mais la condition paysanne, j’me la taille en biseau, voyez ! Faites au mieux, c’est un enfer ici ! -J’fais c’que j’peux, mon père, cria le cocher, malheureux gaffeur qui n’avait réalisé que vingt pais d’oreilles s’étaient dressées vers lui. Exaspéré, Jean tira le rideau pour voir l’état de la situation. Impossible de continuer à pieds, pas dans cette fête ! Il passa la tête par la portière, tentant de cacher son habit sous sa cape, mais c’était sans compter sur un satyre de mauvais augure qu’il avait eu la malchance de croiser de nombreuses fois dans les couloirs versaillais. La dernière personne par qui il aurait souhaité être reconnu. Etait-ce d’ailleurs vraiment un costume bavarois qu’elle portait ? -Oh un abbé ! Le cri avait été lancé dans un moment de relatif calme, et ce ne fut plus vingt, mais cent ou deux cent pairs d’yeux et d’oreilles qui se tournèrent vers le pauvre abbé renfoncé dans l’habitacle de la voiture. Il entendit soudainement des pas sur le siège du cocher, les cris de protestations de celui-ci et se signant par instinct, recula jusqu’au fond de l’habitacle…oubliant la seconde porte qui fut bien rapidement ouverte. Un flot bariolé s’engouffra, le tirant, le sortant, le poussant hors de la voiture pour l’amener au cœur de la fête maudite. On lui ôta sa cape qu’on lança dans la foule et des clameurs s’élevèrent. -Je suis attendu, tenta douloureusement Jean sans entendre sa propre voi x….rendez-moi ma…..s’il vous plaît….je….-ON A UN CURE, lança-t-on alors dans la foule, cri bientôt suivi d’une immense clameur générale, alors que Jean, tel un pantin, se faisait embarquer dans le charivari. -Ah ! Ils veulent nous imposer leur triste mine, vite vite Arlequin ! Ta cape !-La seule religion ce soir est celle de la fête des fous, du plus grand charivari parisien ! Halte au te Deum, vous verrez ce soir la plus belle procession du tout Paris ! Passez-vous l’abbé !Jean se fit tirailler de tous côtés, alors qu’on lui attachait une cape bariolée sur le dos, qu’on lui arrachait son col blanc, ignorant ses cris de protestations. Il cru même sentir qu’on lui collait un poisson dans le dos, lorsqu’il entendit les rires de la foule en délire. -Eh vous savez quoi, lança une voix plus forte que les autres, imposant soudainement le silence à ceux qui l'entouraient. On va marier l'curé!Une immense clameur monta de tous côtés et aux curieux qui se demandaient de quoi il en retournait, on fit bien vite passer le message. -Apportez une mariée, une estrade et un prince des fous! On va marier l'curé!Dans les rires et les chants des parisiens, Jean se senti embarqué loin de la voiture, loin des habitations décentes et de tout ce qui pouvait encore à peu près le sortir de là....! - Spoiler:
Voilà Haydée :green:Et pour tes descriptions: Jean n'est jamais habillé en moine, hein, il est en simple ecclésiastique
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| | | Invité
Invité
| Sujet: Re: [INTRIGUE] Charivari, avril 1667 13.09.13 0:55 | |
| Le carrosse s'enfonçait avec difficulté dans les rues parisiennes, les roues sans cesse arrêtées par des groupes de gueux qui fêtaient on ne savait trop quelle célébration de leur crue à grand renfort de déguisements – bien moins raffinés que ceux de la fête d'anniversaire de l'ambassadeur Contarini... C'était dire qu'il y avait du niveau ! – et d'alcool qui coulait à flots dans un brouhaha qui aurait pu donner la migraine à n'importe qui. Ou pas totalement n'importe qui d'ailleurs puisque ce fut le visage de Gabrielle de Longueville qui se pencha à la petite fenêtre de son véhicule après un énième arrêt à cause d'un encombrement, malgré les ordres donnés au cocher de ne pas hésiter à rouler sur le petit peuple au besoin (qui était trop nombreux apparemment, à un point que c'en était effrayant). La jeune femme eut une moue méprisante en penchant sa tête sur les quelques personnes qui passèrent sur les flancs de sa voiture, lesquelles éructaient des phrases sans nul sens et avaient des manières si grossières qu'à côté la fameuse fête d'anniversaire de Contarini passait pour policée et raffinée. Non sans leur avoir jeté un dernier regard dédaigneux, la nouvelle duchesse de Valois recula sur son siège et poussa un soupir exaspéré. Difficile de croire que c'était dans l'esprit (bien tordu) de cette noble dame-là que se formait l'idée de provoquer un soulèvement populaire pour tenter de faire vaciller le trône de l'usurpateur qui mettait sa vie en danger loin, sur le front lorrain mais pourtant, à la pensée des bonnes nouvelles apportées par sa chère Perrine après la rencontre de cette dernière avec un véritable gueux qui avait l'étoffe de prendre la tête de cette révolte, un léger sourire s'esquissa sur les lèvres de Gabrielle de Longueville alors que son visage regagnait l'ombre propice à dissimuler ses traits. Le carrosse s'ébranla à nouveau et gagna même un peu de vitesse quand le gros de la foule fut passée, trop occupée à rejoindre l'une des places de la capitale où ils étaient bien capables de procéder à une quelconque diablerie (impliquant d'ailleurs un abbé et une Siamoise en fuite mais cela Gabrielle préférait l'ignorer), se rapprochant de plus en plus de sa destination finale, à savoir l'hôtel des Longueville où Gabrielle s'était installée le temps que son époux ne revienne de guerre, profitant de sa réconciliation – et de l'absence momentanée – de son frère, pouvant ainsi toujours veiller sur l'encombrante petite fille qu'elle avait enlevé à Amy of Leeds et dont elle attendait le moment approprié pour se servir d'elle. Mais la jeune femme, à quelques rues des Tuileries, frappa un coup derrière elle pour que le cocher s'arrête à nouveau. Son regard croisa un instant celui qui se trouvait en face d'elle mais l'éclat métallique des pupilles de son garde du corps, Ulrich de Sola, ne reflétaient qu'ennui et indifférence à ce qui pouvait bien se passer autour de lui. Quiconque d'autre que Gabrielle aurait pu en être effrayé mais la duchesse de Valois avait le cœur assez froid pour ne pas se laisser impressionner par la haute stature du Danois et sa réserve, faisant d'autant plus confiance à sa méthode et à sa précision. Néanmoins, elle se détourna vers la jeune fille brune installée à ses côtés et lui adressa un large sourire qui n'avait rien de sympathique même si elle était réellement attachée à Adélaïde de Vogüé qu'elle avait elle-même fait rentrer dans l'organisation d'Hector. - C'est désormais à vous de jouer, Adélaïde, lui fit-elle d'un ton léger comme si elle lui avait demandé de relancer les dés lors d'une partie à la table de la reine à Versailles, nous comptons sur vous pour nous apporter les informations que nous désirons. Vous pouvez sortir sans risque ici et vous fondre dans la foule sans aucun problème.Elle s'interrompit un instant alors que passaient quelques gueux non loin du carrosse comme le prouvaient les voix qui résonnaient dans l'habitacle. Quand elle s'adressa à nouveau à la demoiselle, ce fut d'un ton plus pressant et plus grave dont l'éclat d'excitation était facilement perceptible : - Il faut absolument que vous preniez le pouls des Parisiens, que pensent-ils du roi et de cette guerre qui les affame et envoie des jeunes gens se faire tuer pour des intérêts qu'ils ne comprennent pas ? N'hésitez pas à leur sortir des petits discours de ce type pour voir s'ils réagissent.La duchesse se pencha vers Adélaïde pour ajouter avec un sourire torve : - Et surtout, dites-moi s'ils seraient prêts à prendre les armes pour soutenir leurs revendications. Avez-vous des questions ?Satisfaite de la réponse apportée par sa protégée, elle fit un petit geste en direction d'Ulrich de Sola qui se pencha et ouvrit la porte du carrosse pour que la demoiselle de Vogüé puisse se glisser dehors. - Je vous attendrai dans mon hôtel, lui lança une dernière fois Gabrielle, je compte sur vous.Puis la porte claqua sur Adélaïde, donnant ainsi le signal du départ à la voiture. Cette dernière s'élança à nouveau, éclaboussant de boue des gueux qui passaient et qui levèrent le poing de colère sur le passage de la duchesse qui ne s'en préoccupa pas le moins du monde. En jetant un regard à l'extérieur, elle constata que le cocher avait emprunté des voies détournées pour atteindre l'hôtel de Longueville, probablement parce que le passage était bouché dans les rues les plus fréquentées, ce qui ne l'inquiéta pas outre mesure. Une moue songeuse s'était formée sur ses lèvres et sans qu'elle ne s'en rendît compte, elle posa une main sur son ventre. Il était plat mais depuis quelques jours déjà, même si seule Perrine était au courant, le doute n'était plus permis, elle attendait un enfant. Elle se mordit la lèvre à la pensée du regret qui s'était formé dans son cœur quand elle songeait qu'elle aurait aimé porter celui d'un tout autre homme, homme avec lequel elle avait rompu tout lien voilà des mois, surtout que c'est ce sentiment d'exultation et de joie malsaine qui aurait dû dominer, celui de savoir qu'elle allait donner un héritier au véritable roi de France et qu'elle avait en son sein le sang des Valois. Il ne lui faudrait pas tarder à l'annoncer à Hector qui ne manquerait pas d'en être heureux et de mettre au point sa stratégie pour se débarrasser de l'usurpateur, car Gabrielle qui le connaissait bien n'imaginait pas un seul instant qu'il n'en eut pas. Elle leva les yeux sur Ulrich devant elle pour demander d'un ton badin, afin de faire la conversation et refouler les pensées qui venaient à son esprit : - J'ai cru entendre dire que vous étiez père, baron ? Comment votre épouse vous l'a-t-elle annoncé ?Elle allait lui expliquer que ce problème se posait à elle-même quand le carrosse s'arrêta de nouveau brutalement dans une ruelle peu large où on entendait des chants avinés. - Oh, pourquoi est-ce que ce maudit cocher stoppe-t-il encore ? Demanda Gabrielle d'un ton exaspéré, en levant les yeux au ciel, tout en s'apprêtant à se pencher par la fenêtre pour aller expliquer sa façon de penser au laquais. Elle était loin de se douter qu'elle mettait là sa vie – et celle de son enfant – en danger. - Spoiler:
Non, je ne me suis pas plantée de topic
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| | | Invité
Invité
| Sujet: Re: [INTRIGUE] Charivari, avril 1667 18.09.13 18:52 | |
| Ce soir-là, il n’était pas question pour Adélaïde de Vogüé, comme toute jeune fille famille vivant à Paris, de demeurer bien tranquillement assise au coin du feu, à lire l’ Astrée d’Urfé ou à broder quelque mouchoir inutile, en regardant par la fenêtre, de temps à autre, le charivari, dans la ville, qui tireraient de n’importe quelle douce colombe des airs horrifiés. Non. Fi de Melchior, de Benoît son presque fiancé et des principes de sa douce mère! Ce soir-là, mademoiselle de Vogüé, ou plus précisément Céline Robillard, lingère au Palais-Royal, allait en être une actrice. Préparant comme d’habitude bien soigneusement son rôle, elle avait alterné perruques, faux nez, fards, la mouche à la « coquette » juste au-dessus de sa bouche, ainsi qu’un costume de gitana pour bien entrer dans le charivari. Imitant les airs de Lucie Frot, comédienne chez Molière et spécialiste dans les malicieuses soubrettes, la blonde et angélique Adélaïde méritait bien l’épithète de « morena » des Espagnols, avec sa peau brunie et ses cheveux noirs et bouclés. Fin prête, elle descendit l’escalier menant à sa chambre, comme à son habitude le plus discrètement possible, histoire de ne pas éveiller les soupçons de domestiques importuns. La jeune fille allait ouvrir une porte dont on ne se servait plus guère pour sortir au dehors quand une voix l’arrêta : - Où croyez-vous donc aller, mademoiselle?Le coeur d’Adélaïde faillit arrêter de battre. Elle ne laissa cependant pas voir son trouble, et, le plus calmement du monde, elle se tourna en direction de la voix. En voyant le visage malicieux de la vieille marquise d’Ambres, elle eut l’impression de fondre de soulagement. Elle esquissa même un sourire pour sa maîtresse, qui, de ses mains ridées mais en aucune façon tremblotantes, lui tendaient deux flacons. - Voilà deux petites substances qui vous seront bien utiles. Pour le flacon vert, il suffit de verser quelques gouttes dans le dos de la personne pour qu’elle ait des démangeaisons insupportables. Et, pour le flacon bleu, quelques gouttes dans n’importe quel breuvage ou nourriture les plongera dans un profond sommeil et leur fera oublier tout ce qu’ils auront vu la veille.Sans mot dire, son sourire parlant pour elle, Adélaïde se saisit des flacons, pendant que, presque aussitôt, Mme d’Ambres s’enfonçait dans l’ombre. Comment avait-elle su que… Parfois, la demoiselle se demandait si la vieille dame n’était pas un peu comme les sorcières dont elle avait tant entendu parler dans les contes… Une sorcière à l’apparence bien inoffensive, mais Dieu savait qu’il valait mieux l’avoir de son côté, à tout prix! Et encore Dieu merci, c’était bien le cas d’Adélaïde, qui bénéficiait de ses bonnes faveurs. Mais, ne perdant plus de temps, la jeune femme ouvrit enfin la porte pour se précipiter vers le lieu de rendez-vous fixé par Gabrielle. Elle avait bien intérêt à ne pas trop la faire attendre. Adélaïde, malgré une imagination extrêmement fertile, était incapable de placer la duchesse de Valois dans le contexte du charivari, au milieu de tous ces gueux… Elle en ferait une syncope, certainement! Gabrielle avait beau être son amie, Mlle de Vogüé savait bien qu’il valait mieux ne pas trop la faire attendre. Elle passa donc tant bien que mal à travers la foule, oubliant ses préceptes de demoiselle bien élevée pour donner quelques bons coups de coude, lancer même de temps en temps quelque juron histoire de bien entrer dans son rôle et ne pas laisser échapper un « excusez-moi » trop poli pour une gitana. Lorsqu’un hurluberlu la serra un peu trop près, elle n’hésita pas à lui flanquer une bonne claque pour aussi s’esquiver, légère comme l’air, pour se faire perdre de vue dans la foule et enfin apercevoir le carrosse de Gabrielle. Elle cogna à la portière, ses mille et un bracelets revêtus pour l’occasion cliquetant en même temps. Devant le regard soupçonneux et assez peu papa-gâteau d’Ulrich de Sola, qui devait certainement jouer les gardes du corps pour l’occasion, Adélaïde eut le courage de lui adresser un sourire mutin, ce que bien des donzelles comme elle n’auraient jamais osé faire devant le regard de fer du Danois… De toute façon, c’était bien le signe qu’il ne l’avait pas reconnue! - Allons donc, il faut croire que je suis bien déguisée! Dit-elle d’une voix basse, mais où on pouvait bien la reconnaître. Je crois que vous ne ferez pas d’objection à ce que je monte, monsieur de Sola.Répondant au petit sourire que lui adressa Gabrielle lorsqu’elle entra enfin dans le carrosse, Adélaïde s’installa bien confortablement pendant que le cocher fouettait les chevaux et que, tant bien que mal à cause de la foule, il avance. Dehors, en effet, le charivari battait son plein. En voyant un curé papiste se faire prendre par les badauds et dont on menaçait de le marier, Adélaïde retint un éclat de rire assez peu convenant devant Gabrielle. Dommage, elle ne pourrait pas assister à une pareille diablerie dont Garance et elle-même en mourraient de rire derrière leurs éventails, lorsqu’Adélaïde lui en ferait le récit. Elle préféra plutôt se concentrer sur le pourquoi de sa présence : la révolte populaire que préparait la duchesse de Valois. Un bien beau projet, d’ailleurs, qui consistait à soulever le peuple de Paris contre le Roi, histoire de l’ébranler et de lui rappeler les trop mauvais souvenirs de la Fronde. Connaissant d’ailleurs le talent d’Adélaïde pour se fondre dans la populace sans même qu’on la reconnaisse, elle avait donc décidé de faire appel pour ce jour-là. Gabrielle n’en avait parlé qu’évasivement, et lui avait justement fixé rendez-vous dans le carrosse pour lui donner plus de détails. - C'est désormais à vous de jouer, Adélaïde, lui fit-elle d'un ton léger comme si elle lui avait demandé de relancer les dés lors d'une partie à la table de la reine à Versailles, nous comptons sur vous pour nous apporter les informations que nous désirons. Vous pouvez sortir sans risque ici et vous fondre dans la foule sans aucun problème.- Je saurai satisfaire tous vos désirs, madame, continua sur le même ton Adélaïde, avec le sourire malicieux d’une enfant qui s’apprête à faire une bêtise et qui en est fière. - Il faut absolument que vous preniez le pouls des Parisiens, que pensent-ils du roi et de cette guerre qui les affame et envoie des jeunes gens se faire tuer pour des intérêts qu'ils ne comprennent pas ? N'hésitez pas à leur sortir des petits discours de ce type pour voir s'ils réagissent.Le ton de Gabrielle était devenu plus grave, plus pressant, et son excitation, bien que moins visible que celle d’Adélaïde, devait certainement être aussi grande sinon plus, tant elle était palpable. Avec un sourire menaçant qui n’intimida pas le moins du monde la demoiselle de Vogüé, elle ajouta enfin : - Et surtout, dites-moi s'ils seraient prêts à prendre les armes pour soutenir leurs revendications. Avez-vous des questions ?- Pas du tout. Ce sera facile, lança Adélaïde avec un air de défi. Satisfaite de la réponse apportée par sa protégée, Gabrielle fit un petit geste en direction d'Ulrich de Sola qui se pencha et ouvrit la porte du carrosse pour qu’Adélaïde puisse se glisser dehors. - Je vous attendrai dans mon hôtel, lui lança une dernière fois Mme de Valois, je compte sur vous.Puis la porte claqua sur Adélaïde, donnant ainsi le signal du départ à la voiture, la laissant là, dans la jungle qu’était Paris en ce charivari… Bien que la demoiselle, que nous appellerons désormais Céline, n’était pas effrayée le moins du monde. Résistant à l’envie d’aller voir le mariage du curé, elle se fraya un passage dans la foule, criant à qui mieux-mieux pour passer inaperçue, malgré l’étrangeté d’un tel moyen. La nuit promettait en rebondissements! - Spoiler:
J’ai une petite idée pour la suite, mais ce sera seulement pour plus tard… Dans l’immédiat, Adélaïde est libre, donc si vous êtes intéressés, ma boîte MP est ouverte!
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| | | Rose Beauregard
« s i . v e r s a i l l e s »Côté Coeur: Pas de coeur, cela ne cause des troubles de l'humeur et c'est trop fragile. Car quand on le brise, ça fait si mal, un coeur.Côté Lit: Je ne compte plus les hommes, seulement les pièces qu'il laisse une fois qu'ils ont fait leur affaire.Discours royal:
Ô la belle ÉPINE pleine de rose
► Âge : 24 ans
► Titre : Prostituée ; Princesse de Schwarzenberg (faux titre)
► Missives : 351
► Date d'inscription : 04/11/2011
| Sujet: Re: [INTRIGUE] Charivari, avril 1667 19.09.13 22:49 | |
| Rose ne s'attendait pas à croiser Grégoire, encore moins avec son fils ! Il était évident que le roi des gueux avait une envie de cumuler les mandats et d'être roi des fous, ou tout simplement de profiter de la fête comme tous les parisiens aujourd'hui. Mais de toutes les personnes de l'assistance, il avait fallu que son petit Gabriel aille vers lui. Le destin était tout de même mal fait, même si les enfants venaient facilement à Grégoire. L'histoire qu'il avait trouvé un enfant sur le pas de sa porte avait dû tourner dans Paris en une journée !
Et la vérité sort de la bouche des enfants ! S'ils accourent vers moi, c'est que je suis fréquentable. D'ailleurs je ne me plains pas, là où il y a des enfants, il y a des femmes. Tu ne perds pas le nord ! lança Rose, ironique au possible.
Elle déposa Gabriel au sol et lui tenait fermement la main pour ne pas qu'il reparte de la sorte, elle avait eu trop peur et savait qu'il y avait des gens peu fréquentables dans cette assemblée, des voleurs d'enfants. Si Grégoire n'en était pas un, cela ne voulait pas dire qu'il était fréquentable, loin de là selon la jolie prostituée ! Elle ne pouvait supporter cet homme qui se croyait un peu trop au-dessus des lois.
Merci de ton soutien ! Tu me donneras une récompense, si je gagne ? Dans tes rêves, comme d'habitude ! Répondit-elle ayant parfaitement compris l'allusion. Mais si tu veux que je gagne, ne te présente pas, tu ferais une concurrente redoutable. Ton chapeau est aussi ridicule que le mien, et tu passerais facilement pour un homme en jurant comme une charretière, comme tu as l'habitude de le faire. Ton fils t'appelle maman, ou papa ? Je te remercie des compliments, cela me touche, dit-elle en faisant semblant de minauder avant de redevenir un peu plus sérieuse, et ton enfant tombée du ciel, où est-elle ? J'espère que tu ne l'as pas échangée contre tes vêtements, de toi à moi, tu te serais fait berner.
Elle pourrait tourner les talons avec son fils, continuer ce charivari en s'amusant, mais il est vrai que Grégoire l'inspirait quant à une joute verbale, il ne baissait jamais les bras, il voulait avoir le dernier mot ... comme Rose en fait. Ils auraient pu bien s'entendre, ils se ressemblaient sur de nombreux points, mais il y avait ce je-ne-sais-quoi qui les en empêchaient, Rose vous dira que c'est le sale caractère de Grégoire et cette manie de lui faire des sous-entendus un peu graveleux qui le rendait insupportable ! Et pourtant, elle en rajouta une couche, avec un grand sourire moqueur.
C'est bien ce genre de fête, c'est que certains n'ont pas besoin de déguisement pour concourir au roi des fous. Elle le détailla des pieds à la tête avant de rire. Tes concurrents vont mordre la poussière, c'est même certain.
Elle savait qu'il allait répliquer, et elle en profitait avant que son fils ne veuille aller voir ailleurs, les enfants aimaient rarement faire du sur-place, surtout avec des conversations d'adultes. |
| | | Invité
Invité
| Sujet: Re: [INTRIGUE] Charivari, avril 1667 23.09.13 18:35 | |
| - Spoiler:
pardon pour le retard ><
Isabeau était loin d’être le genre de femme à croire aux diseuses de bonne aventure – elle était bien trop terre à terre pour cela ! Mais aujourd’hui c’était charivari, aujourd’hui on s’amusait, alors elle pouvait bien se permettre de se laisser un peu aller de se prêter au jeu. Surtout si c’était pour permettre à sa sage assistante de découvrir un peu ce qu’il se passait dans les rues de Paris quand c’était jour de fête. Isabeau affichait souvent son masque de femme d’affaires stricte et austère, mais il seyait si mal à ses vingt-quatre ans à peine qu’elle avait bien besoin de se l’arracher du visage de temps à autre ! Je vois … des problèmes, un puissant adversaire qui voudrait vous nuire, quelqu'un d'une grande volonté contre qui il faudra faire face, mais pas seule. Commença la voyante en scrutant alternativement ses cartes et Aline de ses yeux bleus. Isabeau réprima un sourire et jeta un œil à sa couturière, se demandant si elle persistait dans son scepticisme ou si elle mordait un tant soit peu à l‘hameçon. Il y a aussi un homme. Froid, ou venu du froid, arrivant de loin, pour vous. Un homme de grande volonté qui pourrait vous aider, voire plus. « Dommage que vous ne pouvez pas non plus me dire son nom, cela m'éviterait de chercher, surtout s'il n'est pas nuisible. » répliqua Aline avec un sourire amusé, ce qui ne manqua pas de provoquer la même réaction chez Isabeau. Puis la voyante se tourna vers elle, et Isabeau ne put s’empêcher de se demander pourquoi ce sourire soudain rayonnant sur le visage de leur diseuse de bonne aventure. D’ailleurs, ses traits lui étaient curieusement familiers. L’aurait-elle déjà croisée quelque part ? Quelle jolie destinée ! Isabeau, dubitative comme à son habitude, haussa un sourcil qui traduisait son état d’esprit mieux que n’importe quelle autre formulation. Une sacrée destinée, ça elle était bien d’accord, mais jolie ? Ca restait à voir ! Je vois une très grande réussite, un projet ambitieux qui portera ses fruits. Pas de voyages, les bateaux ne sont pas pour vous et les séjours en mer ne vous réussissent que peu. Interpellée par cette prédiction, Isabeau darda sur son interlocutrice un regard à la fois surpris et inquisiteur. Elle savait que personne n’avait le pouvoir de lire dans l’esprit des autres, que certains voyants étaient juste d’excellents observateurs, mais comment cette bonne femme avait-elle pu deviner qu’elle avait subi des déboires en mer ? Et bon sang de bois, où dont avait-elle pu apercevoir cette voyante auparavant ? Pourtant je vois de l'aventure, un financement d'aventure, un peu dangereux mais c'est une personne en qui vous croyez, admirez sans doute. Hum. A part Racine, elle ne voyait vraiment pas, elle ne voyait pas plus en quoi elle pourrait financer une de ses aventures. Racine ne partait pas à l’aventure ; sauf si on comptait dans le lot ses aventures amoureuses et il était hors de question qu’elle les finance. Non mais ! Finalement ce fut Aline qui la tira de ses pensées –cette femme lui était décidément familière- pour l’entraîner dehors. Une fois de retour dans la rue, Aline laissa libre cours à sa haute opinion des voyants. « J'avoue ne pas vraiment y croire même si elle se montrait convaincante. C'est l'histoire de l'agneau qui invite le loup à manger, c'est l'histoire du cochon apprenti-charcutier, c'est l'histoire du pigeon ... mais enfin bref, vous avez compris l'idée, c'est un peu un attrape-nigaud. » « Je suis bien d’accord avec vous Aline, mais avouez que c’était tout de même amusant. Qui sait, peut-être allons-nous croiser un étrange danois, ou un suédois aujourd’hui, alors vous saurez qu’il faudra lui demander de l’aide, même si c’est en prévision pour plus tard ! » sourit Isabeau, avant de s’arrêter et de se retourner vers la roulotte. « Tout de même c’est curieux. Pendant toute la séance j’ai eu la furieuse impression de connaître cette femme. Si on enlève le châle et les cheveux bruns, on aurait dit… »Isabeau s’interrompit, frappée par la pensée qui venait de lui traverser l’esprit. Sa bouche s’arrondit de surprise, et aussitôt elle courut de nouveau vers la roulotte, oubliant de vérifier qu’Aline la suivait. Non, c’était impossible ! Le cœur battant, Isabeau ouvrit d’un coup sec le rideau qui servait de porte et tomba nez à nez avec la voyante qui était seule. A cet instant précis, face à ce visage aux traits si particuliers, à ces yeux bleus rieurs qui la regardaient d’un air moqueur, elle sut qu’elle ne s’était pas trompée. « Je ne rêve pas, c’est bien toi ? » s’exclama Isabeau avec un immense sourire aux lèvres. « Mais pour l’amour du ciel, que fais-tu grimée en voyante dans cette vieille roulotte ? Tu m’as tellement manquée ! » Et elle se jeta dans ses bras. Qu’il était bon de retrouver une de ses plus vieilles amies ! « Aline, permettez-moi de vous présenter une de mes plus vieilles amies… » Elle laissa sa phrase en suspens, consciente qu’Andréa de Bellevue était peut-être là sous un faux nom. Aussi valait-il mieux lui laisser la parole… |
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| Sujet: Re: [INTRIGUE] Charivari, avril 1667 24.09.13 16:51 | |
| Qu'était-ce donc que ce folklore ? Était-ce seulement une coutume parisienne et ancestrale ou pire une coutume qui s'étendait jusqu'aux frontières de la France ? Le triste spectacle qui se déroulait sous les yeux d'Haydée n'avait strictement aucun rapport avec la grande fête du riz qui avait lieu au Siam ! Quel était cet étrange pays où on tiraillait un pauvre abbé après l'avoir fait descendre sans ménagement de sa voiture ? Dans son royaume, tout annonciateur de la voix de Bouddah était si adulé, si respecté qu'oser toucher un seul cheveu de son crâne, valait la mort du profane. Si la siamoise savait que cette punition était bien trop excessive dans son pays, si elle goûtait à ce qu'elle considérait sa liberté toute française et si elle aimait cette contrée, cette vision d'un ecclésiastique victime d'une population hilare lui déplut fortement.
Et comme il était habituel chez elle de faire savoir aux environs ce qui lui déplaisait, Haydée bouscula sans hésitation la foule, bien décidée à prendre la défense de cet inconnu qui était seul contre cent. Que feraient-ils exactement à deux contre cent ? Auraient-ils seulement plus de chance de succès ? Elle n'y avait pas pensé, elle ne s'était guère posé la question, encore une fois ses pulsions et sa spontanéité avaient pris le dessus sur elle. Jouant des coudes avec lesquels elle mettait des coups dans les ventres de certains ivrognes, elle put s'approcher de lui non sans mal. Apercevant un homme qui venait de lui accrocher une cape vulgaire autour du cou du malheureux, elle lui écrasa le pied assez férocement. Mal lui en prit, car c'est ainsi qu'elle se fit remarquer.
- Té, regardez les amis, la v'la n'tre mariée !
Haydée encore novice en langue française, eut bien du mal à saisir les mots hachés du paysan. Elle ne comprit que le mot : mariée. Ce mot qu'elle avait en horreur depuis que le roi du Siam l'avait prise pour seconde épouse. Elle crut pourtant que ce lien dit sacré la sortirait de cette impasse. Pour couvrir les clameurs, elle hurla d'une voix perçante.
- Moi suis déjà femme de quelqu'un.
Cela ne parut pas faire une différence pour les marieurs improvisés de cette journée. Ces derniers éclatèrent d'un rire gras, tandis que l'abbé était emporté un peu plus loin à l'endroit où on hissait une estrade de fortune.
- On s'en moque bien, tu f'ras bien l'affaire vas. C'est la fête, ton prince ne nous f'ra pas la guerre pour ça. Les lorrains s'en chargent déjà bien assez.
Ses compagnons rirent de nouveau très bruyamment face à ce qui était apparemment, un jeu de mot en rapport avec les événements graves qui se passaient au front.
- Apportez donc un voile et un bouquet à n'tre mariée !
A peine cet appel lancé aux alentours par le même homme, des gens partirent à la recherche des objets demandés. La jeune siamoise quant à elle, fut soulevée du sol par deux gueux qui la tenaient chacun sous une aisselle. Haydée tentait vainement de freiner leur marche dès qu'elle en avait l'occasion, mais ils étaient bien décidés et surtout bien plus forts qu'elle. Hissée aux côtés du curé sur cette estrade, elle n'eut pas l'occasion d'en sauter, les paysans la surveillant de très près. La population voulait absolument leur mariage et ils ne lâcheraient rien. Connaissant un peu la religion chrétienne grâce aux jésuites qui étaient venus prêcher au Siam, elle savait qu'il s'agissait d'une ignominie que de marier un abbé, bien qu'elle n'en sache pas la raison. Un pêché même et qu'importe que ce soit faux. Le symbole était là. Elle crut nécessaire de s'excuser auprès de l'inconnu.
- Pardon monsieur.
Et un bouquet de marguerites cueillies à la dérobée, ainsi qu'un voile taillé dans un rideau grossier lui furent mis tout à coup dans les mains et sur la tête. Un homme alors arriva, sans doute le prince des fous. C'est lui qui allait sans doute les unir dans cette mascarade. On la mit à genoux sur l'estrade et l'autre commença sa messe, avant d'en venir à la question qui fâche.
- Par les lois du carnaval, toi ma fille, acceptes tu de prendre cet homme comme époux ?
C'est alors que la foule se mit à scander à l'unisson : DIS OUI ! DIS OUI ! DIS OUI ! Un sourire naquit finalement sur les lèvres d'Haydée suivi d'un petit rire, tant cette scène était ridicule.
- Bon tu dis oui ?!
Avait-elle le choix ? Elle se contenta d'acquiescer en hochant la tête, son voile d'ailleurs en chuta tant il lui avait été mal mis. Qu'allait faire de son côté ce pauvre abbé ? Allait-il accepter ou refuser de la prendre pour femme ? |
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| Sujet: Re: [INTRIGUE] Charivari, avril 1667 24.09.13 22:11 | |
| - Vous me voyez navrée, mademoiselle mais...
Les épaules de Blandine s'affaissèrent sous le poids de la déception. Comment Emilie aurait-elle pu se souvenir d'elle après dix ans ? Dix longues années d'absence, chez son père le temps s'était également arrêté et seul son portrait d'enfant devait toujours trôner sur le mur de son grand salon. Pourtant, l'espoir est ce qu'il est et bien que fou, la jeune comédienne avait prié durant ces interminables secondes, que son amie la reconnaisse. Elle allait donc le perdre lorsqu'une lueur revint grâce à l'hésitation d'Emilie. Cette bouche s'ouvrant sur la stupéfaction laissait présager que peut-être ... qu'il était possible que ... Avait-elle pu mettre un nom sur son visage ? Les yeux voilés de larmes encore contenues, la bouche de Blandine se pinça naturellement. La Belle Iole ne voulait pas craquer comme l'aurait fait une petite fille, surtout si ses espérances ne portaient encore pas leur fruit et qu'Emilie ne la reconnaissait pas. Elle passerait alors son chemin, s'excusant platement du dérangement, pour aller pleurer ailleurs avant de penser à une autre démarche que l'approche directe. Elle ne se sentait pas capable à cet instant même de dire à Emilie : " C'est moi Blandine. " L'émotion lui nouait trop la gorge pour ça. Il fallait absolument qu'elle se souvienne ! Tout son visage se faisait alors suppliant et sans doute que ses mains se joignirent inconsciemment pour demander au ciel, un peu d'aide.
- Mais... Blandine, est-ce toi ?... C'est vraiment toi ?
La comédienne relâcha sa respiration jusqu'alors coupée. Ses poumons pouvaient à nouveau se remplir de l'air parisien. Un sourire laissant apercevoir toutes ses dents - assez blanches, s'il vous plait - s'afficha sur ses lèvres et répondit à celui de son amie. Prenant les mains d'Emilie entre les siennes, elle se mit à sautiller sur place sous l'excitation qu'elle ressentait de leurs retrouvailles. Pourtant encore trop émue pour parler, elle hocha à n'en plus finir la tête pour signifier à la dame de Vendières, qu'elle avait deviné juste.
- Que fais-tu ici ?... Non, enfin, je comprends c'est une fête tout à fait sympathique et je suis ravie de la découvrir, je ne m'y attendais pas du tout en sortant de mon hôtel et... Peut-être veux-tu te rendre à mon hôtel, es-tu fatiguée, mal en point ? Souhaites-tu du repos ?
Toutes ces questions qui fusaient firent rire Blandine qui reconnaissait elle-même bien là Emilie, toujours le même sens de l'humour et toujours aussi remuante. Elle retrouva alors la parole.
- Nous pouvons aller chez toi oui ou bien aller nous promener au bord de la Seine. Je ne suis pas fatiguée mais nous serons sans doute beaucoup mieux pour parler loin de ce carrefour. J'ai tant de choses à te dire.
Mais déjà et avant même d'avoir fait le moindre pas, d'autres interrogations se bousculaient dans l'esprit de son amie et c'était bien naturel.
- Mais enfin... Je t'ai cherchée dans tous les endroits possibles et inimaginables, je n'ai jamais réussi à te retrouver, que s'est-il passé durant toutes ces années ? Tu ne peux savoir à quel point nous étions tous inquiets pour toi !
Blandine eut un sourire plus triste, elle désirait répondre au flot de questions d'Emilie, mais pas ici et pas tout de suite Ce n'était ni le lieu ni le bon moment. Il leur fallait le calme avant toute chose et ce n'est pas perdues dans ce charivari, qu'elles l'obtiendraient. Il fallait s'éloigner un peu des festivités avant de peut-être y retourner, car désormais la comédienne avait doublement le cœur à la fête.
- Viens Emilie, allons un peu plus loin.
Prenant sa camarade de jeux par le bras, elle l'entraîna sur les berges avoisinantes du fleuve . Elle pouvait désormais parler en toute quiétude, loin des marchands et des filles de joie.
- J'ai été kidnappée pendant huit ans pour une rançon qu'on demandait tous les mois à mon malheureux père. J'ignore tout de ceux qui m'ont kidnappée, si ce n'est que c'était une femme avec qui j'étais la plupart du temps, une femme toujours masquée. Nous avons souvent changé de maison de peur d'être repérées et je pense que nous avons été dans tous les coins du royaume. Je suis au courant moi même que de peu de choses. J'ai pu m'échapper par miracle. Aujourd'hui, je ne peux que te dire le nom du sbire ... qui m'a fait ça.
C'est alors que lentement et la mort dans l'âme, Blandine retira l'un de ses gants pour montrer discrètement à Emilie son doigt sectionné.
- Mon père t'a peut-être parlé de la moitié du doigt qu'il avait reçu, car il ne voulait plus payer sans avoir de mes nouvelles. J'ignore ce que tu sais ma bonne Emilie, mais ce que tu dois savoir, c'est comment va mon pauvre père. Je ne sais rien d'autre si ce n'est qu'il est en vie et je me ronge tous les jours les sangs pour lui.
L'inquiétude peinte sur le visage, la Belle Iole attendait des nouvelles de son père avec une impatience et une angoisse que peu de cœurs humains peuvent supporter. Son amie allait-elle lui apprendre qu'il était souffrant, à l'agonie peut-être ? Ou qu'au contraire, il se portait comme un charme, malgré le fait de ne pas s'être remis de sa disparition ? Continuait-il à la chercher encore aujourd'hui ? Tant de questions restées sans réponses jusque là ... |
| | | Sophie Atlan
► Âge : 24 ans
► Titre : Au service d'Amy Of Leeds
► Missives : 182
► Date d'inscription : 17/02/2008
| Sujet: Re: [INTRIGUE] Charivari, avril 1667 01.10.13 14:19 | |
| Sophie était une idéaliste, elle croyait qu'en chaque homme résidait une once de bonté. Chez certains, il était facile de la percevoir dans leur actions ou leur attitude. Chez d'autres, elle était enfouie plus profondément. Il fallait la titiller pour la faire ressortir. Cette foi en l'humanité guidait la plupart de ses actes. C'est pour cela que même face aux trois ou quarte hommes ivres, elle n'avait pas peur. Qu'allaient-ils lui faire après tout ? la cogner ? et alors ? Elle en avait vue des pires dans son adolescence. Les rues de Paris ne sont pas fréquentés par des enfants de cœur la nuit. Cette bonté qui existaient forcément en eux ne pouvait les mener à commettre des choses bien pire. Et puis même si c'était le cas, cela signifierait juste qu'elle s'était trompée. Alors plus rien n'aurait d'importance. La vie ne valait pas la peine d'être vécue si on ne pouvait plus croire en l'Homme.
Les convictions de Sophie étaient certes bien jolies, mais elles ne lui étaient cependant pas d'un grand secours dans l'immédiat. A l'heure actuelle, elle était dans une bien mauvaise posture, il lui fallait bien le reconnaitre malgré toute sa fierté. L'intervention de cet inconnu clamant offrir une tournée générale tombait on ne peut plus à pic. La diversion marcha comme sur des roulette. Plus personne ne se préoccupait de la gueuse à la langue trop bien pendue. Toute l'attention était portée sur la cave remplie de bouteilles qui ne demandaient qu'à être vidées. Les esprits échauffés semblaient se calmer, elle était presque tirée d'affaire. Il ne lui restait plus qu'à faire profil bas avant de déguerpir, ni vue ni connue.
Avant de se volatiliser, la politesse était de remercier cet inconnu qui venait de la tirer de ce bien mauvais pas. D'ailleurs il s'avançait vers elle. Si le temps n'avait pas joué contre elle, elle aurait aimé s'assoir à une table avec cet inconnu et lui demander pourquoi il lui était venu en aide. Sophie vivait dans un monde bercé de naïveté mais elle savait bien que ce qui poussait les gens à agir était en général seulement leur propre intérêt. Quel pouvait bien être celui de cet homme sorti de nulle part pour se jeter à sa rescousse ?
Merci du coup de ...
La jeune femme n'eu pas même le temps de finir sa phrase que son sauveur lui attrapa les poignets sans la moindre délicatesse. Une un quart de seconde elle se retrouva attachée à la porte de la cave, les mains liées par une corde sortie de nulle part. Ne comprenant absolument rien à la situation, Sophie lui offrir une mine ahurie.
... main ... acheva-t-elle tout de même sur un ton quelque peu plus dépité.
L'interrogation était visible sur son visage autant que son nez au milieu de sa figure. Elle attendait des explications qui tardaient à venir.
C'est le jeu ma pauv'Lucette ! Vous avez joué, vous avez perdu. Ça c'est pour m'assurer que vous filerez pas en douce, désolé d'être si goujat ! Je m'occupe de ceux là et je vous ramène à votre patronne !
Alors là ! Sophie s'était attendue à beaucoup de choses mais pas à ça ! Pour toute réponse elle lança un regard noir à cet inconnu. S'il essayait de lui faire croire qu'il avait une bonne raison de l'attacher, il pouvait bien s'époumoner pendant des heures, c'était peine perdue. En plus il avait le culot de s'excuser ! Les excuses valent quelque chose que lorsqu'elles vont de paire avec le regret. Cela n'était apparemment pas le cas ici.
De plus son sauveur avait tout faux ! Ce qu'il ne savait pas c'est qu'il venait d'obtenir tout l'inverse de ce qu'il cherchait. Il lui aurait gentiment demandé de rester ici à l'attendre, peut être Sophie l'aurait-elle fait. En tout cas, jamais elle serait partie si elle avait promis de l'attendre. La jeune femme n'avait qu'une parole. Mais en l'attachant, l'inconnu ne lui avait privée de la liberté du choix. Et ça, elle ne pouvait pas l'accepter.
Etonnamment, le fait que Benoit lui révèle travailler pour Amy of Leeds lui passa complètement à côté. Il pouvait bien travailler pour n'importe qui, elle irait où elle veut, quand elle veut et surement pas avec cet énergumène pour escorte !
A peine son bien étrange sauveur avait-il tourné les talons que Sophie se mise à chercher un moyen de se libérer. Elle s'évertua un temps à faire céder le nœud. Impossible ! Il n'y avait plus personne dans la pièce pour lui venir en aide, tous étaient dans la cave en train de siffler les réserves du patron. Ne voyant pas d'autre solution, la voilà qu'elle se retrouva à donner de violents coups de pieds dans la porte afin d'en faire céder le bois.
Alerté par tout le bouquant qu'elle faisait, l'inconnu n'allait pas tarder à faire demi-tour. Il lui fallait agir vite. Mais cette fichue porte ne semblait pas vouloir lui faciliter la tâche. Sophie entendit des pas remonter l'escalier... Un grand crac retenti. Enfin ! La porte n'allait pas tarder à céder. Cependant, une ombre s'apercevait déjà au coin des marches. Sophie savait bien qu'elle n'aurait pas le temps de finir de se dégager avant qu'il arrive. Cela ne l'empêcha pas pour autant d'essayer... |
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| Sujet: Re: [INTRIGUE] Charivari, avril 1667 11.10.13 13:42 | |
| Si Émilie de Vendières avait été croyante, elle aurait volontiers qualifié ces retrouvailles inattendues de véritable miracle mais d'après ce cher petit abbé qui était plus spécialisé qu'elle dans ces questions d'ordre spirituel – quoiqu'à voir son niveau catastrophique en latin, il n'était pas certain que l'abbé Malingre eut jamais lu la Bible –, ce n'était pas Dieu qui aurait pu se manifester au beau milieu de cette fête populaire joyeuse et pleine de couleurs et de vie. En parlant de ce petit Malingre, la dame de Vendières, entraînée dans une ruelle moins animée que les autres, avait totalement oublié qu'elle l'avait abandonné en plein cœur d'une foule en compagnie d'un seul lapin, se contentant de dévorer des yeux la jeune fille qu'elle avait en face d'elle. Elle n'avait pas reconnu la fille Pisdoe de manière immédiate mais cela faisait tant d'années qu'elle n'avait pas pu admirer la petite frimousse de celle qui avait été l'enfant chérie de l'échevin de Paris ! Plus elle l'observait, plus les doutes qu'elle aurait pu concevoir s'effaçaient : Blandine, après avoir abandonné ses rondeurs de petite fille, était devenue une très belle jeune femme dans son costume de Colombine mais elle avait gardé ces boucles d'ébène qui tombaient dans son dos, cette lueur dans ses yeux verts qui lui rappelait irrésistiblement la gamine qui venait la voir pour réclamer des jeux ou un peu d'attention ainsi qu'une moue et un sourire charmeurs. Et quelque part, c'était rassurant de constater que malgré les années qui avaient passé alors qu'elle était loin de ce qui avait été sa maison, Blandine était restée un peu la même. C'était comme retrouver une vieille connaissance, une amie presque à laquelle on pense de temps à autre avec un pincement au cœur car on ne peut rien faire pour la revoir, et s'apercevoir qu'elle n'avait pas totalement changé, malgré les épreuves qu'elle avait traversés. En fait d'épreuve, il restait à Blandine à affronter une Émilie que, pour une fois, les événements dépassaient totalement et qui avait beaucoup de questions à poser, d'autant plus que cela lui permettait de dissimuler ses émotions.
Fort heureusement, la petite Pisdoe ne sembla pas s'en formaliser et elle se mit à sautiller sur place, allant jusqu'à éclater des rires devant l'avalanche d'interrogations dont Émilie l'étouffait mais elle fut la seule à avoir une réaction à peu près productive puisqu'elle entraîna l'amie de son père dans un endroit plus calme, sur les quais de Seine. Traînaient encore ça et là quelques monstres de carnaval mais l'esprit toute à la fête, ils ne prêtèrent aucune attention à l'Italienne et à la Tyrolienne qui purent échanger quelques mots en paix. Il était étrange de voir Émilie aussi sérieuse et concentrée mais son regard ne quittait pas celui de la petite, comme si elle craignait à chaque instant qu'elle allait de nouveau lui échapper et au fur et à mesure des paroles de Blandine, ses grands yeux bleus s'emplissaient de larmes. - J'ai été kidnappée pendant huit ans pour une rançon qu'on demandait tous les mois à mon malheureux père. J'ignore tout de ceux qui m'ont kidnappée, si ce n'est que c'était une femme avec qui j'étais la plupart du temps, une femme toujours masquée. Nous avons souvent changé de maison de peur d'être repérées et je pense que nous avons été dans tous les coins du royaume. Je suis au courant moi même que de peu de choses. J'ai pu m'échapper par miracle. Aujourd'hui, je ne peux que te dire le nom du sbire... Qui m'a fait ça. Lentement, Blandine retira l'un de ses gants et dévoila sa main amputée d'un doigt à son amie sous l’œil horrifié de cette dernière : - Les monstres, souffla-t-elle en serrant les poings, les monstres, comment ont-ils osé ? Si je savais qui ils sont, je te jure que... Émilie, partagée entre la colère et l'abomination s'interrompit avant de terminer sa phrase, en secouant la tête, dégoûtée de savoir que certains étaient capables de se montrer si cruels avec une petite fille et surtout qu'elle n'avait pas été capable de la sauver. - Mon père t'a peut-être parlé de la moitié du doigt qu'il avait reçu, car il ne voulait plus payer sans avoir de mes nouvelles. - Je l'ignorais, en effet, sans doute n'avait-il pas voulu m'inquiéter... - J'ignore ce que tu sais ma bonne Émilie, mais ce que tu dois savoir, c'est comment va mon pauvre père. Je ne sais rien d'autre si ce n'est qu'il est en vie et je me ronge tous les jours les sangs pour lui. L'inquiétude perçait dans la voix de Blandine et elle avait cessé d'avancer comme si la peur la paralysait brusquement, comme si tout ce qu'elle avait vécu n'était que secondaire par rapport à l’état de son père.
Dans un geste tendre, avec une douceur dont elle faisait rarement preuve, Émilie se saisit de la main amputée de la jeune fille pour la serrer dans sa paume et répondit avec un sourire rassurant, la voix altérée par l'émotion : - Ton père va aussi bien qu'il peut l'être, autant qu'un homme qui a perdu son enfant et qui a le cœur brisé car il ne sait s'il la retrouvera un jour. Mais sa santé est bonne, et crois-moi, avec moi comme médecin, il ne craint rien, je me suis améliorée durant ces dix dernières années... Mais par Hippocrate, qu'il sera heureux de te revoir ! Quel bonheur tu vas lui offrir ! Si elle avait retrouvé son légendaire enthousiasme sur ces derniers mots, Émilie s'interrompit à nouveau pour lui demander d'un ton pressant : - Tu veux le retrouver, n'est-ce pas ? Est-ce parce que tu as peur de le mettre en danger que tu n'as pas osé le retrouver ? S'il savait que sa fille est si proche de lui, il n'hésiterait pas un instant à courir jusqu'à toi pour te serrer dans ses bras ! Oui, même dans ce charivari ! Il faut absolument que tu ailles le retrouver ! C'était là en effet toute la priorité à l'heure actuelle, et même si elle avait retrouvé Blandine – ou plutôt si cette dernière l'avait retrouvée, Émilie comptait bien mettre la mains sur ses bourreaux qui l'avaient contrainte à grandir loin de ceux qui l'aimaient. Une nouvelle inquiétude surgit dans son esprit et elle se retourna à nouveau vers la jeune fille : - Mais que deviens-tu depuis ta fuite ? Tu aurais du venir me retrouver, j'aurais pu m'occuper de toi ! Où vis-tu, comment parviens-tu à te procurer ce dont tu as besoin ?... Et où as-tu trouvé ce costume de Colombine ? Acheva-t-elle avec un sourire amusé. Elle leva la main vers le visage de Blandine puis, n'y tenant plus, elle écarta ses bras pour serrer la petite Pisdoe contre elle dans une étreinte toute maternelle et souffla à son oreille : - Je regrette tellement de ne pas avoir pu te sauver... Mais je te promets que je ne t'abandonnerais plus jamais ! |
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| Sujet: Re: [INTRIGUE] Charivari, avril 1667 27.10.13 16:31 | |
| On était toujours sûr de ne pas s'ennuyer avec Rose. La belle prostituée, aussi gueuse que Grégoire, semblait ravie de converser avec lui. Cette pensée, ironique bien entendu, faisait sourire Grégoire qui observait le fils de la jeune femme. Comme quoi, se disait-il, une femme comme Rose pouvait mettre au monde un adorable petit garçon. Les mystères de la nature. Autour d'eux, les Parisiens poursuivaient leur fête, chantaient, dansaient, riaient, dans un tourbillon de couleurs qui vous donnait l'impression que tout allait bien, que tous étaient heureux. Aujourd'hui, personne ne pensait à la guerre. Personne ne pensait à la faim, aux difficultés de la vie quotidienne et aux injustices subies chaque jour. Non, aujourd'hui, tout allait bien. Tous s'amusaient, on prenait son pire ennemi par le bras pour danser durant quelques minutes, avant de rejoindre d'autres personnes. Grégoire aimait le charivari. Il oubliait tous ses malheurs, toutes ses peines et ses problèmes pour ne penser qu'à s'amuser, à rire et à chanter. Aussi n'en voulait-il même pas à Rose de se moquer de lui. Il acceptait ses moqueries en riant, s'amusant de cette obstination qui caractérisait la jeune femme. Elle était aussi têtue que lui, il lui fallait l'avouer. Aussi ne s'offusqua-t-elle pas le moins du monde lorsqu'il la traita de charretière. Au contraire, elle lui offrit un charmant sourire et lui répondit : “ Je te remercie des compliments, cela me touche, et ton enfant tombée du ciel, où est-elle ? J'espère que tu ne l'as pas échangée contre tes vêtements, de toi à moi, tu te serais fait berner.” Et voilà se dit Grégoire, elle avait abordé le sujet. Il faut dire que depuis que Grégoire s'occupait de Laure, on ne faisait que chuchoter sur son passage. Il se doutait qu'on devait se demander comment un homme comme lui pouvait bien s'occuper d'un bébé et, honnêtement, il se posait la même question. "J'ai pas été assez fou pour l'emmener au charivari, tu crois que je suis irresponsable au point d'emmener un bébé avec moi au beau milieu de Parisiens déchaînés ? Ca ne dérange pas certaines personnes d'emmener avec elles des enfants, et de les perdre au milieu de la foule, dit-il en lançant un regard vers Gabriel pour montrer à Rose qu'il parlait d'elle. Les personnes qui critiquent les autres sont souvent mal placées pour faire des remarques." Nulle animosité dans les paroles du gueux. Il souhaitait juste embêter la prostituée et la forcer à répliquer à ses paroles, provoquant une joute verbale qu'il se plaisait à avoir avec elle. Paradoxalement, Rose n'était pas une fille facile. En tout cas, elle refusait de se donner à Grégoire gratuitement. Mais le gueux n'avait aucune envie de la payer. Il se disait qu'elle était attirée par lui mais refusait de l'admettre tant elle était bornée. “ Et mes vêtements ont été faits pas une couturière talentueuse ! Elle habille les nobles, il paraît. Mais tu le savais peut-être déjà”. Grégoire ne faisait pas allusion au fait que Rose menait une sorte de double-vie à Versailles. Il n'avait d'ailleurs aucune idée de ce fait. Il sous-entendait seulement qu'elle avait un côté je-sais-tout lorsqu'elle s'adressait à lui, comme s'il n'était qu'un gamin qui devait apprendre la vie. Il lui sourit, amusé de leurs répliques, attendant que la belle lui réponde. - Spoiler:
Je ne sais pas si tu veux que Rose parte ou non, alors je te laisse voir
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| Sujet: Re: [INTRIGUE] Charivari, avril 1667 04.11.13 16:31 | |
| Jouer et se déguiser était un bon plaisir pour Andréa, qui trouvait ses journées versaillaises bien mornes avec une marquise un peu trop coincée et des nobles trop engoncés dans leur étiquette. C'est ici qu'elle se sentait le mieux, au cœur de Paris, au milieu de la population. C'était peut être utopique de la part d'une jeune femme qui n'a jamais connu la faim, mais elle se plaisait davantage au sein du peuple que dans la noblesse. Et il fallait avouer qu'ils savaient davantage faire la fête ! Toute cette exaltation était le moment parfait pour ressortir sa chère Lucrèce, ce double brun diseuse de bonne aventure qui lui servait de couverture lorsqu'elle décidait de n'en faire qu'à sa tête et voulait souffler un peu, loin de la Cour de Versailles.
Et quel plaisir de voir dans sa roulotte son amie Isabeau qui ne semblait pas l'avoir reconnue, en compagnie d'une jeune femme blonde, l'air bien distinguée pour une fille du peuple. Qu'importe, Andréa leur donnerait la bonne aventure. Ce n'était pas du charlatanisme, l'ancienne pirate détestait qu'on lui dise cela, surtout qu'elle avait appris avec une vieille femme en Nouvelle France. C'était un ressenti et surtout une interprétation des cartes, cela pouvait être un peu aléatoire et on n'était pas à l'abri d'un raté, mais c'était difficile de lire les cartes d'une personne qu'on connaissait si bien, autant qu'Andréa connaissait Isabeau. Il faut dire qu'elles ont partagé tellement de l'autre côté de l'Atlantique ! Mais ne pouvant pas vraiment dire qui elle était face à une inconnue, elle lança quelques indices dans ses mots, en vain. Oh, Andréa irait la rechercher après, même si chercher une personne dans un charivari parisien était comme chercher une aiguille dans une botte de foin !
La personne juste après elles était un vieil homme, vêtu d'une ancienne mode et à la barbe taillée du début du siècle. Il venait lui demander si c'était normal de rêver d'un roi, s'il y avait une signification. Et là, il lui racontait qu'il avait vu feu Henri IV dans son rêve lui parler, lui demander des nouvelles de Concini et boire un coup avec lui.
Ce que cela veut dire ? Qu'il est temps d'arrêter de boire. Vraiment, sinon ce sera Ravaillac qui viendra dans votre sommeil. répondit elle avec un petit sourire au coin.
L'homme s'en alla en courant, prit de panique. Elle crut profiter d'un peu de répit pour ranger un peu et aller chercher à manger, il serait criminel de ne pas profiter des douceurs dont les senteurs venaient lui chatouiller les narines ! Mais la porte se rouvrit sur Isabeau, le grand sourire aux lèvres communicatif, auquel Andréa répondit avec plaisir !
Je ne rêve pas, c’est bien toi ? Non, je suis le Pape et j'attends ma sœur. Tu as mis du temps à me reconnaître ! Mais pour l’amour du ciel, que fais-tu grimée en voyante dans cette vieille roulotte ? Tu m’as tellement manquée !
Elle prit avec grand plaisir son amie qu'elle serra avec grande amitié. Il y avait des personnes dont l'amitié est précieuse et indéfectible. L'effet Nouvelle-France sans doute, il était peu probable qu'Andréa retrouve une pareille amie de la sorte !
Aline, permettez-moi de vous présenter une de mes plus vieilles amies… … Lucrèce, vraie diseuse de bonne aventure et pas quelconque folle à donner des choses farfelues ! se présenta la jeune femme avec un large sourire avant de se tourner vers Isabeau pour lui expliquer. Il faut bien s'occuper, je m'ennuie ici et le déguisement est toujours amusant ! Puis, je donnerais tout ce que j'ai pour partir d'ici pour caresser les grains dorés du sable chaud de l'autre côté de l'océan, je tente de gagner un peu ma pitance comme je le peux ! Tu le sais toi même, il n'y a pas de petites économies !
Ce n'était pas avec cela qu'elle pourra se payer un bateau, mais c'était dans ce déguisement qu'elle pouvait connaître un peu plus de monde et espérer gagner plus gros un jour ou l'autre. Elle fit signe aux deux jeunes femmes de la suivre au-dehors de la roulotte :
Mais aujourd'hui c'est jour de fête, et je veux profiter un peu. Je vous invite ! J'ai une faim de loup, je pourrais manger un caribou ! Même si je n'en ai jamais mangé malgré mes excursions ! Vous connaissez le Nouveau Monde, Aline ?
Andréa était loin de se douter qu'Aline était une archiduchesse qui n'aurait aucun intérêt à aller de l'autre côté de l'océan ! Mais les trois jeunes femmes quittèrent la roulotte, histoire de profiter de la fête ![/b] |
| | | Benoît de Courtenvaux
« s i . v e r s a i l l e s »Côté Coeur: Une fois offert et mis à lambeaux, il est pour l'heure tout entier à son roi.Côté Lit: Je n'y tiens pas une collection ! Mais il n'est pas glacé non plus.Discours royal:
ϟ La Main au collet ϟ
► Âge : 32 ans et des poussiè... (Non pas ce mot maudit)
► Titre : Marquis de Courtenvaux, Magistrat parlementaire et avocat
► Missives : 371
► Date d'inscription : 10/04/2012
| Sujet: Re: [INTRIGUE] Charivari, avril 1667 04.11.13 23:13 | |
| Le métier d’espion demande bien des sacrifices. Benoît ne pensait pas par-là à des nuits d’amour manquées en compagnie de femmes pourtant sublimes, ni à des soirées de jeux à Versailles, mais bien au fait qu’il devait faire la conversation à des gens dont les poux sautaient de leur cuir chevelu. Y avait-il au monde un spectacle plus repoussant que celui-ci ? Il avait dû laisser attacher à la porte du cabaret miteux, la lectrice d’Amy of Leeds, pendant que lui donnait le change à la cave et essayait de calmer ces messieurs. Bien que dégoûté par l’atmosphère nauséabonde et l’endroit si poussiéreux, il y parvenait plutôt bien et il chantait même à gorge déployée. Qui l’eut cru ? Toute sa maisonnée en aurait ri ! Peut-être que Molière aurait pu lui offrir un rôle dans l’une de ses comédies, tant il se faisait violence mais le tout avec un grand sourire. Une vraie performance !
- Allez, levons nos verres, et sautons la barrière, c'est la fête ! C’est la fête ! C’est la fête !
Pourtant, il gardait toujours un œil du bas de l’escalier sur la jeune fille qui ne décolérait pas et tentait de s’échapper. Sophie Atlan était quelqu’un d’acharné et s’il n’avait pas été très suspicieux à son égard, il aurait pu l’admirer pour ce trait de caractère. Il savait par avance que la ramener à Versailles, ne serait vraiment pas une partie de plaisir ! Le trajet s’annonçait très long et surtout difficile ! Mais il le fallait. Si sa cousine par alliance faisait en sorte de la surveiller dorénavant, peut-être que la révolutionnaire en herbe se le tiendrait pour dit. Même s’il en doutait un peu … L’espoir fait vivre néanmoins !
- Au revoir les amis, buvez à ma santé ! - Mais on sait même pas qui tu es, p’tit gars ? - Ce n’est pas grave, même si je vous le disais, dans trois minutes comme vous tiendrez plus debout, vous le sauriez déjà plus alors ! Allez salut la compagnie !
Et Benoît remonta les escaliers quatre à quatre, tout en soufflant de soulagement. Comment pouvait-on vivre dans une telle saleté ? Dire que les meilleurs bordeaux se retrouvaient sous une couche très épaisse de poussière, quelle horreur ! Heureusement le maniaque avait trouvé l’occupation idéale pour ne plus penser à toutes ces toiles d’araignées, et c’était raccompagner la demoiselle ! Demoiselle qui forçait comme jamais sur la poignée et qui était d’ailleurs arrivée à la faire céder. Le grand crac qu’il entendit ne laissait pas de doutes à ce sujet. Très surpris qu’une jeune femme aussi frêle puisse parvenir à ça, il s’arrêta en pleine course quelques secondes.
- Alors ça !
Mais les bons réflexes ne sauraient mentir et il put la retenir avant qu’elle ne finisse tout à fait à se dégager de son nœud !
- Vous ne penseriez pas à me fausser compagnie, mademoiselle ? C’est très mal élevé de votre part !
Il fit claquer sa langue contre ses dents avant de dénouer lui-même ses liens de la porte. Retenant ses poignets fermement sans trop les meurtrir bien entendu, il s’assit à l’une des tables de la terrasse. Encore une fois, il allait parlementer. Il voulait que ça se passe en douceur.
- Écoutez, vous avez fait un peu trop de bruit pour aujourd’hui ! Alors voici ma proposition: rien !.
Benoît essayait lamentablement de faire de l’humour pour détendre l'atmosphère et s’il rit, ce fut tout seul. La jeune fille ne semblait pas vouloir se dérider. Aussi, il se fit un peu plus sérieux.
- Sans rire, nous voilà dans une impasse. Et vous avez deux solutions : Rentrer sagement à Versailles avec moi sans vouloir me jouer de mauvais tours, ou bien je vous ramène à la cave au milieu de tous ces gens qui vous voulaient tant de bien tout à l’heure ! Et bien entendu, je vous laisse en tête à tête. Je doute que comme au temps d’Aliénor d’Aquitaine, ces gens-là se transforment soudain en troubadours et cette cave en cour d’amour courtois. Je sais c’est bas et ça ne me ressemble pas d'ailleurs, mais votre maîtresse vous réclame, alors il faut lui obéir. Prenez en votre parti et rentrons.
Les négociations s'ouvraient, allaient-elles aboutir ? Impatient de quitter ces lieux, Benoît ne se montrait pas vraiment sous son jour le plus diplomate.
- Qu'en pensez-vous ? |
| | | Invité
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| Sujet: Re: [INTRIGUE] Charivari, avril 1667 12.11.13 16:29 | |
| " Les monstres, les monstres, comment ont-ils osé ? Si je savais qui ils sont, je te jure que..."
Cette exclamation de la part d'Emilie fit renaître un feu jusqu'alors en apparence éteint dans le cœur de Blandine. Celui d'obtenir justice ou tout du moins des noms à mettre sur des visages sinistres. Pendant des années, elle s'était efforcée d'oublier comme elle l'avait pu, de profiter du monde qui s'ouvrait à elle, loin de cette cave infecte où on l'avait enfermée. En outre, même si elle avait toujours eu la volonté de savoir, seule qu'aurait-elle pu faire ? Par où commencer ? Aucun lieu où elle devait déménager sans cesse ne lui était familier, elle n'avait qu'une voix à l'oreille et un prénom : Tobias. Voilà qui était bien peu. Mais à présent, peut-être que remonter une piste était possible en compagnie de la dame de Vendières. Non seulement, à deux on peut se soutenir lorsque l'une des deux flanche mais qui plus est, celle-ci avait un certain statut et donc des relations qui pourraient les y aider !
- Un jour nous l'apprendrons et crois moi je ferai en sorte que les gens qui m'ont fait ça soient traînés en place de grève. Après tout, comme le disait Monsieur le frère du roi : le supplice de l'empale est un jeu qui commence si bien et se finit si mal ! Ça leur rappellera leur propre petit jeu mesquin, quand ils y goûteront !
Le ressentiment et le désir de vengeance étaient bien rares chez Blandine. La jeune comédienne préférait regarder en direction de l'avenir, mais de temps à autre son cœur se serrait, et elle ne pouvait contrôler ses élans de rancune. Mais au fond, n'était-ce pas normal ? N'avait-elle pas été privée de son père ? Et comment rester de glace après avoir montré ce doigt sectionné, ce vivace souvenir de toutes ces années de cauchemar ? Ce soir même, elle oublierait très certainement cette haine qui se rallumait en une flamme ardente, pour se concentrer exclusivement sur la joie d'être réunie à Emilie. Mais à cette heure de si fortes émotions l'étreignant encore, elle était bousculée par ses démons autant que par l'excitation et le bonheur.
" Je l'ignorais, en effet, sans doute n'avait-il pas voulu m'inquiéter..."
Ainsi, le vieux Pisdoe n'avait rien dit, elle reconnaissait bien là sa sollicitude envers ses proches. Altruiste comme toujours ! La belle Iole secoua un instant la tête, envahie qu'elle était encore une fois par l'incrédulité. Comment avait-on pu s'en prendre à ce point à lui, à travers elle ? Son père pouvait être un banquier ferme, mais méritait-il de vivre un tel calvaire ? Non, bien entendu, mais étant bien la fille de son père, elle n'avait jamais ignoré cet immonde appât du gain que la plupart des hommes et des femmes d'ailleurs peuvent ressentir. Ces moments d'incrédulité ne duraient donc que le temps de se le rappeler amèrement.
" Ton père va aussi bien qu'il peut l'être, autant qu'un homme qui a perdu son enfant et qui a le cœur brisé car il ne sait s'il la retrouvera un jour. Mais sa santé est bonne, et crois-moi, avec moi comme médecin, il ne craint rien, je me suis améliorée durant ces dix dernières années... Mais par Hippocrate, qu'il sera heureux de te revoir ! Quel bonheur tu vas lui offrir ! "
C'était le second soupir de soulagement, qu'elle relâchait en l'espace de quelques minutes. Une sorte de corset invisible, semblait la compresser à chaque crainte et se retirait de lui-même à chaque petit bonheur. Certes, ce n'était pas la meilleure nouvelle mais au moins était-il vivant, au moins faisait-on attention à lui, à sa santé. Elle avait toujours redouté de le revoir allongé dans son lit, ne mangeant même plus à sa faim. Un mort-vivant en somme ! Fort heureusement, ce n'était donc pas le cas !
" Tu veux le retrouver, n'est-ce pas ? Est-ce parce que tu as peur de le mettre en danger que tu n'as pas osé le retrouver ? S'il savait que sa fille est si proche de lui, il n'hésiterait pas un instant à courir jusqu'à toi pour te serrer dans ses bras ! Oui, même dans ce charivari ! Il faut absolument que tu ailles le retrouver ! "
Le bon vieux temps, il était déjà si doux de le retrouver mais qui plus est de constater, que vraiment rien n'avait changé avec les années. Emilie et Blandine avaient toujours lu, l'une dans les pensées de l'autre et parfois même l'une finissait la phrase que l'autre avait commencé. Elles se complétaient, faisaient énormément de télépathie grâce à leur relation si spéciale sans doute. Encore cette fois, Emilie avait tout juste et avait raison sur tout. Si la jeune Iole n'avait pas encore repris contact avec son père, c'était avant tout pour le préserver. Elle n'avait pas pu rentrer chez lui, cette peur que des malfrats guettent son hôtel s'était révélée très vraie et sans Ferdinand ... elle serait retombée dans les griffes de cette femme. Cela l'avait dissuadé de recommencer et même de lui faire parvenir une lettre. A la savoir vivante et libre mais ne pouvant encore revenir, il aurait donc remué ciel et terre, comme venait de le dire si justement Emilie, et il se serait mis en danger.
- Oui, bien sûr que je voudrais le revoir !
Emilie avait pris sa main dans la sienne et Blandine la serra à son tour convulsivement, les larmes aux yeux une fois de plus.
- On a frôlé la vie, cette vie à deux en tant que père et fille et maintenant je veux rattraper ça coûte que coûte. Mais il ne faudrait pas qu'il vienne ici, au milieu de toute cette foule remuante et criarde. Ça ne serait pas l'idéal pour lui !
Elle réfléchissait encore à la meilleure façon de s'y prendre, lorsque son amie lui posa une autre question qui semblait lui brûler les lèvres d'inquiétude.
" Mais que deviens-tu depuis ta fuite ? Tu aurais du venir me retrouver, j'aurais pu m'occuper de toi ! Où vis-tu, comment parviens-tu à te procurer ce dont tu as besoin ?... Et où as-tu trouvé ce costume de Colombine ? " - Je suis devenue comédienne chez monsieur Racine par passion, c'est comme ça que j'aie eu ce costume. Mais il me fallait quand même un autre métier pour échapper à l'excommunication qui touche tous les comédiens, une sorte de couverture si on venait me questionner. Alors pendant quelques heures, je suis aussi comptable chez le duc d'Orléans et je remplace Colbert auprès de lui. Les deux ne peuvent pas se voir. Tu sais, j'apprécie ses grandes qualités en tant que surintendant mais parfois, c’est pas une relation d’esprit à esprit, c’est une relation d’esprit à thon. J'ai l'impression qu'il veut se venger sur le prince de ce qu'il n'aura jamais : la beauté et le sens de l'esthétique. Mais enfin, même si leur accrochages quotidiens me rendaient la vie dure avant la guerre, j'apprécie beaucoup les deux. Je ne vais pas me plaindre ! Après ce qui m'est arrivé, j'ai eu de la chance.
Bien entendu, Blandine ignorait encore qu'Emilie était la belle sœur du ministre, sinon elle se serait mordue la langue avant de parler, même si son discours était tout de même à demi-teinte. Mais soudain, une idée lui vint concernant son père et qui était mieux qu'Emilie pour la faire aboutir ? Elle enchaîna donc presque aussitôt :
- Et si tu préparais mon père à ça et que tu programmais nos retrouvailles ? Chez toi peut-être ? Et demain qui sait ? Je ne voudrais pas lui provoquer un malaise et c'est ce qui se passerait si nous allions tout de suite chez lui. Je sais que malgré tes airs d'illuminée que j'adore toujours autant, tu sauras le ménager ! Ça ne te dérange pas de faire ça pour moi, pour nous ? Et puis une fois chez toi, tu pourras aussi me raconter ce que toi tu deviens, car j'y compte bien ! Accepte Emilie ...
Le ton était véritablement suppliant, mais avait-elle réellement besoin de supplier son amie pour qu'elle accepte ? |
| | | Aliénor de Wittelsbach
« s i . v e r s a i l l e s »Côté Coeur: Il est libre de battre mais n'a pas trouvé qui serait digne de lui.Côté Lit: Il n'y a que moi et parfois ma fille. Pas d'homme, pour cause d'absence de coeur qui bat.Discours royal:
♣FEMME D'AUJOURD'HUI♣ elle flotte, elle hésite ...
► Âge : 24 ans
► Titre : Archiduchesse d'Autriche, duchesse douairière de Saxe-Zeitz et de l'Autriche inférieure
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► Date d'inscription : 13/09/2012
| Sujet: Re: [INTRIGUE] Charivari, avril 1667 18.11.13 18:05 | |
| Croire en la voyance était assez compliqué, Aliénor avait toujours l'impression qu'il s'agissait de personnes ayant des phrases toutes faites, prêtes à l'emploi pour le premier pigeon qui passait par là. Malgré tout, elle restait intriguée, de savoir si elle allait vraiment rencontrer ce mystérieux homme, s'il existait bien sûr ! Des scandinaves, cela ne courait pas les rues à Versailles, ni même à Vienne, la plupart restait dans leurs royaumes et s'y trouvaient très bien pour faire la guerre entre eux ! Et si la voyante parlait de slaves ou russes, ils en avaient du chemin à parcourir ! Le temps qu'Isabeau passe au crible avec les cartes, Aliénor resta un peu distraite, s'amusant à imaginer si cela pouvait bien être vrai. Tant que ce n'était pas Ferdinand-Marie qui lui en parle, ce fameux homme du froid ne pouvait pas être dangereux, ni être son mari !
« Je suis bien d’accord avec vous Aline, mais avouez que c’était tout de même amusant. Qui sait, peut-être allons-nous croiser un étrange danois, ou un suédois aujourd’hui, alors vous saurez qu’il faudra lui demander de l’aide, même si c’est en prévision pour plus tard ! Espérons qu'il ne soit pas trop froid, je ne voudrais pas geler sur place ! s'amusa Aliénor, toujours amusée et intriguée par ce présage alors que sa patronne semblait déjà ailleurs. Tout de même c’est curieux. Pendant toute la séance j’ai eu la furieuse impression de connaître cette femme. Si on enlève le châle et les cheveux bruns, on aurait dit… ...Quelqu'un de votre connaissance ? » demanda la jeune femme.
Isabeau ne semblait pas avoir entendu la question de son employée car elle fit volte-face et se précipita vers la roulotte. Ne s'attendant pas à un tel revirement, Aliénor resta stoïque un instant, puis elle ramassa ses jupes et s'élança vers sa patronne pour la rattraper alors qu'elle faisait déjà son entrée dans la roulotte de la voyante. S'en suivi des retrouvailles entre deux vieilles amies qui sautèrent dans les bras l'une de l'autre, ravies de se revoir, sans doute après un long moment d'absence. Aliénor resta en retrait, ne voulant pas gâcher un tel instant. Mais la perspective de sortir dans Paris seule n'était pas une bonne idée, à moins de vouloir se perdre.
« Aline, permettez-moi de vous présenter une de mes plus vieilles amies… … Lucrèce, vraie diseuse de bonne aventure et pas quelconque folle à donner des choses farfelues ! Ravie de vous rencontrer. Je suis Aline, une employée d'Isabeau. » se présenta sobrement la jeune femme.
Elle préférait le retrait, polie et voyant que les deux jeunes femmes devaient avoir beaucoup à se dire, il n'y avait qu'à voir le pétillement de leur regard et les grands sourires sur leurs visages. Il était certain qu'il y aurait un de ses quatre de grandes conversations entre les deux, surtout que cette Lucrèce avait l'air d'avoir eu de nombreuses vies jusqu'ici ! Il était temps de sortir de la roulotte et profiter cette fois de Paris en fête.
« Mais aujourd'hui c'est jour de fête, et je veux profiter un peu. Je vous invite ! J'ai une faim de loup, je pourrais manger un caribou ! Même si je n'en ai jamais mangé malgré mes excursions ! Vous connaissez le Nouveau Monde, Aline ? La jeune femme se sentit désarçonnée par la question, alors que la réponses était si simple. Oh non ! s'exclama t'elle, peut-être un peu fort. Enfin, non, je n'ai jamais vraiment voyagé, et je ne me sens bien que sur la terre ferme. Elle eut un petit sourire amusé, repensant aux quelques voyages qu'elle avait fait, avant de reprendre la conversation. Avez vous beaucoup voyagé, Lucrèce ? »
Aliénor n'avait pas la moindre idée que la jeune diseuse de bonne aventure avait été pirate et eut tellement de vies alors qu'elles avaient le même âge ... Mais revenons à la fête, il y avait foule et bon nombre de marchands ambulants, vendant de la nourriture comme des petits pâtés chauds ou des fromages, voire même des pâtisseries. La gourmandise de l'archiduchesse déguisée la conduisit jusqu'au pâtissier vendant des douceurs sucrées et tellement appétissantes, n'ayant rien à envier à ce que l'on présentait chez la Reine, même si elle ne pouvait pas le comparer à haute voix. Loin des conventions, Aliénor ne savait pas toujours comment agir, ne pas paraître trop guindée ou trop timide, il lui fallait faire parler les autres pour ne pas trop en dire sur soi, ne pas trop s'enfoncer dans les mensonges.
« J'ignorais que l'on pouvait passer d'un continent à un autre avec tant de facilité ! N'aimiez vous pas la Nouvelle France ? On dit pourtant que tout est neuf et tout est sauvage, libre continent sans grillage mais entre ce qu'on entend ici et la réalité, il y a souvent un fossé … »
La curiosité était souvent un vilain défaut, il y avait des parties de vie qu'on cache tous. Et Aliénor, alias Aline, mentait honteusement sur sa condition, elle ne pouvait pas être un exemple …
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| | | Invité
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| Sujet: Re: [INTRIGUE] Charivari, avril 1667 22.11.13 19:21 | |
| Il était étonnant de voir Émilie de Vendières aussi sérieuse et aussi vindicative, elle qu'on ne connaissait que sous le jour de la scientifique un peu illuminée qui défendait avec autant de conviction (que d'exaspération de la part de ses interlocuteurs) la dernière pièce de monsieur Molière, la cause de celles qui voulaient contraindre le port de vêtements plus simples pour éviter que les femmes ne se fassent happer par les cheminées quand elles passaient à leurs côtés ou la circulation sanguine auprès de ces imbéciles de la Sorbonne. Malgré la joie qu'elle ressentait à l'idée de retrouver la petite Blandine Pisdoe, c'était l'horreur et la colère qui s'étaient emparées de la jeune femme quand elle avait vu l'affreuse mutilation que l'on avait fait subir à celle qu'elle n'avait jamais réussi à retrouver, elle qui se targuait pourtant d'aider la lieutenance de police quand celle-ci ne parvenait à résoudre les affaires par elle-même (ce qui arrivait beaucoup plus souvent qu'on ne pouvait penser, la police avait beaucoup de qualités mais pas celles de savoir régler les crimes, ce qui réduisait de beaucoup leur efficacité). Mais si ces gens-là devraient payer pour avoir ôté une fille à son père, avoir contraint ce dernier à vivre des années dans l'attente – puisque chaque jour, l'espoir de revoir son enfant le poussait à se lever et à passer des heures à la fenêtre comme si la silhouette de Blandine allait finir par se dessiner dans les rues de Paris où enfant, elle jouait parfois à sauter par-dessus les flaques –, s'ils méritaient sans doute de passer à l'échafaud (Émilie trouvait ça un peu barbare mais il fallait dire que ça offrait une coupe anatomique parfaite), la jeune femme ne voulait pas que l'envie de vengeance s'empare toute entière de Blandine et ne finisse par l'aigrir. Elle ne voulait pas voir la petite fille qu'elle imaginait toujours en la petite Pisdoe, l'enfant même aux joues encore un peu rondes, souhaiter la mort de ses ravisseurs. Qu'avait-elle donc souffert pour qu'ils l'aient autant transformé ? Émilie se promit néanmoins de poursuivre son enquête, seule, avec peut-être les quelques éléments que Blandine pourrait lui révéler, cette dernière pourrait alors tourner la page et passer au reste de la vie qui l'attendait. Et ce reste-là, après les années de douleur et d'absence, ne pourrait qu'être encore plus beau. La dame de Vendières était en tout cas loin d'imaginer qu'elle était déjà sur la piste du ravisseur, que déjà des indices convergeaient sur un Allemand qui fréquentait les bas-fonds et tuait les hommes dans la pleine force de l'âge et dont Blandine pourrait lui apporter le nom. Mais Émilie de Vendières, retrouvant son éternel sourire, chassa très vite ces pensées noires et se laissa à nouveau envahir par le bonheur de ces retrouvailles inattendues. On aurait bien le temps de reparler de ce passé, ce qui importait maintenant, c'était de savoir ce que la jeune fille était devenue, comment elle s'en était sortie toute seule. Et comment après avoir échappé à ses ravisseurs, elle en était venue à arborer ce costume de Colombine et à se promener dans cette fête que son charmant petit abbé avait qualifié de diabolique. Et si Émilie s'attendait à tout et n'était en général pas surprise pour deux sous (c'était elle qui avait l'habitude de surprendre, pas l'inverse), elle ne put s'empêcher de marquer un instant d'étonnement devant ce que lui répliqua Blandine : - Je suis devenue comédienne chez monsieur Racine par passion, c'est comme ça que j'ai eu ce costume.- Monsieur Racine ? Souffla-t-elle en songeant à tout le mal que son frère Charles disait du dramaturge, j'espère qu'il te traite bien, cet avorton.- Mais il me fallait quand même un autre métier pour échapper à l'excommunication qui touche tous les comédiens (Émilie eut un geste de compréhension même si en réalité, en bonne libertine qu'elle était, être excommunié était plutôt bon signe, cela interdisait en plus de se rendre à l'église et permettait de longues grasses matinées les dimanches matins en conséquence), pendant quelques heures, je suis aussi comptable chez le duc d'Orléans et je remplace Colbert auprès de lui.Dire que son beau-frère avait retrouvé Blandine avant elle ! Elle ne se pardonnerait jamais et se promit par ailleurs de vérifier la liste de tous les collaborateurs de sa chauve-souris de beau-frère car visiblement, il pouvait y avoir quelques personnes plus intéressantes que Charles Perrault ou le stupide Paul Pellisson. Mais la suite du discours de Blandine lui fit tendre l'oreille et oublier un instant son projet de se faire de nouveaux amis. - J'ai l'impression qu'il veut se venger sur le prince de ce qu'il n'aura jamais : la beauté et le sens de l'esthétique. Mais enfin, même si leurs accrochages quotidiens me rendaient la vie dure avant la guerre, j'apprécie beaucoup les deux. Je ne vais pas me plaindre ! Après tout ce qui m'est arrivé, j'ai eu de la chance.- Oh, prononça Émilie en agitant à nouveau la main (si ça continuait comme ça, elle allait finir par avoir un problème musculaire – et Hippocrate seul savait à quel point c'était dangereux et mortel), poussée par le désir de défendre vaguement celui dont elle portait le nom, certes, il n'a pas le sens de la mode – il a tenté de m'interdire de porter des pompons, imagine un peu ! – mais il lui arrive d'être bien conseillé, c'est lui qui décide des décors du Louvre et de Versailles et crois-moi, il pourrait presque avoir la folie des grandeurs, à croire qu'il bénéficie de réductions sur la couleur dorée.La dernière fois qu'elle avait surpris ses deux frères en compagnie de Colbert, ils étaient d'ailleurs en train de comploter à voix basse pour écarter le Bernin du projet du Louvre et pour imposer leurs propres idées, c'était dire que Colbert détestait autant la personne de Monsieur que ses folles dépenses. - Mais il est formidable que tu sois parvenue à faire ta vie et à travailler avec ce que tu sais faire, je suis si fière de toi, Blandine et ton père le sera encore plus.- Et si tu préparais mon père à ça et que tu programmais nos retrouvailles ? Rebondit Blandine, chez toi peut-être ? Et demain qui sait ? Je ne voudrais pas lui provoquer un malaise et et c'est ce qui se passerait si nous allions tout de suite chez lui. Je sais que malgré tes airs d'illuminée que j'adore toujours autant, tu sauras le ménager ! Ça ne te dérange pas de faire ça pour moi, pour nos ? Et puis une fois chez toi, tu pourras aussi me raconter ce que toi, tu deviens, car j'y compte bien ! Accepte Émilie...Émilie ne tiqua même pas le terme d'illuminée et lâcha Blandine pour battre dans ses mains. Avait-on besoin de la supplier pour organiser de grandes retrouvailles entre un père et sa fille et pour rendre service à une demoiselle pour laquelle elle avait une sincère affection ? Certainement pas et un instant, elle était encore plus enthousiaste que la petite Pisdoe, imaginait déjà des projets grandioses où tout le monde finissait en pleurs sous une nuée de fleurs. Peut-être pourrait-on même lancer quelques feux d'artifices pour fêter cette journée-là ? La dame de Vendières, dont l'inspiration était digne des pires romans du XVIIe siècle, se résolut à quelque chose de plus sobre tout de même, pour épargner le pauvre homme dont le cœur risquait déjà bien de lâcher en voyant son enfant en vie et en parfaite santé. En parlant de cela d'ailleurs, elle répondit, la larme à l’œil, tout en reprenant les paumes de Blandine dans les siennes : - Comment te refuser quoi que ce soit ? Je serai tellement heureuse de vous permettre de vous retrouver, et je te promets que je le préparerai de la meilleure des façons pour atténuer son choc. Nous allons organiser cela de la meilleure manière possible et... Il pourra enfin te serrer dans ses bras, Blandine, l'imagines-tu ? Peux-tu seulement te figurer à quel point il sera heureux ?Malheureusement, dans les grands moments d'émotion, il y a toujours un imbécile qui vient tout mettre à terre et gâcher tous les effets. Cet imbécile se matérialisa tout près des jeunes femmes en la personne de l'abbé Malingre qui, il fallait l'avouer, faisait figure d'imbécile de service ou d'idiot permanent, ce qu'il prenait très à cœur. - Madame Colbert ! Madame Colbert, vous êtes là ! S'écria en s'élançant vers les dames, l'air bouleversé, le lapin dans les bras, je vous ai cherchée dans toutes les Bavaroises de cette fêtes du diable mais vous étiez nul part, et toutes les Bavaroises ne sont pas de la plus grande vertu, je peux vous le dire.La Bavaroise en question, qui n'était pas de la plus grande vertu non plus, se détacha de Blandine qu'elle avait prise dans ses bras et haussa un sourcil perplexe devant son petit abbé auquel il en fallait peu, décidément, pour perturber. - Et qui êtes-vous ? Continua-t-il en se tournant vers la Colombine, vous n'êtes pas bien d'enlever des nobles dames comme ça ! Madame est la belle-sœur du grand Colbert, vous allez voir ce qu'il en coûte !- Ah oui, j'ai également des choses à te raconter et je veux absolument te présenter mes enfants, souffla Émilie, réjouie à Blandine avant de faire taire son abbé en lui disant que les Colombines et les Bavaroises s'entendaient forcément. - D'ailleurs, conclut-elle, vous allez tracer le chemin pour nous jusqu'à l'hôtel de Vendières, nous avons encore beaucoup de choses à nous dire et une fête de retrouvailles à organiser. Vous préparerez votre plume pour l'échevin Pisdoe, mon petit Malingre, je dois le voir.Lequel pâlit devant sa toute nouvelle responsabilité et ne releva pas, même s'il devait songer qu'il s'était inquiété pour rien si sa maîtresse songeait déjà à organiser des fêtes. En un instant, Émilie avait saisi le bras de sa petite protégée et elles se mirent à suivre l'abbé au lapin. Elle n'avait toujours pas très bien compris ce qu'était exactement cette fête mais une chose était certaine : on y avait vu s'y dérouler un miracle ! - Spoiler:
Je me suis permise de conclure, à toi de voir si tu as quelque chose à ajouter
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| | | Jean de Baignes
Quid Coeptas?
► Âge : 27 ans
► Titre : Aumônier de la reine et exorciste
► Missives : 202
► Date d'inscription : 16/04/2012
| Sujet: Re: [INTRIGUE] Charivari, avril 1667 04.12.13 23:46 | |
| Jean avait connu un grand nombre d'évènements saugrenus à la cour mais jamais n'avait-il entendu d'une telle mésaventure, et par tous les saints, jamais il n'avais pu songé en être le principal acteur! Il n'avait pas vraiment eu le temps de penser ni d'agir pour contenir la foule qui se pressait pour le pousser vers l'estrade de fortune, et d'ailleurs, il savait d'avance qu'il ne pouvait parvenir à leur échapper. La seule idée de devoir être marié - même hérétiquement! - lui faisait horreur et il guettait de tous côtés la moindre silhouette d'un garde ou d'un exempt. A peine s'était-il redressé après avoir trébuché sur la dernière marche, que l'on colla de l'autre bout de l'estrade une pauvre jeune fille à la peau brune, le regard aussi perdu que lui et tâchant en vain de se libérer de la foule bruyante et gesticulante.
Elle cria quelque chose d'inaudible aux hommes qui la portaient jusqu'à l'autel païen de fortune et alors que Jean se croyait enfin libéré des bras des gueux sortis de la Cour des Miracles, qu'il senti à nouveau des bras puissants le pousser vers la mauresque - ou d'où qu'elle vienne - qui leva vers lui un regard d'excuse. - C'est la fête, ton prince ne nous f'ra pas la guerre pour ça. Les lorrains s'en chargent déjà bien assez, hurla-t-on à la jeune femme, avant d'être repris en choeur par tous les autres!
Face à Jean, ces visages grimaçants semblaient sortis de la comedia dell'arte. Des dents gâtées, des visages jaunis aux traits grossiers, des cheveux emmêlés, collés par la sueur provoqué par la densité de la foule....Toute la basse populace de Paris investissait la ville, livrée pour la journée aux pires des crasseux de France. Il avait connu le peuple, mais celui, paisible et pieux, des campagnes! Jean détestait ces masques païens qui ne respectaient ni Dieu ni foi et qui aujourd'hui avaient décidé ce simulacre de mariage....ou alors était-ce ce spectacle dont il était l'acteur principal qu'il exécrait autant! Alors qu'on le collait à la jeune fille, il se rassura un court instant en se rappelant que la reine ne pourrait heureusement le voir en cette posture! -Pardon monsieur, fit-elle d'une voix désemparée face à la situation, alors qu'un Arlequin apportait voile et bouquet de fortune pour "embellir" la mariée. -Et voilà! Et vous m'sieur l'curé, une mître pour épousailler la mauresque? Un éclat de rire ponctua cette pique alors que Jean se dégageait courageusement - selon ses dires - pour éviter un chapeau de bouffon royal digne de la cour de Louis VII de France. Nous n'étions plus au temps des Plantagenêts! -Fichez-moi la paix, râla Jean en repoussant une nouvelle tentative! Je ne suis pas le bouffon d'Henri Plantagenêt! -Henri qui, demanda Arlequin? Qui plantait quoi? Des genêts? -Des genêts, reprit un autre! Quelle bonne idée! APPORTEZ DES GENETS, cria-t-il aux autres qui s'exécutèrent dans un indescriptible brouhaha!
Mais les fleurs n'eurent pas le temps d'arriver, car Arlequin céda sa place à celui qui sembla être le prince des fous. Perruque énorme et de travers, des coussin lui gonflaient le ventre et il tenait une cane immense, pour railler le symbole du monarque de Versailles. Des mains s'appuyèrent soudainement sur les épaules de notre pauvre aumônier qui ploya sous la force, se retrouvant à genoux devant ce roi de pacotille, alors que la fatidique question étaient déjà lancée à sa compagne de galère. - Par les lois du carnaval, toi ma fille, acceptes tu de prendre cet homme comme époux ? La foule scanda alors que Jean tentait de se relever par tous moyens, pestant et maugréant. - Bon tu dis oui! La pauvre jeune fille du hocher la tête par complaisance, car on entendit la foule pousser un "OOOoooooh" de contentement, avant un nouveau silence. -Et toi, curé! Acceptes-tu de prendre cette femme comme épouse, ou préfères-tu un homme, puisque ton dieu en est un? Jean ne pu retenir un juron scandalisé devant tant d'hérésie, alors que la foule hurlait de rire. -Allez, beau curé, dis oui, lança au bord de l'estrade une none au regard aguicheur! Et quand tu seras marié, tu pourras tromper ta femme, ça se fait chez les gens de bien! Viens me voir au couvent de la rue des Perdreaux, demande Nicole-Reine! Elle lui lança un clin d'oeil qui acheva de l'étouffer alors que la gueuse reprenait avec ses congénaires "DIS OUI, DIS OUI!" -AH, MAIS JAMAIS, s'agaça-t-il, provoquant du même coup le silence autour de l'estrade! Au loin, l'on entendait encore la musique du reste du charivari. -Le curé veut pas ! -Pardon, mademoiselle, s'excusa Jean précipitamment en se tournant vers la jeune fille, le regard scandalisé, ça n'est pas contre vous, mais c'est inconcevable! Dans votre pays, peut-être, mais ici, jamais! -Que lui fait-on, demanda le prince aux gueux?! -L'EMPALE, cria-t-on en réponse! -Ah, agonisa Jean! Et à la jeune fille qui ne comprenait peut-être pas, il précisa: comme le disait Monsieur le frère du roi : le supplice de l'empale est un jeu qui commence si bien et se finit si mal !
Il se lamentait alors que la foule hurlait, mais un mouvement se fit soudainement dans la foule et l'on vit quelques gueux grogner, pester, râler avant de laisser le passage à des hommes qui enfin, n'étaient pas costumés. Dès que Jean aperçu les casques des gardes de la ville, il poussa un soupir de soulagement. -Halte, lança celui qui semblai-être le capitaine! On m'a rapporté que vous aviez pris de force l'aumônier de sa majesté la Reine! -Oh! C'était l'aumônier de la reine, s'exclama le prince des fous dans une mimique qui provoqua un rire général! Toutes nos excuses monsieur l'exempt! Reprenez votre bien, allons! De toute façon, il a refusé de prendre épouse aujourd'hui, laissons-le à la reine qui en fera ce qu'elle voudra, y compris son bouffon! Un nouveau rire salua la pirouette irrévérencieuse de l'homme qui fut vite écarté par le garde alors que Jean, debout, époussetait déjà son habit, furieux. -Mon père, venez avec nous, votre cocher nous a prévenu, lança le capitaine alors que la foule le huait à pleins poumons. -Ah! Dieu vous le rendra au centuple capitaine, souffla-t-il soulagé de s'en tirer ainsi! Mademoiselle, venez donc, proposa-t-il à sa compagne en lui tendant la main afin de descendre de l'estrade. Ils vous trouveront bien vite un nouveau mari dans la foule et cette fois, ça ne sera peut-être pas un homme recherché par des gardes!
Alors que tous deux quittaient enfin la foule sous bonne escorte - et échappant à quelques lancers de salades et de tomates pourries - il sentit sur son épaule une main bien trop douce et se retournant vivement, reconnu avec horreur la bonne soeur maquerelle. -Vous ne m'oublierez pas, j'ai beaucoup de novices à envoyer se faire confesser! -Vade retro, murmura Jean, les yeux apeurés! Allons-nous en vite, mademoiselle, tant que nous sommes sous bonne garde! Ils arrivèrent enfin au carrosse qui attendait dans une rue plus calme, et furent accueillis par le cocher qui soupira de soulagement en voyat réapparaître son maître entier. Jean ne s'attarda pas de paroles inutiles et saluat l'exempt, grimpa à la suite de la jeune fille.
Il pris quelques secondes pour souffler, enfin au calme, avant de desserrer son col. -Par tous les saints! Plus jamais, fit-il, plus jamais! Mais d'où venez-vous, mademoiselle? Êtes-vous perdue? Doit-on vous ramenez chez une personne qui prendra soin de vous dans cetteville où l'hérésie est la seule maîtresse! |
| | | Invité
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| Sujet: Re: [INTRIGUE] Charivari, avril 1667 20.02.14 1:28 | |
| La mauresque ? La plaisanterie avait assez duré ! Ces gens là non seulement la contraignaient à un simulacre de mariage avec un aumônier, mais qui plus est, ils l'insultaient. Haydée dut se contenir pour ne pas dévoiler qui elle était. En effet, très peu habituée à être traitée ainsi, elle aurait bien voulu à cet instant, pouvoir appeler la garde royale de son mari à la rescousse. A n'en pas douter, au Siam, ces paysans auraient été embrochés vifs pour avoir osé toucher un seul bout de peau de l'auguste personne qu'elle était. Mais plutôt que de leur faire état de son identité, la jeune femme leur lança des jurons salés typiques de son pays et que bien entendu, ils ne comprirent pas le moins du monde.
-AH, MAIS JAMAIS!
La réponse de l'inconnu à la demande en mariage, fut sans équivoque. Haydée jusque là tête baissée par la force des choses et surtout à cause de la pression d'une main qui lui remettait son voile en place, sentit son cœur bondir de peur. Qu'allaient-ils faire ces marieurs terriblement frustrés de ne pas pouvoir aller jusqu'au bout ? Allaient-ils les lyncher ? On peut tout attendre d'ivrognes ou d'un rassemblement d'individus. Il suffisait qu'un donne un ordre, pour que le troupeau suive malheureusement en tout.
-Pardon, mademoiselle, ça n'est pas contre vous, mais c'est inconcevable! Dans votre pays, peut-être, mais ici, jamais!
Le visage d'Haydée s'empourpra de honte. Pauvre ecclésiastique qui se confondait encore en excuses ... C'était tout de même un monde ! Elle ne parvenait pas encore à croire que l'on traitait les représentants du Dieu chrétien ainsi, dans ce pays dit si civilisé.
- Ca est pas grave, normal est votre refus! -Que lui fait-on ? -L'EMPALE !
Haydée n'écouta que d'une oreille la définition du supplice de l'empale de la part de l'aumônier. Elle ne le connaissait que trop bien. Il se pratiquait également au Siam, entre autres tortures typiquement orientales. Et comme, elle avait à l'esprit cette image absolument affreuse, elle blêmit à entendre ainsi scander la foule. Allaient-ils vraiment en arriver là, ces fous furieux ? On aurait pu se croire au temps de Mary Tudor, où les catholiques se pressant sur les lieux des bûchers, hurlaient pour la mort des protestants. Elle était venue ici dans le but de s'amuser et de danser et non pas pour assister à la mise à mort d'un homme ! Elle qui avait souri et même ri malgré tout, la farce prenait un tournant très désagréable, elle n'avait plus qu'une boule dans la gorge. Le peuple parisien était-il sérieux ? Ses yeux hagards balayaient tout ce petit monde devant leur estrade de fortune, à la recherche d'une réponse claire. Que faisait-donc le guet pour les tirer enfin de là ? Les hommes de la Reynie faisaient toujours des rondes autour de l’île d'or, mais aujourd'hui, jour de fête, n'y avait-il rien? Bouddah l'entendit-elle à peine avait-elle pensé à ça ? Toujours est-il que soudain, l'avenue où ils se trouvaient pris, se remplit de gardes. N'osant pas encore respirer tout à fait de soulagement, elle les vit bousculer et faire évacuer peu à peu toute cette vilaine troupe. L'inconnu à ses côtés en était bien aise et remerciait déjà de tout cœur, le capitaine venu à sa rencontre.
- Mademoiselle, venez donc,. Ils vous trouveront bien vite un nouveau mari dans la foule et cette fois, ça ne sera peut-être pas un homme recherché par des gardes!
Sans plus attendre, Haydée prit la main que Jean lui tendait et le suivit. Des légumes alors volèrent dans leur direction. Elle ramassa une tomate pourrie et la renvoya avec force à la tête d'un de ces malotrus, tandis que l'aumônier lançait de son côté, une élocution latine à une nonne. Une formule peu aimable d'ailleurs, dont on se servait pour faire fuir le démon en terres chrétiennes ! Curieux pays que la France décidément ! Était-ce avec si peu de sympathie que l'on se traitait entre religieux ici ? Haydée n'était vraiment pas au bout de ses surprises ! Mais pour l'heure, sa surprise se tut pour laisser parler le "sauve qui peut". Il fallait filer. Aussi, ne monta t-elle pas dans le carrosse mais plutôt y sauta littéralement. Lorsque le cocher fit claquer son fouet, elle put enfin souffler.
-Par tous les saints! Plus jamais, plus jamais! Mais d'où venez-vous, mademoiselle? Êtes-vous perdue? Doit-on vous ramenez chez une personne qui prendra soin de vous dans cette ville où l'hérésie est la seule maîtresse!
Que lui répondre à cet homme de Dieu ? Qu'elle était prostituée et qu'il devait la raccompagner sans doute à l'île d'or, ce lieu de perdition ? A vrai dire, elle ne voulait ni lui confier cela, ni y retourner dans l'immédiat. C'était sans doute un péché que de mentir à un aumônier, mais elle n'était pas catholique après tout !
- Moi suis seule, monsieur le moine. Les rues, c'est là où je vis. Mais moi veux quitter ces fous qui sont partout et attendre que nuit tombe sur Paris. Alors moi peux attendre avec vous, je vous prie ?
N'étaient-ils pas à l'abri maintenant ? A la nuit tombée, la fête aurait sans doute battu son plein, les parisiens cuveraient leur vin, et il ne lui resterait plus qu'à rentrer à pas de loup. Mais l'inconnu allait-il accepter ? Elle osa lui prendre les mains et les lui baiser, elle avait vu une telle attitude de la part des chrétiens à la sortie des messes. Son regard se fit d'ailleurs suppliant.
- Votre Dieu est grand, lui nous avoir sauvés. Si moi suis sous protection à vous, moi serai aussi sous la sienne. Moi Haydée vous demande votre asile pour les quelques heures à venir, monsieur ? ... Oui quel est votre nom, presque mari à moi ? |
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